Metalogicon (2002) XV, 1 L’entropie topique des propositions Léon Birnbaum 1. L’entropie, notion introduite par Rudolf Clausius (18221888), est une fonction d’état d’un système thermodynamique, dont la variation au passage réversible du système entre deux états est égale à la variation de la chaleur réduite. Une autre définition de l’entropie (plus récente) est : “la dimension thermodynamique d’état, qui reflète l’irréversibilité des processus physiques macroscopiques”. En les télécommunications l’entropie dénote la quantité d’information rapportée à un élément du message transmis. La t o p i q u e est une partie de la syntaxe, qui s’occupe de l’étude de l’ordre des mots dans une proposition, qu’aussi de l’ordre des propositions dans une phrase. En ce qui suit nous nous occuperons notamment de la topique des propositions. Nous nommerons l o q u è m e (du latin “ loqui ” = parler) un mot ou un groupe de mots d’une proposition, qui peuvent changer leurs lieux (leurs ordre) dans la proposition, ainsi que la proposition reste valide (du point de vue logique) et qu’elle conserve inaltérée son contenu sémantique, c’est-à-dire qu’elle reste la porteure de la même information (non-perturbée). Nous nommerons e n t r o p i e t o p i q u e d’une proposition le nombre des modes différents, en lesquels peuvent être arrangés les loquèmes dans une proposition, conformément aux conditions indiquées. Nous donnerons démonstrativement un exemple de détermination de l’entropie topique d’une proposition. Prenons donc comme un premier exemple un vers de Les Géorgiques (III, 284) de Virgile “Fugit irreparabile tempus”. Cette proposition, en utilisant les mêmes mots et en conservant son sens initial, peut être écrite en des suivants modes : 33 Metalogicon (2002) XV, 1 Fugit irreparabile tempus. Fugit tempus irreparabile. Irreparabile fugit tempus. Irreparabile tempus fugit. Tempus fugit irreparabile. Tempus irreparabile fugit. (la forme donnée) Dans l’exemple cité chaque mot est un loquème, donc la proposition de là-haut est formée de 3 loquèmes et l’entropie topique de cette proposition est égale au nombre de permutations possibles de ces 3 loquèmes, c’est-à-dire 1·2·3 = 3 ! = 6 modes. Un autre exemple : la proposition “ labor omnia vincit improbus ” (Vergile, op. cit. I, 145) contient 4 loquèmes et donc l’entropie topique de cette proposition sera égale à 1·2·3·4 = 4 ! = 24 modes. En général, si une proposition contient n loquèmes, alors l’entropie topique de cette proposition sera n ! modes équivalent. 2. Les exemples cités plus haut sont des cas particuliers, parce que chaque mot est un loquéme (simple). Ce fait est dû à la propriété de la langue latine, où il n’existent pas des articles proclitiques (qui ne sont pas englobés aux noms) et au fait que les propositions citées ne contiennent pas des mots inflexibles de la langue latine, comme l’adverbe, la préposition, la conjonction et/ou l’interjection. En introduisant ces mots inflexibles dans les propositions, on obtiendra des loquèmes formés de groupes de mots, nommés encore l o q u è m e s composés. Un loquème composé peut être formé par le suivants groupes de mots : a) article + nom, ou article + pronom; (exemples: un homme, ce mot, le mien, etc.) b) une suite de mots liés par de prépositions; (exemple: un 34 Metalogicon (2002) XV, 1 c) d) e) f) g) h) i) j) k) morceau de tissu de crêpe de Chine) pronom personnel + verbe, ou pronom personnel + verbe auxiliaire + verbe; (exemples: je chante, il a parlé, elle a été partie, etc,) adverbe de négation + verbe; (exemples: je ne pars pas, tu n’iras jamais, etc.) un groupe d’adverbes incommutables ; (exemples: si loin, hier soir, depuis très longtemps, etc.) adverbe de comparaison + adjectif; (exemples : le plus fort, très rare, tel moins périlleux, etc.) nom + adjectif (à condition que par la métathèse des mots ne cange pas le sens de ce syntagme); (exemple : des familles nombreuses) ; les formes du verbe “être”, qui ne sont pas des prédicats + prédicat; (exemples: (le cheval) est un herbivore, X a été étudiant, etc.) une suite de mots liés par des conjonctions; (exemples: beau, intelligent et docile; vert, jaune et rouge; ou bien ici, ou bien là; etc.) Note. En ces cas il existe aussi une entropie topique intérieure. Les connecteurs représentés par des conjonctions assurent aux mots liés par eux une commuabilité générale. Il-y-a aussi des exceptions, si l’on veut obtenir un effet rhétorique, en exprimant une gradation. en certains cas, d’habitude en réponses laconiques aux divers questions, les expressions monoverbes (formées par un seul mot) peuvent être considérés comme loquèmes même les mots sine flexione (prépositions, conjonctions, adverbes, interjections ou même des gestes). il existe des cas, où, du point de vue logique ou stylistique, il est établie une certaine position, un certain lieu, à un mot au à un groupe de mots. En ces cas, quoique ce mot ou ce groupe de mots est un loquème, il ne sera pas considéré dans le calcul du nombre des loquèmes, ni dans le calcul de l’entropie topique. 35 Metalogicon (2002) XV, 1 3. Le nombre p des loquèmes d’une proposition P représente une constante, s’il s’agit de traductions en des autres langues d’un texte. L’entropie topique (maximale) en ces cas, en diverses langues, reste la même. Donnons plus bas la formule du calcul de l’entropie topique d’une proposition, qui comprend p loquèmes composés par des conjonctions, chacun étant formé de mi ,i = 1, 2, ..., q éléments commuables connectés: q (1) Et (P) ! p!"# (mi !) "(modes) i =1 Le signe d’égalité représente l’entropie topique maximale. La valeur Tt (P) – l’entropie topique de la proposition P – grâce aux différentes langues et leur grammaires est d’habitude moindre que la valeur maximale. Nous illustrerons la manière de calcul de l’entropie topique de la proposition suivante: Q = “Les élèves, les étudiants et les autres jeunes hommes de la grande maison vis-àvis sont beaux, éduqués, aimables et galants”. La proposition Q a p = 3 loquèmes (soulignés chacun à son part, dont le premier est “les élèves, les étudiants et les autres jeunes hommes”; le deuxième loquème est “de la grande maison vis-à-vis” et le troisième loquème est “sont beaux, éduqués, aimables et galants”. Donc le premier et le troisième loquèmes sont des loquèmes composés par des conjonctions, c’est à dire q = 2, donc m1 = 3 (les élèves, les étudiants et les autres jeunes hommes) et m2 = 4 ( beaux, éduqués, aimables et galants). Alors Et (Q) = p!m1 !m2 != 3!3!4!= 6 ! 6! 24 = 864 (le plus grand nombre de modes d’exprimer la même proposition équivalemment). Les langues, dont l’entropie topique s’approche à la valeur maximale sont bien aisées dans la rhétorique, dans une littérature parlée, dans la poétique. En ce dernier cas le poète peut choisir celle forme d’expression qui lui assure le rythme, la rime, la 36 Metalogicon (2002) XV, 1 mesure, la césure, l’accentuation d’un certain sens du vers ou de présenter intentionnellement un polysémantisme prémédité. Le nombre de loquèmes d’une proposition théoriquement peut être assez grand que nous voulons. En réalité, dans les langages humains, il existe un seuil psychologique qui ne peut pas être dépassé por donner une juste interprétation au contenu sémantique de la proposition. Ce seuil dépend en grande mesure aussi du nombre des éléments commuables de chaque loquème composé (par des conjonctions), en le cas des structures régressives. Fasciné probablement du livre The magical number seven de George A. Miller, Victor Yngve limite a 7 la longueur de chaque structure régressive. Nous considérons