dossier pédagogique

publicité
Le
Dindon
dossier pédagogique
© photo Antonia Bozzi
Le Dindon
avec
Vladimir Ant
Caroline Arrouas
en alternance avec
de Georges Feydeau
mise en scène Philippe Adrien
Mila Savic
Pierre-Alain Chapuis
en alternance avec
Pierre Diot
Eddie Chignara
Bernadette Le Saché
Pierre Lefebvre
Guillaume Marquet
en alternance avec
Hubert Benhamdine
Luce Mouchel
en alternance avec
Florence Müller
Patrick Paroux
en alternance avec
François Raffenaud
Alix Poisson
en alternance avec
Valérie Blanchon
Juliette Poissonnier
Joe Sheridan
en alternance avec
Dominique Gould
décor : Jean Haas
lumières : Pascal Sautelet
assisté de Maëlle Payonne
musique et son : Stéphanie Gibert
costumes : Hanna Sjödin
assistée de Camille Lamy
maquillages : Cornelia Quehenberger
mouvement : Sophie Mayer
collaboration artistique : Clément Poirée
direction technique : Martine Belloc
régie son : Ivan Paulik
habillage : Emilie Lechevalier
administration : Marie-Noëlle Boyer,
Guillaume Moog, Lola Lucas
et Huguette Kingué
Production ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère de la Culture et la Ville de Paris,
avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et le soutien de l’Adami, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
© photo Chantal Depagne-Palazon
4 nominations aux Molières 2011
4 nominations aux Molières 2011
Le Dindon
MOLIÈRE DU THÉÂTRE PUBLIC
Philippe Adrien
MOLIÈRE DU METTEUR EN SCÈNE
Philippe Adrien
MOLIÈRE DU JEUNE TALENT MASCULIN
Guillaume Marquet (lauréat)
de Georges Feydeau
mise en scène Philippe Adrien
MOLIÈRE DU DÉCORATEUR
Jean Haas
avec
Vladimir Ant
Caroline Arrouas en alternance avec Mila Savic
Pierre-Alain Chapuis en alternance avec Pierre Diot
Eddie Chignara
Bernadette Le Saché
Pierre Lefebvre
Guillaume Marquet en alternance avec Hubert Benhamdine
Luce Mouchel en alternance avec Florence Müller
Patrick Paroux en alternance avec François Raffenaud
Alix Poisson en alternance avec Valérie Blanchon
Juliette Poissonnier
Joe Sheridan en alternance avec Dominic Gould.
8Reprise
au Théâtre de la Tempête
du 14 septembre
au 23 octobre 2011
8Tournée
du 4 janvier au 9 juin 2012
Production : ARRT /Philippe Adrien
– compagnie subventionnée
par le ministère de la Culture et
la Ville de Paris, avec la participation
artistique du Jeune Théâtre national et
le soutien de l’Adami, en coréalisation
avec le Théâtre de la Tempête.
Administration et diffusion :
Marie-Noëlle Boyer,
Guillaume Moog et Lola Lucas
ARRT /Philippe Adrien, Cartoucherie
route du Champ de Manœuvre,
75012 Paris
- tél. 01 43 65 66 54
- www.arrt.fr
- [email protected]
Renseignements et réservations :
Théâtre de la Tempête
- tél. 01 43 28 36 36
- billetterie en ligne :
www.la-tempete.fr
- relations avec le public :
Anne Delaunay
Presse :
Pascal Zelcer
- tél. 06 60 41 24 55
- [email protected]
décor Jean Haas
lumières Pascal Sautelet
assisté de Maëlle Payonne
costumes Hanna Sjödin
assistée de Camille Lamy
musique et son Stéphanie Gibert
maquillages Cornelia Quehenberger
mouvement Sophie Mayer
collaboration artistique Clément Poirée
direction technique Martine Belloc
habillage Emilie Lechevalier.
« Vous savez ce que c’est ! ... un beau jour, on se rencontre chez le Maire…
on ne sait comment, par la force des choses… Il vous fait des questions…
on répond « oui » comme ça, parce qu’il y a du monde, puis quand tout
le monde est parti, on s’aperçoit qu’on est marié. C’est pour la vie. »
Pontagnac dans Le Dindon, Acte I, scène 2
Il faut vraiment être dinde pour se farcir un tel dindon ! Pourquoi donc être
fidèle quand l’autre ne l’est pas ? Anciens amants, nouveaux soupirants,
épouses outragées, ex-maîtresses, débarquent inopinément chez Vatelin,
le mari de la vertueuse Lucienne, elle-même en proie aux assiduités du
maladroit Rédillon et de l’infatué Pontagnac ! Et quand, en plus, deux
épouses se liguent pour se venger d’époux incapables de les tromper
tout à fait, les situations, plus rocambolesques les unes que les autres,
s’enchaînent ! Mais Le Dindon de Georges Feydeau est bien plus qu’un
simple vaudeville, il s’aventure dans les méandres de la folie, restituée avec
une précision implacable et affolante, il déjoue sans cesse le réel, truffé
d’erreurs, de quiproquos et de simulation, le tout tenu par une langue vive,
acerbe, ingénieuse et tranchante.
Alors, qui trompe qui ? Qui sera le dindon de la farce ? Lequel de tous ces
coqs remportera le combat de la basse-cour ? On assiste à un jubilatoire
renversement des rôles : les mâles sont ici de purs objets sexuels que les
femmes utilisent pour se venger. En tout cas, s’il en est un qui est fidèle,
c’est Feydeau… Fidèle à l’infidélité ! Philippe Adrien nous prouve que le
rire ne lui fait pas peur, il enchaîne les actes dans un tourbillon, laissant à
peine le temps aux spectateurs de reprendre leur souffle. Rien d’étonnant
à ce que ce spectacle ait été nommé quatre fois pour les Molières car il
faut dire aussi que le directeur du Théâtre de la Tempête a magistralement
réussi sa distribution, tant c’est un régal de les voir faire leur métier avec
grand art !
Hervé Pons
Un démiurge farceur
… Concours d’entrée au Conservatoire, 10 heures du
matin, un jury de professionnels éminents… Entre
un candidat, il a travaillé quatre scènes : en moderne
Koltès et Sartre, en classique Corneille et… suspense…
Imaginez la perspective : ils sont trente, soit une
soixantaine de scènes à visionner d’ici 17 heures…
Une question : comment tenir ?… « Et votre quatrième
scène, alors ? » Un nom en sept lettres qui aussitôt se
mettent à danser sous les yeux du président de jury : y
f e a e u d… pour finalement se ranger comme à la
parade : Feydeau ! Et tout le monde se dit : « Alléluia !
Le voici, c’est lui, le sauveur, notre sauveur, mais oui,
Feydeau, Georges Feydeau ! » Mine de rien, mais
avec un petit friselis de sourire discrètement adressé
aux collègues : « Eh bien, passez-nous donc votre
Feydeau ! » Et voilà une journée de probable galère
soudain transfigurée par l’espoir d’un rire ! Comme
dit Rédillon - ça c’est justement dans Le Dindon - :
« Ce que je m’amuse ! Ce que je m’amuse ! » Le moins
marrant n’étant pas que notre petit couple de jeunes
comédiens s’étant lancé à l’eau avec entrain, ça fait
déjà une bonne minute que ça dure, mais nom d’un
chien, nous les jurés, nous n’avons pas ri une seule
fois ! C’est pourtant lui, Feydeau, au sujet de qui on
fixe la barre à un éclat de rire toutes les cinq secondes,
loi incontournable du vaudeville ? ! Beau et noble pari
certes, mais en l’occurrence, évidemment raté ! « C’est
que Feydeau, vous savez, jeune homme, c’est très,
très difficile ! » Comme si je n’étais pas au courant :
vous voyez une autre raison de se dérober depuis si
longtemps à une furieuse envie de mettre en scène
son théâtre ?
citations de Feydeau...
Il n’y a pas un drame humain qui n’offre
quelques aspects très gais.
L’amour, ça demande le plein feu. Ce n’est
pas une chose qu’on entretient au bain-marie.
L’homme est fait pour la femme. La femme
est faite pour l’homme... surtout en province,
où il n’y a pas de distraction.
Quel défi en effet, ce théâtre à la fois si singulier
et si parfait ! Oui, ce qui est renversant dans l’écriture
de Feydeau, c’est son exactitude. Sur un acte entier
de quiproquos, syncopes, aléas et atermoiements
aussi affolants qu’imparables, les dialogues comme
les situations, jusque dans leurs aspects concrets,
nous paraissent toujours ordonnés à la perfection.
J’entends d’ici le commentaire habituel : « Une véritable horlogerie ! » Pardon monsieur, mais il n’y a
rien de plus chiant qu’une montre ! Ce qui de temps
en temps me fait dire que mettre en scène consiste
aussi bien à mettre en désordre qu’en ordre songeant
à ces mathématiciens qui par exemple s’échinent à
calculer le fonctionnement des catastrophes… Voilà,
Feydeau est de ceux-là, un savant en matière d’embarras, bousculades, tournis, chutes, ratages et autres
« catas » auxquels le genre humain est par définition
exposé. « Mais vous pouvez me dire d’où ça vient,
toutes ces bêtises ? » Pardon ma petite dame, vous
avez déjà vu un chat se prendre les pieds dans le tapis ?
dessin Honoré Daumier
Non, non, glisser sur les peaux de banane est réservé
aux animaux qui parlent et par voie de conséquence
croient vivre pour d’autres raisons que se reproduire.
Touchés par le divin, ils veulent, n’est-ce pas, vivre
pour aimer ! C’est alors que les vrais ennuis commencent dans l’imbroglio entre âme et corps, amour et
désir, soit précisément ce à quoi sont confrontés les
personnages, disons même les créatures de Feydeau
en qui je verrais volontiers un démiurge farceur. Eh
bien, chère grande amie, mon projet pour Le Dindon,
notre projet est d’emboîter le pas à Feydeau et de ne
céder ni sur la gravité et la profondeur de sa pensée,
ni sur la légèreté et l’allégresse de son style.
Philippe Adrien, juin 2010
Feydeau par lui-même
Le vaudeville est-il mort ?
Quelle plaisanterie ! Mort le vaudeville ? Mort le
mélodrame ? Ah ! çà ! donneriez-vous dans les idées
de ce petit cénacle de jeunes auteurs qui, pour essayer
de tuer ces genres florissants qui le gênent, n’a trouvé
d’autre moyen que de décréter tout simplement qu’ils
étaient morts ! Mais voyons, mon cher ami, s’ils étaient
morts, est-ce qu’on se donnerait tant de peine pour
le crier à tous les échos ? Quand une chose n’est plus,
éprouve-t-on le besoin d’en parler ?
