Quels sont les risques d`une hospitalisation prolongée ?

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Quels sont les risques d’une hospitalisation prolongée ?
Les risques liés à l’hospitalisation d’un sujet âgé sont
importants avec notamment un risque de perte d’autonomie
pour les activités de la vie quotidienne, et donc
d’institutionnalisation, voire même de décès. Ces risques
sont d’autant plus importants que l’hospitalisation est
prolongée. Ainsi, limiter la durée d’hospitalisation d’une
personne âgée fragile est un objectif majeur. Alors que
plusieurs facteurs de risque ont déjà été identifiés, dont le
principal est un âge supérieur à 75 ans, peu d’études sur ce
sujet ont été conduites de manière prospective et
multicentrique.
L’objectif de cette étude française était de déterminer
les facteurs de risque d’une hospitalisation prolongée pour
des patients de plus de 75 ans. Le recrutement a été effectué
auprès des services d’admission en urgence de 9 CHU ou
CHR français, entre mars 2001 et janvier 2002. Les patients
devaient avoir au moins 75 ans et ne pas être orientés ni en
chirurgie ni en réanimation, mais hospitalisés dans n’importe
quel service de médecine aiguë. Tous les patients admis
étaient recensés. Une sélection aléatoire de 2 patients admis
l’un des 5 jours de la semaine, était réalisée. Entre les 4ème et
7ème jours d’hospitalisation, un gériatre rencontrait le patient
et l’équipe de soins afin de renseigner les éléments suivants :
autonomie pour les activités élémentaires de la vie
quotidienne, les fonctions cognitives (évaluées par le MiniMental State ou MMS), la recherche d’une humeur
dépressive, le statut nutritionnel (évalué par le MiniNutritionnal Assessment ou MNA), le risque de chute
(évalué par la station unipodale pendant 5 secondes), la
qualité de vie. En plus de cette évaluation, les patients étaient
classés selon une sélection de 15 syndromes gériatriques, et
une échelle de fardeau était réalisée sur un aidant proche.
Sur 1607 sujets sélectionnés, 1306 étaient destinés à
être inclus dans l’étude, mais l’absence de documentation
précise quant au diagnostic standardisé retenu pour 398
d’entre eux, a conduit à restreindre l’analyse à 908 patients.
Les participants avaient un âge moyen de 84,1 ± 5,8 ans et
64% étaient des femmes. Ni le sexe ni l’âge des patients
influençaient la durée d’hospitalisation. La durée moyenne
de séjour était de 19,5 ± 21,5 jours et la moitié des sorties
avaient lieu avant le 15ème jour. Elle était effectuée à plus de
30 jours pour 138 patients (15%) et 46 (5%) avaient une
durée de séjour supérieure à la borne haute des durées
moyennes nationales en fonction du diagnostic principal.
Parmi les différents facteurs étudiés, étaient prédictifs
d’une durée d’hospitalisation au delà de la limite supérieure
nationale 4 syndromes : les troubles cognitifs, un risque de
malnutrition, les troubles de la marche et un risque de chute.
Les différents facteurs positifs sont présentés dans le tableau
ci-dessous. La perte d’autonomie pour les activités de la vie
quotidienne au moment de l’admission, qu’elle soit nouvelle
ou ancienne, n’était pas prédictive d’une durée de séjour
prolongée.
Au total, les auteurs ont clairement déterminé des
facteurs de risque de séjour hospitalier prolongé, mais
surtout de fragilité, bien qu’il n’existe pas aujourd’hui de
définition bien claire à ce sujet. Néanmoins, les patients âgés
dont l’hospitalisation est très supérieure en durée à celle des
autres patients, constituent vraisemblablement un ensemble
de sujets légitimement appelés fragiles.
Il est particulièrement étonnant que les auteurs n’aient
pas retrouvé la perte d’autonomie pour les activités de la vie
quotidienne comme facteur de durée prolongée
d’hospitalisation. Des études ultérieures devraient confirmer
le fait que ces 4 facteurs que sont les troubles cognitifs, la
dénutrition, les troubles de la marche et le risque de chutes,
constituent bien un risque d’hospitalisation prolongée. Des
études d’intervention doivent être réalisées afin d’optimiser
la prise en charge de ces patients dès leur identification au
moment de l’admission.
Séjour supérieur à 30 jours
Odd Ratio
(IC à 95%)
2,1 (0,9-4,5)
Valeur de p
Risque de chute
Séjour au delà de la limite supérieure
Valeur de p
0,08
Odd Ratio
(IC à 95%)
2,6 (1,2-16,8)
-
-
2,5 (1,7-5,3)
0,01
Risque de malnu-
-
-
2,5 (1,1-9,6)
0,03
Troubles cognitifs
2,2 (1,2-4,0)
0,01
7,1 (2,3-49,9)
0,01
Syndrome confu-
-
-
3,3 (0,6-12,5)
0,1
Difficultés à la
0,04
Les différents facteurs de risque d’hospitalisation prolongée, présents à l’admission.
Laurent Lechowski,
Hôpital Sainte Périne, Paris
Lang PO, Heitz D, Hédelin G, Dramé M, Jovenin N, Ankri J, Somme D, Novella JL, Gauvain JB, Couturier P, Voisin T, De
Wazière B, Gonthier R, Jeandel C, Jolly D, Saint-Jean O, Blanchard F. Early markers of prolonged hospital stays in older
people: a prospective, multicenter study of 908 inpatients in French acute hospitals. J Amer Geriatr Soc. 2006;54:10311039.
©2006 Successful Aging SA
Af 444-2006
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