Conférence sur la Neuroéducation
Projet NeuroSup- 2 juillet 2012- Nancy
Compte-rendu par Laetitia Gerard,
Chargée de mission au Centre de ressources
en Innovation Pédagogique (SUP)
Université de Lorraine
Site web : http://www.neurosup.fr
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article 391
Contact: eric . gaspar
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neuf . fr
Présentation du projet NeuroSup
Le projet NeuroSup récupère les données issues des laboratoires de recherche pour voir comment
les utiliser dans des situations d’enseignement-apprentissage.
Qu’est-ce que la Neuroéducation ?
Définition.
« La neuroéducation est le mariage entre les neurosciences et les sciences de l’éducation.
Les neurosciences désignent l’étude scientifique du système nerveux et du fonctionnement du
cerveau, depuis le niveau moléculaire jusqu’au niveau comportemental. Elles ont désormais un
statut interdisciplinaire, et voient leurs découvertes ou avancées exploser depuis 15 ans, grâce
notamment aux progrès technologiques d’imagerie cérébrale (dont l’IRM fonctionnel pour le
plus connu)»
(
http :// revue . sesamath . net
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article 391 )
La neuroéducation est une discipline émergente, qui s’enseigne déjà à Harvard et Cambridge.
Elle est née en 2007, avec un rapport de l'OCDE. Pendant 8 ans l'OCDE s'est posée la question
suivante : savoir comment fonctionne le cerveau, peut-il permettre de mieux enseigner et de
mieux apprendre? La réponse a été OUI.
Le rapport de l’OCDE est en vente, il s’intitule « comprendre le cerveau: naissance d'une science
de l'apprentissage ». Il est aussi téléchargeable gratuitement §avec l'autorisation de son auteur)
ici
:
http://www.neurosup.fr/#Exemples_de_neuroeducation.Z
http :// www . vaucluse . equipement . gouv . fr
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Différence entre IRM et IRM fonctionnel (IRMf).
Avec l’IRMf la capture d'images du cerveau est si rapprochée que l'on peut voir apparaitre à
l’écran un petit film des zones du cerveau qui sont activées
(ex : http :// www . youtube . com
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La plasticité cérébrale.
C’est la capacité du cerveau à s'adapter à tous les événements et à se transformer à chaque
minute. Par exemple : simplement le fait de se rappeler son repas d’hier, ou le planning de nos
dernières vacances vont créer de nouvelles connections entre les neurones. Notre cerveau se
transforme constamment.
(ex : http :// www . dailymotion . com
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La mémoire à court terme (MCT) :
Les astuces que notre cerveau aime, moins couteuses en temps et en énergie
Quelques particularités de la mémoire à court terme
Petit exercice avec une personne du public
a. Vous est-il possible de répéter les 10 nombres suivants ? (le conférencier lit les chiffres
rapidement)
b. Vous est-il possible de faire l'opération suivante ? (le conférencier lui fait soustraire et
additionner des nombres)
c. Vous est-il possible de faire le décompte suivant ? (le conférencier lui demande de décompter
depuis 43, de 3 en 3 jusque zéro)
d. Redonner à nouveau les chiffres du début ?
= l'oubli est normal parce que l'information passe par la MCT
1. La MCT travaille dans l'instant, elle va trier les informations, et effacer l’information
qu’elle ne juge pas utile.
Il faut donc que l’enseignant utilise des techniques-instants pour faire comprendre au
cerveau des étudiants qu’il s’agit d’une information utile. Par exemple, dire « dans 10 mn
on va faire telle chose, et vous ne pourrez le réussir que si vous allez retenir ceci » et non
parler pendant 10 mn PUIS dire « on va faire une activité sur ce que je viens de dire » car
beaucoup de choses ont été effacées entre-temps ...
Dire quel est le but de chaque activité (et le dire plusieurs fois), pour que le cerveau se
dise: « ah ok ca va me servir, je retiens »
Ne pas perdre de temps avant de passer à l'activité ; donner la consigne toute proche de
l'activité
On peut comprendre et ne pas retenir! Donc si les étudiants ont compris, cela ne veut pas
nécessairement dire qu’ils vont le retenir. Il faut donc faire quelque chose pour que l’information
soit retenue. Ex : faire un QCM oral à la fin du cours, un vrai/faux, etc.