Enfin, si le vaudeville et le mélodrame étaient
morts, est-ce qu’on les jouerait quatre ou cinq cents
fois de suite, quand à succès égal, une comédie, genre
dit “supérieur” (comme s’il y avait une classification
des genres !), se joue péniblement cent fois ? Comment expliquer cette durée tout à l’avantage du genre
défunt ? Peut-être par le dicton « Quand on est mort,
c’est pour longtemps ! » À ce compte-là, vive la mort !
Non, la vérité, c’est qu’il y a vaudeville et
vaudeville, mélodrame et mélodrame, comme il y a
comédie et comédie. Quand un vaudeville est bien
fait, logique, logique surtout, qu’il s’enchaîne bien,
qu’il contient de l’observation, que ses personnages
ne sont pas uniquement des fantoches, que l’action
est intéressante et les situations amusantes, il réussit.
[...] Que dire alors de ces présomptueux, tout
imbus de la supériorité qu’ils s’accordent, qui déclarent
avec un superbe dédain que le vaudeville et le mélodrame ne sont « ni de la littérature ni du théâtre ? »
« Pas de la littérature », soit ! La littérature étant l’antithèse du théâtre : le théâtre, c’est l’image de la vie
et dans la vie on ne parle pas en littérature ; donc le
seul fait de faire parler ses personnages littérairement
suffit à les figer et à les rendre inexistants. Mais « pas
du théâtre », halte-là ! Il ne suffit pas, monsieur, que
vous en décidiez pour que cela soit ! Le théâtre, avant
tout, c’est le développement d’une action, et l’action
c’est la base même du vaudeville et du mélodrame. Je
sais bien qu’aujourd’hui la tendance serait de faire du
théâtre une chaire ; mais du moment qu’il devient une
chaire, c’est le théâtre alors qui n’est plus du théâtre.
Georges Feydeau,
Le Vaudeville est-il mort?, Paris, 1905
Une leçon de vaudeville
Lorsque je suis devant mon papier et dans le feu du
travail, je n’analyse pas mes héros, je les regarde agir,
je les entends parler ; ils s’objectivent en quelque
manière, ils sont pour moi des êtres concrets ; leur
image se fixe dans ma mémoire, et non seulement leur
silhouette, mais le souvenir du moment où ils sont
arrivés en scène, et de la porte qui leur a donné accès.
Je possède une pièce, comme un joueur d’échecs son
damier, j’ai présentes à l’esprit les positions successives que les pions (ce sont mes personnages) y ont
occupées. En d’autres termes, je me rends compte de
leurs évolutions simultanées et successives. Elles se
ramènent à un certain nombre de mouvements. Et
vous n’ignorez pas que le mouvement est la condition
essentielle du théâtre et par suite (je puis le dire sans
immodestie après tant de maîtres qui l’ont proclamé)
le principal don du dramaturge.
[...]
Je puis bien le confesser : le travail m’ennuie. Quand
j’étais écolier, j’éprouvais un ravissement à écrire des
comédies, car, par elles, j’échappais à la tâche prescrite
qui m’a toujours été odieuse. J’aime les fruits défendus
et les chemins de traverse. Or, aujourd’hui, la situation est retournée. Le théâtre est devenu pour moi
la règle, le devoir. C’est mon métier. C’est la voie où
il faut que je marche normalement. Cela suffit pour
que j’aie le désir de m’en écarter. Quand je commence
une pièce, il me semble que je me verrouille dans un
cachot, et que je m’en évade quand je la termine. Oh !
non, je ne suis pas de ceux qui enfantent dans la joie !
En arrangeant les folies qui déchaîneront l’hilarité
du public, je n’en suis pas égayé, je garde le sérieux,
le sang-froid du chimiste qui dose un médicament.
J’introduis dans ma pilule un gramme d’imbroglio, un
gramme de libertinage, un gramme d’observation. Je
malaxe, du mieux qu’il m’est possible, ces éléments.
Et je prévois presque à coup sûr l’effet qu’ils produiront. L’expérience m’a appris à discerner les bonnes
des mauvaises herbes. Et il est rare que je m’abuse
quant au résultat.
Georges Feydeau cité par Adolphe Brisson,
“Une leçon de vaudeville”, dans Portraits intimes, V,
Paris, Collin, 1901
Dame de chez Maxim (1899), qui dépasse largement le
millier de représentations et devient l’une des principales attractions touristiques du Paris de l’Exposition
Internationale. Feydeau peut se permettre de prendre
quelque temps ses distances avec le vaudeville pour se
consacrer à ses autres passions : le noctambulisme et
Georges Feydeau grandit au sein d’un milieu littéraire
la peinture. En 1904, il revient cependant au théâtre
et bohème et fit preuve très tôt de son goût pour le
avec La Main passe, que suivent La Puce à l’oreille
théâtre. À quatorze ans, il fonde au Lycée Saint-Louis,
(1907) et Occupe-toi d’Amélie (1908).
avec quelques condisciples, le Cercle des Castagnettes
Dès cette même année 1908, Feydeau entreprend
et interprète dans ce cadre, avec un certain talent, du
de renouveler sa manière et renonce aux procédés du
Molière, du Labiche, ou des monopur vaudeville pour se concentrer
logues de son propre cru.
sur les ressources comiques des dis
À 19 ans, Feydeau fait jouer
sensions entre époux. Ce versant de
sa première pièce, Par la fenêtre (un
son œuvre, inauguré par Feu la Mère
quiproquo en un acte pour deux
de Madame, est sans doute inspiré à
comédiens), dans un casino de stala fois par le souci de s’illustrer dans
tion balnéaire et remporte un certain
un genre théâtral moins méprisé (en
succès. Mais entre 1882 et 1890, la
1916, le chapitre Théâtre d’un ouvrage
demi-douzaine de comédies qu’il
intitulé Un demi-siècle de civilisation
compose, ainsi que plusieurs monolofrançaise (1870-1915) cite, entre autres
gues interprétés par de grands comédramaturges dignes d’intérêt, Augier,
diens (Galipaux, Coquelin cadet,
Pailleron, Hervieu, Curel, Capus,
Saint-Germain), ne lui permet pas
Donnay ou Lavedan – Feydeau est
de percer. Seul Tailleur pour dames
complètement ignoré – et par ses
(1886), qui tient 79 représentations,
propres malheurs conjugaux : séparé,
trouve grâce aux yeux de la critique.
puis divorcé de sa femme, Feydeau
En 1892, alors que Feydeau (qui s’est
vivra en effet ses dernières années à
marié trois ans plus tôt avec la fille
l’hôtel. De cette époque datent des
du peintre Carolus Duran) songe à Georges Feydeau par Cappiello (dessin)
farces conjugales en un acte telles
se faire acteur, il remporte enfin son
que On Purge Bébé (1910), Mais n’te
premier vrai triomphe : Monsieur chasse. « Je ne vous
promène donc pas toute nue (1911), Léonie est en avance
décrirai pas le public », écrit Francisque Sarcey : « il
(1911) et Hortense a dit : « je m’en fous ! » (1916). Mais
était épuisé, il était mort de rire, il n’en pouvait plus ».
Feydeau, vieillissant, a toujours plus de difficultés à
Deux autres pièces de Feydeau, également créées en
terminer ses pièces (certaines restent d’ailleurs inache1892, confirment le sacre du nouveau roi du vaudevées). En 1919, une affection syphilitique entraîne de
ville. Les œuvres suivantes (Un fil à la patte et L’Hôtel
graves troubles mentaux : Feydeau doit être interné
du Libre-Echange, 1894 ; Le Dindon, 1896), en font
dans une maison de santé de Rueil-Malmaison. Il y
le dramaturge français le plus célèbre de son temps,
meurt en 1921.
traduit en une dizaine de langues et joué dans toutes
les capitales d’Europe. Sa gloire culmine avec La
Henry Gidel, Le Vaudeville, Paris, 1986.
Biographie de Feydeau
citations de Feydeau...
La chambre commune, c’est la sauvegarde de la fidélité conjugale. C’est même ce qui fait la force des unions libres.
Le mariage est comme une partie de baccarat : tant que vous avez de la veine, vous gardez la main.
Le mariage est l’art difficile, pour deux personnes, de vivre ensemble aussi heureuses qu’elles auraient vécu seules, chacune de
leur côté.
Les maris des femmes qui nous plaisent sont toujours des imbéciles !
Le vaudeville
Esthétique
L’évolution de l’art du vaudeville permet de déceler le
développement d’une mécanique d’écriture originale,
faite de dialogues et de chansons imbriqués au gré
des fantaisies de l’auteur et du trajet bousculé des
personnages.
Montées une à une, les répliques se suffisent à
elles-mêmes, sans silence, sans intervalle, sans psychologie immédiate. Chaque réplique est un accident
imprévu, et pas seulement un moment, dans le parcours du personnage. ignorant ce qu’il fera après la
réplique, il ne sait pas ce qu’il faisait avant qu’elle lui
échappe. Sans passé, innocent de ce qu’il enclenche, en
réaction, chez les autres, le personnage est pleinement
en acte ce que la réplique contient en puissance : un
cri, un mot d’esprit, une exclamation, une injure, une
douleur, un éclat de rire. Sans autre projet.
Le vaudeville présente la conception de rencontres inattendues et détonantes, de rapprochements
de situations incompatibles, d’affrontements de
personnages, enchaînés aux répliques, qui, l’instant
précédent, ne se connaissaient pas. De ces coïncidences apparemment fortuites, néanmoins habilement
agencées par l’auteur, naissent des entrées et sorties
foudroyantes, des dérèglements du comportement,
des poursuites minées d’embûches et de chaussetrapes dans lesquelles s’engouffre le personnage qui
a oublié le but de sa précipitation excitée. Epuisé,
exténué, meurtri, il endure l’accumulation d’aventures
et de coups qu’il ne maîtrise pas. A cette souffrance
physique s’ajoute l’objet créateur de situation. La
transmission d’un vêtement, la perte de billets de
banque, la recherche d’un chapeau de paille disparu,
l’oubli d’une jarretière ou d’une livrée concourent à
la fabrication du rythme infernal du vaudeville.
