1 novembre 2015

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A LA MEMOIRE DES 1 500 000 VICTIMES ARMENIENNES
24 avril 2015 : 100e anniversaire du génocide arménien de 1915
perpétré par le gouvernement Jeune-Turc
100 ans de déni : ça suffit !
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VEILLE MEDIA
Lundi 02 novembre 2015
Retrouvez les informations sur notre site :
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SOMMAIRE
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN
[Vigilance Arménienne contre le Négationnisme] vous propose une
revue de presse des informations parues dans la presse
francophone sur les thèmes concernant le négationnisme, le
racisme, l'antisémitisme, le génocide arménien, la Shoah, le
génocide des Tutsi, les crimes perpétrés au Darfour, la Turquie,
l'Union européenne, l'occupation de Chypre, etc... Nous vous
suggérons également de prendre le temps de lire ou relire les
articles mis en ligne dans la rubrique Info Collectif VAN et les
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Législatives en Turquie : Les résultats de la terreur
La démocratie : la grand perdante des élections en Turquie
Turquie : Camp Armen/Un monument en mémoire du génocide
arménien
CEDH/Génocide arménien : Une approche anti-universaliste
Pour une coalition gouvernementale!
Législatives turques : Erdogan peut-il espérer gouverner seul ?
Turquie. La lettre de cinquante médias internationaux à Erdogan
La gauche démocratique est la cible du « système Erdogan »
Le HDP : un parti d'opposition turc mis sous pression
Turquie : "Les vieux démons ont resurgi sous de nouveaux traits"
Pas plus de place aux génocides dans le nouveau cours d'histoire
au secondaire
Arméniens, un siècle après le génocide
Arrêtons tout cynisme dans les relations entre Bruxelles et Ankara
En Turquie, le triomphe d’Erdogan
Economie, question kurde, Constitution… les chantiers de la
nouvelle majorité turque
Turquie : Erdogan appelle le monde à respecter le résultat des
élections législatives
Comment Erdogan a gagné son pari
Erdogan s'impose aux législatives turques
Il faudra compter avec Erdogan
Turquie : Erdogan en passe de récupérer la majorité absolue au
Parlement
Turquie : la presse dans le viseur d’Erdogan
Le parti d'Erdogan savoure son triomphe
Turquie : l’AKP triomphe et reprend la majorité absolue au
Parlement
En Turquie, le contrôle des médias comme arme du pouvoir
Le sud-est de la Turquie croyait en avoir fini avec la guerre
En Turquie, le président Erdogan a gagné son pari
Elections turques : à Diyarbakir, la majorité kurde dénonce des
intimidations
Turquie : les résultats improbables
Turquie : Les islamo-conservateurs reprennent la majorité absolue
au Parlement
Chez les jeunes Kurdes, l’appel des armes
Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan, ou la
dérive autoritaire du président turc
Elections législatives en Turquie : après l’impasse, l’implosion?
Article du journal franco-turc Zaman - 1/11/2015 - 1
La Turquie a tué 2.000 "terroristes", dit le président Erdogan
Législatives en Turquie : la stratégie de la tension d’Erdogan
L’attentat d’Ankara, révélateur d’un «fiasco sécuritaire»
Turquie : Daesh/Erdogan, liaisons dangereuses ?
Allemagne: le sort des migrants divise les partenaires de la
coalition
Une étudiante de Sciences Po suspendue après des posts
antisémites
Jean Hatzfeld donne la parole aux enfants du génocide rwandais
Turquie: l'UE s'engage à travailler avec le nouveau gouvernement
Syrie : un groupe rebelle utilise des civils comme "boucliers
humains"
Les actes antisémites en légère baisse sur les neufs premiers mois
de l'année 2015
Turquie: 50 médias internationaux écrivent au président Erdogan
Azerbaïdjan: le parti au pouvoir remporte une large victoire aux
législatives
En Turquie, joie et angoisse après la victoire du parti d'Erdogan
Turquie: vote "en faveur de l'unité" (Erdogan)
Turquie: le fidèle Davutoglu a rempli sa mission
Turquie: le parti d'Erdogan retrouve sa majorité absolue
Turquie: après le triomphe de son parti aux élections, Davutoglu
lance un appel à l'unité
Turquie: le chef kurde Selahattin Demirtas, rival numéro 1 du
président Erdogan
En Turquie, la revanche d'Erdogan
En Turquie, l'AKP d'Erdogan remporte une large victoire
Ayşe Günaysu: It’s a Deeply Rooted Tradition of the Turkish State
to Resort to Unlawful Practices (EXCLUSIVE)
Berlin: une croix gammée au mémorial tzigane
INFO COLLECTIF VAN
Législatives en Turquie : Les résultats de la terreur
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
soumet ici le Communiqué de presse du PCF (Parti communiste
français) mis en ligne le 1er novembre 2015.
PCF
Communiqué de presse - 01 novembre 2015
Pour parvenir à ses fins et obtenir coûte que coûte une majorité, le
président turc Erdogan, usant de tous les moyens de l’Etat à sa disposition,
a déployé toute une ingénierie électorale (clientélisme, violence, fraudes)
après avoir plongé son pays dans le chaos en relançant notamment la
guerre contre le peuple kurde. Le HDP dont des milliers de militants et
responsables ont été arrêtés, menacés et harcelés a été empêché de
mener sa campagne électorale librement. Dans ces conditions, l’AKP
parvient à son objectif en absorbant une partie des voix de l’extrême
droite du MHP. Ces résultats sont ceux de la terreur.
La tactique d'Erdogan ne réussit pourtant pas à briser le HDP qui dépasse
à nouveau la barre des 10% et obtiendrait 59 députés. Ce résultat
n’invalide en rien le tournant qu’a représenté le scrutin du 7 juin.
Le HDP demeure la force de l’espoir porteuse d’avenir sur laquelle le
peuple turc pourra compter. Pour autant, l’avenir de la Turquie s’annonce
sombre. Pour faire face à la tyrannie, les peuples de Turquie et le HDP
vont avoir besoin de soutien et de solidarité. Ils peuvent compter sur le
Parti communiste français.
PCF
---------------------Lire aussi:
Le PCF ne souhaite pas la bienvenue à monsieur Erdogan
http://www.pcf.fr/75553
Attentat d'Ankara : "Paris doit cesser son soutien à la politique d'Erdogan"
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92047
C’est à la paix au Kurdistan qu’il faut travailler (PCF)
http://www.pcf.fr/73365
URL originale :
http://www.pcf.fr/77284
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92366
La démocratie : la grand perdante des élections en
Turquie
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose de lire cette information publiée sur le site des Amitiés
kurdes de Bretagne le dimanche 1er novembre 2015.
Amitiés kurdes de Bretagne
La démocratie : la grand perdante des élections en
Turquie
dimanche 1er novembre 2015
Le couperet est tombé peu après le dépouillement : l’AKP?, parti islamiste
(anciennement modéré) remporte la moitié des voix en Turquie. Cette
progression de près de 10 points de pourcentage par rapports aux
élections de juin lui assure une majorité absolue de sièges et laisse les
mains libres au président Erdoğan. Que fera-t-il de sa nouvelle majorité ?
S’en servira-t-il pour poursuivre la guerre contre les forces kurdes,
notamment celles du Rojava?, faisant ainsi le jeu de l’État islamique ? Ou
considérera-t-il qu’une fois sa majorité absolue assurée, il n’aura plus
besoin faire monter la tension pour mobiliser ses électeurs ?
Le HDP? (Parti démocratique des Peuples, démocrate de gauche pro-kurde)
devrait maintenir son groupe parlementaire avec un peu plus de 10 % des
voix. Le MHP (extrême-droite nationaliste) reste également représenté,
légèrement devant le HDP. Le CHP? (centre-gauche étatiste) recueille un
quart des suffrages. Cette image de l’électorat turc n’est pas
encourageante, avec environ deux tiers des votants favorables aux
islamistes ou à l’extrême-droite. Il faut cependant nuancer le tableau car
la campagne et les conditions de vote ont été très inéquitables, en
particulier au Kurdistan.
Les Amitiés kurdes de Bretagne étaient présentes à Istanbul durant le
scrutin : le HDP, craignant des fraudes, avait en effet fait venir 300
observateurs internationaux.
Selon les derniers résultats (20h30 heure de Paris) :
-
AKP? 49,37% 316 sièges ;
CHP? 25,42% 134 sièges ;
MHP 11,95% 41 sièges ;
HDP? 10,68% 59 sièges.
http://www.akb.bzh/spip.php?article983
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92362
Turquie : Camp Armen/Un monument en mémoire du
génocide arménien
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
propose de lire cet entretien avec Sayat Tekir, responsable de
l'ONG Nor Zartonk, publié sur Repair le jeudi 29 octobre 2015.
Point de vue de Turquie
Un monument en mémoire du génocide arménien existe déjà en
Turquie, c'est Camp Armen
Sayat Tekir, Responsable de l'ONG Nor Zartonk
jeudi 29 octobre 2015
L’association Nor Zartonk, fondée par des jeunes Arméniens de
Turquie, a été en première ligne dans la lutte pour sauver de la
démolition l’orphelinat Camp Armen, qui a été restitué la semaine
dernière à la communauté arménienne. Entretien avec Sayat Tekir,
membre de Nor Zartonk, sur ce que la mobilisation en faveur du
Camp Armen a démontré sur l’attitude de l’État turc et la société
arménienne.
****
Après 175 jours d’occupation, la mobilisation en faveur de la
sauvegarde et la restitution du Camp Armen a finalement triomphé.
L’orphelinat, saisi par l’État dans les années 1980 et menacé de
destruction, a été restitué la semaine dernière à la Fondation de
l’Église protestante arménienne de Gedikpacha. Comment
réagissez-vous à cette nouvelle, à quelques jours des élections,
alors que le dossier s’éternisait depuis des mois ?
Le Camp Armen a été restitué à la communauté arménienne après 175
jours de mobilisation, à cinq jours des élections législatives. C’est donc la
fin d’un long combat mené avec un enthousiasme qui n’a jamais failli. Le
Camp Armen est désormais un lieu de mémoire. Cette lutte nous a
renvoyés à toutes les injustices subies dans le passé. Je tiens à remercier
les habitants de Tuzla [quartier situé à l’extrême-est d’Istanbul, sur la rive
asiatique, NDT], les riverains ainsi que les camarades venus des quatre
coins de Turquie et du monde nous apporter leur soutien. Ils sont là
depuis début et nous ont soutenu 175 jours durant. C’est grâce à eux que
nous sommes parvenus à nous faire entendre. Nous avons toujours dit
que nous ne quitterions pas le camp avant d’avoir récupéré le titre de
propriété. Aujourd’hui [27 octobre 2015, NDT], c’est chose faite. Nous
avons bon espoir que les autres biens dont les Arméniens ont été
dépossédés soient également restitués à leurs propriétaires légitimes.
Quelles ont été les différentes étapes de la mobilisation pour la
sauvegarde du camp Armen ?
L’orphelinat arménien de Tuzla a été construit dans les années 60. Mais
les lieux ont été saisis par l’État dans les années 80 [en 1974, la Cour
Suprême a émis un arrêt considérant que les biens acquis par les
fondations religieuses minoritaires après 1936 étaient nuls et non avenus.
Différentes procédures d'expropriation s’en sont suivis, dont certaines se
sont étalées sur plusieurs années. L’arrêt en question a été abrogé en
2007, mais entre-temps le terrain a changé plusieurs fois de mains, NDT].
Le titre de propriété a été invalidé et le terrain restitué à son ancien
propriétaire. Comme il s’agit d’un orphelinat, le permis de démolir n’avait
pu être obtenu, jusqu’à cette année où la décision de détruire le camp a
finalement été prise.
Tous les ans, les anciens pensionnaires de l’orphelinat organisaient un
pique-nique sur place, le dernier dimanche d’avril. La nouvelle de la
destruction programmée du camp nous est parvenue quelque temps avant,
alors nous sommes allés là-bas pour discuter avec les anciens
pensionnaires et avons décidé de nous engager au nom de Nor Zartonk
pour empêcher cela. Notre initiative a rencontré un important écho
médiatique, et c’est à ce moment que les travaux de démolition ont
commencé. Des bulldozers ont été envoyés sur place. Alors les militants
du Congrès démocratique des peuples [HDK, plateforme commune créée
lors des élections de 2011 autour du parti kurde du BDP et d’un certain
nombre de partis d’extrême-gauche, écologistes et/ou défenseurs des
droits des minorités, devenue depuis le HDP, NDT], puis les membres de
notre association ainsi que de nombreuses personnes qui se sentaient
concernées par cette cause sont intervenus. Nous avons empêché la
démolition et occupé le site en appliquant les leçons tirées des
occupations et grèves précédentes, notamment lors de Gezi. Nous nous
sommes constitués en comité et avons commencé à mettre en place un
front commun. La mobilisation s’est poursuivie jusqu’à la décision de
restitution de la semaine dernière. Entre-temps nous avons organisé trois
conférences de presse et deux défilés et consulté l’ensemble des acteurs
du dossier, c’est-à-dire le gouvernement, la municipalité d’Istanbul, la
municipalité de Tuzla ainsi que les différentes instances juridiques
concernées.
Il avait déjà été question d’une restitution avant les élections
législatives du 7 juin, mais cela n’avait pas abouti à l’époque,
n’est-ce pas ?
Oui, malheureusement l’AKP et le député [arménien] Markar Esayan se
sont saisis de cette cause pour gagner des voix. Et ils ont échoué. Leur
seul résultat concret, c’est d’avoir donné à l’opinion publique l’impression
que le camp était sur le point d’être sauvé. Cela a plus desservi notre
cause qu’autre chose. Mais le combat s’est poursuivi jusqu’à ce que nous
ayons récupéré la propriété des lieux.
La société détentrice du titre de propriété [Ulusoy] a-t-elle pesé
d’une quelconque manière ?
Le dossier ne la concernait pas directement. La société ou son gérant ne
souhaitaient pas céder le Camp Armen sans être indemnisé
financièrement ou par un bien d’une valeur équivalente. C’était une des
clauses de l’accord. Il fallait trouver un arrangement légal par rapport à ça.
Quels ont été vos soutiens durant l’occupation ? Et quels sont ceux
qui vont ont fait défaut ?
Disons que les autres fondations religieuses arméniennes auraient pu être
plus présentes. Quant au Patriarcat [arménien de Constantinople], il a
brillé par son absence. En revanche nous avons bénéficié d’un très large
soutien de la part de la communauté arménienne ainsi que des riverains
de Tuzla. Tous les jours ils venaient partager avec nous leurs beureks et
nous ont raccordés à leur électricité durant les premiers jours. C’est un
formidable exemple de solidarité. Notre dette à leur égard est immense.
Nous n’aurions jamais pu tenir s’ils n’avaient pas été là.
Qui vous a soutenu au sein de la société civile et du monde
politique ?
En ce qui concerne les partis politiques, le Parti Républicain du peuple
(CHP) et le Parti démocratique des peuples (HDP) nous ont été d’une
grande aide. Je dois dire que les élus ont pris l’affaire très au sérieux et
nous ont épaulés à la fois par leurs discours et par leurs actions. Nous
avons également eu le soutien des gens de différents pays ou de
différentes religions qui sont venus nous prêter main-forte et nous ont fait
parvenir de la nourriture, etc. C’est extrêmement important. Sans leur
concours, nous n’aurions jamais pu tenir cinq mois comme nous l’avons
fait.
Les occupants du Camp Armen ont été agressés à deux reprises
par des groupuscules, n’est-ce pas ?
Oui, une première fois au centième jour de la mobilisation, la seconde fois
au cent vingt-et-unièmes. Je pense qu’il s’agissait plutôt de groupuscules
fascisants d’extrême-droite. Après les élections, l’atmosphère a
radicalement changé, le nationalisme et le racisme sont montés d’un cran
[en raison de la reprise des combats entre le PKK et l’armée turque, NDT],
si bien que le Camp Armen a été pris pour cible. Mais nous avons su faire
preuve du courage et de la présence d’esprit nécessaires pour nous
défendre et nous nous en sommes tirés sans grands dommages.
Pensez-vous que l’État porte une responsabilité là-dedans ?
Absolument. L’État avait le devoir de nous protéger.
L’État qui saisit le Camp Armen et revend le terrain... Les menaces
de destruction puis, face aux réactions et protestations, on évoque
la restitution mais celle-ci s’éternise des mois durant... Qu’est-ceque cela nous dit sur la Turquie d’aujourd’hui, d’après vous ?
On parle du centième anniversaire du génocide et des lieux de mémoire,
de lieux symboliques. Depuis le début, nous répétons que ce n’est pas la
peine d’ériger un monument en mémoire du génocide arménien. Ce
monument existe, c’est le Camp Armen. Comme vous savez, une partie
du bâtiment est en ruine, celle que les bulldozers ont eu le temps de
démolir avant notre arrivée. Une partie détruite, une partie intacte, c’està-dire où la vie continue et qui peut accueillir diverses activités. C’est
comme un mémorial qui raconte l’histoire des victimes et des bourreaux,
des Justes et des rescapés...
Concernant les difficultés pour recouvrir la propriété des lieux, elles
reflètent les mentalités qui ont toujours prévalu au sein de l’État. Le Camp
Armen revêtait une importance particulière et a bénéficié d’un large écho
médiatique parce que Hrant Dink a vécu là-bas. Mais ce n’est qu’un
exemple parmi d’autres. L’orphelinat était désaffecté depuis trente ans,
alors que l’école mékhitariste de Bomonti [à Istanbul, près de Kurtuluş
NDT] qui accueille une trentaine d’étudiants se trouve en ce moment
même menacée de fermeture, par exemple. Le nombre d’étudiants
diminue de jour en jour car les parents sont conscients du risque de
fermeture. Nous nous sommes battus de manière exemplaire pour trouver
une porte de sortie dans le dossier du Camp Armen afin de montrer la
marche à suivre concernant l’école de Bomonti et bien d’autres endroits.
Ne considérez pas les biens spoliés comme des biens privés. Les bénéfices
sont utilisés à des fins collectives pour financer les études des enfants
pauvres ou leur permettre de se faire soigner.
Pouvez-vous nous raconter dans quelles circonstances Nor
Zartonk a été créé ?
Nor Zartonk est un mouvement populaire fondé par des jeunes Arméniens
de Turquie. Il s’agissait de primes abords d’une simple liste de diffusion
par mail, ouverte en 2004, qui permettait aux jeunes Arméniens de
réfléchir et de débattre des problèmes concernant la Turquie, les
Arméniens ou la planète. En 2005, lors du quatre-vingt-dixième
anniversaire du Génocide arménien, nous avons décidé d’en faire un
mouvement et commencer à travailler en ce sens.
S’agissait-il à l’origine d’un mouvement étudiant ?
Disons un mouvement de jeunes, qui comptait des lycéens, des étudiants
et même des anciens étudiants en son sein. Notre mouvement est un
mouvement de jeunes et il est destiné à la rester. Avec Hrant Dink nous
nous demandions souvent comment et par quels moyens agir.
Malheureusement, à l’époque, nous étions trop peu nombreux pour faire
masse. C’est le 19 janvier 2007, lors de l’assassinat de Hrant Dink, que
nous avons décidé de sauter le pas. C’était une sorte d’engagement vis-àvis de Hrant Dink. Nor Zartonk signifie “réveil, renaissance”. Nous
sommes un mouvement populaire rassemblant des Arméniens, qui a pour
ambition de réfléchir, de s’engager, de militer sur toutes sortes de
questions qui concernent la Turquie et le monde et pas seulement les
Arméniens. Les obsèques de Hrant Dink nous ont remplis d’espoir. Depuis
ce jour, nous poursuivons notre action dans le même état d’esprit.
Il y a également la radio Nor Radyo, fondée en 2009. Notre première
émission était un hommage à Hrant Dink. Nous sommes une association
arménienne, mais nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas nous
contenter de traiter seulement des problèmes des Arméniens, que cela ne
nous ressemblerait pas. Nous voulions attirer à nous d’autres personnes
souffrant de maux comparables, c’est-à-dire victimes de discriminations,
ciblées par des discours de haine ou par les préjugés. Depuis six ans que
cette radio existe, nous avons diffusé des émissions en quinze langues
régionales de Turquie ainsi qu’en Arménien, dans ses trois variantes
occidentale, orientale et hemchine [Arméniens islamisés du nord-est de la
Turquie, NDT]. La vocation de Nor Radio est double : culturelle, qui passe
par la volonté de faire vivre des langues menacées de disparition, et
sociale. C’est la raison pour laquelle un certain nombre d’émissions ont
été consacrées aux femmes, aux LGBTI, à l’écologie et aux droits des
animaux. Nos programmes sont accessibles sur internet via le site
norradyo.com.
Il me semble que certaines émissions sont réalisées en
collaboration avec d’autres radios, n’est-ce pas ?
Nous avons réalisé deux saisons en collaboration avec Özgür Radio [Radio
Libre, NDT]. Chez nous, tout le monde est bénévole, alors un réseau de
solidarité a fini par se créer. Par exemple, lorsqu’il y a une fête grecque
orthodoxe ou la journée de commémoration de la déportation des
Tcherkesses du Caucase [deuxième moitié du XIXème siècle, NDT], nous
sommes tous là. Et eux assistent également aux commémorations du
Génocide arménien. Nous sommes tous ensemble, dans les bonnes
occasions comme dans les mauvaises. Lorsqu’une attaque homophobe se
produit, nous sommes là pour couvrir l’évènement. Nous relayons
également toutes sortes d’initiatives militantes. De ce point de vue, Nor
Radio est un média alternatif à part entière. Cela fait six ans que notre
radio existe et émet en plusieurs langues. Maintenant il existe certains
médias plurilingues comme TRT 6, par exemple, [chaîne publique
émettant en kurde], mais à l’époque, en 2009, il n’y avait rien de tel, il
faut le préciser.
Nous avons dit ce que voulait dire Nor Zartonk. C’est aussi le nom donné
à la Renaissance arménienne de 1850-1915 qui avait Istanbul pour
capitale. Nor Zartonk signifie donc “réveil” mais également “nouvelle
renaissance”. Durant cette période les Arméniens étaient au premier plan
sur le plan artistique, politique ou social. C’est une référence à cette
période. Tout s’est brusquement arrêté en 1915. Quelques personnes ont
réussi à passer le flambeau, mais c’était difficile et elles étaient peu
nombreuses. Enfin il y a l’Association arménienne de culture et de
solidarité, créée en juillet de l’année 2010. C’est une plateforme ouverte à
tous, à l’instar de Nor Zartonk ou de Nor Radyo. C’était une volonté
explicite de notre part. En 2010, un rapport de l’UNESCO a placé
l’arménien [occidental, NDT] dans la liste des langues en voie de
disparition ; nous avons voulu faire quelque chose par rapport à ça. Nous
avons donc fondé l’association pour proposer des cours d’arménien et
projeter des films en arménien, et nous continuons aujourd’hui.
Avez-vous un espace associatif ?
Oui, nous avons un local à Beyoğlu [quartier européen d’Istanbul, NDT]
financé grâce aux cotisations de nos membres. Nous avons fait paraître
des livres sur le Génocide arménien, particulièrement un livre sur les
justes qui ont sauvé des Arméniens du génocide, ainsi qu’un livre qui
parle des discriminations à l’école. Nous avons également organisé un
atelier pour enfants qui a débouché sur un livre.
Ces ouvrages sont en turc, n’est-ce pas ? Où peut-on se les
procurer ?
Oui, ils en sont en turc. Pour le moment il faut passer par l’association
pour se les procurer. Il y a aussi le livre “1965” [première année de
commémoration du Génocide arménien, NDT] qui rend compte des
répercussions des différentes actions et commémorations en Turquie et
dans les médias turcs. C’est un ouvrage édifiant, qui nous prouve que rien
n’a changé, même bien des années plus tard.
Nor Zartonk se définit-il également comme un mouvement
politique ?
Nous nous considérons comme un mouvement populaire. Nor Zartonk a
pour vocation d’être aux côtés de tous ceux qui sont victimes de
discriminations et de toutes les communautés opprimées, comme le
montrent l’association et la radio Nor. Notre engagement politique va dans
le même sens. C’est la raison pour laquelle nous sommes membres du
Congrès démocratique des peuples. Un membre de Nor Zartonk siège aux
plus hautes instances représentatives du HDK. Nous croyons à
l’importance de la lutte contre le fascisme et pour la démocratie et
participons aux actions de protestation contre les divers massacres et
oppressions qui ont touché d’autres communautés, comme le massacre de
Roboski par exemple [le 28 décembre 2011 l’armée turque a bombardé en
pleine nuit un groupe de contrebandiers du village kurde de RoboskiUludere dans la région de Şırnak, à la frontière irakienne, qui tentaient de
passer par des cols de montagne, faisant 34 morts, NDT].
Vous étiez aussi présents lors de l’occupation du parc Gezi ?
Oui, dès le premier jour. Le parc Gezi à Taksim est l’un des seuls lieux
fréquentés par les gens du quartier et jouxte des quartiers à dominante
arménienne [Les quartiers de Pangaltı, Feriköy, Kurtuluş, Bomonti au nord
de la place Taksim, étaient très majoritairement peuplés par des Grecs,
des Arméniens et des Levantins, et le sont encore partiellement]. À titre
personnel, j’ai des attaches fortes avec cet endroit car j’y ai passé une
partie de mon enfance. Gezi était un combat contre la destruction de
l’environnement, l’affairisme et la spéculation foncière qui touchent la ville.
À l’époque, les interdictions en tous genres avaient commencé à pleuvoir.
Il y a eu un avant et un après Gezi, et nous étions là dès le premier jour,
avec notre langue et nos couleurs. Beaucoup de gens nous ont rejoints en
voyant des messages, des slogans en arménien. Nous avons eu le soutien
de nombreux Arméniens de Turquie, de la Diaspora et d’Arménie.
La présence de Nor Zartonk au moment de l’occupation de Gezi est
venue rappeler que le parc était anciennement un cimetière
arménien, n’est-ce pas ?
Oui, c’est assez vrai, mais dans un deuxième temps seulement. Dans un
premier temps la situation était délicate. Les Arméniens de Turquie vivent
dans une atmosphère de peur et qu’on le veuille ou non, nous étions
parties prenantes de cela. Celui qui connaît un tant soit peu l’histoire de la
Turquie peut difficilement prétendre ne pas avoir peur, mais nous
n’abandonnons pas la lutte pour autant. Le Premier ministre de l’époque
[Erdoğan, NDT] avait accusé les manifestants d’ignorer l’histoire, car il
disait vouloir reconstruire la caserne des Canonniers. En réalité, tout ce
qu’il voulait, c’était construire un centre commercial ayant vaguement
l’allure d’une caserne. Nous avons fait une déclaration pour dire que ceux
qui ignoraient l’histoire n’étaient pas toujours ceux qu’on pensait. En effet,
à l’époque, l’endroit abritait un cimetière arménien qui avait été saisi par
l’État, comme beaucoup d’autres lieux [Le cimetière Surp Agop – Saint
Jacques – désaffecté depuis l’épidémie de choléra il y a plus d’un demisiècle a été saisi en 1939 par la mairie de Beyoğlu au terme d’une
procédure judiciaire de plusieurs années, NDT].
Nous avons rappelé cela, en leur disant : "Vous nous avez pris notre
cimetière, nous ne vous laisserons pas notre parc”. Et nous ne l’avons pas
laissé. Le parc Gezi est encore là. Évidemment, c’est le résultat d’une
mobilisation collective. Il faut ajouter que beaucoup d’Arméniens ont
participé au mouvement d’occupation de Gezi. Des militants politiques,
des gens ordinaires se sont unis parce qu’ils avaient quelque chose à dire
et l’ont fait savoir. Pour de nombreuses personnes qui ne s’étaient jamais
engagées, ça a été l’occasion et l’endroit pour se faire entendre.
-----------------------------Lire aussi:
Turquie : Au 175e jour de résistance, un orphelinat rendu à une Fondation
arménienne
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marche
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A Istanbul, l'ancien orphelinat arménien de Kamp Armen détruit par les
bulldozers
"Mon esprit bouleversé - comme un pigeon inquiet", dernier article de
Hrant Dink
Dossier du Collectif VAN : les spoliations des biens des minorités en
Turquie
URL originale :
http://repairfuture.net/index.php/fr/genocide-armenien-reconnaissanceet-reparations-point-de-vue-de-turquie/un-monument-en-memoire-dugenocide-armenien-existe-deja-en-turquie-c-est-camp-armen
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92363
CEDH/Génocide arménien : Une approche antiuniversaliste
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous
invite à lire cet article de Emmanuel Daoud, avocat au barreau de
Paris publié sur le site l'Obs avec Rue89 le 29 octobre 2015.
L'Obs avec Rue89
Le génocide arménien mis KO par la Cour européenne
des droits de l’homme
Par Emmanuel Daoud, avocat au barreau de Paris.
Publié le 29/10/2015 à 21h55
La décision rendue par la grande chambre de la CEDH le 15 octobre 2015
dans l’affaire Perincek c. Suisse était très attendue.
Lorsque Dogu Perincek, le président général du Parti des travailleurs de
Turquie, parti d’extrême gauche, à l’occasion de trois discours prononcés
publiquement en Suisse, a explicitement nié le génocide arménien (« Les
allégations de “génocide arménien” sont un mensonge international »), il
a été condamné sur le fondement du fameux article 261 bis du code pénal
suisse réprimant l’infraction de discrimination raciale.
Mais cela, c’était avant que la Cour européenne des droits de l’homme ne
mette au tapis la décision des juridictions suisses.
Quel « cadeau » plus amer pouvait-elle faire à la communauté
arménienne pour la commémoration du centenaire du génocide arménien ?
Comment la Cour a-t-elle pu oublier à ce point l’attente suscitée par la
décision à venir pour tout un peuple, la communauté internationale et les
défenseurs des droits de l’homme en cette date anniversaire ?
L’affaire Perincek c. Suisse devait permettre à la haute juridiction de juger
qui, de la liberté d’expression au regard des débats historiques ou de la
lutte contre les discours d’incitation à la haine (négationnisme en
l’occurrence), devait prévaloir et donc être protégée ?
Par dix voix contre sept, la liberté d’expression l’a remporté, sur des
critères discutables, ce dont nous allons tenter de vous convaincre.
Une comparaison malvenue
Ce n’est pas sans surprise que l’on peut lire, en appréciant si les propos
tenus par monsieur Perincek constituaient une forme d’incitation à la
haine ou à l’intolérance à l’encontre des Arméniens, que la Cour considère :
« Dans les affaires portées devant l’ancienne Commission et devant la
Cour concernant des propos relatifs à l’Holocauste, pour des raisons
tenant à l’histoire et au contexte, ces propos ont invariablement été
présumés pouvoir l’être (paragraphes 209 et 211 ci-dessus) [une
incitation à la haine]. La Cour n’estime cependant pas qu’il puisse en aller
de même dans le cas d’espèce, où le requérant s’est exprimé en Suisse au
sujet d’événements survenus sur le territoire de l’Empire ottoman quelque
90 ans auparavant. »
La comparaison malvenue avec l’Holocauste ne s’arrête malheureusement
pas là. La Cour la réitère :
« Cela est particulièrement pertinent s’agissant de l’Holocauste. Pour la
Cour, en criminaliser la négation ne se justifie pas tant parce qu’il
constitue un fait historique clairement établi que parce que, au vu du
contexte historique dans les Etats […], sa négation, même habillée en
recherche historique impartiale, traduit invariablement une idéologie
antidémocratique et antisémite. »
A contrario, la négation du génocide arménien ne traduirait donc pas
invariablement une idéologie raciste, quand bien même la personne
tenant de tels propos se réclamerait ouvertement de Talaat Pacha,
considéré comme l’un des ordonnateurs du génocide arménien. En tout
état de cause, il semble inapproprié de comparer la gravité, l’impact des
différents génocides ou bien encore les souffrances générées par eux.
Quelle est l’unité de mesure retenue par la Cour ? Quelle est l’échelle de
comparaison pertinente ? Poser ces questions souligne le caractère
absurde et injustifiable de la motivation de la Cour européenne des droits
de l’homme.
La Cour accorderait-elle un régime exclusif à l’Holocauste, créant ainsi
l’apparence d’une hiérarchie des génocides ?
Une approche anti-universaliste
Il peut sembler obsolète de s’attacher à un critère géographique quant à
la mesure de l’impact de tels propos dans un monde où l’information
circule à la vitesse de la lumière.
Pourtant, la Cour n’hésite pas à considérer en l’espèce que les propos
ayant été tenus sur le territoire suisse, Etat où le climat sociopolitique
n’est, selon elle, pas enflammé par les débats sur le génocide arménien,
leur impact n’est que limité.
Outre le fait que cette appréciation fait totalement abstraction de l’ère de
communication dans laquelle nous évoluons, celle-ci remet surtout en
cause le principe fondamental de la « portée universelle et erga omnes
des droits de l’homme, qui constitue la quintessence de leur acception
contemporaine », comme l’ont si bien souligné les sept juges dissidents.
N’est-il pas du devoir de chaque Etat d’assurer le respect des droits de
l’homme vis-à-vis de ses semblables sans aucune distinction
géographique ?
Si l’on allait au bout du raisonnement adopté par la majorité, la négation
du génocide rwandais, par exemple, serait protégée par la liberté
d’expression dès lors que les propos seraient tenus sur le continent
européen… On imagine que demain, les négationnistes du génocide
rwandais [Nota CVAN : Génocide des Tutsi du Rwanda] s’en donneront
peut-être à cœur joie lorsqu’il s’agira de commenter les procès à venir sur
le territoire français...
Lire la suite sur le site L'Obs avec Rue89
----------------Lire aussi:
Dossier du Collectif VAN : Affaire Perinçek
http://www.collectifvan.org/article.php?r=3&id=77468
URL originale :
http://rue89.nouvelobs.com/blog/oh-my-code/2015/10/29/le-genocidearmenien-mis-ko-par-la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme-235069
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92360
Collectif VAN : l'éphéméride du 2 novembre
Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - La rubrique
Ephéméride est à retrouver quotidiennement sur le site du
Collectif VAN. Elle recense la liste d’événements survenus à une
date donnée, à différentes époques de l’Histoire, sur les
thématiques que l’association suit au quotidien. L’éphéméride du
Collectif VAN repose sur des informations en ligne sur de
nombreux sites (les sources sont spécifiées sous chaque entrée).
Vous pouvez retrouver tous les éphémérides du Collectif VAN dans
la Rubrique Actions VAN, en cliquant sur ces liens:
Les éphémérides du Collectif VAN (1ère partie)
http://www.collectifvan.org/article.php?r=3&id=51673
Les éphémérides du Collectif VAN (2ème partie)
http://collectifvan.org/article.php?r=3&id=55304
Ça s’est passé un 2 novembre (les événements sont
classés du plus ancien au plus récent) :
2 novembre 1895 -- Empire ottoman : Les événements de 1895. Dans
les grandes villes, le climat d'insécurité, largement entretenu jusque là par
la passivité des autorités ottomanes, se dégrada très vite, et à partir de
1894 prit l'allure d'une véritable guerre civile. Cette nouvelle situation
sortit du cadre de la stricte « Question arménienne » en devenant plus
généralement « une Question chrétienne ». Les propos du vice-consul de
France à Diyarbakir, Gustave Meyrier, étaient en ce sens sans ambiguïté.
Cet état de choses s'applique à tous les chrétiens sans distinction de race,
qu'ils soient Arméniens, Chaldéens, Syriens ou Grecs. La tuerie débuta le
samedi 2 novembre : Ce jour-là au lever du soleil, le carnage a commencé
et a duré jusqu'au dimanche soir. Ils s'étaient divisés par bandes et
procédaient systématiquement maison par maison, en ayant bien soin de
ne pas toucher à celles des musulmans. On défonçait la porte, on pillait
tout et, si les habitants s'y trouvaient, on les égorgeait. On a tué tout ce
qui se présentait sous la main, hommes, femmes et enfants ; les filles
étaient enlevées. Presque tous les musulmans de la ville, les soldats, les
zaptiés et les Kurdes du pays ont pris part à cette horrible boucherie. Un
peu plus loin, dans cette même dépêche, Gustave Meyrier précisa que les
Kurdes des tribus ne sont pas entrés, ce qui voulait dire que les portes de
la ville avaient été volontairement fermées par les autorités, car on savait
fort bien que ces hordes de sauvages ne font pas de distinction entre les
religions et que, si on déchaînait leurs instincts de pillage et de meurtre,
toute la ville, les musulmans comme les chrétiens, y serait passée.
