Information Scientifique N°3 (Juin 2016) PARATHORMONE (PTH) : Auteurs : Thomas PIERRE et Antoine MARTENOT, Biologistes médicaux BIOLAB 33 CHANGEMENT DE METHODE AU 13 JUIN 2016 A compter du 13 juin 2016, la méthode actuelle de « 2ème génération » sera remplacée par une méthode de « 3ème génération » (LIAISON® 1-84 PTH Assay, Diasorin). Nouvelles valeurs de référence : Cas général : 6.5 – 36.8 ng/L (0.69 - 3.90 pmol/L) Patient dialysé : entre 2 et 9 fois la limite supérieure de la normale (recommandations KDIGO), soit : Entre 73.6 et 331.2 ng/L La Parathormone (PTH) La parathormone (PTH) est une hormone hypercalcémiante synthétisée et sécrétée par les glandes parathyroïdes en réponse à une baisse de la calcémie ionisée (Cf figure 1). Elle agit : Au niveau rénal, en augmentant la réabsorption tubulaire distale du calcium (entraînant hypocalciurie et hypercalcémie) et en diminuant la réabsorption tubulaire proximale du phosphore Au niveau osseux, en activant les ostéoblastes et les ostéoclastes, stimulant ainsi le remodelage osseux et libérant ainsi le calcium de la matrice osseuse Et indirectement, en stimulant la synthèse rénale de 1,25-OH vitamine D (calcitriol), laquelle va augmenter l’absorption intestinale de calcium Figure 1 : Régulation de la calcémie : mécanismes mis en jeu pour répondre à une baisse de la calcémie ionisée www.biolab33.com La PTH biologiquement active est un peptide de 84 acides aminés. La demi-vie de la PTH (1-84) dans le sang est très courte (4 minutes environ), elle est clivée par le foie en fragments dits « non (1-84) », dont le fragment (7-84) qui peut inhiber la PTH (1-84). Ces fragments « non (1-84) » sont éliminés par le rein, et s’accumulent dans le sang en cas d’insuffisance rénale. Hyperparathyroïdies a) Hyperparathyroïdies primitives L’association « hypercalcémie + PTH élevée » fait le diagnostic dans la majorité des cas. La calcémie reste parfois normale, mais le plus souvent la mesure du calcium ionisé confirme l’élévation. Egalement, dans 10 à 20% des cas, la PTH est normale ou subnormale : il faut alors rechercher une hyperthyroïdie ou une sarcoïdose sous-jacente, qui inhibe la sécrétion de PTH ; l’hyperparathyroïdie ne sera démasquée qu’après guérison. Les hyperparathyroïdies primaires sont rares. L’hypercalcémie est en général modérée, asymptomatique et peu évolutive chez les femmes de plus de 45 ans. L’adénome est le plus souvent unique, et l’issue chirurgicale est excellente. Avant 40 ans, une hyperparathyroïdie évoque une néoplasie endocrinienne multiple (NEM). b) Hyperparathyroïdies secondaires L’association « hypocalcémie + PTH élevée » fait le diagnostic. La calcémie peut rester dans les limites physiologiques du fait de la compensation par la PTH. Les causes principales sont la carence en vitamine D, et l’insuffisance rénale. Reproduction autorisée à la condition de mentionner la source 1/2 Hypoparathyroïdies Méthodes de dosage de la PTH a) Déficit de sécrétion de PTH Le tableau biochimique associe « hypocalcémie, hyperphosporémie, hypocalciurie, PTH diminuée ou normale ». Les hypoparathyroïdies primitives peuvent être dues à : une chirurgie thyroïdienne ou parathyroïdienne une origine auto-immune, isolément ou associée à d’autres pathologies (thyroïdite de Hashimoto, anémie de Biermer, diabète type I, lupus) l’hémochromatose des infections systémiques, des pathologies inflammatoires le syndrome de Di George Il existe actuellement différentes méthodes pour mesurer la PTH dans le sérum. Les méthodes de « 2ème génération » sont connues pour mesurer la molécule totale (peptide 1-84) mais également d’autres fragments de PTH, dont le fragment 7-84. Depuis, des méthodes plus spécifiques dites de « 3ème génération » sont apparues permettant de doser spécifiquement la PTH (1-84) sans réaction croisée avec les autres fragments. Le dosage spécifique