Heureusement le fol aboutement des situations
est ponctué de havres de bonheur. La musique, les
chansons fondent l’humeur joyeuse qui doit dominer
au spectacle de vaudeville. Ironiques, sarcastiques,
fortement rythmées et scandées, les chansons, aux
sonorités répétées, redoublées, permettent au public
le plus large de participer aux heurs et malheurs des
personnages. Ainsi le cours effréné des scènes, les
chocs entre les situations sont atténués par le plaisir
vocal comme s’il s’agissait de se donner du cœur à la
poursuite du spectacle, immergé dans le flot de plaisirs
sonores.
Si l’auteur de vaudevilles ne parvenait pas à
créer de surprenants et heureux dénouements, la
pièce s’accomplirait, en fin finale, dans un carnage
féroce, un cauchemar au réveil brutal. La chanson
populaire et maligne du XVème siècle, l’alternance
de textes satiriques parlés et chantés des XVIIème et
XVIIIème siècles, les histoires de fous constituées de
quiproquos et d’intrigues à rebondissements du milieu
du XIXème siècle, ces étapes dans l’histoire du vaudeville
se sont transformées en trajets rapides et pénibles du
personnage dont on moque l’absence de conscience.
A l’origine, simple divertissement d’où le sérieux est
exclu, le vaudeville aboutit, à la fin du XIXème siècle,
à la risible confrontation de personnages prisonniers
d’objets qui dénoncent les mensonges répétés de
ces pantins articulés victimes de répliques agressives
surgies de leur inconscient.
Daniel Lemahieu,
Dictionnaire encyclopédique du théâtre,
Bordas, Paris, 1968.
Jeux de langage
Dans le vaudeville, la langue est considérée comme un
matériau. Plusieurs champs langagiers existent dans
la même pièce et sont efficaces autant à la surface
du texte, lors de la lecture, qu’à la représentation de
cette orchestration de mots et de formules. Parlers
paysans et populaires, “cuirs”, grivoiseries, pataquès,
mots inventés, jurons, interjections, jeux de langues
équivoques, expressions étrangères, argots, langages
techniques, calembours, déformations linguistiques,
parodies, paradoxes, euphémismes... La liste n’est
pas close. Les combinaisons de langues différentes
constituent un théâtre polyphonique à l’intérieur des
répliques. Les variations multiples créent des déplacements, des dérapages, des fuites de bouche détonantes
d’où naît le comique. Il s’appuie sur les malentendus
affichés à la surface du texte. Les jongleries de termes
et d’expressions, constituées de fragments de langues
hétérogènes engendrent un univers d’espiègleries et
de fantaisies textuelles. Un sort particulier doit être
fait aux répétitions. Ici, c’est à la fois la matière sonore
(aspect phonique) de la composition dramatique et
les effets en miroir, en écho, d’un élément proféré qui
accentuent le rythme, la folie, voire l’irréalité ou le
fantastique des propos. Les répétitions touchent aussi
bien les formules, les cris que les onomatopées ou les
interrogations brèves. Ces ensembles constituent une
partition sonore contribuant à la dynamique de ces
textes. Entrecoupées de morceaux et de lambeaux de
langue issus d’horizons en apparence incompatibles,
les paroles sont agencées dans un processus relevant
de la stichomythie.
Daniel Lemahieu, Vers une poétique du vaudeville,
in Europe - Le vaudeville, n°786, octobre 1994
Un comique délirant et décapant
Ces mécaniques n’excluent pas une certaine vérité
humaine des sujets et une individualisation bien
marquée qui ne réduit pas les personnages à l’état de
bamboches malgré les fantaisies anthroponymiques
dans la tradition du genre. On ne s’appelle pas impunément Follbraguet ou Chopinet. Bien sûr la bourgeoisie fin de siècle et le monde interlope parisien se
reflètent dans les glaces du décor et s’y reconnaissent
- c’est un lieu commun de le rappeler -, y retrouvent
aussi leurs fantasmes et leurs désirs inassouvis. Les
pièces baignent dans un érotisme latent. La morale
y est presque toujours sauve, mais au prix seul de la
convention théâtrale. Au dénouement, on ne peut se
départir d’un certain désabusement devant la nature
humaine et l’universelle jacasserie. Mais l’amuseur ne
se voulait ni moraliste ni penseur.
Au bout du compte cependant, la cocasserie loufoque,
à force d’ironie décapante, conduit du banal au délire
comme dans Ubu roi joué la même année que Le Dindon.
Et les critiques d’aujourd’hui se plaisent à rapprocher
le burlesque de ce théâtre des créations surréalistes.
Quant aux rapports d’incommunicabilité entre les
personnages, aux jeux dérisoires du langage dans cet
univers régi par la logique déréglée de l’absurde, c’est
bien à Ionesco qu’ils peuvent faire songer. Mais en
définitive cette œuvre apparaît surtout comme une
invite à la pratique de la plus rare et la plus franche
des vertus théâtrales : le fou rire.
Jean-Marie Thomasseau,
Dictionnaire encyclopédique du théâtre,
sous la direction de Michel Corvin, Bordas
Feydeau prédit l’absurde
Au XIXème siècle, on utilisait la curieuse expression de
“folievaudeville” pour désigner les pièces où l’imagination de l’auteur se déployait avec le plus de liberté. Il
est vrai que cette folie était canalisée dans des limites
relativement étroites et que ses débordements nous
paraîtraient aujourd’hui bien raisonnables. Mais de
tout temps, la fantaisie avait fait partie de la définition
même du vaudeville. Décidé, dès le début, à assumer
en grande partie l’héritage du genre, Feydeau n’a pas
hésité à pousser si loin les bornes de cette fantaisie
que le surréalisme et le théâtre nouveau ont pu se
réclamer de son exemple. (...)
Dès 1938, Paul Achard saluait en Feydeau
l’inspirateur du “loufoque” au théâtre et au cinéma
et, de son côté, Robert Kemp discernait dans La
dame de chez Maxim, « une farce que ne surpasseront
pas les inventions des Mariés de la Tour Eiffel et des
Mamelles de Tirésias ». Plus tôt encore, en 1930, Antonin
Artaud mentionnait Feydeau parmi les auteurs qui
avaient influencé sa conception du Théâtre Alfred
Jarry qu’il avait fondé avec Vitrac. Au lendemain du
second conflit mondial, tout en continuant à évoquer
l’avant-garde des années 30, Dada et le surréalisme,
on se plaît à considérer l’auteur du Dindon comme
une sorte de précurseur du théâtre de l’absurde et
Ionesco lui-même convient qu’il existe une “grande
ressemblance” entre son œuvre et celle de Feydeau .
Effectivement, on discerne plus d’une analogie entre
Feydeau et par exemple, Ionesco ou Beckett.
D’abord en ce qui concerne l’emploi des moyens
dramaturgiques : le théâtre de l’absurde utilise le plus
possible le spectacle au détriment du dialogue : il est
anti-littéraire. Or, l’auteur du Dindon discernait dans
la littérature “l’antithèse du théâtre”. Son œuvre, qui
comporte danses, gags, poursuites, mais aussi musique,
chant, chœurs, décors truqués, effets d’éclairage n’estelle pas, au fond, assez proche de ce théâtre total
qu’Artaud appelait de ses voeux et qui n’a cessé de
fasciner nombre de nos dramaturges contemporains ?
D’autre part, ce rythme de manège fou qui
entraîne certaines pièces de Feydeau, cette accélération
progressive du mouvement qui intervient à la fin des
actes centraux de ses vaudevilles sont déjà le rythme
et le mouvement d’Ionesco.
Les situations de caractère onirique dans lesquelles Feydeau se plaît à placer ses héros évoquent
celles que l’on rencontrera dans le théâtre surréaliste
ou dans le théâtre nouveau. Les thèmes sont souvent
analogues à ceux des cauchemars.
La notion de folie est essentielle dans le théâtre
surréaliste où elle est exploitée comme une machine
de guerre contre la logique traditionnelle. Les personnages de Feydeau, pris aux pièges de certains quiproquos, sentent leur raison chavirer. Parfois même, une
étonnante atmosphère de folie collective provoque la
stupéfaction inquiète de ceux qui pénètrent dans les
lieux où elle règne.
L’univers fantastique de Feydeau est aussi celui
de la méprise permanente. Dans ce monde baroque
de l’erreur et de la simulation perpétuelles, l’on ne
sait plus qui est qui et, comme dans le théâtre de
l’absurde, les héros ne sont que les jouets dérisoires
d’une fatalité stupide.
Henry Gidel in Georges Feydeau,
Théâtre complet, Bordas, Paris
Le contexte
Les Grands Boulevards
Le “Boulevard” était un monde à part, le centre des
théâtres et de la vie mondaine. Il était, en réalité, composé des six “grands” : les boulevards de la Madeleine,
des Capucines, des Italiens, Montmartre, Poissonnière
et Bonne-Nouvelle. Il évoque deux époques : celle du
Second Empire avec Jacques Offenbach, et celle de
Georges Feydeau dont les dates de naissance et de
mort, 1862 et 1921, coïncident à peu près avec celles
de la deuxième époque du Boulevard. Celui-ci s’était
créé lorsque les jeux publics avaient été interdits au
Palais-Royal en 1837.
C’était, pour reprendre l’expression de Francis de
Croisset, “une petite province spirituelle de Paris”, où
affluaient financiers, princes, rois en exil ou en villégiature, acteurs, journalistes, littérateurs. Ils se rencontraient
dans les théâtres, les salles de rédaction des journaux et
les cafés qui y étaient concentrés. C’est à proximité du
Boulevard, en effet, qu’étaient tous les grands théâtres.
(...) Les théâtres du Boulevard avaient, la plupart
du temps, une troupe hors de pair et même quelquefois
un auteur attitré. (...) Le Théâtre des Variétés, auquel de
Flers et Caillavet valurent un nouvel âge d’or, avait une
excellente troupe qui fournit à Feydeau quelques-uns de
ses meilleurs interprètes. Ce fut le cas de la ravissante
Jeanne Granier qui, grâce à son talent et à l’intérêt que
lui portait le prince de Galles, fit une fulgurante carrière
; ou d’Eve Lavallière, toute de surprise et de feu, que
Feydeau admirait fort et fut en 1913 une Môme Crevette
étincelante. Parmi les acteurs, il y eut Albert Brasseur,
Prince, Guy et surtout l’incomparable Max Dearly, venu
du music-hall, que les directeurs de théâtre s’arrachaient,
car il faisait monter en flèche leurs recettes. Trois autres
très grands acteurs, amis, mais non interprètes de Feydeau, contribuèrent au prestige du Boulevard : Réjane,
Lucien Guitry et Sarah Bernhardt.
