Marcel Bieustein-Blanchet, un siècle de publicité

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08/09 AOUT 09
Quotidien Paris
OJD : 23934
Surface approx. (cm²) : 1212
N° de page : 6-7
4 RUE LEON JOST
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SAGA • ll a fait entrer la France dans l'ère de la communication moderne, Dans un
marché publicitaire aujourd'hui en crise, la réussite de Publicis reste exemplaire
Marcel Bieustein-Blanchet, un siècle de publicité
Paît d'un simple deux-pièces
cuisine dans le faubourg
Montmartre, MBB finira sa
carrière en haut des Champs-
assombrissant ses perspectives.
Sous l'Occupation, les origines
juives de Marcel desservent le navire
en marche : Publicis est sabordé et
Radio Cité réquisitionnée. L'appel
du devoir et sa passion pour l'aviation le poussent alors à s'engager
comme pilote de bombardier. En
1943, après une brève maîs douloureuse capture en Espagne, il rejoint
Londres et s'engage dans la Résistance, héritant au passage du pseudonyme de Blanche!
1944, la France est libérée, maîs
Marcel, lui, a tout perdu. Les clients,
pourtant, vontrapidementrevenir, car
l'empire a reculé pour mieux sauter.
L'ère de la consommation de masse arrive et Publicis prend part au défilé.
Illustration de cette réussite, en 1949,
le groupe établit ses quartiers sur les
Champs-Elysées II remplace l'hôtel
Astona qui, clin d'œildel'histoire, avait
servi de quartier général auxforces allemandes
MBB, le Phénix
Dossier réalisé par Stéphanie Aglietti
et Jean Bouclier
Entrepreneur éternel, ce
fils de marchand a côtoyé
les plus grands et créé le
premier groupe de
communication français,
Publicis. Un destin
exceptionnel, fruit d'un
travail passionné et d'un
esprit ouvert sur le monde.
«Tu vas vendre des courants
d'air. » Ce conseil paternel, donné à
l'aube de ses 20 ans, aurait dû inciter
le jeune Marcelàabandonner.Asuivre
une autre route, davantage tracée.
Maîs ce conseil, Marcel BieusteinBlanchet ne l'a pas écouté. Il voulait
devenir publicitaire et l'est devenu, révolutionnant en 70 ans de carrière une
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professionjusqu'alors mal aimée
Né en 1906 à Enghien-les-Bains,
le jeune Marcel montre très vite son
envie de prendre son envol. Cet
adepte de l'oreiller, qui « n'aimait pas
se lever le matin », fonde à seulement
20 ans Publicis, son agence en communication Un simple deux-pièces
cuisine du faubourg Montmartre lm
sert de premier bureau.
Très vite, séduits par sa créativité,
les patrons de presse lui confient des
espaces publicitaires. Mais celui que
l'on appelle familièrement « MBB »
ne s'arrête pas en si bon chemin.
Grâce à sa Régie Presse, il rachète la
radio LL, qui bat de l'aile, et la rebaptise Radio Cité Se faisant fort de
« vouloir ouvrir le monde aux Français», il propose les premières émissions de radio publiques, et crée les
radioreportages.
Inspiration américaine
Maîs l'ascension de l'entrepreneur va connaître des turbulences
La Seconde Guerre mondiale éclate,
MBB grimpe, grimpe, et ne
semble plus s'arrêter Son groupe
étoffe son service aux entreprises et
Marcel fait déjà partie des grands patrons de l'Hexagone La France lui
sourit. Maîs c'est de l'autre côté de
l'Atlantique que Marcel Bleustem va
puiser son inspiration. Le sous-sol du
bâtiment Publicis de Paris pèche par
son inutilité ' MBB y installe, pour la
première fois en France, un drugstore
made in USA. Et l'importation continue Prenant exemple sur l'américain
Gallup, le « Lion » des Champs réalise
pour le président du Conseil, Pierre
Mendès France, le premier sondage
d'opinion, en véritable précurseur du
marketing politique.