Lettre de M. Meyrier, vice-consul de France à Diarbekir, à M. P. Cambon,
ambassadeur de la République française à Constantinople. Diarbekir, 2
novembre 1895, 4 h 30 du matin, arrivée 8 h 30 du matin. « La ville est à
feu et à sang. »Meyrier
Lettre de M. P. Cambon, ambassadeur de la République française à
Constantinople, à M. Meyrier, vice-consul de France à Diarbekir. Péra, 2
novembre 1895, 9 h 15 du matin. « La protection du Consulat et de
l'établissement catholique est-elle assurée par le vali ? Si elle ne l'est pas,
faites réquisition énergique. Donnez à tous l'exemple du sang-froid. Sur la
communication de vos précédents télégrammes, le Grand-Vizir avait
promis de prendre des dispositions pour le maintien de l'ordre. En
attendant l'arrivée des troupes, bornez-vous à assurer la sécurité de nos
établissements et de nos nationaux et protégés. Faites-moi savoir
d'urgence d'où est venue la première provocation. Les Arméniens seuls
sont-ils menacés ? » P. Cambon
Imprescriptible.fr : 1895,Correspondances diplomatiques françaises
relatives aux événements de Diarbekir
http://www.imprescriptible.fr/carzou/annexes2
Imprescriptible.fr : Autopsie d'un massacre : n'oublions pas 1895 !
http://www.imprescriptible.fr/seyfo/autopsie-1895/
2 novembre 1914 -- La Russie déclare formellement la guerre contre
l'Empire ottoman.
ANI: Chronology of the Armenian Genocide -- 1914
http://www.armenian-genocide.org/1914.html
2 novembre 1914 -- Empire ottoman : un Conseil politique élargi se
tient à Galata, en présence des principales personnalités arméniennes de
la capitale. L’assemblée décide de publier une circulaire qui est envoyée
dans toutes les provinces pour que « chacun accomplisse ses obligations
et renouvelle sa fidélité à la patrie ottomane ». Elle décide aussi de fonder,
« aux frais de la nation », un hôpital de campagne.
** (Zaven Der Yéghiayan, 1947 :74).
Mass Violence - par Raymond Kévorkian
http://www.massviolence.org/IMG/pdf/Chronologie-de-l-exterminationdes-Armeniens-de-l-Empire-ottoman-par-le-regime-jeune-turc-1915-
1916.pdf
2 novembre 1915 -- Empire ottoman : Mamouret-ul-Aziz. - Récit d'une
dame arménienne de C. {Husseinig} (une ville située aune demi-heure de
H. {Kharpout}), décrivant son voyage de C. {Husseinig} à Ras-Ul-Ain,
écrit après son évasion de Turquie et daté d'Alexandrie 2 novembre 1915 ;
publié par le journal arménien « Gotchnag » de New-York, du 8 janvier
1916. Extrait : « Peu après Pâques de cette année (1915), les
fonctionnaires turcs firrent des perquisitions dans les églises et écoles
arméniennes de {Mezré} de {Kharpout}, de {Husseinig}, de {Morinig},
de {Keisirig}, de {Yeghek}, et des villages environnants, mais sans rien y
trouver de suspect. Ils prirent alors les clés de ces bâtiments et les
remplirent de soldats. Ils perquisitionnèrent également dans les maisons
privées, sous prétexte d'y chercher des armes et des munitions, mais ils
ne trouvèrent rien. Puis les crieurs publics annoncèrent que toutes les
armes devaient être livrées au Gouvernement ; et c'est ainsi qu'un certain
nombre d'armes fut ramassé… »
Imprescriptible.fr : Vilayet de Mamouret-ul-Aziz
http://www.imprescriptible.fr/documents/livre-bleu/g7.htm
2 novembre 1919 -- Empire ottoman/Syrie : Jelal Bey (l'ancien
gouverneur général de la province d'Alep jusqu'en mai 1915, quand il
avait démissionné en signe de protestation contre l'ordre d'exterminer les
Arméniens, après quoi il avait été transporté à Konia (Konya), où il était
resté en fonction jusqu'à la fin de 1916) a été nommé gouverneur général
d'Alep province de nouveau.
ANI: Chronology of the Armenian Genocide -- 1919
http://www.armenian-genocide.org/1919.html
2 novembre 1927 -- Empire ottoman : début du mandat de Şükrü Kaya.
Il dévient Secrétaire Général du Parti Républicain du Peuple, parti unique
de Mustafa Kemal du 2 novembre 1927 au 11 novembre 1938. Durant le
genocide, il avait le titre officieux de Directeur Général de la Déportation
(Sevkiyat Reis-i Umumisi) au Ministère de l'Intérieur. Son titre officiel a
d'abord été Directeur à l'Installation des Tribus et Réfugiés du 20
novembre 1914 au 2 mars 1916 puis Directeur Général aux Tribus et
Réfugiés du 2 mars 1916 au 20 décembre 1916: Le consul allemand
Rossler rapporte un entretien qu'il eut avec lui. II avait cru innocemment
que Şükrü était venu organiser le ravitaillement des déportés et il s'était
adressé à lui pour le prier de libérer quelques Arméniens qui avaient
travaillé dans des administrations allemandes. II fut éconduit brutalement
par Şükrü qui lui dit en français : « Vous ne comprenez pas ce que nous
voulons. Nous voulons une Arménie sans Arméniens. » L'ingénieur
allemand du Bagdadbahn, Bastendorff, rapporte que Şükrü lui avait
déclaré qu'il était temps de résoudre une fois pour toute le vieux conflit
avec les Arméniens « par l'extermination de la race arménienne » (Die
Ausrottung der armenischen Rasse).
Imprescriptible.fr : Sükrü Kaya (1882-1959)
http://www.imprescriptible.fr/turquie-memoire/Sukru_Kaya.html
2 novembre 1933 -- Empire ottoman : un dirigeant de l'O.S., Djemal
Ferid, qui était un des cinq secrétaires responsables de Constantinople,
publia pendant six mois, à partir du 2 novembre 1933, dans le journal turc
Vakit ses mémoires, sous le pseudonyme de A. Bil. Il y mentionne la
conférence tenue à Erzeroum en février 1915 par Chakir et révèle que
c'est au cours de cette conférence qu'il fut décidé de faire de l'O.S. un
corps autonome replié du front extérieur vers le front intérieur. Des
médecins turcs participèrent à la formation des unités de l'O.S. ou les
dirigèrent: le docteur Ibrahim Tali, qui avait le grade de lieutenant-colonel,
assista Chakir à Erzeroum en décembre 1914 dans l'organisation des
bandes de brigands ; le docteur Fouad Sabit était le chef de section de
l'O.S. à Erzindjan ; le docteur Hussein Riza, organisa les bandes d'Ardahan
; le docteur Hilmi était le médecin du détachement commandé par Yacoub
Djemil. Ternon, Yves. Enquête sur la négation d'un génocide, Marseille,
Parenthèses, 1989
Imprescriptible.fr : L'Organisation Spéciale
http://www.imprescriptible.fr/ternon/3_chapitre4
2 novembre 1941 -- 998 juifs de Vienne (Autriche) et plusieurs
centaines de juifs de Prague sont déportés au ghetto de Lodz (Pologne).
Israelvivra.com
http://israelvivra.com/calendnovembre.htm
2 novembre 1941-- Loi portant interdiction pour les Juifs d'acquérir un
fonds de commerce sans autorisation préfectorale.
ajpn
http://www.ajpn.org/1941.html
2 novembre 1942 -- 3 000 juifs sont assassinés par les SS lors de la
dernière Aktion contre la communauté de Kamien Koszyrski (Volhynie,
R.S.S. d'Ukraine).
7 000 juifs du camp de Wolkowysk (province de Grodno, U.R.S.S.) sont
déportés aux camps d'extermination de Treblinka et d'Auschwitz.
Tous les internés du ghetto de Rozana (district de Brest-Litovsk, R.S.S. de
Biélorussie) sont déportés à Wolkowysk. Beaucoup meurent au cours d'un
trajet interminable. Fin novembre, les survivants seront déportés de
Wolkowysk au camp d'extermination de Treblinka pour y être assassinés.
Les SS assassinent 500 juifs à Krzeszov (Pologne).
Première déportation des juifs de Siemiatycze (province de Bialystok,
Pologne) au camp d'extermination de Treblinka : elle concerne 7 000 juifs
environ. Un mouvement de résistance juive s'organise, qui parvient à
aider 200 personnes à fuir dans les bois où elles rejoignent les partisans.
80 juifs de Siemiatycze seulement survivront.
Les juifs de Marcinkowce (district de Bialystok, Pologne) résistent aux
nazis, qui les arrêtent pour les déporter vers les camps d'extermination.
360 juifs sont assassinés sur place.
7 000 juifs du ghetto de Lomza (Pologne) sont conduits au camp de
Zambrov. Les autres sont exécutés dans la forêt voisine de Galczyn.
Lomza est déclaré « purifié de ses juifs ».
A Ciechanov (Pologne), 2 juifs sont pendus par la Gestapo.
954 juifs sont déportés du camp de regroupement de Westerbork au camp
d'extermination d'Auschwitz.
8 000 juifs du ghetto de Sokolka, 1 000 juifs de Goniadz, 5 000 juifs du
ghetto de Krynki, 3 500 juifs du ghetto de Wysokie, 1 500 juifs de
Szczuczin, 4 000 juifs du ghetto de Grodno, 2 500 juifs du ghetto de
Grajevo, 3 000 juifs du ghetto de Skidel, 2 000 juifs de Zabludow, 5 000
juifs de Bielsk-Podlaski et d'autres cachettes, 2 500 juifs du ghetto de
Wolkowysk et 2 000 juifs du camp de travail forcé de Zambrow (tous
situés dans le district de Bialystok, Pologne) sont déportés au camp
d'extermination de Treblinka.
2 000 juifs de Prampol (district de Lublin), 600 juifs de Josefov, 2 500 juifs
de Zloczov (Galicie orientale, R.S.S. d'Ukraine), 2 000 juifs du ghetto de
Brody (district de Lvov, R.S.S. d'Ukraine), 3 000 juifs de Tarnogrod
(Pologne), 4 000 juifs du ghetto de Bilgoraj (district de Lublin) et 3 200
juifs de Novy Korczyn (district de Kielce, Pologne) sont déportés au camp
d'extermination de Belzec.
Israelvivra.com
http://israelvivra.com/calendnovembre.htm
2 novembre 1943 -- Liquidation du ghetto de Riga (capitale de la R.S.S.
de Lettonie) : les vieillards et les enfants juifs sont tués sur place. Les
autres sont déportés au camp de concentration de Kaiserwald, près de la
ville.
Israelvivra.com
http://israelvivra.com/calendnovembre.htm
2 novembre 1943 -- Au camp de Riga, 1 000 Juifs sont envoyés à
Birkenau.
ajpn
http://www.ajpn.org/1943.html
2 novembre 1943 -- Les allemands commencent une opération de
destruction des survivants du ghetto de Varsovie, pour la plupart détenus
à Majdanek. En quelques jours, 50 000 Juifs sont assassinés par balle à
Majdanek.
ajpn
http://www.ajpn.org/1943.html
2 novembre 1944 -- 76 000 juifs de Budapest sont conduits en cinq
jours par les SS, les fascistes hongrois et la gendarmerie en direction de
Vienne, vers l'ouest. Près de 10 000 juifs mourront en route.
Israelvivra.com
http://israelvivra.com/calendnovembre.htm
Compilation réalisée par le site www.collectifvan.org
http://collectifvan.org/article.php?r=0&id=58373
Les textes qui suivent constituent une Revue de Presse des
articles parus dans les médias sur les sujets que le Collectif VAN
suit au quotidien. A ce titre, s'ils ne représentent pas toujours
(hélas) l'opinion de notre association, il est utile d'en prendre
connaissance pour éventuellement y réagir de manière appropriée.
GENOCIDE ARMENIEN
Pas plus de place aux génocides dans le nouveau
cours d'histoire au secondaire
ICI RADIO-CANADA
Mise à jour le dimanche 1 novembre 2015 à 8 h 42 HNE
Selon toute vraisemblance, la refonte du programme d'histoire au
secondaire donnera une place plus large à l'histoire des Autochtones, mais
les élèves n'auront pas à en apprendre davantage sur les génocides de
l'histoire contemporaine, comme le génocide arménien ou l'Holocauste.
Un article de Bahador Zabihiyan
Heidi Berger est la présidente de la Fondation pour l'étude obligatoire des
génocides dans les écoles secondaires. Depuis plusieurs années, elle
effectue des présentations dans les écoles du Québec, pour expliquer les
génocides qui ont marqué l'histoire contemporaine.
« Je fais des présentations sur le génocide qui sont basées sur les
témoignages de ma mère qui était survivante de l'Holocauste », expliquet-elle.
Au fil des ans, elle dit avoir remarqué que les élèves avaient parfois
certaines lacunes.
« Quand je suis rentrée dans les écoles secondaires, en dixième et
onzième année, j'ai remarqué que les élèves, ils ne savaient même pas ce
que le mot génocide veut dire. » — Heidi Berger, présidente de la
Fondation pour l'étude obligatoire des génocides dans les écoles
secondaires
Elle souhaiterait que les nouveaux programmes d'histoire du secondaire,
qui doivent entrer en vigueur progressivement à partir de 2016, incluent
un chapitre obligatoire sur les génocides, comme l'Holocauste ou le
génocide arménien.
Mais selon toute vraisemblance, ce ne sera pas le cas. Raymond Bédard,
le président de la Société des professeurs d'histoire du Québec, a été
consulté par le ministère de l'Éducation pour la rédaction des programmes.
« J'ai vu les programmes [...] Pour le secondaire [...], c'est déjà terminé.
Ils travaillent à toutes fins pratiques sur le quatrième secondaire
présentement », dit M. Bédard.
L'histoire des Autochtones, incluant les pensionnats, y sera abordée plus
largement, dit-il. Mais pas la question des génocides contemporains.
« Dans le nouveau programme, la question amérindienne, la question des
Autochtones, c'est une préoccupation, on en traite à toutes
les périodes. » — Raymond Bédard, président de la Société des
professeurs d'histoire du Québec
Heidi Berger est satisfaite que les nouveaux programmes donnent plus de
place à l'histoire des Autochtones. Elle aimerait qu'à terme, le ministère
fasse de même avec la question des génocides.
Avec sa fondation, elle a lancé une pétition en ce sens, qui est disponible
sur le site de l'Assemblée nationale. Aram Elagoz, du Comité national
arménien, soutient l'initiative de Mme Berger. Il estime que les élèves
doivent en apprendre davantage sur l'histoire des génocides, car le
Québec a servi de refuge à plusieurs peuples qui en ont été victimes.
« Avec cette pétition, on va donner un aspect politique à cette question. À
la longue, nous allons, je pense, pouvoir au moins introduire un des
aspects des cours de génocide dans le curriculum du Québec. » — Aram
Elagoz, Comité national arménien
Présentement, les programmes d'histoire ne consacrent pas de chapitre
spécifique à l'Holocauste, et encore moins au génocide arménien. « Le
génocide arménien n'est pas réellement abordé. Pour l'Holocauste, c'est
un peu par la bande, parce que le Canada a participé [...] à la Deuxième
Guerre mondiale, mais sinon, ce n'est pas dans le programme
officiellement », dit M. Bédard.
Ce professeur d'histoire, qui enseigne depuis 33 ans, estime que les
aspects liés aux génocides pourraient être inclus dans un cours d'histoire
spécifique en secondaire 5. « Je pense qu'éventuellement, on pourrait
faire un cours obligatoire d'histoire [au secondaire 5], parce que
présentement, ce n'est pas un cours d'histoire », dit-il.
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2015/11/01/001-holocaustearmenie-genocide-histoire-secondaire-quebec-cours-autochtone.shtml
Arméniens, un siècle après le génocide
Le 02 Novembre 2015 par Vicken Cheterian
Dans le combat pour la justice mené par les survivants du génocide
arménien de 1915, l’écriture a joué un rôle essentiel. Difficile, en effet, de
représenter l’événement par la photographie ou le documentaire : non
seulement les images manquent, mais surtout, comme le génocide a fait
l’objet d’un déni, les tentatives visant à en rendre compte dans la culture
populaire — au cinéma, par exemple — ont été censurées. Un siècle plus
tard, les livres demeurent le principal moyen de se souvenir, et surtout
d’essayer de comprendre les conditions dans lesquelles s’exerce la
destructivité humaine. Les publications en langue française y contribuent
fortement.
Hamit Bozarslan, Vincent Duclert et Raymond H. Kévorkian proposent un
ouvrage
unique,
qui
parcourt
le
cycle
entier
du
débat
historiographique (1). Kévorkian en signe la première partie, où le récit se
place dans la perspective des victimes : la déchéance du statut de la
communauté arménienne ottomane, les massacres commis sous le sultan
Abdul Hamid II en 1894-1896, les nouvelles tueries perpétrées à Adana
en 1909, après la révolution des Jeunes-Turcs, jusqu’à la radicalisation de
ces derniers après les guerres des Balkans, la décision d’annihiler les
Arméniens ottomans, puis les étapes du génocide lui-même. La deuxième
partie, sous la plume de Bozarslan, passe du côté des auteurs du crime.
Elle montre comment les Jeunes-Turcs mettent fin à la tradition ottomane
qui, tout en accordant aux minorités un statut de citoyens de seconde
zone, s’engageait néanmoins à les protéger. Enfin, Duclert propose un
récit approfondi du génocide du point de vue de l’histoire globale, qui
rappelle que, si les grandes puissances promirent bien souvent aux civils
de les défendre, elles se montrèrent systématiquement incapables
d’arrêter les crimes contre l’humanité — quand elles n’en furent pas à
l’origine.
Kévorkian signe également un autre essai, en collaboration avec Yves
Ternon (2). Tous deux y rassemblent des documents historiques —
échanges diplomatiques, témoignages de première main et même
photographies — qui contextualisent les événements. On a ainsi
l’impression de détenir une réponse indirecte aux autorités turques, qui
réclament des preuves que les déportations et les massacres ont bien été
planifiés. Le lecteur dispose des éléments nécessaires pour parvenir à ses
propres conclusions. L’âpre combat mené par les militants de la diaspora
pour que le génocide soit reconnu a toutefois eu un prix : l’histoire et
l’identité contemporaines arméniennes subissent un réductionnisme de
plus en plus prononcé. Ainsi, Gaïdz Minassian (3), qui part du débat de
2012 sur les lois dites mémorielles en France, invite à redécouvrir
l’histoire et l’héritage culturel d’avant le génocide, dans le cadre d’un
projet émancipateur pour l’avenir.
C’est enfin un récit à la première personne que livre Pinar Selek,
apportant le point de vue d’une intellectuelle turque qui « découvre » la
question arménienne dans son pays (4). Elle entreprend un voyage au fil
de sa propre biographie, où les souffrances d’une communauté entrent en
résonance avec les siennes. Militante de gauche, cette sociologue
représente la génération de l’après-coup d’Etat militaire de 1980, à la
suite duquel jusqu’à cinq cent mille personnes furent emprisonnées. Elle
explique les raisons de l’absence des Arméniens dans la sphère publique
turque : leur stigmatisation par les autorités, qui les désignent comme
l’ennemi, l’incapacité idéologique de la gauche à prendre leur cause en
considération... Ce voyage, d’autres penseurs turcs l’ont entrepris ces
dernières années, permettant l’ouverture d’un débat interne.
(1) Hamit Bozarslan, Vincent Duclert et Raymond H. Kévorkian,
Comprendre le génocide des Arméniens. 1915 à nos jours, Tallandier,
Paris, 2015, 496 pages, 21,50 euros.
(2) Raymond H. Kévorkian et Yves Ternon, Mémorial du génocide des
Arméniens, Seuil, Paris, 2014, 498 pages, 30 euros.
(3) Gaïdz Minassian, Arméniens. Le temps de la délivrance, CNRS Editions,
Paris, 2015, 530 pages, 25 euros.
(4) Pinar Selek, Parce qu’ils sont arméniens, Liana Levi, Paris, 2015,
96 pages, 10 euros.
http://www.monde-diplomatique.fr/2015/10/CHETERIAN/53950
UE/TURQUIE
Arrêtons tout cynisme dans les relations entre
Bruxelles et Ankara
LE MONDE | 30.10.2015 à 12h36 | Par Anne-Marie Le Gloannec (Directrice
de recherche au CERI, Sciences Po, Paris)
Fallait-il que la chancelière allemande se précipite à Ankara, le 18 octobre
et que les Européens multiplient les ouvertures au président turc Recep
Tayyip Erdogan alors que les négociations d’adhésion, entamées en 2005,
étaient, pour le moins qu’on puisse dire, au point mort depuis quelques
années ?
L’enjeu immédiat : obtenir du gouvernement turc, au mieux et au plus
vite, qu’il « coopère » à la gestion des passages frontaliers, telle que
l’Union européenne (UE) la conçoit, et contenir les arrivées d’immigrants,
notamment syriens, dont l’Europe ne sait plus comment les recevoir
décemment, sans parler, pour certains pays, de les intégrer à long terme.
Depuis des années, l’UE n’a eu de cesse que de s’entourer de pays dits
« amis » et de repousser à leurs frontières externes le contrôle des
migrants et réfugiés pénétrant sur leurs territoires pour gagner l’Europe.
Et dans l’affolement qui suivit l’offre généreuse d’accueillir les réfugiés
syriens en Allemagne, la chancelière allemande et, avec elle, le président
de la Commission et une bonne partie des chefs d’Etat et de
gouvernement, ont ignoré ce qui leur a paru primordial durant toutes ces
dernières années : le mépris des droits de l’homme, le non-respect de la
règle de droit et l’autoritarisme grandissant de l’ancien premier ministre
devenu président de la République, M. Erdogan.
La Turquie, pays sûr ?
Car, outre l’octroi de 3 milliards d’euros destinés à mettre en œuvre le
plan...
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/10/30/arretons-tout-cynismedans-les-relations-entre-bruxelles-etankara_4800175_3232.html#8Y0dDF4WtuZVYqyg.99
TURQUIE
En Turquie, le triomphe d’Erdogan
Le Monde.fr | 02.11.2015 à 01h25 • Mis à jour le 02.11.2015 à 06h56 |
Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Contre toute attente, le Parti de la justice et du développement
(AKP, islamo-conservateur) a remporté les élections législatives
de dimanche 1er novembre en Turquie, regagnant la majorité
parlementaire perdue lors du précédent scrutin du 7 juin. Les
principaux instituts de sondage, prompts à prédire à l’AKP un
score médiocre (entre 37 et 43 %) se sont fourvoyés.
Gratifiée de 49,3 % des suffrages, la formation du président Recep Tayyip
Erdogan enverra 316 députés au parlement (sur 550), assez pour
gouverner seule, trop peu, en revanche, pour modifier la Constitution
dans le sens du régime présidentiel fort voulu par le chef de l’Etat.
Ce résultat est un triomphe pour M. Erdogan, dont le parti récupère, en un
tournemain, les 3 millions de voix qui lui avaient échappé en juin.
« Aujourd’hui est un jour de victoire pour la démocratie », a déclaré le
premier ministre sortant et chef de l’AKP, Ahmet Davutoglu, depuis sa
ville natale de Konya au centre de l’Anatolie, où il s’est recueilli sur le
tombeau du poète soufi Jalal Ud Din Rumi (1207-1273), adepte de la
tolérance. « Aujourd’hui, il n’y a pas de perdants, que des gagnants », at-il précisé à l’adresse de ses rivaux.
Le parti kurde se maintient in extremis
Selon des résultats quasiment définitifs, le Parti républicain du peuple
(CHP, social-démocrate) arrive en deuxième position avec 25,4 % des
voix, un résultat semblable à celui de juin (25 %). Les deux grands
perdants du scrutin sont le Parti de l’action nationaliste (MHP, droite
nationaliste) et le parti de la Démocratie des peuples (HDP, gauche pro
kurde) qui cèdent respectivement 4 et 3 points par rapport à leur score de
juin. Doté de 10,4 % des suffrages, le HDP a franchi in extremis le seuil
nécessaire pour être représenté au parlement avec 56 députés.
Son score a été inférieur à celui de juin dans toutes les villes du sud-est à
majorité kurde, à l’exception d’une seule ville, Sirnak. Dénonçant « une
élection ni équitable, ni juste », le co-président du parti pro kurde
Selahattin Demirtas a rappelé qu’il avait préféré renoncer aux
rassemblements électoraux après le double attentat suicide perpétré
contre des manifestants pacifiques, dont beaucoup de militants du HDP, à
Ankara le 10 octobre (102 morts).
Alors que la campagne électorale était inexistante dans la rue, l’AKP a tiré
parti de sa position au pouvoir en multipliant les apparitions à la télévision.
Rien qu’en octobre, M. Erdogan a bénéficié de 29 heures de temps
d’antenne sur la chaîne TRT, et de 30 heures pour son parti, contre cinq
heures pour le CHP, une heure et dix minutes pour le MHP, dix-huit
minutes pour le HDP.
La reprise des affrontements avec le PKK
Entre le 7 juin et le 1er novembre, le HDP a perdu un million de voix, celles
des conservateurs. Les rigoristes religieux et les chefs de clans qui
s’étaient laissés séduire par le discours novateur et pacifiste du HDP en
juin, ont décidé, cinq mois plus tard, de revenir vers l’AKP, pour lequel ils
avaient toujours voté par le passé.
La reprise des affrontements entre les séparatistes du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) et les forces turques,
n’est sans doute pas étrangère à ce choix. En revendiquant l’assassinat de
deux policiers turcs à Ceylanpinar (frontière turco-syrienne), le 22 juillet,
le PKK a mis le feu aux poudres. Au moment où le HDP gagnait en
légitimité, fort de son bon score (13 %) aux législatives de juin, la
rébellion kurde tombait dans le piège tendu par l’AKP, celui du recours à la
violence. La rhétorique du tandem au pouvoir – le président Erdogan et
son premier ministre, Ahmet Davutoglu –, prompt à présenter le HDP
comme une succursale du PKK, a fait le reste.
Un discours de menaces et de terreur
Deuxième bon point pour M. Erdogan : la chasse lancée sur les terres des
nationalistes du MHP s’est révélée payante. En déclarant « la guerre
jusqu’au bout » contre les rebelles kurdes, en bombardant leurs positions
en Turquie et dans le nord de l’Irak, le président turc s’est acquis la
sympathie de la droite nationaliste, farouchement opposée à toute
concession envers la minorité kurde. Son discours de chef à poigne,
capable de mener une guerre « synchronisée » contre l’organisation Etat
islamique (EI) et contre le PKK, a flatté l’imaginaire de la droite
nationaliste.
Enfin, le retour en grâce des islamo-conservateurs prouve que les discours
de menace distillés par le président et son premier ministre ont été
compris. Après l’attentat de Daglica perpétré le 6 septembre par le PKK
contre un convoi de soldats turcs (16 morts), les locaux du quotidien
Hürriyet ont été attaqués à deux reprises par une foule déchaînée,
emmenée par le député de l’AKP Abdurahim Boynukalin. La foule
reprochait au journal d’avoir rapporté que Recep Tayyip Erdogan avait
déclaré : « Ça ne se serait pas passé ainsi si vous m’aviez donné 400
députés ».
Entre le 8 et le 9 septembre, des équipées punitives ont eu lieu de nuit
dans plusieurs villes de Turquie contre les bureaux du HDP. Dans la foulée,
des centaines de commerces tenus par des Kurdes ont été ravagés,
parfois même incendiés. Dans le quartier stambouliote de Besiktas, des
manifestants scandaient : « Nous ne voulons pas d’opérations militaires
[contre les rebelles du PKK], nous voulons des massacres ».
Récemment, lors d’une tournée électorale à Van (Est), le premier ministre,
Ahmet Davutoglu, a mis en garde contre « le retour des Renault 12
blanches », le type de voitures utilisées par les escadrons de la mort à la
fin des années 1990 pour enlever et faire disparaître les Kurdes
soupçonnés de sympathies envers le PKK. « Les forces du mal savent que
si l’AKP faiblit, les bandes terroristes regagneront en puissance, et le
processus de règlement du problème kurde va se terminer. Et les crimes
non élucidés recommenceront… », a-t -il menacé. Son message a été
entendu.
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Journaliste au Monde
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/11/02/turquie-m-erdoganretrouve-sa-majorite-absolue-au-parlement_4801062_3214.html
Economie, question kurde, Constitution… les
chantiers de la nouvelle majorité turque
LE MONDE | 02.11.2015 à 11h05 | Par Marie Jégo (Istanbul,
correspondante)
Une fois les premiers vertiges de la victoire passés, le Parti de la justice et
du développement (AKP) se retrouve confronté à un défi majeur :
comment ramener la paix et la prospérité dans une Turquie affaiblie
économiquement, divisée et déstabilisée par le conflit kurde et la guerre
en Syrie ?
Dans son traditionnel discours depuis le balcon du quartier général du
parti à Ankara, le premier ministre Ahmet Davutoglu a promis de
préserver le pays « de toute sorte de polarisation, de confrontation et de
tension ».
La violence et l’instabilité politique qui ont suivi les législatives du 7 juin
avaient contribué à faire de la livre turque (TL) une des monnaies les plus
faibles et les plus instables de la planète, au même rang que le real, la
devise brésilienne.
Avant même que les résultats ne soient annoncés, la devise turque avait
commencé à s’apprécier. Dimanche, jour du vote, elle a gagné 2 % par
rapport au dollar, retrouvant son niveau de mars 2014. Lundi matin, la
Bourse d’Istanbul a ouvert en hausse de plus de 5 %.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/11/02/economie-questionkurde-constitution-les-chantiers-de-la-nouvelle-majoriteturque_4801306_3214.html
Turquie : Erdogan appelle le monde à respecter le
résultat des élections législatives
Le président turc a réagi aux critiques qui visent les résultats des
législatives largement remportée par son parti l'AKP, sur fond de
tensions sécuritaires.
Par Francetv info avec Reuters
Mis à jour le 02/11/2015 | 09:30 , publié le 02/11/2015 | 09:14
Recep Tayyip Erdogan a décidé de hausser le ton en réaction aux critiques
qui ont visé les résultats des élections législatives en Turquie. Ces
dernières ont été remportées, dimanche 1er novembre, par l'AKP, le parti
du chef de l'Etat, avec un score avoisinant 50% des voix. Lundi matin, à la
sortie d'une mosquée d'Istanbul, le président turc a appelé le monde
entier à "respecter le résultat de l'élection".
"La nation s'est manifestée, le 1er novembre, en faveur de la stabilité, a
déclaré le chef de l'Etat turc. Soyons unis, soyons frères et que la Turquie
soit unie." Il a ensuite pointé du doigt les médias mondiaux qui ont
critiqué la victoire de l'AKP à l'ampleur inattendue. "Est-ce votre
conception de la démocratie ? Désormais un parti comptant 50% des voix
détient le pouvoir. Ce devrait être respecté par le monde entier, mais je
n'ai pas constaté une telle maturité."
"Un important message pour le PKK"
Plus tôt dans la nuit, Recep Erdogan a également déclaré que cette
élection était "un important message" adressé aux séparatistes kurdes du
PKK. "L'oppression et l'effusion de sang ne peuvent coexister avec la
démocratie" a affirmé le président turc dans un communiqué.
Dans la soirée, le faible score obtenu par le parti pro-kurde HDP a
provoqué des scènes de violence dans le sud-est du pays, notamment
à Diyarbakir, ville majoritairement kurde dimanche soir. La police a dû
faire usage de gaz lacrymogène dimanche soir pour disperser des
manifestants qui ont donné libre cours à leur colère à l'annonce des
résultats.
http://www.francetvinfo.fr/monde/turquie/turquie-erdogan-appelle-lemonde-a-respecter-le-resultat-des-elections-legislatives_1155793.html
Comment Erdogan a gagné son pari
Boris Mabillard, envoyé spécial à Diyarbakir
Publié dimanche 1 novembre 2015 à 17:25, modifié dimanche 1 novembre
2015 à 17:36.
Pour convaincre ses électeurs, le président turc n’a pas hésité à lancer son
pays dans la guerre et à tourner le dos au processus de paix avec le Parti
des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Surtout, il a divisé le pays et
stigmatisé les Kurdes
Recep Tayyip Erdogan a gagné son pari: en convoquant des élections
législatives anticipées, quatre mois seulement après un premier scrutin, il
parvient à améliorer son score. Il avait obtenu 40,7% ce qui le
contraignait à former un gouvernement de coalition, selon les résultats
partiels, il obtiendrait près de 50% cette fois-ci, ce qui lui permettrait de
gouverner seul et d’asseoir ses prérogatives présidentielles que ne prévoit
pas la Constitution mais qu’un gouvernement monocolore issu de son parti
ne lui contestera pas. Cette victoire, il ne l’a pas gagnée de manière
régulière. Pour convaincre les électeurs de changer d’avis, il n’a pas hésité
à lancer son pays dans la guerre, il a tourné le dos à un processus de paix
avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et, surtout, il a divisé le
pays et stigmatisé les Kurdes. Autant de plaies qu’il a ouvertes et qu’il
sera difficile de refermer.
Comment a-t-il fait? En jouant avec les peurs qu’a provoqué l’attentat de
Suruç, qui a fait 33 morts le 20 juillet dernier, il a lancé sa guerre contre
les terroristes de l’État islamique (EI) et du PKK, dans les faits une guerre
contre le PKK surtout. Ce faisant, il a appelé à l’union sacrée derrière lui.
Un slogan qui a porté chez les patriotes de droite du Parti d’action
nationaliste (MHP), très hostiles aux Kurdes. Aujourd’hui, le MHP est le
grand perdant du scrutin. Les slogans nationalistes de Recep Erdogan lui
ont volé ses suffrages.
Le président a aussi réussi à minimiser le vote en faveur du Parti
démocratique des peuples (HDP), pro-kurde. En se présentant comme
moderniste, réformateur et défenseur de la cause des femmes, ce dernier
avait réussi la prouesse d’élargir son électorat à des non-Kurdes. Une
stratégie qui a porté ses fruits le 7 juin dernier, puisqu’avec 13%, le HDP
franchissait le seuil fatidique des 10% obligatoires pour entrer au
parlement. En insinuant que le HDP était lié aux terroristes du PKK, en
posant même une égalité entre PKK et HDP, il a ravalé ce dernier à son
identité ethnique kurde, exclusivement.
Enfin, les piètres conditions sécuritaires du scrutin ont fait le reste.
Impossibilité pour le HDP de faire campagne, en raison des risques
d’attentats qui le visaient directement. En outre, dans certaines localités
kurdes, sous le coup de restrictions de mouvement en raison des
opérations militaires et de l’insurrection du PKK, les électeurs qui
traditionnellement votent HDP n’ont pu se déplacer pour voter.
Et demain? Fort de son éclatante, l’AKP appelle à l’unité. Dès les premiers
résultats, le premier ministre Ahmet Davutoglu a tendu la main aux
perdants en leur annonçant: «Aujourd’hui, il n’y a que des gagnants.»
Mais les divisions dans la société turque sont plus criantes que jamais.
D’abord, entre l’est kurde et pauvre et l’ouest prospère. Entre les
kémalistes, laïcs et modernistes et les conservateurs islamistes qui ont
voté pour l’AKP. Entre les musulmans sunnites majoritaires et les
membres des autres religions, les chrétiens et les alévis notamment.
Réconcilier la nation sera une gageure, d’autant que la Turquie est sous
tension en raison des crises qui secouent la région.
http://www.letemps.ch/monde/2015/11/01/erdogan-gagne-pari
Erdogan s'impose aux législatives turques
Le Figaro
Par Delphine Minoui
Publié le 01/11/2015 à 21:11
L'AKP, le parti du président islamo-conservateur, a regagné, dimanche, la
majorité absolue qu'il avait perdue en juin.
Erdogan a gagné son pari. Le parti islamo-conservateur du président turc
l'a emporté haut la main lors des législatives anticipées de ce dimanche.
Une majorité absolue qu'il avait perdue en juin et qu'il s'était promis de
récupérer. Sur la base de 97 % des bulletins dépouillés en fin de journée,
le Parti de la justice et du développement (AKP) a recueilli plus de 49 %
des voix et 320 des 550 sièges au Parlement turc. Le CHP, principal parti
d'opposition, obtient de son côté 25 % des voix, contre 12 % aux ultranationalistes du MHP. Quant au parti pro-kurde HDP, il aurait recueilli
10,5 % des voix, conservant ainsi le seuil des 10 % qui lui permet de
rester présent au Parlement. Alors que ces chiffres, non définitifs,
pouvaient encore évoluer dans la soirée, ils ont aussitôt suscité des cris de
victoire au sein de l'AKP. «Le peuple turc a choisi la stabilité pour le pays
et pour son économie. (…) La Turquie souhaite rester éloignée de la
guerre et des conflits», estime, par téléphone, Haroun Armagan, un des
porte-parole du parti gouvernemental. Derrière lui, on pouvait entendre
une foule euphorique célébrer les résultats. «Nous allons maintenant
pouvoir présenter le projet de système présidentiel, car nous considérons
que c'est un bon projet», a-t-il ajouté. Mais la majorité forte obtenue ce
dimanche ne devrait pas permettre au parti du chef de l'État de changer la
Constitution et de doter la Turquie d'un régime présidentiel - projet
vivement controversé au sein de l'opposition, mais soutenu par l'AKP.
