Clinicien plus • novembre/décembre 2013 11
Défi diagnostic
sition à la tuberculose ainsi qu’aux animaux, pour la
maladie de la griffe du chat7, doit aussi être précisée.
L’examen physique
L’examen physique débute par une caractérisation détail-
lée de la masse en terme de localisation, de grosseur et de
texture. Une masse ferme, non douloureuse et adhérant
aux tissus mous des plans profonds évoque un processus
néoplasique malin. Une masse se déplaçant vers le haut à
la déglutition provient typiquement de la thyroïde ou cor-
respond à un kyste thyréoglosse.
La sphère O. R. L. est évaluée au complet par l’oto-
scopie et surtout l’examen des muqueuses, soit à l’aide
d’un miroir afin de visualiser l’ensemble du laryn-
gopharynx, ou avec un endoscope flexible. À lui seul, cet
examen permettra de détecter jusqu’à 66 % des cancers
primaires O. R. L.3. L’examen de la peau est également
important lorsqu’un cancer primaire est recherché dans
le cas d’adénopathie métastatique suspectée. Le tout est
complété par un examen des nerfs crâniens.
Finalement, l’ensemble des zones ganglionnaires cer-
vicales, axillaires et inguinales est palpé. Une suspicion
de syndrome mononucléosique ou de lymphome justifie
également la recherche d’une splénomégalie.
Investigations supplémentaires : comment
s’y retrouver?
Lorsque le questionnaire et l’examen physique orien-
tent fortement vers un diagnostic d’adénopathie infec-
tieuse, un essai d’antibiotique d’une durée de
deux semaines suivi d’une visite de contrôle est pré-
conisé. Cependant, tout autre contexte, de même
qu’une involution incomplète de la masse, nécessitera
certaines investigations complémentaires.
Afin de préciser la majorité des diag-
nostics, l’imagerie de choix est la tomo-
densitométrie axiale cervicale. Elle per-
met d’évaluer l’origine de la masse, sa
taille, l’envahissement de structures adja-
centes, de même que la présence
d’adénopathies associées. L’échographie,
pour sa part, s’avère particulièrement
utile afin de préciser la nature solide ou
kystique d’une masse, et constitue l’examen de prédilection
pour les lésions d’origine thyroïdienne. Elle est utile afin de
guider une biopsie à l’aiguille fine de la masse. Celle-ci per-
met de préciser le risque de malignité et, le cas échant, le
type de cellules cancéreuses dans environ 95 % des cas3.
Pour les lymphomes, elle devra cependant être suivie d’une
biopsie excisionnelle afin de procéder à une classification
histologique optimale8.
Les facteurs de risque des néoplasies O. R. L., digestives
et pulmonaires étant similaires, on retrouve des tumeurs
synchrones dans environ 16 % des cas9. Ainsi, une évalua-
tion digestive (gorgée barytée ou endoscopie) et pulmonaire
(tomodensitométrie thoracique ou bronchoscopie) est sou-
vent indiquée lorsqu’on fait face à un diagnostic de carci-
nome épidermoïde de la muqueuse de la sphère O. R. L.
Références :
1. Park YW. Evaluation of neck masses in children. American Fam Physician 1995;
51(8):1904-1911.
2. UPTODATE®. Salivary gland stones, [En ligne], 2013. [http://www.uptodate.
com/contents/salivary-gland-stones] (Consulté le 26 septembre 2013).
3. McGuirt WF. The neck mass. Med Clin North Am 1999; 83(1):219-234
4. Werk EE, Vernon BM, et coll. Cancer in thyroid nodules. A community
hospital survey. Arch Intern Med 1984; 144(3):474-6.
5. Wei WI et Sham JS. Nasopharyngeal carcinoma. Lancet 2005;
365(9476):2041-54.
6. Alvi A, Johnson JT. The neck mass. A challenging differential diagnosis. Postgrad
Med 1995; 97(5):87-97.
7. UPTODATE®. Differential diagnosis of a neck mass, [En ligne], 2013.
[http://www.uptodate.com/contents/differential-diagnosis-of-a-neck-mass].
(Consulté le 26 septembre 2013).
8. Dailey SH, Sataloff RT. Lymphoma: an update on evolving trends in staging
and management. Ear Nose Throat J 2001; 80(3):164-70.
9. McGuirt WF. Panendoscopy as a screening examination for simultaneous
primary tumors in head and neck cancer: a prospective sequential study and
review of the literature. Laryngoscope 1982; 92(5):569-576.
10. Harney M, Walsh P, et coll. Parotid gland surgery: a retrospective review of
108 cases. J Laryngol Otol 2002; 116(4):285-7.
Retour sur le cas de Monsieur Bossé
À la lumière de toutes ces informations, la suspicion de néoplasie chez Monsieur
Bossé étant élevée, vous procédez à une tomodensitométrie cervicale ainsi qu’à
une biopsie sous guidance échographique. La cytologie révèle la présence d’un
adénome pléomorphe parotidien. Monsieur Bossé est donc rassuré de la
bénignité de son diagnostic et opte pour une parotidectomie superficielle afin
d’éviter une croissance supplémentaire de la masse et une éventuelle
transformation maligne10.