Le Dindon dossier pédagogique © photo Antonia Bozzi Le Dindon avec Vladimir Ant Caroline Arrouas en alternance avec de Georges Feydeau mise en scène Philippe Adrien Mila Savic Pierre-Alain Chapuis en alternance avec Pierre Diot Eddie Chignara Bernadette Le Saché Pierre Lefebvre Guillaume Marquet en alternance avec Hubert Benhamdine Luce Mouchel en alternance avec Florence Müller Patrick Paroux en alternance avec François Raffenaud Alix Poisson en alternance avec Valérie Blanchon Juliette Poissonnier Joe Sheridan en alternance avec Dominique Gould décor : Jean Haas lumières : Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne musique et son : Stéphanie Gibert costumes : Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy maquillages : Cornelia Quehenberger mouvement : Sophie Mayer collaboration artistique : Clément Poirée direction technique : Martine Belloc régie son : Ivan Paulik habillage : Emilie Lechevalier administration : Marie-Noëlle Boyer, Guillaume Moog, Lola Lucas et Huguette Kingué Production ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère de la Culture et la Ville de Paris, avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et le soutien de l’Adami, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête. © photo Chantal Depagne-Palazon 4 nominations aux Molières 2011 4 nominations aux Molières 2011 Le Dindon MOLIÈRE DU THÉÂTRE PUBLIC Philippe Adrien MOLIÈRE DU METTEUR EN SCÈNE Philippe Adrien MOLIÈRE DU JEUNE TALENT MASCULIN Guillaume Marquet (lauréat) de Georges Feydeau mise en scène Philippe Adrien MOLIÈRE DU DÉCORATEUR Jean Haas avec Vladimir Ant Caroline Arrouas en alternance avec Mila Savic Pierre-Alain Chapuis en alternance avec Pierre Diot Eddie Chignara Bernadette Le Saché Pierre Lefebvre Guillaume Marquet en alternance avec Hubert Benhamdine Luce Mouchel en alternance avec Florence Müller Patrick Paroux en alternance avec François Raffenaud Alix Poisson en alternance avec Valérie Blanchon Juliette Poissonnier Joe Sheridan en alternance avec Dominic Gould. 8Reprise au Théâtre de la Tempête du 14 septembre au 23 octobre 2011 8Tournée du 4 janvier au 9 juin 2012 Production : ARRT /Philippe Adrien – compagnie subventionnée par le ministère de la Culture et la Ville de Paris, avec la participation artistique du Jeune Théâtre national et le soutien de l’Adami, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête. Administration et diffusion : Marie-Noëlle Boyer, Guillaume Moog et Lola Lucas ARRT /Philippe Adrien, Cartoucherie route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris - tél. 01 43 65 66 54 - www.arrt.fr - [email protected] Renseignements et réservations : Théâtre de la Tempête - tél. 01 43 28 36 36 - billetterie en ligne : www.la-tempete.fr - relations avec le public : Anne Delaunay Presse : Pascal Zelcer - tél. 06 60 41 24 55 - [email protected] décor Jean Haas lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne costumes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy musique et son Stéphanie Gibert maquillages Cornelia Quehenberger mouvement Sophie Mayer collaboration artistique Clément Poirée direction technique Martine Belloc habillage Emilie Lechevalier. « Vous savez ce que c’est ! ... un beau jour, on se rencontre chez le Maire… on ne sait comment, par la force des choses… Il vous fait des questions… on répond « oui » comme ça, parce qu’il y a du monde, puis quand tout le monde est parti, on s’aperçoit qu’on est marié. C’est pour la vie. » Pontagnac dans Le Dindon, Acte I, scène 2 Il faut vraiment être dinde pour se farcir un tel dindon ! Pourquoi donc être fidèle quand l’autre ne l’est pas ? Anciens amants, nouveaux soupirants, épouses outragées, ex-maîtresses, débarquent inopinément chez Vatelin, le mari de la vertueuse Lucienne, elle-même en proie aux assiduités du maladroit Rédillon et de l’infatué Pontagnac ! Et quand, en plus, deux épouses se liguent pour se venger d’époux incapables de les tromper tout à fait, les situations, plus rocambolesques les unes que les autres, s’enchaînent ! Mais Le Dindon de Georges Feydeau est bien plus qu’un simple vaudeville, il s’aventure dans les méandres de la folie, restituée avec une précision implacable et affolante, il déjoue sans cesse le réel, truffé d’erreurs, de quiproquos et de simulation, le tout tenu par une langue vive, acerbe, ingénieuse et tranchante. Alors, qui trompe qui ? Qui sera le dindon de la farce ? Lequel de tous ces coqs remportera le combat de la basse-cour ? On assiste à un jubilatoire renversement des rôles : les mâles sont ici de purs objets sexuels que les femmes utilisent pour se venger. En tout cas, s’il en est un qui est fidèle, c’est Feydeau… Fidèle à l’infidélité ! Philippe Adrien nous prouve que le rire ne lui fait pas peur, il enchaîne les actes dans un tourbillon, laissant à peine le temps aux spectateurs de reprendre leur souffle. Rien d’étonnant à ce que ce spectacle ait été nommé quatre fois pour les Molières car il faut dire aussi que le directeur du Théâtre de la Tempête a magistralement réussi sa distribution, tant c’est un régal de les voir faire leur métier avec grand art ! Hervé Pons Un démiurge farceur … Concours d’entrée au Conservatoire, 10 heures du matin, un jury de professionnels éminents… Entre un candidat, il a travaillé quatre scènes : en moderne Koltès et Sartre, en classique Corneille et… suspense… Imaginez la perspective : ils sont trente, soit une soixantaine de scènes à visionner d’ici 17 heures… Une question : comment tenir ?… « Et votre quatrième scène, alors ? » Un nom en sept lettres qui aussitôt se mettent à danser sous les yeux du président de jury : y f e a e u d… pour finalement se ranger comme à la parade : Feydeau ! Et tout le monde se dit : « Alléluia ! Le voici, c’est lui, le sauveur, notre sauveur, mais oui, Feydeau, Georges Feydeau ! » Mine de rien, mais avec un petit friselis de sourire discrètement adressé aux collègues : « Eh bien, passez-nous donc votre Feydeau ! » Et voilà une journée de probable galère soudain transfigurée par l’espoir d’un rire ! Comme dit Rédillon - ça c’est justement dans Le Dindon - : « Ce que je m’amuse ! Ce que je m’amuse ! » Le moins marrant n’étant pas que notre petit couple de jeunes comédiens s’étant lancé à l’eau avec entrain, ça fait déjà une bonne minute que ça dure, mais nom d’un chien, nous les jurés, nous n’avons pas ri une seule fois ! C’est pourtant lui, Feydeau, au sujet de qui on fixe la barre à un éclat de rire toutes les cinq secondes, loi incontournable du vaudeville ? ! Beau et noble pari certes, mais en l’occurrence, évidemment raté ! « C’est que Feydeau, vous savez, jeune homme, c’est très, très difficile ! » Comme si je n’étais pas au courant : vous voyez une autre raison de se dérober depuis si longtemps à une furieuse envie de mettre en scène son théâtre ? citations de Feydeau... Il n’y a pas un drame humain qui n’offre quelques aspects très gais. L’amour, ça demande le plein feu. Ce n’est pas une chose qu’on entretient au bain-marie. L’homme est fait pour la femme. La femme est faite pour l’homme... surtout en province, où il n’y a pas de distraction. Quel défi en effet, ce théâtre à la fois si singulier et si parfait ! Oui, ce qui est renversant dans l’écriture de Feydeau, c’est son exactitude. Sur un acte entier de quiproquos, syncopes, aléas et atermoiements aussi affolants qu’imparables, les dialogues comme les situations, jusque dans leurs aspects concrets, nous paraissent toujours ordonnés à la perfection. J’entends d’ici le commentaire habituel : « Une véritable horlogerie ! » Pardon monsieur, mais il n’y a rien de plus chiant qu’une montre ! Ce qui de temps en temps me fait dire que mettre en scène consiste aussi bien à mettre en désordre qu’en ordre songeant à ces mathématiciens qui par exemple s’échinent à calculer le fonctionnement des catastrophes… Voilà, Feydeau est de ceux-là, un savant en matière d’embarras, bousculades, tournis, chutes, ratages et autres « catas » auxquels le genre humain est par définition exposé. « Mais vous pouvez me dire d’où ça vient, toutes ces bêtises ? » Pardon ma petite dame, vous avez déjà vu un chat se prendre les pieds dans le tapis ? dessin Honoré Daumier Non, non, glisser sur les peaux de banane est réservé aux animaux qui parlent et par voie de conséquence croient vivre pour d’autres raisons que se reproduire. Touchés par le divin, ils veulent, n’est-ce pas, vivre pour aimer ! C’est alors que les vrais ennuis commencent dans l’imbroglio entre âme et corps, amour et désir, soit précisément ce à quoi sont confrontés les personnages, disons même les créatures de Feydeau en qui je verrais volontiers un démiurge farceur. Eh bien, chère grande amie, mon projet pour Le Dindon, notre projet est d’emboîter le pas à Feydeau et de ne céder ni sur la gravité et la profondeur de sa pensée, ni sur la légèreté et l’allégresse de son style. Philippe Adrien, juin 2010 Feydeau par lui-même Le vaudeville est-il mort ? Quelle plaisanterie ! Mort le vaudeville ? Mort le mélodrame ? Ah ! çà ! donneriez-vous dans les idées de ce petit cénacle de jeunes auteurs qui, pour essayer de tuer ces genres florissants qui le gênent, n’a trouvé d’autre moyen que de décréter tout simplement qu’ils étaient morts ! Mais voyons, mon cher ami, s’ils étaient morts, est-ce qu’on se donnerait tant de peine pour le crier à tous les échos ? Quand une chose n’est plus, éprouve-t-on le besoin d’en parler ? Enfin, si le vaudeville et le mélodrame étaient morts, est-ce qu’on les jouerait quatre ou cinq cents fois de suite, quand à succès égal, une comédie, genre dit “supérieur” (comme s’il y avait une classification des genres !), se joue péniblement cent fois ? Comment expliquer cette durée tout à l’avantage du genre défunt ? Peut-être par le dicton « Quand on est mort, c’est pour longtemps ! » À ce compte-là, vive la mort ! Non, la vérité, c’est qu’il y a vaudeville et vaudeville, mélodrame et mélodrame, comme il y a comédie et comédie. Quand un vaudeville est bien fait, logique, logique surtout, qu’il s’enchaîne bien, qu’il contient de l’observation, que ses personnages ne sont pas uniquement des fantoches, que l’action est intéressante et les situations amusantes, il réussit. [...] Que dire alors de ces présomptueux, tout imbus de la supériorité qu’ils s’accordent, qui déclarent avec un superbe dédain que le vaudeville et le mélodrame ne sont « ni de la littérature ni du théâtre ? » « Pas de la littérature », soit ! La littérature étant l’antithèse du théâtre : le théâtre, c’est l’image de la vie et dans la vie on ne parle pas en littérature ; donc le seul fait de faire parler ses personnages littérairement suffit à les figer et à les rendre inexistants. Mais « pas du théâtre », halte-là ! Il ne suffit pas, monsieur, que vous en décidiez pour que cela soit ! Le théâtre, avant tout, c’est le développement d’une action, et l’action c’est la base même du vaudeville et du mélodrame. Je sais bien qu’aujourd’hui la tendance serait de faire du théâtre une chaire ; mais du moment qu’il devient une chaire, c’est le théâtre alors qui n’est plus du théâtre. Georges Feydeau, Le Vaudeville est-il mort?, Paris, 1905 Une leçon de vaudeville Lorsque je suis devant mon papier et dans le feu du travail, je n’analyse pas mes héros, je les regarde agir, je les entends parler ; ils s’objectivent en quelque manière, ils sont pour moi des êtres concrets ; leur image se fixe dans ma mémoire, et non seulement leur silhouette, mais le souvenir du moment où ils sont arrivés en scène, et de la porte qui leur a donné accès. Je possède une pièce, comme un joueur d’échecs son damier, j’ai présentes à l’esprit les positions successives que les pions (ce sont mes personnages) y ont occupées. En d’autres termes, je me rends compte de leurs évolutions simultanées et successives. Elles se ramènent à un certain nombre de mouvements. Et vous n’ignorez pas que le mouvement est la condition essentielle du théâtre et par suite (je puis le dire sans immodestie après tant de maîtres qui l’ont proclamé) le principal don du dramaturge. [...] Je puis bien le confesser : le travail m’ennuie. Quand j’étais écolier, j’éprouvais un ravissement à écrire des comédies, car, par elles, j’échappais à la tâche prescrite qui m’a toujours été odieuse. J’aime les fruits défendus et les chemins de traverse. Or, aujourd’hui, la situation est retournée. Le théâtre est devenu pour moi la règle, le devoir. C’est mon métier. C’est la voie où il faut que je marche normalement. Cela suffit pour que j’aie le désir de m’en écarter. Quand je commence une pièce, il me semble que je me verrouille dans un cachot, et que je m’en évade quand je la termine. Oh ! non, je ne suis pas de ceux qui enfantent dans la joie ! En arrangeant les folies qui déchaîneront l’hilarité du public, je n’en suis pas égayé, je garde le sérieux, le sang-froid du chimiste qui dose un médicament. J’introduis dans ma pilule un gramme d’imbroglio, un gramme de libertinage, un gramme d’observation. Je malaxe, du mieux qu’il m’est possible, ces éléments. Et je prévois presque à coup sûr l’effet qu’ils produiront. L’expérience m’a appris à discerner les bonnes des mauvaises herbes. Et il est rare que je m’abuse quant au résultat. Georges Feydeau cité par Adolphe Brisson, “Une leçon de vaudeville”, dans Portraits intimes, V, Paris, Collin, 1901 Dame de chez Maxim (1899), qui dépasse largement le millier de représentations et devient l’une des principales attractions touristiques du Paris de l’Exposition Internationale. Feydeau peut se permettre de prendre quelque temps ses distances avec le vaudeville pour se consacrer à ses autres passions : le noctambulisme et Georges Feydeau grandit au sein d’un milieu littéraire la peinture. En 1904, il revient cependant au théâtre et bohème et fit preuve très tôt de son goût pour le avec La Main passe, que suivent La Puce à l’oreille théâtre. À quatorze ans, il fonde au Lycée Saint-Louis, (1907) et Occupe-toi d’Amélie (1908). avec quelques condisciples, le Cercle des Castagnettes Dès cette même année 1908, Feydeau entreprend et interprète dans ce cadre, avec un certain talent, du de renouveler sa manière et renonce aux procédés du Molière, du Labiche, ou des monopur vaudeville pour se concentrer logues de son propre cru. sur les ressources comiques des dis À 19 ans, Feydeau fait jouer sensions entre époux. Ce versant de sa première pièce, Par la fenêtre (un son œuvre, inauguré par Feu la Mère quiproquo en un acte pour deux de Madame, est sans doute inspiré à comédiens), dans un casino de stala fois par le souci de s’illustrer dans tion balnéaire et remporte un certain un genre théâtral moins méprisé (en succès. Mais entre 1882 et 1890, la 1916, le chapitre Théâtre d’un ouvrage demi-douzaine de comédies qu’il intitulé Un demi-siècle de civilisation compose, ainsi que plusieurs monolofrançaise (1870-1915) cite, entre autres gues interprétés par de grands comédramaturges dignes d’intérêt, Augier, diens (Galipaux, Coquelin cadet, Pailleron, Hervieu, Curel, Capus, Saint-Germain), ne lui permet pas Donnay ou Lavedan – Feydeau est de percer. Seul Tailleur pour dames complètement ignoré – et par ses (1886), qui tient 79 représentations, propres malheurs conjugaux : séparé, trouve grâce aux yeux de la critique. puis divorcé de sa femme, Feydeau En 1892, alors que Feydeau (qui s’est vivra en effet ses dernières années à marié trois ans plus tôt avec la fille l’hôtel. De cette époque datent des du peintre Carolus Duran) songe à Georges Feydeau par Cappiello (dessin) farces conjugales en un acte telles se faire acteur, il remporte enfin son que On Purge Bébé (1910), Mais n’te premier vrai triomphe : Monsieur chasse. « Je ne vous promène donc pas toute nue (1911), Léonie est en avance décrirai pas le public », écrit Francisque Sarcey : « il (1911) et Hortense a dit : « je m’en fous ! » (1916). Mais était épuisé, il était mort de rire, il n’en pouvait plus ». Feydeau, vieillissant, a toujours plus de difficultés à Deux autres pièces de Feydeau, également créées en terminer ses pièces (certaines restent d’ailleurs inache1892, confirment le sacre du nouveau roi du vaudevées). En 1919, une affection syphilitique entraîne de ville. Les œuvres suivantes (Un fil à la patte et L’Hôtel graves troubles mentaux : Feydeau doit être interné du Libre-Echange, 1894 ; Le Dindon, 1896), en font dans une maison de santé de Rueil-Malmaison. Il y le dramaturge français le plus célèbre de son temps, meurt en 1921. traduit en une dizaine de langues et joué dans toutes les capitales d’Europe. Sa gloire culmine avec La Henry Gidel, Le Vaudeville, Paris, 1986. Biographie de Feydeau citations de Feydeau... La chambre commune, c’est la sauvegarde de la fidélité conjugale. C’est même ce qui fait la force des unions libres. Le mariage est comme une partie de baccarat : tant que vous