En cette journée de législatives anticipées, placée sous haute surveillance,
les bureaux de vote n'ont pas désempli. En tout, quelque 54 millions
d'électeurs ont été appelés à se rendre aux urnes pour la deuxième fois en
cinq mois. Partout, un seul mot d'ordre: «le retour de la stabilité». Un mot
sur lequel l'AKP, mais également les différents partis, toutes tendances
confondues, ont fait campagne dans un contexte particulièrement tendu.
Depuis l'élection du 7 juin, le climat politique s'est en effet
considérablement alourdi en Turquie. En juillet, le conflit armé qui oppose
depuis 1984 les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux
forces de sécurité turques a repris dans le Sud-Est à majorité kurde du
pays et enterré le fragile processus de paix engagé il y a trois ans.
Stratégie de la peur
Par ailleurs, la guerre qui sévit depuis quatre ans en Syrie a débordé sur
le sol turc. Après celui de Suruç (Sud) en juillet, un attentat suicide
perpétré par deux militants du groupe djihadiste État islamique (EI) a fait
102 morts le 10 octobre à Ankara. Visé par ces actes terroristes - mais
également par diverses attaques contre ses bureaux -, le parti prokurde,
qui avait fait une percée inédite en juin dernier, accuse le pouvoir d'avoir
«facilité», voire «provoqué» ce climat d'insécurité pour regagner des voix
en jouant la carte du «nous» ou le «chaos».
Mais si cette stratégie de la peur a porté ses fruits dans les urnes, elle
risque de diviser encore plus le pays, selon les experts. «L'AKP a créé un
climat de peur et d'incertitude qui a poussé les électeurs à n'avoir d'autre
choix que de voter en sa faveur. C'est une victoire sur le court terme. Sur
le long terme, ça va coûter cher à la Turquie et à la région. Le jeu
d'Erdogan a annihilé le processus de paix avec le PKK et la population
kurde. Cela risque de renforcer la guérilla kurde, et de donner raison à sa
frange radicale, qui préfère la contestation par les armes au processus
politique», observe le chercheur Ranj Alaaldin.
Hier soir, la tension était déjà palpable dans les rues de Diyarbakir. Dans
cette ville du Sud-Est du pays, majoritairement kurde, de slogans antiErdogan ont aussitôt fusé près du siège du HDP à l'annonce des premiers
résultats, racontent les témoins présents sur place. Des affrontements ont
éclaté dans la foulée entre la police et de jeunes manifestants kurdes.
Signe de la volatilité qui prévaut, des heurts avaient déjà opposé, à la mijournée, des partisans pro-HDP et pro-AKP dans un bureau de vote du
quartier Kocaeli, à Istanbul. La police est intervenue en dispersant la foule
avec du gaz lacrymogène.
Delphine Minoui
http://www.lefigaro.fr/international/2015/11/01/0100320151101ARTFIG00175-erdogan-s-impose-aux-legislatives-turques.php
Il faudra compter avec Erdogan
Tribune de Genève
Par Alain Jourdan Mis à jour à 20h41
Celui qu’on donnait fragilisé a réussi un coup de force en déjouant tous les
pronostics. Son parti, l’AKP est le grand vainqueur des législatives de ce
dimanche. A 61 ans, Recep Tayyip Erdogan, le «sultan» de la Turquie,
s’est remis en selle en jouant sur la peur. C’était lui ou le chaos…
C’est une mauvaise nouvelle pour les journalistes et les intellectuels turcs
qui sont déjà dans le collimateur du régime. C’est une mauvaise nouvelle
pour l’opposition et les Kurdes, évidemment. Mais c’est surtout une très
mauvaise nouvelle pour l’Europe et le reste du monde.
Car il n’est pas sûr que le retour en force d’Erdogan aide à trouver une
solution au conflit syrien et à résoudre la crise des migrants. Depuis le
début, Ankara joue un double jeu. La manière dont Erdogan s’y est pris
pour laisser le champ libre aux islamistes de Daech tout en s’associant aux
frappes de la coalition relève du cynisme absolu.
C’est avec cet homme-là qu’il va falloir discuter et aussi négocier les
contours d’un retour à la paix dans la région. L’Europe sait à qui elle a
affaire. Russes et Américains sont sans illusion. L’ONU le devine.
Reste maintenant à savoir comment convaincre Erdogan de jouer collectif
et de ne plus se lancer dans des manœuvres à double tranchant. Pas sûr
que la cacophonie du moment autour de la question syrienne, des
rapports avec la Russie, l’Iran ou encore l’Arabie saoudite aide à ramener
le pouvoir turc dans le camp de la raison. (TDG)
(Créé: 01.11.2015, 20h47)
http://www.tdg.ch/signatures/editorial/Il-faudra-compter-avecErdogan/story/14192226
Turquie : Erdogan en passe de récupérer la majorité
absolue au Parlement
Le Monde.fr | 01.11.2015 à 11h04 • Mis à jour le 01.11.2015 à 22h14
Recep Tayyip Erdogan tient presque sa revanche. Selon les
résultats quasi définitifs, son Parti de la justice et du
développement (AKP) remporte très largement les élections
législatives en Turquie, dimanche 1er novembre, et assure la
majorité absolue au président islamo-conservateur.
Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arrive en deuxième
place, suivi du Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste), tous
deux en fort recul par rapport au scrutin législatif de juin.

Patience avant les résultats définitifs
Dans la soirée, le président de la commission électorale a tenu une
conférence de presse pour préciser que les résultats définitifs du scrutin
seront connus d’ici onze à douze jours. Ce délai permettra à la
commission d’examiner d’éventuelles protestations, a précisé Sadi Guven.
Plus tôt, les médias turcs, sur la base de 99 % des bulletins de vote
dépouillés, ont donné une victoire pour l’AKP sur une base de 49,3 % des
suffrages remportés. Ces résultats permettraient au parti du président
Erdogan de rafler 316 des 550 sièges de députés.
Pour gouverner seul, il lui fallait en remporter 276 : ce score devrait donc
lui permettre de retrouver la majorité absolue au Parlement turc, dont il
avait été privé à l’issue du scrutin de juin.

Les sondages avaient vu faux
L’issue de ce scrutin anticipé contredit la plupart des sondages d’avantvotes : la quasi-totalité d’entre eux ne créditaient le parti AKP que de 40 à
43 % des intentions de vote. Seul au pouvoir depuis treize ans,
M. Erdogan avait perdu la majorité absolue qu’il détenait au Parlement
lors du scrutin législatif du 7 juin, ce qui avait enterré provisoirement le
rêve de « superprésidence » aux prérogatives renforcées du chef de l’Etat
turc.
Lire le portrait : Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip Erdogan,
ou la dérive autoritaire du président turc
L’AKP était alors certes arrivé en tête avec 40,6 % des suffrages, mais
avait également signé sa défaite la plus importante en ne remportant que
258 sièges de députés sur 550.
Après quarante-cinq jours de vains pourparlers avec les autres partis
présents au Parlement, le premier ministre, Ahmet Davutoglu, avait
échoué à former une coalition. Les 54 millions d’électeurs turcs ont donc
été invités à revenir voter dimanche pour les deuxièmes élections
législatives en cinq mois.
Entré en juin dernier, le parti pro kurde HDP (Parti démocratique des
peuples) reste quant à lui de justesse au Parlement. La crainte de ne pas
passer la barre des 10 % qui conditionne l’entrée des partis politiques au
Parlement turc avait réveillé la colère des partisans pro-kurdes à
Diyarbakir, la « capitale » kurde du sud-est du pays
La tension est montée quelques heures devant le siège du HDP. Après de
nombreux tirs en l’air et avoir scandé des slogans anti-Erdogan, les
partisans pro-kurdes ont allumé des feux. La police a répondu aux
premiers heurts en faisant usage de gaz lacrymogènes, selon l’envoyé
spécial du Monde sur place :
Avec ses 13 % obtenus en juin, le parti prokurde était parvenu à entrer au
Parlement en perçant dans les régions kurdophones du sud-est du pays,
qui avaient toujours été, jusque-là, des réservoirs de voix pour l’AKP.
Lire le reportage : Elections turques : à Diyarbakir, la majorité kurde
dénonce des intimidations

Un scrutin sous tension
Le scrutin s’est déroulé dans un pays sous tension, confronté à la reprise
du conflit kurde, la violence djihadiste venue de Syrie et la dérive
autoritaire de son gouvernement.
Près de 400 000 policiers et gendarmes ont d’ailleurs été mobilisés pour
assurer la sécurité du scrutin. Dans l’est du pays, les bureaux de vote
étaient sous protection policière toute la journée.
Selon le quotidien turc Hürriyet, la police est également intervenue en
début d’après-midi dans un bureau de la province de Kocaeli, à l’est
d’Istanbul, usant de gaz lacrymogène pour séparer des partisans de l’AKP
et du HDP.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/11/01/debut-du-scrutinlegislatif-anticipe-en-turquie-dans-un-climat-de-tensions-et-dedivisions_4800940_3214.html
Turquie : la presse dans le viseur d’Erdogan
Libération
Par Marc Semo, Envoyé spécial à Istanbul — 1 novembre 2015 à 19:46
Accusations de blasphème, d’offense au chef de l’Etat ou de
trahison… le pouvoir, qui a triomphé dimanche dans les urnes,
intensifie ses efforts pour intimider les journalistes.
En cette soirée du 31 mai, Can Dündar, 54 ans, le directeur du prestigieux
quotidien de centre gauche turc Cumhuriyet («la République», 50
000 exemplaires) était à Londres quand les messages ont commencé à
affluer sur son portable. En direct sur l’une des nombreuses chaînes de
télévision à sa botte, le président islamo-conservateur Recep Tayyip
Erdogan le menaçait directement : «Il paiera pour cela, je le traquerai
jusqu’au bout.» Le journal venait de publier des photos et une enquête sur
des livraisons d’armes organisées par le MIT, les services secrets turcs, à
des groupes jihadistes en Syrie. «Je ne savais pas trop comment répondre,
alors j’ai tweeté avec exactement les mêmes mots en m’adressant à
Erdogan : "Il paiera pour cela, je le traquerai jusqu’au bout"», raconte le
journaliste, dans son bureau à Cumhuriyet.
Les mesures de sécurité autour du petit immeuble du quartier
stambouliote de Sisli ont été renforcées. Le quotidien, qui avait publié en
janvier l’essentiel des caricatures de Charlie Hebdo, est une cible évidente
pour les islamistes radicaux. Mais il l’est aussi pour le pouvoir et ses
affidés. Quelques jours plus tôt, un homme hurlait sous les fenêtres :
«Traîtres ! On vous fera la peau !»
Prison à vie
Les insultes et les messages de menaces sont fréquents, comme pour tous
les médias d’opposition. Un mois auparavant, des manifestants pro-AKP
avaient attaqué le siège du quotidien Hürriyet, deuxième tirage du pays
avec un demi-million d’exemplaires. Quelques jours plus tard, l’un de ses
chroniqueurs vedettes, Ahmet Hakan, était tabassé par des inconnus. Pour
un tweet jugé insultant pour le chef de l’Etat, Bülent Kenes, rédacteur en
chef de Today’s Zaman, a passé cinq jours derrière les barreaux à la mioctobre. Le directeur de l’hebdo Nokta a, lui, été mis en garde à vue pour
sa une avec un photomontage du président Erdogan prenant un selfie
devant le cercueil d’un soldat tombé au combat avec la guérilla kurde.
«Pour le moment, il n’y a eu aucune suite judiciaire aux menaces
d’Erdogan, mais cela risque d’arriver après les élections s’il gagne [lire cicontre, ndlr]», soupire Can Dündar. Qui ne compte plus les procédures
ouvertes à son encontre - au moins une vingtaine - pour avoir dénoncé
telle ou telle décision du gouvernement et critiqué le leader charismatique
de l’AKP. Les avocats du parti au pouvoir depuis 2002 usent et abusent de
l’article 299 du code pénal sanctionnant «les insultes au chef de l’Etat».
Plus de 200 poursuites ont été lancées à ce titre contre des journalistes.
Mais les chefs d’inculpation potentiels pour la publication de l’enquête sur
les trafics d’armes du MIT sont beaucoup plus graves : «trahison» et
«espionnage», deux crimes passibles chacun de la prison à vie.
La rédaction a fait bloc, barrant sa une, au lendemain des menaces
présidentielles contre leur directeur, d’un immense titre «Nous sommes
tous responsables», avec les noms et les photos de tous les journalistes
du quotidien. Des intellectuels de renom, dont le romancier et Prix Nobel
Orhan Pamuk ou la célèbre chanteuse Sezen Aksu, ont écrit des messages
de solidarité. Les autorités hésitent, à cause du prestige du titre fondé
en 1922 par Mustapha Kemal lui-même, le père de la République laïque et
d’inspiration jacobine créée sur les décombres de l’empire Ottoman après
la Première Guerre mondiale.
«Les tabous et les lignes rouges ont bougé en quelques années : avant,
c’était l’armée, aujourd’hui, ce sont la police, l’AKP et surtout Erdogan luimême», explique le directeur de Cumhuriyet. Le journal appartient à une
fondation, ce qui le met un peu à l’abri. Mais, bien décidé à faire taire les
voix dissonantes, le pouvoir exerce ouvertement des pressions sur les
propriétaires des groupes de médias, pour la plupart de grands industriels
et financiers dépendant d’une manière ou d’une autre de la bienveillance
de l’Etat AKP pour leurs affaires. Des centaines de journalistes, certains de
grand renom comme Kadri Gürsel, éditorialiste de politique étrangère du
quotidien libéral Milliyet, ont été licenciés de but en blanc pour un article
qui a déplu en haut lieu.
«Esprit de Gezi»
Jugé par trop indépendant, le groupe d’Aydin Dogan, qui contrôle
notamment Hürriyet et la télé d’info en continu CNN-Turk, a été visé il y a
huit ans par un redressement fiscal colossal de 5 milliards de livres
turques (1,6 milliard d’euros) dont il conteste toujours la légalité. Erdogan
s’acharne tout particulièrement sur les médias liés à la confrérie islamique
de Fethullah Gülen, imam septuagénaire réfugié depuis seize ans aux
Etats-Unis, longtemps son allié avant de devenir son plus farouche
adversaire. Trois jours avant le scrutin de ce dimanche, la police a fermé
les chaînes Bugün TV et Kanaltürk, intervention qui faisait suite à la mise
sous tutelle du holding Koza-Ipek, réputé proche de la confrérie.
«C’est un avertissement pour nous tous», relève Can Dündar, qui a
participé aux manifestations de solidarité. Même s’il n’a pas oublié que,
pendant des années, avant leur rupture avec l’AKP, les «gülenistes»
massivement infiltrés dans la police et la magistrature étaient le fer de
lance des opérations lancées contre l’armée et le camp laïc pour de
prétendus complots. Cumhuriyet fut l’une de leurs cibles privilégiées.
Mustapha Balbaj, patron de la rédaction d’Ankara, a ainsi passé près de
quatre ans derrière les barreaux avant d’être relaxé.
Chroniqueur à l’hebdomadaire Nokta dans les années de sa splendeur,
brillant journaliste de télé, Can Dündar avait hésité avant d’accepter, il y a
deux ans, de prendre la direction de ce quotidien historique qui s’était peu
à peu encroûté dans un intransigeant jacobinisme laïcard. «La tragédie de
l’histoire turque est qu’à la différence de la France, la république et la
démocratie n’ont pas marché de pair, explique-t-il. Mais les immenses
manifestations du printemps 2013 pour la défense du parc Gezi d’Istanbul
ont montré que les choses bougeaient dans la société civile et qu’il était
possible de combattre ensemble dans le respect de nos différences.» Il a
commencé à transformer le journal, en l’ouvrant «à l’esprit de Gezi».
Cumhuriyet s’est mis à raconter le pays tel qu’il est. Les ventes ont
augmenté, même si cela grince parfois en interne, notamment sur les
sujets sensibles comme la question kurde. Le journal n’hésite pas aussi à
prendre des risques, comme en publiant en janvier l’intégrale des
caricatures du numéro de Charlie qui avait suivi le carnage. Après
d’intenses discussions, Can Dündar décide de ne pas reproduire la une de
l’hebdo satirique montrant Mahomet. La police fait une perquisition dans
la nuit à l’imprimerie, un juge ayant ordonné la saisie pour «insulte à la
religion». Le dessin blasphémateur n’y figurant pas, le journal a pu sortir
dans les kiosques. Mais deux éditorialistes qui l’ont reproduit en petit dans
leurs chroniques ont été inculpés. Dans une République turque
théoriquement laïque, ils risquent plusieurs années de prison.
Lors de la deuxième audience de leur procès, à Istanbul il y a quinze jours,
une foule hurlait devant le tribunal «punissez-les ou donnez-les nous pour
qu’on s’en charge». Can Dündar ne jette pas pour autant l’éponge : «Il est
encore possible de faire son métier de journaliste en Turquie, mais il faut
aussi être prêt à en assumer le risque.»
Marc Semo Envoyé spécial à Istanbul
http://www.liberation.fr/planete/2015/11/01/turquie-la-presse-dans-leviseur-d-erdogan_1410496
Le parti d'Erdogan savoure son triomphe
01 novembre 2015 06:22; Act: 01.11.2015 21:46
Le parti du président islamo-conservateur a très largement remporté les
élections législatives cruciales disputées dimanche en Turquie.
Le parti de Recep Tayyip Erdogan a remporté haut-la-main les élections
législatives. Contre tous les pronostics, l'AKP a réussi son pari de
reprendre la majorité absolue qu'il avait perdue il y a cinq mois.
Les Turcs de Suisse plébiscitent le HDP
Les citoyens turcs qui ont participé en Suisse aux législatives turques ont
voté à 50,52% pour le Parti démocratique des peuples (HDP), pro-kurde,
indique l'agence turque Anadolu. Seuls 27% ont choisi l'AKP du président
turc Erdogan, grand vainqueur du scrutin.
Le CHP (parti social-démocrate d'inspiration kémaliste), principal parti
d'opposition, obtient 17,28% et les ultra-nationalistes du MHP 3,94%,
selon des résultats provisoires.
En Autriche voisine, c'est l'AKP qui a eu les faveurs de la majorité: 69%
ont voté pour le parti du président Erdogan. Le HDP pro-kurde a obtenu
12,36%, le CHP 10,42% des voix et le MHP 6,73%.
En Allemagne, c'est aussi le parti islamo-conservateur AKP qui l'emporte,
avec 59,3% des suffrages. Le HDP atteint 16,72% et le CHP 15,13%. Le
MHP arrive en queue de peloton avec 7,17%.
Quelque 2,9 millions d'électeurs turcs résidant à l'étranger pouvaient voter
à l'avance dans les ambassades et consulats de leur pays d'origine.
Quarante pourcent d'entre eux ont fait usage de ce droit.
Sur la base de la quasi-totalité des bulletins dépouillés, le Parti de la
justice et du développement (AKP) a recueilli 49,2% des suffrages. Il rafle
ainsi 316 des 550 sièges de députés, ont annoncé les chaînes NTV et
CNN-Türk.
Ce résultat sonne comme une revanche pour M. Erdogan, 61 ans. Le 7
juin, son parti avait perdu le contrôle total qu'il exerçait depuis treize ans
sur le Parlement. Il avait dû aussi remiser son rêve d'instaurer une
«superprésidence» à sa main dans le pays. L'homme fort du pays avait
toutefois reconvoqué des élections anticipées, persuadé de pouvoir
renverser les résultats.
«Aujourd'hui est un jour de victoire», s'est réjoui le Premier ministre
sortant et chef de l'AKP, Ahmet Davutoglu, dans son fief de Konya
(centre). «Aujourd'hui il n'y a pas de perdants mais que des gagnants», at-il ajouté en tendant la main à ses rivaux.
Le HDP pro-kurde sauve sa place
Autre surprise de la soirée, le Parti démocratique des peuples (HDP,
prokurde), qui avait fait une entrée triomphale au Parlement en juin
dernier, n'y a sauvé sa place que d'extrême justesse. Avec un score de
10,4% au niveau national, il a tout juste franchi le seuil nécessaire pour
être représenté sur les bancs de l'assemblée.
Cette incertitude a provoqué de brefs affrontements en soirée entre forces
de l'ordre et jeunes militants kurdes à Diyarbakir, la grande ville du sudest à majorité kurde de la Turquie, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Selon les résultats partiels, le Parti républicain du peuple (CHP, socialdémocrate) arrivait en deuxième place avec 24,5% des voix, suivi du Parti
de l'action nationaliste (MHP, droite) avec près de 12%. Tous deux sont
en fort recul par rapport à juin.
La quasi-totalité des sondages avant le scrutin ne créditaient l'AKP que de
40 à 43% des intentions de vote, un score insuffisant pour gouverner seul.
Peur de l'instabilité
«Je suis complètement effondré, mais ces résultats signifient que le
peuple s'accommode très bien de la situation actuelle», a réagi Sevim, un
étudiant en droit de l'université d'Istanbul. «Le peuple a le gouvernement
qu'il mérite».
«La peur de l'instabilité en Turquie, ajoutée à la stratégie d'Erdogan se
posant en 'homme fort qui peut vous protéger' l'ont emporté», a pour sa
part commenté l'analyste Soner Cagaptay, du Washington Institute, sur
son compte Twitter.
Dans un climat de tensions, marqué par la reprise du conflit kurde et la
menace djihadiste venue de Syrie, MM. Erdogan et Davutoglu se sont
posés en seuls garants de l'unité et de la sécurité du pays. C'était «l'AKP
ou le chaos».
Depuis l'élection du 7 juin, le climat politique s'est considérablement
alourdi en Turquie. En juillet, le conflit armé qui oppose depuis 1984 les
rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de sécurité
a repris dans le sud-est du pays, et a enterré le fragile processus de paix
engagé il y a trois ans.
«La violence du PKK semble avoir beaucoup coûté au HDP et porté
Erdogan à la victoire», a regretté l'ancien député CHP Aykan Erdemir.
L'attaque-suicide perpétrée il y a trois semaines à Ankara par deux
kamikazes proches du groupe Etat islamique (EI), qui a fait 102 morts, a
en outre ravivé dans le pays la peur de la violence djihadiste venue de
Syrie.
Encore très populaire
Face au discours du pouvoir, les rivaux de M. Erdogan avaient appelé les
électeurs à sanctionner sa dérive autoritaire. Une dérive qui s'est illustrée
cette semaine encore par un raid spectaculaire de la police contre le siège
de deux chaînes de télévision proches de l'opposition.
«Il se voit comme le chef religieux d'un califat», avait raillé avant le
scrutin le chef de file du HDP Selahattin Demirtas. «Certains veulent
rétablir le sultanat dans ce pays, ne les y autorisez pas!», avait exhorté
son homologue du CHP, Kemal Kiliçdaroglu.
Longtemps salué comme l'homme du miracle économique turc, le chef de
l'Etat est, depuis les émeutes de Gezi en 2013, dénoncé pour ses
manières fortes. Mais il reste très populaire dans le pays. «Nous croyons
en lui, nous lui faisons confiance et, avec l'aide de Dieu, nous pouvons
tout réussir», s'est réjoui Yasin Aslan, un des partisans en liesse dans les
rues d'Istanbul.
(nxp/ats)
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/Le-parti-d-Erdogan-savoureson-triomphe-23911062
Turquie : l’AKP triomphe et reprend la majorité
absolue au Parlement
euronews
01/11 15:54 CET
| mise à jour il y a 03:24 mn
| mise à jour le xx
L’AKP, parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, a
remporté très largement les élections législatives de ce dimanche en
Turquie. Contre tous les pronostics, le parti du chef de l’Etat et du Premier
ministre reprend la majorité absolue au Parlement qu’il avait perdu il y a
cinq mois.
Sur la base de plus de 98% des bulletins dépouillés, le Parti de la justice
et du développement (AKP, islamo-conservateur) recueillait 49,36% des
suffrages et raflait plus de 330 des 550 sièges de députés, d’après
l’agence de presse Anadolu. Il fallait 276 sièges pour atteindre la majorité
absolue. Recep Tayyip Erdogan a donc gagné son pari.
Le parti pro-kurde, le HDP, avec 10,64% des voix, devrait conserver une
présence au Parlement. Néanmoins, à Diyarbakir, la grande ville du sudest à majorité kurde de la Turquie, des incidents ont éclaté en soirée entre
forces de l’ordre et jeunes manifestants kurdes.
D’après les résultats partiels, le CHP, principale force d’opposition, laïque,
obtiendrait un peu plus de 25 % des suffrages. Les nationalistes du MHP
enregistrent le plus fort recul depuis le mois de juin. Avec moins de 12 %
des voix, ils passent derrière leurs ennemis jurés du HDP, qui devient la
troisième force politique turque.
http://fr.euronews.com/2015/11/01/en-direct-suivez-les-electionslegislatives-en-turquie/
En Turquie, le contrôle des médias comme arme du
pouvoir
Le Journal du Dimanche
1 novembre 2015
La campagne des législatives en Turquie a été marquée par un
musèlement des médias. Chaînes de télévisions, journaux...
Erdogan ne fait aucune concession.
Les blindés antiémeutes positionnés devant les accès, la police turque a
pris d'assaut, mercredi, un groupe d'organes de presse critiques à l'égard
du pouvoir. Le faisceau de deux chaînes de télévision, Kanaltürk et
Bugün TV, a été coupé sur-le-champ. Et, à quelques jours des élections
législatives de ce dimanche, deux quotidiens d'opposition, Bugün et Millet,
sont devenus en moins de vingt-quatre heures des tracts de campagne
pour le parti AKP du président Recep Tayyip Erdogan. "Il n'y a plus d'État
de droit, il a annihilé la justice. Il veut le pouvoir pour lui tout seul", hurle
une manifestante devant les locaux assiégés du groupe Koza-Ipek. "J'ai
voté deux fois pour l'AKP. C'était une erreur… Je le regrette", poursuit
cette musulmane conservatrice qui brandit un écriteau : "Le dernier
dictateur".
Médias proches de la confrérie de Gülen
Cette reprise en main est la dernière attaque du gouvernement contre les
médias jugés proches de l'opposition. Depuis plusieurs années, les
journalistes sont régulièrement pris pour cibles : assassinats, procès,
emprisonnements, limogeages et censure ont peu à peu fait taire toute
voix dissidente dans la presse et à la télévision.
Mercredi, ce sont des médias proches de la confrérie de Gülen, un groupe
religieux en guerre avec Erdogan, très influent également dans le secteur
éducatif, qui ont été réduits au silence. Depuis des mois, le président
accuse Fethullah Gülen, un intellectuel en exil aux États-Unis, de
gangrener la société civile avec pour objectif de renverser le pouvoir. Le
mois dernier, des télévisions kurdes ont aussi été censurées et des
bouquets satellitaires supprimés. Une centaine de sites Internet et des
agences de presse, ont été interdits.
Guillaume Perrier (à Istanbul) - Le Journal du Dimanche
dimanche 01 novembre 201
http://www.lejdd.fr/International/Europe/En-Turquie-le-controle-desmedias-comme-arme-du-pouvoir-757915
Le sud-est de la Turquie croyait en avoir fini avec la
guerre
La Croix
Alors que les Turcs étaient appelés aux urnes, dimanche
1er novembre, l’état d’urgence décrété depuis juillet dans le sud-
est du pays rappelle les souvenirs d’un long conflit, entre l’État et
la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan.
1/11/15 - 17 H 12 - Mis à jour le 1/11/15 - 17 H 14
C’est un paysage de désolation. Sur des hectares, les arbres sont
calcinés. « En juillet dernier, l’armée a lancé des bombes incendiaires. Ils
ont tout brûlé, nous n’avons plus de blé, plus de paille pour nourrir nos
bêtes, raconte Faïk Majar, un paysan de 65 ans. Les affrontements ont été
très violents. »
Depuis, toute la commune de Lice est considérée comme une zone de
sécurité par l’armée, entravant de fait la liberté de faire campagne pour
les élections législatives. Après l’attentat du 20 juillet contre un
rassemblement kurde à Suruç, attribué à Daech, le président Erdogan a
relancé la guerre contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK),
interrompant du même coup des négociations de paix en cours et
espérant ainsi récupérer les voix des nationalistes.
À quelques kilomètres de là, le village de Sise ou plutôt ce qu’il en reste.
Dans les années 1990, ce fief du PKK a été vidé de sa population. Il ne
reste plus que quelques fermes, comme celle de Mohammed, un Kurde de
43 ans, dans laquelle il cultive des pastèques, des vignes et élève
quelques bêtes.
Des obus pour éliminer des combattants du PKK
« Vendredi (le 30 octobre), des drones de l’armée ont repéré des
combattants du PKK, dit-il en montrant une zone boisée juste au-dessus
de sa maison. L’armée a tiré des obus à huit reprises. On aurait cru un
tremblement de terre. »
Quinze jours auparavant des accrochages ont aussi eu lieu au cimetière
des martyrs du PKK. Huit de ses combattants, dont deux femmes, ont été
tués. Perchées au sommet de la colline, 228 tombes de chahid (martyrs) y
sont alignées sur un terrain entouré d’un muret peint aux couleurs (jaune,
rouge et vert) du mouvement kurde.
Des tombeaux en pierre blanche, ornés d’un plant de romarin et de
quelques fleurs. Sur chaque stèle est inscrit le nom et le lieu où a été tué
le combattant. Certains l’ont été à Kobané, au Kurdistan syrien, d’autres il
y a plusieurs années. « Leurs parents ont voulu qu’ils soient inhumés sur
cette terre », explique un jeune « patriote » du PKK.
« C’est la politique du Palais, pas celle du peuple turc ou kurde »,
L’armée, qui suspectait le mouvement d’y avoir enfoui des armes et des
munitions, a posé des explosifs tout autour du cimetière et fait sauter la
mosquée. L’opération a duré quatre jours, avec un blocus de toute la
région. « L’AKP (Parti de la justice et du développement, du président Erdogan) a dit qu’il continuerait à combattre. C’est la politique du Palais,
pas celle du peuple turc ou kurde », affirme le jeune homme qui rend le
gouvernement responsable de la rupture des négociations de paix.
À une centaine de kilomètres de là, dans la commune de Dicle, le village
de Tepebasi paraît beaucoup plus serein. En apparence seulement. Un
homme armé d’un fusil de chasse assure la garde de la maison de Mehmet
Yasar Bozkurt, mokhtar (élu) du village kurde qui vote majoritairement
pour l’AKP.
Agnès Rotivel
Un élu du village de Dicle assure la garde de la maison de Mehmet Yasar
Bozkurt.
Difficile d’être neutre à Tepebasi où les voix des 600 électeurs se
répartissent entre l’AKP, un candidat indépendant qui n’est autre que
l’oncle de ce député et le HDP (parti pro-kurde).
Un contexte tendu qui rappelle celui du début des années 1990
« Nous subissons des pressions en permanence, de ceux de la
montagne (le PKK) et des autres partis », explique le mokhtar qui rappelle
les attaques de la rébellion dans les années 1990-1992. « Ils ont tué dix
habitants et en ont kidnappé d’autres qui ont été libérés après paiement
d’une rançon. » À l’époque, le village avait été armé par l’État et ses
habitants considérés comme des traîtres à la solde d’Ankara.
Les temps ont changé certes, mais pas la philosophie de Mehmet Yasar
Bozkurt qu’il résume d’un proverbe kurde : « Pendant la journée tu dois te
taire, pendant la nuit tu dois fermer les portes. » Autrement dit ne rien
dire pour avoir la paix.
Agnès Rotivel (Sise, Tepebasi, sud-est de la Turquie)
1/11/15 - 17 H 12 - Mis à jour le 1/11/15 - 17 H 14
http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Le-sud-est-de-la-Turquiecroyait-en-avoir-fini-avec-la-guerre-2015-11-011375225?utm_medium=Social&utm_source=Twitter&utm_campaign=Ech
obox&utm_term=Autofeed#link_time=1446394494
En Turquie, le président Erdogan a gagné son pari
Ce 1er novembre son parti l'AKP, est sorti vainqueur des élections
législatives. Il retrouve la majorité absolue au Parlement turc.
France 3 fait le point.
FRANCE 3 Francetv info
Mis à jour le 02/11/2015 | 01:47 , publié le 02/11/2015 | 01:47
Recep Tayyip Erdogan peut avoir le sourire. Ce dimanche 1er novembre,
son parti l'AKP, est sorti vainqueur des élections législatives. Il retrouve la
majorité absolue au Parlement turc. Comment expliquer ce vote ? La
journaliste Constance de Bonnaventure fait le point.
"Visiblement, le vote AKP de ce soir, c'est une sorte de vote refuge. Il faut
savoir qu'en cinq mois depuis les dernières élections législatives de juin
dernier, la situation s'est fortement détériorée(...). Le contexte tendu a
favorisé le vote AKP puisque 50% des électeurs ont préféré se réfugier
derrière ce parti qui gouverne la Turquie depuis plus de 13 ans
maintenant", explique la journaliste.
Pas de coalition
Comment ce vote va-t-il redessiner la vie politique en Turquie ? "D'une
part ce vote va conforter le pouvoir de Recep Tayyip Erdogan et de son
parti l'AKP puisqu’en atteignant quasiment 50%, ils vont pouvoir
gouverner seuls, pas de formation de coalition avec d'autres partis
politiques. En revanche Recep Tayyip Erdogan n'a pas atteint la majorité
nécessaire qui lui aurait permis d'instaurer sa mesure phare à savoir le
régime présidentiel. Légalement, le leader turc ne pourra pas modifier la
constitution comme bon lui semble", souligne Constance de
Bonnaventure.
http://www.francetvinfo.fr/monde/turquie/en-turquie-le-presidenterdogan-a-gagne-son-pari_1155713.html
Elections turques : à Diyarbakir, la majorité kurde
dénonce des intimidations
Le Monde.fr | 01.11.2015 à 15h39 • Mis à jour le 01.11.2015 à 17h03 |
Par Allan Kaval (Diyarbakir (Turquie), envoyé spécial)
Dans le quartier de Sur, le centre-ville historique de Diyarbakir,
dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, les électeurs se
rendent aux urnes en longeant dimanche 1er novembre les parois
par endroit criblées de balles de leurs maisons et de leurs
commerces.
Témoignages de la violence des combats qui ont opposé ici les militants
du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) aux forces de police, du 10 au
12 octobre, les impacts de balles voisinent avec des graffitis à la gloire de
la guérilla kurde et d’autres, moins fréquents, laissés par les forces de
police lors des affrontements. L’un d’entre eux écrit à la peinture noire sur
toute la longueur d’une maison abandonnée par ses habitants après les
combats prévient la population de ce quartier populaire largement acquis
au mouvement kurde : « Nous vous ferons sentir la force turque, le
pouvoir de Dieu est infini. »
« Je n’attends plus rien »
L’atmosphère est lourde autour de l’école primaire Yavuz Sultan Selim, où
les habitants du quartier sont appelés à voter. Elham Cosanak, étudiant à
l’université de Diyarbakir et habitant de Sur, ne fonde plus beaucoup
d’espoir dans les élections législatives anticipées qui se tiennent
aujourd’hui dans toute la Turquie : « Ces nouvelles élections n’ont pas de
sens pour moi, je n’attends plus rien de la démocratie turque. »
Après les élections législatives du 7 juin, le Parti de la justice et du
développement (AKP), formation islamiste et conservatrice au pouvoir
depuis 2002, n’est pas parvenu à recueillir les suffrages nécessaires pour
gouverner seul le pays, affecté par la percée historique du Parti
démocratique des peuples (HDP) dans le sud-est du pays. Franchissant
avec 13,3 % des voix le barrage constitutionnel de 10 % qui conditionne
l’entrée des partis politiques au Parlement turc, le HDP transformait le
mouvement kurde en un acteur politique légitime tout en remettant en
cause l’hégémonie de l’AKP sur les institutions du pays.
Lire aussi le cadrage : Législatives turques : Erdogan peut-il espérer
gouverner seul ?