Les acteurs étaient à la fois adulés et maltraités
du public. Les lecteurs des journaux se passionnaient
pour les trois cents cravates de Le Bargy et pour les
villégiatures d’Eve Lavallière, et Catulle Mendès se
battit en duel avec un autre critique qui avait osé dire
que Sarah Bernhardt était trop maigre. Mais en même
temps, un préjugé tenace sévissait contre eux : certains
immeubles refusaient de leur louer un appartement, les
grands hôtels des villes d’eau, une fois leur fiche remplie,
s’apercevaient qu’ils étaient complets. (...)
Gens de théâtre, journalistes, critiques, personnalités du Gotha, des lettres, des arts, de la politique, se
retrouvaient tous les jours dans les nombreux cafés des
boulevards. (...)
Le lieu de prédilection de Feydeau était Maxim’s
où il allait souper tous les soirs. Ouvert en 1892 par
Maxime Gaillard, rue Royale (presque en banlieue !), ce
restaurant était fréquenté par les cochers. L’exposition
de 1900, en s’installant tout près, fit sa fortune. Cornuché imagina le “s” à l’anglaise et donna à Maxim’s une
ornementation art nouveau : fleurs d’iris et de nénuphars,
tentures, portières, rideaux ornés de fleurs languides,
coussins. Après le bar, il y avait un large couloir réservé
aux habitués qu’on appelait “l’omnibus”. C’est là que
se tenait Feydeau devant une bouteille de champagne
factice, car il ne buvait que de l’eau de Vittel. C’est de
là qu’il observait les clients entrer à gauche dans la salle
de restaurant où une banquette de velours fraise faisait
le tour du mur, ou bien prendre l’escalier qui menait
aux cabinets particuliers, en écoutant jouer les airs à la
mode : “La Valse Bleue”, “Les Petits Pavés” et “FrouFrou”. Les soupeurs étaient très cosmopolites : c’étaient
des gens du monde, des noceurs, de vieux marcheurs,
des décavés, des rastas, des acteurs, que Feydeau a fait
revivre dans plusieurs de ses pièces.
Arlette Shenkan, Georges Feydeau,
“Théâtre de tous les temps”, Seghers, Paris, 1972
La Belle époque
Il semble bien périlleux de vouloir réhabiliter la Belle
Epoque car si, pour beaucoup, elle incarne la joie de
vivre et l’insouciance et fait pousser bien des soupirs
de regrets, elle a aussi la réputation d’être frivole et de
n’être que cela. Plus périlleuse encore est l’entreprise
de réhabiliter Georges Feydeau classé une fois pour
toutes comme vaudevilliste - de génie, il est vrai, mais
cette louange même paraît assez condescendante - et
spécialiste de la chambre à coucher et du lit sur la scène.
La Belle Epoque a pourtant eu ses mérites et surtout, sous
sa folle gaieté, perce déjà le monde moderne. Georges
Feydeau en a eu le sentiment très vif, et ses personnages
semblent bien vouloir s’étourdir à tout prix pendant qu’il
en est encore temps, avant la grande catastrophe de 1914
qui a sonné le glas de l’insouciance d’antan.
On méconnaît presque toujours chez Feydeau la
fine et peu indulgente peinture d’une société en pleine
évolution pour ne parler que de ses qualités techniques.
Il semble pourtant que l’observation de son époque,
déjà discrètement signalée par certains de ses critiques
contemporains, est le côté le plus intéressant de Feydeau
et probablement une des raisons pour lesquelles il est
encore si goûté, non seulement en France, mais dans le
monde entier. (...)
La Belle époque a été une époque bénie pour les
dramaturges, car le théâtre exerçait sur tout Paris et en
particulier sur le Paris du Boulevard et du journalisme,
un empire qu’il a désormais perdu au profit du cinéma,
mais qui était tel que Paris, à la fin du XIXème siècle, était
surnommé Cabotinville. Le public était pris d’une véritable fièvre à l’annonce d’un nouveau spectacle. Certains
n’hésitaient pas à traverser la France pour assister à une
générale à Paris.
Arlette Shenkan, Georges Feydeau
Feydeau, témoin d’une fin de siècle
Homme de théâtre dans le sens le plus large du terme,
il avait produit soixante-trois pièces, mais tint aussi
souvent à les mettre en scène et parfois même à y jouer.
Ayant été, par sa naissance, placé aux premières
loges, il a pu se montrer un observateur, un témoin
et un complice de la société «fin de siècle», de cette
prétendue Belle Époque où les rapports étaient acides,
la méchanceté incroyable, où régnaient ces turpitudes
qui ont valu à Paris une grande part de sa réputation
sulfureuse, monde dont les feux devaient s’éteindre
en 1914. Avec un réalisme cynique et quel mordant
dans le regard ! il chercha à provoquer toutes les
couches sociales, même celles dites « inférieures » :
le monde des domestiques ne fut pas artificiellement
isolé de celui des maîtres, et joua lui aussi un rôle
essentiel dans l’action. En répartissant ainsi les rôles,
il brisa délibérément les conventions dramatiques
traditionnelles, qui séparaient verticalement la société
pour la faire entrer soit dans les carcans nobles de la
tragédie, soit dans ceux, vulgaires, de la comédie. Ce
fut donc un tableau vivant de la Belle Époque qu’il
brossa dans le menu détail, en donnant à voir des
domestiques, des médecins, des assureurs, des tenanciers d’établissements, etc. Mais il s’acharna surtout
sur la médiocrité sinon les absurdités des existences
bourgeoises, ridiculisa leurs conventions. Dans ses
décapantes peintures sociales, il épingla les travers
humains, égratigna des individus qui, avançant vers
leur destin, s’attardaient à croquer dans les morceaux
charnus de la vie. Il montra, entre eux, les rapports
de force, les abus de pouvoir, le rôle de l’argent, la
toute-puissance de certaines corporations. Surtout,
il souligna la difficulté qu’ont les hommes et les
femmes à se comprendre, l’incommunicabilité entre
les sexes, l’échec du couple et des relations humaines
en général. Il dénonça la vanité et le cynisme des uns
et des autres incapables de se comprendre, et, en
particulier, la dérisoire volonté masculine de dominer. Il connaissait bien la syntaxe conjugale et l’art
de bousculer les constructions matrimoniales pour
que le spectateur ne sache plus qui est le sujet ou le
complément de qui. Tous ses personnages, dans leur
libertinage fringant, « se soutiennent dans le vice » en
faisant mine de ne pas y goûter, rêvent d’effleurements
privilégiés, sont émoustillés par le petit baiser à la
dérobée. Pour encourager le choc des épidermes, il
déploya la panoplie des alcôves : cachettes, placards,
lits à bascule, qui permettent des rendez-vous galants
et des embuscades qui laissent ces messieurs-dames
dans de mauvais bras et de mauvais draps. Il ne se
contenta pas de généralités et de lieux communs : il
produisit une véritable analyse morale de son temps,
notamment à travers la question encore délicate de
l’amour et de la sexualité. Si l’amour est un des moteurs
les plus communs de la comédie depuis sa naissance,
et s’il a été exploité de fond en comble par Molière et
Marivaux, Feydeau poussa l’audace jusqu’à faire de la
sexualité elle-même un des principaux sujets de ses
pièces, ou du moins l’explication la plus courante aux
problèmes qui se posent pour les personnages ; il se fit
un devoir de l’étudier avec plus de profondeur qu’aucun auteur de vaudeville avant lui et avec une lucidité
comparable à celle de son contemporain, Freud. Pour
lui, la sexualité, bien plus, en fait, que les sentiments,
est à l’origine des principaux malentendus et quiproquos entre hommes et femmes. Il en fit un moteur
essentiel de son cruel théâtre, la rendit présente dans
la plupart de ses pièces dont les nœuds dramatiques
se nouent autour d’elle, où elle fait rebondir l’action
et en même temps le comique.
dessin Honoré Daumier
Ce comique est celui du vaudeville, genre
qu’avait brillamment illustré avant lui, sous le Second
Empire, Eugène Labiche, dont il fut assurément le
rénovateur et qu’il a porté à son point de perfection.
Le genre subissait la concurrence victorieuse de
l’opérette après avoir abandonné les couplets chantés. Sans chercher à revenir sur le passé, il orienta
le vaudeville dans une voie nouvelle. Quand on dit
Feydeau, on pense habituellement à des histoires de
maris trompés, avec cocottes jolies et vénales, amants
dans le placard et autres clichés, le tout sentant la
convention et le théâtre bourgeois. Mais il dessina
plus fermement des personnages qui, même s’ils sont
déjantés, s’ils nous donnent l’impression d’être fous,
s’ils sont enfermés chacun dans son univers mental,
ne sont pas des marionnettes, ne se résument pas à
des archétypes : quelle que soit leur origine sociale,
ils nous sont proches par leurs défauts, leurs manies
ou leur cruauté. Ils ont une vérité et une profondeur
telles que nous pouvons nous reconnaître en eux.
Intrinsèquement sincères et vrais, ce sont des êtres
du quotidien auxquels on s’attache même si l’on rit à
leurs dépens.
Une fois que la pièce est lancée, ils sont pris
dans un mouvement vertigineux qui jamais ne se
relâche, dans un enchaînement échevelé de situations cocasses, car il imprima à l’action un rythme
accéléré, époustouflant, excita constamment l’intérêt
par le recours méthodique aux situations hilarantes,
aux événements inattendus et aux péripéties tumultueuses, aux impossibles imbroglios, aux apartés et aux
clins d’œil au public, aux gags et aux traits d’esprit,
aux répliques drôles ou cinglantes, aux quiproquos
sidérants, au délirant ballet des portes qui claquent
et aux folles entourloupettes, aux dédoublements et
aux malentendus, aux rebondissements et aux coups
de théâtre. Inénarrables, les intrigues abracadabrantes
naissent d’un fait fortuit puis tricotent des chasséscroisés où on se quitte, on s’éprend, on s’époumone,
on se jalouse, piquent dans une direction inattendue,
secouant le spectateur jusqu’à ce qu’il en pouffe, conduisent vers un point où tout explose mais parviennent
cependant à un dénouement plausible où, puisqu’on
est dans la comédie, tout finit par se raccommoder,
chacun retrouvant sa chacune.