2. La MCT efface si elle est en surcharge. Elle ne peut retenir que 7 items en moyenne
Ne pas enchainer trop d'informations en même temps
Privilégier la présentation des choses, par catégories. Au lieu de donner 10 dates à retenir,
classer les dates par catégories (3 dates sont avant louis XVI, 4 dates sont pendant et 3
dates sont après). En faisant des catégories, notre cerveau va traiter les dates non pas
comme 10 items différents (et donc difficilement mémorisables) mais il va les traiter
comme 3 items avec des tiroirs (plus facilement mémorisables).
Les mind maps (appelées aussi cartes mentales, schémas heuristiques) peuvent aussi être
utilisées
3. Notre mémoire ne s'attache que ce à quoi nous sommes attentifs
Or notre attention est limitée, le cerveau donne la priorité à ce qui lui semble le plus important.
On observe des difficultés d'attention ces dernières années chez les étudiants.
= L’origine du problème privilégiée par les neuroscientifiques: les habitudes prises avec les
technologies numériques (internet etc) qui ont des répercussions dans notre vie.
Internet, répercussions positives : les personnes ont progressé dans deux domaines par
rapport à il y a 6-7 ans, pour 1) trouver de l'information et 2) pour prendre des décisions
rapidement.
Internet répercussions négatives : difficulté à être attentif, l’attention ne peut se porter que
sur une seule chose or, il y a des vidéos, des couleurs etc, notre attention est en surchauffe
donc on ne traite plus les signaux de la même manière. Les signaux ne sont plus traités
par ordre d’importance, mais ils sont traités chronologiquement. Ex : le téléphone sonne,
on répond, puis un mail, on répond, puis un SMS, on répond etc. Il devient également
difficile de tout mémoriser, avec les liens hypertexte au bout du 3eme lien, on ne se
souvient plus ce que nous cherchions au début.
Nous sommes dans une générationles technologies vont un peu vite pour notre cerveau. Dans
30 ans, les cerveaux seront sans doute plus performants et plus adaptés (plasticité cérébrale).
Le multitâche est cérébralement impossible. Exceptions : on peut faire deux tâches qui ne
sollicitent pas les mêmes populations de neurones ; ou alors quand l'une des deux tâches est un
automatisme (conduire pour aller chez soi -automatisme, et parler au passager). Mais on ne peut
pas faire deux tâches qui sollicitent les mêmes populations de neurones (ex : écouter deux
personnes parler), parce qu’il s’agit de tâches concurrentielles. Ceux qui ont l'impression d'être
multitâches c'est parce qu’ils arrivent à passer d’une tâche à l’autre très rapidement. Les
« multitâches » sont en fait très performants dans le passage de l'une à l'autre (dans l'alternance).
Pour sortir l’étudiant d'un moment d'inattention.
Lorsque l’on regarde quelque chose, le cerveau passe par différentes étapes: d'abord :
« c'est quoi ce truc? » Il analyse la forme, les couleurs, et il passe seulement aux détails
après cette phase d’identification globale. A chaque fois que l’on regarde qqch de
nouveau, le cerveau passe par cette étape et sort ainsi la personne de l'attention
précédente. C’est comme si le cerveau effaçait la situation précédente pour analyser la
nouvelle situation.
Pour que les étudiants sortent de la précédente activité type discussions avec le voisin ou
autres, ils peuvent regarder autre chose pendant quelques milliseconde, de manière à ce
que leur cerveau porte l’attention sur autre chose et efface la situation précédente. Et le
faire plusieurs fois jusqu'à obtention d'un résultat satisfaisant.
Le stockage durable des connaissances et leur restitution
1. On retient mieux lorsque les choses sont répétées plusieurs fois
Si les choses sont répétées plusieurs fois, le cerveau va porter son attention là-dessus et se
dire qu’il s’agit de qqch d’important qu’il faut retenir (et non l’effacer). En tant
qu’enseignant ne pas hésiter à répéter. Si au bout de 24h on réactive la mémoire de
l’étudiant (rappelle d’une information), l’étudiant va s’en souvenir dans sa globalité (75%
environ) pendant une semaine. Au bout d’une semaine, si on réactive une nouvelle fois,
l’étudiant va s’en souvenir dans sa globalité (75% environ) pendant un mois. Si on
réactive au bout d’un mois, l’étudiant va s’en souvenir dans sa globalité (75% environ)
pendant 6 mois.