avez de la veine, vous gardez la main. Le mariage est l’art difficile, pour deux personnes, de vivre ensemble aussi heureuses qu’elles auraient vécu seules, chacune de leur côté. Les maris des femmes qui nous plaisent sont toujours des imbéciles ! Le vaudeville Esthétique L’évolution de l’art du vaudeville permet de déceler le développement d’une mécanique d’écriture originale, faite de dialogues et de chansons imbriqués au gré des fantaisies de l’auteur et du trajet bousculé des personnages. Montées une à une, les répliques se suffisent à elles-mêmes, sans silence, sans intervalle, sans psychologie immédiate. Chaque réplique est un accident imprévu, et pas seulement un moment, dans le parcours du personnage. ignorant ce qu’il fera après la réplique, il ne sait pas ce qu’il faisait avant qu’elle lui échappe. Sans passé, innocent de ce qu’il enclenche, en réaction, chez les autres, le personnage est pleinement en acte ce que la réplique contient en puissance : un cri, un mot d’esprit, une exclamation, une injure, une douleur, un éclat de rire. Sans autre projet. Le vaudeville présente la conception de rencontres inattendues et détonantes, de rapprochements de situations incompatibles, d’affrontements de personnages, enchaînés aux répliques, qui, l’instant précédent, ne se connaissaient pas. De ces coïncidences apparemment fortuites, néanmoins habilement agencées par l’auteur, naissent des entrées et sorties foudroyantes, des dérèglements du comportement, des poursuites minées d’embûches et de chaussetrapes dans lesquelles s’engouffre le personnage qui a oublié le but de sa précipitation excitée. Epuisé, exténué, meurtri, il endure l’accumulation d’aventures et de coups qu’il ne maîtrise pas. A cette souffrance physique s’ajoute l’objet créateur de situation. La transmission d’un vêtement, la perte de billets de banque, la recherche d’un chapeau de paille disparu, l’oubli d’une jarretière ou d’une livrée concourent à la fabrication du rythme infernal du vaudeville. Heureusement le fol aboutement des situations est ponctué de havres de bonheur. La musique, les chansons fondent l’humeur joyeuse qui doit dominer au spectacle de vaudeville. Ironiques, sarcastiques, fortement rythmées et scandées, les chansons, aux sonorités répétées, redoublées, permettent au public le plus large de participer aux heurs et malheurs des personnages. Ainsi le cours effréné des scènes, les chocs entre les situations sont atténués par le plaisir vocal comme s’il s’agissait de se donner du cœur à la poursuite du spectacle, immergé dans le flot de plaisirs sonores. Si l’auteur de vaudevilles ne parvenait pas à créer de surprenants et heureux dénouements, la pièce s’accomplirait, en fin finale, dans un carnage féroce, un cauchemar au réveil brutal. La chanson populaire et maligne du XVème siècle, l’alternance de textes satiriques parlés et chantés des XVIIème et XVIIIème siècles, les histoires de fous constituées de quiproquos et d’intrigues à rebondissements du milieu du XIXème siècle, ces étapes dans l’histoire du vaudeville se sont transformées en trajets rapides et pénibles du personnage dont on moque l’absence de conscience. A l’origine, simple divertissement d’où le sérieux est exclu, le vaudeville aboutit, à la fin du XIXème siècle, à la risible confrontation de personnages prisonniers d’objets qui dénoncent les mensonges répétés de ces pantins articulés victimes de répliques agressives surgies de leur inconscient. Daniel Lemahieu, Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Bordas, Paris, 1968. Jeux de langage Dans le vaudeville, la langue est considérée comme un matériau. Plusieurs champs langagiers existent dans la même pièce et sont efficaces autant à la surface du texte, lors de la lecture, qu’à la représentation de cette orchestration de mots et de formules. Parlers paysans et populaires, “cuirs”, grivoiseries, pataquès, mots inventés, jurons, interjections, jeux de langues équivoques, expressions étrangères, argots, langages techniques, calembours, déformations linguistiques, parodies, paradoxes, euphémismes... La liste n’est pas close. Les combinaisons de langues différentes constituent un théâtre polyphonique à l’intérieur des répliques. Les variations multiples créent des déplacements, des dérapages, des fuites de bouche détonantes d’où naît le comique. Il s’appuie sur les malentendus affichés à la surface du texte. Les jongleries de termes et d’expressions, constituées de fragments de langues hétérogènes engendrent un univers d’espiègleries et de fantaisies textuelles. Un sort particulier doit être fait aux répétitions. Ici, c’est à la fois la matière sonore (aspect phonique) de la composition dramatique et les effets en miroir, en écho, d’un élément proféré qui accentuent le rythme, la folie, voire l’irréalité ou le fantastique des propos. Les répétitions touchent aussi bien les formules, les cris que les onomatopées ou les interrogations brèves. Ces ensembles constituent une partition sonore contribuant à la dynamique de ces textes. Entrecoupées de morceaux et de lambeaux de langue issus d’horizons en apparence incompatibles, les paroles sont agencées dans un processus relevant de la stichomythie. Daniel Lemahieu, Vers une poétique du vaudeville, in Europe - Le vaudeville, n°786, octobre 1994 Un comique délirant et décapant Ces mécaniques n’excluent pas une certaine vérité humaine des sujets et une individualisation bien marquée qui ne réduit pas les personnages à l’état de bamboches malgré les fantaisies anthroponymiques dans la tradition du genre. On ne s’appelle pas impunément Follbraguet ou Chopinet. Bien sûr la bourgeoisie fin de siècle et le monde interlope parisien se reflètent dans les glaces du décor et s’y reconnaissent - c’est un lieu commun de le rappeler -, y retrouvent aussi leurs fantasmes et leurs désirs inassouvis. Les pièces baignent dans un érotisme latent. La morale y est presque toujours sauve, mais au prix seul de la convention théâtrale. Au dénouement, on ne peut se départir d’un certain désabusement devant la nature humaine et l’universelle jacasserie. Mais l’amuseur ne se voulait ni moraliste ni penseur. Au bout du compte cependant, la cocasserie loufoque, à force d’ironie décapante, conduit du banal au délire comme dans Ubu roi joué la même année que Le Dindon. Et les critiques d’aujourd’hui se plaisent à rapprocher le burlesque de ce théâtre des créations surréalistes. Quant aux rapports d’incommunicabilité entre les personnages, aux jeux dérisoires du langage dans cet univers régi par la logique déréglée de l’absurde, c’est bien à Ionesco qu’ils peuvent faire songer. Mais en définitive cette œuvre apparaît surtout comme une invite à la pratique de la plus rare et la plus franche des vertus théâtrales : le fou rire. Jean-Marie Thomasseau, Dictionnaire encyclopédique du théâtre, sous la direction de Michel Corvin, Bordas Feydeau prédit l’absurde Au XIXème siècle, on utilisait la curieuse expression de “folievaudeville” pour désigner les pièces où l’imagination de l’auteur se déployait avec le plus de liberté. Il est vrai que cette folie était canalisée dans des limites relativement étroites et que ses débordements nous paraîtraient aujourd’hui bien raisonnables. Mais de tout temps, la fantaisie avait fait partie de la définition même du vaudeville. Décidé, dès le début, à assumer en grande partie l’héritage du genre, Feydeau n’a pas hésité à pousser si loin les bornes de cette fantaisie que le surréalisme et le théâtre nouveau ont pu se réclamer de son exemple. (...) Dès 1938, Paul Achard saluait en Feydeau l’inspirateur du “loufoque” au théâtre et au cinéma et, de son côté, Robert Kemp discernait dans La dame de chez Maxim, « une farce que ne surpasseront pas les inventions des Mariés de la Tour Eiffel et des Mamelles de Tirésias ». Plus tôt encore, en 1930, Antonin Artaud mentionnait Feydeau parmi les auteurs qui avaient influencé sa conception du Théâtre Alfred Jarry qu’il avait fondé avec Vitrac. Au lendemain du second conflit mondial, tout en continuant à évoquer l’avant-garde des années 30, Dada et le surréalisme, on se plaît à considérer l’auteur du Dindon comme une sorte de précurseur du théâtre de l’absurde et Ionesco lui-même convient qu’il existe une “grande ressemblance” entre son œuvre et celle de Feydeau . Effectivement, on discerne plus d’une analogie entre Feydeau et par exemple, Ionesco ou Beckett. D’abord en ce qui