De ces véritables machines infernales, il enclenche
l’engrenage et maîtrise les rouages, sans se laisser
jamais dépasser ni entraîner. Elles fonctionnent de
bout en bout sans défaillance, obéissant à la logique
rigoureuse, à la précision terrible qu’exige le rire. À
juste titre, on a dit que ses vaudevilles sont des mouvements d’horlogerie d’une précision indéfectible,
que son théâtre est fondé sur ce que Sacha Guitry
appellera son « pouvoir de faire rire infailliblement,
mathématiquement ». On pourrait croire que, quand
Bergson définit le rire comme « du mécanique plaqué
sur du vivant », il pensait spécifiquement à Feydeau.
L’effet d’une situation ou d’une réplique tient à la
justesse du « timing » de chaque comédien. Un seul
faux pas, en seul regard placé au mauvais moment,
une répartie arrivant une seconde trop tard et c’est le
flop. On passe à côté du rire. Et c’est bien la nécessité
de cet ajustage délicat qui pousse tant de metteurs en
scène d’aujourd’hui à monter ses pièces.
À cela s’ajoute, dans une langue aisée, naturelle,
limpide, un dialogue haletant, direct, précipité, où,
comme des joueurs d’échecs qui prévoient le coup
suivant, les personnages affûtent déjà la réplique
suivante, encore plus cinglante, vraiment assassine ;
un dialogue truffé de saillies et de mots d’auteur jetés
comme autant de clins d’œil, le comique de Feydeau
se pimentant d’une pointe d’ironie sinon de satire.
Enfin, l’agencement du décor, la mise en scène, le jeu
des comédiens concourent à l’effet de ces pièces sans
prétention et très efficaces. Non content de soupeser
chaque virgule de son texte, il le surchargeait d’indications de mise en scène particulièrement précises,
chiffrées même, et ces didascalies nous font entrevoir
un soin presque maniaque du détail : elles concernent
tout autant les moindres gestes des interprètes que
les détails du décor et même les astuces de mise en
scène qui doivent, par exemple, permettre à l’acteur
qui joue les sosies Chandebise et Poche de passer du
costume de l’un à celui de l’autre en un clin d’œil,
ou à un lit de pivoter. D’ailleurs, il mettait un point
d’honneur à orchestrer lui-même la mise en scène de
ses pièces et parfois à y jouer.
Depuis cent ans, les bourgeois, pas si bêtes,
viennent se divertir des pièces d’un bourgeois ridiculisant la bêtise des bourgeois. C’est l’intelligentsia,
pas si intelligente, qui l’a dénigré pour cause de supposée légèreté, qui a résisté le plus longtemps à son
inventive folie. Il fut le père spirituel de Sacha Guitry
et de Jean-Michel Ribes, qui à leur tour, ont pris goût
à retracer les frasques conjugales au théâtre, souvent
dans des pièces en un acte. Bien qu’il n’y ait chez lui
aucune affectation de gravité ou de profondeur, des
intellectuels s’intéressant enfin à son théâtre ont cru
pouvoir voir en lui l’un des précurseurs du théâtre de
l’absurde et d’Ionesco, car, jusqu’à un certain point,
c’est le langage qui chez lui devient l’objet du conflit
entre les personnages.
Le succès de ses reprises ratifie le jugement
de l’un de ses pairs : « Il fut notre plus grand auteur
comique après Molière. »
André Durand, www.comptoirlitteraire.com
citations de Feydeau...
L’amant, c’est l’artiste de l’amour. Le mari n’en est que le rond-de-cuir.
Moi, je trouve qu’on doit avoir les mêmes égards pour sa maîtresse que pour sa
légitime. Par conséquent, je la trompe!
Si les maris pouvaient laisser leurs femmes avoir un ou deux amants pour leur
permettre de comparer, il y aurait beaucoup plus de femmes fidèles.
N}¡ã¢~⁄ry‰n{vzn£r⁄¡qrS¡n{pr?nç£çv{£r¡}ryyçr£}ynpç
r{tn¡qrÝ¥⁄r9zn¡qv9}|⁄¡qç£r{£v|{qrp|pnî{rˆn¥n{£
q‰é£¡ryvoç¡çr{({qrw|⁄¡{çrˆ9yrt¡|⁄}rn⁄qv|¥v¢⁄ry}⁄oyvp
S¡n{praçyç¥v¢v|{¢nqçpvqçqr¢⁄¢}r{q¡r¢|{çzv¢¢v|{
~⁄|£vqvr{{ræa|⁄£r⁄{ruv¢£|v¡r¦9}r{qn{£æ⁄{r}ç¡v|qr
v{qç£r¡zv{çr¦;Vy¢‰ntv£9r§}yv~⁄rynqv¡rp£v|{qræ¡ç£noyv¡
yr¡n}}|¡£ç£uv~⁄r~⁄vq|v£¡çtv¡yr¢¡ryn£v|{¢r{£¡rS¡n{pr
açyç¥v¢v|{¢r£¢|{}⁄oyvp¦;Wrn{:Y⁄pQryn¡⁄r9qã¢zn¡qv
¢|v¡9n¥nv£}¡ç¢r{£ç¢r¢r§p⁄¢r¢¢⁄¡V{£r¡{r£Ýpr⁄§~⁄‰vy
n¥nv£}⁄æ|ssr{¢r¡|⁄qçpr¥|v¡¦;
Y‰uô£ryqr¢¥r{£r¢Q¡|⁄|£npu|v¢vPur{⁄r9⁄{rr{:
£¡r}¡v¢ruv¢£|¡v~⁄rs|{qçrr{>DC=¢}çpvnyv¢çrqn{¢
yny|tv¢£v~⁄rq‰˚⁄¥¡r¢q‰n¡£9p|zzr{|⁄¥rn⁄}¡r¢£n:
£nv¡r}|⁄¡n¢¢⁄¡r¡ynzn{⁄£r{£v|{qr¢|owr£¢y|¡¢qr
yr⁄¡zv¢rn⁄§r{puã¡r¢;®yn¢⁄v£rq‰⁄{r¥n¢£rnssnv¡r
qrqç£|⁄¡{rzr{£q‰˚⁄¥¡r¢q‰n¡£¡ç¥çyçrr{qçprz:
o¡r?==F9Q¡|⁄|£nqü¢r¢ç}n¡r¡qr¢|{}¡çpçqr{£
}¡r¢£n£nv¡r9y‰b{v|{qr¢p|zzv¢¢v|{{nv¡r¢qry‰uô£ry
qr¢¥r{£r¢5bPUc69zv¢r{r§nzr{r{£n{£~⁄r}r¡:
¢|{{rz|¡nyrr{w⁄vyyr£;
Y‰Ntr{prS¡n{pr:]¡r¢¢rqvss⁄¢rqr}⁄v¢uvr¡¢n}¡|q⁄p£v|{
¥vqç|r{s|¡zn£un⁄£rqç({v£v|{5UQ69qr¥r{n{£yn}¡rzvã¡r
ntr{prz|{qvnyrq‰v{s|¡zn£v|{Ý|ss¡v¡qrynUQn⁄§£çyç:
¥v¢v|{¢9¢v£r¢V{£r¡{r£r££noyr££r¢{⁄zç¡v~⁄r;Yr£|⁄¡{ntr
r£ynqvss⁄¢v|{r{UQnqço⁄£çr{s¡n{ånv¢r£r{n{tynv¢;
Pv{~n⁄£¡r¢yn{t⁄r¢5r¢}nt{|y9}|¡£⁄tnv¢9n¡nor9nyyrzn{q
r£}|y|{nv¢6¢r¡|{£p|{pr¡{çr¢}n¡pr££rv{{|¥n£v|{qn{¢
yr¢}¡|punv{r¢¢rznv{r¢;]|⁄¡Rzzn{⁄ryU||t9]QTqr
y‰NS]9prpun{trzr{£r¢£æynzn¡~⁄rq‰⁄{rss|¡£¢|⁄£r{⁄}|⁄¡
¢‰nqn}£r¡n⁄§qr¡{vã¡r¢n¥n{pçr¢£rpu{|y|tv~⁄r¢q⁄zn¡puç¦;
]uvyv}}rNq¡vr{zr£r{¢på{r
ynznpuv{rv{sr¡{nyrqrSr¤qrn⁄
Sã¡⁄qrXnsxn
r£qr}¢¤pun{ny¤¢r9
]uvyv}}rNq¡vr{
z|{£r
æYrQv{q|{÷
¢⁄¡yrz|qr
q⁄pn⁄purzn¡ã¥rvyyã9
r{£¡r¡v¡rs¡n{p
r£¡v¡rwn⁄{r
YRQV[Q\[
qrSr¤qrn⁄
au玣¡rqrynarz}é£r9
ÝynPn¡£|⁄pur¡vr
qrcv{pr{{r¢
]
mspacr_srcspfcspcsv*
af_osclmstcjjcngšaccqr
slclmstcjjcþr_ncqspj_
tmgcbskgcsv,„B_lqJc
E_sjmgq*jcapgrgoscbp_k_rgosclc
a_af_grn_qqml‘mlfcsp,A%þr_gr_s
jclbck_glbs6dþtpgcp/674*hmsp
bcj_'npckgšpc„bsBglbmlbcDcw+
bc_s*åN_pgq*_sRfþÌrpcbsN_j_gq+