Lempire Publicis va cependant
connaître une nouvelle secousse. Le
27 septembre 1972, un incendie ravage l'immeuble delà maison mère à
Pans. La puissance du groupe, elle, ne
part pas pour autant en fumée, et le
Phénix Bleustem renaît encore de ses
cendres Les dossiers peuvent brûler,
« les clients, eux, sont ininflam-
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L'immeuble Publicis accueille pour la première fois en France un drugstore à l'américaine
(en haut). 1972, Publicis part en flammes. Le groupe, sous l'impulsion de MBS et de Maurice Lévy, ne mettra que quèlques jours à se relever.
mables », souligne MBS. Une volonté
de fer et un optimisme qu'incarnera
durant toute sa carrière le père de la
communication. Menant son empire
avec passion, il saura, malgré tout,
passer le flambeau. Son bras droit,
Maurice Lévy, lui succède à la tête de
Publicis en 1988. MEE s'écarte sans
disparaître, siégeant au sein du
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comité de surveillance jusqu'à sa
mort en 1996. « Je ne cesse de
m'émerveiller, comme si j'étais le
spectateur de ma propre vie, de tout
cequim'estarrivéd'extraordinaire »,
conclura le vieux « Lion ». Un siècle
de créations, d'aventures, de passions. Le « Lion » est mort, mais sûrement pas ses innovations.
'•
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* De Boursin à Brunswick, d'André à Lévitan, c'est le roi du slogan
Adieu la réclame, bonjour la pub !
Esprit vif et fécond, dont le
sens de la phrase et du mot
fait mouche, MBB a marque
l'histoire de la publicité
d'une empreinte indélébile.
« Je ne voulais plus entendre par
ler de reclame terme qui pour moi
était synonyme de bourrage de crâne
et de bluff >, s'indignait MBB Le
« Lion » a voulu, le « Lion » a agi
D une réclame agressive et incita
trice, il a fait une publicité française
sensible et efficace « II a emprunte à
la publicité américaine sa methode,
sa rigueur, et y a apporte une touche,
plus creative, humoristique et attrac-
tive» explique Olivier Creusy, profes
seur réfèrent a l'Iscom, école supérieure de communication et de pubh
cite
La force du « Lion » ? Son intui
lion II a ete le premier a comprendre
I importance des slogans face a la
monotonie des communiques par
les Sa premiere création sera pour
son beau frère, Adolphe Lévitan
« Un meuble Lévitan est garanti pour
longtemps » « Andre, le chausseur
sachant chausser », Brunswick, « Le
fourreur quifait fureur »ou« Du pain,
du vm, du Boursin» suivront L'entre
preneur s'est attelé a créer une per
sonnaille spécifique pour chacun de
ses clients Exemple en 1963, lorsque
les bas Dimanche lui confient leur
publicité Du changement du nom en
Dim à la vente à l'unité sans apprêt,
MBB transforme cet objet de mode
en produit de grande consommation
« ll a incarné
la publicité française »
Maîs sa compréhension des mu
tarions de son epoque ne s'arrête pas
la Selon Obvier Creusy, « les cam
pagnes de Dim ont influés sur la hbe
ration de la femme » Homme d'une
grande sensibilité mediatique il saisit
l'opportunité que représente la radio
pour le marche publicitaire Dès 1930,
il contourne I interdiction effective de
lapubkcitesurlesradiospubliquesen
offrant des partenariats entre ses
marques et desjeuxradiophoniques
« La grande force de MBB est d'avoir
pose et incarné les fondamentaux de
IQ. I
1968, MBB« libère .lafemme et les bas Dim.
lapubhcité française, conclut Olivier
Creusy Hluiaoffertunelegitimité,pla
çant ainsi l'Hexagone parmi les lea^
derseuropeensenlamanere »
"'
Sous le
signe
du Lion
Quoi de plus
logique, pour le
roi de la communication, que l'appropriation d'un symbole ? Né en août 1906,
MBB se place, selon le zodiaque, sous
le signe du Lion. Un roi de la savane
dont la crinière coiffe l'ensemble de sa
carrière. Son groupe de communication, Publicis, en a fait son emblème.
