Travail psychique durant la grossesse, étude au - chu

Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
131–137
Cas
clinique
Travail
psychique
durant
la
grossesse,
étude
au
travers
d’un
cas
de
psychose
du
post-partum
Psychological
changes
and
pregnancy,
study
of
a
post-partum
case
of
psychosis
M.
Mokrani,
C.
Ducroix1,
M.-N.
Vacheron1
Centre
hospitalier
Sainte-Anne,
secteur
13,
1,
rue
Cabanis,
75014
Paris,
France
Résumé
Les
psychoses
du
post-partum
concernent
un
à
deux
cas
sur
1000
accouchements.
Les
études
menées
en
psychiatrie
périnatale
ont
amélioré
la
compréhension
des
troubles.
Si
le
pronostic
de
l’état
aigu
est
généralement
favorable,
le
taux
de
récidive
reste
important
avec
le
risque
d’une
chronicisation.
La
connaissance
de
ces
données
permet
de
réaliser
un
travail
de
prévention
auprès
des
futures
mères.
D’un
point
de
vue
psychodynamique,
la
grossesse
est
une
période
de
conflictualité
psychique
importante,
de
crise
identitaire
et
de
reviviscence
des
conflits
infantiles.
La
compréhension
des
processus
psychoaffectifs
liés
à
la
grossesse
et
l’abord
multidimensionnel
apparaissent
indispensables
dans
la
prise
en
charge
des
états
psychiatriques
aigus
du
post-partum.
Le
cas
de
Madame
O.,
hospitalisée
en
psychiatrie
adulte
pour
un
épisode
de
manie
délirante
du
post-partum
montre
comment
ces
modèles
théoriques
deviennent
opérants
pour
l’élaboration
des
conflits
intrapsychiques.
L’anamnèse
et
la
reprise
des
éléments
biographiques
ont
mis
en
évidence
l’existence
de
plusieurs
facteurs
de
risque
de
décompensation.
L’identification
de
la
patiente
à
sa
lignée
maternelle,
associée
à
la
reviviscence
de
son
passé
infantile,
ont
constitué
le
lit
de
la
décompensation.
Nous
avons
travaillé
la
question
de
sa
place
au
sein
de
sa
lignée
maternelle,
auprès
de
son
mari,
et
en
tant
que
mère.
La
confusion
identitaire
et
générationnelle
dans
laquelle
se
trouvait
la
patiente
s’est
progressivement
amendée
et
un
travail
de
séparation–individuation
a
pu
être
amorcé.
©
2010
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Mots
clés
:
Trouble
bipolaire
;
Psychose
du
post-partum
;
Grossesse
Abstract
Post-partum
psychosis
occurs
in
one
to
two
cases
out
of
1000
deliveries.
Studies
in
prenatal
psychiatry
have
improved
our
understanding
of
the
symptoms.
If
the
prognosis
of
the
acute
state
is
generally
positive,
the
rate
of
recidivism
remains
important
due
to
the
risk
of
becoming
chronic.
Analysis
of
the
data
allows
preventative
work
with
mothers-to-be.
From
a
psychodynamic
perspective,
pregnancy
is
a
time
of
important
psychological
conflicts,
identity
crisis
and
awakening
of
infantile
conflicts.
The
understanding
of
those
psycho-emotional
mechanisms
related
to
pregnancy
and
the
multidimensional
approach
appears
to
be
indispensable
in
taking
care
of
acute
psychiatric
post-partum
states.
The
case
of
Mrs.
O,
hospitalised
in
adult
psychiatrics
for
a
post-partum
manic
episode
shows
how
those
theoretical
models
become
relevant
in
order
to
elaborate
intra-psychological
conflicts.
The
anamnesis
and
the
history
of
the
patient
revealed
the
existence
of
several
risk
factors
for
triggering
the
psychosis.
The
identification
of
the
patient
to
her
maternal
lineage
in
association
with
revisiting
her
infantile
past
grounded
the
psychosis.
We
worked
the
issue
of
her
place
within
her
maternal
lineage,
with
her
husband
and
her
place
as
a
mother.
The
confusion
about
her
own
identity
added
to
the
patient’s
generational
confusion
was
gradually
amended
and
a
work
of
separation/individuation
could
then
be
undertaken.
©
2010
Elsevier
Masson
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All
rights
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Keywords:
Bipolar
disorder;
Post-partum
psychosis;
Pregnancy
Auteur
correspondant.
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(M.
Mokrani).
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2010
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doi:10.1016/j.neurenf.2010.11.004
132
M.
Mokrani
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
131–137
La
grossesse
et
l’arrivée
d’un
enfant
ne
se
déroulent
pas
tou-
jours
dans
une
harmonie
heureuse.
Outre
les
manifestations
anxieuses
bénignes
et
fréquentes
observées
durant
la
gros-
sesse,
de
véritables
pathologies
psychiatriques
peuvent
survenir
à
cette
période,
allant
du
simple
baby
blues
aux
psychoses
puer-
pérales.