que 7 structures représente un nombre trop grand pour être retenu dans la mémoire d’un homme normal non-hypermnésique. S’il fallait pourtant établir un seuil psychologique nécessaire à comprendre totalement un message transmis par une proposition, cette proposition ne devrait pas contenir plus que 3-4 loquèmes, dont le plus 1-2 soient composés de maximum de 2-3 éléments. Dans le cas où il s’agit de phrases, il est recommandable qu’elles contiennent le plus 4 propositions (sans loquèmes composés), ou 2-3 propositions, dont les loquèmes composés ne dépassent le nombre 2-3. 4. Analysons en ce qui suit le rapport entre le nombre de loquèmes p d’une proposition P et le nombre N de mots de cette proposition. Au commencement il faut constater que p:N sera un nombre compris entre 0 et 1 inclusivement. Pendant que le nombre de loquèmes d’une proposition reste constant, indifférent de la langue que nous parlons, nous utiliserons comme langue étalon la langue latine, qui est concise et, de plus, elle est une langue morte, donc une langue qui ne peut plus évoluer. En la langue latine on peut exprimer les idées et les messages en le moins de mots. Prenons le suivant exemple: le génitif singulier du mot “lex” (= la loi) est le mot “legis”. En langue française ce génitif est “de la loi”, donc 3 mots; en la langue allemande ce même génitif est “des Gesetzes”, donc deux mots; en la langue 37 Metalogicon (2002) XV, 1 anglaise ce même génitif est “of the law”, donc 3 mots. La langue latine a le mérite d’avoir inclus en ses mots les désinences spécifiques à chaque genre, nombre et cas des noms, des adjectifs, des pronoms, des numéraux; à chaque diathèse, mode, temps, nombre et personne des verbes; à chaque degré de comparaison des adjectifs et des adverbes. Ces mérites sont dû à la grammaire (spécialement à la morphologie, mais aussi à la syntaxe) de la langue latine, une grammaire définitive et complète, avec toutes les flexions correspondantes et avec toutes les exceptions inventoriées. Par ces raisons la langue latine a les plus normes établies, cependant qu’elle a un vocabulaire assez réduit. En existant un inventaire complet de mots latins VL et un inventaire complet de lois (de normes) grammaticales GL , nous pourrons noter (2) VL !GL = T (constante). En les langues modernes le vocabulaire (comme un nombre fini de mots) a beaucoup crû, en comparaison à la langue latine. Enumérons plus bas les suivants ensembles de mots qui ont été ajoutées aux mots qui proviennent de la langue latine ou de leurs traductions: 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Les articles (comme des éléments morphologiques) et Leurs flexions; Les pronoms personnels et réfléchis (dans la conjugaison des verbes); Les verbes auxiliaires (en des conjugaisons): Les formes du verbe “être”, qui servent comme copules; Les adverbes, qui sont en divers degrés de comparaison; Les pronoms de révérence; La périphrase de certains modes ou temps, qui manquent en quelques langues; L’explicitation en d’autres langues de quelques formes 38 Metalogicon (2002) XV, 1 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. grammaticales consacrées dans une langue, comma par exemple l’ablatif absolu de la langue latine; Les conjonctions qui introduisent des propositions secondaires dans des phrases; Les paroles qui accentuent des certains sens exprimés; Les synonymes (néologistiques) de nuance; Les archaïsmes réintroduits en circuit; Les néologismes et les mots récents; Les nouvelles interjections onomatopéiques; Les abréviations usuelles, comme USA, kWh, etc.; L’apport en circuit des termes spécifiques de certains sciences (médicine, informatique, physique, etc.); La combinaison de mots et leur nouvelle connotation etc.; Tous ces ensembles et beaucoup d’autres représentent l’incrément