Pmw_j,Acrrcapþ_rgmlamll_®rp_sl
rpgmknfc8053pcnpþqclr_rgmlq‰
Gjcqrtp_goscjck_®rpcbst_sbc+
tgjjcq%wcqrqspn_qqþ,Pcnpcl_lrå
qmlamknrcjcqckngrcplcjrpgmbs
k_pg*bcj_dckkccrbcj%_k_lr*
gjjcpckmbšjc*jcbþamlqrpsgr*jc
N[a\[VNO\ggV
æ
© Chantal Depagne / Palazon
YrQv{q|{qrSr¤qrn⁄n⁄au玣¡rqrynarz}é£r9⁄{¥n⁄qr¥vyyrr{£¡r|{v¡v¢zrr£t¡|£r¢~⁄r;
pcamlqrpsgr nmsp _‘msrgp å slc
tþpgr_‘jc k_afglc gldcpl_jc, Dg
bcj_rp_bgrgmllcjjca_jcÔmll_bc
dp_lafmsgjj_pbc* þepgjj_pbc, Q%gj
cqr‘gcloscqrgmlb%_bsjršpcq*acq
bcplgcpq lc qc amlqmkkclr h_+
k_gq*cknmprþqn_pj_kþa_lgosc
cvrp_mpbgl_gpcbcqgk‘pmejgmqosg
qcqsp_hmsrclrcrq%clafctýrpclr
_srmsplmlnjsqb%slqcsjamsnjc
msrpgm*k_gqbcbcsv*rpmgq*tmgpc
os_rpc” Acprcq* cl amlajsqgml*
j_kmp_jccqrq_stc,Rmsrcqr‘gcl
osg‹lgr‘gcl,K_gq_t_lroscb%w
kclcp*jcafckglqcpþtšjca_safc+
k_pbcqosc,
A%cqr ac n_pamspq þnpmst_lr*
cddp_w_lr osc kcr hmwcsqckclr
clkmstckclrNfgjgnnc?bpgcl*
amlbsgq_lrjcns‘jgaclrpcmlgpgqkc
crepmrcqosc*pgpcdp_lacrpgpch_slc
os_lbqmsb_glqcpþtcgjjclrafcx
jcqqncar_rcspq*clkýkcrcknq
oscafcxjcqnpmr_emlgqrcq*nsj+
qgmlq*r_‘msq*dpsqrp_rgmlq”
K_®rpcqb%slhcs_jjg_lrclslc
rpms‘j_lrc_jafgkgcjcqpšejcqbc
j%'_‘_rr_ec„bst_sbctgjjc&_rrcl+
rgmlålcn_qrpmn'qsphmscp„’cr
acjjcqbcj%þtgbclrcqgknjgagrþ*jcq
amkþbgclqpþtšjclr_tca‘pgmrmsrc
j_n_prlmgpcbcjcspqncpqmll_ecq
þemÝqrcq*kcqosglq*fwnmapgrcq*pg+
bgasjcq*crkýkckþaf_lrq,K_gq
a%cqrq_lqh_k_gqjcqnpgtcpbcjcsp
fsk_lgrþ,Gjqqmlr/0qcbþkcl_lr
qspjcnj_rc_s*npgq_sngšecbcq_n+
n_pclacq*bcqnmprcqosgaj_osclr*
bcqqmllcrrcqosgqmllclr*bcqeg+
›cqosgqcbmllclr*bcqamsnqbc
ngcbosgqcncpbclr”Rmsqqmlrå
agrcp8CbbgcAfgel_p_&þrmll_lr
k_pg'k_pafcsp„’*?jgvNmgqqml&q_
'tgargkc„amoscrrc’*Ngcppc+?j_gl
Af_nsgq&jck_pg‘mlfmkkcbc
acrrcbcplgšpc’,JsacKmsafcj*A_+
pmjglc?ppms_q*N_rpgaiN_pmsv”cr*
cl‹l*@cpl_bcrrcJcQ_afþoscj%ml
pcrpmstc_tcasl‘mlfcspglbgag‘jc*
bþjgagcsqc'qmspbc„npmtglag_jcosg
npþdšpcjc‘_jjcråj%mnþp_‰
QVQVR_ZÄ_RbgR
W⁄¢~⁄‰n⁄?A|p£|o¡r9Ý?=u@=;
_R[‘;G=>;A@;?E;@C;@C;
ÿ
Re]YVPNaV\[
Yn¡ã{|¥n£v|{qrynznv¢|{a|⁄¡t⁄r{vr¥r¢£p|{£r¢£ãr}n¡⁄{rn¢¢|pvn£v|{
Yn}¡|}¡vç£çqr¢S¡é{r¢|}}|¢rqr}⁄v¢qr¢
z|v¢y‰N¢¢|pvn£v|{qr¢nzv¢qra|⁄¡t⁄r{vr¥
r£ynznv¡vrqrYnPryyr:‘nv{£:Py|⁄q5f¥ryv:
{r¢69}¡|}¡vç£nv¡rq⁄¢v£r9ovr{~⁄rpry⁄v:pv
¢|v£¢v£⁄çÝO|⁄tv¥ny9ynp|zz⁄{r¥|v¢v{r~⁄v
nn⁄¢¢v¢|{z|£Ýqv¡r;Pr¢v£rq‰r§pr}£v|{
p|z}¡r{q⁄{t¡n{q}n¡pqru⁄v£urp£n¡r¢9
ynznv¢|{qry‰çp¡v¥nv{¡⁄¢¢rr£yn¥vyynqr
ynpn{£n£¡vpr]n⁄yv{rcvn¡q|£;
^⁄ryr¢£y‰|owr£q⁄p|{)v£L
J%?qqmag_rgmlbcq_kgqbcRmspesclgct
q%mnnmqc_snpmhcrbcpþlmt_rgmlbsqgrc
glgrgþn_pj_amkkslc,Rpšq_rr_afþ_sv
bcsv‘Ìrgkclrqcr_sn_pa*acepmsnckclr
bcn_qqgmllþqešpcjcKsqþcRmspesclgct
bcnsgq/761,?npšq_tmgpp_qqck‘jþslc
amjjcargmlgknmpr_lrcbck_lsqapgrq*bc
ncglrspcqcrb%m‘hcrq_srmspbcj_tgcbc
j%þapgt_gl*cjjc_mstcpr_sns‘jgaacrrcbc+
kcspcbsVGVcqgšajc_sns‘jga,
^⁄r¡r}¡ç¢r{£r
pr}¡|wr£qr¡r¢£n⁄¡n£v|{L
Cl0../*J_Acjjc+Q_glr+Ajmsb_j_laþsl
_nncjb%mddpcq_‹lbcpcqr_spcpjcn_pacrj_
Tgjj_Tg_pbmr,Cjjc_afmgqgbcaml‹cpacrrc
kgqqgmlåslcdmlb_rgmllmkkþcTgjjccr
N_rpgkmglc,Amknmqþcbcep_lbqepmsncq
b%_qqsp_lac amkkc Eclcp_jg* ?ED* Jcq
?qqsp_lacqbsApþbgrksrscj*ackþašlc
npgtþbmgrqgelcpsl‘_gjcknfwrþmrgoscbc
tgler+aglo_lq_tcaj_k_gpgc,Acamlrp_rbc
jma_rgmlqnþag‹oscjsgncpkcrrp_bcbgqnm+
qcpbcqjgcsvbck_lgšpcnjsqþrclbscos%sl
jma_r_gpcmpbgl_gpc,Clþaf_lecb%sljmwcp
qwk‘mjgosc*TgjjccrN_rpgkmglcq%cle_ec
ånpclbpcclaf_pecjcdmlargmllckclrbs
qgrccrj_pþlmt_rgmlbcj_npmnpgþrþnmspsl
kmlr_lrbc/*3kgjjgmlb%cspmq,
cl0..5bct_lrjcrpg‘sl_j_bkglgqrp_rgdbc
Tcpq_gjjcq,Pcosýrcpchcrþc,
Aj_qqþcn_rpgkmglcfgqrmpgosc*j_npmnpgþrþ
bcqDpýlcql%þr_grjþe_jckclrn_qbgqnmqþcå
_aascgjjgpbcqrp_t_sv,J_k_gpgcbc@msegt_j*
n_pslcbþjg‘þp_rgmlbcdþtpgcp0..5*_ncp+
Une mise
en scène exubérante et réjouissante.
P|zzr{£n¡çntv
kgqjcbþaj_qqckclrbcacn_pa,J_dmlb_rgml
y‰n¢¢|pvn£v|{L
Philippe
Adrien emboite le pas au maître du
_bmlansbþnmqcpslncpkgqbcamlqrpsgpc
J%?qqmag_rgmlbcq_kgqbcRmspesclgct
nmspj_pþf_‘gjgr_rgmlbcj_Tgjj_Tg_pbmr*
vaudeville
en portant un œil neuf sur son écriture.
bctp_rp_grcp_tcaacrmpe_lgqkc,Cl0..1* j%ck‘cjjgqqckclrbsn_pacrj_amlqrpsargml
b%sl‘Ìrgkclrnmspj%_aascgjbsns‘jga,J%_q+
qml‘_gjbcecqrgmlbsksqþc_þrþ_llsjþ
Il ne lâche
rien, ni sur la forme – le côté léger et
n_pj_k_gpgc,Åj_nj_ac*j_dmlb_rgmlnpþ+ qmag_rgml_npþqclrþcl0..7slbcsvgškc
fantasque
de Feydeau, ni sur le fond – son
tmgrslcamltclrgmlbckgqcåbgqnmqgrgml
pcamspqclhsqrgacnmspq%mnnmqcpåacncpkgq
bcj_k_gqml*pclmstcj_‘jcrmsqjcqaglo
bcamlqrpsgpc*_aacnrþn_pj_k_gpgcbc@ms+
interrogation
sincère sur le fonctionnement de
_lq,Nmspj%_qqmag_rgml*aclmstcj_aampb egt_j,Cjjc_þrþbclmstc_sbþ‘msrþc,Bcp+
l’homme
et de la femme, ces étranges animaux. Et
kcl_acqmlcvgqrclac,Cjjcbþlmlacbcq
lgšpckclr*j%_qqmag_rgml_kmlrþslbmqqgcp
nmqqg‘gjgrþqbcpþqgjg_rgmlrpmnqs‘hcargtcq _‹lbcbctclgpKsqþcbcDp_lac,Acqr_rsr
tout le génie de Feydeau, et de cette mise en
a_p'cldmlargmlbsnpmep_kkcbcbþtcjmn+ jsgncpkcrrp_grbcbctclgpglbþnclb_lrc,
nckclr„bsksqþc,Cjjc_cle_eþslpcamspq
scène, c’est de nous faireOR[\Éa_R[NbQV[
rire de nos éternels
questionnements sur le désir et l’amour, sur la
confusion entre nos sentiments et nos pulsions. La
mise en scène alerte, drôle et rythmée, laisse entendre
clairement le texte. Le directeur de la Tempête fait
mouche avec ce Dindon, il réussit à photographier
l’intelligence et la puissance de cet imbroglio délirant.
Les 12 acteurs sont excellents, notamment la
comédienne Alix Poisson. Elle incarne Lucienne
Vatelin dans une scène hilarante du dernier acte,
avec le bien nommé Rédillon, joué par Guillaume
Marquet, son amant de cœur, épatant lui aussi.
