Préparation à la retraite, Etat de Genève, 19 octobre 2016 Bien vieillir, c’est l’affaire de toute une vie Dre A.-C. Juillerat Van der Linden Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, UniGE Consultation Vieillir et bien vivre, Cité Générations Association VIVA, Lancy Processus dynamique : Le vieillissement débute dès la conception. Bien vieillir se prépare en apprenant à mieux vivre, quel que soit son âge Transitions liées à la retraite Passage rituel Nouveau rôle dans la société, dans la famille, dans le couple Différences de revenus Du temps libre La liberté d’être et de ne plus seulement paraître La retraite, c’est une opportunité unique de dessiner soimême sa vie Un certain nombre de facteurs en interaction expliquent bien des différences interindividuelles et constituent des pistes de prévention toute la vie durant Il importe de se poser en amont un certain nombre de questions fondamentales sur ce qui constitue les satisfactions essentielles de son existence. Il n’est pas si évident de répondre à ces questions fondamentales si, pendant quarante ans, on ne se les est pas posées ! Des facteurs bio-physiologiques Patrimoine génétique Vision, audition Facteurs de risque vasculaires Traumatismes Sommeil crâniens Les facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension, diabète, tabagisme) Hygiène de sommeil - Pièce calme, tempérée Pas de TV Pas d’écrans bleus Souper léger Activité physique la journée, tranquillité avant l’endormissement - Eviter les décisions importantes, les conflits et les émotions fortes - Détente Des facteurs en lien avec le parcours de vie et la personnalité Evénements traumatiques, crises Image de soi, stéréotypes Stress Anxiété/optimisme Favoriser des émotions positives Se remémorer les bons moments et les victoires personnelles (év. livre de vie) Avoir des projets réjouissants Profiter des petits bonheurs quotidiens, les cultiver et surtout en avoir bien conscience Faire preuve de compassion envers soi Lâcher les regrets, les rancunes, la culpabilité qui, sinon, empoisonneront la retraite ; regarder les réalisations, les réussites. « J’ai fait le mieux possible dans les circonstances de l’époque et si je suis devenu-e ce que je suis, c’est aussi grâce à ma vie professionnelle.» Des facteurs en lien avec l’environnement Qualité de l’environnement [biologique et culturel] Alimentation Médicaments Tabagisme, Activité physique alcoolisme La nutrition - Q. Blake, «Vive nos vieux jours» Fruits et légumes Huiles non saturées (olive, colza, noix…) Limitation des graisses animales Vin « Régime méditerranéen » ATTENTION A CERTAINS MÉDICAMENTS Qui empêchent le cerveau de bien fonctionner et accélèrent son vieillissement Attention aux benzodiazépines (dont les somnifères), aux neuroleptiques, aux anti-urgences mictionnelles, aux interactions… Parlez-en à votre médecin ! Q. Blake, «Vive nos vieux jours» L’activité physique 10 km/sem., ½ h. de marche par jour Avec un moment plus soutenu Des facteurs psycho-sociaux Niveau scolaire Activités stimulantes Développement personnel Engagement, insertion sociale Statut socio-économique Statut marital Le vieillissement de la mémoire et de l’attention est influencé par : Les relations sociales et le sentiment d’appartenance à un groupe Q. Blake, «Vive nos vieux jours» Le vieillissement de la mémoire et de l’attention est influencé par : Les activités stimulantes (variété, défis, nouveaux apprentissages, ouverture vers la nouveauté, avoir des buts) Q. Blake, «Vive nos vieux jours» Clarke et al. (2012) 949 personnes > 50 ans dans la région de Chicago Un environnement qui offre les ressources physiques et sociales (p. ex., installations récréatives et sportives, structures associatives, salles de spectacles, bibliothèques, églises, etc.) a un effet positif sur le fonctionnement cognitif Par ailleurs, l’intégration sociale est fortement et positivement associée au fonctionnement cognitif S’engager, avoir des projets, se développer, se donner des défis Pour donner du sens à sa vie pour les années à venir, il faut bâtir un nouveau projet, se demander ce que l'on peut faire pour soi et pour les autres. L’épanouissement dans la retraite, c’est faire des choses en accord avec qui l’on est, par exemple des activités que l’on a laissées de côté toute