Le Dindon
dossier pédagogique
© photo Antonia Bozzi
Le Dindon
de Georges Feydeau
mise en scène Philippe Adrien
avec
Vladimir Ant
Caroline Arrouas
en alternance avec
Mila Savic
Pierre-Alain Chapuis
en alternance avec
Pierre Diot
Eddie Chignara
Bernadette Le Saché
Pierre Lefebvre
Guillaume Marquet
en alternance avec
Hubert Benhamdine
Luce Mouchel
en alternance avec
Florenceller
Patrick Paroux
en alternance avec
François Raenaud
Alix Poisson
en alternance avec
Valérie Blanchon
Juliette Poissonnier
Joe Sheridan
en alternance avec
Dominique Gould
décor : Jean Haas
lumières : Pascal Sautelet
assisté de Maëlle Payonne
musique et son : Stéphanie Gibert
costumes : Hanna Sjödin
assistée de Camille Lamy
maquillages : Cornelia Quehenberger
mouvement : Sophie Mayer
collaboration artistique : Clément Poirée
direction technique : Martine Belloc
gie son : Ivan Paulik
habillage : Emilie Lechevalier
administration : Marie-Noëlle Boyer,
Guillaume Moog, Lola Lucas
et Huguette Kingué
Production ARRT/Philippe Adrien, compagnie subventionnée par le ministère de la Culture et la Ville de Paris,
avec la participation artistique du Jeune Théâtre National et le soutien de l’Adami, en coréalisation avec le Théâtre de la Tempête.
© photo Chantal Depagne-Palazon
4 nominations aux Molières 2011
Production : ARRT /Philippe Adrien
– compagnie subventionnée
par le ministère de la Culture et
la Ville de Paris, avec la participation
artistique du Jeune Théâtre national et
le soutien de l’Adami, en coréalisation
avec le Théâtre de la Tempête.
Administration et diffusion :
Marie-Noëlle Boyer,
Guillaume Moog et Lola Lucas
ARRT /Philippe Adrien, Cartoucherie
route du Champ de Manœuvre,
75012 Paris
- tél. 01 43 65 66 54
- www.arrt.fr
- arrt@la-tempete.fr
Renseignements et réservations :
Théâtre de la Tempête
- tél. 01 43 28 36 36
- billetterie en ligne :
www.la-tempete.fr
- relations avec le public :
Anne Delaunay
Presse :
Pascal Zelcer
- tél. 06 60 41 24 55
- pzelcer@wanadoo.fr
8 Reprise
au Théâtre de la Tempête
du 14 septembre
au 23 octobre 2011
8 Tournée
du 4 janvier au 9 juin 2012
« Vous savez ce que c’est ! ... un beau jour, on se rencontre chez le Maire…
on ne sait comment, par la force des choses… Il vous fait des questions…
on répond « oui » comme ça, parce qu’il y a du monde, puis quand tout
le monde est parti, on s’aperçoit qu’on est marié. C’est pour la vie. »
Pontagnac dans Le Dindon, Acte I, scène 2
Il faut vraiment être dinde pour se farcir un tel dindon ! Pourquoi donc être
fidèle quand l’autre ne l’est pas ? Anciens amants, nouveaux soupirants,
épouses outragées, ex-maîtresses, débarquent inopinément chez Vatelin,
le mari de la vertueuse Lucienne, elle-même en proie aux assiduités du
maladroit Rédillon et de l’infatué Pontagnac ! Et quand, en plus, deux
épouses se liguent pour se venger d’époux incapables de les tromper
tout à fait, les situations, plus rocambolesques les unes que les autres,
s’enchaînent ! Mais Le Dindon de Georges Feydeau est bien plus qu’un
simple vaudeville, il s’aventure dans les méandres de la folie, restituée avec
une précision implacable et affolante, il déjoue sans cesse le réel, truffé
d’erreurs, de quiproquos et de simulation, le tout tenu par une langue vive,
acerbe, ingénieuse et tranchante.
Alors, qui trompe qui ? Qui sera le dindon de la farce ? Lequel de tous ces
coqs remportera le combat de la basse-cour ? On assiste à un jubilatoire
renversement des rôles : les mâles sont ici de purs objets sexuels que les
femmes utilisent pour se venger. En tout cas, s’il en est un qui est fidèle,
c’est Feydeau… Fidèle à l’infidélité ! Philippe Adrien nous prouve que le
rire ne lui fait pas peur, il enchaîne les actes dans un tourbillon, laissant à
peine le temps aux spectateurs de reprendre leur souffle. Rien d’étonnant
à ce que ce spectacle ait été nommé quatre fois pour les Molières car il
faut dire aussi que le directeur du Théâtre de la Tempête a magistralement
réussi sa distribution, tant c’est un régal de les voir faire leur métier avec
grand art !
Hervé Pons
de Georges Feydeau
mise en scène Philippe Adrien
avec
Vladimir Ant
Caroline Arrouas en alternance avec Mila Savic
Pierre-Alain Chapuis en alternance avec Pierre Diot
Eddie Chignara
Bernadette Le Saché
Pierre Lefebvre
Guillaume Marquet en alternance avec Hubert Benhamdine
Luce Mouchel en alternance avec Florence Müller
Patrick Paroux en alternance avec François Raffenaud
Alix Poisson en alternance avec Valérie Blanchon
Juliette Poissonnier
Joe Sheridan en alternance avec Dominic Gould.