concerne l’emploi des moyens dramaturgiques : le théâtre de l’absurde utilise le plus possible le spectacle au détriment du dialogue : il est anti-littéraire. Or, l’auteur du Dindon discernait dans la littérature “l’antithèse du théâtre”. Son œuvre, qui comporte danses, gags, poursuites, mais aussi musique, chant, chœurs, décors truqués, effets d’éclairage n’estelle pas, au fond, assez proche de ce théâtre total qu’Artaud appelait de ses voeux et qui n’a cessé de fasciner nombre de nos dramaturges contemporains ? D’autre part, ce rythme de manège fou qui entraîne certaines pièces de Feydeau, cette accélération progressive du mouvement qui intervient à la fin des actes centraux de ses vaudevilles sont déjà le rythme et le mouvement d’Ionesco. Les situations de caractère onirique dans lesquelles Feydeau se plaît à placer ses héros évoquent celles que l’on rencontrera dans le théâtre surréaliste ou dans le théâtre nouveau. Les thèmes sont souvent analogues à ceux des cauchemars. La notion de folie est essentielle dans le théâtre surréaliste où elle est exploitée comme une machine de guerre contre la logique traditionnelle. Les personnages de Feydeau, pris aux pièges de certains quiproquos, sentent leur raison chavirer. Parfois même, une étonnante atmosphère de folie collective provoque la stupéfaction inquiète de ceux qui pénètrent dans les lieux où elle règne. L’univers fantastique de Feydeau est aussi celui de la méprise permanente. Dans ce monde baroque de l’erreur et de la simulation perpétuelles, l’on ne sait plus qui est qui et, comme dans le théâtre de l’absurde, les héros ne sont que les jouets dérisoires d’une fatalité stupide. Henry Gidel in Georges Feydeau, Théâtre complet, Bordas, Paris Le contexte Les Grands Boulevards Le “Boulevard” était un monde à part, le centre des théâtres et de la vie mondaine. Il était, en réalité, composé des six “grands” : les boulevards de la Madeleine, des Capucines, des Italiens, Montmartre, Poissonnière et Bonne-Nouvelle. Il évoque deux époques : celle du Second Empire avec Jacques Offenbach, et celle de Georges Feydeau dont les dates de naissance et de mort, 1862 et 1921, coïncident à peu près avec celles de la deuxième époque du Boulevard. Celui-ci s’était créé lorsque les jeux publics avaient été interdits au Palais-Royal en 1837. C’était, pour reprendre l’expression de Francis de Croisset, “une petite province spirituelle de Paris”, où affluaient financiers, princes, rois en exil ou en villégiature, acteurs, journalistes, littérateurs. Ils se rencontraient dans les théâtres, les salles de rédaction des journaux et les cafés qui y étaient concentrés. C’est à proximité du Boulevard, en effet, qu’étaient tous les grands théâtres. (...) Les théâtres du Boulevard avaient, la plupart du temps, une troupe hors de pair et même quelquefois un auteur attitré. (...) Le Théâtre des Variétés, auquel de Flers et Caillavet valurent un nouvel âge d’or, avait une excellente troupe qui fournit à Feydeau quelques-uns de ses meilleurs interprètes. Ce fut le cas de la ravissante Jeanne Granier qui, grâce à son talent et à l’intérêt que lui portait le prince de Galles, fit une fulgurante carrière ; ou d’Eve Lavallière, toute de surprise et de feu, que Feydeau admirait fort et fut en 1913 une Môme Crevette étincelante. Parmi les acteurs, il y eut Albert Brasseur, Prince, Guy et surtout l’incomparable Max Dearly, venu du music-hall, que les directeurs de théâtre s’arrachaient, car il faisait monter en flèche leurs recettes. Trois autres très grands acteurs, amis, mais non interprètes de Feydeau, contribuèrent au prestige du Boulevard : Réjane, Lucien Guitry et Sarah Bernhardt. Les acteurs étaient à la fois adulés et maltraités du public. Les lecteurs des journaux se passionnaient pour les trois cents cravates de Le Bargy et pour les villégiatures d’Eve Lavallière, et Catulle Mendès se battit en duel avec un autre critique qui avait osé dire que Sarah Bernhardt était trop maigre. Mais en même temps, un préjugé tenace sévissait contre eux : certains immeubles refusaient de leur louer un appartement, les grands hôtels des villes d’eau, une fois leur fiche remplie, s’apercevaient qu’ils étaient complets. (...) Gens de théâtre, journalistes, critiques, personnalités du Gotha, des lettres, des arts, de la politique, se retrouvaient tous les jours dans les nombreux cafés des boulevards. (...) Le lieu de prédilection de Feydeau était Maxim’s où il allait souper tous les soirs. Ouvert en 1892 par Maxime Gaillard, rue Royale (presque en banlieue !), ce restaurant était fréquenté par les cochers. L’exposition de 1900, en s’installant tout près, fit sa fortune. Cornuché imagina le “s” à l’anglaise et donna à Maxim’s une ornementation art nouveau : fleurs d’iris et de nénuphars, tentures, portières, rideaux ornés de fleurs languides, coussins. Après le bar, il y avait un large couloir réservé aux habitués qu’on appelait “l’omnibus”. C’est là que se tenait Feydeau devant une bouteille de champagne factice, car il ne buvait que de l’eau de Vittel. C’est de là qu’il observait les clients entrer à gauche dans la salle de restaurant où une banquette de velours fraise faisait le tour du mur, ou bien prendre l’escalier qui menait aux cabinets particuliers, en écoutant jouer les airs à la mode : “La Valse Bleue”, “Les Petits Pavés” et “FrouFrou”. Les soupeurs étaient très cosmopolites : c’étaient des gens du monde, des noceurs, de vieux marcheurs, des décavés, des rastas, des acteurs, que Feydeau a fait revivre dans plusieurs de ses pièces. Arlette Shenkan, Georges Feydeau, “Théâtre de tous les temps”, Seghers, Paris, 1972 La Belle époque Il semble bien périlleux de vouloir réhabiliter la Belle Epoque car si, pour beaucoup, elle incarne la joie de vivre et l’insouciance et fait pousser bien des soupirs de regrets, elle a aussi la réputation d’être frivole et de n’être que cela. Plus périlleuse encore est l’entreprise de réhabiliter Georges Feydeau classé une fois pour toutes comme vaudevilliste - de génie, il est vrai, mais cette louange même paraît assez condescendante - et spécialiste de la chambre à coucher et du lit sur la scène. La Belle Epoque a pourtant eu ses mérites et surtout, sous sa folle gaieté, perce déjà le monde moderne. Georges Feydeau en a eu le sentiment très vif, et ses personnages semblent bien vouloir s’étourdir à tout prix pendant qu’il en est encore temps, avant la grande catastrophe de 1914 qui a sonné le glas de l’insouciance d’antan. On méconnaît presque toujours chez Feydeau la fine et peu indulgente peinture d’une société en pleine évolution pour ne parler que de ses qualités techniques. Il semble pourtant que l’observation de son époque, déjà discrètement signalée par certains de ses critiques contemporains, est le côté le plus intéressant de Feydeau et probablement une des raisons pour lesquelles il est encore si goûté, non seulement en France, mais dans le monde entier. (...) La Belle époque a été une époque bénie pour les dramaturges, car le théâtre exerçait sur tout Paris et en particulier sur le Paris du Boulevard et du journalisme, un empire qu’il a désormais perdu au profit du cinéma, mais qui était tel que Paris, à la fin du XIXème siècle, était surnommé Cabotinville. Le public était pris d’une véritable fièvre à l’annonce d’un nouveau spectacle. Certains n’hésitaient pas à traverser la France pour assister à une générale à Paris. Arlette Shenkan, Georges Feydeau Feydeau, témoin d’une fin de siècle Homme de théâtre dans le sens le plus large du terme, il avait produit soixante-trois pièces, mais tint aussi souvent à les mettre en scène et parfois même à y jouer. Ayant été, par sa naissance, placé aux premières loges, il a pu se montrer un observateur, un témoin et un complice de la société «fin de siècle», de cette prétendue Belle Époque où les rapports étaient acides, la méchanceté incroyable, où régnaient ces turpitudes qui ont valu à Paris une grande part de sa réputation sulfureuse, monde dont les feux devaient s’éteindre en 1914. Avec un réalisme cynique et quel mordant dans le regard ! il chercha à provoquer toutes les couches sociales, même celles dites « inférieures » : le monde des domestiques ne fut pas artificiellement isolé de celui des maîtres, et joua lui aussi un rôle essentiel dans l’action. En répartissant ainsi les rôles, il brisa délibérément les conventions dramatiques traditionnelles, qui séparaient