
8N°134 - Tome 15 - avril 2010 - RéfleXions Ophtalmologiques
une perte de 50% des cellules ganglionnaires dans le secteur
atteint.
La sensibilité des systèmes d’imagerie, pour la détection
précoce d’un glaucome associé à des déficits du champ visuel,
à un niveau de spécificité de 90 à 95 % est d’environ 70% ; et
la capacité des cliniciens d’identifier les lésions glaucoma-
teuses structurales est similaire aux techniques d’imagerie.
Ces données signifient que l’évaluation structurale clinique
ou automatisée échoue dans le dépistage de la neuropathie
glaucomateuse dans environ 30% des cas chez des patients
présentant des pertes du champ visuel établies (5, 6) . Ces
techniques ne peuvent donc pas être un substitut à l’évaluation
de la progression du champ visuel en périmétrie automatisée
et soulignent l’importance de l’évaluation de la progression
de l’atteinte fonctionnelle par l’analyse du champ visuel.
Comprendre les conditions
d’évaluations de la progression
de l’atteinte fonctionnelle
La détermination d’une progression de l’atteinte fonctionnelle
en PAS présente deux difficultés qu’il faut bien connaître.
La variabilité
Le relevé du champ visuel repose sur la détermination du seuil
de sensibilité de chacun des points testés et qui correspond
au stimulus ou à la luminance qui entraînent une probabilité
de réponse de 50%, c’est à dire l’intensité lumineuse minimale
perçue une fois sur deux. La détermination du seuil de sensibilité
pour un point normal est très précise avec une faible variabilité.
En cas de points déficitaires chez un sujet glaucomateux la
détermination du seuil devient beaucoup plus imprécise avec
une grande variabilité expliquant ainsi la variabilité intra-test
du relevé de ce seuil de sensibilité. De même il existe une
variabilité d’un test à l’autre appelé variabilité inter-test qui
diminue avec l’apprentissage du patient à la réalisation
d’examens du champ visuel.
Cette variabilité intra-test et inter-test explique ainsi qu’une vraie
progression reste difficile à déterminer. Dans les zones de
déficits du champ visuel de type glaucomateux, cette variabilité
peut être 4 fois plus grande que dans les zones de sensibilité
normale du champ visuel, ceci souligne qu’un résultat considéré
isolément et non confirmé peut conduire à de fausses inter-
prétations. Ainsi, dans l’étude OHTS, plus de 85% des déficits
initiaux du champ visuel n’ont pas été confirmés au deuxième
examen (7).
Les principaux paramètres de variabilité de sensibilité des
différents points sont représentés par l’importance initiale
du déficit du point considéré, l’intensité du déficit global
de sensibilité du champ visuel ainsi que par l’excentricité
du point par rapport à la zone de fixation centrale.
La variabilité du seuil de sensibilité augmente également avec
la sévérité du glaucome. Or c’est dans cette circonstance que
le diagnostic d’aggravation est le plus précieux. Il impose donc
un protocole rigoureux de prescription d’un test de détection
de progression adapté ainsi que de son interprétation (8).
L’évolution de l’atteinte fonctionnelle dans
le glaucome est lente et progressive.
Elle s’étend en général sur plusieurs années et le plus souvent
reste difficile a détecter quand elle est noyée dans la variabilité
du relevé du champ visuel glaucomateux. Dans la plupart des
cas établir la progression du champ visuel nécessite plusieurs
années.
Ces données soulignent la nécessité d’expliquer au patient
l’utilité de répéter la réalisation régulière de relevés du champ
visuel pour une meilleure analyse et détection d’une éventuelle
progression de l’atteinte fonctionnelle.
Méthodes de détection
de la progression
Il existe plusieurs approchent pour l’analyse de la progression
du champ visuel : le jugement clinique, subjectif ; les analyses
d’évènements, qui comparent l’examen de suivi à une valeur
de base de référence ; et les analyses de tendances qui
correspondent à une analyse de régression qui mesure un taux
de changement dans le temps.
Chacune de ces méthodes avec une myriade de variations
peuvent être subdivisée en analyse de points individuels, de
secteur du champ visuel ou de champ visuel entier.
Le jugement clinique
Souvent réalisé en pratique clinique courante, il reste facile
mais cependant très subjectif avec de nombreuses variations
intra et inter observateurs.
L’observation des différents relevés du champ visuel étalés et
observés les uns à côté des autres va s’intéresser aux zones
auparavant normales qui présentent à priori moins de variabilité,
et qui jouxtent des zones initialement atteintes au niveau des
relevés des champs visuels précédents.
Il doit reposer sur l’analyse des cartes de déviation qui
permettent une meilleur précision des anomalies localisées et
de détecter plus précocement une zone déficitaire persistante
et reproductible avec le temps. Il ne doit pas tenir compte de
l’analyse des cartes de déviation totale qui ne permettent pas
Evaluation de la progression de l’atteinte fonctionnelle dans le glaucome