Œ UVRES DE L AURENT S CHWARTZ L AURENT S CHWARTZ Un théorème sur les suites de variables aléatoires Symposia Mathematica, vol. II (INDAM, Rome, 1968), London: Academic Press, 1969, p. 203-209. Extrait des Œuvres de Laurent Schwartz publiées par la Société mathématique de France, 2011. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Istitnto Nazionale di Alta Matematica Symposia Mathematica Volnme II (1968) THÉOKÈME SUR LES SUITES DE VAEIABLES ALÉATOIRES (*) LAURENT SOHWARTZ Dans des notes antérieures (*), nous avons montré le théorème suivant : T H É O R È M E 0. Soit XQ , X±,..., Xn , . . . , une suite de variable* aléatoires réelles, dont l'enveloppe convexe soit bornée en probabilité. 00 / Si les a„ sont des nombres réels tel que 2 | a» 111 + log -j 1 I\ r- ]<-|-oo, 00 la série 2 | a n Xn | est presque sûrement convergente ; la condition sur les a n est la meilleure possible. Nous avons alors donné une démonstration de cette propriété s'appuyant sur la théorie des mesures cylindriques ; c'est la voie naturelle, le résultat s'interprète d'ailleurs naturellement en disant que l'application (œn)n e « |—> (an ocn)n e « de Z°°, muni de la topologie 0 (J°° 1 1% dans ll, est radonifiante ; en outre, les généralisations raisonnables de cette propriété à des espaces de Banach autres que les lp s'expriment dans le langage des mesures cylindriques. Toutefois nous allons donner ici une démonstration directe du théorème énoncé, par des méthodes probabilistes classiques. Précisons d'abord l'énoncé. On partira d'un espace de probabilités (Ö, JU) ; la ^-mesure d'un événement A c Q sera sa probabilité. (#) 1 risultati contenuti in qnesto lavoro sono stati esposti nella conferenza tennta l'll marzo 1968. (£) Notes anx Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences, t. 265, série A, 1967, p. 832-834; t. 266, série A, 1968, p. 7-9 et p. 50-52. On y trouvera des références à d'autres travaux récents, de Dudley, Badrikian. Les notes signalées contiennent un indice p , 1 <jp < 2 ; nons ne parlerons ici que du cas p = l, mais on peut faire de même pour les autres. 204 LAÜRENT SCHWARTZ - Un théorème sur les suites etc. Une variable aléatoire réelle relative à (£, fi) sera une /^-classe de fonctions réelles /j-mesurables sur Q. L'espace de ces variables aléatoires sera noté L° {Q, ju) ; il sera muni de la topologie de la convergence en mesure ou en probabilité, qui le rend métrisable complet. Une suite de variables aléatoires Xn converge vers 0 en probabilité, si, quel que soit s > 0, ^({coefl; \Xn(œ)\> e}) tend vers 0 pour n infini. Une partie JB de L° (Q ; ju) est bornée, si, pour tout e > 0, il existe M>0 tel que, pour toute X É J B , p ({cotQ ; \X(co)\>M})<e. Comme L° (Q, ju) n'est pas localement convexe, l'enveloppe convexe d'une partie bornée n'est pas nécessairement bornée ; c'est pourquoi la précision de l'énoncé donné plus haut sur l'enveloppe convexe de la suite des Xn est importante. THÉORÈME 1. Soit (Xtt)W£« une suite de variables aléatoires réelles sur (û, /*), indépendantes, suivant toutes la loi de Cauchy, de densité — -—;—s . Alors : n î-f- # 1) 1?enveloppe