Dans le contexte de crise politique liée à l’échec des tentatives de
formation d’une coalition gouvernementale et à l’organisation de nouvelles
élections, la reprise des affrontements entre les forces de sécurité turques
et le PKK ont porté la Turquie au bord du chaos, tandis que les attentats
attribués à l’Etat islamique contre des manifestants d’opposition à Ankara
le 10 octobre achevait de faire plonger le pays dans un climat de peur et
de violence.
« Tout a changé depuis le 7 juin. Nous étions remplis d’attentes,
d’espérances, nous attendions la paix et la naissance d’une Turquie unie
et démocratique, aujourd’hui tout cela appartient au passé », regrette
Ilham.
Police et intimidation
Au bureau de vote de l’école Yavuz Sultan Selim, on constate une nette
baisse de la participation à la mi-journée. « A cause des violences qui ont
lieu, les gens ont peur de venir voter à Sur, ils craignent que le vote
dégénère à nouveau », analyse Mehmet, un assesseur.
Dans la cour de récréation de l’école, un véhicule blindé des forces
spéciales de la police, celles-là même qui ont affronté la jeunesse du
quartier et les militants armés du PKK en octobre dans les rues voisines a
pris position. Six policiers armés de fusils d’assauts sont en faction, une
mitrailleuse est posée sur le sol à proximité des enfants qui jouent au
football en attendant leurs parents. « Je ressens de la haine quand je vois
ces hommes dans notre école. Ils nous tuent et ils viennent ici pour
empêcher les gens de voter », déplore Emine, une mère de famille du
quartier. Ces policiers lourdement armés ont tenté d’empêcher le
photographe du Monde de prendre des clichés en lui faisant savoir que le
quartier de Sur était une « zone terroriste ».
Pour Feleknaz Ucan, ancienne membre turco-allemande du Parlement
européen, aujourd’hui députée HDP, la présence des forces spéciales dans
l’enceinte des écoles de ce quartier sensible en ce dimanche d’élection est
une grave atteinte au bon déroulement du scrutin : « Il ne peut pas y
avoir de vote démocratique quand des hommes armés sont présents près
des bureaux de vote. C’est une mesure d’intimidation de la part du
pouvoir. » Si certains électeurs s’en accommodent pour des « raisons de
sécurité », leur déploiement dans les rues de Sur ajoute à la polarisation
qui caractérise le scrutin et à un climat de tension palpable dans d’autres
quartiers populaires de la ville.
« Sous pression »
Depuis le siège du parti où une dizaine de policiers ont pris leurs quartiers
dans la salle de réunion, le directeur du centre de coordination électorale
de l’AKP, Mehmet Ihsan Aytekin, dénonce quant à lui les pressions que
subissent les volontaires affiliés à l’AKP présents dans les bureaux de vote,
forcés de fermer les yeux devant les irrégularités, qu’il accuse les
assesseurs appartenant au HDP de commettre pour gonfler le score de
leurs partis : « Nous voulons participer à cette élection démocratiquement
mais en face de nous se trouvent une organisation terroriste qui nous
empêche de travailler normalement. »
Dans l’école Turgut Özal du quartier de Sehitlik, un assesseur dépêché par
l’AKP, visiblement apeuré, a cependant pu confirmer au Monde les
pressions qui s’exerçaient sur lui avant de mettre fin à notre entretien,
des membres du HDP nous invitant à quitter les lieux.
Dans un quartier plus cossu de la ville nouvelle — où la participation à la
mi-journée était jugée équivalente à celle du dernier scrutin par les
membres du bureau de vote établi dans l’école de Yenisehir et
l’atmosphère moins tendue qu’ailleurs — les craintes devant l’avenir
incertain qui s’ouvre pour la Turquie sont les mêmes. « Nous sommes
sous pression. La dernière élection s’est très bien passée. J’ai toujours
l’espoir que la paix arrive enfin en Turquie mais je ne fais pas confiance à
ce gouvernement, j’ai peur de ce qui pourrait se passer après les
élections, » explique Hamdiye Aktas, comptable à Diyarbakir. Au même
moment au-dessus de la ville, le vacarme de deux avions de chasse au
décollage depuis la base aérienne militaire de Diyarbakir se fait entendre.
Egalement venu voter à Yenisehr, Idris Baluken, candidat du HDP à
Diyarbakir en appelle au pouvoir en place à Ankara : « L’AKP doit
respecter la volonté du peuple, sinon les violences vont reprendre et nous
courons le risque d’une guerre. Je souhaite que nous recueillions encore
plus de vote aujourd’hui que lors de la dernière élection. Nous allons faire
comprendre à ce gouvernement que la logique de guerre n’est pas
possible et c’est à nous [l’opposition] que reviendra la tâche de construire
un gouvernement démocratique en Turquie. »
Firhat, étudiant venu voter à l’école de Yenisehir est pessimiste : « J’ai
peur qu’une grande guerre éclate dans les villes de Turquie car ce
gouvernement peut tout faire pour se maintenir au pouvoir. Je pense déjà
à émigrer vers l’Europe si c’est le cas. » Tandis que l’après-midi avance,
dans l’attente des résultats qui seront officiellement déclarés à 21 heures,
Diyarbakir avance vers l’inconnu dans un concert de klaxons et de slogans
émaillé de rares tirs d’armes automatiques.
Allan Kaval (Diyarbakir (Turquie), envoyé spécial)
Journaliste au Monde
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/international/article/2015/11/01/electionsturques-a-diyarbakir-la-majorite-kurde-denonce-desintimidations_4800977_3210.html#TPXzq6zjuP3oJ9xj.99
Turquie : les résultats improbables
Chroniques de Daniel Fleury novembre 1, 2015novembre 1, 2015 Daniel
Fleury
Les élections sous pressions multiples ont vu une forte affluence dans les
bureaux de vote, fermés depuis peu maintenant. On attend les premiers
résultats.
Un peu partout, l’armée, la police, des polices « occultes » ou des groupes
ultra nationalistes ont tenté d’intimider les électeurs, voire de les
dissuader d’aller voter, dans les endroits où l’AKP est sûre d’être perdante.
À Izmir, les électeurs qui votaient dans l’école du quartier d’Asarlik ont
remarqué des véhicules sans immatriculation dans la cour. Le genre de
voitures utilisées dans les coups tordus de la police. Ces véhicules, après
protestations,
ont
été
«
éloignés
».
Dans des quartiers et localités comme Cizre, Gewer, Şemzinan ou
Çolemerg, les militaires contrôlent, menacent, patrouillent avec leurs
armes ostensiblement à la main, soit disant pour la « sécurité du vote ».
Mêmes comportements signalés dans le district d’Amed Sur. Des équipes
de la police portant des masques circulent dans et autour de Yavuz Selim ,
Süleyman Nazif , Cemal Yılmaz Alparslan et Mardinkapı, près des bureaux
de
vote.
À Beyoglu, c’est pire, pendant le vote les pro-akp ont attaqués des proHDP , allant jusqu’à tirer.
A Trabzon, Ortahisar, 2 scrutateurs de l’AKP ont été suspendus de leurs
fonctions pour avoir voté plusieurs fois.
On a trouvé aussi cette liste de signalements d’irrégularités, sur différents
sites qui surveillent de près le déroulement des élections.
– À Amed, Çermik, le candidat d’AKP et son garde ont menacé la
délegation d’observateurs anglais.
– À Amed, Sur,dans le village de Karabaş, la délégation des
parlementaires européens a été tabassée et expulsée du bureau de vote
par le candidat d’AKP Safak Senturk et ses proches.
– À Istanbul, Güngören, suite à une explosion d’un transformateur dans 4
quartiers il n’y a plus d’électricité.
– À Sakarya, Guneslikaya, plus de 50 enveloppes de vote non-cachetées
ont été découvertes.
– À Şırnak, les paramilitaire et les membres du HUDA PAR ont forcé les
gens au vote ouvert.
– À Siirt Kurtalan, dans le village de Teliba les militaires ont suspendu les
votes. Ils prétendaient qu’il y ait eu deux votes sans pièce d’identité.
Il est compliqué de vérifier l’exactitude
annonceraient une très forte participation.
des « sondages »
qui
En tout état de cause, on peut attendre un résultat final faussé par les
conditions mêmes de ce vote. Si celui-ci se rapproche de celui des
élections de juin, ce sera le signe d’une opposition accrue, quels que
soient les chiffres manipulés qui sortiront.
On peut presque penser que ces irrégularités se font au grand jour, pour
préparer une non reconnaissance des résultats par l’AKP, Erdogan et les
ultra nationalistes, qui savent parfaitement que ce qui sortira des urnes ce
soir, sera une accentuation visible et attestée de la crise politique, des
résultats de la division entretenue.
Le dépouillement qui a commencé est loin d’être fini, et des incidents plus
graves encore ne peuvent être exclus.
Une première réflexion de bon sens, amène à penser qu’Erdogan, qui se
contrefout califement des règles constitutionnelles verrait d’un bon oeil se
répandre dans le Pays une défiance par rapport aux votes, une lassitude,
un écoeurement, à la suite de cette journée. Faute de pouvoir affaiblir les
opposants, les intimider, donner le sentiment que tout cela est une
« comédie » l’arrangerait bien, pour présenter son visage « de
représentant de la stabilité », de la nécessité d’un parti unique et d’une
poigne de fer pour mettre fin aux « errements ». Provoquer un sentiment
d’impuissance et de désarroi, dans la population la moins combative, bien
qu’opposée à sa politique, peut lui permettre de présenter des mesures de
retour à l’ordre qui ne seraient peut être pas totalement dans les clous
des fonctionnements constitutionnels. Par là dessus, une nième élection
dans quelques mois, serait une mascarade finale.
Où l’ont voit que l’arme de « l’élections piège à cons » pourrait
parfaitement tenter un populiste bigot comme Erdogan, quand il s’agit de
maintenir son pouvoir et de le renforcer, dans une situation où le rapport
des forces est encore loin d’être réellement en faveur de la dynamique
populaire enclenchée contre lui.
Les premiers résultats vont tomber d’ici peu. Mais c’est la suite qui va
compter.
Les résultats provisoires
dépouillements :
à
17hoo
donneraient
sur
les
premiers
AKP autour de 52% CHP autour de 23% HDP autour de 11,5 % MHP
autour de 11% …. Soit des projections en députés de 327, 123, 55 et 45
sièges. La participation s’établirait autour de 87%. Ces chiffres sont basés
sur la moitié du dépouillement.
Ces premiers résultats, fortement gonflés, se retrouvaient déjà fort à la
baisse pour l’AKP à 17h30… puis à 19h00, où elle n’était plus comptée
qu’à 49,30.
On peut constater sans se tromper, que les ultra nationalistes se sont
pour près de moitié depuis juin reportés sur le vote AKP, sorte de vote
« utile » pour eux, ce qui ne présage rien de bon et confirme l’alliance de
fait passée entre bigots et « fascistes » activistes .
Vous pouvez suivre éventuellement ici la progression des résultats, même
si cette chaîne n’est pas notre tasse de thé. Elle passait durant Gezi des
documentaires sur les pingouins, rappelons-le.
Pour comparaison
Résultats de juin, avec 86,43% de participation
d’aujourd’hui chiffres à 21h00
AKP 18 343 747 40,66% 258
sièges
23.333.163
CHP 11 338 681 25,13% 132
sièges
12.016.524
MHP 7 423 555 16,45%
80 sièges
HDP 5 847 134 12,96% 80
sièges
49,37%
sous réserve
316
25,42%
134
5.647.978 11,95%
5.050.742 10,68%
41
59
Ces chiffres de dépouillement qui seraient dits quasi
terminés d’aujourd’hui sont ceux donnés par les TV turques. La réserve
est donc de mise…. Il reste 200 000 voix à dépouiller à ce stade… Et la
commission officielle est injoignable, alors que des informations circulent
sur des manipulations de résultats.
Voir les résultats quasi définitifs ici
http://www.kedistan.net/2015/11/01/turquie-les-resultats-improbables/
Turquie : Les islamo-conservateurs reprennent la
majorité absolue au Parlement
Le Monde.fr | 01.11.2015 à 11h04 • Mis à jour le 02.11.2015 à 08h19
Recep Tayyip Erdogan tient presque sa revanche. Selon des résultats
quasi définitifs, son Parti de la justice et du développement (AKP)
remporte très largement les élections législatives anticipées de dimanche
1er novembre en Turquie. Il retrouve une majorité absolue au Parlement,
perdue pour la première fois depuis 13 ans lors des législatives du 7 juin.
Ce résultat a pris de cours les sondeurs, qui prévoyaient une victoire plus
courte, sans majorité absolue. Le parti pro-kurde HDP se maintient de
justesse. L’AKP a su ponctionner les électorats nationaliste et kurde
conservateur, notamment en rouvrant la guerre avec la rébellion du Parti
des travailleurs du Kurdistan (PKK). La campagne s’est déroulée dans un
climat de grande violence, culminant dans le double attentat d’Ankara,
revendiqué par l’Etat islamique, qui a tué 102 personnes le 10 octobre.
L’AKP reprend le pouvoir
Selon des résultats portant sur 99 % des bulletins dépouillés, l’AKP
emporte 49,3 % des suffrages et gagne 316 sièges sur 550 au Parlement.
Les résultats définitifs seront connus d’ici onze à douze jours. Il fallait au
parti 276 sièges pour retrouver sa majorité absolue.
Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) arrive en deuxième
position avec 25,4 % des voix (134 sièges), un résultat égal à celui du
mois de juin. La droite nationaliste (Parti de l’action nationaliste, MHP)
perd la moitié de ses sièges (41 contre 80 en juin).
Après les législatives du 7 juin, l’AKP avait échoué à former un
gouvernement de coalition et convoqué des élections anticipées. La quasitotalité des sondages lui accordaient au terme de la campagne entre 40 et
43 % des intentions de vote.
Cependant, le parti reste sous la barre des 330 sièges dont il aurait besoin
pour voter seul une modification de la constitution, voulue par M. Erdogan,
qui lui accorderait des pouvoirs étendus à la présidence. Ce dernier se
retrouve donc dans sa position d’avant les élections du mois de juin, qui
avaient notamment porté sur l’extension de ses pouvoirs.
Le parti pro-kurde reste au Parlement
Le HDP (Parti démocratique des peuples) obtient 59 sièges contre 80 au
mois de juin. Ses partisans ont craint dimanche de ne pas passer la barre
des 10 % qui conditionne l’entrée à la chambre. Des heurts ont eu lieu
devant le siège du HDP entre des sympathisants du parti et la police,
selon l’envoyé spécial du Monde sur place.
Le parti avait passé ce seuil pour la première fois en juin en rassemblant
largement dans les zones kurdes du sud-est ainsi qu’au sein de la gauche
turque. L’AKP lui a ravi dimanche une partie de l’électorat kurde
qu’inquiète le nouveau cycle de violence en cours entre l’Etat et les
rebelles du PKK.
Dénonçant « une élection ni équitable, ni juste », le co-président du parti,
Selahattin Demirtas, a rappelé qu’il avait préféré renoncer aux
rassemblements électoraux après le double attentat suicide d’Ankara
contre des manifestants pacifiques, dont beaucoup de militants du HDP.
Le parti a reçu une exposition minimale à la télévision durant la campagne.
Un discours apaisant
Dans la soirée, M. Erdogan a estimé, dans un communiqué, que les
électeurs avaient voté « en faveur de l’unité et de l’intégrité » du pays.
« Notre peuple a clairement exprimé qu’il préférait le service et les projets
à la polémique », disait-il. Auparavant, le premier ministre Ahmet
Davatuglu avait tenu un discours apaisant à Konya, en Anatatolie centrale :
« Aujourd’hui il n’y a pas de perdants, que des gagnants ».
Ce discours tranchait avec la stratégie de tension de l’AKP durant la
campagne, qui a fait craindre le débord de la guerre civile syrienne en
Turquie et le retour aux années noires de la guerre civile au Kurdistan.
Les locaux du quotidien Hürriyet ont été attaqués à deux reprises début
septembre par une foule emmenée par un député de l’AKP. Entre le 8 et le
9 septembre, des équipées punitives ont eu lieu de nuit dans plusieurs
villes de Turquie contre les bureaux du HDP. Dans la foulée, des centaines
de commerces tenus par des Kurdes ont été ravagés, parfois incendiés.
Près de 400 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés dimanche pour
assurer la sécurité du scrutin, notamment dans l’est.
La livre turque et la Bourse d’Istanbul ont salué lundi d’une très forte
hausse la large victoire du parti du président islamo-conservateur turc aux
législatives. En début de matinée, la devise turque progressait de plus de
4 % et s’échangeait autour de 2,78 livres pour un dollar et de 3,06 livres
pour un euro. Dans la foulée, le principal indice de la Bourse stambouliote
(BIST 100) a ouvert sa séance sur un bond de 5,4 % à 83 735 points.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/11/01/debut-du-scrutinlegislatif-anticipe-en-turquie-dans-un-climat-de-tensions-et-dedivisions_4800940_3214.html?utm_campaign=Echobox&utm_medium=S
ocial&utm_source=Twitter#link_time=1446406834
Chez les jeunes Kurdes, l’appel des armes
Par Luc Mathieu, Envoyé spécial à Diyarbakir — 30 octobre 2015 à 18:56
Des manifestants contre l'attentat d'Ankara sont dispersés par la police, le
12 octobre à Diyarbakir. Photo Sertac Kayar. Reuters
A Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, la jeune génération
n’attend rien des élections et se dit prête à se battre pour
l’indépendance.

Chez les jeunes Kurdes, l’appel des armes
Besra, 24 ans, a tout de l’étudiante polie et posée. Chemisier blanc et jean
slim, elle reçoit dans les bureaux bien rangés de Tevger, une association
de la jeunesse kurde à Diyarbakir. Sur les murs, des photos de Nelson
Mandela, Gandhi et Malcom X. Dans les armoires, des fascicules qui
dénoncent «l’invasion du Kurdistan» et «la légitimité de la lutte, sous
n’importe quelle forme». Besra n’espère rien de ce scrutin du
1er novembre en particulier, ni des élections en général. «Gagner des
sièges au Parlement signifie que vous intégrez le système, que vous
travaillez pour lui, même si vous êtes dans l’opposition. La Turquie n’est
une démocratie que sur le papier. Les élections précédentes ne nous ont
rien apporté, les Kurdes n’ont obtenu aucun droit en intégrant le
Parlement.»
Cette défiance ne surprend pas Enise Güneyli, députée du Parti
démocratique des peuples (HDP), prokurde. Agée de 28 ans, la jeune
femme a été élue dans la province de Mardin lors des législatives de juin.
Pour la première fois, le HDP avait obtenu plus de 10 % des voix au
niveau national, privant de la majorité absolue le Parti de la justice et du
développement (AKP), islamo-conservateur. Défait et incapable de former
une coalition, le président Recep Tayyip Erdogan a convoqué un nouveau
scrutin le 1er novembre. «Mais bien avant cela, dès la défaite de l’AKP
en juin, nous nous attendions à des provocations et à des heurts. Et nous
savons qu’ils ne toléreront pas de ne pas récupérer la majorité absolue,
quitte à aggraver la crise», explique la députée.
Méfiants. Depuis fin juillet et l’attentat de Suruç, perpétré par
l’Etat islamique (EI) selon le gouvernement et où 32 Kurdes ont été tués,
les affrontements entre militants et forces de sécurité sont
quasi quotidiens dans le sud-est de la Turquie. Le processus de paix lancé
à l’automne 2012 est brisé. «Nous avons tenté de le rétablir mais l’AKP ne
nous suit pas, il ne répond même pas à nos demandes», poursuit Enise
Güneyli.
Déterminés, méfiants vis-à-vis de la démocratie turque, les jeunes
militants kurdes se radicalisent. Eux qui ont grandi lors de la guerre
démarrée en 1984 entre le PKK et l’armée, sont aujourd’hui plus
revendicatifs que leurs parents. Les membres de Tevger ne veulent pas de
l’autonomie pour laquelle se sont battus leurs aînés : ils réclament
l’indépendance.
«Nous devons réveiller notre nation. Tous les Kurdes devraient être
favorables au séparatisme. L’autonomie n’est pas suffisante et c’est de
toute façon une question qui aurait dû se régler au Parlement. Nous
sommes prêts à prendre les armes, mais pour l’indépendance», explique
Roger Çaxer, 25 ans, l’un des responsables de Tevger.
Omer (1), 18 ans, tee-shirt sale et bras tatoués, est déjà passé à la
rébellion armée. Il est sorti de prison au printemps après avoir purgé une
peine de neuf mois pour «appartenance à un groupe terroriste». «Je
pourrais bien y retourner bientôt, je dois encore passer en jugement»,
explique-t-il dans un café du centre de Diyarbakir.
Omer ne le revendique pas, mais ne le nie pas non plus : il appartient au
Mouvement de la jeunesse patriotique révolutionnaire (YDG-H), affilié au
PKK. Les membres de ce groupe clandestin, parfois âgés de 14 ans, sont
aux avant-postes lors des affrontements avec la police ou l’armée kurde.
Ils creusent des tranchées, montent des barrages et ouvrent parfois le feu
dans les ruelles de Diyarbakir, Cizre ou Nusaybin. «L’Etat nous attaque,
nous nous défendons, rien de plus», dit Omer. Ils n’ont plus besoin
«d’aller dans les montagnes», l’expression consacrée pour signifier qu’ils
rejoignent le PKK : le combat s’est déplacé dans les villes.
«Manipulés». «Je les appelle la génération Mad Max, explique le poète
Reha Ruhavioglu, l’un des responsables de Mazlumder, une organisation
de défense des droits de l’homme. Les jeunes du YDG-H n’ont rien à
perdre. Ils sont dans l’escalade. Quand ils bouclent un quartier, quand ils
utilisent des armes lourdes comme des lance-roquettes, ils savent que la
police répondra et les attaquera. Ils utilisent la violence pour la violence,
mais ce n’est pas une violence politique. Ils ne sont pas réceptifs aux
discours des organisations civiles. Seul le PKK les contrôle. Ils sont
manipulés.» L’affirmation ulcère Omer : «C’est complètement faux. Notre
mouvement n’est pas hiérarchisé. Nous sommes simplement de jeunes
Kurdes et nous savons ce que nous voulons : l’indépendance. Personne ne
nous manipule. Si les affrontements reprennent, je retournerai me battre,
mais c’est moi qui le déciderai, personne ne me donnera d’ordre.»
Comme d’autres, Omer dit que sa détermination est née de son enfance.
Son père, combattant du PKK, a été arrêté plusieurs fois, tout comme
certains de ses oncles.
«Je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir été une enfant, je ne sais pas ce
que c’est, dit Besra.J’ai grandi dans la peur constante de perdre mes
parents, de voir disparaître mes proches. Mon père, mon frère, ont été
jetés plusieurs fois en prison sans avoir eu droit à un procès. Aujourd’hui
encore, si l’on sonne à ma porte le soir, j’ai peur que ce soit la police. Mais
cette peur me pousse à agir et à demander plus que mes parents. Le
monde a changé, ce n’est plus la guerre froide, des dizaines d’Etats se
sont créés. Ils ont obtenu l’indépendance et la liberté. Pourquoi les Kurdes
n’y auraient-ils pas droit ?»
«Notre victoire». Les revendications de la jeunesse kurde se nourrissent
aussi de la guerre dans la Syrie voisine et de la lutte contre
l’Etat islamique. «La bataille de Kobané a marqué un tournant. Elle a
changé l’état d’esprit des jeunes», affirme la députée Enise Güneyli. Alors
que la ville menaçait d’être prise par les jihadistes à l’été 2014, des
milliers de Kurdes de Turquie se sont mobilisés et ont rejoint les rangs des
Unités de protection du peuple (YPG), le pendant syrien du PKK, qui
combattent dans le nord de la Syrie. «Mon frère de 22 ans est mort à
Kobané, confie Besra. Mes parents ont tenté de l’empêcher de partir, ils
voulaient qu’il termine ses études. Mais il leur a dit qu’il n’était pas utile
s’il restait à l’université, qu’il devait réagir et se battre.» Kobané ne fut
finalement pas pris par les jihadistes. Après six mois de combat, les
Kurdes du YPG et leurs alliés sunnites syriens, aidés par la coalition
internationale, les ont repoussés.
«Le monde entier a observé notre victoire. Cela a entraîné une immense
vague de sympathie à notre égard. Car même vous, en France, êtes
menacés par l’EI. Mais nous ne devons pas nous contenter de cette
sympathie, nous devons l’utiliser pour établir de nouvelles relations avec
les pays étrangers», explique Roger Çaxer, de Tevger.
Dans le café de Diyarbakir, Omer dit qu’il n’a pas l’intention de combattre
en Syrie. Son rêve est toujours «d’aller dans les montagnes» : «C’est ce
que je veux faire depuis que je suis enfant. Mais ce n’est pas le moment.
Pour l’instant, le combat est ici, dans ma ville. Hors de question que je n’y
participe pas.»
(1) Le prénom a été modifié.
Luc Mathieu Envoyé spécial à Diyarbakir
http://www.liberation.fr/planete/2015/10/30/chez-les-jeunes-kurdes-lappel-des-armes_1410171
Elections législatives en Turquie : Recep Tayyip
Erdogan, ou la dérive autoritaire du président turc
LE MONDE | 30.10.2015 à 11h39 • Mis à jour le 01.11.2015 à 09h54 | Par
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
A trois jours des avant les élections législatives, le président
Recep Tayyip Erdogan est sorti, jeudi 29 octobre, sur le balcon de
son gigantesque palais, à Ankara, pour célébrer le 92e
anniversaire de la République turque : « Après 2023, nous allons
entrer dans la catégorie des dix pays les plus puissants de la
planète. Votre marche est celle de la liberté. Tous ensemble nous
allons faire la Turquie ! »
2023 est une date-clé. Dans l’imaginaire du chef de l’Etat, il s’agit de
célébrer le centième anniversaire de la République fondée par Atatürk,
afin de mieux la fossiliser et de créer à sa place la « République
d’Erdogan ». L’homme aime à s’approprier l’Histoire. Pendant le scrutin
présidentiel d’août 2014, trois dates vertigineuses figuraient sur ses
affiches de campagne : 2023, centenaire de la République, 2053, 600e
anniversaire de la prise de Constantinople et 2071, millénaire de l’arrivée
des Seldjoukides en Anatolie.
Pour les islamo-conservateurs, ces dates préfigurent les grands rendezvous d’une Turquie forte. « Dans le contexte des grands bouleversements
mondiaux, le pays a une occasion historique devant lui. L’émergence
d’une grande Turquie sera favorisée en 2023 », écrivait Yigit Bulut, le
conseiller du président, le 7 septembre 2014, dans un texte intitulé
Doctrine pour la Grande Turquie 2023 et le nouveau monde. Selon lui,
grâce à Recep Tayyip Erdogan, le pays a réussi à se débarrasser de la
« laisse » imposée jadis par l’Occident.
Devenu le premier président élu au suffrage universel en août 2014,
« Tayyip bey », comme le surnomment ses partisans, a voulu passer à la
vitesse supérieure, ne plus être un président « protocolaire », comme le
suppose l’actuelle Constitution, mais un chef de l’Etat doté de larges
pouvoirs. « Environ 80 % des pays du G20 connaissent un régime
présidentiel (…) nous sommes obligés de reconnaître les nouvelles réalités
du monde », plaidait-il en 2013.
Censées donner à son Parti de la justice et du développement (AKP,
islamo-conservateur) la majorité nécessaire pour faire basculer le pays
vers un régime présidentiel à poigne, les législatives du 7 juin ont ruiné
son projet.
Son étoile à pâli
Pour la première fois en treize ans, son parti a perdu sa majorité
parlementaire. Avec 41 % des suffrages, soit 258 députés sur 550, l’AKP a
beau rester la première formation politique du pays, il accuse la défaite
électorale la plus cinglante de son histoire.
Incapable de former une coalition gouvernementale, le premier ministre,
Ahmet Davutoglu, a jeté l’éponge et, comme le fixe la Constitution, après
quarante-cinq jours de vains pourparlers avec les autres partis présents
au Parlement, un nouveau scrutin législatif a été convoqué pour le
1er novembre.
Si, comme le prévoient les principaux instituts de sondage (Gezi,
Metropol), les résultats ne donnent toujours pas la majorité parlementaire
à l’AKP, M. Erdogan verra son projet d’hyperprésidence définitivement
enterré. Il risque alors de mesurer combien son étoile a pâli. L’homme
« providentiel » semble avoir perdu sa magie auprès d’une bonne partie
de l’électorat.
Quel contraste avec 2002, quand les islamo-conservateurs prirent les
commandes du pays. M. Erdogan était alors en parfaite résonance avec
son peuple. Il parlait d’or : pluralisme, liberté, prospérité, réformes.
Empreints de pragmatisme, ses discours étaient dénués d’idéologie.
Le peuple d’Anatolie n’avait aucun mal à se reconnaître dans ce fils d’un
capitaine de bateau du quartier populaire de Kasimpasa, à Istanbul,
parvenu à se hisser au poste de premier ministre par les urnes. Il joua la
carte pragmatique, gagna les sympathies de la gauche et des intellectuels,
brisa les tabous – question kurde, chypriote, arménienne –, fit rentrer
l’armée dans les casernes.
Posture de victime
Son charisme commença à s’estomper au printemps 2013, au moment
des événements de Gezi, lorsque des centaines de milliers de Turcs se
dressèrent contre un projet d’aménagement urbain au centre d’Istanbul.
Violemment réprimée – les affrontements avec la police firent huit morts –,
la protestation du parc Gezi se retourna rapidement contre le premier
ministre d’alors, taxé d’autoritarisme.
La presse, la justice, la police ont été placées sous son étroit contrôle.
Engagé, depuis décembre 2013, dans une vaste purge contre la confrérie
de son ancien mentor, l’imam Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis, il a
fait muter, destituer ou arrêter policiers, juges et procureurs.
Vécue comme une trahison – « un coup de poignard dans le dos », dira-til un jour –, la rupture avec les gülenistes va renforcer sa posture de
victime. Son entourage échappe de peu à une enquête pour corruption,
diligentée par les adeptes de l’imam. Sa blessure narcissique est à vif. A
partir de là, tous ses opposants deviennent des « traîtres ». Selahattin
Demirtas, le chef du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), qui,
le 7 juin, a recueilli les voix kurdes allant d’ordinaire à l’AKP, est décrit par
lui comme un suppôt du terrorisme.
L’installation dans un palais de 200 000 mètres carrés à Ankara, après son
élection à la présidence en août 2014, renforce sa perte de contact avec la
réalité. Sa folie des grandeurs lui vaut alors le surnom de « sultan ». Ses
discours deviennent plus idéologiques. Il utilise à l’envi la rhétorique
populiste, religieuse et nationaliste.
L’installation dans un palais de 200 000 mètres carrés à Ankara a renforcé
sa perte de contact avec la réalité
Dans une obsession du complot, il mettra un point d’honneur à recevoir
dans son palais, de janvier à août, des dizaines de milliers de maires de
villages et de quartiers (mukhtars). « Les maires devraient savoir qui vit
dans quelle maison, qui sont les terroristes. Ils devraient rapporter ces
informations aux services de sécurité les plus proches », dira-t-il le
19 août.
A cette occasion, un système informatique a été mis sur pied qui permet
aux maires d’envoyer leurs informations aux services. « Non seulement le
président tente de polariser la société, mais il veut créer ses propres
moukhabarat [les services de renseignement de Bachar Al-Assad] »,
protesta alors Levent Gok, député du Parti républicain du peuple (CHP,
social-démocrate). Jamais la Turquie n’aura été aussi divisée. « Ceux qui
professent le séparatisme ethnique, religieux, vestimentaire sont les
traîtres de la République », a déclaré le président lors d’une réception en
l’honneur de la fête de la République.
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Journaliste au Monde
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/international/article/2015/10/30/recep-tayyiperdogan-ou-la-derive-autoritaire-du-presidenttruc_4800116_3210.html#fPP0hKWV4klSq5lx.99
Pour une coalition gouvernementale!
LE MONDE | 30.10.2015 à 15h00 | Par Ali Kazancigil (Politologue et
codirecteur de la revue de géopolitique « Anatoli », CNRS Editions)
La trajectoire de la Turquie sous le gouvernement de l’AKP comporte deux
périodes. La première, entre 2002 et 2010, est celle des progrès de la
démocratie et des avancées économiques et sociales. La seconde s’ouvre
avec la troisième victoire électorale de l’AKP, en 2011, à l’issue de laquelle
le premier ministre de l’époque, M. Erdogan, a pris un tournant autoritaire.
Depuis, incapable de comprendre l’émancipation de la société civile, il s’en
prend à l’Etat de droit et tente l’impossible pour que l’AKP emporte
largement le scrutin du 1er novembre, en s’appuyant sur une stratégie de
la tension aux méthodes fascisantes : locaux de journaux indépendants
(Cumhuriyet ou Hürriyet) attaqués et journalistes tabassés.
La vague d’attentats qui a endeuillé la Turquie ces derniers mois a été
attribuée...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/10/30/pour-
une-coalitiongouvernementale_4800232_3232.html#XVbZu6XOhm5B1BOg.99
Législatives turques : Erdogan peut-il espérer
gouverner seul ?
Le Monde.fr | 30.10.2015 à 17h02 • Mis à jour le 31.10.2015 à 11h42 |
Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Le 1er novembre, les électeurs turcs se rendront aux urnes pour la
deuxième fois en cinq mois. Le Parti de la justice et du
développement (AKP, islamo-conservateur) espère retrouver sa
majorité parlementaire perdue lors des législatives de juin. Après
le scrutin, le premier ministre Ahmet Davutoglu avait échoué à
former une coalition, de nouvelles élections avaient été
convoquées.
Pour l’AKP, le scrutin de juin fut une grande déconvenue. Pour la première
fois en treize ans de pouvoir, le parti fondé par Recep Tayyip Erdogan
obtenait 41% des voix (258 députés sur 550), bien loin des scores
prodigieux des années précédentes (45,6% aux municipales de mars
2014 ; 49,9% aux législatives de novembre 2011).
Fort de 13 % des suffrages, le petit Parti de la démocratie des peuples
(HDP, gauche, pro-kurde) avait volé la victoire aux islamo-conservateurs.
Par le passé, les régions kurdophones du sud-est du pays avaient toujours
été des réservoirs de voix pour l’AKP. En juin, tout a basculé.
Objectif irréalisable
Cette nouvelle donne a douché les espoirs de l’homme fort de Turquie,
avide d’instaurer un régime présidentiel à la mesure de ses ambitions.
Premier président élu au suffrage universel en août 2014, M. Erdogan
rêvait d’un pouvoir aussi étendu que son nouveau palais à Ankara, d’une
superficie de 200 000 mètres carrés.
Pour le numéro un turc, la « répétition » du scrutin ne peut que lui être
favorable. Il a d’ailleurs prié les électeurs de lui donner « 400 députés »,
de quoi réaliser le changement de Constitution tant espéré. C’est faisable
si l’AKP a 367 des 550 sièges du Parlement. Avec 330, il est possible de
convoquer un référendum. Pour gouverner seul, il faut à l’AKP 276
députés.
Cet objectif apparaît aujourd’hui irréalisable. Les résultats ont peu de
chance de varier à cinq mois d’écart. D’ailleurs, les principaux instituts de
sondage (Gezici, Metropoll, Sonar, Konda) dessinent pour le 1er novembre
un score quasiment identique à celui de juin.
Un sondage, publié jeudi 29 octobre par Metropoll, attribue à l’AKP 43,3 %
des intentions de vote, soit 2,5 points de plus qu’en juin. Un autre
sondage, publié le même jour et réalisé par l’institut A&G Research, donne
au « parti de l’ampoule » (le surnom de l’AKP) 47 % des suffrages, mais il
est le seul à être aussi optimiste.
Avec 43 % des voix, l’AKP se retrouverait dans la même situation qu’en
juin, obligé de composer avec l’un des trois partis de l’opposition
parlementaire pour former une coalition. Selon une étude réalisée par la
fondation Carnegie, le scénario le plus vraisemblable serait que l’AKP et le
Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), le vieux parti
d’Atatürk s’entendent pour former un gouvernement. Pressés d’en finir
avec l’incertitude politique et l’économie qui chancelle, les hommes
d’affaires misent sur cet attelage.
Vers une troisième élection
Comme tout les oppose, les deux partis risquent de former une coalition
bancale. Le CHP réclame pour sa part une enquête sur les accusations de
corruption révélées en 2013 dans l’entourage de M. Erdogan, ce que ce
dernier ne saurait accepter. A terme, la coalition pourrait craquer, ouvrant
la porte à de nouvelles élections.
