ri
ons défavorisées
de
se procurer des
revenus et
il
assure
un
mode d'approv
i-
sio
nn
ement alime
nt
aire adapté aux popu-
lations pauvres. Dans d'autres cas, les
activités informe
ll
es dépendent et se dé-
velo
pp
ent avec l'expansion écono
mi
que,
notamment l'alimenta
ti
on
de
ru
e à proxi-
mité des lieux de trava
il
(bureaux ou
usines
...
[
17
])
. Cela ne sera
it
-
il
pas le ré ul-
ta
t d'une incapacité des ac
ti
v
it
és formel-
les à prendre s
uffi
sa
mm
ent d'expansion
pour répondre à la dema
nd
e en pé
ri
ode
de croissance économique ?
Se
lon Lautier
[1
8],
la croissance de l'éco-
no
mi
e forme
ll
e permet de maintenir ou
d'accroître le pouvo
ir
d'achat qui permet
la consommation de biens et services
cl
ans la sphère informe
ll
e,
et réciproque-
ment.
Il
existera
it
don
c une hybridation
des deux grandes s
ph
ères économiques.
Méthodologie
Une sé
ri
e d'enquêtes par entre
ti
ens ont
été réa
li
sées dans quatre pays méd
it
erra-
n
ée
ns : la Tunisie, le Maroc, le
Lib
an et la
Turquie au cours des années
2000
et
200
1.
Dans chaque pays,
un
e zone d'o
b-
servation a été délimitée, co
rr
espo
nd
ant à
une vi
ll
e princ
ip
ale et
sa
région d'appro-
visionnement en la
it
(bass
in
la
iti
er et
zones de commercialisation intermé
di
a
i-
res). Les ques
ti
onnaires ont été formulés
de façon à identifier le système de pro-
duc
ti
on ainsi que les c
ir
cuits d'approvi-
sionnement en
inu
·ants et
de
vente de
produits u
·a
ditionnel
s,
évaluer leur i
mp
or-
tance et déterminer les performances
technico-économiques en termes de pro-
ductivité et de rentabilité de l'élevage, de
co
ll
ecte et de u
·a
nsforma
ti
on.
En Tunisie, dans
la
région du " Grand
Tunis
",
les enquêtes ont porté sur
42
ex-
ploitations d'élevage,
10
centres
de
col-
lec
te
,
30
colpo
rt
eurs,
30
créme
ri
es et
5 enu
·e
prises
de
transformation du lait
dans les gouvernorats de l'
Ar
iana, Ben
Arous, Tunis. Au Maroc, dans le Gharb
autour
cl
e
Keniu·a
, les enquêtes ont porté
s
ur
111
explo
it
ations d'élevage et
1
20
mahalahates (vendeur de la
it
, en
arabe). Au Liban, dans la Beqaa et le
Mont-Liban, les entre
ti
ens ont porté sur
50
éleveur
s,
40
ramasseurs et 16 entrepri-
ses de transformation. Enfin, en Turquie,
cl
ans la région
de
Bur
sa
, quelques éle-
veurs et coopéra
ti
ves ont été interrogés,
ainsi que
10
laite
ri
es a
rti
sanales et 2 e
nu·
e-
prises
cl
e u·ansformation.
Les
ob
jec
tif
s de chaque étude n'étant pas
stricteme
nt
identiques, les questionnaires
sont distincts mais permettent de répon-
dre aux principales ques
ti
ons posées :
Dans quelle mesure l'in
fo
rm
el est-il
li
é au
formel? Dans quelle mesure l'informel
contribue-t-il à l'approvisionnement a
li-
menta
ir
e des populations ?
No
us considé-
rerons l'approvisio
nn
ement dans ses
u·
ois
dimensions : une disponibilité de pro-
duits dans
le
temps et dans l'espace ; des
prix stables et a
m-
actifs ; et une ce
1t
aine
sécurité sanita
ir
e.
Résultats
et
discussions
Place de l'informel dans
le marché des produits
laitiers
en
Méditerranée
La
fili
ère lait dans les pays concernés par
la présente étude est
un
secteur étner-
gen
t.
La produc
ti
on laitière a connu glo-
balement un saut appréciable en dépit
des périodes de sécheresse qui ont sévi
clans
la plupart des pa
ys
sud du pourtour
méd
it
erranéen. C'est le résultat
cl
'effo1ts
déployés par les pouvoirs publi
cs
par la
mi
se en place des programmes : «
Pl
an
laitier " au Maroc,
..
Plan d'a
ju
stement
suucturel ag
ri
cole
,,
en Tunisie, par exem-
ple.
Au
Maroc, la produc
ti
on est passée
de
869
milli
ons de l
itr
es en
1990
à
1
020
mi
ll
ions de litres
en
2000.