Le Dindon
décor Jean Haas
lumières Pascal Sautelet
assisté de Maëlle Payonne
costumes Hanna Sjödin
assistée de Camille Lamy
musique et son Stéphanie Gibert
maquillages Cornelia Quehenberger
mouvement Sophie Mayer
collaboration artistique Clément Poirée
direction technique Martine Belloc
habillage Emilie Lechevalier.
MOLIÈRE DU THÉÂTRE PUBLIC
Philippe Adrien
MOLIÈRE DU METTEUR EN SCÈNE
Philippe Adrien
MOLIÈRE DU JEUNE TALENT MASCULIN
Guillaume Marquet (lauréat)
MOLIÈRE DU DÉCORATEUR
Jean Haas
nominations aux Molières
Un démiurge farceur
Concours d’entrée au Conservatoire, 10 heures du
matin, un jury de professionnels éminents… Entre
un candidat, il a travaillé quatre scènes : en moderne
Koltès et Sartre, en classique Corneille et… suspense…
Imaginez la perspective : ils sont trente, soit une
soixantaine de scènes à visionner d’ici 17 heures…
Une question : comment tenir ?… « Et votre quatrième
scène, alors ? » Un nom en sept lettres qui aussitôt se
mettent à danser sous les yeux du président de jury : y
f e a e u d… pour finalement se ranger comme à la
parade : Feydeau ! Et tout le monde se dit : « Alléluia !
Le voici, c’est lui, le sauveur, notre sauveur, mais oui,
Feydeau, Georges Feydeau ! » Mine de rien, mais
avec un petit friselis de sourire discrètement adressé
aux collègues : « Eh bien, passez-nous donc votre
Feydeau ! » Et voilà une journée de probable galère
soudain transfigurée par l’espoir d’un rire ! Comme
dit Rédillon - ça c’est justement dans Le Dindon - :
« Ce que je m’amuse ! Ce que je m’amuse ! » Le moins
marrant n’étant pas que notre petit couple de jeunes
comédiens s’étant lancé à l’eau avec entrain, ça fait
déjà une bonne minute que ça dure, mais nom d’un
chien, nous les jurés, nous n’avons pas ri une seule
fois ! C’est pourtant lui, Feydeau, au sujet de qui on
fixe la barre à un éclat de rire toutes les cinq secondes,
loi incontournable du vaudeville ? ! Beau et noble pari
certes, mais en l’occurrence, évidemment raté ! « C’est
que Feydeau, vous savez, jeune homme, c’est très,
très difficile ! » Comme si je n’étais pas au courant :
vous voyez une autre raison de se dérober depuis si
longtemps à une furieuse envie de mettre en scène
son théâtre ?
Quel défi en effet, ce théâtre à la fois si singulier
et si parfait ! Oui, ce qui est renversant dans l’écriture
de Feydeau, c’est son exactitude. Sur un acte entier
de quiproquos, syncopes, aléas et atermoiements
aussi affolants qu’imparables, les dialogues comme
les situations, jusque dans leurs aspects concrets,
nous paraissent toujours ordonnés à la perfection.
J’entends d’ici le commentaire habituel : « Une véri-
table horlogerie ! » Pardon monsieur, mais il n’y a
rien de plus chiant qu’une montre ! Ce qui de temps
en temps me fait dire que mettre en scène consiste
aussi bien à mettre en désordre qu’en ordre songeant
à ces mathématiciens qui par exemple s’échinent à
calculer le fonctionnement des catastrophes… Voilà,
Feydeau est de ceux-là, un savant en matière d’em-
barras, bousculades, tournis, chutes, ratages et autres
« catas » auxquels le genre humain est par définition
exposé. « Mais vous pouvez me dire d’où ça vient,
toutes ces bêtises ? » Pardon ma petite dame, vous
avez déjà vu un chat se prendre les pieds dans le tapis ?
Non, non, glisser sur les peaux de banane est réservé
aux animaux qui parlent et par voie de conséquence
croient vivre pour d’autres raisons que se reproduire.
Touchés par le divin, ils veulent, n’est-ce pas, vivre
pour aimer ! C’est alors que les vrais ennuis commen-
cent dans l’imbroglio entre âme et corps, amour et
désir, soit précisément ce à quoi sont confrontés les
personnages, disons même les créatures de Feydeau
en qui je verrais volontiers un démiurge farceur. Eh
bien, chère grande amie, mon projet pour Le Dindon,
notre projet est d’emboîter le pas à Feydeau et de ne
céder ni sur la gravité et la profondeur de sa pensée,
ni sur la légèreté et l’allégresse de son style.
Philippe Adrien, juin 2010
Il n’y a pas un drame humain qui n’offre
quelques aspects très gais.
L’amour, ça demande le plein feu. Ce n’est
pas une chose qu’on entretient au bain-marie.