« Erdogan semble avoir peu d’enthousiasme pour cette formule. Il jouit
encore d’une position hégémonique au sein du parti quand bien même, en
tant que président, il devrait être politiquement neutre. Une coalition
pourra émerger si Erdogan peut être convaincu qu’une nouvelle élection
sera néfaste au pays et à ses ambitions politiques personelles », écrit
Sinan Ulgen, co-auteur de l’étude publiée par Carnegie.
L’idée d’une troisième élection fait son chemin. « Si le résultat est
semblable à celui du 7 juin, je crains qu’on envisage une nouvelle élection.
Voilà pourquoi il est important qu’un seul parti gouverne », a déclaré
récemment Mehmet Ali Sahin, vice-président et député de l’AKP. En
attendant, l’AKP a largement abusé de sa position dominante pendant la
campagne. En octobre, la chaîne publique TRT a accordé vingt-neuf
heures de diffusion à M. Erdogan et trente heures à son parti l’AKP. Le
CHP a eut droit à cinq heures, contre une heure et dix minutes pour le
Parti de l’action nationaliste (MHP, droite nationaliste) et dix-huit minutes
pour le HDP.
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Journaliste au Monde
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/10/30/legislatives-turques-merdogan-peut-il-esperer-gouverner-seul_4800366_3214.html
Turquie. La lettre de cinquante médias
internationaux à Erdogan
Ouest-France
Turquie - 30 Octobre
Une cinquantaine de médias internationaux ont envoyé une lettre
au président Erdogan, à propos des atteintes à la liberté de la
presse avant les législatives de dimanche.
Parmi les signataires de la lettre, rendue publique vendredi, figurent les
rédacteurs en chef du New York Times, de l'AFP, de La Stampa, du
Süddeutsche Zeitung, de VICE Media, du New Yorker et du Washington
Post.
La lettre cite une série d'événements survenus ces deux derniers mois,
notamment deux attaques contre le siège du quotidien Hurriyet,
l'agression dont a été victime le journaliste Ahmet Hakan Coskun, l'assaut
de la police contre le siège du groupe de Koza Ipek Media cette semaine
et la détention de trois journalistes travaillant pour Vice News, dont
Mohammed Ismael Rasool, toujours en prison, ainsi que d'autres
poursuites et arrestations.
« Une culture de l'impunité »
« Nous vous appelons à employer toute votre influence pour vous
assurer que les journalistes, qu'ils soient citoyens turcs ou
membres de la presse internationale, sont protégés et autorisés à
faire leur travail sans encombre », écrivent les responsables des
médias au président turc, soulignant l'impact négatif pour l'image de la
Turquie de toute atteinte à la liberté de la presse.
Les rédacteurs en chefs mettent en garde contre une « culture de
l'impunité » et sur l'absence de condamnation par le gouvernement turc
des attaques contre les journalistes indépendants.
http://www.ouest-france.fr/turquie-la-lettre-de-cinquante-mediasinternationaux-erdogan-3805404
La gauche démocratique est la cible du « système
Erdogan »
LE MONDE | 30.10.2015 à 12h10 • Mis à jour le 30.10.2015 à 12h37 | Par
Hamit Bozarslan (Historien et sociologue)
La stratégie de terreur et de peur que Recep Tayyip Erdogan poursuit avec
ténacité depuis les élections législatives du 7 juin, qui l’ont privé de sa
majorité absolue à l’Assemblée, a transformé la Turquie en une maison
endeuillée.
La défaite estivale que le président subissait alors l’empêchait de
présidentialiser le système politique comme il le souhaitait et balayait ses
ambitions de faire de son pays une puissance mondiale, turque et sunnite,
avant le centenaire de la République en 2023. Deux autres échéances,
situées au-delà de son temps générationnel – le 600e anniversaire de la
conquête d’Istanbul (2053) et le millénaire de l’arrivée des Turcs en Asie
mineure (2071)–, devaient succéder à cette date pour ancrer
l’« erdoganisme » dans l’éternité.
Certes, intégrant une bourgeoisie d’origine anatolienne de moins en moins
puritaine, des couches défavorisées dépendant de sa charité, une
puissante confédération syndicale et une Anatolie turque et sunnite
profondément conservatrice, le « système Erdogan » disposait encore de
la confiance de 41 % des électeurs. Mais les complaisances d’Ankara à
l’égard de l’organisation Etat islamique et sa profonde hostilité à l’encontre
des Kurdes syriens lui avaient fait perdre une bonne partie de son
électorat kurde.
La mue d’Erdogan en « homme unique » du pays entre les législatives de
2011 et celles de 2015 était allée de pair avec une réelle
désinstitutionnalisation de l’Etat
Venant après des scandales de corruption à répétition, la construction d’un
palais présidentiel somptueux avait...
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Le HDP : un parti d'opposition turc mis sous pression
Aurélie Didier, envoyée spéciale à Istanbul Publié à 17h18
Qui sont les membres du HDP, le parti démocratique des peuples?
Une épine dans le pied du parti islamo-conservateur AKP ! Ce parti
d'opposition veut représenter la diversité et les minorités turques :
Kurdes, féministes, gays, Arméniens ou encore jeunes
progressistes. Mais le HDP est aussi régulièrement mis sous
pression et affirme défendre la liberté d'expression face au
président turc Recep Tayyip Erdogan. Découverte de ce nouveau
parti à travers les portraits croisés d'une candidate écologiste et
de jeunes militants universitaires.
La sécurité est renforcée et les fouilles sont devenues systématiques lors
des événements organisés par le HDP. Les membres de ce parti
d'opposition se sentent menacés. Leurs idées dérangent certains en
Turquie.
Beyza Üstün, candidate et députée HDP, est invitée pour un dernier
meeting dans un faubourg à Istanbul avant les élections. C'est une
professeur d'université, écologiste et féministe. "le président Erdogan dit
que les femmes doivent d'abord être mariées, et elles doivent avant tout
élever beaucoup d'enfants. Il a des idées de dictateur. Ce mode de pensée
dictatoriale vient d'une mentalité machisme. Ici, nous sommes des
femmes, et notre parti défend les femmes".
Ce parti veut rassembler toutes les minorités en Turquie. Et cela
fonctionne.
Le HDP est entré pour la première fois au parlement aux élections de juin
dernier. Il a fait perdre la majorité absolue à l'AKP, le parti islamoconservateur qui était au pouvoir depuis 13 ans.
Mais le HDP est mis sous pression. Il a été plusieurs fois visé par des
attaques violentes et meurtrières, comme lors d'une marche pour la paix à
Ankara le 10 octobre dernier. Plus de 100 personnes sont décédées lors
d'un double attentat, la grande majorité des participants étaient des
sympathisants du HDP. La députée Beyza Üstün refuse de céder à la
panique: "Je n'ai pas peur. Nous voulons construire une vie meilleure dans
notre pays, la liberté est très importante pour moi."
"Écouter de la musique kurde, c'est une activité criminelle"
Elle ne veut pas avoir peur. Mais elle est en colère en participant à une
autre conférence dans le centre d'Istanbul. Les organisateurs de
l'événement affirment que 200 étudiants ont été emprisonnés depuis le
mois de mai. Leur faute, avoir insulté le président turc, entre-autre. L'un
d'eux , Hakan Demir, a envoyé une lettre depuis la prison à son ami Derya
Baris, étudiant en langue et littérature turque à lUniversité du Bosphore à
Istanbul. Il lit quelques extraits devant l'audience : "Ils ont un dossier
contre moi, ma musique, mes livres. Mais ce sont des soit-disants
preuves."
Plusieurs amis du jeune étudiant emprisonné étaient présents à la
conférence et militent pour le HDP. A la sortie, ils se dirigent vers le
quartier de l'Université du Bosphore. Tous affirment que le parti au
pouvoir en Turquie est plus en plus autoritaire. leur ami en a fait les frais.
Dans le bus, leur dialogue est révélateur de la confusion qui règne au
sujet de la liberté d'expression :
"-En Turquie, lire des livres politiques, écouter de la musique kurde ou
folklorique, c'est une activité criminelle.
- Non non, ce n'est pas un crime selon la loi!
- C'est un crime selon le gouvernement...
Un homme intervient: Oui c'est cela"
Le HDP, le parti de toutes les minorités
Ces jeunes veulent en finir avec les idées de l'AKP et du président Erdogan.
Dans leur quartier général, un café proche de l'université, ils rassemblent
les tracts à distribuer. Pour Asli Azarpa, étudiante en didactique, le HDP
est une vrai alternative."En Turquie, c'est la première fois qu'il y a une
femme co-présidente dans un parti. Nous avons deux co-présidents. En
fait le HDP, ce n'est pas seulement le parti des Kurdes, c'est le parti de
toutes les minorités. Arméniens, Kurdes, féministes ou encore
homosexuels."
Ils sont tous volontaires pour la distribution des tracts en rue et se
séparent en petits groupes. Mais deux d'entre-eux, Derya et Deniz, se
retrouvent seuls dans quartier, et la situation s'envenime. Des militants
nationalistes les menacent et leur ordonnent de quitter le quartier. Les
deux jeunes militants du HDP hésitent, puis Derya explique à son
camarade qu'elle préfère ne pas envenimer la situation : "Je ne veux pas
avoir de problème alors qu'on est si proches des élections." Ils quittent le
quartier. Ces jeunes militants savent qu'ils doivent éviter certains districts
d'Istanbul car la menace d'agression est réelle.
http://www.rtbf.be/info/monde/detail_le-hdp-un-parti-d-opposition-turcmis-sous-pression?id=9124937
Turquie : "Les vieux démons ont resurgi sous de
nouveaux traits"
Par L' Obs
Publié le 30-10-2015 à 10h55
Alors qu'Erdogan, mis en difficulté au Parlement, tente par tous
les moyens de maintenir son pouvoir sur le pays, les indices du
retour de la nébuleuse militaro-nationaliste se multiplient.
"Si l'AKP perd les élections, les bandes criminelles resurgiront par ici et les
Toros blanches feront leur retour". La menace de voir réapparaître des
Renault 12, appelées "Toros" sur les routes de Turquie, pourrait faire
sourire. Mais le Premier ministre Ahmet Davutoglu, qui l'a proférée au
cours d'un meeting dans la grande ville kurde de Van, à quelques jours
des élections législatives, a glacé le sang d'une bonne partie du pays.
Dans les régions de l'Est, nul n'ignore que ce véhicule populaire longtemps
fabriqué localement reste encore largement associé aux escadrons de la
mort qui raflaient, torturaient et exécutaient des militants kurdes dans les
années 90, aux pires heures de la "sale guerre". Des milliers de
disparitions sont restées inexpliquées.
Demandez à n'importe qui dans ces villes, tout le monde a une
histoire à raconter avec les Renault blanches dans les années 90",
confirme Muharrem Erbey, un avocat de Diyarbakir.
"Mais on dirait qu'aujourd'hui, ils n'ont même plus besoin de se cacher."
250 civils tués en trois mois
Depuis le 20 juillet, le conflit armé a repris de plus belle entre les forces
de sécurité turques et les rebelles du PKK (parti des travailleurs du
Kurdistan), mettant fin à deux ans d'armistice et de négociations de paix
entre les belligérants. Plus de 250 civils ont été tués en trois mois, selon
l'Association des droits de l'homme (IHD) qui note un retour rapide à un
niveau de violence jamais vu depuis 20 ans. Des enfants, des personnes
âgées, ont été abattus en pleine rue par des snipers. Les forces spéciales
de la police ont imposé un couvre-feu total sur des dizaines de villes et de
quartiers. A Cizre, à la frontière turco-syro irakienne, le siège a duré 10
jours et 10 nuits, et 23 civils ont été tués. Des slogans vengeurs, "la
république turque est là", "vous allez voir notre force", ont été laissés sur
les murs. Une punition collective pour tous les bastions électoraux du parti
prokurde HDP (parti des peuples et de la démocratie).
Si certains acteurs ont changé – la police a notamment remplacé
l'armée – les méthodes utilisées par la contre-guérilla dans les années 90
pour mater l'insurrection kurde sont réapparues. L'attentat d'Ankara,
commis par une cellule djihadiste proche de l'Etat islamique, le 10 octobre,
a également révélé des failles dans la surveillance et nourri les soupçons
de collusion entre l'Etat et Daech. "Les vieux démons ont resurgi sous de
nouveaux traits. La rencontre entre 'l'Etat profond' et la 'Nouvelle
Turquie' d'Erdogan", souligne le chercheur Karabekir Akkoyunlu, dans un
article publié par le site Open Democracy.
Le drame de Sirnak
Une image plus qu'une autre a hanté les réseaux sociaux. Celle d'un corps,
attaché par une corde au pare-choc d'un véhicule blindé des forces
spéciales, traîné dans toute la ville de Sirnak comme un trophée de chasse.
Ce bourg perché dans la montagne est un fief acquis à la rébellion, ses
habitants ont fui des dizaines de village rasés et occupés par l'armée
depuis les années 90. Le corps était celui de Haci Birlik. Un jeune
comédien, passionné de théâtre et de cinéma, originaire de Sirnak, mais
aussi un sympathisant de la cause kurde, beau-frère de Leyla Birlik,
députée locale du HDP, vraisemblablement tué au cours d'affrontements
armés à l'entrée de la ville. Une vidéo filmée depuis l'intérieur du blindé a
accompagné cette macabre mise en scène. Ce sont les policiers euxmêmes qui ont diffusé les images sur Twitter, sur un compte au nom de
"Jitem". Comme les commandos de gendarmerie fondés par le général
Veli Küçük pour terroriser la base militante du PKK.
Militaires, agents, barbouzes, trafiquants de drogue...
Le Jitem était au cœur de "l'Etat profond", cette nébuleuse militaro
nationaliste, réunissant militaires, agents, barbouzes, trafiquants de
drogue, exécutant dans l'ombre, les basses œuvres de l'Etat. Une tradition
plus ancienne que les années 90, souligne l'universitaire Karabekir
Akkoyunlu.
Il y a un siècle, la junte panturque qui contrôlait le gouvernement
ottoman utilisait les services d'agents de renseignement et de
tribus kurdes pour commettre des atrocités contre les populations
arméniennes".
L'éradication de ces cellules nationalistes étaient l'un des objectifs de
l'affaire Ergenekon, ouverte par la justice en 2008. Le général Küçük en
était l'une des têtes d'affiche. Mais après 2013, pour régler ses comptes
avec son ancien allié, le prédicateur islamiste Fethullah Gülen, le
gouvernement AKP de Recep Tayyip Erdogan a fait libérer de prison tout
ce beau monde. Pour le réutiliser à son profit ?
Symbolique de cette époque, le parrain mafieux Sedat Peker est remonté
sur scène juste avant les législatives du 7 juin. Condamné deux fois pour
meurtre et association de malfaiteurs dans les années 90, baron des
casinos et des parkings clandestins, membre des fameux Loups Gris,
milice ultranationaliste, il a été libéré en 2014. Pour se muer aussitôt en
supporter inconditionnel d'Erdogan, originaire comme lui de la ville de Rize,
sur la Mer Noire.
Guillaume Perrier
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20151027.OBS8357/turquie-lesvieux-demons-ont-resurgi-sous-de-nouveaux-traits.html
Elections législatives en Turquie : après l’impasse,
l’implosion?
LE MONDE | 30.10.2015 à 15h27 • Mis à jour le 01.11.2015 à 09h53
Service « Débats »
Incapables de former un gouvernement stable depuis les élections
législatives du 7 juin, les Turcs sont de nouveaux appelés aux urnes le
1er novembre pour renouveler leur Assemblée nationale. Contrarié par le
vote des électeurs qui l’ont privé d’une majorité absolue au Parlement, le
président Recep Tayyip Erdogan a montré qu’il était prêt à tout pour
monopoliser le pouvoir, réformer la Constitution et imposer un régime
présidentiel.
Car au lieu d’apparaître comme un arbitre au-dessus de la mêlée, le
leader de l’AKP, à la tête du pays depuis 2002, a multiplié les provocations
et mis les Turcs sous pression, prenant le risque d’abîmer au passage le
processus démocratique en Turquie et de bloquer la vie politique en
rejetant toute idée de gouvernement de coalition.
L’avenir suspendu à trois défis
Pour sortir de cette impasse, ce qui se joue actuellement à Ankara n’est
rien d’autre que l’avenir de la démocratie, suspendu à trois défis.
Le premier défi est institutionnel. Les Turcs donneront-ils cette fois-ci une
majorité absolue à M. Erdogan ? Rien n’est moins sûr. La société turque a
changé en une génération. Les classes moyennes se sont enrichies et les
Turcs sont ouverts à la mondialisation. Or, au moment où les citoyens
turcs semblent se libérer de la domination paternaliste imposée par
M. Erdogan, ce dernier se prend pour le successeur du dernier sultan
ottoman et entend cadenasser le pays à tous les échelons du corps social.
Le deuxième défi est politique. Singularité turque, la Constitution a fixé à
10 % le seuil d’entrée au Parlement. M. Erdogan n’a toujours pas digéré le
fait que le Parti démocratique des peuples (gauche et prokurde) l’ait déjà
franchi une première fois en juin. Il n’est pas le seul, les élites turques ont
du mal à accepter l’idée de partager le pouvoir.
Dans son histoire, impériale ou républicaine, la Turquie a toujours
considéré que le pouvoir politique relevait du domaine réservé des élites
turques centralisatrices. Il est arrivé dans l’histoire qu’un individu issu
d’une minorité nationale ou religieuse non musulmane occupe des places
prestigieuses dans l’appareil d’Etat.
Métastases de la guerre en Syrie et en Irak
Mais le fait d’entrer en force au Parlement en tant que groupe constitué –
en l’occurrence en tant que parti de la gauche démocratique prokurde –
représente pour la nouvelle « Sublime Porte » une sorte de crime de lèseturcité. Peu d’observateurs en Turquie ou à l’étranger relèvent cette
pratique arbitraire et antidémocratique proprement turque.
Enfin, le dernier défi est stratégique et soulève de graves questions pour
le développement économique de la Turquie en toute sécurité : quelle que
soit l’issue du scrutin, rien ne dit que les fractures ouvertes entre le
régime et le PKK, mais aussi les tensions entre Ankara et les djihadistes
de Daech, qui multiplie les attentats sur le sol turc, se refermeront.
D’autant que les métastases de la guerre en Syrie et en Irak peuvent à
tout moment ronger le territoire turc et la stabilité du régime. Ce qui ne
sera pas sans effet sur la position de la Turquie par rapport à ces conflits
périphériques, ni sans incidence sur le processus d’adhésion – déjà bien
compromis – d’Ankara à l’Union européenne.
En juin, les électeurs ont dit non à l’ambition ultraprésidentielle de
M. Erdogan. En véritable ingénieur du rapport de force, il a riposté en
bloquant la vie des institutions républicaines. Le 1er novembre, les
électeurs peuvent sortir le pays de l’impasse, satisfaire ou non le projet de
leur président et se réveiller au lendemain du scrutin dans une Turquie au
bord de l’implosion.
A lire sur le sujet:
- La gauche démocratique est la cible du « système Erdogan », par Hamit
Bozarslan, historien, sociologue, directeur d’études à l’EHESS. Au-delà
des Kurdes, le président turc s’en prend à tout ce que la société civile
compte de libertés et de pluralisme
- Arrêtons tout cynisme dans les relations entre Bruxelles et Ankara, par
Anne-Marie Le Gloannec, directrice de recherche au CERI, Sciences Po. On
ne peut pas relancer les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union
européenne sans tenir compte de l’autoritarisme de M. Erdogan
- Monsieur le Président, les Turcs ne veulent pas de votre culte du « Baba
», par Elif Shafak, écrivaine turque et politologue. Dominée par la peur et
les désillusions, la société turque doit se délivrer du carcan et de la
tyrannie paternaliste imposés par Recep Tayyip Erdogan.
- Pour une coalition gouvernementale!, par Ali Kazancigil, politologue et
codirecteur de la revue de géopolitique « Anatoli ». Les Turcs ne veulent
pas donner tous les pouvoirs à M. Erdogan. Il sera contraint au compromis
Service Débats
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/10/30/turquie-apres-l-impassel-implosion_4800277_3232.html#wdBIW2DS4pUeco3J.99
Article du journal franco-turc Zaman - 1/11/2015 - 1
Le Collectif VAN relaye ici les articles du journal franco-turc Zaman
(équivalent du Today's Zaman en langue anglaise, diffusé en
Turquie). Attention : ces articles ne sont pas commentés de notre
part. Il s'agit pour l'essentiel de traductions des versions turque et
anglaise du Zaman, journal anciennement proche du parti au
pouvoir (AKP) mais dont le propriétaire, le prédicateur musulman
Fetullah Gülen, est désormais en guerre ouverte avec Erdogan.
Zaman France
Elections législatives : Les nationalistes et les conservateurs
offrent le pouvoir à l'AKP
L'AKP remporte la majorité absolue alors que les nationalistes et les
Kurdes connaissent un grave revers. Plus que le Premier ministre Ahmet
Davutoglu, c'est le chef de l'Etat, Tayyip Erdogan, qui sort grand
vainqueur du scrutin.
Dimanche, Novembre 1, 2015 - 18:49
Sami Kiliç
Paris
C'est une grande victoire pour l'AKP, le parti de la justice et du
développement, qui frôle à nouveau les 50% après avoir obtenu 41% il y
a 5 mois. Un bond de 9 points qui lui offre corrélativement près de 315
députés soit plus de 50 élus par rapport à juin dernier.
Les kémalistes et les sociaux-démocrates du CHP (parti républicain du
peuple) stagnent avec 25% et 132 élus.
Les partis d'opposition sanctionnés
Ce sont les nationalistes du MHP (parti du mouvement nationaliste) et les
Kurdes du HDP (parti démocratique des peuples) qui reculent fortement
avec respectivement 12% et 10%.
C'est un énorme retournement. Les partis d'opposition qui avaient la
possibilité de former une coalition contre l'AKP en juin accusent une réelle
baisse.
L'intransigeance du leader nationaliste, Devlet Bahçeli, devenu rapidement
le "Monsieur Non", explique en grande partie le score obtenu. La province
d'Osmaniye, le seul bastion du MHP et circonscription de Bahçeli, offre la
première place à l'AKP, c'est dire le désastre électoral.
De leur côté, les conservateurs kurdes du HDP (parti démocratique des
peuples) ainsi que les conservateurs des deux partis religieux SP (parti de
la félicité) et BBP (parti de la grande union) ont préféré voter pour l'AKP.
La reprise des combats entre l'Etat et le groupe terroriste autonomiste
PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) ainsi que la menace djihadiste
ont poussé les conservateurs à serrer les rangs derrière le gouvernement
en place.
Tayyip Erdogan en position de force
Même si l'AKP n'obtient pas les 3/5e au Parlement, ce qui lui permettrait
de soumettre un référendum constitutionnel, il n'en demeure pas moins
que le chef de l'Etat, Tayip Erdogan, a désormais les mains libres pour
imposer une pratique présidentialiste. Son Premier ministre, Ahmet
Davutoglu, est un fidèle et même s'il est théoriquement le grand
vainqueur, il ne devrait pas faire de l'ombre au président de la
République. C'est donc vers un régime présidentiel de facto que la Turquie
se dirige.
En outre, la marginalisation du MHP et l'affaiblissement du HDP
permettent à l'AKP de relancer le processus de réconciliation avec les
Kurdes. Erdogan peut encore une fois se présenter comme le véritable
représentant de l'électorat kurde, composé majoritairement de
conservateurs.
Enfin, ce score est de nature à calmer l'ardeur des dissidents au sein de
l'AKP. Récemment, l'émergence d'un nouveau parti, sorti des entrailles de
l'AKP, était largement discutée. C'est désormais un scénario improbable
tant la confiance accordée au duo Erdogan-Davutoglu est sans appel.
http://www.zamanfrance.fr/article/elections-legislatives-nationalistesconservateurs-offrent-pouvoir-a-lakp-18359.html
La Turquie a tué 2.000 "terroristes", dit le président
Erdogan
Zonebourse
30/10/2015 | 18:51
La Turquie a tué environ 2.000 activistes lors de récentes opérations sur
son sol et à l'étranger et celles-ci vont se poursuivre, a déclaré vendredi
son président Recep Tayyip Erdogan.
La Turquie a mené ces derniers mois des raids contre les djihadistes de
l'Etat islamique en Syrie et contre les positions de Kurdes du PKK en
Turquie et dans le nord de l'Irak.
"Pour l'instant, 2.000 terroristes ont été tués à l'intérieur et à l'extérieur
du pays", a déclaré le chef de l'Etat turc dans des commentaires diffusés
par la chaîne de télévision AHaber.
Il a aussi dit que les forces de sécurité turques avaient interpellé vendredi
des personnes qui tentaient de se rendre en Syrie avec sept kilogrammes
d'explosifs.
(Melih Aslan et Tulay Karadeniz; Danielle Rouquié pour le service français,
édité par Marc Angrand)
https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/La-Turquie-a-tue-2000terroristes-dit-le-president-Erdogan--21318363/
Législatives en Turquie : la stratégie de la tension
d’Erdogan
Publié le 28 octobre 2015 à 18h54
Par Joséphine Dedet
Autoritarisme croissant, interruption du processus de paix avec les
Kurdes… Pour tenter de conquérir le 1er novembre la majorité absolue qui
lui avait été refusée en juin, Recep Tayyip Erdogan ne fait pas dans la
dentelle.
C’est l’histoire, banale, d’un chef d’État qui voulait modifier la Constitution
pour faire basculer son pays dans un régime présidentiel où il s’arrogerait
des pouvoirs très élargis, et qui pour cela sommait son peuple de lui
donner « 400 députés ». Aux législatives du 7 juin, il n’en obtint « que »
258 (sur 550), et l’AKP, son parti, perdit la majorité absolue qu’il détenait
depuis treize ans. Impossible désormais de gouverner seul. Ulcéré de
cette mésaventure, Recep Tayyip Erdogan convoqua de nouvelles
élections pour le 1er novembre. Pas question de former une coalition avec
un parti d’opposition, car aussi bien le CHP (centre gauche, laïc) que le
MHP (ultranationaliste) lui posaient deux conditions : un, qu’il renonce à
instaurer un régime présidentiel et respecte la neutralité de sa fonction ;
deux, qu’il accepte que la justice rouvre le dossier du scandale de
corruption qui, avant d’être enterré, contraignit quatre de ses ministres à
démissionner.
Afin de gagner ce match retour, le président, qui fut dans sa jeunesse un
footballeur émérite et passe, en politique, pour un joueur rugueux, tacle
de plus en plus violemment ses adversaires. Une fuite en avant qui
inquiète les chancelleries occidentales et, plus grave pour lui, une part
croissante de l’opinion. « Désormais, la moitié du pays nous déteste »,
s’inquiétait déjà en février Bülent Arinç, qui cofonda avec lui l’AKP et fut
son vice-Premier ministre.
Les opposants d’Erdogan : des chiites alevis aux Kurdes
La moitié du pays ? Ce sont bien sûr ses opposants « naturels » : le camp
laïc, les chiites alevis. Mais depuis le mouvement de contestation de Gezi,
durement réprimé en 2013, s’y ajoutent d’autres couches de la population.
Des libéraux, jadis sensibles à ses premières réformes démocratiques,
aujourd’hui choqués par son autoritarisme. Des femmes et des jeunes,
excédés par les relents machistes et la bigoterie du discours d’un pouvoir
enclin à s’immiscer dans leur vie privée.
Des écologistes et des ouvriers, indignés de voir l’AKP faire passer le profit
et le béton armé avant la protection de l’environnement et la sécurité au
travail. Des journalistes, traduits en justice pour insulte au président à la
moindre critique, quand ils ne sont pas menacés, voire tabassés par des
zélotes du pouvoir. Des partisans de l’imam Fethullah Gülen, ex-allié
d’Erdogan devenu son ennemi juré, soit une palanquée de policiers et de
magistrats objets d’une chasse aux sorcières. Certains de ces mécontents
ont même rejoint le HDP, un parti prokurde, séduits par son discours
rassembleur.
Les Kurdes, justement… La moitié d’entre eux votaient jusqu’ici AKP. En
juin, la plupart ont choisi le HDP, permettant à ce parti de recueillir 13,1
% des voix et empêchant l’AKP d’obtenir la majorité absolue. Une trahison
qu’Erdogan a du mal à digérer, lui qui, en 2012, avait courageusement
entamé un processus de négociations avec le mouvement politique kurde,
apportant trois ans de paix à un pays meurtri par la sale guerre de 19841999 (40 000 morts), puis régulièrement endeuillé par des combats
sporadiques avec la guérilla du PKK.
Qui vote pour l’AKP ?
Erdogan a alors fait le choix de consolider sa base en radicalisant son
discours. Quitte à couper le pays en deux en attisant les antagonismes
(sunnites contre alevis, Turcs contre Kurdes, etc.). « Ce sont au contraire
ceux qui ont détenu le pouvoir avant nous qui, sentant qu’ils perdent du
terrain, sont de plus en plus agressifs. Ils sont minoritaires mais bruyants
», objecte Kani Torun, député AKP de Bursa. De fait, après treize ans de
pouvoir, le parti garde de beaux restes, autour de 38 % -40 %. Même
lassée par sa rhétorique belliqueuse ou déçue par le ralentissement
économique, la frange conservatrice et pieuse qui lui doit son ascension
sociale et son enrichissement continue de voter pour lui.
Erdogan a créé un climat de tension pour conditionner les électeurs. Il
espère que la peur du chaos les ramènera dans son giron, dénonce Hisyar
Özsoy
Le président compte aussi puiser dans le vivier de voix du MHP (16,4 %
en juin). Les électeurs de ce parti étant farouchement hostiles à toute
concession aux Kurdes, le processus de paix a été interrompu dès le mois
de mars. Au détriment de tous : policiers et militaires, d’un côté ;
membres du PKK et civils kurdes, de l’autre. Les premiers assassinés
d’une balle dans la tête ou attirés dans des guets-apens. Les seconds
visés indistinctement par des opérations de ratissage ou abattus comme
des lapins.
L’image de ces villes du Sud-Est sous couvre-feu, coupées du monde, ou
encore celle du beau-frère d’une députée HDP, dont le cadavre a été
traîné par un blindé de la police, ne sont pas près de s’effacer des
mémoires. « Erdogan a créé un climat de tension pour conditionner les
électeurs. Il espère que la peur du chaos les ramènera dans son giron »,
dénonce Hisyar Özsoy, député HDP de Bingöl (Sud-Est).
Une haine féroce à l’encontre de Bachar al-Assad
Résultat : 701 morts entre le 7 juin et le 10 octobre, selon le quotidien
Cumhuriyet. Un bilan qui inclut les victimes des attentats-suicides de
Diyarbakir (4 morts, en juin), Suruç (33 morts, en juillet) et Ankara (102
morts, le 10 octobre) dirigés contre des meetings du HDP ou des
rassemblements pour la paix organisés par des collectifs de gauche. Trois
attaques attribuées à Daesh, mais à propos desquelles l’opposition
incrimine la politique syrienne d’Erdogan – lequel hait littéralement Bachar
al-Assad.
La Turquie a donc longtemps fermé les yeux sur les va-et-vient des
jihadistes à sa frontière et sur l’acheminement d’armes à des groupes
radicaux. Laxisme coupable ? Défaillance du renseignement ? Politique du
deux poids, deux mesures (les positions du PKK en Irak du Nord sont bien
plus souvent bombardées que celles de Daesh en Syrie) ? Ces questions
se posent avec suffisamment d’acuité pour que le Premier ministre ait
chargé une équipe dirigée par Cemalettin Hasimi, issu d’une grande
famille kurde et parfait anglophone, d’informer la presse étrangère des
mesures prises en matière de sécurité.
Un chaos politique et sécuritaire
Feu à l’intérieur, feu aux frontières… Ce chaos bénéficiera-t-il
électoralement à l’AKP ? « Très difficile à dire, estime l’universitaire Emre
Erdogan (sans lien de parenté avec le président), fondateur à Istanbul de
Infakto RW, une société d’études indépendante. Le HDP, qui se présente
comme une victime, attirera de nouveaux électeurs, qui tiennent le
gouvernement pour responsable des attentats. Mais, dans le même temps,
l’AKP pourrait gagner des voix dans les milieux nationalistes et
conservateurs, déjà très soupçonneux à l’égard des « puissances
étrangères » [la Syrie] et de leurs « agents séparatistes » [le PKK]. »
Un sentiment que partage Samil Altan, membre du comité exécutif du
HDP à Istanbul, qui s’exprime ici à titre personnel : « La division du pays
est telle que ces événements pourraient aussi bien jouer en notre faveur
qu’en notre défaveur, et pareillement pour l’AKP. »
Les sondages montrent à quel point le climat est devenu anxiogène. Alors
qu’en mai la situation économique et l’emploi venaient en tête des
préoccupations des Turcs (53 %) et que la menace terroriste et la paix
n’étaient évoquées que par 14 % d’entre eux, cette proportion s’est
inversée en septembre, avec respectivement 14 % et 72 %.
Compte tenu de la situation, les gens veulent la stabilité. Ceux qui avaient
sanctionné l’AKP en juin ne le feront pas cette fois-ci, et nous pouvons
regagner la majorité absolue, assure Kani Torun
Quant aux dernières projections pour le scrutin, elles donnent des
résultats identiques à celui de juin. Kani Torun n’y croit pas une seconde :
« Compte tenu de la situation, les gens veulent la stabilité. Ceux qui
avaient sanctionné l’AKP en juin ne le feront pas cette fois-ci, et nous
pouvons regagner la majorité absolue », assure-t-il en refusant « pour le
moment » d’évoquer la possibilité d’une coalition.
C’est pourtant cette perspective qui se profile. « Il est quasi certain que
l’AKP en sera le parti clé, les estimations les plus pessimistes le créditant
de 250 sièges [sur 550] », affirme Emre Erdogan, pour qui « aussi bien le
MHP que le CHP pourraient participer à un gouvernement dominé par
l’AKP, après avoir fait des compromis pour le bien de la nation ».
« L’engagement de l’AKP dans un conflit avec le PKK pourrait toutefois
donner l’avantage à une coalition avec le MHP », ajoute-t-il. « D’ici à deux
ans, il y aura probablement de nouvelles élections. En attendant, s’il veut
rester au pouvoir, le président devra faire lui aussi des concessions, faute
de quoi tout le système serait en danger et l’armée pourrait intervenir »,
résume Samil Altan.
http://www.jeuneafrique.com/mag/274170/politique/legislatives-enturquie-la-strategie-de-la-tension-derdogan/
L’attentat d’Ankara, révélateur d’un «fiasco
sécuritaire»
Libération
Par Marc Semo — 30 octobre 2015 à 18:56
Malgré les avertissements, le régime n’a pas su éviter le massacre
du 10 octobre et paie aujourd’hui son double-jeu face à la question
jihadiste.

L’attentat d’Ankara, révélateur d’un «fiasco sécuritaire»
Pénaliste habituée des cas difficiles, Senem Doganoglu a déjà été
confrontée à «la restriction d’accès au dossier au nom de la sécurité
nationale», toujours plus souvent imposée aux défenseurs ou aux parties
civiles par les procureurs dans les affaires considérées comme «sensibles».
Mais jamais les entorses au travail des avocats n’ont été aussi évidentes
et caricaturales. «Plus de quinze jours après le massacre de la gare
d’Ankara, les seuls éléments à notre disposition sont des coupures de
presse et les engueulades d’un parquet plus habitué à considérer les
militants kurdes ou de la gauche comme des accusés que comme des
victimes», s’indigne cette juriste et activiste de la Fondation des droits de
l’homme. Elle représente quatre des 102 morts du double attentat-suicide
perpétré le 10 octobre par deux kamikazes de l’Etat islamique (EI).
Ciblant une manifestation pour la paix du Parti démocratique des peuples
(HDP, prokurde) et de la gauche, ce carnage, le plus important commis
dans le pays, pèse sur les élections législatives anticipées de dimanche. Il
est le révélateur de l’incompétence autant que des dérives autoritaires de
«l’Etat AKP» imposé par le parti islamo-conservateur de Recep Tayyip
Erdogan. «Comment a-t-il été possible de mener une attaque d’une telle
ampleur, en plein cœur de la capitale, sans qu’il y ait eu des défaillances
des organes de sécurité, voire des complicités, ce qui est encore plus
grave ?» accuse Murat Emir, député du Parti républicain du peuple (CHP),
principale force de l’opposition de gauche. Cet élu avait créé, avec une
poignée de collègues de son mouvement et d’autres forces d’opposition,
une commission d’enquête après l’attentat suicide de Suruç (33 morts), le
20 juillet, dont la cible - un meeting des Kurdes et de la gauche - comme
le modus operandi étaient identiques à celui d’Ankara. Il veut notamment
faire la lumière sur les tolérances dont a longtemps bénéficié
l’Etat islamique en Turquie.