Ce
dernier
terme
correspond
à
un
état
délirant
aigu
polymorphe,
fréquemment
associé
à
des
désordres
thymiques,
survenant
en
période
périnatale.
La
sémiologie
étant
variable,
ce
sont
les
circonstances
de
survenue
qui
en
font
une
unité
clinique.
Les
troubles
psychiques
survenant
à
cette
période
ont
été
décrits
dès
l’antiquité
par
Hippocrate
et
ont
fait
l’objet
de
dif-
férents
traités.
Marcé,
psychiatre
et
élève
d’Esquirol
publie
en
1857
le
Traité
de
la
folie
des
femmes
enceintes,
des
nouvelles
accouchées
et
des
nourrices
dans
lequel
sont
décrits
les
états
délirants
du
post-partum,
particuliers
par
leur
thématique
et
leur
condition
de
survenue
[1].
Ces
états
peuvent
survenir
dans
un
contexte
de
troubles
psychiatriques
antérieurs
à
la
grossesse,
ou
être
en
lien
avec
les
remaniements
psychiques
à
l’œuvre
durant
cette
période.
Les
différentes
études
menées
dans
le
champ
de
la
périnatalité
ont
pu
mettre
en
évidence
certains
facteurs
de
risque
de
survenue
de
psychoses
puerpérales.
Les
mères
ayant
des
antécédents
de
pathologies
psychiatriques
ou
de
psychoses
puerpérales
ont
un
risque
plus
élevé
de
décom-
pensation
que
les
mères
indemnes
de
trouble
psychique
[2,3].
Les
femmes
présentant
des
antécédents
psychiatriques
familiaux
de
troubles
de
l’humeur
sont
également
plus
à
risque
[4].
Ce
dernier
point
nous
amène
à
aborder
la
dimension
historique
et
transgénérationelle
de
ces
situations
cliniques.
Le
domaine
de
la
psychiatrie
périnatale
est,
en
effet,
le
point
d’articulation
entre
les
conceptions
psychodynamiques
de
la
transmission
et
ses
références
biologiques,
génétiques
et
sociales.
Il
paraît
donc
essentiel
d’appréhender
ces
situations
cliniques
dans
une
approche
multidimensionnelle.
La
maternité
est
un
processus
psychique
d’envergure
durant
laquelle
des
processus
incons-
cients
infiniment
riches
et
complexes
interviennent.
Elle
est
considérée
par
plusieurs
auteurs
comme
une
véritable
phase
du
développement
psychoaffectif
de
la
femme
et
constitue
donc
une
période
à
risque.
En
souhaitant
un
enfant,
la
future
mère
espère
un
enfant
imaginaire
sensé
tout
combler,
tout
réparer.
L’enfant
est
le
lieu
de
passage
d’un
désir
absolu.
Selon
les
premières
formulations
de
Freud
[5],
l’enfant
espéré
serait
le
substitut
phal-
lique
d’un
désir
infantile
de
la
fillette
d’autrefois,
celui
d’obtenir
l’organe
masculin
dont
elle
est
dépourvue.
Lors
de
la
grossesse,
le
bébé
serait
le
remplac¸ant
de
l’organe
masculin
inaccessible
que
la
petite
fille
a
désiré
recevoir
de
son
père.
Ce
versant
œdipien
n’explique
pas
à
lui
seul
le
désir
d’enfant
et
le
processus
matu-
ratif
à
l’œuvre
durant
la
grossesse.
En
effet,
lorsqu’une
femme
désire
un
enfant
puis
devient
mère,
elle
se
rapproche
de
sa
propre
mère
tout
en
se
différenciant
et
en
se
séparant
d’elle.
Il
y
a
à
cette
période
un
processus
d’idéalisation
de
la
mère
des
débuts
de
la
vie,
associé
à
une
identification,
processus
nécessaires
à
la
plé-
nitude
narcissique
et
à
l’accomplissement
de
la
grossesse.
Enfin,
nous
verrons
que
la
grossesse
constitue
une
période
de
transpa-
rence
psychique
durant
laquelle
les
femmes
vivent
l’expérience
d’une
contiguïté
particulière
avec
leur
propre
passé
infantile
et
s’identifient
à
leur
bébé.
Après
un
état
des
lieux
des
données
de
la
littérature,
nous
tenterons
d’analyser
les
modalités
complexes
du
remaniement
psychique
qui
entoure
la
maternité,
quelles
en
sont
ses
expres-
sions
cliniques
et
ses
étapes.
Dans
une
deuxième
partie,
une
vignette
clinique
d’un
cas
de
psychose
du
post-partum
nous
permettra
de
voir
comment
ces
modèles
et
ces
repères
théo-
riques
sont
opérants
dans
notre
pratique
quotidienne,
et
quelles
réponses
thérapeutiques
peuvent
être
proposées.
1.
Les
psychoses
puerpérales
:
état
des
lieux
1.1.