verticalement la société pour la faire entrer soit dans les carcans nobles de la tragédie, soit dans ceux, vulgaires, de la comédie. Ce fut donc un tableau vivant de la Belle Époque qu’il brossa dans le menu détail, en donnant à voir des domestiques, des médecins, des assureurs, des tenanciers d’établissements, etc. Mais il s’acharna surtout sur la médiocrité sinon les absurdités des existences bourgeoises, ridiculisa leurs conventions. Dans ses décapantes peintures sociales, il épingla les travers humains, égratigna des individus qui, avançant vers leur destin, s’attardaient à croquer dans les morceaux charnus de la vie. Il montra, entre eux, les rapports de force, les abus de pouvoir, le rôle de l’argent, la toute-puissance de certaines corporations. Surtout, il souligna la difficulté qu’ont les hommes et les femmes à se comprendre, l’incommunicabilité entre les sexes, l’échec du couple et des relations humaines en général. Il dénonça la vanité et le cynisme des uns et des autres incapables de se comprendre, et, en particulier, la dérisoire volonté masculine de dominer. Il connaissait bien la syntaxe conjugale et l’art de bousculer les constructions matrimoniales pour que le spectateur ne sache plus qui est le sujet ou le complément de qui. Tous ses personnages, dans leur libertinage fringant, « se soutiennent dans le vice » en faisant mine de ne pas y goûter, rêvent d’effleurements privilégiés, sont émoustillés par le petit baiser à la dérobée. Pour encourager le choc des épidermes, il déploya la panoplie des alcôves : cachettes, placards, lits à bascule, qui permettent des rendez-vous galants et des embuscades qui laissent ces messieurs-dames dans de mauvais bras et de mauvais draps. Il ne se contenta pas de généralités et de lieux communs : il produisit une véritable analyse morale de son temps, notamment à travers la question encore délicate de l’amour et de la sexualité. Si l’amour est un des moteurs les plus communs de la comédie depuis sa naissance, et s’il a été exploité de fond en comble par Molière et Marivaux, Feydeau poussa l’audace jusqu’à faire de la sexualité elle-même un des principaux sujets de ses pièces, ou du moins l’explication la plus courante aux problèmes qui se posent pour les personnages ; il se fit un devoir de l’étudier avec plus de profondeur qu’aucun auteur de vaudeville avant lui et avec une lucidité comparable à celle de son contemporain, Freud. Pour lui, la sexualité, bien plus, en fait, que les sentiments, est à l’origine des principaux malentendus et quiproquos entre hommes et femmes. Il en fit un moteur essentiel de son cruel théâtre, la rendit présente dans la plupart de ses pièces dont les nœuds dramatiques se nouent autour d’elle, où elle fait rebondir l’action et en même temps le comique. dessin Honoré Daumier Ce comique est celui du vaudeville, genre qu’avait brillamment illustré avant lui, sous le Second Empire, Eugène Labiche, dont il fut assurément le rénovateur et qu’il a porté à son point de perfection. Le genre subissait la concurrence victorieuse de l’opérette après avoir abandonné les couplets chantés. Sans chercher à revenir sur le passé, il orienta le vaudeville dans une voie nouvelle. Quand on dit Feydeau, on pense habituellement à des histoires de maris trompés, avec cocottes jolies et vénales, amants dans le placard et autres clichés, le tout sentant la convention et le théâtre bourgeois. Mais il dessina plus fermement des personnages qui, même s’ils sont déjantés, s’ils nous donnent l’impression d’être fous, s’ils sont enfermés chacun dans son univers mental, ne sont pas des marionnettes, ne se résument pas à des archétypes : quelle que soit leur origine sociale, ils nous sont proches par leurs défauts, leurs manies ou leur cruauté. Ils ont une vérité et une profondeur telles que nous pouvons nous reconnaître en eux. Intrinsèquement sincères et vrais, ce sont des êtres du quotidien auxquels on s’attache même si l’on rit à leurs dépens. Une fois que la pièce est lancée, ils sont pris dans un mouvement vertigineux qui jamais ne se relâche, dans un enchaînement échevelé de situations cocasses, car il imprima à l’action un rythme accéléré, époustouflant, excita constamment l’intérêt par le recours méthodique aux situations hilarantes, aux événements inattendus et aux péripéties tumultueuses, aux impossibles imbroglios, aux apartés et aux clins d’œil au public, aux gags et aux traits d’esprit, aux répliques drôles ou cinglantes, aux quiproquos sidérants, au délirant ballet des portes qui claquent et aux folles entourloupettes, aux dédoublements et aux malentendus, aux rebondissements et aux coups de théâtre. Inénarrables, les intrigues abracadabrantes naissent d’un fait fortuit puis tricotent des chasséscroisés où on se quitte, on s’éprend, on s’époumone, on se jalouse, piquent dans une direction inattendue, secouant le spectateur jusqu’à ce qu’il en pouffe, conduisent vers un point où tout explose mais parviennent cependant à un dénouement plausible où, puisqu’on est dans la comédie, tout finit par se raccommoder, chacun retrouvant sa chacune. De ces véritables machines infernales, il enclenche l’engrenage et maîtrise les rouages, sans se laisser jamais dépasser ni entraîner. Elles fonctionnent de bout en bout sans défaillance, obéissant à la logique rigoureuse, à la précision terrible qu’exige le rire. À juste titre, on a dit que ses vaudevilles sont des mouvements d’horlogerie d’une précision indéfectible, que son théâtre est fondé sur ce que Sacha Guitry appellera son « pouvoir de faire rire infailliblement, mathématiquement ». On pourrait croire que, quand Bergson définit le rire comme « du mécanique plaqué sur du vivant », il pensait spécifiquement à Feydeau. L’effet d’une situation ou d’une réplique tient à la justesse du « timing » de chaque comédien. Un seul faux pas, en seul regard placé au mauvais moment, une répartie arrivant une seconde trop tard et c’est le flop. On passe à côté du rire. Et c’est bien la nécessité de cet ajustage délicat qui pousse tant de metteurs en scène d’aujourd’hui à monter ses pièces. À cela s’ajoute, dans une langue aisée, naturelle, limpide, un dialogue haletant, direct, précipité, où, comme des joueurs d’échecs qui prévoient le coup suivant, les personnages affûtent déjà la réplique suivante, encore plus cinglante, vraiment assassine ; un dialogue truffé de saillies et de mots d’auteur jetés comme autant de clins d’œil, le comique de Feydeau se pimentant d’une pointe d’ironie sinon de satire. Enfin, l’agencement du décor, la mise en scène, le jeu des comédiens concourent à l’effet de ces pièces sans prétention et très efficaces. Non content de soupeser chaque virgule de son texte, il le surchargeait d’indications de mise en scène particulièrement précises, chiffrées même, et ces didascalies nous font entrevoir un soin presque maniaque du détail : elles concernent tout autant les moindres gestes des interprètes que les détails du décor et même les astuces de mise en scène qui doivent, par exemple, permettre à l’acteur qui joue les sosies Chandebise et Poche de passer du costume de l’un à celui de l’autre en un clin d’œil, ou à un lit de pivoter. D’ailleurs, il mettait un point d’honneur à orchestrer lui-même la mise en scène de ses pièces et parfois à y jouer. Depuis cent ans, les bourgeois, pas si bêtes, viennent se divertir des pièces d’un bourgeois ridiculisant la bêtise des bourgeois. C’est l’intelligentsia, pas si intelligente, qui l’a dénigré pour cause de supposée légèreté, qui a résisté le plus longtemps à son inventive folie. Il fut le père spirituel de Sacha Guitry et de Jean-Michel Ribes, qui à leur tour, ont pris goût à retracer les frasques conjugales au théâtre, souvent dans des pièces en un acte. Bien qu’il n’y ait chez lui aucune affectation de gravité ou de profondeur, des intellectuels s’intéressant enfin à son théâtre ont cru pouvoir voir en lui l’un des précurseurs du théâtre de l’absurde et d’Ionesco, car, jusqu’à un certain point, c’est le langage qui chez lui devient l’objet du conflit entre les personnages. Le succès de ses reprises ratifie le jugement de l’un de ses pairs : « Il fut notre plus grand auteur comique après Molière. » André Durand, www.comptoirlitteraire.com citations de Feydeau... L’amant, c’est l’artiste de l’amour. Le mari n’en est que le rond-de-cuir. Moi, je trouve qu’on doit avoir les mêmes égards pour sa maîtresse que pour sa légitime. Par conséquent, je la trompe! Si les maris pouvaient laisser leurs femmes avoir un ou deux amants pour leur permettre de comparer, il y aurait beaucoup plus de femmes fidèles. N}¡ã¢~⁄ry‰n{vzn£r⁄¡qrS¡n{pr?nç£çv{£r¡}ryyçr£}ynpç r{tn¡qrÝ¥⁄r9zn¡qv9}|⁄¡qç£r{£v|{qrp|pnî{rˆn¥n{£ q‰é£¡ryvoç¡çr{({qrw|⁄¡{çrˆ9yrt¡|⁄}rn⁄qv|¥v¢⁄ry}⁄oyvp S¡n{praçyç¥v¢v|{¢nqçpvqçqr¢⁄¢}r{q¡r¢|{çzv¢¢v|{ ~⁄|£vqvr{{ræa|⁄£r⁄{ruv¢£|v¡r¦9}r{qn{£æ⁄{r}ç¡v|qr v{qç£r¡zv{çr¦;Vy¢‰ntv£9r§}yv~⁄rynqv¡rp£v|{qræ¡ç£noyv¡ yr¡n}}|¡£ç£uv~⁄r~⁄vq|v£¡çtv¡yr¢¡ryn£v|{¢r{£¡rS¡n{pr açyç¥v¢v|{¢r£¢|{}⁄oyvp¦;Wrn{:Y⁄pQryn¡⁄r9qã¢zn¡qv ¢|v¡9n¥nv£}¡ç¢r{£ç¢r¢r§p⁄¢r¢¢⁄¡V{£r¡{r£Ýpr⁄§~⁄‰vy n¥nv£}⁄æ|ssr{¢r¡|⁄qçpr¥|v¡¦; Y‰uô£ryqr¢¥r{£r¢Q¡|⁄|£npu|v¢vPur{⁄r9⁄{rr{: £¡r}¡v¢ruv¢£|¡v~⁄rs|{qçrr{>DC=¢}çpvnyv¢çrqn{¢ yny|tv¢£v~⁄rq‰˚⁄¥¡r¢q‰n¡£9p|zzr{|⁄¥rn⁄}¡r¢£n: £nv¡r}|⁄¡n¢¢⁄¡r¡ynzn{⁄£r{£v|{qr¢|owr£¢y|¡¢qr yr⁄¡zv¢rn⁄§r{puã¡r¢;®yn¢⁄v£rq‰⁄{r¥n¢£rnssnv¡r qrqç£|⁄¡{rzr{£q‰˚⁄¥¡r¢q‰n¡£¡ç¥çyçrr{qçprz: o¡r?