Claire Baudéan
Page 1
Tous droits de reproduction réservés
© photo Benoîte FANTON
TEMPETE-CARTOUCHERIE
Le Dindon
De Georges Feydeau,
mise en scène Philippe Adrien,
La Tempête, jusqu’au 24 octobre.
Tél. : 01 43 28 36 36
L
es grands esprits traitèrent
longtemps le vaudeville
par le mépris, considérant que
si les gens de peu y trouvaient
du bonheur, c’est qu’il fallait
prendre la chose avec des
pincettes. Et c’est comme ça que
Feydeau fut souvent considéré
comme un morceau de second
choix. Or, le grand Georges est
le roi de la farce, du quiproquo,
de l’absurde et de l’humour.
Tout le plaisir est pour nous
On sort halluciné du Dindon de Feydeau
mis en scène par Philippe Adrien.
Depuis longtemps, qu’il traque Kafka,
Gombrowicz ou Wltkiewicz, le patron
du Théâtre de la Tempête est hanté par
nos inconscients, les cauchemars qu’ils
provoquent, les fantômes qu’ils font
naître et renaître. D’ordinaire du côté noir
de ces forces obscures, voilà qu’il en
choisit la face grotesque en passant
Le Dindon au tamis impitoyable des
situations imaginées par un auteur joueur
et suicidaire, qui semble construire
et déconstruire en permanence sa pièce
pour mieux la mettre à l’épreuve du pire et
en sortir vainqueur. C’est à l’écriture
même du texte, et des impasses que
Feydeau se donne à surmonter, que nous
fait assister la mise en scène virtuose
de Philippe Adrien, aidé par une troupe
où tous excellent d’humour, d’originalité,
de vérité (mentions spéciales a PierreAlain Chapuis, Eddie Chignara, Luce
Mouchel). A travers des reparties
ravageuses droit sorties des conversations
ordinaires, c’est de banales histoires
d’adultère qu’il est, comme d’habitude,
question ici. Deux épouses se liguent
pour se venger d’époux finalement
incapables de les tromper tout à fait ;
d’imbroglios en quiproquos, de
mensonges en coups de théâtre,
la sarabande du désir empêché se fait
hilarante sous sa noirceur. Obsessions,
fantasmes et frustrations se déchaînent
dans une mécanique folle qui se joue
d’elle-même jusqu’à l’absurde. Philippe
Adrien utilise tous les ressorts du théâtre
pour incarner la joute de Feydeau avec
nos pulsions et nos cruautés ordinaires.
Et les personnages, exaspérés par leur
impuissance à être dans ce maelström
ingouvernable, deviennent des créatures
vidées d’elles-mêmes aussi comiques que
tragiques. Via les corps en folie, Feydeau
réussit comme personne à joindre les
styles. Un maître. Magistralement servi ici.
*** Le Dindon, de Georges Feydeau, mise
en scène Philippe Adrien, jusqu’au 24 octobre
au Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, Paris 12e.
Tél. : 01-43-28-36-36.
© Chantal Depagne / Palazon
THÉÂTRE
La chronique de Fabienne Pascaud
Date : 03.10.2010
Pays : FRANCE
Une farce réjouissante.
Edition : 1ère Edition
Dans le Dindon tout n’est que
bonheur du texte et pertinence
de la situation. A priori rien
de très sérieux puisqu’il s’agit
d’une histoire de cocufiage
généralisé comme il en existe
depuis la grotte de Lascaux. Mais
Feydeau a le don de brosser
des portraits qui en disent plus
long que bien des discours sur
la quête de l’amour, la pesanteur
des préjugés, la petitesse du
machisme, et l’art de faire sauter
les barrières culturelles, dans un
match où les femmes l’emportent
Page(s) : 6
par KO. n Jack Dion
© photo Chantal Depagne / Palazon
Suppl. : Paris Ile de France
Rubrique : VOTRE SAMEDI
© Chantal Depagne / Palazon
/ N°181 / octobre 2010 / la terrasse
la terrasse / septembre 2010 / N°180 /
n° 181 • s oM Ma i r e
L a T e r r a s s e s u r I pa d e t I p h o n e
Suprême volaille
critique ¶
le dindon
théâtre / cirque
toUteS noS cRitiqUeS…
P. 3-34
Le Dindon au mieux de sa forme. Avec une formidable équipe de comédiens, Philippe Adrien
réussit brillamment
la ronde délirante
critique qui n’en
P. 3 font qu’à
ès lesla représentation
premièresde secondes
dudes désirs
des contrariés.
majordomes
L’homme-orchestre Vladimir Pankov transforme La Noce de tchekhov en cabaret onirique.
spectacle, on sait que Philippe leur tête… : la « lecture » limpide
entretien
P. 6
Adrien
ce « laDindon
» par
de Philippe
Adrien
permet
Stéphane olivié
Bisson tient
met en scène
première version
de Caligula
de camus. Propos
recueillis
P. 6 de ne jaleLipszyc
bon plonge
bout.auL’entrée
tourbillonnante
mais
fil,la de
Serge
cœur d’Oncle
Vania de tchekhov au plus
près perdre
du texte…le
et de
vie. saisir toutes les
entretien
7
des comédiens dans le beau décor- subtilités des dialogues P.hilarants
et
Jean-Pierre
Vincent
acteurs (scénographe
de bonne foi de Marivaux,
manège
demonte
JeanLesHaas
absurdes.
une œuvre qui l’accompagne depuis ses débuts. critique
très sollicité en cette rentrée) donne Le metteur en scèneP. 9trouve réDans Le Mardi à Monoprix, Michel Didym dirige avec une justesse rare l’éblouissant
la température
durôlespectacle
: élevée,
ducteur
Jean-claude
Dreyfus dans le
de la transsexuelle
Marie-Pierre.
critique et convenu qu’on
P. 14 compare
parfaitement
en accord
la verve à travers
l’oeuvre
de Feydeau
à de « l’horloMarie
Montegani questionne
les rapportsavec
hommes/femmes
Les Femmes
savantes.
Propos
recueillis de Feydeau. Il y a dans ces gerie », à moins qu’il neP. 14
assassine
s’agisse de
Annepremières
Bisang s’empareimages
de Salomé,un
pièce mélange
fulgurante et poétique
d’oscar Wilde.impossibles,
entretien
P. 15
de montres
inventées
par
Marcfarce
Sussi donne
à
Dom
Juan
une
insolence
juvénile
et
met
en
jeu
le
théâtre
et de grotesque, de comédie et un savant fou. Rigueur et folie se
de son éternelle cavale désirante. critique
P. 16
de cauchemar, qui déclenche immé- conjuguent dans ce spectacle choréLa Tempête… de Georges Lavaudant. Un rêve de théâtre au centre duquel André Marcon
diatement
le magistrale.
rire - mais
un rire étran- graphié, qui s’appuie surP. 17
une troupe
compose
une partition
critique
folle à la esthétisante
Buster etde
comédiens
Luc glé.
Bondy Une
proposepoursuite
une lecture chorégraphique,
formaliste
des Chaisesvirtuoses, en apesanqui tire
ionesco du
côtéportes
de Beckett
et dilue d’autant
la force du teur.
texte. critique
P. 23 noyé, les
Keaton,
des
fantômes
qui tourLe texte n’est jamais
Gilles
Bouillon met
scène Cyrano
de Bergerac
avec 17 comédiens.
29
noient,
unenbout
de canne
menaçant
gags entretien
visuels viennent en P.complément
Le Géant de Kaillass. Gros plan
P. 35
qui surgit… et hop, le futur dindon des bons mots de Feydeau,
irrésisticaroline Mounier met en scène un texte de Gianina carbunariu : Stop the tempo
de ladufarce
introduit
dans l’inté- blement actuels. Le rythme
au théâtre
nord às’est
Lille. Gros
plan
P. 35 infernal
rieur actoral.10
bourgeois.
Le Gros
pariplan
du metteur de la pièce, qui nous trimbale
Le Festival
à Marseille.
P. 38 d’un apscène
directeur
dudethéâtre
partement
cossu de la rue de La TréAlainen
Françon
crée(et
quatre
courtes pièces
Feydeau aude
théâtre
national de Strasbourg.
Groslaplan
38 respecté
Tempête) sera tenu durant toute la moille à un hôtel borgneP.est
Le metteur
en scène russe: nikolaï
présente
sa version
d’Hamlet aux Ateliers
représentation
« Ne Kolyada
rien céder
ni sur
la quasiment
de Berthier.
bout en bout - marGros plan
P. 40
gravité et la profondeur de la pensée [de quant quelques signes d’essouflement
Roland Auzet a commandé un texte à Fabrice Melquiot et met en scène
dans
les
scènes
«
anglaises »
Feydeau],
ni
sur
sa
légèreté
et
l’allégresse
deux femmes victimes de la violence d’un homme aux célestins de Lyon. Gros plan
P. 40 (les jeux
sur les fautes d’accent n’étant
de son
style.
Festival
Automne
en »normandie, cap à l’est. Gros plan
P. 41 pas les
plus drôles du vaudeville).
SéLection, SUite…
P. 36-44
D
Le DinDon au mieux De sa forme. avec une formiDabLe équipe De
coméDiens, phiLippe aDrien réussit briLLamment La représentation
De La ronDe DéLirante Des Désirs contrariés. un régaL !
Mariages, adultères, désirs, pièges… Ce Dindon
astucieuse et surréaliste envoie valser (au sens
que l’on réduit parfois à un vaudeville effréné
va beaucoup plus loin que l’on croit : il s’aven-
propre !) dès le début les codes du vaudeville et
installe une ambiance dédalesque de chaos, où
les portes bougent et comme chez Lewis Carroll
font craindre de grands bouleversements… ou
déclenchent le rire. Les comédiens assurent au
millimètre et semblent prendre possession avec
délice de leurs personnages, qui ne ressemblent
en rien à des figures archétypales - ils sont bien
trop vivants et trop délirants pour cela. Ici la
danse rituelle du haka devient parade amoureuse, et un rendez-vous galant clandestin se
pare d’une tonalité fantastique et onirique.