convexe de la suite des Xn est bornée dans uu 2) La série 2 | a n Xn \ converge presque presque sûrement, selon que 2 | a n | ( l + sûrement l°g i r ou diverge ) converge ou diverge. oo 3) Si 2 | an | = + oo , il est presque sûr que la suite des n=0 oo | an Xn | n'est pas bornée ; si 2 \ an | < + °° j ^ ^érie w=0 — | an | (l + log est presque sûrement convergente. L'idée de ce théorème m'est venue d'un contre exemple de Dudley, LAÜRKNT SCHWARTZ - Un théorème sur les suites etc. 205 DÉMONSTRATION. Démonstration è 1) La loi de Caucby donnée ci-dessus sera la loi normale de Oauchy, ou de paramètre 1 ; la loi de paramètre a 1 a > 0 est définie par la densité ^. Pour cette loi, la pro9 babilité pour que la variable soit, en module, > Jf, est +OO 2a C +OO dx _ 2 C dt _^ 2 a 2 a -^J x* + a? -—] ] f ++1 2 - — Arctg — < — — . M M M La fonction caractéristique de la loi de Cauchy de paramètre a est 11—> era ul 5 on en déduit que la somme de variables indépendantes» suivant des lois de Oauchy de paramètres a0 , ai,..., an , est une loi de Oauchy de paramètre a0 -f- a± -|- ... -f- an . Dans Fhypothèse de 1), si donc c0 , c 1 ,..., en , sont des nombres réels tels que | eQ | + | o± | + ... + | cn \ ^ 1, c0X0 + cAXi + . . . + cnXn suit une loi de Oauchy de paramètre | c0 \ + | ci \ + ... + | cn \ < 1, 2 1 et la probabilité pour qu'elle dépasse M en module est < —; on en déduit aussitôt que Pensemble de toutes ces variables aléatoires, lorsque n et les Ck , le <ç, n, varient avec 2 \ Ck \ < 1, est borné Jfc=0 en probabilité ; donc Fenveloppe convexe de la suite des Xn est bornée en probabilité. Démonstration de 3). Pour M donné, la probabilité pour que 1 2 Ia I °° anXn\ > M est — Arctg ' " ' . Donc, si 2 \ an | = + OD , on aura n M n==0 oo 2 ju ( {co € Q ; | a n Xn \ > M} ) = + °° ? ©t, comme les variables Xn n=0 sont supposées indépendantes, le lemme de Borel-Cantelli prouve que, presque sûrement, | an Xn \ est une infinité de fois > M ; la suite des | an Xn \ est presque sûrement non bornée. oo Supposons maintenant Z \ an | < + °° • Alors presque sûrement | an Xn | est < 1 pour n assez grand. Soit Yn la variable aléatoire définie par : Yn {co)= \ anXn(co) | si | <*nXn(co) \ < 1 , 0 si | anXn(co) | > 1 . Alors presque sûrement Yn=\anXn\ pour n assez grand, mais on LAURENT SCHWARTZ - Un théorème 206 sur les suite» etc. a toujours 0 < Y n < l . Montrons que la série 2 {Yrk—E{Yn)) est presque sûrement convergente. Comme ses termes sont des variables indépendantes, et de valeur moyenne nulle, un critère clas00 2 sique de Kolmogorov dit qu'il suffit, pour cela, que n2= l E(Yn) conl verge. Or 0 Puisque 2 | an | < + 00 , cette série est bien convergente, ce n=0 qui prouve notre affirmation. Maintenant, pour n grand : Donc 2 CF») — — | an | ( 71 n=0 converge (absolument), log- \ donc j ; (r w - — | an | (l + log converge presque sûre- ment ; comme presque sûrement Yn = | an Xn | pour n assez grand, on en déduit bien la conclusion de 3). oo Démonstration de 2). C'est évident ; ou bien 2 \ ocn \ =-|-oo, alors n=0 oo presque sûrement la suite |ocnJTw| n'est pas bornée, donc 2 \anXn\ n=0 oo diverge ; ou bien 2 \ an \ < + oo, alors n=0 log converge presque sûrement, donc 2 \ an Xn \ converge ou diverge n=0 presque sûrement suivant que 2 | a n 111 + n=0 \ verge. CQFD. -, 1 converge ou diI 0Cn I 1/ COROLLAIRE Dans l'énoncé du théorème 0, la condition sur les On est la meilleure possible. LAURKNT 8CHWARTZ - Un théorème En effet, si 2' | a» | ( 1 + log 1 an sur les suites etc. 207 = -f- oo, la suite des Xn de Pénoncé du théorème 1 fournit un contre-exemple. Il reste donc à monter la partie directe du théorème 0 : T H É O R È M E 2. Soit (X H ) neiD une suite de variables aléatoires réelles sur (Si, ju), d'enveloppe convexe bornée en probabilité. Soit )n € fi une suite de nombres réels, tels que 1+ oo. Alors la série 2 | a„ Xn \ est presque sûrement convergente. n==0 DÉMONSTRATION. D'après Phypothèse, quel que soit e > 0, il existe M ;> 0 tel que, quel que soit n et quelle que soit la suite finie (ck)k^n, avec 1, on ait ju f jco € Q ; 2 ck Xk (co) >M e. Par homock thétie, quelle soit la suite (ck)k^n , on aura n >M 2 n=0 Introduisons un deuxième espace de probabilités (û', /i') (3), et suite Zn de variables aléatoires sur (42', //), indépendantes et suivant la loi de Cauchy normale. Pour tout co' e Si', et tout w i\> MI Mais la série 2 \ log | ajfc | est supposée convergente j n=0 donc, d'après le théorème 1, la série 2 \ an %n \ est /^'-presque sûrement convergente. Donc il existe un ensemble Si' c Q', de //-mesure (8) Cette idée est fréquemment utilisée en probabilités. En prenant un autre cas étudié par Kolmogorov, S. Kwapien m'a indiqué un résultat apparenté au théorème 2 (voir note aux Comptes Rendus de Kwapien, à paraître prochainement). 208 LAURENT SCHWARTZ - Un théorème sur les suites etc. ^ 1 — e, et une constante G ^ 0 telle que, pour co' Efl', 2 | OLk Zk (co') | <^ C. Alors, pour tout wEfi, et tout co' E 42' : 2 a* Zk (co') Xk (co) > C J f *=0 Alors, par Fubini, pour n fixé, Pensemble des (co, co')£ Û X Û' pour > C M a une lesquels l'ensemble des (co, co') € Q X Ö' ayant la même propriété a donc une (/ut 0 //)-mesure ^ e -f- JLL' (Z&') < 2e. Par Fubini de nouveau, il existe un ensemble Qn c Q, de /j-mesure ;> 1 — ]/2«, tel que, pour co € Qn : ^' >CM co'€ Û ' ; Jk=O Fixons n 6 flî et co 6 ö n . La dernière inégalité est maintenant relan tive à une variable aléatoire sur (Q', //), 2 (<xk Xk (co)) Zk, somme de variables indépendantes suivant des lois de Gauchy. Elle suit ellen même une loi de Gauchy, de paramètre 2 \ak Xk (co) \ -, donc la / / probabilité pour que son module soit > CM est exactement n 2 | <xk Xk (co) | Elle est ^ ) / 2 E , donc Xk (co) | ^ OJf tg (-£- ^ ) , Ou encore, pour tout ti : € Û ; 2j »k Xk (m) \ < CMtg pour co € Û LAURENT SCHWARTZ - Un théorème sur les suites etc. 209 En prenant les intersections pour wEfi: JLL ( jco E Û ; J ? AI (lai = lim 4 | *k Xk (co) | < + oo\ J 6 Û ; J j a, X, (co) | < Oi¥ tg ix (\co 6 Û ; J I afc Xfc (o>) I < \( **—0 Oiïf tg Ceci étant vrai pour tout e > 0, 2 | a* Xk (co) | est /i-presque sûrement convergente, cqfd. Testo pervenuto il 2 settembre 1968. Bozze licenziate il 15 novembre 1968.