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Une méthode expérimentale pour évaluer
rapidement la compensation en zone
humide – La méthode MERCIe, principes et
applications
Rapport final
Agnès MECHIN, Sylvain PIOCH
RESUME
Les services de l’Etat chargés d’instruire les dossiers d’aménagement et de se prononcer sur les
mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts écologiques proposés par les
maîtres d’ouvrage se trouvent souvent démunis pour en vérifier l’éligibilité. En outre, les maîtres
d’ouvrages (et leurs bureaux d’études) ne peuvent pas se baser uniquement sur les inventaires
naturalistes, pour tester différentes alternatives d’aménagement, mieux cibler l’évitement et la réduction
ou anticiper les besoins de compensation.
Aussi, dans le cadre d’un projet financé par l’Onema (2013-2015), une méthode expérimentale
d’évaluation de la compensation « zones humides », dite méthode MERCIe
pour Méthode d’Evaluation
Rapide de la Compensation des Impacts écologiques, a été développée au sein de l’unité de recherche
du CEFE
à Montpellier. Fondée sur une approche opérationnelle, ses objectifs sont :
- d’appuyer les différents acteurs de la séquence Eviter-Réduire-Compenser dans la conception
et l’expertise des projets ;
- de respecter les principes de proportionnalité, d’équivalence et d’additionnalité (ou plus-value)
écologiques inscrits aux articles L. 122-3, R. 122-5 et R. 122-14 du Code de l’Environnement.
Le développement de cette méthode est parti du constat partagé de l’absence d’outils et de méthodes
homogènes et reproductibles nécessaires au dimensionnement de la compensation. Cette méthode
consiste à évaluer les pertes écologiques engendrées par le projet d’aménagement, et les gains
écologiques susceptibles d’être obtenus avec les mesures compensatoires. Il s’agit ensuite de les
comparer, en tenant compte 1) de l’incertitude liées à la réussite ou à l’échec des actions écologiques
mises en œuvre sur les sites de compensation et à la trajectoire naturelle de ces milieux ; et 2) du
décalage temporel entre le démarrage du chantier et l’atteinte de l’état de fonctionnement écologique
ciblé par la compensation. Soulignons que ces 2 critères sont imposés (mais à ce jour difficilement
appliqués) par la réglementation française pour les mesures de compensation.
A la différence d’autres approches existantes, cette méthode évalue l’état de fonctionnement d’une zone
humide dans sa globalité, et ne cible pas son analyse sur certaines espèces protégées ou sur certaines
de ses fonctions.
En outre, son état de fonctionnement écologique est analysé sous l’angle de son degré d’intégrité par
rapport à des facteurs d’altération d’origine humaine. A cette fin, 3 composantes sont étudiées
simultanément :
- la localisation de la zone et son degré d’interdépendance et de connectivité avec les zones
adjacentes ;
- l’hydrologie ;
- la structure des communautés végétales et les habitats pour la faune.
Zone d’impact et zone de compensation sont évaluées puis comparées selon ces mêmes composantes.
Cela permet de vérifier l’équivalence écologique, et de calculer une surface de compensation.
Encore à un stade expérimental, nos premiers tests et échanges avec les acteurs de terrain montrent
que cette méthode présente les avantages suivants :
- souple d’utilisation, transparente (indicateurs, coefficients, formules de calcul), équilibrée entre
opérationnalité, exhaustivité et robustesse scientifique ;
- facile d’utilisation (pas de niveau d’expertise élevé pré-requis), et peu coûteuse ;
- incite à rechercher davantage des mesures d’évitement et de réduction ;
- peut être mise en œuvre à tous les stades d’un projet.
Construite sur la base du dimensionnement des mesures compensatoires, la méthode MERCIe propose
en réalité une approche très opérationnelle pour améliorer dans son ensemble le respect de la séquence
Eviter, Réduire, Compenser.
MERCIe : le « e » de l’acronyme signifie « écologique » pour indiquer clairement que la méthode ne cible que les
impacts écologiques dans la séquence Eviter Réduire Compenser.
Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive, unité mixte de recherche CNRS – Université de Montpellier Paul
Valéry.