==F9Q¡|⁄|£nqü¢r¢ç}n¡r¡qr¢|{}¡çpçqr{£ }¡r¢£n£nv¡r9y‰b{v|{qr¢p|zzv¢¢v|{{nv¡r¢qry‰uô£ry qr¢¥r{£r¢5bPUc69zv¢r{r§nzr{r{£n{£~⁄r}r¡: ¢|{{rz|¡nyrr{w⁄vyyr£; Y‰Ntr{prS¡n{pr:]¡r¢¢rqvss⁄¢rqr}⁄v¢uvr¡¢n}¡|q⁄p£v|{ ¥vqç|r{s|¡zn£un⁄£rqç({v£v|{5UQ69qr¥r{n{£yn}¡rzvã¡r ntr{prz|{qvnyrq‰v{s|¡zn£v|{Ý|ss¡v¡qrynUQn⁄§£çyç: ¥v¢v|{¢9¢v£r¢V{£r¡{r£r££noyr££r¢{⁄zç¡v~⁄r;Yr£|⁄¡{ntr r£ynqvss⁄¢v|{r{UQnqço⁄£çr{s¡n{ånv¢r£r{n{tynv¢; Pv{~n⁄£¡r¢yn{t⁄r¢5r¢}nt{|y9}|¡£⁄tnv¢9n¡nor9nyyrzn{q r£}|y|{nv¢6¢r¡|{£p|{pr¡{çr¢}n¡pr££rv{{|¥n£v|{qn{¢ yr¢}¡|punv{r¢¢rznv{r¢;]|⁄¡Rzzn{⁄ryU||t9]QTqr y‰NS]9prpun{trzr{£r¢£æynzn¡~⁄rq‰⁄{rss|¡£¢|⁄£r{⁄}|⁄¡ ¢‰nqn}£r¡n⁄§qr¡{vã¡r¢n¥n{pçr¢£rpu{|y|tv~⁄r¢q⁄zn¡puç¦; ]uvyv}}rNq¡vr{zr£r{¢på{r ynznpuv{rv{sr¡{nyrqrSr¤qrn⁄ Sã¡⁄qrXnsxn r£qr}¢¤pun{ny¤¢r9 ]uvyv}}rNq¡vr{ z|{£r æYrQv{q|{÷ ¢⁄¡yrz|qr q⁄pn⁄purzn¡ã¥rvyyã9 r{£¡r¡v¡rs¡n{p r£¡v¡rwn⁄{r YRQV[Q\[ qrSr¤qrn⁄ au玣¡rqrynarz}é£r9 ÝynPn¡£|⁄pur¡vr qrcv{pr{{r¢ ] mspacr_srcspfcspcsv* af_osclmstcjjcngšaccqr slclmstcjjcþr_ncqspj_ tmgcbskgcsv,„B_lqJc E_sjmgq*jcapgrgoscbp_k_rgosclc a_af_grn_qqml‘mlfcsp,A%þr_gr_s jclbck_glbs6dþtpgcp/674*hmsp bcj_'npckgšpc„bsBglbmlbcDcw+ bc_s*åN_pgq*_sRfþÌrpcbsN_j_gq+ Pmw_j,Acrrcapþ_rgmlamll_®rp_sl rpgmknfc8053pcnpþqclr_rgmlq Gjcqrtp_goscjck_®rpcbst_sbc+ tgjjcq%wcqrqspn_qqþ,Pcnpcl_lrå qmlamknrcjcqckngrcplcjrpgmbs k_pg*bcj_dckkccrbcj%_k_lr* gjjcpckmbšjc*jcbþamlqrpsgr*jc N[a\[VNO\ggV æ © Chantal Depagne / Palazon YrQv{q|{qrSr¤qrn⁄n⁄au玣¡rqrynarz}é£r9⁄{¥n⁄qr¥vyyrr{£¡r|{v¡v¢zrr£t¡|£r¢~⁄r; pcamlqrpsgr nmsp _‘msrgp å slc tþpgr_‘jc k_afglc gldcpl_jc, Dg bcj_rp_bgrgmllcjjca_jcÔmll_bc dp_lafmsgjj_pbc* þepgjj_pbc, Q%gj cqr‘gcloscqrgmlb%_bsjršpcq*acq bcplgcpq lc qc amlqmkkclr h_+ k_gq*cknmprþqn_pj_kþa_lgosc cvrp_mpbgl_gpcbcqgk‘pmejgmqosg qcqsp_hmsrclrcrq%clafctýrpclr _srmsplmlnjsqb%slqcsjamsnjc msrpgm*k_gqbcbcsv*rpmgq*tmgpc os_rpc” Acprcq* cl amlajsqgml* j_kmp_jccqrq_stc,Rmsrcqr‘gcl osg‹lgr‘gcl,K_gq_t_lroscb%w kclcp*jcafckglqcpþtšjca_safc+ k_pbcqosc, A%cqr ac n_pamspq þnpmst_lr* cddp_w_lr osc kcr hmwcsqckclr clkmstckclrNfgjgnnc?bpgcl* amlbsgq_lrjcns‘jgaclrpcmlgpgqkc crepmrcqosc*pgpcdp_lacrpgpch_slc os_lbqmsb_glqcpþtcgjjclrafcx jcqqncar_rcspq*clkýkcrcknq oscafcxjcqnpmr_emlgqrcq*nsj+ qgmlq*r_‘msq*dpsqrp_rgmlq” K_®rpcqb%slhcs_jjg_lrclslc rpms‘j_lrc_jafgkgcjcqpšejcqbc j%'_‘_rr_ec„bst_sbctgjjc&_rrcl+ rgmlålcn_qrpmn'qsphmscp„’cr acjjcqbcj%þtgbclrcqgknjgagrþ*jcq amkþbgclqpþtšjclr_tca‘pgmrmsrc j_n_prlmgpcbcjcspqncpqmll_ecq þemÝqrcq*kcqosglq*fwnmapgrcq*pg+ bgasjcq*crkýkckþaf_lrq,K_gq a%cqrq_lqh_k_gqjcqnpgtcpbcjcsp fsk_lgrþ,Gjqqmlr/0qcbþkcl_lr qspjcnj_rc_s*npgq_sngšecbcq_n+ n_pclacq*bcqnmprcqosgaj_osclr* bcqqmllcrrcqosgqmllclr*bcqeg+ ›cqosgqcbmllclr*bcqamsnqbc ngcbosgqcncpbclr”Rmsqqmlrå agrcp8CbbgcAfgel_p_&þrmll_lr k_pg'k_pafcsp„’*?jgvNmgqqml&q_ 'tgargkc„amoscrrc’*Ngcppc+?j_gl Af_nsgq&jck_pg‘mlfmkkcbc acrrcbcplgšpc’,JsacKmsafcj*A_+ pmjglc?ppms_q*N_rpgaiN_pmsv”cr* cl‹l*@cpl_bcrrcJcQ_afþoscj%ml pcrpmstc_tcasl‘mlfcspglbgag‘jc* bþjgagcsqc'qmspbc„npmtglag_jcosg npþdšpcjc‘_jjcråj%mnþp_ QVQVR_ZÄ_RbgR W⁄¢~⁄‰n⁄?A|p£|o¡r9Ý?=u@=; _R[‘;G=>;A@;?E;@C;@C; ÿ Re]YVPNaV\[ Yn¡ã{|¥n£v|{qrynznv¢|{a|⁄¡t⁄r{vr¥r¢£p|{£r¢£ãr}n¡⁄{rn¢¢|pvn£v|{ Yn}¡|}¡vç£çqr¢S¡é{r¢|}}|¢rqr}⁄v¢qr¢ z|v¢y‰N¢¢|pvn£v|{qr¢nzv¢qra|⁄¡t⁄r{vr¥ r£ynznv¡vrqrYnPryyr:‘nv{£:Py|⁄q5f¥ryv: {r¢69}¡|}¡vç£nv¡rq⁄¢v£r9ovr{~⁄rpry⁄v:pv ¢|v£¢v£⁄çÝO|⁄tv¥ny9ynp|zz⁄{r¥|v¢v{r~⁄v nn⁄¢¢v¢|{z|£Ýqv¡r;Pr¢v£rq‰r§pr}£v|{ p|z}¡r{q⁄{t¡n{q}n¡pqru⁄v£urp£n¡r¢9 ynznv¢|{qry‰çp¡v¥nv{¡⁄¢¢rr£yn¥vyynqr ynpn{£n£¡vpr]n⁄yv{rcvn¡q|£; ^⁄ryr¢£y‰|owr£q⁄p|{)v£L J%?qqmag_rgmlbcq_kgqbcRmspesclgct q%mnnmqc_snpmhcrbcpþlmt_rgmlbsqgrc glgrgþn_pj_amkkslc,Rpšq_rr_afþ_sv bcsv‘Ìrgkclrqcr_sn_pa*acepmsnckclr bcn_qqgmllþqešpcjcKsqþcRmspesclgct bcnsgq/761,?npšq_tmgpp_qqck‘jþslc amjjcargmlgknmpr_lrcbck_lsqapgrq*bc ncglrspcqcrb%m‘hcrq_srmspbcj_tgcbc j%þapgt_gl*cjjc_mstcpr_sns‘jgaacrrcbc+ kcspcbsVGVcqgšajc_sns‘jga, ^⁄r¡r}¡ç¢r{£r pr}¡|wr£qr¡r¢£n⁄¡n£v|{L Cl0../*J_Acjjc+Q_glr+Ajmsb_j_laþsl _nncjb%mddpcq_‹lbcpcqr_spcpjcn_pacrj_ Tgjj_Tg_pbmr,Cjjc_afmgqgbcaml‹cpacrrc kgqqgmlåslcdmlb_rgmllmkkþcTgjjccr N_rpgkmglc,Amknmqþcbcep_lbqepmsncq b%_qqsp_lac amkkc Eclcp_jg* ?ED* Jcq ?qqsp_lacqbsApþbgrksrscj*ackþašlc npgtþbmgrqgelcpsl‘_gjcknfwrþmrgoscbc tgler+aglo_lq_tcaj_k_gpgc,Acamlrp_rbc jma_rgmlqnþag‹oscjsgncpkcrrp_bcbgqnm+ qcpbcqjgcsvbck_lgšpcnjsqþrclbscos%sl jma_r_gpcmpbgl_gpc,Clþaf_lecb%sljmwcp qwk‘mjgosc*TgjjccrN_rpgkmglcq%cle_ec ånpclbpcclaf_pecjcdmlargmllckclrbs qgrccrj_pþlmt_rgmlbcj_npmnpgþrþnmspsl kmlr_lrbc/*3kgjjgmlb%cspmq, cl0..5bct_lrjcrpg‘sl_j_bkglgqrp_rgdbc Tcpq_gjjcq,Pcosýrcpchcrþc, Aj_qqþcn_rpgkmglcfgqrmpgosc*j_npmnpgþrþ bcqDpýlcql%þr_grjþe_jckclrn_qbgqnmqþcå _aascgjjgpbcqrp_t_sv,J_k_gpgcbc@msegt_j* n_pslcbþjg‘þp_rgmlbcdþtpgcp0..5*_ncp+ Une mise en scène exubérante et réjouissante. P|zzr{£n¡çntv kgqjcbþaj_qqckclrbcacn_pa,J_dmlb_rgml y‰n¢¢|pvn£v|{L Philippe Adrien emboite le pas au maître du _bmlansbþnmqcpslncpkgqbcamlqrpsgpc J%?qqmag_rgmlbcq_kgqbcRmspesclgct nmspj_pþf_‘gjgr_rgmlbcj_Tgjj_Tg_pbmr* vaudeville en portant un œil neuf sur son écriture. bctp_rp_grcp_tcaacrmpe_lgqkc,Cl0..1* j%ck‘cjjgqqckclrbsn_pacrj_amlqrpsargml b%sl‘Ìrgkclrnmspj%_aascgjbsns‘jga,J%_q+ qml‘_gjbcecqrgmlbsksqþc_þrþ_llsjþ Il ne lâche rien, ni sur la forme – le côté léger et n_pj_k_gpgc,Åj_nj_ac*j_dmlb_rgmlnpþ+ qmag_rgml_npþqclrþcl0..7slbcsvgškc fantasque de Feydeau, ni sur le fond – son tmgrslcamltclrgmlbckgqcåbgqnmqgrgml pcamspqclhsqrgacnmspq%mnnmqcpåacncpkgq bcj_k_gqml*pclmstcj_‘jcrmsqjcqaglo bcamlqrpsgpc*_aacnrþn_pj_k_gpgcbc@ms+ interrogation sincère sur le fonctionnement de _lq,Nmspj%_qqmag_rgml*aclmstcj_aampb egt_j,Cjjc_þrþbclmstc_sbþ‘msrþc,Bcp+ l’homme et de la femme, ces étranges animaux. Et kcl_acqmlcvgqrclac,Cjjcbþlmlacbcq lgšpckclr*j%_qqmag_rgml_kmlrþslbmqqgcp nmqqg‘gjgrþqbcpþqgjg_rgmlrpmnqs‘hcargtcq _‹lbcbctclgpKsqþcbcDp_lac,Acqr_rsr tout le génie de Feydeau, et de cette mise en a_p'cldmlargmlbsnpmep_kkcbcbþtcjmn+ jsgncpkcrrp_grbcbctclgpglbþnclb_lrc, nckclr„bsksqþc,Cjjc_cle_eþslpcamspq scène, c’est de nous faireOR[\Éa_R[NbQV[ rire de nos éternels questionnements sur le désir et l’amour, sur la confusion entre nos sentiments et nos pulsions. La mise en scène alerte, drôle et rythmée, laisse entendre clairement le texte. Le directeur de la Tempête fait mouche avec ce Dindon, il réussit à photographier l’intelligence et la puissance de cet imbroglio délirant. Les 12 acteurs sont excellents, notamment la comédienne Alix Poisson. Elle incarne Lucienne Vatelin dans une scène hilarante du dernier acte, avec le bien nommé Rédillon, joué par Guillaume Marquet, son amant de cœur, épatant lui aussi. Claire Baudéan Page 1 Tous droits de reproduction réservés © photo Benoîte FANTON TEMPETE-CARTOUCHERIE Le Dindon De Georges Feydeau, mise en scène Philippe Adrien, La Tempête, jusqu’au 24 octobre. Tél. : 01 43 28 36 36 L es grands esprits traitèrent longtemps le vaudeville par le mépris, considérant que si les gens de peu y trouvaient du bonheur, c’est qu’il fallait prendre la chose avec des pincettes. Et c’est comme ça que Feydeau fut souvent considéré comme un morceau de second choix. Or, le grand Georges est le roi de la farce, du quiproquo, de l’absurde et de l’humour. Tout le plaisir est pour nous On sort halluciné du Dindon de Feydeau mis en scène par Philippe Adrien. Depuis longtemps, qu’il traque Kafka, Gombrowicz ou Wltkiewicz, le patron du Théâtre de la Tempête est hanté par nos inconscients, les cauchemars qu’ils provoquent, les fantômes qu’ils font naître et renaître. D’ordinaire du côté noir de ces forces obscures, voilà qu’il en choisit la face grotesque en