PSY 1055. Psychologie de la perception. Fondements physiologiques du traitement visuel de haut niveau. Frédéric Gosselin - Éric McCabe Plan du cours • On discute de l’examen (…et du travail optionnel) • On aborde les traitements visuels de haut niveau – – – – – – – – – Intro (aires cérébrales, fMRI, etc.) Évidences physiologiques d’influence descendante Organisation fonctionnelle (systèmes ventral et dorsal) Modularité (ex.: aire MT et aire IT) Pathologies du système ventral Plasticité neuronale dans IT Lien entre activité neuronale et stimuli Représentation dans le système visuel Le problème du liage Travail optionnel (rappel) -10 pages (15 pages si équipe de 2) sur un sujet particulier en psychologie de la perception préalablement approuvé par le professeur. -Date de remise = 13/12/04 (au secrétariat ; chaque jour de retard = -3%). -Remettre un travail le 13 décembre (ou avant...) → passage du barême A au barême B A = 50% pour l'examen partiel + 50% pour l'examen final (option par défaut ; donc pas de remise = barême A) B = 25% pour l'examen partiel + 25% pour le travail optionnel + 50% pour l'examen final 1 -Habituellement, notes pour le travail : min 60 %, max 80-85 %… Visez 8-10 références Cours 2. Bases physiologiques 1 Corps genouillé latéral (LGN) droit lumière Corps genouillé latéral (LGN) gauche Cours 3. Bases physiologiques 2 Cortex visuel primaire (V1) Régions de traitement du signal visuel dans le cortex Cours 4. Mouvement Cortex visuel primaire (V1) ou cortex strié Cours 6. Profondeur et taille Cours 5. Couleur Cortex extrastrié 2 IRMf Premier enregistrement IRM : Lauterbur (1979). Cortex visuel chez l’humain! Le cortex visuel Cortex extrastrié V2 Cortex pariétal postérieur V3 V5 (MT) V1 Cortex strié V4 Région IT (Cortex Inférieur Temporal) 3 Diagramme des interactions entre les différentes aires visuelles Diagramme simplifié Attention : l’information ne voyage pas dans un sens uniquement… Notion de traitement ascendant et descendant. Pariétal V5 (MT) Système dorsal (“where”) Système ventral (“what”) IT Mouvement V3 V4 V2 V1 Magno LGN Cellule ganglionnaire M V2 V1 Parvo LGN Cellule ganglionnaire P Couleur Forme Évidences physiologiques des influences descendantes 3 démonstrations : 1) Le cortex visuel est « temporellement compact » 2) Le décours temporel des réponses neurales témoigne de leur implication, à différents moments, dans des analyses visuelles diverses 3) Des aires d’aussi bas niveau que V1 sont capable de réponses sophistiquées 4 Le cortex visuel est temporellement compact Voies magnocellulaires (rapides) Voies parvo- et koniocellulaires (modérées à lentes) (Lamme & Roelfsema, 2000) Le cortex visuel est temporellement compact Latence de réponse des différentes aires visuelles (Bullier, 2001) Modulation temporelle des réponses neuronales Dynamique de la préférence d’orientation dans V1 (Ringach et al., 1997) 5 Réponses sophistiquées de V1 Implication de V1 dans la ségrégation figure-fond (Lee et al., 1998) Réponses sophistiquées de V1 (Lee et al., 1998) Organisation fonctionnelle : deux systèmes L’information en provenance de V1 est divisée en deux systèmes fonctionnellement distincts. Le système ventral (“what”) Ce système se termine dans IT et semble impliqué dans la perception d’objets, de scènes et de visages. Système dorsal Système ventral Le système dorsal (“where”) Ce système se termine dans le cortex pariétal postérieur. 6 Ungerleider et Mishkin (1981) Discrimination d’objet Double dissociation! Discrimination de repère Mais Milner et Goodale (1995)… • … ont un problème avec la prétendue fonction de localisation spatiale (“where”) du système dorsal; selon eux, ce système jouerait plutôt une rôle dans la planification et l’exécution d’actes moteurs (c.-à-d. “how”). • Le patient D.F. souffre d’agnosie visuelle “apperceptive”. – Incapable de reproduire l’orientation d’une ouverture dans une “boîte à lettres”... – mais capable d’y “poster” une lettre. • D’autres patients ont des lésions dans leur système dorsal et – Sont capables de reproduire l’orientation d’une ouverture dans une “boîte à lettres”... – mais incapables d’y “poster” une lettre. Milner et Goodale (1995)… 7 Illusion de Ebbinghaus-Titchener La modularité dans les systèmes “what” et “where”/“how” • Par “module” nous entendons une structure physiologique spécialisée dans le traitement d’un type d’information sensorielle (p. ex. le mouvement). MT est donc un module. MT (V5) : un exemple de modularité dans le système dorsal • Newsome et Paré (1988) ont montré que les singes pouvaient détecter la direction d’un mouvement possédant une cohérence de 1% ou 2%. • La destruction de MT fait grimper ce seuil à 10% ou 20% de cohérence. 