102 O. Amami et al.
Trouble panique et symptômes prédominants
Certains auteurs divisent les symptômes de l’AP en «premier
rang »et «second rang ». Le premier rang inclut les
symptômes les plus fréquents, comme les palpitations,
la tachycardie, la dyspnée. Les symptômes de second
rang comprennent des symptômes moins fréquents comme
l’étouffement ou l’étranglement, les douleurs thoraciques,
les paresthésies, des bouffées de chaleur, la dépersonnali-
sation/déréalisation [30].
D’autres auteurs ont différencié le TP en plusieurs
sous-groupes : le TP avec des symptômes cardiorespira-
toires, le TP avec des symptômes vestibulaires, le TP avec
des symptômes gastro-intestinaux, le TP avec déréalisa-
tion/dépersonnalisation [11,19,21].
D’autres facteurs de groupage du trouble apparaissent
dans la littérature comme les symptômes cognitifs et
l’activation neurovégétative.
Cette division du TP en plusieurs sous-groupes selon la
symptomatologie prédominante aurait, un intérêt dans la
connaissance de l’étiopathogénie du trouble, la fréquence
des attaques, la sévérité du trouble et la réponse au traite-
ment [23,36].
Le sous-type de TP avec des symptômes respiratoires,
répondrait plutôt à la théorie de Klein, qui postule que
le CO2et le lactate induisent des attaques de panique
par stimulation des centres respiratoires probablement
hypersensibles chez les paniqueurs [31]. Le sous-type non
respiratoire répondrait plutôt aux benzodiazépines ce qui
est en faveur de la théorie de Nutt, impliquant les récep-
teurs benzodiazépiniques dans le TP [31].
Trouble panique à expression somatique
prédominante
Ce sous-type remplit les critères du DSM IV-TR pour le TP,
mais les crises ne comportent pas de symptômes cognitifs ;
il serait répandu en cardiologie.
En effet, Beitman et al. [4,5] ont montré que 32 % des
consultants qui souffraient de douleurs thoraciques aty-
piques ou non angoreuses, sans signes de maladie coronaire
et 41 % des patients hospitalisés dans un service de car-
diologie avec artères coronaires normales à l’angiographie,
satisfaisaient les critères TP à expression somatique prédo-
minante.
De même, Katon et al. [12] ont diagnostiqué un TP chez
43 % des patients ayant des douleurs thoraciques à coro-
narographie normale et chez 5 % des patients souffrant de
douleurs thoraciques avec sténose coronarienne.
Il serait intéressant de prendre en considération ce
sous-type car il a plusieurs implications. En effet, il s’agit
d’une variante répandue dans le contexte médical, souvent
méconnue, au prix d’un risque de désadaptation sociopro-
fessionnelle et d’une surconsommation médicale.
De même, ce sous-type peut ne pas être diagnosti-
qué dans la pratique psychiatrique alors que la présence
d’anxiété est exigée pour faire un diagnostic d’AP.
Enfin, la prévalence du TP peut être sous-estimée dans
les études épidémiologiques n’ayant pas considéré ce sous-
type.
Trouble panique avec agoraphobie ou l’inverse
La coexistence entre TP et agoraphobie semble particuliè-
rement évidente. Cependant, les relations respectives des
deux syndromes font l’objet de controverses.
Pour les tenants d’une théorie comportementale,
l’agoraphobie représente un syndrome à part entière fai-
sant partie des phobies et les crises d’angoisse qui en
émaillent l’évolution constituent des réponses anxieuses
aux stimuli phobogènes. Ils suggèrent que le trouble pho-
bique est le primum movens de la séquence d’apparition des
troubles. L’agoraphobie est donc l’organisateur du trouble
anxieux. Cette théorie est adoptée par la CIM 10 qui fait
une prééminence du diagnostic d’agoraphobie sur celui
du TP.
Quant à la psychiatrie américaine, à la suite des travaux
de Klein [16], elle a accentué l’importance des attaques de
panique dans la genèse des manifestations phobiques. Dès
lors, l’agoraphobie est considérée comme réponse secon-
daire, un pôle extrême d’évolution, ou de sévérité, du TP
plutôt qu’une entité séparée. Ainsi, les psychiatres amé-
ricains [16,29] plaident pour un rôle central des attaques
de panique en tant que facteur étiopathogénique dans le
développement de l’agoraphobie.
Le DSM III a adopté une position d’attente en séparant
les deux troubles : TP et agoraphobie alors que le DSM IIIR
supprime l’existence de l’agoraphobie sans TP et ne consi-
dère l’agoraphobie que comme conséquence directe du TP.
Quant au DSM IV, il fait réapparaître l’agoraphobie sans TP.
Le problème semble être encore non résolu.
Trouble panique et trouble anxiété généralisé
(TAG)
La coexistence du TP avec le TAG s’avère certaine dans
les études cliniques, ainsi que dans les enquêtes épidé-
miologiques [2] ; cela pourrait constituer un argument en
faveur d’une perspective uniciste même s’il est commu-
nément admis de séparer ces deux entités depuis le DSM
III.
En pratique clinique, la distinction entre TP et TAG
est moins tranchée qu’il n’y apparaît. Cela est dû à
l’existence d’attaques de panique paucisymptomatiques,
dont le caractère paroxystique est délicat à distinguer des
fluctuations du TAG. Cette comorbidité fréquente pour-
rait être due à la communauté de certains symptômes
du TP avec le TAG, ce qui pourrait aboutir à l’obtention
de double diagnostic par superposition des critères
[25].
De même, cette comorbidité fréquente a fait soulever,
selon certains auteurs, la question de la validité du TAG en
tant qu’entité morbide autonome, pouvant plutôt corres-
pondre à un syndrome résiduel du TP [24]. Cela est confirmé
par les études qui ont démontré qu’en cas de comorbidité,
le TAG apparaît rarement chronologiquement en premier
(12 %). En plus, et si l’on exclut, comme dans l’enquête ECA,
du diagnostic, les sujets ayant des antécédents de troubles
dépressifs et de TP, la prévalence du TAG sur la vie entière
s’abaisse à 1,6 % (la prévalence du TAG sur la vie entière
étant de 6,6 % selon l’enquête ECA) [25].