Durant
ce
tt
e même période, la produc
ti
on a plus
que doublé en Tunisie passant de
400
à
908
mi
ll
ions de litres. Au Liban, la pro-
duc
ti
on est restée presque inva
ri
able en-
u·e
1
996
et
2000
avec une moyenne
de
530
000
liu·es
par an. En revanche, une
baisse considérable (de moitié) a été re-
marqu
ée
en Turquie, passant de 2
900
à
1
433
millions de litres pour
la
même
période.
Mais
que
ll
e est
la
part de l'infor-
mel dans ce
tt
e production ?
Dans les pays m
éd
ite
rr
anéens sud et
orientaux, le secteur informel laitier
contribue pour une pa
rt
sig
nifi
ca
tiv
e,
mais
diffi
c
il
ement quantifiabl
e,
à l'ac
ti
v
it
é
écon
om
ique totale de ce secte
ur.
So
n
expansion a été fo1tement accentuée par
l'ex
pl
osion démographique, l'urba
ni
sa-
tion, l'exode rural et la libéra
li
sa
ti
on de
l'écono
mi
e.
Le
secte
ur
informel échappe
à tout co
nu·
ôle des po
uv
o
ir
s publi
cs
qu'
il
so
it
fi
scal, social ou sanitaire, et constitue,
selon ce
rt
ai
ns dires, non
se
ul
ement une
concurrence déloyale pour le sous-
secteur or
ga
nisé mais aussi
un
danger de
Cahiers Agricultures 2004 :
13
: 79-84
santé publique.
Il
est pourtant
fo
rt
ement
présent dans les pays méditerranéens. À
l'heure actue
ll
e,
il
r
ep
résente un c
hiffr
e
d'affaires variant entre
25
et
75
% du
c
hiffr
e
cl
'affaires global du secteur la
iti
er
selon nos es
tim
ations.
La
place de l'informel
va
ri
e entre
30
% et
85
% du total de la produc
ti
on laitière
commercia
lis
ée en fonction des pays.
En
e
ff
et, ces ac
ti
v
it
és repré entent
85
% de
l'écono
mi
e na
ti
o
na
le la
iti
ère égyptienne
[19
].
E
ll
es varient entre
66
% et
80
% en
Turquie [
20].
Pour l'
Alb
a
ni
e, e
ll
es osc
il
lent
entre
35
% et
40
%
[21].
Dans le marché
la
iti
er tunisien, l'informel se s
itu
e e
nu·
e
32
% et
38
% [
22].
Au Liban,
il
concerne
87
% des
u·
ansactions selon nos estima-
tion
s.
Quant à l'
Al
gé
ri
e,
il
représente
34
%
[
23
].
Et
enfin,
il
va
de
20
à
30
% pour le
Maroc
(24
].
Les
ac
teurs se
itu
ent à tous les
ni
veaux
de la chaîne alimentaire : co
ll
ecteur
s,
tr
anspo
rt
eur
s,
petits u
·a
nsformateurs,
commerçant
s.
Les
principaux acteurs sont
les ramasseurs ou colporteurs qui sont
ju
gés très nombreux, bien qu'
il
so
it
diffi
-
cile de les répe
rt
o
ri
er et d'obtenir des
informations puisqu'ils se
li
vrent à des
opérations
ju
gées
ill
égales au regard de la
loi.
Il
s achètent du la
it
frais
, soit auprès
des producteurs-éleveurs, so
it
auprès des
ce
nu·
es de co
ll
ecte ;
il
s l'acheminent et le
revendent, soit directement au consom-
mateur, so
it
aux petits
u·
ansformateurs ar-
ti
sa
naux : mahalahates ou créme
ri
es.
Il
existe des colpo
rt
eurs qui joue
nt
au
ss
i le
rôl
e d'a
rt
isans transformateurs :
il
s trans-
forment le la
it
en produits u
·ad
itionnels
(pe
tit
la
it
ou fromage frais) et assurent
aussi la commerciali
sa
ti
o
n.
Le type de
co
mm
erce est large, a
ll
ant de
la
simple
échoppe
ve
ndant quelques bols de pro-
duits
u·
aditionnels - raib ou lehen -
jusqu'à la crémerie décl
in
ant tous les pro-
duits laitiers et employant plusieurs
di
za
i-
nes de personnes.
En
Turquie, certaines mini-laiteries se
spécia
li
ent exclusivement
cl
ans la fabri-
ca
ti
on du
fr
omage de caprin
s,
ovins ou de
bovi
ns.
Au
Liban, presque la mo
iti
é des
éleveurs assument
en
plus de leur ac
ti
v
it
é
de produc
ti
on la
iti
èr
e,
les
fo
nc
ti
ons
de
transformation a
rt
isanale et de distribu-
ti
on traditionnelle. L'unité de u
·a
nsfo
rm
a-
ti
on du lait produit à la ferme en produits
dé
ri
vés est faiblement équipée en termes
techniques de
fa
brica
ti
on. Toutefois, cette
unité, loca
li
sée souvent en sous-sol de la
rés
id
ence de l'éleve
ur
, constitue égal
e-
ment un
li
eu de vente directe d'une pa
rti
e
non négligeable du la
it
cru.