100% de cohérence 30% de cohérence 5% de cohérence 8 Agnosie visuelle du mouvement (akinétopsie) • Le patient L.M. : – N’a pas de problème de perception des parties (=> pas une agnosie sensorielle) – N’a pas de problème de perception des objets (=> pas une agnosie aperceptive) – Reconnaît les objets (=> pas une agnosie associative) • Mais n’arrive pas à voir le mouvement – P. ex. Quand elle verse de l’eau dans un verre, elle ne voit pas le niveau monter. Subitement il y a plus d’eau qu’il y en avait. Diagramme simplifié Pariétal V5 (MT) Système dorsal (“where”) Système ventral (“what”) IT Mouvement V3 V4 V2 V1 Magno LGN Cellule ganglionnaire M V2 V1 Parvo LGN Cellule ganglionnaire P Couleur Forme IT : un exemple de “modularité” dans le système ventral (objet?) • Bruce, Desimore et Gross (1981) ont découvert que certains neurones de IT répondent “maximalement” à des visages. – P. ex. Rolls et Tovee (1995) ont utilisé 23 visages et 45 autres images pour valider ce résultat... • Kanwisher (1997) a montré en IRMf que le gyrus fusiforme dans IT est la région du cerveau la plus activée par les visages. On parle aujourd’hui du FFA (Fusiform Face Area). 9 IT : un exemple de “modularité” dans le système ventral (objet?) • Tanaka et ses collaborateurs (entre 1991 et 1995) ont découvert des cellules de IT répondant maximalement... – à des formes relativement simples comme des “spots”, des barres, des ellipses et des carrés–les cellules primaires (“primary”) – à des combinaisons, p. ex., d’une forme et d’une couleur–les cellules élaborées (“elaborate”). • Les cellules répondants à des objets similaires semblent regroupées en colonnes (Young, 1995). • Mais comment savoir si un neurone répond maximalement? Pathologies du système ventral (temporal, “what”) • Reconnaissance des objets est altérée (agnosie visuelle). • Reconnaissance des visages est altérée (prosopagnosie). • Reconnaissance des mots est altérée (dyslexie). Agnosie visuelle • Elle est caractérisée par une incapacité à reconnaître visuellement les objects malgrés une connaissance des caractéristiques de ces objets et une reconnaissance tactile ou auditive de ces objets. 10 Types d’agnosie visuelle • Agnosie sensorielle – Le traitement visuel de bas niveau de la couleur, de la forme, du mouvement et l’acuité sont altérés • Agnosie “aperceptive” (Lissauer, 1890): – Le traitement visuel de bas niveau de la couleur, de la forme, du mouvement et l’acuité NE sont PAS altérés – La perception de l’objet est altérée • Agnosie associative (Lissauer, 1890): – La perception de l’objet est intacte – Les associations entre les percepts et les mots sont affectées – Souvent spécifique à une catégorie (vivant vs. non-vivant). Diagramme simplifié des deux systèmes et de leur origine Pariétal V5 (MT) Système dorsal (“where”) Système ventral (“what”) IT ... Mouvement V3 V4 Forme V2 V1 Magno LGN Cellule ganglionnaire M V2 V1 Parvo LGN Cellule ganglionnaire P Couleur Agnosie sensorielle Agnosie “aperceptive” Agnosie associative Agnosie visuelle “aperceptive” • La vision de bas niveau est intacte (=> pas une agnosie sensorielle). • Le patient est incapable d’apparier, de reproduire, ou de discriminer des objets visuels simples mais est capable de dessiner de mémoire. – Le patient n’arrive pas à (re)construire les objets • Le patient ne peut pas pointer vers un objet nommé. – La reconnaissance des objets est parfois améliorée quand les stimuli sont en mouvement (le mouvement est traité dans le système dorsal). 11 Agnosie visuelle associative • La vision de bas niveau est intacte (=> pas une agnosie sensorielle). • Le patient est capable d’apparier, de reproduire, ou de discriminer des forme visuelles simples (p. ex. des formes géométriques) (=> pas une agnosie aperceptive). • Le patient ne peut pas pointer vers un objet nommé. – Mais le patient est capable de reconnaître un objet tactilement (ce qui implique que la connaissance de l’objet est intacte) – Le patient a un déficit plus profond au niveau de ses connaissances des objets (problèmes d’associations sémantiques). 