Confusion. Le gouvernement, lui, met en cause un absurde «acte
terroriste collectif» mêlant jihadistes de l’EI, rebelles kurdes du PKK et
services syriens. Une bonne partie de l’opinion doute encore. Si pour un
quart des personnes interrogées dans un sondage de l’institut Gezici, l’EI
est le probable responsable, un autre quart accuse le PKK et 10 % le parti
prokurde HDP… principale victime du carnage. Des œillets rouges et des
panneaux portant les noms des personnes tuées s’entassent en face du
grand parvis de la gare d’Ankara sur les lieux de la double explosion. De
petits groupes s’arrêtent pour une prière muette ou un selfie. Un anonyme
a déposé une pancarte avec une phrase manuscrite : «Ne laissons pas
parler la haine.»
Senem Doganoglu était arrivée sur les lieux quarante minutes après
l’explosion. Les policiers chargeaient avec matraques et gaz lacrymogène
pour disperser la foule hurlant «Erdogan assassin». Les secouristes
s’activaient dans la confusion pour amener les 500 blessés vers les
hôpitaux et ramasser les corps. «Une telle panique est compréhensible, vu
l’ampleur du carnage. Mais je m’étonne quand même qu’il ait fallu plus
d’une heure pour isoler la scène du crime, c’est-à-dire les lieux des
deux explosions, qui entre-temps ont été piétinés, faisant disparaître de
possibles indices», soupire l’avocate, troublée par ce manque de
professionnalisme.
En revanche, le parquet avait décrété aussitôt le black-out pour les
médias sur toutes les informations concernant l’enquête. Les journaux
indépendants et d’opposition avaient annoncé qu’ils ne respecteraient pas
cette décision liberticide. Puis nombre de médias proches du régime
avaient suivi. La mesure avait été levée une semaine plus tard.
Arrestations. Les analyses ADN du pied d’un des deux kamikazes ont
permis de l’identifier : Yunus Emre Alagöz, frère d’Abdurrahman, luimême auteur présumé de l’attentat de Suruç. Ces deux jeunes Kurdes
sont originaires d’Adiyaman, petite ville conservatrice du sud et réservoir
de candidats pour le jihad en Syrie. Les images des caméras de
surveillance à Ankara et dans d’autres localités ont permis de reconstituer
l’itinéraire du kamikaze présumé. Il avait été pris en charge à Gaziantep,
la grande ville limitrophe de la frontière syrienne, par Yakup Sahin, un
sympathisant de l’Etat islamique qui loua les deux voitures utilisées pour
aller à Ankara. Arrêté, ce dernier s’est mis à table dans l’espoir de
bénéficier des mesures d’allégement de peine prévues pour les «repentis».
Trois de ses complices présumés sont depuis sous les verrous ; mais les
deux autres membres du commando, dont celui qui en serait le chef,
Yunus Durmaz, surnommé Ebu Ali, sont toujours en fuite.
Les exécutants présumés du carnage ont ainsi été identifiés en un temps
record, mais les éléments recueillis par les enquêteurs sont pour le moins
troublants. Ils révèlent des dysfonctionnements en chaîne. Les frères
Alagöz avaient été identifiés comme jihadistes. Leur père était même allé
les dénoncer. Mais la police et le parquet de la ville n’ont pas agi, et ils ont
pu continuer à faire des va-et-vient avec la Syrie sans être appréhendés.
Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a même reconnu qu’il existait une
liste de 21 personnes qui pourraient être des kamikazes, tout en affirmant
qu’il était impossible d’arrêter des gens «sur de simples suspicions». La
police et la justice n’ont pas ces pudeurs quand il s’agit de faire des rafles
dans les milieux kurdes. «Les autorités ont longtemps sous-estimé le
risque représenté par les groupes jihadistes qu’elles considéraient comme
d’efficaces combattants contre le régime d’Al-Assad et les Kurdes», accuse
le député Murat Emir. Les armes et les volontaires passaient sans
problème la frontière. Des groupes revendiquant leur soutien au jihad
armé syrien s’activaient dans de nombreuses villes du pays, y compris à
Ankara. Jusqu’à l’attentat de Suruç, des propagandistes de l’EI, voire des
recruteurs comme Halil Bayancuk, organisaient des meetings publics sans
être inquiétés.
Tout cela n’explique pourtant qu’en partie la stupéfiante impréparation de
l’Etat, alors même que depuis le massacre de Suruç et la très théorique
entrée en guerre de la Turquie contre l’EI, les signaux et les notes
internes des services sur «l’imminence d’attentats majeurs» se
multipliaient. «Le massacre d’Ankara est un fiasco sécuritaire sans
précédent, un tsunami qui montre à quel point les services de sécurité
sont aujourd’hui désorganisés et comme jamais à la botte du pouvoir»,
explique Ercan Tastekin. Flic en pointe de la lutte antiterroriste pendant
vingt ans, il a quitté la police en 2014 pour créer Güsam, un institut privé
d’études sur la sécurité.
Comme lui, des milliers de cadres de la police ont été mis à pied ou
contraints de partir parce qu’ils étaient soupçonnés par le pouvoir d’être
proches de la confrérie islamiste de Fethullah Gülen, longtemps alliée
d’Erdogan avant de devenir l’un de ses plus farouches adversaires. Les
«gülenistes» étaient infiltrés dans l’appareil judiciaire, notamment les
cours spéciales, et dans les organes de lutte antiterroristes de la police d’où ils menèrent nombre d’opérations fondées souvent sur de fausses
preuves pour intimider l’opposition laïque et mettre au pas l’armée.
Les purges ordonnées par Recep Tayyip Erdogan, éclaboussé par des
affaires de corruption, ont été implacables. «Elles n’ont pas visé
simplement les gülenistes ou présumés tels, mais tous ceux suspects de
n’être pas d’une fidélité absolue», renchérit l’ancien flic, en soulignant que
«les nouveaux promus sont le plus souvent sans expérience et paniqués à
l’idée de déplaire».
Le nettoyage ordonné par le pouvoir a été tout aussi dévastateur dans la
justice, avec plusieurs centaines de mutations et une dizaine
d’arrestations. «Les magistrats turcs n’ont jamais été indépendants. Mais
aujourd’hui, ils sont encore plus tétanisés, surtout à l’idée de prendre des
initiatives dans des dossiers sensibles regardant la sécurité nationale»,
note un ancien juge. Le black-out imposé sur les investigations judiciaires
alimente toutes les théories du complot. Les ratés en séries qui ont permis
le carnage posent question, même s’il n’y a aucun élément permettant
d’accuser le pouvoir. Ce dernier n’en a pas moins créé le climat de tension
en interrompant le processus de paix avec les Kurdes et en désignant le
HDP comme une cible.
«Etat profond». La non-revendication par l’Etat islamique nourrit aussi
toutes les interrogations. D’aucuns évoquent donc la piste - comme dans
de nombreuses affaires passées - de «l’Etat profond», ces structures
occultes où se retrouvent mafieux, services secrets, ex-militaires et
ultranationalistes. Il faudrait plutôt parler «d’Etats profonds», tant ces
cliques s’entre-déchirent. Elles peuvent avoir aussi un intérêt commun :
créer un climat d’intimidation, notamment face à ce qu’elles perçoivent
comme le danger kurde.
«L’Etat veut, par la peur, reprendre son pouvoir sur la société», accuse
Kemal Göktas, journaliste d’investigation au grand quotidien de gauche
Cumhuriyet, qui a longuement évoqué dans ses articles les dysfonctions
des services de sécurité. Et qui soupire : «Dans ce climat, nous avons des
raisons légitimes de craindre une attaque du siège du journal par des
jihadistes ou par des militants fanatisés du pouvoir, ou une nouvelle
descente de police. La peur est bien revenue et c’était probablement le
but de ceux, quels qu’ils soient, qui ont manipulé les tueurs ou les ont
laissés faire.»
Marc Semo
http://www.liberation.fr/planete/2015/10/30/l-attentat-d-ankararevelateur-d-un-fiasco-securitaire_1410169
TURQUIE/EI
Turquie : Daesh/Erdogan, liaisons dangereuses ?
29 octobre 2015
ARTE Reportage - lundi, 2 novembre, 2015 - 06:40 Revoir
Pays : Turquie
La Turquie a subi le 10 octobre dernier à Ankara l’attentat le plus
meurtrier de son histoire. 102 morts, plus de 500 blessés.
C’est le troisième attentat commis depuis début juin par de jeunes
djihadistes venus d’Adiyaman. Une ville de 200 000 habitants, située au
sud-est de la Turquie. Un groupe de 21 bombes humaines en puissance
est aujourd’hui recherché par la police.
Les familles de quatre de ces jeunes racontent avoir alerté pendant des
mois les autorités pour dénoncer leurs propres enfants. En vain. Comment
ce groupe terroriste a-t-il pu s’implanter et recruter en Turquie ?
Comment ses membres ont-ils pu aller et revenir de Syrie sans être
repérés par les services turcs ? Le pouvoir turc est accusé au mieux
d’inaction, au pire de complicité.
Le Président Erdogan a exploité ces attentats pour justifier la répression
des kurdes dans le sud du pays. Les affrontements ont fait 250 morts
civils en trois mois. Une stratégie du chaos pour gagner aux élections
législatives du 1er novembre la majorité absolue perdue en juin. Mais à
quel prix ?
Turquie : Daesh Erdogan, liaisons dangereuses ?
de Guillaume Perrier et Marc Garmirian – ARTE GEIE / Agence Capa France 2015
Erdogan et l’Etat islamique
Selon toute vraisemblance, Recep Tayyip Erdogan a depuis longtemps mis
Daech au cœur de sa stratégie pour asseoir son pouvoir. L’opposition
l’accuse même une complicité avec l’Etat islamique même si depuis le
mois de juillet, l’armée turque bombarde les positions de Daech.
Erdogan : le pouvoir à tout prix
Notre dossier sur les élections en Turquie http://info.arte.tv/fr/leselections-legislatives-en-turquie
Soutenir la terreur
Il ne fait plus aucun doute qu’Erdogan a d’abord laissé faire Daech sans
intervenir directement dans le conflit qui oppose les troupes de Bachar ElAssad, rebelles et djihadistes. Pour le chef de l’Etat turc, ces
affrontements devaient mener à la chute du président syrien.
En 2014, Ankara n’a pas soutenu les combattants Kurdes lors des
affrontements contre Daech dans la ville de Kobane. Pour les Kurdes de
Turquie, la bataille de Kobane a donc mis fin au processus de paix avec
Ankara. Erdogan espérait que les forces kurdes s’épuisent dans la lutte
pour Kobane, renvoyant ainsi aux calendes grecques la formation d’un
état kurde.
La zone frontière turque est depuis longtemps un passage important par
lequel transitent sans difficulté les djihadistes allant et venant de Syrie
pour rejoindre l’Europe.
Suruc, le tournant
Avec l’attentat de Suruc, qui a fait 32 morts, Erdogan doit revoir sa
position face à Daech. Cette tuerie non revendiquée porte la signature de
l’Etat islamique, selon le premier ministre turc Ahmet Davutoglu. C’est le
premier attentat perpétré par Daech sur le sol turc, c’est pourquoi Ankara
a demandé, dans le cadre de l’Otan, le bombardement des positions
djihadistes de l’EI en Syrie. La Turquie faisait déjà partie de la coalition
internationale de lutte contre Daech. Mais son rôle se voulait surtout
humanitaire, accueillant sur son sol les réfugiés fuyant la guerre en
Syrie. Parallèlement, le président turc accusait publiquement Daech, le
PKK ainsi que les services secrets syriens d’être responsables des
attentats commis en Turquie.
Des armes pour les djihadistes
Pour l’Opposition, le revirement d’Erdogan n’est qu’une manœuvre
électorale. Elle reproche au président turc d’avoir soutenu les groupes
djihadistes et de leur avoir livré secrètement des armes. Quelques mois
avant l’attentat de Suruc, on pouvait voir sur les réseaux sociaux une
vidéo qui a suscité l’émoi. Les images montraient un convoi de camions
turcs immobilisés à la frontière avec la Syrie, apparemment pour apporter
de l’aide humanitaire aux populations victimes de la guerre civile. Ce sont
pourtant des armes qui ont été découvertes à la douane. Parmi les
personnes qui ont été arrêtées, se trouvaient des membres des services
secrets turcs. Les véhicules avaient terminé leur périple sur une route
contrôlée par Al-Nusra, la branche syrienne d’Al-Qaïda.
Les Turcs voteront-ils pour des hommes forts?
Après l’attentat d’Ankara, qui semble confirmer la piste de Daech, de
nouveaux éléments ont fait leur apparition :
Selon l’Opposition, les services secrets turcs auraient noyauté la branche
turque de Daech et organisé l’attentat. Daech n’avaient jusqu’à présent
ciblé que les adversaires d’Erdogan, le parti des travailleurs kurdes (PKK)
mais le 26 octobre lors d’un échange de tirs entre la police turque et des
membres de Daech à Diyarbakir deux policiers ont trouvé la mort. Dans
un contexte particulièrement confus, le gouvernement ainsi que le
président Erdogan espèrent maintenant se présenter comme la seule force
possible pour lutter contre l’insécurité, apporter la stabilité, et maintenir
l’unité de la Turquie. Une stratégie risquée et dangereuse dans la lutte
pour le pouvoir. Reste à voir si ces manœuvres politiques apporteront de
nouvelles voix à l’AKP.
Daech
D’où viennent-ils ?
Daech, armée djihadiste désignée aussi EIIL (Etat islamique en Irak et au
Levant), est une organisation terroriste originaire du nord de l’Irak et
issue de l’insurrection sunnite après la guerre d’Irak et la chute du régime
de Saddam Hussein. Composé d’anciens militaires des armées de Saddam
Hussein et rejoint en 2011 par d’anciens prisonniers salafistes des geôles
de Bachar El-Assad, Daech profite des divisions confessionnelles et ses
effectifs ne font que grossir. Leur première conquête significative a été la
prise de Mossoul en 2014, une ville de 2 millions d’habitants qui s’impose
aujourd’hui comme la « capitale » de l’organisation, ainsi que Raqqa plus
à l’ouest en Syrie. Les chiffres sont difficiles à vérifier mais on estime que
Daech compterait plus de 5000 combattants en Irak et entre 6000 et
12000 recrues en Syrie. Une partie de ses effectifs vient de l’étranger,
pays arabes, europe, caucase.
Qui en est le chef ?
Le chef de l’organisation est l’Irakien Abou Bakr al-Baghdadi. On ne
connaît que peu de choses sur lui. Ancien prisonnier de l’armée US, arrêté
à Fallujah en février 2004, c’est au sein des camps de prisonniers de
l’armée américaine qu’il a croisé l’essentiel des futurs membres et cadres
de l’organisation.
Libéré fin 2004 ce n’est qu’en 2010 qu’il devient le chef de l’organisation
islamiste après avoir « fait ses preuves » en organisant plusieurs attentats
contre des chiites entre 2007 et 2009. Enigmatique et secret, il reste un
mentor pour les musulmans candidats au djihad et les jeunes en perdition
venus d’Europe en mal d’une illusoire et nouvelle identité.
Qui finance l’organisation terroriste ?
Daech est riche, très riche. Sa fortune est estimée à environ 2000
milliards de dollars. Ses revenus sont assurés par la prise de contrôle des
banques des territoires conquis, de la collecte de l’impôt révolutionnaire,
du trafic de drogue, du rançonnage et du trafic d’êtres humains. Daech
bénéficie également de dons privés.
Mais c’est le pétrole qui constitue la principale source de financement de
l’organisation. Daech contrôlerait une douzaine de champs de pétrole. Une
fois raffiné, le pétrole est vendu au marché noir, notamment en Turquie et
en Syrie où Daech assure également le "commerce du coton". Environ
10% du coton en Turquie proviendrait de champs de coton contrôlés par
des djihadistes. Un tee-shirt sur cinq fabriqué en Turquie le serait avec du
coton "daech". Enfin l’organisation terroriste contrôle une importante zone
de production céréalière entre le Tigre et l’Euphrate ce qui lui permet d’en
tirer des bénéfices importants. La grande diversité des revenus est un
atout pour Daech dont l’existence ne dépend pas d’une seule source de
financement.
Quels nouveaux territoires ont-ils conquis ?
Un Etat c’est d’abord un territoire. Celui de Daech ne connaît pas de
frontières précises. Bien au contraire, installé à la fois en territoire irakien
et syrien, il est un « Etat dans les Etats ». Si son berceau d’origine est
l’Irak, plus précisément le nord du pays, zone sunnite, Daech va profiter
d’une Syrie affaiblie par la guerre pour étendre son influence jusqu’à Alep
et Palmyre et prendre possession de tout l’est du pays. Le mode
opératoire de Daech est la conquête ville par ville pour asseoir son
autorité. Son projet est d’instaurer un « Etat islamique », un Califat, de la
frontière turque aux portes de Bagdad.
Dossier : Uwe-Lothar Müller, Christophe Huber, Judith Kormann
http://info.arte.tv/fr/turquie-daesh-erdogan-liaisonsdangereuses#sthash.eryeGx6W.dpuf
LES MIGRANTS
Allemagne: le sort des migrants divise les
partenaires de la coalition
Par RFI Publié le 02-11-2015 Modifié le 02-11-2015 à 07:41
Malgré l'entrée en vigueur, il y a une bonne semaine, d'une loi renforçant
le droit d'asile, les chrétiens-sociaux bavarois font le pressing pour obtenir
des contrôles plus stricts, notamment la création de zones de transit aux
frontières et une limite maximum du nombre de réfugiés. Or le Parti
social-démocrate (SPD) rejette les zones de transit. Un compromis entre
l’Union chrétienne-sociale bavaroise (CSU) et l'Union chrétiennedémocrate (CDU) sur cette question hier met les sociaux-démocrates sous
pression pour accepter ou non cette proposition.
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
Il y aura une fermeture des frontières avec Merkel ou bien une fermeture
des frontières sans Merkel. La menace d’un vote sanction contre la
chancelière d’un responsable des chrétiens-sociaux bavarois était des plus
directes. Il faut remonter aux années 70 pour trouver un conflit aussi
ouvert entre la CSU et la CDU d’Angela Merkel.
Les premiers reprochent à la chancelière d’avoir ouvert trop
généreusement les frontières aux réfugiés. Leur région est la première
confrontée à l’arrivée de nombreux migrants et les élus locaux tirent la
sonnette d’alarme.
Zones de transit
Après des heures de discussions, les deux partis conservateurs ont
accouché d’un compromis prévoyant la mise en place de zones de transit.
En clair, des centres d’enregistrement directement à la frontière où les
demandes d’asile devraient être traitées très rapidement, les personnes
obtenant une réponse négative étant renvoyées.
Mais ce compromis a minima constitue pour l’instant un chiffon rouge pour
les sociaux-démocrates, alliés des conservateurs. Pour le SPD, cette
proposition consisterait à créer des camps d’internement, jugés contraires
aux droits fondamentaux.
La prochaine rencontre, jeudi soir, ne sera sans doute pas de tout repos.
http://www.rfi.fr/europe/20151102-allemagne-le-sort-migrants-divisepartenaires-coalition
ANTISEMITISME
Une étudiante de Sciences Po suspendue après des
posts antisémites
Le Monde.fr | 29.10.2015 à 13h18 • Mis à jour le 29.10.2015 à 13h29 |
Par Claire Ané et Adrien de Tricornot
La scolarité d’une étudiante koweïtienne de Sciences Po Paris a
été suspendue « à titre conservatoire », a fait savoir
l’administration de l’école, mercredi 28 octobre. Cette étudiante a
été renvoyée de son stage au sein des services culturels de
l’ambassade de France aux Etats-Unis, après la découverte
d’insultes et propos antisémites postés sur Facebook.
L’alerte a été donnée par un collectif baptisé « The Inglorious Basterds »,
qui se présente comme un « groupe de lutte (non violente) contre les
antisémites du Web ». Il donne à voir des captures d’écran de
commentaires que la jeune femme aurait postés sur Facebook, sur
lesquelles on peut lire : « Vous [les juifs] n’êtes à votre place nulle part
dans ce monde - c’est pour ça que vous êtes des raclures, des rats et que
vous êtes l’objet de discrimination où que vous soyez ».
Son interlocuteur l’ayant taxée de racisme, elle aurait répondu : « D’abord,
espèce de rat dispersé, je ne suis pas une immigrée venue de France. Je
viens du Koweït et mon pays peut vous acheter, vous et vos parents, et
vous mettre dans des fours ». La page Facebook a été fermée depuis.
« Consternation » du Quai d’Orsay
Convoquée par sa responsable de stage, l’étudiante a confirmé avoir écrit
certains des commentaires, mais a notamment nié être à l’origine du
passage sur les « fours », a précisé l’ambassade de France à l’AFP. La
jeune fille a également dit avoir présenté ses excuses à l’internaute avec
lequel elle avait échangé, avant que les Inglorious Basterds ne signalent
ses propos.
« Le ministère des affaires étrangères et du développement international a
appris avec consternation les propos antisémites tenus » par la jeune
femme et il « a immédiatement été mis fin à son stage », selon un
communiqué posté sur la page Facebook du service culturel de
l’ambassade. L’ambassadeur Gérard Artaud a lui aussi commenté l’affaire,
sur le réseau social Twitter.
L’étudiante sera convoquée dans les prochaines semaines devant la
section disciplinaire de Sciences Po Paris, composée de cinq étudiants et
cinq enseignants, une fois qu’une commission d’instruction aura étudié le
dossier. « Il n’existe aucun cas précédent de cette nature », assure
l’administration de Sciences Po Paris, selon laquelle « on peut imaginer
que l’exclusion est l’une des sanctions envisageables ».

Claire Ané
Journaliste au Monde.fr
http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/10/29/une-etudiante-desciences-po-suspendue-apres-des-postsantisemites_4799480_4401467.html?utm_medium=Social&utm_source=T
witter&utm_campaign=Echobox&utm_term=Autofeed#link_time=144612
2896
GENOCIDE DES TUTSI
Nota CVAN : Nous ne commentons pas les informations de la
presse francophone que nous relayons sur notre site. Lorsqu'ils
traitent du génocide des Tutsi, certains journalistes utilisent le
terme simplificateur de "génocide rwandais". Or, l'expression
"génocide rwandais" réhabilite le négationnisme et son double
génocide (celui des Tutsi par les Hutu et des Hutu par les Tutsi).
C'est aussi la thèse des autres négationnistes qui justifient le
crime des Jeunes-Turcs contre le peuple arménien par des crimes
d'Arméniens contre des Turcs. Le négationnisme se combat par la
rigueur des mots d'histoire. Au lecteur d'avoir cet avertissement
en mémoire, pour mieux analyser les articles de notre Revue de
Presse. En revanche, nous remercions les journalistes qui mettent
en pratique la rigueur nécessaire à ces thématiques sensibles.
RFI
Invité Afrique
Jean Hatzfeld donne la parole aux enfants du génocide rwandais
Par Anthony Lattier
Diffusion : samedi 31 octobre 2015
Dans son dernier livre sur le génocide rwandais, Jean Hatzfeld
donne la parole à des adolescents. Ils ont autour de 20 ans. Ils
sont nés au moment des tueries ou étaient trop jeunes pour s’en
souvenir. Ils portent le poids de ce passé, mais n’en sont pas
responsables. Fils de ou filles de rescapés ou de tueurs. Ils vivent
aujourd’hui côte à côte. Un papa de sang, publié aux éditions
Gallimard, décrient leur quotidien, leurs sentiments et leurs
espérances. Jean Hatzfeld est l'invité d'Anthony Lattier.
RFI : En parlant de cette génération, de ces jeunes, vous écrivez «
chacun s’est débrouillé chacun à sa manière de cette histoire qui
est devenue la sienne ». Ce sont des victimes à retardement du
génocide, on pourrait dire ?
Jean Hatzfeld : D’une certaine façon, oui parce qu’ils n’ont pas vu le
sang sur les machettes eux-mêmes, mais ils ont grandi avec ça. Ils ont
traversé leur enfance, puis leur adolescence avec le poids de ces tueries
sur les épaules, des petites épaules. Et donc ils ont grandi de différentes
façons de cette manière-là, c’est-à-dire avec cet héritage.
On a l’impression qu’ils sont devenus adultes avant l’heure ?
Ils le disent d’ailleurs et c’est très émouvant. A un moment donné, il y en
a une qui dit : « L’enfance n’a pas voulu me garder dans son étourderie »,
c’est une très jolie phrase. Elle dit : « J’ai perdu ma naïveté ».
De son côté, Fabrice dit : « On ignore les malfaisances de ses
parents et néanmoins on subit la punition pour le mal commis »...
Voilà, tout est dit là. Quand on est fils de tueur... Fabrice est un cas un
peu particulier puisque son père était [Joseph Désiré] Bitero, le grand chef
Interahamwe pour toute la région, qui est toujours en prison, qui n’a
jamais été libéré. Donc il y a cette attitude aussi de « mon papa est mon
papa, je l’aime plus que tout au monde pour une seule bonne raison, c’est
qu’il m’a fait le don le plus extraordinaire qu’on puisse imaginer sur terre,
celui de la vie, et à la fois, je sais qu’il a tué à s’en casser les bras, que
tout ce qu’on raconte sur lui est vrai. » Et il ne sait pas quoi faire de cela
parce que c’est quand même très compliqué pour un enfant.
Et les enfants de rescapés tutsis parviennent-ils, au fil des années,
à faire parler leurs parents ?
Alors c’est beaucoup plus simple. C’est assez extraordinaire et je n’avais
pas mesuré à quel point l’histoire de la famille pouvait être différente
d’une famille à l’autre. Ça explique tous les problèmes qui s’annoncent,
tous les nuages noirs qui s’amoncellent au-dessus de leur tête dans le ciel.
C’est-à-dire qu’a l’âge de 7-8 ans, ou 10-11 ans, dans les familles tutsis,
on répond assez franchement. Ce qui est exactement l’inverse dans les
familles hutus. Dans les familles hutus, quand vers 8-9 ans ou 10 ans,
l’enfant vient voir sa maman et dit « pourquoi papa est en prison ? », la
maman est incapable de répondre. Elle ne peut pas dire « voilà ton papa
est parti tous les matins en expédition avec une machette bien aiguisée. Il
a tué jusqu’à trois heures de l’après-midi ». C’est impossible à dire. Donc
elle va mentir ou elle va se taire. Et qu’est-ce qui va se passer alors ? Les
enfants sont toujours très débrouillards. L’enfant va essayer de faire avec
cela, il va essayer de construire sa propre vérité d’enfant à partir de
choses qu’il va glaner à droite, à gauche. Donc en fait, les deux récits
familiaux, dans les familles tutsis et familles hutus sont radicalement
différents. Ce qui explique un peu qu’à un moment donné, quand ces
jeunes se rencontrent vers 16-17-18 ans, ils n’ont pas du tout la même
histoire et ça rend le dialogue très difficile.
Est-ce que ça n’est pas inquiétant ?
C’est de toute façon inquiétant. C’est de toute façon assez vertigineux,
mais c’est surtout très douloureux parce que vous avez 18 ans, vous êtes
garçon et fille, et vous vous rencontrez autour du stade de foot ou le soir
pour aller danser, et vous ne partagez pas du tout la même histoire alors
que vous vivez sur les mêmes collines. Vous êtes dans le même pays qui
a la même histoire et vous ne la partagez pas du tout. Et ça c’est
douloureux pour les enfants.
Les enfants de tueurs ont toujours un sentiment de frustration, un
sentiment d’être nés dans la mauvaise ethnie, et aussi d’injustice,
ils ont dû fuir le Congo, ils ont dû revenir sur leurs terres dans des
conditions très difficiles. Est-ce qu’il n’y a pas là en germe la
fabrique d’un nouveau ressentiment ethnique ?
Il y a de toute façon un sentiment d’injustice et de ressentiment, vécus en
ce moment par les enfants pour les raisons que vous dites et aussi parce
que, à un moment donné, du fait de l’appauvrissement de la famille, la
famille est trop pauvre puisque le papa est en prison, le grand frère est
parti à droite et à gauche, et il faut aider la maman à cultiver les deux
hectares de la parcelle. Donc à 14 ans, là où on lui tend les bras, il la
prend, il s’en va cultiver. Il renonce à l’école. Ça, c’est un sentiment
d’injustice très fort. Il ne mesure pas très bien ce qu’il dit, quelque fois en
disant, « il faut mieux naître tutsi parce que, dans la famille tutsi, le papa
lui a été tué. Il n’est pas en prison, souvent il a été tué ». Ils ne mesurent
pas ça mais ils le ressentent, ils le disent comme ils le ressentent. Et ils
ressentent un sentiment d’injustice et aussi du mauvais regard.
Beaucoup de jeunes sont très croyants et trouvent des réponses
en convoquant Dieu. « Le pardon chrétien atténue l’amertume »,
dit l’un des adolescents. La religion est-elle à la réconciliation
nationale aujourd’hui au Rwanda ?
Peu. A la fois, ils sont très croyants, mais c’est une foi que je trouve assez
intéressante parce qu’elle est assez mâture. Ils ont réfléchi au pourquoi de
cette foi. Ils disent « non, ce n’est pas pour oublier, ce n’est pas pour se
désangoisser, ce n’est pas pour activer le pardon et se réconcilier ». Je
pense qu’ils ont besoin - je n’en sais trop rien pourquoi ils sont si croyants
-, d’une relation franche, amicale, et dénuée de choses négatives avec
quelqu’un. Et avec Dieu, c’est ce qu’il y a de plus facile. Je pense qu’ils ont
besoin de cette relation, de relations difficiles avec leurs parents, qui soit
étaient traumatisés, soit étaient menteurs, avec leur environnement, avec
les camarades de classes… avec tout ça. Avoir une relation limpide et
unique avec Dieu est quelque chose qui leur est probablement nécessaire.
http://www.rfi.fr/emission/20151031-jean-hatzfeld-son-livre-donneparole-enfants-genocide-rwandais
RUBRIQUE EN ANGLAIS
Ayşe Günaysu: It’s a Deeply Rooted Tradition of the
Turkish State to Resort to Unlawful Practices
(EXCLUSIVE)
10.31.2015, 13:42
"Armedia" IAA presents an exclusive interview with a human rights
advocate, a feminist, a member of the Committee Against Racism and
Discrimination of the Human Rights Association of Turkey (Istanbul
branch), Ayşe Günaysu.
- How would you assess the political pre-election situation in
Turkey? What can you say about public moods?
- There is a fascist dictatorship in Turkey now. No democracy, no human
rights, no fundamental freedoms. Turkish army is not fighting the PKK.
Turkish army is fighting against Kurdish people. Army and “special unit”
forces (very different from regular police force) literally shell the houses
with people inside. They kill civilians. They siege towns, declare curfew
and leave people in their homes without water, electricity and
communication means, dead bodies of children are kept in deep freezers
in hot weather. They strip the female guerilla after injuring her, torturing
her, and throw her naked body on the street, to take her photograph and
service the social media. They injure a young man, then kill him, then tie
him to an armored vehicle and drag through the street. They video record
from inside the vehicle and we hear insidious curses and insults on the
dead body, then service this video to the social media.
They let ISIS members massacre innocent people demonstrating for
peace, as is the case with the Ankara massacre on October 10, 2015.
They let fascist mobs put HDP buildings on fire and organize lynches
against innocent seasonal Kurdish workers who have nothing to do with
PKK.
They arrest local HDP leaders, workers, activists for nothing.
Just before the elections Turkey is a vast area of state violence.
- Recently we very often here about human rights violations and
pressures on media in Turkey. How serious is it and what influence
it can have on the results of the elections?
- It is extremely serious. Recently, something unprecedented happened.
Police raided into the premises of a media group owned by the Gülen
Movement, once the ally of AKP, now one of the biggest enemies. The
police attacked people protesting the raid and the employees of a number
of newspapers and TV channels of this group, injured and arrested some
of them. This means that there is no press freedom in Turkey and all
media outlets are under danger of closure, attack, and forcibly stop
publication/broadcasting.
- Is it possible that Turkey this time also will face the same
situation as after the previous election and it will be impossible to
form a coalition?
- I am very pessimistic about the situation in Turkey. In Kurdish
provinces the election results may be declared invalid, or the elections
may be cancelled at the last moment. Because President Erdoğan is ready
to run all the risks just not to lose the power. The reason is, there are
huge corruption cases and huge investigations about all their unlawful
activities. If AKP loses power it will be their end. So AKP, more specifically
Erdoğan, may do everything not to leave the ruling power. Everything.
This includes a literal chaos and a civil war in the Kurdish provinces and
big riots in the West.
Turkish Constitution provides that if the elections are cancelled, or results
declared invalid, due to some kind of necessity, the existing government
will continue for another one year. They will do everything to make this
happen. If nothing happens and the elections are completed without any
mess, and if no coalition is formed, there will be chaos again.
Why such an irrational, horrible, scary situation in Turkey? Simple:
because it’s the deeply rooted tradition of the Turkish state to resort to
unlawful practices, because the foundation of the Turkish state was laid
with the crimes committed by the state itself: the genocides of Armenians,
Assyrians and Anatolian Greeks; because the official policy of Turkey is
destruction and denial. Justice never came to Turkey. It knows no justice.
No democratic state tradition in Turkey, no respect for human rights, and
fundamental freedoms. As long as the Turkish state refuses to confront
the crimes committed against humanity, refuses to recognize, restitute,
compensate for the Armenian Genocide and thus start a new era of
justice, this country will continue to see this bloodshed and injustice.
http://armedia.am/eng/news/25690/ay%C5%9Fe-g%C3%BCnaysu-its-adeeply-rooted-tradition-of-the-turkish-state-to-resort-to-unlawfulpractices-exclusive.html
AGENDA TV ET RADIO
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et
parutions mars-juillet 2015
Le Collectif VAN réunit ici un listing des émissions télévision et
radio, de mars à juin 2015, ainsi que les numéros spéciaux de la
presse magazine, à propos du génocide arménien dont on
commémore le centenaire le 24 avril 2015.
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et parutions août,
septembre 2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=91060
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et parutions juillet 2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=90396
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et parutions juin 2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=89087
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et parutions mai 2015
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=87488
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et parutions avril 2015 - I
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=87486
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et parutions avril 2015 - II
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=87489
Agenda TV/Radio et Magazines : programmes et parutions mars
2015http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=87487
URL :
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=86426
RUBRIQUE AGENDA
RASSEMBLEMENTS-COLLOQUES-EXPOSITIONS- SPECTACLESPARUTIONS
Agenda - Paris : Le 9 novembre, commémorons les
victimes de la Nuit de Cristal
Agenda - Paris : Le 9 novembre, commémorons les victimes de la
Nuit de Cristal - Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le 9
novembre et pour la 2e année consécutive, le Collectif VAN
[Vigilance Arménienne contre le Négationnisme] participera - à
l'invitation de ses partenaires de Memorial 98 - au rassemblement
commémoratif de la « Nuit de Cristal », pogrom d'Etat commis par
les nazis le 9 novembre 1938 contre les Juifs d’Allemagne et
d’Autriche. Ce rassemblement se tiendra à 18h à Paris, devant le
gymnase Japy, lieu symbolique dans lequel furent parqués en
1942, les Juifs raflés par la police française au service des nazis.
Le Collectif VAN publie ici le communiqué de presse de Memorial
98 annonçant la commémoration.
Memorial 98
21 octobre 2015
Le 9 novembre, commémorons les victimes de la Nuit de Cristal
Le 9 novembre, Memorial 98, avec ses partenaires du Collectif VAN
[Vigilance Arménienne contre le Négationnisme], vous invite à
commémorer la « Nuit de Cristal », pogrom d'Etat commis par les nazis le
9 novembre 1938 contre les Juifs d’Allemagne et d’Autriche. Pour la 2e
année consécutive, nous nous rassemblerons à Paris devant le gymnase
Japy, lieu symbolique dans lequel furent parqués en 1942, les Juifs raflés
par la police française au service des nazis.
Dans la montée du nazisme et du fascisme en Europe, la Nuit de Cristal
représente un jalon important: les nazis au pouvoir depuis 1933
franchissent une nouvelle étape dans la violence, celle de massacres
antisémites commis au vu et au su de toute l'Europe. Les images des
synagogues incendiées, des enfants, des femmes et des hommes
assassinés, arrêtés en masse, frappés et humiliés en public ne pouvaient
être ignorées, et pourtant en France elles ne changèrent pas la situation:
ni à la politique de refoulement des Juifs qui tentaient de fuir l'Allemagne,
ni à la politique de laissez faire face à Hitler.