Épidémiologie
Les
données
concernant
le
trouble
bipolaire
durant
la
gros-
sesse
sont
peu
nombreuses
et
contradictoires.
Classiquement,
il
était
admis
que
la
grossesse
jouait
un
rôle
protecteur
sur
les
pathologies
psychiatriques
mais
les
études
récentes
ont
des
résultats
contraires
et
montrent
que
la
grossesse
est
une
période
de
vulnérabilité
avec
un
risque
élevé
de
récurrence
de
patholo-
gies
psychiatriques
[6].
La
fréquence
des
psychoses
puerpérales
varie
selon
les
statistiques
de
1
à
2
accouchements
dans
la
population
générale
[7–9].
Chez
les
femmes
ayant
des
antécé-
dents
de
trouble
bipolaire
et
de
psychose
du
post-partum,
le
taux
est
100
fois
plus
élevé
[10].
Les
femmes
prises
en
charge
pour
trouble
bipolaire
et
pour
schizophrénie
ont,
en
effet,
un
risque
élevé
de
psychoses
puerpérales
[11].
1.2.
Aspects
cliniques
La
forme
clinique
classiquement
décrite
est
celle
d’une
psy-
chose
associée
à
des
troubles
cognitifs,
une
bizarrerie,
une
désorganisation
de
la
pensée,
des
idées
de
référence,
des
idées
délirantes
de
persécution
parfois
associées
à
des
comportements
auto
ou
hétéroagressifs
dirigés
contre
l’enfant
[10].
Ce
tableau
de
psychose
affective
confuso-délirante
est
décrite
dans
la
litté-
rature
mais
ne
correspond
pas
toujours
aux
tableaux
cliniques.
Pour
Chandra
et
al.
[12],
la
majorité
des
femmes
présentant
une
psychose
puerpérale
ont
des
idées
délirantes
centrées
sur
l’enfant,
l’exemple
le
plus
classique
étant
le
délire
du
lait
empoi-
sonné.
Bien
que
les
troubles
du
post-partum
soient
décrits
depuis
de
nombreuses
années,
la
question
d’en
faire
un
diagnostic
spéci-
fique
se
pose.
Le
DSM
et
la
CIM
10
n’en
font
pas
une
entité
à
part,
seule
la
date
de
début
des
troubles
(quatre
semaines
après
la
naissance
pour
le
DSM
et
six
pour
la
CIM
10)
est
précisée.
Cependant,
plusieurs
aspects
cliniques
et
étiologiques
justifient
le
statut
d’entité
diagnostique
particulière.
En
effet,
il
s’agit
d’une
pathologie
dont
le
diagnostic
ne
peut
être
posé
qu’en
fonction
de
l’étiologie,
c’est-à-dire
le
post-partum.
Le
délai
d’apparition
des
troubles
varie
selon
la
littérature
d’une
semaine
à
un
an.
Il
est
généralement
admis
que
le
début
des
troubles
apparaît
dans
les
trois
premières
semaines
suivant
la
naissance
et
les
premiers
symptômes
dans
les
trois
jours
en
post-
partum
[11,13,14].
Pour
Valdimarsdottir
et
al.
[15],
les
90
jours
suivant
la
naissance
est
une
période
à
risque
de
psychoses
puer-
pérales,
chez
les
femmes
avec
ou
sans
antécédent
psychiatrique.
La
reconnaissance
de
cette
période
à
risque
permet
de
prévenir
et
M.
Mokrani
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
131–137
133
de
minimiser
certains
facteurs
de
risques
comme
les
troubles
du
sommeil
et
les
facteurs
de
stress.
La
surveillance
clinique
devra
être
accentuée
afin
de
détecter
et
de
traiter
les
premiers
symp-
tômes,
et
d’éviter
une
décompensation
sévère.
Certains
aspects
cliniques
spécifiques
en
font
également
une
entité
diagnostique
particulière
:
pour
Oosthuiken
et
al.
[16],
les
psychoses
puerpé-
rales
ont
un
début
plus
rapide,
les
variations
thymiques
sont
plus
intenses
et
la
composante
confusionnelle
est
manifeste.
Par
ailleurs,
les
femmes
atteintes
auraient
un
fonctionnement
prémorbide
de
meilleure
qualité
que
les
femmes
psychotiques
chroniques
et
elles
auraient
des
traits
de
personnalité
de
type
obsessionnel
[11].
Le
pronostic
de
cette
pathologie
va
aussi
dans
le
sens
d’une
pathologie
à
part
entière.
En
effet,
même
si
le
pronostic
de
l’épisode
est
bon,
50
%
des
femmes
rechutent
lors
des
grossesses
suivantes
[14].
Il
est
donc
indispensable
de
programmer
les
prochaines
grossesses
et
de
sensibiliser
à
la
psychoéducation.
La
connaissance
de
ces
spécificités
permettrait
une
meilleure
détection
et
prévention
des
psychoses
du
post-partum.