passant Le Dindon au tamis impitoyable des situations imaginées par un auteur joueur et suicidaire, qui semble construire et déconstruire en permanence sa pièce pour mieux la mettre à l’épreuve du pire et en sortir vainqueur. C’est à l’écriture même du texte, et des impasses que Feydeau se donne à surmonter, que nous fait assister la mise en scène virtuose de Philippe Adrien, aidé par une troupe où tous excellent d’humour, d’originalité, de vérité (mentions spéciales a PierreAlain Chapuis, Eddie Chignara, Luce Mouchel). A travers des reparties ravageuses droit sorties des conversations ordinaires, c’est de banales histoires d’adultère qu’il est, comme d’habitude, question ici. Deux épouses se liguent pour se venger d’époux finalement incapables de les tromper tout à fait ; d’imbroglios en quiproquos, de mensonges en coups de théâtre, la sarabande du désir empêché se fait hilarante sous sa noirceur. Obsessions, fantasmes et frustrations se déchaînent dans une mécanique folle qui se joue d’elle-même jusqu’à l’absurde. Philippe Adrien utilise tous les ressorts du théâtre pour incarner la joute de Feydeau avec nos pulsions et nos cruautés ordinaires. Et les personnages, exaspérés par leur impuissance à être dans ce maelström ingouvernable, deviennent des créatures vidées d’elles-mêmes aussi comiques que tragiques. Via les corps en folie, Feydeau réussit comme personne à joindre les styles. Un maître. Magistralement servi ici. *** Le Dindon, de Georges Feydeau, mise en scène Philippe Adrien, jusqu’au 24 octobre au Théâtre de la Tempête, Cartoucherie, Paris 12e. Tél. : 01-43-28-36-36. © Chantal Depagne / Palazon THÉÂTRE La chronique de Fabienne Pascaud Date : 03.10.2010 Pays : FRANCE Une farce réjouissante. Edition : 1ère Edition Dans le Dindon tout n’est que bonheur du texte et pertinence de la situation. A priori rien de très sérieux puisqu’il s’agit d’une histoire de cocufiage généralisé comme il en existe depuis la grotte de Lascaux. Mais Feydeau a le don de brosser des portraits qui en disent plus long que bien des discours sur la quête de l’amour, la pesanteur des préjugés, la petitesse du machisme, et l’art de faire sauter les barrières culturelles, dans un match où les femmes l’emportent Page(s) : 6 par KO. n Jack Dion © photo Chantal Depagne / Palazon Suppl. : Paris Ile de France Rubrique : VOTRE SAMEDI © Chantal Depagne / Palazon / N°181 / octobre 2010 / la terrasse la terrasse / septembre 2010 / N°180 / n° 181 • s oM Ma i r e L a T e r r a s s e s u r I pa d e t I p h o n e Suprême volaille critique ¶ le dindon théâtre / cirque toUteS noS cRitiqUeS… P. 3-34 Le Dindon au mieux de sa forme. Avec une formidable équipe de comédiens, Philippe Adrien réussit brillamment la ronde délirante critique qui n’en P. 3 font qu’à ès lesla représentation premièresde secondes dudes désirs des contrariés. majordomes L’homme-orchestre Vladimir Pankov transforme La Noce de tchekhov en cabaret onirique. spectacle, on sait que Philippe leur tête… : la « lecture » limpide entretien P. 6 Adrien ce « laDindon » par de Philippe Adrien permet Stéphane olivié Bisson tient met en scène première version de Caligula de camus. Propos recueillis P. 6 de ne jaleLipszyc bon plonge bout.auL’entrée tourbillonnante mais fil,la de Serge cœur d’Oncle Vania de tchekhov au plus près perdre du texte…le et de vie. saisir toutes les entretien 7 des comédiens dans le beau décor- subtilités des dialogues P.hilarants et Jean-Pierre Vincent acteurs (scénographe de bonne foi de Marivaux, manège demonte JeanLesHaas absurdes. une œuvre qui l’accompagne depuis ses débuts. critique très sollicité en cette rentrée) donne Le metteur en scèneP. 9trouve réDans Le Mardi à Monoprix, Michel Didym dirige avec une justesse rare l’éblouissant la température durôlespectacle : élevée, ducteur Jean-claude Dreyfus dans le de la transsexuelle Marie-Pierre. critique et convenu qu’on P. 14 compare parfaitement en accord la verve à travers l’oeuvre de Feydeau à de « l’horloMarie Montegani questionne les rapportsavec hommes/femmes Les Femmes savantes. Propos recueillis de Feydeau. Il y a dans ces gerie », à moins qu’il neP. 14 assassine s’agisse de Annepremières Bisang s’empareimages de Salomé,un pièce mélange fulgurante et poétique d’oscar Wilde.impossibles, entretien P. 15 de montres inventées par Marcfarce Sussi donne à Dom Juan une insolence juvénile et met en jeu le théâtre et de grotesque, de comédie et un savant fou. Rigueur et folie se de son éternelle cavale désirante. critique P. 16 de cauchemar, qui déclenche immé- conjuguent dans ce spectacle choréLa Tempête… de Georges Lavaudant. Un rêve de théâtre au centre duquel André Marcon diatement le magistrale. rire - mais un rire étran- graphié, qui s’appuie surP. 17 une troupe compose une partition critique folle à la esthétisante Buster etde comédiens Luc glé. Bondy Une proposepoursuite une lecture chorégraphique, formaliste des Chaisesvirtuoses, en apesanqui tire ionesco du côtéportes de Beckett et dilue d’autant la force du teur. texte. critique P. 23 noyé, les Keaton, des fantômes qui tourLe texte n’est jamais Gilles Bouillon met scène Cyrano de Bergerac avec 17 comédiens. 29 noient, unenbout de canne menaçant gags entretien visuels viennent en P.complément Le Géant de Kaillass. Gros plan P. 35 qui surgit… et hop, le futur dindon des bons mots de Feydeau, irrésisticaroline Mounier met en scène un texte de Gianina carbunariu : Stop the tempo de ladufarce introduit dans l’inté- blement actuels. Le rythme au théâtre nord às’est Lille. Gros plan P. 35 infernal rieur actoral.10 bourgeois. Le Gros pariplan du metteur de la pièce, qui nous trimbale Le Festival à Marseille. P. 38 d’un apscène directeur dudethéâtre partement cossu de la rue de La TréAlainen Françon crée(et quatre courtes pièces Feydeau aude théâtre national de Strasbourg. Groslaplan 38 respecté Tempête) sera tenu durant toute la moille à un hôtel borgneP.est Le metteur en scène russe: nikolaï présente sa version d’Hamlet aux Ateliers représentation « Ne Kolyada rien céder ni sur la quasiment de Berthier. bout en bout - marGros plan P. 40 gravité et la profondeur de la pensée [de quant quelques signes d’essouflement Roland Auzet a commandé un texte à Fabrice Melquiot et met en scène dans les scènes « anglaises » Feydeau], ni sur sa légèreté et l’allégresse deux femmes victimes de la violence d’un homme aux célestins de Lyon. Gros plan P. 40 (les jeux sur les fautes d’accent n’étant de son style. Festival Automne en »normandie, cap à l’est. Gros plan P. 41 pas les plus drôles du vaudeville). SéLection, SUite… P. 36-44 D Le DinDon au mieux De sa forme. avec une formiDabLe équipe De coméDiens, phiLippe aDrien réussit briLLamment La représentation De La ronDe DéLirante Des Désirs contrariés. un régaL ! Mariages, adultères, désirs, pièges… Ce Dindon astucieuse et surréaliste envoie valser (au sens que l’on réduit parfois à un vaudeville effréné va beaucoup plus loin que l’on croit : il s’aven- propre !) dès le début les codes du vaudeville et installe une ambiance dédalesque de chaos, où les portes bougent et comme chez Lewis Carroll font craindre de grands bouleversements… ou déclenchent le rire. Les comédiens assurent au millimètre et semblent prendre possession avec délice de leurs personnages, qui ne ressemblent en rien à des figures archétypales - ils sont bien trop vivants et trop délirants pour cela. Ici la danse rituelle du haka devient parade amoureuse, et un rendez-vous galant clandestin se pare d’une tonalité fantastique et onirique. Désirs battus en brèche tous forment un bel accord pas tempéré du tout et savamment désaccordé, les désirs des uns étant sans cesse contrariés et battus en brèche par les désirs des autres, et cette déréglementation foudroyante introduit une irrationalité générale dans les demeures bourgeoises. un vrai régal ! tout commence par l’irruption du coureur de jupons pontagnac (eddie Chignara) chez Lucienne (alix poisson), qu’il a suivie sans Sauce relevée Les passages fantastiques sont particulièrement réussis - telles l’apparilièrement épicée, qui demande la cuis- tion du Provençal en lapin de Lewis Les Rêves dansants. Sur les pas de Pina Bausch. Kontakthof renaît d’un grand chef. Deux femmes Carroll ou la scène de sexe avecson une quarantaine d’adolescents P. 50déchaînée et « Gros stromboscopique » 50entre Rétrompées parde leur marià ladécident Rencontres de danses la toussaint