Quelques mois plus tôt, en juillet 1938, s’était tenue la conférence
internationale sur les réfugiés d'Évian de juillet 1938, dont le but affiché
était de de trouver des lieux d'asile notamment pour les réfugiés juifs et
qui se termina par un échec. Le gouvernement français y avait exposé sa
position: la France n’accueillerait plus de réfugiés. Deux mois plus tard,
lors des accords de Munich le 30 septembre de la même année, le
gouvernement français cède aux exigences nazies. Une partie de la
Tchécoslovaquie (la région des Sudètes) est annexée au Reich nazi, la
paix est « sauvée ».
La France tourne ainsi ouvertement le dos à ses principes de pays de
droits de l'homme, car le gouvernement recherche à tout prix
l'apaisement avec son voisin allemand, notamment à travers des
négociations secrètes menées par Georges Bonnet, ministre des affaires
étrangères, depuis le 10 avril 1938. Bonnet ne veut pas que les
évènements de la Nuit de Cristal compromettent sa politique. Il choisit
d'ignorer le rapport de George Von, ambassadeur de France à Berlin, qui
lui écrit ainsi au lendemain des évènements : "Le traitement infligé aux
Juifs en Allemagne que les nazis tentent d'extirper complètement comme
des bêtes malveillantes, éclaire la grande distance qui sépare la
conception hitlérienne du monde du patrimoine spirituel des nations
démocratiques". Bonnet sera ensuite pétainiste, membre du Conseil
national de Vichy.
La France est ainsi la seule grande démocratie à ne pas avoir
dénoncé officiellement les massacres perpétrés dans la nuit du 9
au 10 novembre 1938.
De plus, le 12 novembre 1938, deux jours seulement après la Nuit de
Cristal, une loi autorisait en France l'internement des "indésirables" dans
des camps de concentration dont ceux des Milles et de Rivesaltes. Les
réfugiés juifs allemands et autrichiens entrés non légalement en France
étaient désormais directement menacés et seront internés puis plus tard
livrés aux nazis.
Soixante-dix ans après la défaite du nazisme, rappeler que l'Europe est de
nouveau en proie à « ses vieux démons » peut apparaître comme un
cliché mais rend compte d’une réalité.
Ainsi, l'antisémitisme, que d'aucuns disaient « disparu » est bien là: les
victimes de l'attentat de l'Hyper cacher de Vincennes ont été tuées par un
assassin qui avait choisi un lieu d'attentat uniquement parce qu'il était
fréquenté par des personnes juives. D'aucuns ont choisi de lier sa haine à
la religion qu'il revendiquait, mais c'est bien dans le pays de Jean-Marie le
Pen, Dieudonné Soral, et que le jeune tueur avait grandi, bercé par une
haine diffusée par des médias fascistes extrêmement puissants. En
témoigne l'adhésion très large aux théories du « complot juif » qui ont
essaimé dès le lendemain des attentats de janvier et qui influencent
toutes les couches de la population française.
Dans la bonne ville de Versailles, fortement marquée par l’extrême-droite
et l’intégrisme catholique, l’œuvre d'art d'Anish Kapoor est dégradée à
plusieurs reprises avec des inscriptions contre les « Juifs déviants »
La violence pogromiste touche toutes les minorités : l'année 2015 aura
aussi été marquée en France par les incendies contre les mosquées, les
attaques menées contre les personnes musulmanes dans la rue où à leur
domicile, le tout dans une atmosphère de surenchère islamophobe, à
laquelle participent des voix venues de tout le champ politique. À Calais,
des commandos agressent les migrants et les tabassent. Les Roms qui ont
été victimes des génocidaires nazis sont particulièrement visés : dans
toute la France, les bidonvilles où survivent les Roms, victimes du racisme
d'Etat, sont ciblées aussi bien par des attaques individuelles que par des
rassemblements de foules haineuses, très souvent entraînées par des élus
d'extrême-droite et aussi de droite.
La cacophonie raciste et antisémite ne semble avoir aucune limite : les
déclarations racistes des responsables politiques se multiplient si vite que
leur dénonciation finit par paraître vaine. Apologie de la « race blanche »,
dénonciation de l’« invasion » des gens du voyage, éloge du fichage des
enfants musulmans, chaque semaine apporte son lot d'excréments
verbaux sortis des poubelles de l'Histoire.
Face à cette marée, un grand espoir s'est levé, dans cette Europe où
presque partout l'extrême-droite parlementaire explose les compteurs
électoraux, où les mouvements néo-nazis sont devenus une réalité
quotidienne et de plus en plus représentée dans les exécutifs nationaux ou
locaux.
Car l'année 2015 aura aussi été celle du mouvement de solidarité avec les
migrants : partout en Europe, de Vienne à Londres, de Copenhague à
Budapest, mais aussi dans de petites villes comme Sérent (Morbihan) des
centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues pour exiger
accueil et solidarité. Partout, des gens ordinaires ont décidé de s'engager
au quotidien, multipliant les initiatives, du simple don à l'accompagnement
administratif en passant par les défenses collectives contre la répression
malheureusement quotidienne des migrants à toutes les frontières
européennes.
Une autre Europe a brusquement émergé, une Europe qui rêve d'égalité,
d'ouverture, de coexistence. Une autre opinion publique a donné de la
voix par les actes, ensemble des gens de cultures, de religions, de
sensibilités différentes, ont répondu ensemble au fascisme montant, et
commencé à construire enfin, l'idée d'un autre monde possible.
Nous ne sommes pas dans les années 30, mais il n'est jamais trop
tôt pour dire « Plus jamais ça » aux héritiers nombreux des
pogromistes de ces années-là.
Dans nos combats d’aujourd’hui, il n’est jamais trop tard pour faire de nos
mémoires une arme .
Il y a cent ans, les logiques racistes de l'Etat turc conduisaient au
génocide des Arméniens: le négationnisme maintenu de l’Etat turc se
trouve renforcé par une décision récente de la cour européenne des droits
de l’homme (CEDH) autorisant ce négationnisme à s'exprimer en toute
liberté. En France, la loi pénalisant le déni du génocide des Arméniens est
renvoyée aux calendes grecques. Nous serons là pour dire la vérité
historique, parce que sans reconnaissance de cette vérité, les dérives
autoritaires et oppressives en Turquie continueront contre la minorité
kurde et contre tous les progressistes.
Il y a vingt et un ans, des rhétoriques similaires à celles développées par
les nazis étaient utilisées pour préparer et exécuter le génocide contre les
Tutsi au Rwanda. La justice n’est toujours pas réalisée: un génocidaire
présumé vient d'être relaxé sans procès par la justice française,
l’inauguration d’un lieu de mémoire à Dijon a été annulé par le maire et
ancien ministre, alors que des députés ont fait pression pour qu'un
colloque sur ce génocide n'ait pas lieu à l'Assemblée Nationale. Nous
serons aux côtés des Rwandais qui se battent pour que les génocidaires
ne restent pas impunis et pour que la responsabilité de l'Etat français soit
enfin reconnue. Parce que cette reconnaissance est nécessaire pour que
soit combattues toutes les complicités et les complaisances de notre Etat
avec des dictateurs ou des tortionnaires, à l'heure où des avions de guerre
sont vendus à la junte militaire égyptienne et des bateaux militaires à
l'Arabie Saoudite qui décapite ses opposants.
Il y a 77 ans, les gouvernements européens refusaient de regarder la
réalité nazie en face et fermaient leur frontière à ceux qui fuyaient Hitler,
et laissaient commencer le massacre des Juifs, qui allait finir en génocide.
Aujourd'hui, les discours prétendûment "réalistes" qui ont laissé Bachar Al
Assad massacrer sa propre population vont désormais jusqu'à prôner une
alliance avec le dictateur sanguinaire ou au mieux, à le considérer comme
un "moindre mal" et un "facteur de stabilité". Au nom du même prétendu
"réalisme", l'Union européenne regarde avec indifférence l'un de ses
membres, la Hongrie, basculer dans la persécution ouverte contre les
migrants; elle refuse toute sanction contre un gouvernement de droite
extrême qui favorise des milices racistes antisémites.
Mais le réalisme, c'est de regarder l'Histoire en face: celle du 20ème siècle
nous a montré que les pogroms, les massacres, voire les génocides dirigés
contre une partie de la population dans une aire locale et considérés
ailleurs avec indifférence aboutissent toujours à l'extension de la guerre et
de la haine au niveau mondial.
Nous serons ces Européens qui n'oublient aucune victime de la violence
fasciste du passé, parce que l'oubli est la meilleure arme des héritiers des
bourreaux.
Retrouvons nous le 9 Novembre à 18 H devant le gymnase Japy (2
rue Japy 75011, métro Voltaire ou Charonne)
Memorial 98
http://www.memorial98.org/2015/10/le-9-novembre-commemorons-lesvictimes-de-la-nuit-de-cristal.html
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=92266
Agenda - Pétition pour sauver le Musée arménien de
France
Agenda - Pétition pour sauver le Musée arménien de France www.collectifvan.org - Inauguré à Paris en 1953 en présence du
Président de la République Française, le Musée Arménien de
France abrite des œuvres inestimables, dont certaines furent
exposées au Musée du Louvre. Ses collections, réunies par les
descendants des victimes du Génocide de 1915, ont été léguées à
l’État Français en 1978 et reconnues d’utilité publique.
Aujourd’hui, le Musée Arménien va disparaître à cause du
Ministère de la Culture. "Monsieur Hollande, Madame Pellerin, au
nom de l’Histoire, au nom de la Culture, au nom du respect du legs
que la France a reçu et accepté, permettez la réouverture du
Musée Arménien de France" demande une Pétition en ligne sur le
site Change.org.
Sauvez le Musée Arménien de France
Inauguré à Paris en 1953 en présence du Président de la République
Française, le Musée Arménien de France abrite des œuvres inestimables,
dont certaines furent exposées au Musée du Louvre. Ses collections,
réunies par les descendants des victimes du Génocide de 1915, ont été
léguées à l’Etat Français en 1978 et reconnues d’utilité publique.
Aujourd’hui, le Musée Arménien va disparaître.
Nous demandons que l’Etat respecte l’héritage qu’il a reçu et
permette la réouverture du Musée Arménien de France.
Des salles d’exposition très convoitées…
En août 2011, projetant des travaux dans l’immeuble parisien qu’il
occupe, le Ministère de la Culture demande au Musée Arménien de
France de déplacer temporairement ses collections, tout en lui
assurant un retour à l’identique dans ses salles à l’issue des travaux, en
mai 2012.
Mais une fois les travaux terminés, le Musée Arménien se voit
interdire son retour, le Ministère de la Culture refusant de libérer les
salles qui servent désormais de débarras.
Le musée se lance alors dans un véritable combat, alerte tous les services
de l’Etat, demande au Ministère le respect de ses engagements, mais
aucune réponse n’est apportée.
Plus inquiétant, début 2014, les serrures de l’immeuble parisien sont
soudainement changées : l’accès au Musée Arménien est donc
maintenant totalement impossible, et nul ne sait ce qu’il est advenu
d’une partie de ses collections restées à l’intérieur de l’immeuble.
Le Musée Arménien de France, témoin du parcours d’un Peuple.
Ce témoignage culturel unique, illustrant 3 000 ans d’Histoire, et
regroupant près de 1 200 œuvres, certaines transmises au péril de
leur vie par les survivants du génocide, va s'éteindre.
Aujourd'hui, cet héritage culturel va disparaître. L’Etat en est le
fossoyeur silencieux, alors même qu’il s’apprête à commémorer en 2015,
le centenaire du génocide arménien.
Monsieur Hollande, Madame Pellerin, au nom de l’Histoire, au nom
de la Culture, au nom du respect du legs que la France a reçu et
accepté, permettez la réouverture du Musée Arménien de France.
Comité de soutien au Musée Arménien de France
Pour la pétition cliquez sur
https://www.change.org/p/fleur-pellerin-sauvez-le-muséearménien-de-france
http://www.le-maf.com
Facebook : https://www.facebook.com/ArmenianMuseumOfFrance
Twitter : Armenian Museum (@Musarmen) | Twitter
https://twitter.com/Musarmen
https://www.change.org/p/fleur-pellerin-sauvez-le-mus%C3%A9earm%C3%A9nien-de-france
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=85946
Agenda - EHESS - Turquie : quel avenir après les
élections générales ?
Agenda - EHESS - Turquie : quel avenir après les élections
générales ? - Collectif VAN - www.collectifvan.org - À la suite des
élections qui se tiennent le 1er novembre en Turquie, une
rencontre est organisée par Hamit Bozarslan et Vincent Duclert, le
mercredi 4 novembre 2015, de 16h à 19h30, à l’École des hautes
études en sciences sociales, Amphithéâtre François-Furet, 105 bd
Raspail, 75006 Paris, avec de nombreux universitaires spécialistes
du monde turc.
Publié le 26 octobre 2015
Turquie : quel avenir après les élections générales ?
Rencontre organisée à l’École des hautes études en sciences sociales
Amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail, 75006 Paris
Le mercredi 4 novembre 2015, 16h – 19h30
16h - 16h15 - Riva Kastoryano (CERI) : Présidence
16h15 - Elise Massicard (CERI) : Elections du 1er novembre : quelques
clefs de lecture
16 h30 - Ali Kazancigil (Revue Anatolia) : Du kémalisme à l’AKP :
Paysages idéologiques dans la Turquie de l’AKP.
16h45 - Nilüfer Göle (EHESS) : 2002-2015 : La Turquie post AKP est-elle
possible ?
17h - Hamit Bozarslan (EHESS) : Le HDP et la nouvelle donne de la
question kurde
17h15 - 17h45 Débat
17h45 - 18h Pause
18h - Büsra Ersanli (Université de Marmara) : The nature and the
culture of politics in Turkey today
18h15 - Vincent Duclert (EHESS) : Résistances intellectuelles et civiles
en Turquie
18h30 - Ferhat Taylan (Université de Nanterre) : La position de l'Europe
et de la France face à la Turquie d'Erdogan
18h45 – 19h15 Débat
19h15 – 19h30 Conclusions, sous la présidence de Riva Kastoryano (CERI)
Organisation : Hamit Bozarslan (CETOBAC, [email protected]),
Vincent Duclert (CESPRA, [email protected] )
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=92300
Agenda - Alfortville : Exposition "Je me souviens"
Agenda - Alfortville : Exposition "Je me souviens" - Collectif VAN www.collectifvan.org - Pour faire écho à une année 2015 riche en
commémorations – celle du 70ème anniversaire de la Seconde
Guerre mondiale, du centenaire de la Grande Guerre et du
centenaire du génocide arménien – le centre d’art contemporain
La Traverse présente du 17 septembre au 21 novembre à
Alfortville l’exposition "Je me souviens", ou l’art contemporain
face à l’Histoire.
Culture.fr
Publié le 18 septembre 2015
Je me souviens. L’exposition présente une sélection d’oeuvres qui
prolongent la réflexion sur l’identité et la mémoire à travers la création de
nouvelles images véhiculant le souvenir d’événements historiques, en
particulier celui du génocide arménien. La mémoire est certes un devoir
pour les descendants, mais elle est surtout un outil d’insoumission
symbolisant la victoire de la liberté sous le joug de l’oppression. Les
artistes ont décidé d’aborder cette problématique sous des angles
différents avec des œuvres souvent inédites réalisées pour l’exposition.
Préambule de Patricia Kishishian, commissaire de l’exposition (extraits).
"Pour soutenir la commémoration du centenaire du génocide arménien,
l’ai ressenti la nécessité de mettre en place un projet à la croisée de
l’histoire de ce peuple et de l’art contemporain […] Frappée par les
discours négationnistes et indignée par le révisionnisme encore associé à
des faits historiques pourtant avérés, j’ai compris combien la somme
d’initiatives individuelles agit comme un garde-fou à l’encontre des dérives
mémorielles. Le soutien spontané témoigné par les artistes a achevé de
consolider le projet en le formalisant rapidement en une exposition
collective dédiée. […] S’appuyant sur la prégnance du lien entre image et
mémoire, les artistes ont tenté de renouveler les représentations visuelles
de ce génocide par les angles de traitement que sont l’identité, le
négationnisme, le monument, la transmission, l’éducation… Éveiller,
informer et éduquer sont les pions incontournables à disposer sur
l’échiquier mémoriel pour arrimer la mémoire des paquebots de la
diaspora arménienne et nouer les cordages de la sagacité".
Les artistes : Sophie Bouvier Auslander, Mounir Fatmi, Aikaterini Gegisian,
Ozlem Günyol & Mustafa Kunt, Dejan Kaludjerovic, Jonathan Monk, Pierre
Petit, Viet Bang Pham, Triny Prada, Lorenzo Puglisi, Esther Shalev-Gerz,
Lawrence Weiner, Georgios Xenos.
Commissariat : Patricia Kishishian et Jean-Claude Ghenassia
Infos pratiques
Exposition du 17 septembre au 21 novembre 2015. Centre d’art
contemporain La Traverse, 9 rue Traversière – 94140 Alfortville.
Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 18h, nocturne le mercredi
jusqu’à 20h.
http://www.culture.fr/Actualites/Musee-Expos/Je-me-souviens
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=91519
Agenda - Atrium de Chaville /7 novembre : Papiers
d’Arménie ou sans retour possible
Agenda - Atrium de Chaville /7 novembre : Papiers d’Arménie ou
sans retour possible - Collectif VAN - www.collectifvan.org - Le
Collectif VAN vous annonce une Pièce de Théâtre "Papiers
d’Arménie ou sans retour possible" de Caroline Safarian mis en
scène par Sévane Sybesma à l'Atrium de Chaville le samedi 7
novembre à 20h45. "C'est d'abord l'histoire de deux jeunes
hommes. Levent et Azad : l'un est turc et l'autre est arménien.
L'action se déroule aujourd'hui. Ils se rencontrent dans un train,
ils sont tous les deux jeunes comédiens et ont tous les deux le
même but : ils vont passer la même audition de théâtre. Levent n'a
pas ses papiers. Face au contrôleur qui le menace de l'expulser du
train, Levent prend l'identité d'Azad. Comment, aujourd'hui. un
jeune turc et un jeune arménien vont-ils se rencontrer et pourquoi
la rencontre est-elle toujours aussi complexe et difficile ? En
échangeant leur identité, le passé va ressurgir comme un boulet
de canon."
Publié le 22 octobre 2015
Pièce de Théâtre
Le 7 novembre à l'Atrium de Chaville à 20h45.
Papiers d’Arménie ou sans retour possible de Caroline Safarian mis
en scène par Sévane Sybesma
Atrium de Chaville
3 Parvis Robert Schuman, 92370 Chaville
Billets en vente à la billetterie de l'Atrium
L'HISTOIRE...
C'est d'abord l'histoire de deux jeunes hommes. Levent et Azad : l'un est
turc et l'autre est arménien. L'action se déroule aujourd'hui. Ils se
rencontrent dans un train, ils sont tous les deux jeunes comédiens et ont
tous les deux le même but : ils vont passer la même audition de théâtre.
Levent n'a pas ses papiers. Face au contrôleur qui le menace de l'expulser
du train, Levent prend l'identité d'Azad. Comment, aujourd'hui. un jeune
turc et un jeune arménien vont-ils se rencontrer et pourquoi la rencontre
est-elle toujours aussi complexe et difficile ? En échangeant leur identité,
le passé va ressurgir comme un boulet de canon.
NOTE D'INTENTION DU METTEUR EN SCENE
Papiers d'Arménie ou sans retour possible parle avant tout de deux jeunes
hommes, presque semblables. bien qu'un fossé les sépare toujours : La
mémoire. La transmission d'un héritage comme celui d'un génocide n'est
pas évident surtout si celui-ci n'est pas reconnu. Nous existons à travers
l'autre : si on nie mon histoire, si on ne me regarde pas. on ne me
reconnait pas, alors je n'existe pas. Ce sujet délicat est malheureusement
toujours d'actualité. En transmettant l'Histoire. il y a l'espoir que la
mémoire se restabilise pour que mes ancêtres existent. Pour cela il faut se
relayer. relancer la machine de l'Histoire pour ne pas oublier. C'est ce que
je vais tenter de faire en montant cette pièce.
Papiers d'Arménie ou sans retour possible, laisse une grande place à
l'imaginaire en réunissant deux espaces temporels, celui du souvenir et
celui du présent.
Azad et Levent vont se rencontrer et s'affronter dans un train, aujourd'hui.
C'est dans l'espace du présent que ces deux jeunes protagonistes vont
nous interroger sur le déni de mémoire et sur les conséquences que ce
déni peut avoir sur les générations actuelles cent ans après les faits.
Le contrôleur de billet de train est le troisième personnage du présent, il
déterre le passé et déclenche le débat entre Azad et Levent. Ce meneur
de jeu. plein de fantaisie, fait le lien entre le présent et le passé. L'espace
du souvenir est l'endroit où le personnage d'Hélène Bergonian évolue.
Hélène est à la fois l'aïeule inconnue, l'histoire occultée et la conscience
d'un peuple. Dans Papiers d'Arménie ou sans retour possible. Hélène est
la voix qui questionne et réveille les vivants pour ne pas que l'on oublie.
Il m'a semblé évident de représenter Hélène par un choeur de femmes car
c'est la voix collective de mes ancêtres. Il fallait un collectif pour
représenter une entité : La voix d'un peuple. À travers son récit, Hélène
témoigne de son vécu d'un génocide et porte la mémoire des Arméniens.
J'imagine un choeur avec quatre individualités pouvant représenter à la
fois tous ces visages massacrés et aussi une mémoire ne pouvant pas
mourir. Ces quatre visages, ces quatre voix et ces quatre corps réunis
donnent une force et une puissance au témoignage d'Hélène. Le lieu du
souvenir est « une zone de jeu» où tout est permis et où chaque vivant
peut exprimer ses rêves et ses fantasmes.
Au cours du spectacle parce que la parole se délie, le souvenir prend
progressivement le pas sur le présent pour rétablir la vérité.
Mon ambition est de questionner la réalité de ce texte par le biais de
l'imaginaire pour pouvoir transmettre aux spectateurs cette mémoire : Qui
se rappellera d'un génocide quand il n'est pas reconnu ? Quel impact ont
les douleurs et souffrances des grands parents sur leurs petits-enfants ?
Que représentent, presque cent ans plus tard, les événements de 1915
pour ces petits-enfants ? De quelle manière le communiquer ? Comment
peut-il y avoir une réconciliation entre deux générations héritières de ce
passé ?
Sévane Sybesma
Voir l’annonce :
https://youtu.be/zZbiM1eXujc
COMPAGNIE RÊVE MOBILE
Rêve mobile est une compagnie de théâtre qui réunit comédiens, metteurs
en scène et plasticiens.
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=92269
Agenda - Paris/Amnésie internationale : Festival
contre l'oubli des génocides
Agenda - Paris/Amnésie internationale : festival contre l'oubli des
génocides avec Tigran Hamasyan - Collectif VAN www.collectifvan.org - Amnésie internationale cette année
débarque à Paris. Pour sa première édition parisienne, Amnésie
Internationale pose ses valises au Trabendo (Parc de la Villette) le
10 novembre! Au menu de ce festival contre l'oubli des génocides :
concerts, espace de débats, village participatif, exposition, streetfood.... Autant d'ingrédients réunis pour créer un cadre de
réflexion apaisé, citoyen et évidemment festif. Venez nombreux
pour écouter Tigran Hamasyan et Faada Freddy et participer à la
lutte contre l'oubli des génocides!
Publié le 02 octobre 2015
Amnésie internationale débarque à Paris !!!
mardi 10 novembre
à 19:00
Pour sa première édition parisienne, Amnésie Internationale pose ses
valises au TRABENDO (Parc de la Villette) le 10 novembre ! Au menu
de ce festival contre l'oubli des génocides : concerts, espace de débats,
village participatif, exposition, street-food.... Autant d'ingrédients réunis
pour créer un cadre de réflexion apaisé, citoyen et évidemment festif.
Avec Tigran Hamasyan trio (jazz-rock), Faada Freddy solo (soulpop) et bien d'autres invités !
-----------------------------------------------Charles Aznavour est le parrain officiel de la première édition
parisienne d'Amnésie Internationale !
------------------------------------------------
Un événement inédit, à ne pas manquer !
Réservez vos places sans plus attendre
sur Digitick ou sur FNAC
Site officiel d'Amnésie Internationale :
http://amnesieinternationale.com/paris/
**********************
*Assistez à la table ronde « Génocides : détruire la culture,
reconstruire l’identité ? »,
*admirez des expositions de qualité,
*Concerts de soutien
vibrez aux sons de Tigran Hamasyan et Faada Freddy, laissez-vous
porter par le flamenco endiablé de Lori La Armenia,
*Entrez dans l’univers humoristique de nos deux animateurs :
Mathieu Madenian et Thomas VDB,
*Dansez sur les rythmes de nos DJs jusqu’à 1H30 du matin :
Pierre Wax (Le Mellotron/22 Tracks) et Kawika (Collectif Wunder),
*Laissez-vous porter par le flamenco endiablé
de Lori La Armenia
Dégustez des spécialités de nos mamans arméniennes, et surtout, venez
découvrir toutes les autres surprises que nous vous réservons pour
l’occasion !
**********************
AMNÉSIE INTERNATIONALE
1915 - 2015 : Un siècle de Génocides
Des histoires dramatiques, à l'ampleur innommable, ont ponctué le XXe
siècle, depuis maintenant 100 ans. Des histoires particulières et intimes à
l'Histoire collective, impossible d'oublier le destin tragique des Arméniens
de l'Empire Ottoman, des Juifs et Tziganes de la Seconde Guerre Mondiale,
des Cambodgiens et des Rwandais. Face à la fêlure irréparable, à l'oubli
qui annihile l'existence, la prise de conscience collective est plus que
jamais nécessaire face à cette problématique universelle, et toujours
d'actualité.
Depuis 2001, Amnésie internationale anime le paysage culturel français
d'une manière citoyenne et engagée. Cet événement, organisé sous
l'impulsion de la Jeunesse Arménienne de France, s'organise autour de
trois axes :
◊ Le travail de mémoire, pour les rescapés de ces tragédies dont la
reconnaissance est une nécessité vitale,
mais également pour les générations suivantes, dont la construction
identitaire ne peut être effective.
◊ La résistance face au négationnisme, cette deuxième mort, créatrice de
l'amnésie collective.
◊ La prévention de ces crimes contre l'humanité, qui prennent une
résonance toute particulière dans la géopolitique actuelle.
Depuis sa création, l’événement Amnésie Internationale a réuni plus de 20
000 personnes au Dock des Suds à Marseille. Après 7 éditions phocéennes
réussies, l'heure est venue de lancer l'aventure Amnésie internationale à
Paris...
****************
RESERVATIONS :
Les billets sont enfin en vente !
Pour plus d'information cliquer ICI
http://www.digitick.com/amnesie-internationale-festival-le-trabendoparis-10-novembre-2015-css4-digitick-pg101-ri3455738.html
----------------Le Trabendo
211 avenue Jean Jaurès, 75019 Paris
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=91841
Agenda - Paris/Colloque : "Crise au Moyen-Orient,
les Kurdes et la résistance contre Daech"
Agenda - Paris/Colloque : "Crise au Moyen-Orient, les Kurdes et
la résistance contre Daech" - Collectif VAN - www.collectifvan.org
- Le Parti de l'Union Démocratique (PYD), le Congrès National du
Kurdistan (KNK) et le Conseil Démocratique Kurde de France
(CDK-F) ont l'honneur de vous inviter au colloque "La crise au
Moyen-Orient, les Kurdes et la résistance contre Daech" qui se
tiendra le jeudi 12 novembre 2015 de 9h30 à 18 h à l’Assemblée
Nationale, salle Victor Hugo, 101 rue de l’Université, Paris 7e.
Publié le 27 octobre 2015
Parti de l'Union Démocratique (PYD),
Congrès National du Kurdistan (KNK)
Conseil Démocratique Kurde de France (CDK-F)
INVITATION
Colloque
La Crise au Moyen-Orient, les Kurdes et la Résistance contre
DAECH
Jeudi 12 Novembre 2015 de 9h30 à 18 h
Salle Victor Hugo,
101 rue de l’Université Paris 7e
----------------------------Inscription obligatoire : adresser à colloquekurde2015 [at] gmail.com
avant le 8 novembre un mail comportant nom, prénom, date et lieu de
naissance (informations exigées par le plan Vigipirate).
Seules les personnes inscrites préalablement seront admises dans la salle.
Une pièce d’identité sera demandée à l’entrée.
----------------------------Programme
9h30 : Accueil et discours d’ouverture
François PUPPONI, Député-Maire de Sarcelles, et Cemile RENKLICAY, coprésidente du CDKF
Introduction (13 minutes) : "Kurdistan, Rêve de Printemps", un film de
Mikael BAUDU réalisé pour FR3 Bretagne, au Rojava, au plus près des
combattant[e]s kurdes, avec la participation d'AKB.
10h – 12h :
I - PREMIERE TABLE RONDE : Le Moyen Orient en crise
Modérateur : Renée LE MIGNOT, Co-présidente du Mouvement contre le
racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP).
1 – Situation politique et militaire au Moyen-Orient. Patrice FRANCESCHI,
écrivain
2 – Situation des Kurdes et des autres peuples en Irak et Syrie.
3 – Responsabilités des forces internationales et stratégies pour sortir de
cette crise. Eric COQUEREL, coordinateur politique du Parti de Gauche et
conseiller régional d’Ile de France
QUESTIONS DU PUBLIC
Déjeuner : 12h à 13h30
13h30 – 15h30h :
II - DEUXIEME TABLE RONDE : "La question kurde" vue par :
Modérateur : Guillaume PERRIER, journaliste.
1 – Les forces internationales - Bernard KOUCHNER, ancien Ministre des
Affaires étrangères.
2 – Les États de l'Union-Européenne. – Cécile DUFFLOT, Députée, Coprésidente du groupe EELV.
3 – La France. - Virginie DUSEN, avocate.
QUESTIONS DU PUBLIC
15h30 – 15h45 : Pause
15h45 – 17h45 :
III - TROISIEME TABLE RONDE : propositions kurdes pour
construire une démocratie au Moyen-Orient
Modérateur : Yves-Jean GALLAS, Mouvement de la Paix.
1 – Le programme de gouvernement du Parti Démocratique des Peuples
(HDP) en Turquie. - Selahattin DEMIRTAS, Co-président du HDP - Gültan
KIŞANAK, Co-maire de Diyarbakir.
2 – Le PKK, défenseur de la démocratie au Moyen-Orient. - Adem UZUN,
Membre du KNK (Congrès National du Kurdistan).
3 – L'autonomie démocratique, pluriethnique, écologiste, féministe, un
modèle de gouvernance pour tout le Moyen-Orient. - Sinem MOHAMED,
Co-présidente des cantons de Rojava.
17h45 – 18 h :
Résolution Finale
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=92314
Agenda - Gardanne/Projection : "Les chemins
Arides" et "Une histoire de fou"
Agenda - Gardanne/Projection : "Les chemins Arides" et "Une
histoire de fou" - Collectif VAN - www.collectifvan.org – Dans le
cadre du Festival de Gardanne, projection du film "Les chemins
Arides" d'Arnaud Khayadjanian le 17 octobre à 10h, 18h et 20h45.
Projection du film "Une histoire de fou" de Robert Guédiguian le
17 octobre à 13h45. En présence des réalisateurs !
Publié le 5 octobre 2015
Projections du film "Les chemins Arides"
18 novembre
à Sarcelles
27 novembre
Salle Agora Guilherand Granges à Guilherand
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=91896
Agenda - Paris : Sirba Octet, une envolée musicale
virtuose klezmer et tzigane
Agenda - Paris : Sirba Octet, une envolée musicale virtuose
klezmer et tzigane - Collectif VAN - www.collectifvan.org - À
l'instar du génocide arménien de 1915 qui a éradiqué la culture
arménienne présente en Anatolie depuis des millénaires, le
génocide perpétré contre les Juifs et les Tziganes a eu pour
conséquence de porter un coup qui aurait pu être fatal aux
cultures des communautés juives et tziganes d'Europe de l'Est.
Fort heureusement, des musiciens ont repris le flambeau et se
battent pour préserver leur patrimoine qui est aussi celui de
l'Humanité. Parmi eux, ceux du groupe Sirba Octet à découvrir du
20 au 22 novembre 2015 à l'Espace Pierre Cardin de Paris.
Publié le 26 octobre 2015
fnac
SIRBA OCTET
Musiques de France & Europe
Du 20/11/15 au 22/11/15 - ESPACE PIERRE CARDIN - PARIS 08
Les places de 3ème catégorie sont en "Balcon/Gradin - placement libre".
TANTZ !, 5ème album du Sirba Octet est une envolée musicale virtuose,
expressive et dansante. Cet ensemble singulier à mi-chemin entre
l’académisme classique et la musique klezmer fait revivre la tradition
musicale de l’Europe de l’est en la réarrangeant selon les règles de la
musique savante. Des arrangements uniques pour huit musiciens
exceptionnels de l’Orchestre de Paris qui jouent dans une liberté
d’interprétation éblouissante !
Ce véritable trésor musical puisé dans le répertoire traditionnel entraîne le
public au gré des Doina, Hora, Sirba et autres danses populaires klezmer
et tziganes. Tantz !, passerelle entre la Roumanie, la Moldavie, la Russie
et la Hongrie, se vit comme un voyage virevoltant et poétique, traversant
les frontières et l’imagination.
Après l’Européen, la Cigale et le Théâtre des Champs-Elysées, le Sirba
Octet nous ouvre les portes de son univers inédit pour 5 concerts
exceptionnels et jubilatoires à l’espace Pierre Cardin.
À ne pas manquer !
« Le nouvel opus du Sirba Octet, Tantz !, prend son origine dans les pays
de l’Est où ont vécu mes grands-parents avant d’émigrer il y a presque
cent ans. J’ai souhaité retrouver un peu de cette histoire constitutive de
ma culture et de ma sensibilité en choisissant de faire revivre ces
musiques dans le présent de musicien classique que je suis aujourd’hui.
J’ai construit ce programme en m’inspirant de l’itinérance, de la migration
de la musique et des hommes en reliant en quelque sorte des « ponts »
entre la Roumanie, la Moldavie, la Russie et la Hongrie riches d’un
répertoire métissé de musiques traditionnelles, klezmer et tziganes.
Chacun des titres soigneusement choisis conserve l’authenticité et
l’identité dont nous sommes les porteurs, les transmetteurs au service
d’un voyage musical qui s’écrit tout naturellement comme un hymne à la
vie, sensible et poétique, teinté d’humour et exaltant ! »Richard
Schmoucler, violon et directeur artistique.
Pour réservation cliquer ICI http://www.fnacspectacles.com/placespectacle/manifestation/Musiques-de-France---Europe-SIRBA-OCTETSIRBA.htm#/disponibilite/36dca7d9c0a8280cab03c17cda871dd9/normale
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92301
Agenda - Paris Xe : 11e Salon du Livre arménien les
21 et 22 novembre (UCFAF)
Agenda - Paris Xe : 11e Salon du Livre arménien les 21 et 22
novembre (UCFAF) - Collectif VAN - www.collectifvan.org - Les 21
et 22 novembre 2015, de 11h à 19h, l'UCFAF - en partenariat avec
la Mairie du Xe arrondissement - organise le 11e Salon du Livre
arménien dans ses locaux du 6, Cité du Wauxhall, Paris 75010. Le
salon du livre sera précédé et suivi d'autres événements à
découvrir ci-dessous. L'ensemble constitue le programme de
clôture de l'UCFAF, concernant l'année du centenaire du génocide
arménien.
Publié le 29 octobre 2015
21 et 22 novembre 2015, de 11h à 19h, l'UCFAF - en partenariat avec
la Mairie du Xe arrondissement
organise le 11e Salon du Livre arménien
6, Cité du Wauxhall,
Paris 75010
Le salon du livre sera précédé et suivi d'autres événements à découvrir cidessous (en pdf)
L'ensemble constitue le programme de clôture de l'UCFAF, concernant
l'année du centenaire du génocide arménien.