naturel du vocabulaire d’une langue. L’incrément peut être exprimé en fonction du temps. Si à un certain temps d’une certain époque t 0 le vocabulaire d’une certain langue A a été V0 , alors au temps d’une autre époque t1 ,(t1 ! t0 ) le vocabulaire de la même langue sera V1 = V0 (1 + !"t), où ! est un coefficient positif, spécifique à la langue A et ! t = t1 " t0 . L’incrément naturel du vocabulaire implique le décrément grammatical de la même langue. Les exceptions diminuent, les lois grammaticales se simplifient. Si l’ensemble des règles grammaticales et des exceptions au moment t 0 était G0 , alors au moment t1 nous aurons G1 = G0 (1! "#t), où ! est un coefficient positif, qui dépend de t et de ! , en étant aussi spécifique à la langue A. On peut alors déterminer une relation entre le vocabulaire VA de la langue A et l’ensemble des normes grammaticales GA de la même langue: (3) VA ! GA " T, où T est la constante de la formule (2). On constate que la relation (3) représente une relation 39 Metalogicon (2002) XV, 1 d’incertitude analogue à celle de W. Heisenberg. Dans le langage de Louis Hjelmslev l’ensemble VA représente l’exhaustivité et GA représente la cohérence de cette description. Par la relation (3) est aussi satisfaite le théorème de Kurt Gödel, ainsi que VA représente la complétude et GA représente la non-contradiction. On peut aussi écrire la relation (3) ainsi: (3' ) VA ! GA = T' , T' " T . Pour des valeurs pas trop grandes du ! t, T' peut être considéré comme une constante. Nous noterons VA* = VA (1+ !" t), ! > 0, c’est-à-dire que VA* est une fonction croissante de ! t. Pour maintenir T’ en valeur constante (pour des valeurs pas trop grandes de ! t); G*A = GA (1 ! "# t), " > 0, devra être une fonction décroissante de ! t. Alors aussi (3' ' ) * * VA ! GA = T' , c’est-à-dire VA (1 + !"t) # GA (1$ %" t) = T' , donc (1 + ! " #t) "(1 $ % " # t) = 1, d' où il résultera != " . 1 + #t Si dans l’expression ! t = t1 " t0 , t1 dépasse une valeur limite t L , spécifique a chaque langue, alors cette langue A devient plus expressive, c’est-à-dire que T’ tend vers T. En ce cas T’ devient lui même une fonction croissante. En ces cas VA* !G*A = T' +"T' , où VA (1 + !"t) # GA (1$ %" t) = T' +"T' , mais T' = VA !GA , d’où il résulte: (! " # )$ %t = 40 % T' . T' Metalogicon (2002) XV, 1 Nous avons négligé le terme !" (#t) 2 . Passant aux différentielles, nous obtiendrons (! " # )$ dt = dT' . T' En intégrant cette équation, on obtient: (4) T' = C0 ( ! "# )$t , où C est une constante spécifique de la langue A. Si t ! ", alors ! " # . 5. Depuis que le tour de Babel, que les fils de Noé voulurent élever, a apparu la confusion des langues, Un souci des hommes intelligents était de trouver pourtant une langue commune (ou un langage commun), par laquelle (lequel) tous les hommes puissent communiquer entre eux. Il nous semble que les premières personnalités connues, qui ont essayé de projeter un tel langage (le moins pour des domaines scientifiques) ont été Descartes et Leibniz et encore quelqu’un moins connu ou moins important. D’ailleurs il a existé ultérieurement beaucoup d’essais d’inventer un langage artificiel (pas seulement à caractère scientifique). Les essais récents, il faut reconnaître leurs ingéniosité, sont l’Espéranto, l’Ido, le Volapük, le Latino sine flexione. Tous ces langages poursuivent la réduction au minimum les règles grammaticales. L’Espéranto, par exemple, n’a que 16 règles grammaticales (très simples) et a un vocabulaire moyen. Conformément à la relation (3’), l’expressivité de ce langage T’ est assez réduite. On ne peut pas nier le fait que deux hommes puissent communiquer entre eux par l’Espéranto, mais il est douteux si l’on puisse traduire (poétiquement) en Espéranto les sonnets de Shakespeare, les tercets de Dante, les ballades