L’évolution
est
généralement
favorable
mais
les
rechutes
maniaques
ou
dépressives
à
court
terme
ne
sont
pas
rares,
ce
qui
fera
envisager
une
entrée
dans
un
trouble
bipolaire.
Le
pronostic
des
accès
aigus
reste
globalement
favorable
:
sous
traitement,
les
symptômes
cèdent
en
quelques
semaines
mais
le
taux
de
rechutes
précoces
est
cependant
élevé.
À
long
terme,
le
taux
global
de
récidives
puerpérales
et
non
puerpé-
rales
est
évalué
à
plus
de
50
%
[3,17].
Les
rechutes
sont
plus
fréquentes
lorsque
l’intervalle
entre
deux
grossesses
est
court
et
lorsqu’il
existe
des
antécédents
non
puerpéraux,
en
particuliers
de
troubles
bipolaires.
Le
début
brutal
et
précoce
et
l’absence
de
signe
prémorbide
seraient
des
facteurs
de
bon
pronostic
[11].
La
présence
de
signes
évoquant
un
trouble
schizophrénique,
la
dis-
cordance
affective
notamment,
ainsi
que
la
survenue
des
troubles
dans
le
post-partum
tardif
augmentent
nettement
le
risque
de
passage
à
la
chronicité
[18].
Le
risque
de
récurrence
puerpérale
par
grossesse
varie
de
20
à
30
%.
50
à
65
%
des
patientes
ayant
présenté
une
psychose
du
post-partum
rechuteront
sur
un
mode
thymique,
en
dehors
d’un
contexte
puerpéral.
1.3.
Facteurs
de
risques
L’existence
de
certains
facteurs
de
risque
a
pu
être
démontrée,
comme
la
primiparité
et
les
antécédents
psychiatriques.
Harlow
et
al.
[2]
ont
montré
dans
leur
étude
que
14
%
des
femmes
ayant
un
antécédent
d’hospitalisation
en
psychiatrie
présentent
un
épi-
sode
thymique
ou
psychotique
du
post-partum,
contre
0,05
%
chez
les
femmes
sans
antécédent.
Plus
précisément,
l’existence
d’antécédents
personnels
de
trouble
bipolaire
majore
le
risque
de
survenue
de
psychose
puerpérale
[19].
Ces
auteurs
démontrent
dans
une
étude
familiale
menée
auprès
de
femmes
bipolaires
que
le
risque
est
plus
élevé
chez
les
femmes
ayant
des
antécé-
dents
familiaux
au
premier
degré
de
psychose
puerpérale
(74
%)
que
chez
celles
sans
antécédents
puerpéraux
(30
%)
[20].
Les
antécédents
personnels
de
psychose
puerpérale,
toutes
formes
confondues,
ainsi
que
les
antécédents
psychiatriques
familiaux
de
troubles
de
l’humeur
sont
clairement
des
facteurs
de
risque
[21].
Le
diagnostic
doit
donc
être
suspecté
chez
toutes
femmes
présentant
une
dépression
ou
une
manie
du
post-partum
et
un
passé
de
trouble
thymique
(diagnostiqué
ou
non)
ou
des
antécé-
dents
familiaux
de
trouble
bipolaire.
De
là,
une
hypothèse
génétique
a
été
évoquée
et
certains
auteurs
ont
dégagé
une
spécificité
génomique
qui
correspon-
drait
à
un
type
de
trouble
bipolaire
[22]
dont
la
survenue
serait
déclenchée
en
période
périnatale.
Ils
ont
également
mis
en
évi-
dence
une
variation
du
gène
du
transporteur
de
la
sérotonine
[23].
Outre
ces
hypothèses
génétiques,
l’étiopathologie
des
psy-
choses
puerpérales
a
fait
l’objet
de
différents
travaux
et
des
étiologies
somatiques
(biologiques
et
endocriniennes)
et
psychosociales
ont
été
suggérées.
Les
données
actuelles
ne
permettent
pas
d’établir
de
lien
significatif.
En
revanche,
les
aspects
psychodynamiques
restent
essentiels
dans
l’étude
des
états
pathologiques
du
post-partum.
2.
Les
remaniements
psychiques
liés
à
la
grossesse
2.1.
L’état
de
transparence
psychique
La
recherche
clinique
auprès
de
femmes
enceintes
révèle
que
la
grossesse
est
le
moment
d’un
état
particulier
du
psychisme,
d’un
état
de
«
transparence
»
les
fragments
de
l’inconscient
viennent
particulièrement
facilement
à
la
conscience
[24–26].
Quel
que
soit
le
stade
de
développement
de
la
grossesse,
la
transparence
psychique
de
la
femme
enceinte
est
de
repé-
rage
facile
car
l’équilibre
psychique
habituel
est
ébranlé.
La
jeune
femme
manifeste
un
état
relationnel
particulier,
un
appel
à
l’aide
latent,
ambivalent
et
quasi-permanent,
comparable
à
celui
observé
à
l’adolescence.
