Création 2016 / Théâtre Spirale Amores de Cantina
4
L’AUTEUR
« Je ne me souviens pas quand j’ai appris à lire mais je me souviens que mes premières
lectures furent les yeux tristes de ma mère, les paysages magnifiques du sud, les terres
sèches du nord et des centaines de visages et de corps estropiés par une implacable
pauvreté. Ces lectures m’ont appris beaucoup de choses sur les hommes et le monde, des
choses qui ont à voir avec la souffrance humaine ». (J. Radrigan)
Juan Radrigan est né en 1937. Son père était
mécanicien et sa mère institutrice. Il n’a jamais été à
l’école, mais il a commencé à lire à l'âge de quatre ans.
À douze ans il écrivait ses premiers poèmes et
nouvelles...
Il a 36 ans au moment du coup d’état de 1973. Durant
les premières années de la dictature, il travaille comme
il peut : il est libraire, vendeur, ouvrier. Bien sûr, il
continue à écrire. Au début des années quatre-vingt, il trouve sa voie dans l’écriture
théâtrale avec sa première pièce, Testimonio de las muertes de Sabina, qui connaît un succès
immédiat et fulgurant. S’ensuivent El loco y la triste, Las brutas, Cuestión de ubicación,
Hechos consumados, El toro por las astas, Made in Chile. L’écriture de Radrigan se construit
dans le contexte de la dictature et elle est liée a elle de façon épidermique et
incontournable. Ses pièces seront d’ailleurs interdites de publication et c’est dans les
bidonvilles, les églises et sur les terrains de football qu’il les présentera avec sa troupe.
Aurait-il pu les jouer ailleurs ? Le projet de Radrigan, tant littéraire que théâtral, est
justement d'aller chercher l'art, la beauté, la grâce même, dans la marge, chez ceux qu'on
croit ( et qui se croient, aussi, à force) les ordinaires et les ratés.
L’univers de Radrigan est celui de personnages marginaux. De ceux qui ont été expulsés du
« premier monde ». Ils sont pauvres. Ils sont SDF, alcooliques, prostituées de basse
catégorie, trafiquants, vendeurs de pacotilles. Pour la première fois, ils ne sont pas
seulement au centre de la scène, ils en sont les uniques personnages. Ils prennent la parole
dans leur oralité propre, pleine de mots qui n'existent que dans le Chili populaire, de scories
de langage, d'expressions plus imagées les unes que les autres, d'une vulgarité à