de Schiller ou les poésies de Lamartine. De même, assez douteux il reste la possibilité de traduire les écritures de Newton ou des 41 Metalogicon (2002) XV, 1 passages de la Critique de raison pure. Si une traduction d’une poésie en une autre langue représente déjà une trahison (traduttore – traditore), alors la traduction de la même poésie en un langage artificiel serait directement un massacre. Les langues artificielles sont capables de transmettre un message seulement quand on ne prétend pas de transmettre aussi une connotation et quand le message est formé de propositions courtes, qui ne contiennent que de loquèmes simples non-commutatifs. De cette manière l’entropie topique est réduite au minimum. Avec une grammaire beaucoup réduite, on ne peut pas connecter correctement les mots dispersés à la guise de quelqu’un. Une change majeure de transmettre conformément des informations (des domaines plus élevés) ont les langages formalisés, qui transmettent directement des idées (pas de mots). Ainsi est le langage de la mathématique, le langage chimique ou le langage de la logique mathématique, etc. En beaucoup de cas il n’existent pas même les mots, qui exprimeraient l’idée, mais il existe le symbole, dont le contenu sémantique est présupposé exactement par le récepteur, quelque fois avec un certain effort intellectuel. Une grande désillusion ont provoqué à leurs protagonistes ces langages, quand on a vu qu’elles n’aident pas à la solution, à l’écart ou au détour des paradoxes. Nous ne pouvons pas être d’accord avec beaucoup de linguistes, comme George Steiner (Langage et Silence), qui affirment que les langues artificielles, inclusivement les formalisées, soient des simples prothèses des langues naturelles. Au contraire, ces langues (formalisées) sont des prolongements nécessaires des langues naturelles, comment le marteau est un prolongement du bras ou de la poignée. En ce qui concerne les langages informationnelles, c’est-àdire les langages de programmations des calculateurs, il faut reconnaître que beaucoup d’elles ont démontré leurs utilité en l’exploitation, mais elles ont eu des influences négatives sur l’activité mentale des programmateurs. Edgard W. Dijkstra (How do we tell truths that might hurt?, 1982) fait un réquisitoire dur à l’influence des langues informationnelles néfaste sur notre pensée. Les propositions des langages informationnelles ont une 42 Metalogicon (2002) XV, 1 topique purement logique, donc une entropie topique minimale (et un nombre réduit de loquèmes composés). Des propositions similaires sont utilisées aussi en les langues naturelles, afin que les idées et les messages ne soient ambigus. En ce but, en le dernier temps, sont préférées celles langues, qui ont un vocabulaire riche et dont les règles grammaticales sont relativement en nombre restreint (comme, par exemple, la langue anglaise). Dans la chaîne informationnelle un lieu principal détient le récepteur de l’information, qui peut être un homme, un animal o un ordinateur. Le récepteur humain peut interpréter subjectivement le contenu sémantique du message, donc ils peuvent exister plusieurs interprétations possibles, plus o moins analogues à l’interprétation de la source. Il faut mentionner ici qu’il existe plusieurs principes d’interprétation (d’herméneutiques) des messages et, en général, des textes. D’une manière on interprète un message oral, avec ses intonations naturelles, et d’autrement on reçoit un message écrit manuellement (aussi par des raisons et considérations graphologiques), mais encore autrement un message dactylographié, respectivement imprimé avec des soulignements ou des changements des caractères typographiques. En tout de làhaut nous nous avons référé aux langues naturelles. Nous pouvons citer un exemple typique des diverses herméneutiques