TÉLÉCHARGER :
11e Salon du Livre arménien
http://www.collectifvan.org/pdf/02-39-06-29-10-15.pdf
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92345
Agenda - Université populaire du CM98 : Traites,
esclavages, révolutions, émancipations
Agenda - Université populaire du CM98 : Traites, esclavages,
révolutions, émancipations - Collectif VAN - www.collectifvan.org L'Association CM98 vous invite à participer, d'octobre 2015 à
février 2016, à l'une ou plusieurs des séances du module Histoire
de l'Université populaire du CM98, traites, esclavages, révolutions,
émancipations. L'objectif de ce module est de diffuser auprès de
tous les publics les connaissances les plus pointues et les plus
récentes concernant les différentes formes d'esclavage et de lutte
contre celles-ci au cours de l'histoire. Les cours sont assurés par
des enseignants-chercheurs de l'Université Paris 1-PanthéonSorbonne et coordonnés par l'Institut d'Histoire de la Révolution
Française (IHRF, CNRS, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne).
Publié le 9 octobre 2015
Programme du Module Histoire de l'Université populaire du CM98,
Traites, esclavages, révolutions, émancipations
Samedi 28 novembre 2015 de 15h à 17h : « Être esclave dans
l’Egypte de Cléopâtre » par Bernard LEGRAS, Professeur des universités
en histoire grecque, à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Samedi 12 décembre 2015 de 15h à 17h : « Les deux abolitions
françaises de l’esclavage » par Frédéric REGENT, maître de conférences en
histoire de la Révolution, à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Samedi 16 janvier 2015 de 15h à 17h « Les acteurs non européens de
la traite. Ouidah et Zanzibar, deux grands ports négriers africains », par
Thomas VERNET, maître de conférences en histoire de l’Afrique à
l’université
Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Samedi 13 février 2015 de 15h à 17h : « L’esclavage dans l’empire
byzantin », par Michel Kaplan, Professeur des Universités en histoire de
l’Orient médiéval à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Samedi 19 mars 2015 de 15h à 17h : « Esclavage et captivité en
Méditerranée à l'époque moderne », par Guillaume Calafat, maître de
conférences en
histoire moderne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Lieu des cours : amphithéâtre Richelieu (Sorbonne), Université Paris 1
Panthéon–Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris. RER B, station
Luxembourg ou Saint-Michel, métro Cluny-La Sorbonne.
Public concerne : Tous publics.
Critères d'admission : Pas d’âge requis, pas de niveau d’étude exigé.
Pas d’inscription. Accès libre.
secré[email protected]
http://ihrf.univ-paris1.fr
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92038
Agenda - Ile-de-France et Région Nord :
Commémoration du Centenaire du génocide
arménien
Agenda - Ile-de-France et Région Nord : Commémoration du
Centenaire du génocide arménien - Collectif VAN www.collectifvan.org - Le Collectif VAN vous propose le
programme des événements commémoratifs marquant le centième
anniversaire du génocide arménien qui auront lieu en Ile-deFrance et Région Nord.
Commémoration du Centenaire du génocide en Ile-de-France et
Région Nord
Antony
Conservatoire d’Antony Chorale CFAA et Chorale Koghtan : 28
novembre, organisé par le Club Franco Arménien d’Antony et la mairie
*****
Issy les Moulineaux
Timbre spécifique de la Mairie
Exposition de sanguines sur le génocide, de DirVahaken - A partir de :
mardi 21 avril 2015 13:00
Génocide arménien 100 ans de mémoire 100 ans de négation
Médiathèque centre-ville
33, rue du Gouverneur Général Eboué.
Entrée libre.
*****
Meudon
Spectacle à définir (Ballet EGAYAN ou troupe de danse Ararat) à
l’espace culturel Robert-Doisneau (automne 2015)
*****
Livry Gargan
Cycle de films et documentaires avec débats au cinéma Montand (de
février à mai)
Salon du livre arménien (28 et 29 novembre)
*****
TÉLÉCHARGER :
Commémoration du Centenaire du génocide arménien : Le programme
http://www.collectifvan.org/pdf/03-58-18-7-04-15.pdf
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=108814
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=87056
Agenda - Paris/Exposition au Mémorial de la Shoah «
Le génocide des Arméniens en 1915»
Agenda - Du 3 avril 2015 au 3 janvier: Paris/Exposition au
Mémorial de la Shoah « Le génocide des Arméniens en 1915» Collectif VAN - www.collectifvan.org - À l’occasion du Centième
anniversaire du génocide des Arméniens, le Mémorial de la Shoah
a décidé de dédier une exposition à ces événements qui
préfigurent les meurtres de masse qui se sont produits au cours
du XXe siècle, en mettant également en exergue le déni dont il
continue à faire l’objet.
Mémorial de la Shoah
Le génocide des Arméniens en 1915
stigmatiser, exclure, détruire
Du vendredi 3 avril 2015
au mercredi 3 janvier 2016
Exposition DOSSIER
Durant la Première Guerre mondiale, le comité Union et Progrès, partiÉtat au nationalisme exclusif gouvernant l’Empire ottoman, a mis en
oeuvre la destruction systématique de ses sujets arméniens et syriaques,
rompant ainsi avec la tradition impériale multiethnique.
Le contexte de guerre a constitué la condition nécessaire, propice à ces
violences de masse planifiées qui ont été menées en deux étapes :
massacres des hommes adultes et des conscrits d’avril à octobre 1915,
puis déportation des femmes et des enfants ; élimination progressive des
déportés dans les camps de concentration établis dans le désert syrien et
en Mésopotamie. Interdits de retour par la république kémaliste, les
rescapés et leurs descendants forment aujourd’hui une diaspora mondiale.
À l’occasion du Centième anniversaire du génocide des Arméniens, le
Mémorial de la Shoah a décidé de dédier une exposition à ces événements
qui préfigurent les meurtres de masse qui se sont produits au cours du
XXe siècle, en mettant également en exergue le déni dont il continue à
faire l’objet.
Entrée libre niveau Crypte et entresol
Comissariat
Claire Mouradian, directrice de recherche, CNRS, Raymond Kévorkian,
directeur émérite de recherche, Institut français de géopolitique,
université Paris 8, et Yves Ternon, docteur en histoire à l’université Paris
4.
Coordination
Caroline François, assistée de Marlène Ayala, Mémorial de la Shoah
Recherches et documentation
LiorLalieu-Smadja, Ariel Sion, Karen Taieb, et le centre de documentation
du Mémorial de la Shoah
L’exposition bénéficie du soutien de la Direction de la mémoire, du
patrimoine et des archives (DMPA) du ministère de la Défense, du Service
historique de la Défense, du Musée de la Légion étrangère, de l'Office
national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), de
l’Union des engagés volontaires, anciens combattants juifs 1939-1945,
leurs enfants et amis (UEVACJ-EA), et des Archives nationales.
Adresse :
17 Rue Geoffroy l'Asnier,
75004 Paris, France
http://www.memorialdelashoah.org/index.php/fr/calendrier-desevenements/expositions/event/250-le-genocide-des-armeniens-en-1915
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=86406
Agenda - Le film de Robert Guédiguian : "Une histoire
de fou"
Agenda - Le film de Robert Guédiguian : "Une histoire de fou" Collectif VAN -www.collectifvan.org - Découvrez l'affiche teaser du
film UNE HISTOIRE DE FOU de Robert Guédiguian, avec Simon
Abkarian, Ariane Ascaride, Grégoire Leprince-Ringuet,
SyrusShahidi. Sortie au cinéma le 11 novembre 2015. "BERLIN
1921, Talaat Pacha, principal responsable du génocide Arménien
est exécuté dans la rue par SoghomonThelirian dont la famille a
été entièrement exterminée. Lors de son procès, il témoigne du
premier génocide du 20ème siècle tant et si bien que le jury
populaire l’acquitte."
Le film "Une histoire de fou", de Robert Guédiguian
Sortie au cinéma le 11 novembre 2015.
Résumé
BERLIN 1921, Talaat Pacha, principal responsable du génocide Arménien
est exécuté dans la rue par SoghomonThelirian dont la famille a été
entièrement exterminée. Lors de son procès, il témoigne du premier
génocide du 20ème siècle tant et si bien que le jury populaire l’acquitte.
SOIXANTE ANS PLUS TARD, Aram, jeune marseillais d’origine arménienne,
fait sauter à Paris la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Un jeune
cycliste qui passait là par hasard, Gilles Tessier, est gravement blessé.
Aram, en fuite, rejoint l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, foyer
de la révolution internationale dans les années 80. Avec ses camarades,
jeunes arméniens du monde entier, il pense qu’il faut recourir à la lutte
armée pour que le génocide soit reconnu et que la terre de leurs grandsparents leur soit rendue. Gilles, qui a perdu l’usage de ses jambes dans
l’attentat, voit sa vie brisée. Il ne savait même pas que l’Arménie existait
lorsqu’Anouch, la mère d’Aram, fait irruption dans sa chambre d’hôpital :
elle vient demander pardon au nom du peuple arménien et lui avoue que
c’est son propre fils qui a posé la bombe. Pendant que Gilles cherche à
comprendre à Paris, Anouch devient folle de douleur à Marseille et Aram
entre en dissidence à Beyrouth… jusqu’au jour où il accepte de rencontrer
sa victime pour en faire son porte parole.
http://www.leblogtvnews.com/2015/05/affiche-teaser-du-film-unehistoire-de-fou-de-robert-guediguian.html
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=88584
Agenda - Les DVD du film "Les chemins arides" sont
arrivés
Agenda - Les DVD du film "Les chemins arides" sont arrivés Collectif VAN - www.collectifvan.org Les DVD du film "Les chemins arides" sont arrivés. Synopsis :
Arnaud Khayadjanian entame un périple en Turquie, sur la terre de
ses ancêtres, rescapés du génocide arménien. À partir d’un
tableau, de ses rencontres et de témoignages familiaux, il explore
la situation méconnue des Justes, ces anonymes qui ont sauvé des
vies en 1915… Pour commander, c'est facile, envoyez un mail à :
arnaudkhayadjanian [at] gmail.com (12€ remise en main propre à
Paris/Valence, ou 15€ frais de ports inclus)
Publié le 02 octobre 2015
DVD du film "Les chemins arides" de Arnaud Khayadjanian
Pour commander c'est facile, envoyez un mail à :
[email protected]
(12€ remise en main propre à Paris/Valence, 15€ frais de ports inclus)
Lire aussi :
Les chemins arides, un film d’Arnaud Khayadjanian : critique
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=91061
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=91849
Agenda - Parution : La France & l'imprescriptibilité
des crimes internationaux
Agenda - Parution : La France & l'imprescriptibilité des crimes
internationaux - www.collectifvan.org - Les Editions Pedonne ont
le plaisir de présenter l’ouvrage de Philippe (Raffi) Kalfayan au 7e
salon du livre juridique qui se tient au Conseil Constitutionnel à
Paris, ce samedi 10 octobre de 10h à 18h.
Publié le 9 octobre 2015
Au salon du livre juridique au Conseil Constitutionnel
ce samedi 10 octobre
La France & l'imprescriptibilité des crimes internationaux
Avant propos de WilliAm Bourdon
Préface de Mathias Forteau
Les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre sont-ils
imprescriptibles ? L’opinion commune le pense sans doute. Pourtant, ce
que certains pensent constituer une évidence n’est pas nécessairement
acquis dans le droit international contemporain.
La France n’a ratifié aucune des deux conventions, internationale et
régionale, prévoyant cette imprescriptibilité car elle refuse d’étendre celleci aux crimes de guerre. La France s’est ainsi forgée depuis plus de
cinquante ans une véritable « doctrine » nationale qui réserve cette règle
aux seuls crimes contre l’humanité.
Le présent ouvrage analyse de manière objective les fondements
substantiels de cette doctrine sur le terrain juridique, en mettant en
lumière les motifs politiques qui se cachent derrière elle. Il passe en
particulier les arguments de cette doctrine au crible des traités et
conventions en vigueur, de la pratique des États en la matière et de la
pratique des tribunaux en relation avec l’imprescriptibilité des crimes
internationaux.
Le Parlement français est appelé à l’automne 2015 à débattre une
nouvelle fois de la question : la règle de l’imprescriptibilité doit-elle
s’appliquer aux crimes de guerre en droit interne ? La présente
monographie fournit à cet égard de nombreux outils d’évaluation et
arguments pour se faire une opinion sur une question qui reste
pleinement d’actualité, en france comme dans d’autres pays.
Philippe Kalafyan est juriste internationaliste, chercheur au CRDH (Paris II
Panthéon-Assas), et ancien secrétaire général de la Fédération
Internationale des Droits de l’Homme (FIDH).
ISBN 978-2-233-00775-9 24 €
Editions Pedone
13 rue Soufflot
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=92039
Agenda - Parution : "Van 1915, Les grands
événements du Vaspourakan"
Agenda - Parution : "Van 1915, Les grands événements du
Vaspourakan" - Collectif VAN - www.collectifvan.org - En cette
année symbolique du centenaire du génocide arménien, la Société
Bibliophilique Ani publie la première traduction en français du récit
de Hovhannès Ter Martirossian, dit A-Do, témoin privilégié de la
résistance arménienne à Van en 1915 et des massacres perpétrés
par le gouvernement turc dans cette province arménienne du
Vaspourakan. L'ouvrage bénéficie jusqu'au 30 octobre 2015 d'une
offre de souscription au tarif privilégié de 48€ au lieu de 62€.
Parution prévue en novembre 2015.
Publié le 2 octobre 2015
Parution
Van 1915, Les grands événements du Vaspourakan
A-Do (Hovhannès Ter Martirossian)
Parution prévue en novembre 2015.
Présenté par
Jean-Pierre Kibarian
QUI EST A-DO ?
Né à Nor-Bayazid en Arménie russe en 1867, Hovhannès Ter
Martirossian, dit A-Do, est le troisième d’une fratrie de huit enfants. La
publication d’une brochure contre le gouvernement tsariste le mènera en
prison. Il publie son premier livre important en 1912 dans lequel il
présente un état des lieux des provinces habitées par les Arméniens
dans l'Arménie historique.
Amoureux de son peuple, il livre à travers son second
ouvrage Les événements importants du Vaspourakan en 1914-1915 un
témoignage de première main sur
le mécanisme génocidaire des Turcs à l’encontre des Arméniens. Père de
deux filles, il meurt en 1954 à Erevan.
Quand A-Do, se rend à Van en 1915, il sait que l’une des pages les plus
tragiques de l’Histoire est en train de s’écrire dans cette partie de l’Empire
ottoman. Observateur judicieux et perspicace, il devient le témoin oculaire
de la résistance héroïque menée par les Arméniens durant trois semaines
dans la ville assiégée de Van. De retour à Erevan, il décide de publier son
témoignage afin de décrire comment une poignée d’hommes et de
femmes se sont défendus corps et âme face à la barbarie turque et kurde,
avec pour devise : « Mieux vaut connaître dix jours de liberté avant la
mort que de mourir esclave. »
C’est en 1917 à Erevan que sera édité pour la première fois le livre Van
1915, les grands événements du Vaspourakan. Témoin privilégié, A-Do y
raconte comment 1 300 combattants arméniens insuffisamment armés,
encerclés à l’intérieur de la citadelle et dans l’Ayguestan, ont tenu tête,
jour et nuit, sous le feu incessant des canons, à 12 000 soldats turcs
entraînés et épaulés par plusieurs bataillons de miliciens, de Tcherkesses
et de Kurdes. À travers ses témoignages riches et détaillés, il explique
comment le docile raya arménien a fini par prendre les armes à Van et
dans d’autres localités du Vaspourakan afin de résister aux exactions
inouïes et impunies commises sur la population arménienne.
Dans ce récit, A-Do rapporte aussi, avec un rare esprit analytique, les
événements tragiques et génocidaires de 1915 qui se déroulent dans cette
région appelée Arménie occidentale et située à l’est de la Turquie actuelle.
À l’aide de tableaux statistiques précis, il démontre comment le
gouvernement turc profita de l’opportunité de la Première Guerre
mondiale pour perpétrer ces massacres dans la province arménienne du
Vaspourakan.
Écrit à l’origine en arménien, le livre d’A-Do est pour la première fois
intégralement traduit en français et édité par la Société Bibliophilique Ani
qui souhaitait, ainsi, donner au plus grand nombre accès à ce récit majeur.
Un ensemble de 8 cartes très détaillées appartenant au livre d’origine,
complète utilement la lecture et la compréhension de l’ouvrage. Une
nouvelle carte du vilayet de Van a été ajoutée à l’ensemble ainsi que 6
croquis annexes réalisés en 1926 par le commandant Larcher. Les
photographies de l'édition originale n'ayant pu être reproduites, du fait de
leur mauvaise qualité, celles-ci ont été avantageusement remplacées par
près d’une centaine de photographies de la même période émanant de
plusieurs fonds, résultat d’une recherche iconographique active.
En cette année symbolique du centième anniversaire du génocide, la
Société Bibliophilique Ani apporte ainsi, à sa manière, une contribution
supplémentaire à la compréhension de l’histoire du génocide des
Arméniens qui reste, encore à ce jour, nié par la Turquie.
Témoin privilégié des événements de 1915, A-Do raconte dans ce livre
comment une poignée d’hommes et de femmes se sont défendus corps et
âme face à l’armée turque secondée par les bouchers tchété et kurdes.
Les autorités turques, aveuglées par la haine de l’élément arménien, se
sont empressées de parler de traîtrise, oubliant les 120 000 Arméniens
mobilisés dans l’armée ottomane et presque tous liquidés par ce même
gouvernement. Ces événements seront aussi pour eux le prétexte idéal
pour commettre le premier génocide du XXe siècle. Ce récit, traduit pour
la première fois en français, est le tout premier témoignage dont la valeur
documentaire est telle qu’il a été repris par de nombreux auteurs
renommés.
----------------------Beau livre relié
- 400 pages,
- Format 210 mm x 270 mm
- Richement illustré de photographies d’époque
comprenant
- Une biographie de l’auteur
- Des notes explicatives
- Des annexes
- Un index
- 9 cartes reproduites et translittérées en français
dont 4 cartes en couleurs hors-texte dépliantes
Parution prévue en novembre 2015
au prix public de 62 €
Pour tout renseignement complémentaire,
merci de vous adresser à :
Société Bibliophilique Ani
163, rue du Faubourg Saint-Antoine 75011 PARIS
[email protected]
Association loi de 1901 à but non lucratif
OFFRE SPÉCIALE DE SOUSCRIPTION
Valable jusqu’au 30 octobre 2015
au prix de 48 € au lieu de 62 €
Pour toute expédition, prévoir un supplément de 11€ par exemplaire
commandé pour frais d’emballage et d’envoi par Colissimo.
Télécharger le bon de souscription en pdf ci-dessous
TÉLÉCHARGER :
Bon de souscription http://www.collectifvan.org/pdf/08-49-30-2-1015.pdf
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=91835
Agenda - Parution "Dans les yeux d'Anouch" : Roman
jeunesse sur le génocide arménien
Agenda - Parution "Dans les yeux d'Anouch" : Roman jeunesse
sur le génocide arménien - Collectif VAN - www.collectifvan.org Ce jeudi 24 septembre 2015 le livre de Roland Godel "Dans les
yeux d'Anouch. Arménie, 1915" (Gallimard Jeunesse), a été
consacré par le jury du Prix Gulli. Ce roman jeunesse, paru en
mars 2015 à l'occasion du centenaire du génocide arménien,
raconte l'histoire d'Anouch, treize ans, Arménienne qui vit en
Turquie. En 1915, la population arménienne est chassée de chez
elle, entassée dans des camps et exterminée massivement. Pour
Anouch et sa famille commence un long et terrible exode...
Publié le 29 septembre 2015
Gallimard Jeunesse
Dans les yeux d'Anouch Arménie, 1915
De Roland Godel
Anouch, treize ans, est Arménienne et vit en Turquie. En 1915, la
population arménienne est chassée de chez elle, entassée dans des camps
et exterminée massivement. Pour Anouch et sa famille commence un long
et terrible exode. Elles parviennent à demeurer clandestinement en
Turquie et s'organisent tant bien que mal pour survivre. Seul rayon de
lumière dans cette terrible épreuve, Anouch rencontre Dikan, un garçon
avec lequel elle se lie. Mais les deux amoureux sont bientôt séparés :
Dikan et les siens sont arrêtés et déportés... Anouch s'accroche au fol
espoir qu'il est toujours vivant et qu'elle le reverra un jour.
Il y a cent ans, le génocide arménien : le récit bouleversant d'une
adolescente dans les drames de l'Histoire.
À partir de 11 ans
Thèmes : Amour, Famille, Génocide, Guerre
Catégorie : Romans & nouvelles, Romans historiques
Nota CVAN :
Le jeudi 24 septembre 2015 le livre de Roland Godel, Dans les yeux
d'Anouch. Arménie, 1915 (Gallimard jeunesse), a été consacré par le jury
du Prix Gulli. Le jury, dont le parrain était Antoine de Caunes, était
composé de Timothée de Fombelle, Jiann-Yuh Wang, Caroline Eliacheff,
Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Caroline Cochaux, Natacha Polony et la
chanteuse Joyce Jonathan.
*********
Autour du livre
«Roland Godel n'a pas voulu refaire l'histoire du génocide, mais évoquer,
à hauteur d'adolescence, une poignée de destins jetés dans l'horreur des
déportations, des privations et des haines. Et il le fait avec un superbe
talent de conteur: son livre est magnifique, à tout âge» (LMD).
«Unique» (Elle).
«Un roman bouleversant» (Page des Libraires).
«Un roman poignant, qui mêle onirisme et tendresse sur fond de
tragédie.» (La Vie)
«Un témoignage touchant sur un génocide centenaire» (Notes
Bibliographiques).
*************
Extraits du roman :
http://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fwww.edenlivres.fr%2Fflipbook%2
Fpublications%2F51400.js&oid=41&c=&m=&l=&r=&f=pdf
Lire aussi :
5e Prix Gulli : "Dans les yeux d'Anouch" est consacré
http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=91689
http://www.gallimard-jeunesse.fr/Catalogue/GALLIMARDJEUNESSE/Grand-format-litterature/Romans-Junior/Dans-les-yeux-dAnouch
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=91746
Agenda - Vient de paraître : Ma grand-mère
d’Arménie
Agenda - Vient de paraître : Ma grand-mère d’Arménie - Collectif
VAN - www.collectifvan.org - Actrice, écrivain, traductrice, Anny
Romand dirige, notamment, depuis plusieurs années Une Saison
de Nobel. Jeudi 24 septembre, elle dédicacera à Paris son nouvel
ouvrage, Ma grand-mère d’Arménie.
Éditions Michel de Maule
En rangeant des papiers de famille, Anny Romand découvre en 2014 un
carnet inconnu. Écrit par sa grand’mère en arménien, français et grec, il
retrace sur le vif la marche en 1915 d’un groupe de femmes et d’enfants
arméniens sur les routes d’Anatolie, vers le désert et la mort. L’auteur a
consigné l’indicible barbarie, ce qu’elle voit, ce qu’elle subit. Elle réussit à
s’enfuir et après bien des aventures, elle finit par accoster à Marseille. À
Anny, sa petite-fille qu’elle va élever, elle raconte indéfiniment la tragique
aventure où ont été engloutis son bébé Aïda, son mari et tant d’autres
membres de sa famille. Confrontant le souvenir de ces conversations et
les terribles descriptions du carnet, Anny Romand revit l’infini malheur des
Arméniens à travers l’œil de la gamine qu’elle fut et de la femme qu’elle
est. Mais elle évoque aussi les leçons de tolérance et d’amour que sa
grand-mère n’a cessé de lui donner en évoquant la splendeur de l’Eden,
nom que les Arméniens avaient choisi pour leur patrie. C’est comment
l’Eden ? C’est la question que posait Anny chaque soir à sa grand-mère.
Ce livre est pour elle une manière d’y répondre à son tour. Afin que ceux
qui suivent se souviennent.
Rencontre avec Anny Romand, qui dédicacera son ouvrage Ma
grand-mère d’Arménie (Éditions Michel de Maule)
Jeudi 24 septembre, de 18h à 20h
30, rue Jacob - 75006 Paris à rencontrer
http://www.micheldemaule.com/fr/Livres-Parus/Ma-grand-mere-darmenie/389.htm
http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=91408
Agenda - Vient de paraître/Génocide arménien : en
quête de mémoire
Vient de paraître/Génocide arménien : en quête de mémoire Collectif VAN -www.collectifvan.org - Cent ans après le génocide,
de plus en plus d'Arméniens de la diaspora se rendent en Turquie
sur les traces de leurs ancêtres disparus. Entre attraction et
répulsion, ils surmontent leurs peurs pour découvrir leur histoire
et lutter contre le négationnisme orchestré par Ankara. Un
négationnisme d'état qui se fissure car, depuis l'assassinat du
journaliste arménien HrantDink en 2007, le voile se lève peu à peu
sur le génocide arménien en Turquie.
Génocide arménien : en quête de mémoire
Daphné Gastaldi, Pierre GouyouBeauchamps , Mathieu Martinière
Résumé
Cent ans après le génocide, de plus en plus d'Arméniens de la diaspora se
rendent en Turquie sur les traces de leurs ancêtres disparus. Entre
attraction et répulsion, ils surmontent leurs peurs pour découvrir leur
histoire et lutter contre le négationnisme orchestré par Ankara. Un
négationnisme d'état qui se fissure car, depuis l'assassinat du journaliste
arménien HrantDink en 2007, le voile se lève peu à peu sur le génocide
arménien en Turquie.
Ce recueil photographique est consacré au voyage mémoriel de sept
Français d'origine arménienne, dans le contexte du centenaire du génocide
commémoré dans le monde entier. De la "petite Arménie" de Lyon, en
France, jusqu'à Diyarbakir dans le Kurdistan turc, trois journalistes ont
suivi ces pèlerins de l'histoire. En avril 2015, ces enfants de rescapés ont
foulé la terre de leurs aïeux en Anatolie, au Sud de la Turquie.
Une région qu'ils appellent, entre eux, "l'Arménie historique".
http://www.decitre.fr/livres/genocide-armenien-en-quete-de-memoire9782354722289.html
http://www.collectifvan.org/article.php?r=5&id=91288
DOSSIERS PERMANENTS
Observatoire du Négationnisme du Collectif VAN
Récapitulatif des principaux faits et articles négationnistes relevés
depuis 2006.
SOMMAIRE : http://www.collectifvan.org/article.php?id=21105
Ephémérides
La rubrique "Ephéméride" du Collectif VAN a été lancée le 6
décembre 2010. Elle recense la liste d’événements survenus à une
date donnée, à différentes époques de l’Histoire, sur les
thématiques que l’association suit au quotidien. L’éphéméride du
Collectif VAN repose sur des informations en ligne sur de
nombreux sites (les sources sont spécifiées sous chaque entrée).
Les éphémérides du Collectif VAN (1ère partie)
Les éphémérides du Collectif VAN (2ème partie)
Revue de Presse des dépêches AFP
Le Collectif VAN répertorie sur cette page toutes les dépêches AFP
en lien avec le génocide arménien et la Turquie.
http://www.collectifvan.org/article.php?r=3&id=60725
SITES INTERESSANTS
Visitez notre page de liens : http://www.collectifvan.org/liens.php?r=7
QUELQUES INFORMATIONS SUR LE SITE DU COLLECTIF VAN
Rubrique Info Collectif VAN
Retrouvez toutes les traductions de la presse anglophone ou
turcophone dans notre rubrique Info Collectif VAN
http://www.collectifvan.org/rubrique.php?r=0&page=1
Le Collectif VAN met en ligne régulièrement des traductions de la presse
anglophone et turcophone. Oeuvres de militants, de sympathisants du
Collectif VAN et de prestataires, ou émanant de sites externes (tel celui de
la FEAJD), ces traductions visent à mettre à la disposition du plus grand
nombre, les informations essentielles à la bonne compréhension de
l'actualité.
Vous retrouverez également dans la Rubrique Info Collectif VAN :
http://www.collectifvan.org/rubrique.php?r=0&page=1
- nos informations ou communiqués de presse, ainsi que ceux de certaines
organisations externes.
- le sommaire bi-quotidien de notre Revue de Presse du jour.
- la Revue de la presse turque en français (ni traduite ni commentée de
notre part).
- la Revue de la presse arménienne préparée par l'Ambassade de France
en Arménie.
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(bandeau clignotant : "Toutes les News : cliquez ici pour accéder à la
Revue de Presse".
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Info Collectif VAN
Toutes les traductions, résumés, informations propres au Collectif VAN
sont en ligne à l'accueil dans la Rubrique Info Collectif VAN
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Tout sur VAN
Mieux connaître le Collectif VAN : rendez vous à la rubrique Tout sur
VAN.
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Tout sur VAN : vous y trouverez également les courriers des
lecteurs
Les courriers des sympathisants du Collectif VAN nous font chaud au coeur
et nous confortent dans la certitude que notre approche du combat que
nous menons, est juste. Et comme ça fait toujours du bien de relire de
temps en temps leurs encouragements et dans la mesure du possible,
nous mettons en ligne les mails reçus, du plus récent au plus ancien (en
ne gardant que les initiales des sympathisants) :
http://www.collectifvan.org/article.php?r=1&id=6137
http://www.collectifvan.org/article.php?r=1&id=2203
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Salle de Presse
Tous les articles de la presse française rendant compte des actions
réalisées par le Collectif VAN sont en ligne dans la rubrique Salle de
presse.
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Communiqués
Les Communiqués du Collectif VAN se trouvent dans la rubrique
Communiqués.
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Actions VAN
Tous les articles présentant les actions organisées et réalisées par le
Collectif VAN sont mis en ligne dans la rubrique Actions VAN.
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Agenda
Les annonces parlant des événements culturels à venir (réunions
publiques, manifestations, conférences, concerts, projections de films,
expositions, parution d'ouvrages, etc.), sont mises en ligne dans la
rubrique Agenda.
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Photothèque
De nombreux photos-reportages sont disponibles en ligne dans la rubrique
Photothèque
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Veille-Media
Toutes les Veilles-Media à télécharger sur :
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MEDIAS
Quelques émissions TV & radios
où les citoyens peuvent intervenir
Soyez un citoyen actif et participez aux débats dans les médias.
Quelques coordonnées :
TF1 - 1, quai du point-du-jour 92656 Boulogne cedex
Tel : 01 41 41 12 34 / 0803 809 810 — Fax : 01 41 41 28 40
Internet : www.tf1.fr
France 2 - 7, esplanade Henri-de-France 75907 Paris cedex 15
Tel : 0825 033 333 Fax : 01 56 22 98 74
Internet : www.france2.fr
Email : [email protected]
France 3 - 7, esplanade Henri-de-France 75907 Paris cedex 15
Tel : 0825 033 333 Fax : 01 56 22 75 02
Internet : www.france3.fr
Email : [email protected]
[email protected]
Canal + - 85-89 quai André Citroën 75711 Paris cedex 15
Tel : 01 44 25 10 00 Fax : 01 44 25 12 34
Internet : www.cplus.fr
France 5 - 8, rue Marceau 92785 Issy-les-Moulineaux cedex 9
Tel : 01 55 00 74 74 — Fax : 01 55 00 77 00
Internet : http://www.france5.fr/
Email : http://www.france5.fr/contact/
Ecrivez à Alain Le Garrec, médiateur des programmes sur :
http://www.france5.fr/contact/W00069/2/71909.cfm
Arte - 2a rue de la Fonderie 67080 Strasbourg cedex
Tel : 03 88 14 22 55 — Fax : 03 88 14 22 00
Internet : www.arte-tv.com
Email : [email protected]
M6 - 89, av. Charles de Gaulle 92575 Neuilly/Seine cedex
Tel : 0825 06 66 66 - Fax : 01 41 92 66 10
Internet : www.m6.fr
iTélé - 6 allée de la Deuxième DB 75015 Paris
Tel : 01 53 91 50 00— Fax : 01 53 91 50 01
Internet : www.itelevision.fr
LCI - 54 av. de la Voie Lactée 92656 Boulogne cedex
Tel : 01 41 41 23 45— Fax : 01 41 41 38 50
Internet : www.lci.fr
Quelques émissions TV :
France2 :
Relations.france2
Participez
"On n'est pas couché"
Chaque samedi soir, en deuxième partie de soirée, retrouvez Laurent
Ruquier entouré de Natacha Polony et Aymeric Caron.
Vous voulez donner votre avis ?
Contactez l'émission au 01 41 11 11 11
On n'est pas couché
Participez au débat sur le Forum.
Ce soir (ou jamais !) de Frédéric Taddéï.
Tous les vendredis, en direct à 22h30
Participez au débat sur le Forum.
Mots croisés avec Yves Calvi
Tous les lundis, en deuxième partie de soirée, Mots croisés provoque et
nourrit le débat citoyen avec ceux qui font l’actualité.
Une fois l'émission terminée, continuez le débat sur le Forum.
Quelques émissions Radio :
Europe 1www.europe1.fr
Semaine de 10h30 à 12h00
Jean-Marc Morandini
Coup de pied dans le PAF chaque matin : Jean-Marc Morandini nous dit
tout sur le monde du petit écran au travers de reportages et d’enquêtes
dans les coulisses de la télé. Egalement en studio chaque matin, une star
du petit écran ou un patron de chaîne répondra aux questions de JeanMarc Morandini et des auditeurs. A découvrir aussi, le zapping de la télé
de la veille et les commentaires des auditeurs qui donnent leurs coups de
cœur et leurs coups de gueule sur le répondeur de l’émission au 01 42 32
42 32 ou en direct au 01 42 32 15 15.
RTLwww.rtl.fr
En semaine de 13h00 à 14h00
Pierre-Marie Christin"Les auditeurs ont la parole"
Pierre-Marie Christin présente de 13h00 à 14h00, “Les Auditeurs ont la
Parole”. Réagissez à l'actualité par téléphone (32 10) ou sur internet.
Entre 10H et 14H, une standardiste prend votre témoignage. Avant 10H et
après 14H, vous pouvez laisser vos messages sur le répondeur, sans
oublier de laisser vos coordonnées téléphoniques si vous voulez participer
à l'émission.
France Interwww.radiofrance.fr
Le téléphone sonne
En semaine de 19h20 à 20h00
Si vous voulez poser une question, témoigner et/ou intervenir à
l'antenne...
- le téléphone 01.45.24.70.00 dès 17h
- Internet, en utilisant le formulaire de la page "Pour intervenir".
- le SMS+ pour réagir pendant l'émission, de 19h20 à 20h : sur votre
téléphone mobile, saisir le code " TEL " suivi d'un espace, votre question
puis valider et envoyer au 6 20 30. (0.35€ par message plus le prix du
sms)
Le lundi, mardi, jeudi et vendredi à 19h20, nous vous invitons à réagir sur
un thème de l'actualité, à poser vos questions aux invités du téléphone
sonne. Vous pouvez également, après la diffusion, réécouter l'émission
dans son intégralité.
Là-bas si j'y suis
En semaine, à 15h
Exprimez-vous sur le répondeur de « Là-bas si j’y suis » : 01 56 40 37 37
ou par mail : [email protected].
RMCwww.rmcinfo.fr
BOURDIN & Co Le 1er show radio d'info
Du lundi au vendredi de 6h à 10h.
Découvrez une nouvelle façon de traiter l'info du matin avec "Bourdin
&Co" ! Finis les journaux austères et redondants. Voilà enfin un espace de
liberté où auditeurs, politiques et journalistes sont logés à la même
enseigne. Jean-Jacques Bourdin agite, provoque, polémique, et vos
réactions ne se font jamais attendre! Un ton débridé et sincère pour des
échanges parfois musclés mais toujours respectueux. Pour intervenir :
Appelez le 3216 (0,34€/min).
=============================================
L'association des auditeurs de France Culture
L'association des Auditeurs de France Culture (aafc), créée en 1984,
rassemble les personnes qui veulent manifester leur intérêt pour cette
chaîne de radio dont les émissions sont écoutées et appréciées au delà de
nos frontières.
L'objet de l'association est de regrouper les auditeurs de France Culture
pour favoriser des rencontres et coordonner les actions visant à :
- l'évolution de la chaîne dans le maintien de sa qualité ;
- la préservation de son identité et de sa spécificité ;
- l'amélioration de sa technique et de son confort d'écoute ;
- son ouverture aux différents aspects de la culture ;
- son rayonnement et développement de son influence ;
- sa pérennité.
L'Association se déclare attachée au caractère de service public de France
Culture et ne saurait en aucun cas se substituer à lui. Elle se veut
pluraliste et indépendante de tout engagement politique, confessionnel,
syndical et philosophique.
Association des auditeurs de France Culture
83 boulevard Beaumarchais
75003 Paris
Téléphone : 01 42 09 03 67
Courriel : [email protected]
=============================================
----------------------------------------------------------------------------------Collectif VAN
[Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
BP 20083, 92133 Issy-les-Moulineaux - France
Boîte vocale : +33 1 77 62 70 77 - Email: [email protected]
http://www.collectifvan.org
Les Infos Collectif VAN sur :
http://www.collectifvan.org/rubrique.php?page=1&r=0
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