MJc-théâtrede de colombes. plan P. Je suis de Gaspard avec Yalda Younes- etau sous dillon, le regard d’israel Galvan le célibataire, et saP. 50 copine Arse venue venger avecDelanoë, le premier venu Programme la Maison du Japon P. 51 choix :Hiroaki un Umeda jeuneà célibataire immature mandine. Salves Maguy Marin : les comment donner du sens à notre histoire P. 52 Au-delà du rire et de l’ivresse, Phiquide fréquente prostituées et hante Nos le Solitudes nioche questionne rapportledunocorps àlippe la gravitéAdrien met savamment P. 54 en lufoyerdedeJulie la première ; oulebien La Petite Jean-claude Gallottafemmes et Marie Potonet P. 54 la sexualité ceurSirène qui desuit les jeunes dans mière la satire très crue de SéLection, SUite… P. 50-56 parila rue, mari de la seconde… Feydeau frénétique des bons bourgeois relève la sauce, classi que opéraen jetant dans sa mar- siens et surtout le côté presque fémi/ mite cannibale une amante anglaise niste de la pièce : les femmes triomLes hystérique 20 ans de la série Grandes voixhomme d’af- phent à la fin, mettant P. au56 pas leurs etLesson mari Le chef russeprovençal Gennady Rozhdestvensky le cadre du cycle maris-amants, « Lénine, Staline et la musique » P. 57 trompés, trompeurs faires - tous dans deux chamPaavo Järvi imprime sa marque à l’orchestre de Paris P. 58 dindons hommes-objets ou animaux, pions de boxe -, une fille ultrafacile Pierre-Laurent Aimard, Alfred Brendel, poète 59 d’une farce où ils ont P.laissé toutes et godiche aupianiste, grandetcoeur, un groom Andreas Staier ettrès christine Schornsheim, rencontre autour d’unleurs pianoforte P. 61 plumes. pubère énervé, un commissaire claudio Abbado en complicité avec l’orchestre du Festival de Lucerne P. 62 en mal de flagrants délits d’adultère, PHILIPPE CHEVILLEY danse « Le Dindon » est une pièce particu- Vladimir Ashkenazy dirige Rachmaninov emmanuelle Haïm dirige Orlando de Haendel au théâtre des champs-élysées. entretien Les amants fous : le nouveau projet de la correspondances compagnie d’orianne Moretti Deux Otello en version de concert au tce, celui de Verdi dirigé par Daniel Harding puis celui de Rossini dirigé par evelino Pidò SéLection, SUite… P. 63 P. 69 P. 69 P. 69 P. 56-70 musiques : jazz / musiques du monde / chanson terr © Antonia Bozzi savoir que son mari, Vatelin (pierre-alain Chapuis) est un de ses amis. pontagnac est l’époux de Clotilde (Luce Mouchel), Vatelin a une ex qui Alix Poisson et Guillaume Marquet (Lucienne Vatelin et Rédillon) : une belle maîtrise des cœurs et des corps… le poursuit, Maggy (Caroline arrouas), elle-même épouse de soldignac, l’anglais de Marseille (Joe shéridan). et le grandiose rédillon (Guillaume Marquet), célibataire généralement plein de vigueur (sauf en cas de panne), prend le statut ture dans les méandres de la folie, restituée d’objet sexuel et d’instrument de vengeance pour les dames. Car une fois n’est pas coutume, les femmes dominent ici les hommes et avec une précision implacable et affolante, il déjoue sans cesse le réel, truffé d’erreurs, de quiproquos, de malentendus et de simulations, remettent en place les préjugés. tout ça est un bon début, qui va bien sûr se corser considérablement lorsque l’action se déplace dans un le tout orchestré par une langue vive, brusque, drôle, tranchante. Même si tout cela ne peut se concrétiser et se constater que sur scène, et bien sûr en aucun cas à la lecture. Bref, ce Dindon, c’est une sacrée prise de risque pour un metteur en scène ! Il faut assurer pour ne pas se faire piéger. philippe adrien a osé, et il réussit brillamment ! Le spectacle reste dans la rétine, car il constitue une représentation remarquablement maîtrisée de la métamorphose d’une vie apparemment routinière en un délire cauchemardesque, et déploie un théâtre total mobilisant à fond les corps, le jeu, l’espace, le son. La langue bondit d’un personnage à un autre comme un animal bondit sur sa proie. La scénographie très hôtel (inénarrable couple pinchard)… L’homme est ainsi fait, son cerveau n’a pas de limites lorsqu’il devient la proie de ses délires, la vie est toujours compliquée, dans cette pièce la complexité atteint des sommets et on en rit ! Le théâtre ici précisément parvient à représenter ce délire si humain, à la fois très concret et ouvrant d’insondables failles psychiques. Agnès Santi Le Dindon, de Georges Feydeau, mise en scène Philippe Adrien, du 10 septembre au 24 octobre, du mardi au samedi à 20h30 sauf jeudi à 19h30, dimanche à 16h, au Théâtre de La Tempête, Cartoucherie, 75012 Paris. Tél. 01 43 28 36 36. Patrice caratini en double résidence parisienne P. 71 Paris Jazz club Festivals, première édition du festival des clubs de jazz P. 72 Renaud García-Fons et son nouvel album « Méditerranées » P. 72 Deux oiseaux rares au Duc : la suédoise Susi Hyldgaard et la coréenne Youn Sun nah P. 73 « Bleu indigo », du jazz au Musée du quai Branly P. 73 Mccoy tyner, légende du jazz en quartet P. 73 Hors-série Mars/avriL 2011 Le festival «Sons neufs » se tourne vers les instruments rares du jazz P. 74 tzigane imaginaire : une fête avec les roms P. 76 Par Nedjma Van Egmond Ballaké cissoko-Vincent Ségal, musique de chambre pour kora et violoncelle P. 76 cycle « Sénégal » à la cité de la Musique P. 77 queLLes ForMations Pour queLLes Joao Bosco, grande voix du Brésil P. 77 PersPectives d’eMPLoi ? Goran Bregovic présente « Margot, mémoires d'une reine » P. 78 éric Lareine et leurs enfants, nicolas Jules à ivry P. 78 ForMations Chausse-trappes, quiproquos, syncopes, alternance rapide de décors... Complexe, Le Dindon ? Subtil ! LaqueLLes mécanique comique, doublée ici d’une noirceur étonAndré Stochetti, oVni « Flûturiste » P. 78 Pour société ? ! Il saisit ce Dindon SéLection, 70-78 dans la version qu’en livre Philippe nante,SUite… nécessite une rigueur implacable. Quelle jeunesse, quelle P. vivacité Adrien queLLe - à 70 ans, un jeune homme ForMations artistiques Théâtre Le dindon, le rire et l’angoisse diFFusion : 100Dans 000 un ex.décor noir, superbe (Jean à bras-le-corps et le projette, dès la première seconde, dans un univers sombre à souhait, façon film muet empreint d’angoisse. focus : 01 53 02sur06tournette, 60 Haas), et dans la pénombre, Lucienne Vatelin tente d’échapper à son assaillant, Pontagnac, ce qui leur vaut contact une course-poursuite avec musique obsédante etnational portes claquent. suite mêlera farce et cauchemar, rire franc et rire grinçant, [email protected] vaudeville pur. On est vraiment hilare aux premier La criée - théâtre de qui Marseille : une ligneBrillant. audacieuseLa et généreuse P. 10-11 nouveau théâtre - centre national Besançon et de permanent. Franche-comté : Portes qui claquent, corps qui se bousculent, sonnettes indomptables et hurlements, tout réjouit, et surtout et dernier actes,dramatique modèles de de mouvement la création en partage P. 18-19 les comédiens. Grande carcasse brune, regard noir écarquillé, mine impayable, Eddie Chignara - déjà épatant dans Le Roi nu - est désopilant en mari trompeur, La comédie de l’est : pour un théâtre de création et d’intérêt public P. 24-25 coq devenu dindon. Alix Poisson, qu’on a aimée dans des registres plus sombres, révèle ici un vrai talent comique. Sa scène de femme bafouée transformée en La comédie de Béthune : effervescence créatrice P. 32-33 maîtresse dominatrice est irrésistible. puis contemporaines Guillaume MarquetP. 36-37 (Redillon), Juliette Poissonnier (Armandine, cocotte attachante), Patrick Paroux (formidable en L’onde à Vélizy : découvrir toute la diversité des expressions Et artistiques Chers amis, seules sont annotées par le sigle défini ci-contre ee théâtre de l’ouest Parisien : créativité et éclectisme P. 43 nous conduisent vers un savoureux renversement des rôles où ces dames finissent par l’emsergent-major retraité tout autant qu’en valet attentif). Tous ensemble théâtre des Gémeaux à Sceaux : excellence, exigence et… plaisir ! P. 45-49 les pièces auxquelles nous avons assisté. Mais pour que votre panorama du mois soit plus complet, porter, femmes-objets devenues sujets et maîtresses de leur destin. signalétique centre de Musique Baroque de Versailles : recherche et valorisation du patrimoine Andy emler : compositeur et leader transversal P. 64-65 P. 75 critique nous ajoutons aussi des chroniques, portraits, entretiens, articles sur des manifestations que nous n’avons pas encore vues mais qui nous paraissent intéressantes.