du même texte biblique, interprété par la Kabbale judaïque. Il existent 4 interprétations diverses: a) Pchate – le sens simple (l’interprétation directe) b) Rémèze – le sens allusif (l’interprétation métaphorique) c) Drache – le sens explicatif (l’interprétation par des exemples ou par des paraboles) d) Sode – le sens secret (l’interprétation ésotérique). En certain cas (d’habitude dans la littérature liturgique) pour assurer une unique interprétation des textes, les mots sont doués de “tropes”, c’est-à-dire de signes supplémentaires, qui déterminent l’amplitude sonore, la hauteur du son et la durée de 43 Metalogicon (2002) XV, 1 chaque syllabe d’un mot. Pendant les prières solennelles la première syllabe commence par un avant-canto non-verbal, formé d’une succession de plusieurs notes musicales (jusqu’à 80). Il existe aussi une discipline théologique – la typique – qui indique la sonorité des mots. Dans la linguistique K. L. Pike a introduit la notion de “intonèmes” et B. Pottier a introduit les “prosodémes”, par lesquelles sont accentués certains mots d’une proposition, le “crescendo” ou le “decrescendo” de la voix à la lecture d’une proposition ou d’une phrase. L’accentuation ou la non-accentuation d’un mot d’un loquème composé peut conduire à une ambiguïté dans la énonciation du contenu sémantique de la proposition, dont appartient le loquème composé. Les plus sensibles loquèmes composés sont ceux qui sont formés de: (une copule) + un adverbe avec le sens diminuant + un prédicat adjectival. L’accentuation se réfère à l’adverbe. Donnons deux exemples en diverses langues: En langue latine: a) A. Conclusiones paulo gratae. Cette proposition avec l’adverbe paulo non-accentué, a une tente optimisme de son contenu sémantique, c’est-à-dire que les conclusions sont (déjà) peu satisfaisantes. B. Conclusiones p a u l o gratae. Cette proposition a l’adverbe p a u l o accentué. Par cela il est induite un tente pessimiste du contenu sémantique de la proposition, c’est-à-dire que les conclusions sont (trop) peu satisfaisantes. b) A. Hoc vinum exigue spumans est. Dans cette proposition l’adverbe exigue n’est pas accentué, 44 Metalogicon (2002) XV, 1 donc la proposition a une tente optimiste, c’est-à-dire que ce vin est (justement) faiblement mousseux (au-dessus de nos attentes. B. Hoc vinum e x i g u e spumans est. Maintenant l’adverbe e x i g u e est accentué, ce qu’implique une tente pessimiste au contenu sémantique de la proposition, c’est-à-dire que ce vin est (trop) peu mousseux (sous nos attentes). En anglais: a) A. The conclusions are little satisfactory. B. The conclusions are l i t t l e satisfactory. b) A. This wine is feebly frothy. B. This wine is f e e b l y frothy. En allemande: a) A. Die Schlüsse sind wenig erfreulich. B. Die Schlüsse sind w e n i g erfreulich. b) A. Dieser Wein ist schwach schaumig. B. Dieser Wein ist s c h w a c h schaumig. Au mêmes effets on arrive aussi dans des autres langues. En la langue latine pour l’affermissement du sens optimiste on peut introduire devant l’adverbe (paulo, exigue) l’adverbe aliquanto = “dans une certaine mesure”, et pour le sens pessimiste l’adverbe nimis = “trop”. Dans les langues française, anglaise ou allemande, pour induire le sens optimiste, on pourra introduire devant l’adverbe l’article indéfini (un peu, a little, ein wenig), mais pour le sens pessimiste on préfacera l’adverbe au sens diminutif par des adverbes “trop”, “too”, respectivement “zu”. 45 Metalogicon (2002) XV, 1 En introduisant ces adverbes supplémentaires, on ne change pas l’entropie topique des propositions, en échange toutefois ou évite leurs polysémantisme. L’agrandissement de la précision du contenu sémantique (de l’information) ne induit pas par cela l’agrandissement de l’entropie topique da la proposition. 46