Il
s’établit
pour
ces
femmes
une
cor-
rélation
évidente
entre
la
situation
de
la
gestation
actuelle
et
les
remémorations
infantiles.
Au
cours
de
cette
période,
des
rémi-
niscences
anciennes
et
des
fantasmes
habituellement
refoulés
affluent
par
force
à
la
mémoire,
sans
être
barrés
par
la
cen-
sure.
Parfois,
le
passé
revient
sous
la
forme
d’un
sentiment
douloureux,
d’une
tristesse
irraisonnée.
La
grossesse
mobilise
ainsi
une
grande
énergie
psychique
et
le
travail
de
parentalité
peut
apparaître
d’emblée
conflictuel
et
ambivalent
[27,28].
La
mère
s’identifie
en
effet
à
son
bébé,
mais
projette
aussi
des
parties
d’elle-même
enfant,
parfois
conflictuelles
ou
négatives.
Le
bébé
fille
facilite
d’emblée
pour
elle
le
double
mouvement
d’identification
à
sa
propre
mère
et
à
son
image
d’elle-même
enfant.
La
plupart
du
temps,
la
jeune
femme
enceinte
se
montre
nostalgique
et
centrée
sur
l’enfant
qu’elle
a
été
autrefois,
et
les
représentations
de
l’enfant
à
venir
tiennent
une
place
restreinte.
Les
entretiens
psychothérapeutiques
à
cette
période
lui
per-
mettent
de
se
différencier
en
tant
que
personne.
Donner
la
parole
à
l’enfant
qu’elle
a
été
permet
ainsi
de
restaurer
celui
qu’elle
porte.
Cette
attention
particulière
est
nécessaire
au
moment
l’ensemble
de
l’entourage
accorde
prioritairement
son
attention
au
bébé.
Certains
auteurs
abordent
la
gestation
comme
l’occasion
d’une
crise
psychique
[25,29].
La
grossesse
est
en
effet
de
fac¸on
essentielle
une
période
de
conflictualité
exagérée,
une
période
de
crise
maturative
au
moment
de
laquelle
l’enjeu
est
le
chan-
gement
de
génération.
Si
elle
mobilise
de
l’énergie
psychique
et
134
M.
Mokrani
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
131–137
réveille
des
conflits
latents,
elle
est
aussi
recherche
et
engage-
ment
dans
de
nouvelles
virtualités
et
contribue
au
processus
de
formation
d’une
identité
nouvelle.
2.2.
Devenir
mère
:
la
maternalité
et
ses
étapes
Paul-Claude
Racamier
désigne
cette
phase
du
développement
psychoaffectif
de
la
femme
qui
s’effectue
à
l’occasion
de
la
maternité
par
le
terme
de
maternalité.
Il
désigne
ainsi
l’ensemble
des
processus
psychoaffectifs
qui
se
développent
et
s’intègrent
chez
la
femme
lors
de
la
maternité.
Cette
étape
vient
s’inscrire
dans
le
prolongement
des
phases
antérieures
et
son
enjeu
est
celui
d’un
changement
générationnel.
Le
destin
de
cette
phase
de
remaniement
va
dépendre
de
deux
types
de
facteurs
:
des
facteurs
personnels,
historiques
et
des
fac-
teurs
actuels,
comme
l’enfant
lui-même
ou
l’entourage
(familial,
conjugal,
et
social).
Ainsi,
envisager
la
maternité
signifie
aussi
céder
à
la
pression
sociale
et
familiale
qui
espère
naturellement
d’une
jeune
femme,
d’un
jeune
couple,
la
naissance
d’un
enfant
un
jour
ou
l’autre.
Différents
composants
psychiques
sont
nécessaires
à
l’émergence
du
désir
de
grossesse
chez
la
femme
et
au
bon
déroulement
de
la
maternalité.
2.3.
Le
versant
œdipien
et
phallique
Dans
l’attente
de
la
future
mère,
l’enfant
imaginé
est
idéalisé.
Il
est
le
lieu
de
passage
d’un
désir
absolu,
l’objet
par
excellence,
c’est-à-dire
le
substitut
du
désir
infantile
d’obtenir
l’organe
mas-
culin
dont
la
petite
fille
est
dépourvue
par
nature.
Chez
la
petite
fille,
selon
les
travaux
de
Freud
[5],
le
premier
désir
est
en
effet
celui
d’avoir
un
pénis
afin
de
faire
un
enfant
à
la
mère.
Cette
phase
préœdipienne
phallique
est
une
période
de
rivalité
et
d’identification
au
sexe
opposé,
avec
une
toute
puissance
liée
au
fantasme
d’avoir
un
jour
un
phallus.
La
fillette
fait
ensuite
le
deuil
de
cet
objet
impossible,
ce
qui
s’accompagne
d’une
réaction
de
colère
vis-à-vis
de
la
mère
ainsi
que
d’un
mouvement
dépressif
[30].