sa vie et que l’on peut réactualiser (apprendre à jouer d’un instrument, aller à l’université, s’engager dans une activité militante, faire du bénévolat, se mettre à la pétanque…) Ne pas rester coincé des loyautés. Tenir compte de ses propres besoins et les respecter, s’autoriser à dire : « Oui, mais dans une mesure supportable ». Multiples opportunités de rester un-e « apprenant-e » à tout âge Importance du sentiment d’appartenance à un groupe. Des aménagements dans la vie de couple Adopter un style de vie qui convient à tous les deux Adopter un style de vie dans lequel chacun trouve son compte Apprendre à éliminer les habitudes de vie insupportables pour l’autre Apprendre à éviter de se blesser l’un l’autre Apprendre à répondre aux besoins de l’autre Se laisser de l’intimité l’un à l’autre durant la journée … Se souvenir des bons moments partagés. Voir comment en avoir de nouveaux. Créer de nouveaux souvenirs. Pardonner et oublier les vieilles blessures. Avoir pour but la meilleure vie commune possible pour les années à venir Au besoin, se faire aider… Avoir de nouveaux réseaux sociaux « Ce qui rapproche, ce n'est pas l'âge, c'est un projet et des centres d'intérêt communs, par exemple la randonnée, le sport, la musique, des activités créatives… Penser aux associations en tous genres Se réinvestir dans la vie familiale et/ou amicale, la convivialité, le mouvement à l’extérieur – la sédentarité est un gros risque pour la santé –, faire des découvertes. « La retraite, si l’on n’y est pas attentif, peut nous priver de l’interaction avec autrui, du regard des autres qui nous fait exister. Il y a des gens qui se laissent glisser.» De nombreuses pistes pour la prévention, mais… pas de panique et pas de fanatisme ! Il vaut toujours mieux profiter… avec modération ☺ UN REGARD PLUS SPÉCIFIQUE SUR LA MÉMOIRE… J’ai la mémoire qui flanche… Jeanne… M… Une bonne ou une mauvaise mémoire ? Attention : Il y a différentes mémoires, qui fonctionnent différemment, qui interagissent, qui dépendent de parties différentes du cerveau et qui sont influencées par d’autres capacités cognitives (« intellectuelles ») et émotionnelles. Mémoire et avancée en âge De quelle(s) mémoire(s) parle-t-on ? Comment la mémoire évolue-t-elle avec l’âge ? Quels sont les facteurs qui influencent le vieillissement de la mémoire ? Que peut-on faire ? La mémoire n’est pas «une» ; nous utilisons tous les jours différents types de mémoires De nombreux éléments, notamment le vieillissement – normal – du cerveau, influencent ces divers types de mémoires Des mesures de prévention et des stratégies peuvent permettre d’améliorer notre mémoire Les mots et le regard que nous portons sur nos difficultés comptent beaucoup et influencent nos performances Les différentes dimensions de la mémoire Mémoire à court terme (mémoire de travail) Mémoire à long terme mémoire épisodique mémoire sémantique mémoire(s) perceptive(s) mémoire procédurale Les différentes dimensions de la mémoire : l’exemple de la fabrication des lasagnes Mémoire à court terme (mémoire de travail) : Aller à la cave chercher de l’huile, de la sauce tomates et des pâtes et ne rien oublier Composer le numéro de sa copine italienne pour lui demander si elle met du vin rouge dans sa sauce Chanter Gianna Nannini ou écouter la radio en préparant le plat Mémoire à court terme (mémoire de travail) Administrateur central de la mémoire de travail : manipule des informations stockées temporairement et partage les ressources disponibles : écouter la radio en préparant à manger, discuter en conduisant... Les différentes dimensions de la mémoire : l’exemple de la fabrication des lasagnes Mémoire épisodique Se souvenir de la recette de lasagne que la copine italienne a donnée la veille Se souvenir que l’on a déjà salé l’eau des pâtes quelques minutes avant Les différentes dimensions de la mémoire : l’exemple de la fabrication des lasagnes Mémoire sémantique Connaître les variétés de tomates Connaître les ingrédients de la sauce Béchamel Connaître des marques de pâtes italiennes Savoir qui était le marquis de Nointel (Louis Béchameil) Les différentes dimensions de la mémoire : l’exemple de la fabrication des lasagnes Mémoire perceptive Connaissances concernant les ustensiles à utiliser Les différentes dimensions de la