Désirs battus
en brèche
tous forment un bel accord pas tempéré du tout
et savamment désaccordé, les désirs des uns
étant sans cesse contrariés et battus en brèche par les désirs des autres, et cette déréglementation foudroyante introduit une irrationalité
générale dans les demeures bourgeoises. un
vrai régal ! tout commence par l’irruption du
coureur de jupons pontagnac (eddie Chignara)
chez Lucienne (alix poisson), qu’il a suivie sans
Sauce relevée
Les passages fantastiques sont particulièrement réussis - telles l’apparilièrement épicée, qui demande la cuis- tion du Provençal en lapin de Lewis
Les Rêves dansants. Sur les pas de Pina Bausch. Kontakthof renaît
d’un grand
chef. Deux femmes Carroll ou la scène de sexe
avecson
une quarantaine
d’adolescents
P. 50déchaînée
et « Gros
stromboscopique
» 50entre Rétrompées
parde leur
marià ladécident
Rencontres
de danses
la toussaint
MJc-théâtrede
de colombes.
plan
P.
Je suis
de Gaspard
avec Yalda
Younes- etau
sous dillon,
le regard d’israel
Galvan
le célibataire,
et saP. 50
copine Arse venue
venger
avecDelanoë,
le premier
venu
Programme
la Maison du Japon
P. 51
choix :Hiroaki
un Umeda
jeuneà célibataire
immature mandine.
Salves
Maguy Marin : les
comment
donner du sens
à notre histoire
P. 52
Au-delà du rire et de l’ivresse,
Phiquide fréquente
prostituées
et hante
Nos le
Solitudes
nioche questionne
rapportledunocorps àlippe
la gravitéAdrien met savamment
P. 54
en lufoyerdedeJulie
la première ;
oulebien
La Petite
Jean-claude
Gallottafemmes
et Marie Potonet
P. 54
la sexualité
ceurSirène
qui desuit
les jeunes
dans mière la satire très crue de
SéLection, SUite…
P. 50-56
parila rue, mari de la seconde… Feydeau frénétique des bons bourgeois
relève
la sauce,
classi
que
opéraen jetant dans sa mar- siens et surtout le côté presque fémi/
mite cannibale une amante anglaise niste de la pièce : les femmes triomLes hystérique
20 ans de la série
Grandes
voixhomme d’af- phent à la fin, mettant P.
au56 pas leurs
etLesson
mari
Le chef
russeprovençal
Gennady Rozhdestvensky
le cadre
du cycle maris-amants,
« Lénine, Staline et la musique
» P. 57 trompés,
trompeurs
faires
- tous dans
deux
chamPaavo
Järvi imprime
sa marque
à l’orchestre
de Paris
P. 58 dindons
hommes-objets ou animaux,
pions
de boxe
-, une
fille ultrafacile
Pierre-Laurent
Aimard,
Alfred Brendel,
poète
59
d’une farce où ils ont P.laissé
toutes
et godiche
aupianiste,
grandetcoeur,
un groom
Andreas
Staier ettrès
christine
Schornsheim,
rencontre autour d’unleurs
pianoforte
P. 61
plumes.
pubère
énervé,
un commissaire
claudio Abbado en complicité avec l’orchestre du Festival de Lucerne
P. 62
en mal de flagrants délits d’adultère, PHILIPPE CHEVILLEY
danse
« Le Dindon » est une pièce particu-
Vladimir Ashkenazy dirige Rachmaninov
emmanuelle Haïm dirige Orlando de Haendel au théâtre des champs-élysées. entretien
Les amants fous : le nouveau projet de la correspondances compagnie d’orianne Moretti
Deux Otello en version de concert au tce, celui de Verdi dirigé par Daniel Harding
puis celui de Rossini dirigé par evelino Pidò
SéLection, SUite…
P. 63
P. 69
P. 69
P. 69
P. 56-70
musiques : jazz / musiques du monde / chanson
terr
© Antonia Bozzi
savoir que son mari, Vatelin (pierre-alain Chapuis) est un de ses amis. pontagnac est l’époux
de Clotilde (Luce Mouchel), Vatelin a une ex qui
Alix Poisson et Guillaume Marquet (Lucienne Vatelin et
Rédillon) : une belle maîtrise des cœurs et des corps…
le poursuit, Maggy (Caroline arrouas), elle-même
épouse de soldignac, l’anglais de Marseille (Joe
shéridan). et le grandiose rédillon (Guillaume
Marquet), célibataire généralement plein de
vigueur (sauf en cas de panne), prend le statut
ture dans les méandres de la folie, restituée
d’objet sexuel et d’instrument de vengeance
pour les dames. Car une fois n’est pas coutume, les femmes dominent ici les hommes et
avec une précision implacable et affolante, il
déjoue sans cesse le réel, truffé d’erreurs, de
quiproquos, de malentendus et de simulations,
remettent en place les préjugés. tout ça est un
bon début, qui va bien sûr se corser considérablement lorsque l’action se déplace dans un
le tout orchestré par une langue vive, brusque,
drôle, tranchante. Même si tout cela ne peut se
concrétiser et se constater que sur scène, et
bien sûr en aucun cas à la lecture. Bref, ce Dindon, c’est une sacrée prise de risque pour un
metteur en scène ! Il faut assurer pour ne pas se
faire piéger. philippe adrien a osé, et il réussit
brillamment ! Le spectacle reste dans la rétine,
car il constitue une représentation remarquablement maîtrisée de la métamorphose d’une vie
apparemment routinière en un délire cauchemardesque, et déploie un théâtre total mobilisant à
fond les corps, le jeu, l’espace, le son. La langue
bondit d’un personnage à un autre comme un
animal bondit sur sa proie. La scénographie très
hôtel (inénarrable couple pinchard)… L’homme
est ainsi fait, son cerveau n’a pas de limites
lorsqu’il devient la proie de ses délires, la vie
est toujours compliquée, dans cette pièce la
complexité atteint des sommets et on en rit ! Le
théâtre ici précisément parvient à représenter ce
délire si humain, à la fois très concret et ouvrant
d’insondables failles psychiques.
Agnès Santi
Le Dindon, de Georges Feydeau, mise en scène
Philippe Adrien, du 10 septembre au 24 octobre, du
mardi au samedi à 20h30 sauf jeudi à 19h30, dimanche à 16h, au Théâtre de La Tempête, Cartoucherie,
75012 Paris. Tél. 01 43 28 36 36.
Patrice caratini en double résidence parisienne
P. 71
Paris Jazz club Festivals, première édition du festival des clubs de jazz
P. 72
Renaud García-Fons et son nouvel album « Méditerranées »
P. 72
Deux oiseaux rares au Duc : la suédoise Susi Hyldgaard et la coréenne Youn Sun nah
P. 73
« Bleu indigo », du jazz au Musée du quai Branly
P. 73
Mccoy tyner, légende du jazz en quartet
P. 73
Hors-série Mars/avriL 2011
Le festival «Sons neufs » se tourne vers les instruments rares du jazz
P. 74
tzigane imaginaire : une fête avec les roms
P. 76
Par Nedjma Van Egmond
Ballaké cissoko-Vincent Ségal, musique de chambre pour kora et violoncelle
P. 76
cycle « Sénégal » à la cité de la Musique
P. 77
queLLes ForMations Pour queLLes
Joao Bosco, grande voix du Brésil
P. 77
PersPectives d’eMPLoi ?
Goran Bregovic présente « Margot, mémoires d'une reine »
P. 78
éric Lareine et leurs enfants, nicolas Jules à ivry
P. 78
ForMations
Chausse-trappes,
quiproquos,
syncopes, alternance rapide de décors...
Complexe, Le Dindon ? Subtil ! LaqueLLes
mécanique comique,
doublée ici d’une noirceur étonAndré
Stochetti, oVni « Flûturiste
»
P. 78
Pour
société
? ! Il saisit ce Dindon
SéLection,
70-78 dans la version qu’en livre Philippe
nante,SUite…
nécessite une rigueur implacable. Quelle jeunesse, quelle P.
vivacité
Adrien queLLe
- à 70 ans, un
jeune homme
ForMations artistiques
Théâtre Le dindon, le rire et l’angoisse
diFFusion
: 100Dans
000 un
ex.décor noir, superbe (Jean
à bras-le-corps et le projette, dès la première seconde, dans un univers sombre à souhait, façon film muet empreint
d’angoisse.
focus
: 01 53 02sur06tournette,
60
Haas), et dans la pénombre, Lucienne Vatelin tente d’échapper à son assaillant, Pontagnac, ce qui leur vaut contact
une course-poursuite
avec musique obsédante
etnational
portes
claquent.
suite mêlera farce et cauchemar,
rire franc et rire grinçant, [email protected]
vaudeville pur. On est vraiment hilare aux premier
La criée
- théâtre
de qui
Marseille
: une ligneBrillant.
audacieuseLa
et généreuse
P. 10-11
nouveau
théâtre - centre
national
Besançon et de permanent.
Franche-comté : Portes qui claquent, corps qui se bousculent, sonnettes indomptables et hurlements, tout réjouit, et surtout
et dernier
actes,dramatique
modèles
de de
mouvement
la création en partage
P. 18-19
les
comédiens.
Grande
carcasse
brune,
regard
noir écarquillé, mine
impayable, Eddie Chignara - déjà épatant dans Le Roi nu - est désopilant en mari trompeur,
La comédie de l’est : pour un théâtre de création et d’intérêt public
P. 24-25
coq
devenu
dindon.
Alix
Poisson,
qu’on
a
aimée
dans
des
registres
plus sombres, révèle ici un vrai talent comique. Sa scène de femme bafouée transformée en
La comédie de Béthune : effervescence créatrice
P. 32-33
maîtresse
dominatrice
est irrésistible.
puis contemporaines
Guillaume MarquetP. 36-37
(Redillon), Juliette Poissonnier (Armandine, cocotte attachante), Patrick Paroux (formidable en
L’onde
à Vélizy : découvrir
toute la diversité
des expressions Et
artistiques
Chers amis, seules sont annotées par le sigle défini ci-contre ee
théâtre
de l’ouest Parisien
: créativité
et éclectisme
P. 43 nous conduisent vers un savoureux renversement des rôles où ces dames finissent par l’emsergent-major
retraité
tout
autant qu’en valet attentif). Tous ensemble
théâtre des Gémeaux à Sceaux : excellence, exigence et… plaisir !
P. 45-49
les pièces auxquelles nous avons assisté. Mais pour que votre panorama du mois soit plus complet,
porter, femmes-objets devenues sujets et maîtresses de leur destin.
signalétique
centre de Musique Baroque de Versailles : recherche et valorisation du patrimoine
Andy emler : compositeur et leader transversal
P. 64-65
P. 75
critique
nous ajoutons aussi des chroniques, portraits, entretiens, articles sur des manifestations que nous
n’avons pas encore vues mais qui nous paraissent intéressantes.
Téléchargement