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4 L’enfant avec autisme et sa famille
même continue à faire débat, comme en témoignent les discussions récentes
et vives à l’occasion de la publication du DSM-5. Les questions sur l’évo-
lution de l’autisme, son pronostic et ses traitements restent entières. Quoi
qu’il en soit, l’autisme est un trouble débutant dès le plus jeune âge (par
convention avant 3ans) en lien vraisemblablement avec des perturbations
précoces du fonctionnement cérébral. Le DSM-5 rend d’ailleurs compte de
cette conception en positionnant désormais l’autisme comme un trouble du
neurodéveloppement. Le terme de «troubles envahissants» (traduction de
l’anglais pervasive disorders ) du développement, supplanté aujourd’hui par
celui de troubles du spectre de l’autisme mais longtemps utilisé par l’ensem-
ble des classifi cations médicales, a permis de fi gurer que toutes les sphères du
fonctionnement des personnes atteintes d’autisme étaient habituellement
altérées — langage, communication, cognitions et motricité, même si ce
domaine est le plus souvent le mieux préservé. Avec la publication de la
cinquième édition du DSM en mai 2013, la façon de décrire les incapacités
associées à l’autisme a changé. Désormais, un seul terme englobe ces inva-
lidités: «Trouble du spectre de l’autisme». Les classifi cations médicales,
notamment la CIM-10 (dont la 11
e version est en gestation) et le DSM-IV,
proposaient jusqu’alors un ensemble de signes permettant de circonscrire
des catégories cliniques plus ou moins précises et valides — notamment
pour le syndrome d’Asperger, dont la distinction de l’autisme infantile est
depuis longtemps discutée. Avec le DSM-5, les patients ne recevront plus
un diagnostic d’«autisme », de « trouble envahissant du développement
non spécifi é» (TED-NS) ou de «syndrome d’Asperger» puisque toutes ces
catégories distinctes disparaissent «offi ciellement», laissant place au seul
terme de «trouble du spectre de l’autisme» (TSA). Par ailleurs, les personnes
atteintes de TSA sont répertoriées par le DSM-5 selon trois degrés de gravité.
Celles dont le «degré d’atteinte» n’est pas répertorié dans ces trois niveaux
mais qui présentent des troubles signifi catifs en matière de communication
sociale, pourront recevoir un diagnostic de « trouble de la communica-
tionsociale» ( Social Communication Disorder , SCD): cette nouvelle catégorie
s’applique aux personnes atteintes de troubles de la pragmatique sociale et
de la communication sociale qui ne présentent cependant pas les «intérêts,
activités et modèles de comportement restreints et répétitifs» habituelle-
ment associés aux TSA.
Il reste que cette approche dimensionnelle proposée par le DSM-5 ne
résout pas une question majeure liée à l’importante diversité des troubles
du spectre de l’autisme (soulignée par le terme lui-même), qui est celle de la
nature et de l’étiologie, ce qui bien évidemment peut avoir un impact sur
la réponse aux diverses modalités de traitement. En effet, d’une personne à
l’autre, les tableaux cliniques «résumés» au sein d’un même label diagnos-
tique peuvent être très différents, par leur intensité symptomatique, la pré-
sence ou non d’un retard mental et sa sévérité ou bien encore la survenue
d’une comorbidité (par exemple, neurologique ou génétique).
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