La
phase
suivante
est
celle
d’une
identification
à
la
mère
qui
devient
une
rivale
;
à
ce
stade,
la
petite
fille
désire
en
effet
recevoir
un
enfant
du
père.
Toute
grossesse
réaliserait
ainsi
l’actualisation
de
ces
phases
libidinales
infantiles.
Le
désir
de
grossesse
et
d’enfant
corres-
pondent
au
bébé
« phallus
»
que
la
petite
fille
a
un
jour
désiré
offrir
à
sa
mère,
puis
recevoir
de
son
père.
Il
peut
y
avoir
une
déception,
voire
une
dépression
lors
de
la
confrontation
à
la
naissance
au
bébé
réel,
surtout
si
c’est
une
fille.
Avant
cette
phase
phallique,
le
désir
de
grossesse
peut
dans
certains
cas
survenir
en
réaction
à
la
perte
d’objet.
La
grossesse
peut
représenter
la
restitution
de
l’objet
perdu,
ou
bien
corres-
pondre
à
la
transformation
du
deuil
de
l’enfance
perdue
en
la
création
d’un
nouvel
enfant
[31].
2.4.
L’idéalisation
et
la
séparation
d’avec
la
mère
L’impulsion
œdipienne
n’est
cependant
qu’un
versant
du
désir
d’enfant.
Ce
désir
s’inscrit
aussi
sur
le
versant
du
même
sexe
:
«
en
enfantant,
une
femme
devient
sa
propre
mère,
elle
la
prolonge
tout
en
se
différenciant
d’elle
»
[32].
En
portant,
un
enfant
dans
son
sein,
la
jeune
femme
actualise
l’expérience
d’avoir
été
portée
elle-même.
En
se
différenciant
de
sa
mère,
elle
s’en
sépare
également.
La
maternité
est
alors
une
expérience
de
solitude
qui
requiert
le
concours
et
la
chaleur
d’autres
femmes,
la
mère,
les
sœurs,
ou
les
collègues.
L’identification
à
une
autre
femme
idéali-
sée
est
nécessaire
à
la
jeune
femme
qui
attend
un
enfant.
Le
processus
d’idéalisation
se
met
en
place
au
cours
de
toute
gros-
sesse,
même
si
d’intenses
conflits
ont
antérieurement
marqué
la
relation
entre
la
mère
et
la
fille.
La
nécessité
d’une
image
de
référence
maternelle
idéale
est
incarnée
par
la
présence
tradi-
tionnelle
des
sages-femmes.
L’élan
du
désir
d’enfant
commence
donc
avec
le
mouvement
d’identification
qui
lie
la
petite
fille
à
sa
mère
dès
l’origine,
mère
sans
laquelle
le
petit
enfant
ne
pourrait
survivre.
Plus
tard,
la
mère
merveilleuse
des
débuts
sera
oubliée,
la
petite
fille
s’écarte
en
effet
pendant
la
période
de
latence
de
ce
premier
objet
d’amour
et
d’identification,
et
se
tourne
vers
le
père
pour
en
désirer
un
bébé.
Pour
que
le
désir
d’enfant
de
la
petite
fille
persiste
à
l’adolescence,
il
est
souhaitable
que
la
représentation
d’une
mère
tendre
des
débuts
ne
soit
pas
totalement
perdue,
mal-
gré
la
rivalité
maternelle
qui
suit
la
découverte
de
la
sexualité
des
parents.
La
force
du
lien
mère–fille
originaire
est
un
élément
indispensable
à
la
filiation
féminine.
C’est
par
la
puissance
de
ce
lien
que
la
maternité
future
de
la
fille
inaugurera
une
retrouvaille
avec
cette
mère
perdue
de
la
petite
enfance
et
le
re-souvenir
du
passé
nostalgique.
Le
deuil
de
l’enfance
et
de
la
mère
des
débuts,
la
désidéalisation
sont
en
effet
des
étapes
nécessaires
au
bon
déroulement
de
cette
période
maturative.
Les
premières
identi-
fications
objectales
vont
devoir
s’articuler
avec
l’investissement
de
nouveaux
objets,
sur
un
mode
affectif
et
amoureux,
et
plus
seulement
narcissique
et
objectal.
2.5.
Le
travail
du
féminin
et
l’investissement
affectif
amoureux
À
l’âge
adulte,
l’amour
sexuel
du
compagnon
permettra
de
tenter
la
synthèse
des
désirs
anciens
en
un
projet
d’enfant.
Le
désir
d’enfant
résulte
donc
d’une
combinaison
harmonieuse
de
trois
composants
:
le
désir
d’être
comme
la
mère
du
début
de
la
vie,
puis
le
désir
d’avoir
comme
elle
un
enfant
du
père,
et
enfin
la
rencontre
adéquate
de
l’amour
sexuel
pour
un
homme.
Lorsque
les
trois
éléments
nécessaires
à
la
maternité
sont
pré-
sents,
l’enfant
arrive
au
point
de
convergence
entre
d’une
part
le
lien
à
la
mère
d’origine,
d’autre
part
le
désir
phallique,
ce
vœux
incestueux
d’un
enfant
donné
par
le
père,
et
enfin,
l’amour
sexuel
pour
un
homme
du
présent.
