OLYMPIADES DE PHYSIQUE France XIXe édition Année 2012-2013 Optique musicale Elèves participants : Salaberry Léa, Pulicani Ombeline, Micheli Amaury, Pouyanne Damien, Le Parc Samuel, Vaughan Streater Dylan. Avec LACLAVERIE Jean-Michel Professeur encadrant Lycée Bernard Palissy- AGEN Académie de Bordeaux Table des matières Résumé (Abstract) Mots clefs Partenaires Introduction A- Ondes stationnaires dans une corde 1- Modes de vibration d’une corde fixée aux deux extrémités 2- Vibrations libres ou vibrations forcées 3- Enregistrement du son d’un instrument à corde par un microphone et un capteur piezo électrique 3.1- Microphone électrodynamique et capteur piézoélectrique 3.2- Note de musique et fréquence 3.3- Réalisation et comparaison des enregistrements B- Transmission de l’information par les ondes électromagnétiques 1234- Détecteur de présence : un système binaire Modulation d’un signal lumineux Expérience du Peigne-Laser et de la roue du vélo Etude d’une corde 4.1- Montage à fourche optique 4.2- Ecoute optique d’une corde unique avec phototransistor séparés. Laser C- Application : vers une musique à écoute optique D- Effets sonores: utilisation d’un filtre passe-bande Conclusion Annexes XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 2 et Résumé : Le son produit par un instrument de musique à cordes est habituellement enregistré par un microphone (grâce aux vibrations de l’air) ou un capteur piézoélectrique (grâce aux vibrations de la caisse de résonance). Un faisceau laser peut transporter une information jusqu’à un capteur en étant modulé, ou simplement détecter une présence en étant coupé. Nous avons réalisé et étudié l’écoute optique des vibrations d’une corde, grâce à un phototransistor et un laser. La qualité des enregistrements a été évaluée grâce à l’analyse de Fourier. Avec nos trois types de capteur, nous avons comparé les tensions obtenues, images des vibrations de l’air, de la caisse ou directement de la corde. Puis le système d’écoute a été relié à un amplificateur et un haut-parleur et a permis une création musicale originale. Un filtre a été intercalé entre le capteur et le haut-parleur pour modifier le son. Mots clefs : acoustique musicale – photocapteur – filtre passe bande. Partenaires : Conservatoire de musique et de danse Départemental d’Agen. à Rayonnement Introduction Lorsque nous écoutons le son d’une guitare ou d’un violon, c’est une onde acoustique qui arrive jusqu’à nos tympans. Elle est transportée par l’air, qui vibre à cause des vibrations produites par les cordes, la caisse de résonance de l’instrument et l’air qu’elle renferme. Comment peut-on enregistrer ce son ? Avec un microphone par exemple, qui est constitué d’une membrane qui vibrera sous l’action de l’air traversé par l’onde acoustique. Un signal électrique, à l’image du signal acoustique, est produit par ce capteur. Un capteur piezo électrique, fixé sur la caisse de résonance peut aussi enregistrer le son. Il sera sensible aux vibrations de la caisse, et non pas directement de l’air. Nous nous sommes demandé s’il était possible d’enregistrer directement le signal issu des vibrations des cordes, pas celui transporté par l’air comme le fait le microphone, ou celui issu des vibrations de la caisse utilisé par les capteurs piezo électriques. Nous sommes tous des musiciens, comme notre professeur. Un micro et un bon système de restitution du son reproduisent assez fidèlement le son entendu directement. Mais l’air et la caisse entrent en résonance pour fabriquer l’impression sonore de l’auditeur. Est-il possible de s’affranchir de tout cela pour écouter le son de la corde seule ? Plus d’air, plus de caisse, la corde seule, car c’est là que tout commence. Le cours d’acoustique nous apprend que la caisse de résonance permet de mettre en valeur certaines fréquences et d’en atténuer d’autres. Tous les sons d’instruments à corde dépendent de la forme de la caisse de résonance. Notre quête, c’est de remonter à la source, au son original produit par la corde, pour mieux comprendre ensuite le rôle de la caisse de résonance. Peut-être allons nous ainsi découvrir de nouveaux sons, une nouvelle impression musicale, car personne n’écoute jamais directement le son des cordes. Un micro, un capteur piezo ou notre oreille ne permettent pas de le faire. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 3 Nous avons décidé de regarder vibrer la corde pour enregistrer son signal. Les astrophysiciens utilisent cette technique pour étudier les ondes sismiques dans les étoiles. En effet, les ondes mécaniques ayant besoin d’un support matériel pour se propager, il est impossible à ce type d’onde de se propager en dehors d’une étoile. Il faut donc les enregistrer indirectement. Pour le soleil, la sonde SOHO avec son spectrophotomètre GOLF à effet Zeeman, utilise la lumière venant de la surface solaire pour reconstituer les modes de vibration solaire grâce à l’effet Doppler. Notre technique est plus simple que celle des héliosismologues. Une diode électroluminescente produit un signal lumineux en direction d’un photocapteur. La corde vibrante est placée entre les deux. Ce système est d’habitude utilisé pour étudier la rotation d’une roue, et