de la PTH (184) présente plusieurs avantages dont la réduction de la variabilité inter-méthode, et l’absence de surestimation des résultats chez les patients insuffisants rénaux, en particulier les patients dialysés. b) Freinage de la sécrétion de PTH Dans les formes avec hypercalcémie, il faut rechercher un traitement thiazidique, une lyse osseuse, une forme paranéoplasique à PTH-rp élevée, une pathologie granulomateuse (sarcoïdose, hémopathie), une hyperthyroïdie, un surdosage en vitamine D ou en vitamine A. Dans les formes avec hypocalcémie, la cause la plus fréquente est un déficit tissulaire en magnésium, (alcoolisme chronique…). Le magnésium sérique est souvent normal car l’hypomagnésémie n’apparait que lorsque les réserves tissulaires sont épuisées. L’hypoparathyroïdie disparait après réplétion en magnésium. Valeurs usuelles de la PTH : c) Résistance à l’action de la PTH On parle de « pseudo-hypoparathyroïdies ». Elles peuvent être : constitutives, tel le syndrome d’Albright (mutation des gènes des récepteurs de la PTH au niveau rénal) acquises, en particulier dans l’insuffisance rénale chronique (ostéopathies adynamiques). Dans ce cas, la PTH (1-84) est paradoxalement élevée mais le remodelage osseux faible, du fait de l’élévation du fragment (7-84), puissant inhibiteur de la PTH (1-84). Indications pour le dosage de la PTH La PTH présente un intérêt clinique majeur pour explorer toute anomalie du bilan phosphocalcique : Exploration d’une hypercalcémie, bilan d’une lithiase rénale, diagnostic différentiel d’une hypercalcémie paranéoplasique, suivi des insuffisants rénaux en hémodialyse, orientation diagnostique en cas de carence fruste en vitamine D Bilan d’hypocalcémie, de polyendocrinopathie autoimmune et autres causes d’hypoparathyroïdies, principalemement alcoolisme chronique et hémochromatose. www.biolab33.com A compter du 13 juin 2016 : Cas général : 6.5 – 36.8 ng/L (0.69 - 3.90 pmol/L) Patient dialysé : entre 2 et 9 fois la limite supérieure de la normale (recommandations KDIGO), soit : Entre 73.6 et 331.2 ng/L Les valeurs de la PTH doivent toujours être interprétées avec les données du bilan phosphocalcique (a minima : calcémie, phosphorémie), et peuvent être complétées par le calcium ionisé sanguin, la calciurie des 24h, voire la vitamine D et la fonction rénale. Recommandations pré-analytiques Sérum (Tube sec / Tube sec avec gel). Pas d’exigence de jeun ni d’horaire particulier. Acheminement au laboratoire < 4h Réalisation de l’analyse : Tous les jours du lundi au vendredi Tarif : B 60 Références Souberbielle JC, Boutten A, Carlier MC, Chevenne D, Coumaros G, Lawson-Body E et al. ”Inter-method variability in PTH measurement : implication for the care of CKD patients” Kidney Int, 2006, 70 : 345-50. Michal L. Melamed, Joseph A. Eustace, Laura C. Plantinga, Bernard G. Jaar et al. “Third-generation parathyroid hormone assays and all-cause mortality in incident dialysis patients : the CHOICE study”Nephrol Dial Transplant (2008) 23 : 1650-1658 KDIGO clinical practice guideline for the diagnosis, evaluation, prevention, and treatment of chronic kidney disease-related mineral and bone disorders (CKD-MBD). Kidney Int 2009 ; 76 (Suppl. 113s) : S1S130. Cavalier E, Souberbielle JC, Delanaye P. « Suivi biologique du métabolisme phosphocalcique chez le patient dialysé : que nous apportent les guidelines du KDIGO en pratique ? » Immunoanalyse & Biologie spécialisée 317-319 (2012) Cavalier E. New insights in the stability of Parathyroid Hormone as assayed by an automated 3rd generation PTH Assat Clin Chim Acta 2012 Jan 18;413(1-2):353-4 Evaluation of DiaSorin LIAISON 1-84 PTH assay- A new automatized immunoassay for the determination of 3rd generation PTH- Poster AACC (American Association for Clinical Chemistry).2010 Reproduction autorisée à la condition de mentionner la source 2/2