Certaines
femmes
sont
privées
d’une
référence
maternelle
originaire,
des
femmes
auxquelles
«
l’idéologie,
le
mythe,
la
légende,
l’idéalisation
de
leur
mère
ont
manqué
»
[29].
En
fait,
le
fantasme
de
l’éternelle
fécondité
de
leur
mère
est
main-
tenu
intact,
ce
qui
les
maintient
dans
une
position
adolescente.
L’image
d’une
mère
toute
puissante
est
fixée.
L’identification
à
la
vulnérabilité
maternelle
apparaît
cependant
nécessaire
pour
pouvoir
investir
l’enfant
qui
vient
sceller
la
dette
liant
les
deux
femmes
et
les
nouer
au
travers
des
générations.
L’enjeu
M.
Mokrani
et
al.
/
Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
60
(2012)
131–137
135
d’une
filiation
féminine
est
aussi
d’être
à
l’image
de
la
mère
d’autrefois,
maintenant
affaiblie
par
l’âge
et
qui
aura
besoin
que
sa
fille
enfante
à
son
tour.
Lorsque
la
grossesse
se
développe,
il
n’y
a
plus
d’échappatoire
possible
:
la
femme
n’est
plus
l’enfant
chéri
d’autrefois
mais
devient
un
objet
d’attrait
pour
l’homme
ainsi
que
l’était
la
mère
tendre
de
l’enfance.
Les
modifications
corporelles
témoignent
de
la
transformation
intervenue
et
la
ressemblance
au
corps
maternel
s’accentue.
Mais
la
future
grand-mère
maternelle
représente
également
l’arrière-plan
sur
lequel
la
jeune
mère
va
pouvoir
s’appuyer,
témoignant
encore
une
fois
de
l’idéalisation
maternelle.
Cette
idéalisation
s’étaye
sur
le
fantasme
d’un
double
narcissique
ou
d’une
filiation
par
partition
d’une
autre
soi-même.
Nous
allons
maintenant
nous
intéresser
à
un
cas
de
psy-
chose
du
post-partum
et
voir
comment
ses
éléments
théoriques
prennent
sens
dans
notre
pratique
clinique.
3.
Description
clinique
Madame
O.
est
admise
dans
notre
unité
d’hospitalisation
de
psychiatrie
adulte
pour
la
première
fois
en
novembre
2008,
adressée
par
la
maternité
pour
prise
en
charge
d’un
épisode
psychotique
du
post-partum
évoluant
depuis
quelques
jours.
Il
s’agit
d’une
jeune
femme
de
38
ans,
d’origine
américaine,
installée
en
France
depuis
huit
ans.
Elle
a
accouché
d’une
petite
fille
en
avril
2008
à
32
semaines
d’aménorrhée,
qui
a
nécessité
une
prise
en
charge
en
service
de
néo-natalité
pendant
un
mois
et
demi.
Sa
fille
est
maintenant
en
bonne
santé.
Dans
ses
antécédents
psychiatriques
personnels,
on
retrouve
une
notion
de
suivi
épisodique
aux
États-Unis
pour
un
syndrome
dépressif
dont
elle
parle
peu.
Sur
le
plan
familial,
on
note
plusieurs
antécédents
du
côté
maternel
:
l’arrière
grand-mère
a
été
hospitalisée
les
deux
années
suivant
sa
première
grossesse
pour
des
troubles
psychiatriques,
mal
étiquetés
;
la
grand-mère
souffrait
également
de
troubles
psychiques
et
a
été
traitée
par
lithium
au
long
cours
;
la
mère
de
Madame
O.
a
été
hospitalisée
à
plusieurs
reprises
aux
États-Unis
pour
des
épisodes
dépressifs
majeurs
associés
à
un
alcoolisme
chronique.
Elle
était
hospitalisée
pour
un
épisode
dépressif
durant
la
grossesse
de
notre
patiente
;
enfin,
la
sœur
aînée
a
été
hospitalisée
en
psychiatrie
pour
un
épisode
délirant
aigu,
elle
est
stable
et
n’est
plus
traitée
depuis
15
ans.
Elle
vit
aux
États-Unis,
elle
est
mariée
et
a
deux
fils
de
cinq
et
sept
ans.
Madame
O.
est
née
aux
États-Unis
vit
l’ensemble
de
sa
famille
avec
qui
elle
semble
entretenir
de
bonnes
relations.
Elle
vit
en
France
depuis
huit
ans
et
elle
travaille
comme
poète
et
traductrice.
Elle
est
mariée
à
un
homme
d’origine
marocaine
dont
la
famille
vit
au
Maroc.
Il
s’agit
d’une
grossesse
désirée.