2. On retient mieux lorsqu’une information est combinée avec une autre
Si on applique du "personnel" (ce que l’on a soi-même comme image) sur de
"l’impersonnel" (la leçon de maths), du concret sur de l’abstrait, une analogie sur de la
théorie, le cerveau mémorise beaucoup mieux la notion enseignée. Par exemple pour
expliquer le concept de suite bornée entre 1 et 30, on peut tout à fait s’imaginer être un
oiseau en train de voler et qui, par prudence, se dit qu’il ne doit pas voler plus haut
qu’une altitude de 30 m cause des prédateurs volants par exemple), ni trop bas (disons
1 m), à cause des prédateurs à 4 pattes (chats, etc.).
3. Les recherches en neuroscience, montre qu’il n’y a pas de personne visuelle, auditive,
kinesthésique, etc. , au sens de figé pour toujours, d'inné, etc.
On ne possède que des habitudes. Mais il suffit que l’on change d'activités, de pays etc., et nos
connexions neuronales changent. Ce que l’on peut juste dire : « au moment où tu me proposes tel
exercice, avec les habitudes que j’ai prises, je suis plus visuel pour ce truc- là, mais dans 6 mois,
avec le même exos, on peut être plus auditif »
l'idée est de diversifier les supports parce que le cerveau se modifie sans cesse et nous
nous modifions. Il faut donc diversifier les évocations (auditives, visuelles,
kinesthésiques) pour être adapté à toute situation future.
4. La vérité n'efface pas l'erreur du cerveau
Le cerveau va donner toujours la réponse qu’il juge la plus logique. Si c’est une erreur (ex : les
faux amis en anglais), l’étudiant va devoir traiter cette erreur (la conscientiser) en la notant
quelque part par exemple, sinon il refera toujours l’erreur.
En tant qu’enseignant on peut prévenir les étudiants des erreurs les plus courantes
On peut demander à l’étudiant de noter ses erreurs, pour ne plus les faire
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5. On n'apprend pas facilement si les cerveaux reptilien et mammalien-limbique ne sont pas
rassurés
Le cerveau est composé de trois couches qui communiquent entre elles (modèle de MacLean),
chacune ayant ses fonctions;
a) Le cerveau reptilien : survie et reproduction
b) Le cerveau mammalien : émotions
c) le cortex : les connaissances, raisonnement, imagination
= les deux premières couches (a et b) sont prioritaires sur le cortex. Si nous avons faim, nous ne
pourrons pas apprendre et mémoriser correctement quelque chose parce que le cerveau reptilien
est prioritaire sur le cortex.
ex: L’origine des trous noirs à l’examen : on a peur, on est stressé. Pour le cerveau c’est le signe
qu'un danger extérieur, que quelque chose nous menace, il réagit en donnant: cortisole,
noradrénaline, il prépare le corps au combat ou à la fuite. Réfléchir retarderait les réflexes de
survie, donc le cerveau « débranche » le cortex et nous n’avons plus accès aux connaissances qui
sont stockées dedans. Pour faire baisser le stress et pouvoir avoir accès au cortex, il faut faire
baisser le taux de stress. Par exemple, avant de commencer à répondre aux questions d’un
examen, l’étudiant peut noter à côté de chacune des questions : ok (s’il connait la réponse), ? (s’il
n’est pas certain de sa réponse), et X (s’il ne connait pas la réponse). Puis il va commencer par
répondre à toutes les questions dont il a marqué OK. Ainsi, se sentir en situation de réussite
pendant plusieurs minutes d’affilées en faisant toutes les questions notées OK, va réduire le
niveau de stress et permet à l’étudiant d’avoir accès peu à peu au cortex. Il va ainsi pouvoir plus
facilement répondre aux questions qu’il avait initialement notées ? et X.
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