mémoire : l’exemple de la fabrication des lasagnes Mémoire procédurale Savoir couper les oignons finement sans se couper Savoir éplucher rapidement une carotte Savoir préparer le roux et la béchamel sans faire de grumeaux On acquiert l’habileté, on progresse, mais sans se souvenir de chaque étape de l’apprentissage. L’épisode du brossage des dents de ce matin Souvenirs épisodiques Beaucoup de souvenirs épisodiques sont créés dans une journée, mais beaucoup deviendront difficilement accessibles au bout de quelques jours ils ne sont pas perdus mais restent disponibles à un niveau plus inconscient ? ils peuvent être récupérés involontairement : le moment «proustien» Souvenirs épisodiques … Et dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (…), aussitôt la vieille maison grise, sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon.… Liens entre mémoire épisodique et identité Les souvenirs qui resteront accessibles de façon durable sont ceux qui auront été mis en lien avec nos buts, nos valeurs, nos croyances (notre identité Liens entre mémoire épisodique et identité Une vie sans sens et sans buts affecte la mémoire des événements personnels l’exemple de la vie en EMS Nos croyances vont influencer la récupération des souvenirs personnels l’exemple de la dépression: récupération préférentielle de souvenirs négatifs En vieillissant… Effet de l’âge sur différents aspects de la mémoire mémoire de travail mémoire épisodique certains aspects de la mémoire sémantique: p. ex., récupérer les noms de personnes connues mémoire prospective Le fonctionnement de la mémoire dépend en partie de difficultés plus générales difficultés d’attention du ralentissement de la difficulté de résister aux informations distractrices Le fonctionnement de la mémoire et de l’attention dépendent de nombreux facteurs – pas seulement biologiques – qui interviennent tout au long de la vie ! Le fonctionnement de la mémoire dépend aussi: alimentation activité physique facteurs cardiovasculaires (p. ex. hypertension) stress, dépression, sentiment de solitude avoir des buts, des activités à défi et variées prise de certains médicaments (p. ex. benzodiazépines) croyances négatives sur le vieillissement (stéréotypes) Fonctionnement cérébral et avancée en âge Le fonctionnement cérébral/cognitif - y compris celui de la mémoire – dépend de très nombreux processus • biologiques, psychologiques, sociaux, culturels, • environnementaux • • • aux interactions complexes ! Vieillissement cérébral problématique : la conception biomédicale «Maladie» d’Alzheimer» Vieillissement normal «Démence» vasculaire Difficultés cognitives liées à l’âge «Démence» frontale Etc. Que montrent les données de la recherche ? La frontière entre le vieillissement dit normal et la « maladie d’Alzheimer » n’est pas claire de nombreuses personnes âgées présentent des signes considérés comme typiques de la maladie d’Alzheimer (plaques séniles et des dégénérescences neurofibrillaires), sans manifester de troubles intellectuels (de «démence») • 65% des personnes âgées de plus de 80 ans ont une positivité amyloïde et pourraient donc être diagnostiquées comme ayant une MA ou une pré-MA La « maladie d’Alzheimer » n’a pas de symptômes cognitifs spécifiques Les personnes qui ont reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » ont très souvent différents types d’anomalies cérébrales De multiples facteurs sont impliqués dans la survenue d’un vieillissement cérébral/cognitif plus ou moins problématique Influence de très nombreux facteurs (médicaux, psychologiques, sociaux, environnementaux, style de vie), intervenant tout au long de la vie activité physique niveau d’éducation activité intellectuelle et de loisirs (engagement, défi) buts dans la vie sentiment de solitude enfance défavorisée, vulnérabilité sociale épisodes dépressifs antérieurs, stress nutrition toxines environnementales benzodiazépines troubles du sommeil mauvaise vision, audition diabète tabagisme risques vasculaires (diabète, hypertension, etc.) traumatisme crânien etc. 2014 ATTENTION AUX STEREOTYPES ! Contrer les stéréotypes et se raconter une autre histoire, garder le contrôle Effets sur la mémoire, la distractibilité et l’anxiété/le stress Des interventions nécessaires à tous les niveaux, de l’individuel au mondial