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ul pourrait le nier7 Dans la
vie professionnelle ou privee,
les SMS secnvent en phone
tique, les courriels en abrège,
les messageries instantanées
à la vitesse de la pensée Re-
sultat, l'orthographe gagne en fantaisie, le
style perd en richesse, la communication
écrite s'appauvrit et perd en clarte. Cette
apparente dégradation tient à plusieurs
raisons La démocratisation de lensei-
gnement et le deplacement des exigences
académiques permettent à davantage de
jeunes, notamment ceux issus des filières
techniques ou scienti-
fiques, de décrocher
un diplôme du supé-
rieur sans maîtriser les
bases de la commu-
nication ecrite Maîs
surtout, le risque de
trahir ses déficiences
augmente Avant la
révolution numéri
que, bien des salariés
fachés avec l'ortho-
graphe ou la syntaxe
bénéficiaient du fil-
tre des dactylos qui
tapaient leur courrier
Et ils pouvaient tou-
jours décrocher eux-
mêmes leur téléphone
pour «emettre» un
message Aujourd'hui,
ils sont censés rédiger
eux mêmes et envoyer
toujours plus de cour
ncis, notes de synthèse et rapports depuis
leur ordinateur ou PDA à des interlocu-
teurs internes ou externes difficilement
joignables autrement D'où laugmentation
de la demande de formation a l'écrit.
Une demande inégale
selon les métiers
Ce phénomène affecte le secteur de la
communication de manière inégale se-
lon les métiers Les demandes de forma-
tion permanente pour réviser les bases
orthographiques ou grammaticales sont
« Certains
CR habitués à travailler
en presse doivent
apprendre a communiquer
par Internet ou
la teléphonie mobile »
par exemple relativement rares
dans les agences de commu-
nication, maîs plus courantes
chez les afficheurs ou dans les
centres dappels qui recrutent à
des niveaux plus modestes de
qualification Intervient aussi la
question de la maturité - avec
l'âge, on s'exprime différem-
ment à l'écrit pour peu qu'on le
pratique - et la qualité de la for-
mation d'origine, à niveau d etu-
des équivalent « Les recrues des
formations les plus sélectives du
type grande école de commerce
manifestent au moins de la ri-
gueur dans l'expression ecrite,
ce qui n'est pas le cas de tous
les diplômés », constate Amélie
Cayzac, chargée de la Forma-
tion à l'Académie Euro RSCG.
Dans cette agence, les efforts se
concentrent sur l'amélioration
du style « Certains concepteurs-
rédacteurs habitués a travailler
en presse doivent apprendre a
communiquer par Internet ou
par la téléphonie mobile, deux médias
qui requièrent d'être court et impactant »
Par ailleurs, dans le domaine de la commu
nication medicale, très réglementée et où
chaque mot doit être pesé, l'Académie
Euro RSCG propose dés séminaires à
des rédacteurs au profil scientifique qui
éprouvent le besoin d'égayer leur style
«Un effet ravageur sur
l'image professionnelle»
jLe secteur de la formation prend cons-
cience quant à lui d'adapter son offre aux
exigences des entreprises Ainsi, l'Iscom
a-t-il lance un module intitulé « La bataille
de l'orthographe», qui rappelle aux étu-
diants les règles élémentaires d'orthogra-
phe et de grammaire. «Les annonceurs et
agences qui recrutent de jeunes diplômés
en communication sont sensibles à leur
qualité d'expression orale et écrite Quelle
compréhension du monde en général et du
monde professionnel en particulier peut-on
avoir lorsqu'on se heurte à la difficulté de
mettre en relation une idée avec les mots
qui peuvent la représenter ?» s'interroge
Virginie Munch, Dg de l'Iscom Pans De
son côté, lorganisme Demos anime de-
puis plusieurs années un séminaire pour
les étudiants d'une ecole d'ingénieurs qui
souhaite que ses diplômes se lancent sur
le marché du travail avec une maîtrise mi-
nimale
de
l'orthographe
« Lin
mail
truffe
de fautes qm circule dans l'entreprise peut
avoir
un
effet
ravageur
sur
l'image
profes-
sionnelle de son auteur», rappelle Blan-
dine Legrand, responsable chez Demos
des formations à la communication écrite
qui se développent au rythme de 15 à 20 %
par an Preuve que la maîtrise de l'écrit est
un souci pour les employeurs.
Frédéric Brillet