Et ses amis ont suivi. Un lionceau lui
fut ainsi remis en 1971 lors de la Nuit
de l'Ecole polytechnique. Un autre
fauve, prénomme Marcel, arriva dans
ses bras pour célébrer le 50" anniversaire de sa Fondation. En bois, en plastique ou en argent, tous les objets représentant le royal animal finirent
également dans la collection du roi
« Lion ».
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ENTRETIEN • Maurice Lévy, son successeur à la tête du groupe Publicis
ii
Il était un homme de l'audace"
Entré chez Publicis en 1971,
Maurice Lévy est président
du conseil d'administration
du groupe depuis 1988.
Pour France-Soir, le
successeur de Marcel
Bleustein-Blanchet
évoque son « mentor »
avec affection.
FRANCE-SOIR. Comment s'est déroulée
votre rencontre avec Marcel BleusteinBlanchet ?
MAURICE LÉVY. A cette époque, Publi-
cis était magique, le métier était nou- le monde avait du travail. Nous
veau. J'étais pétrifié à l'idée de le ren- n'avons pas raté une seule annonce,
contrer. Mais alors que nous devions une seule facture, une seule fiche de
simplement nous serrer la main, paie. Sur le moment, je ne suis pas sûr
notre entretien a duré une heure. Il a que MBS ait eu pleinement
conclu cette rencontre en me disant : conscience du rôle de l'informatique
« Jeune homme, un
_____________ dans ce sauvetage.
jour, vous dirigerez
Lui, il pensait à
cette maison ! » "Jeune homme, un
l'avenir, cherchait
Quèlques heures
comment reconsjour,vous
dirigerez
plus tard, j'ai reçu
truire.
un exemplaire dè cette maison !"
Entrepreneur
et
son ouvrage, La
——-—-—— touche-à-tout, MBS
Rage de convaincre, avec une dédi- arrivait-il à prendre du recul, vivre en
cace : « A Maurice Lévy, dont la dehors de l'entreprise ?
conviction a su me convaincre. » Son attitude était paradoxale. Pour lui,
Ainsi a commencé une histoire lavie n'était pas faite que de Publicis.
d'hommes.
Il disait toujours : « Aimez la vie, elle
En 1972 survient lincendie de Publicis sur vous aimera ! » II adorait les voyages,
les Champs-Elysées. Un épisode hors du les rencontres, les oeuvres d'art et poucommun...
vait passer des heures entières à regarArrivé sur les lieux, j'ai trouvé une der un paysage. Mais ce n'était pas un
veste en cuir et un casque de pompier contemplatif et il ne pouvait pas se séavec lesquelles j'ai pu entrer dans parer de Publicis. D m'appelait chaque
l'immeuble et faire passer du maté- jour de son lieu de vacances. Il avait
riel informatique par la fenêtre. Les une énorme capacité à prendre ses
données récupérées, on a travaillé distances àl'égard de l'entreprise mais
pendant quatre jours et le lundi, tout une impossibilité de s'en détacher.
Publicis puissance 4
Quatrième groupe mondial de communication, Publicis détient la médaille d'argent en termes de conseil
et achat média et s'impose comme le leader mondial
de la communication digitale et de la santé . C est aujourd'hui cettedouble orientation qui lui permet d'affronter, avec une relative sérénité, les graves turbulences que connaît le marché publicitaire mondial.
Présentsurles 5 continents et dans 104 pays.legroupe
emploieprèsde45.000 personnes. Maurice Lévy esta
la tête du directoire depuis 1 987. La fille de Maurice
Bleustein-Blanchet, Elisabeth Badinter, est, quant à
eUe,présidentedu conseil desurveillancedepuis 1996.
Photo Spa
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France-Soir
du vendredi 7 août
à Paris et en région
parisienne
L'héritier, Maurice Lévy, fait face à son mentor, Marcel Bleustein-Blanchet. Depuis le
bureau du vieux « lion », les deux hommes auront porté le groupe au sommet.