12 Prosopagnosie (Bodamer, 1947) * Déficit (parfois très spécifique) dans la reconnaissance des visages, suite à des lésions généralement bilatérales (si unilatérales = droites) impliquant les lobules lingual et fusiforme ou la susbstance blanche adjacente (région du FFA). * L’information générique (« il s’agit d’un visage ») et les composantes du visages (« c’est un nez, des yeux, etc. ») peuvent encore être traitées. Problème = sentiment de nonfamiliarité vis-à-vis des visages connus. * Il existerait peut-être une forme aperceptive et une forme associative (De Renzi et al., 1991). Associative = performance normale à une tâche d’appariement de visages. “Prosopagnosie” produite par adaptation (Leopold et al., 2000) “Prosopagnosie” produite par adaptation Contrôle (sans adaptation) Condition ‘match’ Condition ‘non-match’ 68% hasard 12% Visage moyen (Leopold et al., 2000) 13 “Prosopagnosie” produite par adaptation « Take home message » (traduction : ce qui sera à l’exam) 1)Il est possible d’adapter des cellules même si celles-ci s’occupent d’un traitement de très haut niveau 2)Démonstration de la « flexibilité » des processus de reconnaissance de visages 3)Lien avec prosopagnosie (Leopold et al., 2000) Un exemple d’adaptation aux visages * (Webster & Maclin, 1999) Plasticité neuronale dans IT • Mais Gauthier et al. (1999) ont montré que les “Greebles” activent autant le FFA que les visages chez les experts en reconnaissance de “Greebles”. • Est-ce que le FFA encoderait les objets pour lesquel nous sommes des experts? • Les résultats de Gauthier et al. (2000), chez les experts en voitures et en oiseaux, vont en ce sens. • Mais qu’est-ce qu’un expert? Quelqu’un qui traite les objets plus globalement (Gauthier et Tarr, 2002)? 14 PÉC Le problème Lien entre activité neuronale et stimuli réponse cause N170 component Les yeux? La configuration d’attributs? ??? 15 Reconnaissance du sexe Homme ou femme? (Gosselin et Schyns, 2001) Reconnaissance exnex Neutre ou content? Génération des stimuli image originale bulles normales .* image présentée = 16 Distribution de l’amplitude de la N170 pour les essais individuels Fréquences Les masques associés aux N170 les plus amples (ne pas oublier N170 = composante négative) Les masques associésRéponses aux incorrectes N170 les moins Réponses correctes amples (ne pas oublier N170 = composante négative) Amplitude de la N170 (nAm) Ces masques ont révélé ce qui, dans un visage, maximise la N170 Visages efficaces Tâche sexe sexe, perf. N170 Sujets Tâche EXNEX exnex, perf. N170 1 BB 2 ML Ce qui est commun dans les masques qui permettent une réponse correcte = yeux pour tâche sexe; bouche pour EXNEX Ce qui est commun dans les masques qui causent une N170 ample = les yeux peu importe la tâche Comment sont représentés les scènes dans le système visuel? • Code spécifique : – Cellule “grand-mère” : à chaque stimulus, un neurone. 17 IT : des invariants • Neurones invariants à la taille : • Neurones invariants à la position : • Neurones invariants au point de vue : L’observation de telles neurones a donné un certain appui à l’hypothèse du code spécifique… Comment sont représentés les scènes dans le système visuel? • Code spécifique : – Cellule “grand-mère” : à chaque stimulus, un neurone. • Ne correspond pas à nos observations. • Explosion combinatoire (les récepteurs rétiniens peuvent déclencher de plus de 2250 000 000 manières et il y a environ 242 cellules dans tout le corps humain). •Code distribué : –Un ensemble de neurones encode un stimulus. Riesenhuber et Poggio (1999, 2000, 2002) Un modèle de reconnaissance d’objet accordant une place prépondérante à l’aspect distribué du codage perceptif 18 Le problème du liage (“binding”) • Si le code est distribué, même partiellement, comment en arrivons-nous à une perception unifiée? • La synchronie pourrait-être une solution… • Engel et al. (1992) : Bien que le code pour la ligne soit ici distribué sur au moins 2 cellules… la synchronie permettrait le liage 19