Le
retour
à
domicile
s’est
dans
un
premier
temps
bien
passé,
la
patiente
parvenant
à
allaiter
sa
fille
et
à
participer
aux
soins
de
fac¸on
adaptée,
mais
sans
réel
investissement
affectif.
Elle
projetait
de
poursuivre
l’allaitement
jusqu’au
mois
de
décembre.
Elle
et
son
mari
organisent
alors
un
séjour
au
Maroc
au
mois
d’octobre
afin
de
présenter
leur
petite
fille
à
sa
famille
paternelle.
Au
cours
de
ce
séjour,
Madame
O.
est
traitée
pour
une
infec-
tion
urinaire
bénigne,
mais
qui
semble
marquer
le
début
des
troubles
thymiques,
au
moins
pour
l’entourage.
Les
premières
inquiétudes
concernant
sa
fille
apparaissent,
elle
craint
de
mal
s’en
occuper,
d’être
une
mauvaise
mère.
Des
idées
délirantes
émergent
peu
à
peu
sur
cette
thématique.
Le
sommeil
est
grave-
ment
perturbé
avec
une
insomnie
totale,
l’humeur
est
de
tonalité
maniaque
avec
une
désinhibition,
une
familiarité,
une
logor-
rhée
et
un
relâchement
des
associations.
Une
hospitalisation
à
la
demande
d’un
tiers
en
psychiatrie
adulte
est
donc
décidée,
devant
l’incapacité
de
la
patiente
à
reconnaître
ses
troubles
et
à
accepter
les
soins
alors
indispensables.
Madame
O.
est
prise
en
charge
dans
notre
unité
d’hospitalisation
de
semaine,
qui
accueille
les
patients
du
lundi
au
vendredi.
À
cette
étape
de
la
prise
en
charge,
la
séparation
mère–fille
est
incontournable
devant
le
tableau
cli-
nique
présenté
par
Madame
O.
À
l’arrivée
dans
le
service,
la
symptomatologie
maniaque
est
en
effet
franche
et
rend
impos-
sible
toute
adaptation
à
la
réalité,
notamment
ce
qui
concerne
les
soins
apportés
au
bébé.
Cependant,
les
visites
de
son
mari
sont
d’emblée
autorisées,
permettant
le
maintien
du
lien
avec
sa
famille.
Un
projet
d’admission
en
unité
mère–bébé
est
très
rapidement
évoqué
avec
le
couple
malgré
l’état
psychique
de
la
patiente,
dans
le
but
de
matérialiser
l’altérité
du
bébé
et
de
permettre
à
la
patiente
d’envisager
des
perspectives
de
soutien
dans
l’établissement
des
liens
avec
sa
fille.
Nous
avons
égale-
ment
signalé
le
cas
de
Madame
O.
au
secteur
de
pédopsychiatrie
afin
d’amorcer
une
prise
en
charge
commune.
La
mise
en
place
d’un
traitement
médicamenteux
conduit
à
l’amélioration
progressive
de
l’état
clinique
et
à
l’élaboration
de
la
patiente
autour
des
conflits
psychiques
qui
se
sont
joués
lors
de
sa
grossesse
et
son
accès
au
statut
de
mère.
4.
Les
troubles
thymiques
préexistant
à
l’accouchement
L’amélioration
clinique
de
la
patiente
nous
aide
dans
un
pre-
mier
temps
à
préciser
son
état
psychique
durant
la
grossesse.
Les
troubles
thymiques
ont
débuté
durant
la
grossesse
par
une
symptomatologie
dépressive
mais
ils
n’ont
pas
été
repérés
lors
du
suivi
obstétrical,
malgré
l’existence
de
nombreux
facteurs
de
risque
(antécédents
personnels
et
familiaux
d’épisodes
psychia-
triques
puerpéraux
ou
non),
la
patiente
n’en
ayant
pas
parlé.
La
mère
de
Madame
O.
était
à
cette
période
hospitalisée
en
psy-
chiatrie
pour
un
nouvel
épisode
dépressif.
Lorsqu’elle
évoque
la
prématurité
de
sa
fille,
Madame
O.
établit
un
lien
direct
avec
un
l’entretien
téléphonique
qu’elle
aurait
eu
avec
sa
mère.
Sa
mère
lui
aurait
fait
une
réflexion
concernant
son
ventre
jugé
trop
gros
pour
le
terme.
Elle
a
appris
aussi
à
ce
moment
que
sa
propre
mère
avait
été
alitée
à
compter
du
septième
mois
de
grossesse
pour
menace
d’accouchement
prématuré.
Cette
association
nous
permet
de
pointer
le
fait
que
la
patiente
rend
sa
mère
responsable
de
la
prématurité
de
sa
fille.
Elle
la
maintient
ainsi
dans
sa
position
de
toute
puissance
en
étant
hospitalisée
à
son
tour.
Ainsi,
la
mère,
pendant
la
grossesse
n’apparaît
pas
soutenante
pour
sa
fille
d’une
part
parce
qu’elle
est
1 / 7 100%

Travail psychique durant la grossesse, étude au - chu

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