Chers etfidèleslecteursdela capitale
et de sa région, vous n'avez évidemmentpasmanquéderemarquerque
notredossierdespages2et3del'édition du vendredi? août, consacré au
père de ^publicité française, Marcel
Bleustein-Blanchet,étaitamputéde
sa page 3. Notre journal vous présente ses excuses les plus sincères
pour cet incidenttrèsregrettabledû
à des travaux actuellement en cours
dans nos imprimeries en vue - un
comble-d'améliorer encore la qualité de notre journal à l'automne.
Nous publions donc dans cette édition l'intégralité de ce dossier en
pages6et7.Noslecteursdeprovince
voudrontbien,nousl'espérons,nous
pardonner cette redite.
Vous lui succédez en 1988. Comment C'est encore un modèle pourvous aujourl'a-t-il vécu?
d'hui ?
Il était obsédé par l'échec de la fin, Marcel Bleustein-Blanchet a été mon
par l'échec de Boussac et de Prou- mentor. Il était un homme profondévost. « Je veux que
ment éthique, un
homme de l'audace,
mon entreprise
me survive, disaittoujours séduit par
l'idée et dontl'esprit
il, car les entreprises sont plus je fais l'amour
devait toujours être
enébullition. Marcel
grandes que les par procuration"
hommes. »
- parlaitparimagesja
Depuis la fin des années 70, sans me pub était pour lui un acte d'amour, voire
le dire, il me préparait, même s'il n'ai- de procréation. Lorsqu'il m'a passé les
mait pas l'idée. Ça a été difficile pour rênes du groupe et quejeluifaisais part
lui de voir que des décisions pou- des décisions prises, il avait cette jolie
vaient se prendre sans lui. C'était phrase : « Avec vous, Maurice, je fais
douloureux.
î'amourparprocuration. »
H
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INITIATIVE • La Fondation pour la vocation soutient les jeunes lauréats dans leur •carrière
Le roi des Champs ouvre les portes du futur
Marcel Bleusteîn-Blanchet
aura toujours porté une
attention particulière
à la jeunesse. U lui a laissé,
dès 1960, un héritage :
sa célèbre Fondation
pour la vocation.
Violoniste, pâtissier ou architecte,
qu'importé le domaine de prédilection, l'important demeure la passion
Depuis 1960 et la création par Marcel
Bleusteîn-Blanchet de sa Fondation
pour la vocation, plus de I 300 jeunes
lauréats ont pu, sur le plan professionnel, realiser leur rêve « Beaucoup d'au-
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dace, un grain de passion et une énergie à déplacer les montagnes » voici
ce qu'attend le jury de candidats, âges
de 18 à 30 ans, qui espèrent chaque an
nee faire partie de la vingtaine d'élus
bénéficiant de la bourse décernée par
laFondaùon Une aide qu'a connue Allain Bougrain-Dubourg, lauréat en
1969 « La Fondation a apporté la reconnaissance du saltimbanque que
j'étais », reconnaît le défenseur de la
nature Et depuis quarante ans qu'il
sillonne la planète, il n'a pas oublie le
soutien de la Fondation «J'ai pu réaliser une carrière atypique, vivre à une
époque de précurseurs. »
Le vieux « Lion » n'est plus maîs sa
Fondation, dirigée par sa fille FJisabeth
Badinter, continue sa mise sur orbite de
vocations Fand Hassan!, lauréat de la
Eléments de recherche :
promotion 2008, revient d'une formation de pilote de ligne suivie en Angleterre L'aide de la Fondation se révèle
pour lui essentielle •« C'estuncoupde
pouce financier énorme, maîs aussi un
gros coup de boost personnel «Espérant piloter d'ici peu, Farid Hassani repond à 29 ans aux espoirs aériens de
son enfance «Tout petit, déjà, je prenais une toile, un bambou, et je m'elançais d'un talus pour décoller »,s'amuset-il De la voile de toile au cockpit d'un
Boeing 737, il n'y avait si l'on peut dire,
qu'un pas de geant à accomplir
« L'homme qui a réussi, déclarait MarS. celBleustem-Bldnthet, est celui qui, à
3 l'âge mur, a réalisé ses rêves de jeuf nesse » Farid Hassan!, comme les
•
Allain Bougrain-Dubourg, lauréat en 1969. autres, ne saurait le contredire
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