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d’agitation du patient (comportement, mouvements spontanés). Trois échelles 
de  sédation  sont  validées  en  réanimation:  l’échelle  SAS  (Sedation  Agitation 
Scale), l’échelle RASS (Richmond Agitation Sedation Scale), qui quantifie de façon 
précise le temps d’ouverture des yeux à une stimulation non douloureuse [13], 
et l’échelle ATICE (Adaptation To the Intensive Care Environment), qui combine 
l’évaluation de la tolérance du patient à son environnement (ou degré d’analgésie) 
et son degré de vigilance [14]. Actuellement, l’échelle RASS est la plus utilisée 
dans les études cliniques.
L’évaluation  de  la  douleur  en  réanimation  est  possible.  Chez  le  patient 
coopérant et communicant, l’auto-évaluation de sa douleur est évidemment la 
méthode la plus fiable : échelle visuelle analogique, échelle numérique, échelle 
verbale simple. La comparaison de 5 échelles d’auto-évaluation auprès de 111 
patients ventilés, vigilants et coopérants, a montré que l’échelle numérique (0-10) 
inscrite sur une réglette de dimension large (30 x 10 cm) était la façon la plus 
précise pour les patients de rapporter leur douleur [15]. La présence de troubles 
de conscience induits par la prescription d’hypnotiques rend nécessaire l’utilisa-
tion d’échelles comportementales de douleur (hétéro-évaluation), car l’estimation 
de la douleur par les proches du patient ou par les soignants est correcte dans 
moins de 50 % des cas. Deux échelles validées pour l’hétéro-évaluation de la 
douleur chez l’adulte sont disponibles, basées sur l’expression corporelle à l’état 
de repos ou  en  réponse  à  un  stimulus douloureux (aspiration endotrachéale, 
mobilisation du patient) : l’échelle BPS (Behavioral Pain Scale) [16], et l’échelle 
CPOT (Critical Care Pain Observation Tool). Pour les patients non intubés mais 
ayant une communication verbale insuffisante, une adaptation de l’échelle BPS 
a été proposée, en remplaçant l’item « adaptation au ventilateur » par la mesure 
de l’intensité des plaintes du patient [17]. En réanimation pédiatrique, l’échelle 
comportementale de Comfort est la plus utilisée. Cette échelle a été récemment 
modifiée pour ne plus prendre en compte les variables physiologiques (pression 
artérielle, fréquence cardiaque) qui sont influencées par des facteurs autres que 
la douleur [18].
Les techniques de quantification de la profondeur de l’anesthésie ont aussi 
été testées en réanimation pour évaluer la douleur ou le niveau de sédation : 
variabilité  de  la  fréquence  cardiaque,  analyse  quantitative  de  l’EEG  (spectre 
de  puissance),  potentiels  évoqués  auditifs,  indice  bispectral.  Aucune  de  ces 
méthodes ne peut remplacer les échelles cliniques. Le seul intérêt du BIS serait 
de mesurer le niveau de vigilance chez le patient curarisé pour lequel les échelles 
cliniques sont prises en défaut.
3.3. CHOISIR LA MEILLEURE STRATÉGIE DE SÉDATION-ANALGÉSIE
Plusieurs stratégies de sédation-analgésie peuvent être proposées, aucune 
n’ayant montré une supériorité par rapport aux autres.
• L’implémentation de protocoles écrits et algorithmes pour adapter régulière-
ment la sédation et de l’analgésie aux besoins du patient. Ce type d’approche a 
montré une réduction de 2 à 5 jours dans les durées de ventilation et de séjour 
en réanimation avec une baisse de 30 à 50 % des posologies journalières des 
benzodiazépines [19, 20]. En combinant la mesure régulière de la douleur et de 
la sédation pour adapter la prescription de la sédation-analgésie aux besoins 
du patient, la durée du coma induit par les hypnotiques, la durée de ventilation