A plus d’un titre, Samuel Beck
ett est un ca
s, une exc
eption, un
a
stre rare ou inc
onnu du monde des lettres et du spectacle. U
n
monde qu’il dépa
sse t
el
lement de par son exigenc
e et son humani
-
té, qu’on le verrait plutôt du côté de la mystique.
On sent bien la difficulté, sinon l’impossibilité qu’il y a à parler de
Beck
ett a
vec just
esse et précision, à vouloir exprimer par des mots
c
e que l’on ressent, c
e que l’on pressent de
vant lui. Pas ét
onnant
qu’une œuvre aussi c
onc
entrée, aussi réduit
e à l’essentiel et qui
t
end vers le silenc
e, ait donné lieu à tant de c
ommentaires.
Beck
ett est l’écrivain qui de son vivant a suscité le plus grand
nombre de c
ommentaires de t
out e l’hist
oire de la littérature : des
bibliothèques entières. Comme un t
ext
e sacré qu’on n
’en finirait
pa
s de déchiff
rer.
S’il nous échappe ainsi, c’est qu’on cherche t
oujours à en extraire
des idées, alors qu’il s’adresse da
vanta
ge au coeur qu’à l’intelligen-
c
e. Là réside un des malent
endus : on a voulu faire de Beck
ett un
philosophe, le réduire à une "métaphysique" (de l’absurde, du
néant), alors qu’il est d’abord fondamentalement un poèt
e. (…)
I
mpit
oyable, Beck
ett nous dépouil
le de t
out, il nous met à nu, il
nous roule dans la même farine : boue, sable. Il fait de nous des
éclopés, des marginaux, des ent
errés, der
niers rest
es d’humanité,
der
niers rescapés d’un monde déva
sté, mor
t.
Pier
r
e Cha
ber
t
L
’univers scénique de Samuel Beck
ett,
in Théâtre A
ujourd’hui n°3
...que nuages... / création avril 2004
- 4 -