recherche de la satisfaction personnelle semblent relever de ce qu’il y a de plus
légitime dans le domaine de la consommation.
L’essor de la consommation « citoyenne » traduit-il un retour des préoccupations
d’ordre holiste dans la consommation ? En posant la question ainsi, on suppose,
premièrement, que la consommation courante, ou ordinaire, repose sur des
motivations « individualistes ». Est-ce bien cela que nous devons comprendre
lorsque nous relevons que les Français s’occupent avant tout de leurs intérêts privés
à travers leurs comportements de consommation ? Il faudra, pour y répondre, bien
s’entendre sur la définition que nous donnons de l’individualisme, des motivations et
des comportements individualistes, de l’individualisme dans la consommation.
Au cours de cette première étape, nous contesterons l’idée selon laquelle la
consommation « ordinaire » signifierait une absence de détermination par la société
des comportements individuels de consommation, ou même une absence de prise
en compte, dans ces comportements, de toute dimension collective.
A travers la question qui nous est posée, on fait encore l’hypothèse que la
consommation dite « citoyenne », quant à elle, serait motivée par des critères fondés
précisément sur la prise en compte de cette dimension collective supposée faire
défaut dans la consommation ordinaire. Le cas échéant, de quelle dimension
s’agirait-il ? N’y a-t-il pas plusieurs dimensions collectives en jeu dans la
consommation « citoyenne » ? N’est-ce pas du reste aussi le cas dans la
consommation « ordinaire », ainsi que pour tout comportement humain ? Ces
dimensions sont-elles appréhensibles dans leurs relations spécifiques avec certains
produits de consommation, avec certaines catégories de consommateurs ? Peut-on
parler de « holisme » au sujet de l’influence de l’une ou l’autre de ces dimensions
collectives envisagées ?
Louis Dumont a défini le « holisme » comme l’état de société le plus totalisant et le
plus totalitaire, fondé sur un ordre hiérarchique représentant un assujettissement
graduel de tous les êtres vivants - végétaux, animaux, hommes – sous l’autorité du
père, du roi et du créateur 5. Bien entendu il ne peut plus s’agir de rechercher les
signes de cette forme de société dans la modernité. Mais le concept vaut pour
5 Louis Dumont, Homo aequalis : Genèse et épanouissement de l’idéologie économique, 1977.