L’homme est fait pour la femme. La femme
est faite pour l’homme... surtout en province,
où il n’y a pas de distraction.
citations de Feydeau...
dessin Honoré Daumier
Le vaudeville est-il mort ?
Quelle plaisanterie ! Mort le vaudeville ? Mort le
mélodrame ? Ah ! çà ! donneriez-vous dans les idées
de ce petit cénacle de jeunes auteurs qui, pour essayer
de tuer ces genres florissants qui le gênent, n’a trouvé
d’autre moyen que de décréter tout simplement qu’ils
étaient morts ! Mais voyons, mon cher ami, s’ils étaient
morts, est-ce qu’on se donnerait tant de peine pour
le crier à tous les échos ? Quand une chose n’est plus,
éprouve-t-on le besoin d’en parler ?
Enfin, si le vaudeville et le mélodrame étaient
morts, est-ce qu’on les jouerait quatre ou cinq cents
fois de suite, quand à succès égal, une comédie, genre
dit supérieur” (comme s’il y avait une classification
des genres !), se joue péniblement cent fois ? Com-
ment expliquer cette durée tout à l’avantage du genre
défunt ? Peut-être par le dicton « Quand on est mort,
c’est pour longtemps ! » À ce compte-là, vive la mort !
Non, la vérité, c’est qu’il y a vaudeville et
vaudeville, mélodrame et mélodrame, comme il y a
comédie et comédie. Quand un vaudeville est bien
fait, logique, logique surtout, qu’il s’enchaîne bien,
qu’il contient de l’observation, que ses personnages
ne sont pas uniquement des fantoches, que l’action
est intéressante et les situations amusantes, il réussit.
[...] Que dire alors de ces présomptueux, tout
imbus de la supériorité qu’ils s’accordent, qui déclarent
avec un superbe dédain que le vaudeville et le mélo-
drame ne sont « ni de la littérature ni du théâtre ? »
« Pas de la littérature », soit ! La littérature étant l’an-
tithèse du théâtre : le théâtre, c’est l’image de la vie
et dans la vie on ne parle pas en littérature ; donc le
seul fait de faire parler ses personnages littérairement
suffit à les figer et à les rendre inexistants. Mais « pas
du théâtre », halte-là ! Il ne suffit pas, monsieur, que
vous en décidiez pour que cela soit ! Le théâtre, avant
tout, c’est le développement d’une action, et l’action
c’est la base même du vaudeville et du mélodrame. Je
sais bien qu’aujourd’hui la tendance serait de faire du
théâtre une chaire ; mais du moment qu’il devient une
chaire, c’est le théâtre alors qui n’est plus du théâtre.
Georges Feydeau,
Le Vaudeville est-il mort?, Paris, 1905
Une leçon de vaudeville
Lorsque je suis devant mon papier et dans le feu du
travail, je n’analyse pas mes héros, je les regarde agir,
je les entends parler ; ils s’objectivent en quelque
manière, ils sont pour moi des êtres concrets ; leur
image se fixe dans ma mémoire, et non seulement leur
silhouette, mais le souvenir du moment ils sont
arrivés en scène, et de la porte qui leur a donné accès.
Je possède une pièce, comme un joueur d’échecs son
damier, j’ai présentes à l’esprit les positions succes-
sives que les pions (ce sont mes personnages) y ont
occupées. En d’autres termes, je me rends compte de
leurs évolutions simultanées et successives. Elles se
ramènent à un certain nombre de mouvements. Et
vous n’ignorez pas que le mouvement est la condition
essentielle du théâtre et par suite (je puis le dire sans
immodestie après tant de maîtres qui l’ont proclamé)
le principal don du dramaturge.
[...]
Je puis bien le confesser : le travail m’ennuie. Quand
j’étais écolier, j’éprouvais un ravissement à écrire des
comédies, car, par elles, j’échappais à la tâche prescrite
qui m’a toujours été odieuse. J’aime les fruits défendus
et les chemins de traverse. Or, aujourd’hui, la situa-
tion est retournée. Le théâtre est devenu pour moi
la règle, le devoir. C’est mon métier. C’est la voie où
il faut que je marche normalement. Cela suffit pour
que j’aie le désir de m’en écarter. Quand je commence
une pièce, il me semble que je me verrouille dans un
cachot, et que je m’en évade quand je la termine. Oh !
non, je ne suis pas de ceux qui enfantent dans la joie !
En arrangeant les folies qui déchaîneront l’hilarité
du public, je n’en suis pas égayé, je garde le sérieux,
le sang-froid du chimiste qui dose un médicament.
J’introduis dans ma pilule un gramme d’imbroglio, un
gramme de libertinage, un gramme d’observation. Je
malaxe, du mieux qu’il m’est possible, ces éléments.
Et je prévois presque à coup sûr l’effet qu’ils produi-
ront. L’expérience m’a appris à discerner les bonnes
des mauvaises herbes. Et il est rare que je m’abuse
quant au résultat.
Georges Feydeau cité par Adolphe Brisson,
“Une leçon de vaudeville”, dans Portraits intimes, V,
Paris, Collin, 1901
Feydeau par lui-même
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