Sédation en réanimation 457
d’agitation du patient (comportement, mouvements spontanés). Trois échelles
de sédation sont validées en réanimation: l’échelle SAS (Sedation Agitation
Scale), l’échelle RASS (Richmond Agitation Sedation Scale), qui quantifie de façon
précise le temps d’ouverture des yeux à une stimulation non douloureuse [13],
et l’échelle ATICE (Adaptation To the Intensive Care Environment), qui combine
l’évaluation de la tolérance du patient à son environnement (ou degré d’analgésie)
et son degré de vigilance [14]. Actuellement, l’échelle RASS est la plus utilisée
dans les études cliniques.
L’évaluation de la douleur en réanimation est possible. Chez le patient
coopérant et communicant, l’auto-évaluation de sa douleur est évidemment la
méthode la plus fiable : échelle visuelle analogique, échelle numérique, échelle
verbale simple. La comparaison de 5 échelles d’auto-évaluation auprès de 111
patients ventilés, vigilants et coopérants, a montré que l’échelle numérique (0-10)
inscrite sur une réglette de dimension large (30 x 10 cm) était la façon la plus
précise pour les patients de rapporter leur douleur [15]. La présence de troubles
de conscience induits par la prescription d’hypnotiques rend nécessaire l’utilisa-
tion d’échelles comportementales de douleur (hétéro-évaluation), car l’estimation
de la douleur par les proches du patient ou par les soignants est correcte dans
moins de 50 % des cas. Deux échelles validées pour l’hétéro-évaluation de la
douleur chez l’adulte sont disponibles, basées sur l’expression corporelle à l’état
de repos ou en réponse à un stimulus douloureux (aspiration endotrachéale,
mobilisation du patient) : l’échelle BPS (Behavioral Pain Scale) [16], et l’échelle
CPOT (Critical Care Pain Observation Tool). Pour les patients non intubés mais
ayant une communication verbale insuffisante, une adaptation de l’échelle BPS
a été proposée, en remplaçant l’item « adaptation au ventilateur » par la mesure
de l’intensité des plaintes du patient [17]. En réanimation pédiatrique, l’échelle
comportementale de Comfort est la plus utilisée. Cette échelle a été récemment
modifiée pour ne plus prendre en compte les variables physiologiques (pression
artérielle, fréquence cardiaque) qui sont influencées par des facteurs autres que
la douleur [18].
Les techniques de quantification de la profondeur de l’anesthésie ont aussi
été testées en réanimation pour évaluer la douleur ou le niveau de sédation :
variabilité de la fréquence cardiaque, analyse quantitative de l’EEG (spectre
de puissance), potentiels évoqués auditifs, indice bispectral. Aucune de ces
méthodes ne peut remplacer les échelles cliniques. Le seul intérêt du BIS serait
de mesurer le niveau de vigilance chez le patient curarisé pour lequel les échelles
cliniques sont prises en défaut.
3.3. CHOISIR LA MEILLEURE STRATÉGIE DE SÉDATION-ANALGÉSIE
Plusieurs stratégies de sédation-analgésie peuvent être proposées, aucune
n’ayant montré une supériorité par rapport aux autres.
• L’implémentation de protocoles écrits et algorithmes pour adapter régulière-
ment la sédation et de l’analgésie aux besoins du patient. Ce type d’approche a
montré une réduction de 2 à 5 jours dans les durées de ventilation et de séjour
en réanimation avec une baisse de 30 à 50 % des posologies journalières des
benzodiazépines [19, 20]. En combinant la mesure régulière de la douleur et de
la sédation pour adapter la prescription de la sédation-analgésie aux besoins
du patient, la durée du coma induit par les hypnotiques, la durée de ventilation