la tension du détecteur varie seulement entre deux états (éclairé ou non éclairé). N’ayant pas trouvé de documentation sur l’utilisation d’un photocapteur pour étudier les vibrations d’une corde, nous ne savions pas à quel résultat nous attendre : signal numérique variant seulement entre deux états, ou signal analogique ? Pour chacune de nos séances de travail, nous avons essayé d’applique la méthode de la roue de Deming pour mener une expérimentation scientifique structurée et efficace : Planifier, agir, vérifier et réagir. Planifier des expériences, puis les réaliser. Vérifier si leurs résultats sont cohérents avec une recherche documentaire et avec l’avis de notre professeur, puis réagir pour préparer la nouvelle séance de travail. Nous allons d’abord présenter les ondes stationnaires s’établissant dans une corde de violon lors de l’émission sonore. Puis nous étudierons l’enregistrement du son d’un instrument à corde par un microphone, puis par un capteur piezo électrique. Ensuite nous aborderons le montage électronique permettant d’enregistrer optiquement les vibrations de la corde. Enfin nous essayerons d’appliquer ce système une production musicale innovante, en utilisant un filtre passe bande pour modifier le son. A- Ondes stationnaires dans une corde 1- Modes de vibration d’une corde fixée aux deux extrémités Le jeudi 05 avril 2012, Léa, Dylan et Samuel ont réalisé l’expérience de la corde de Melde, pour comprendre comment vibre une corde soumise à une excitation. Les vibrations étudiées ici sont des vibrations forcées. C’est notre première expérience d’acoustique ! On a utilisé un vibreur, qui est en fait un simple haut-parleur, dont la membrane est associée à une petite tige. L’extrémité de la corde, accrochée à la tige, vibre à la même fréquence que le signal venant du générateur de signaux. Nous avons fait vibrer la corde qui est tendue par une petite masse. Puis nous avons étudié l’évolution de la fréquence du mode fondamental et des premiers harmoniques, en changeant la masse et la longueur du fil. Nous avons relevé les valeurs des différentes fréquences en fonction du nombre de fuseau observé sur la corde vibrante. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 4 - - Voici nos remarques : Les fréquences des harmoniques sont multiples de la fréquence du fondamental. Pour une longueur de corde fixe, plus la masse qui tend la corde est grande, plus la fréquence du fondamental est grande. C’est comme lorsque l’on tend la corde d’un violon. Plus on tire dessus, plus le son est aigu. Pour une masse fixe, lorsque la longueur de la corde augmente, la fréquence du fondamental diminue. Les longues cordes de contrebasse donnent un son plus grave que les petites cordes d’un violon. Schéma de notre expérience: λ/2 Noeud Générateur de signaux Ventre Noeud Ventre Noeud Vibreur M Dylan face au deuxième harmonique Léa et le sixième harmonique La longueur de la corde est multiple de la demi-longueur d’onde : L = n λ/2. Deux nœuds sont toujours aux extrémités, et la distance entre deux nœuds consécutifs est égale à λ/2. Fréquences de résonance (Hz) F1 F2 F3 F4 Masse (g) Longueur (cm) 1 2 3 100 80 22 44 66 50 80 21 38 62 20 80 13 26 39 100 100 26 47 71 50 100 18 38 57 20 100 13 29 39 F5 F6 4 5 80 50 100 63 90 59 F7 6 7 108 68 Quantitativement, nos mesures ont donc montré que la fréquence de vibration de la corde pour le mode fondamental est inversement proportionnelle à la longueur de la corde. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 5 L = n λ/2 = n v.T/2 = n v/(2f) = n/(2f). (F/μ)1/2 donc f (Hz) = n/(2L) (F/μ)1/2. Avec f la fréquence de vibration (Hz), T la période (s), F la force de tension de la corde (N), μ la masse linéique de la corde (kg/m), v la célérité de l’onde dans la corde (m/s), λ la longueur d’onde (m), et n le numéro de l’harmonique. Grâce à cette expérience, nous avons montré que lorsqu’une corde vibre, des ondes stationnaires s’établissent dans certaines conditions, avec des nœuds et des ventres localisés. 2- Vibrations libres ou vibrations forcées Les vibrations des cordes vocales d’Ombeline sont forcées, comme celle du violon de Damien. En effet la corde est excitée à chaque instant, par le souffle du chanteur ou le dérapage de l’archet. Par contre la guitare d’Amaury fonctionne en oscillations libres, comme le piano. Une fois pincées ou frappées les cordes oscillent librement. Lorsqu’un son est produit par une corde, il est rarement une vibration sinusoïdale parfaite. Les courbes de forme complexe montrent la présence d’harmoniques : ce sont ces vibrations de fréquence 2f, 3f…, de différentes amplitudes qui sont responsable du timbre et font la richesse d’un son composé. Notre quête est d’étudier l’enregistrement d’un son pour déterminer si la part des différents harmoniques dépend seulement du son lui-même ou aussi des moyens utilisés pour l’enregistrer. 3- Enregistrement du son d’un instrument à corde par un microphone et un capteur piezo électrique Le jeudi 05 avril 2012, nous souhaitions comparer un enregistrement fait avec un microphone classique et un capteur piézoélectrique souvent utilisé pour enregistrer ou sonoriser les guitares. Pour cela nous avons enregistré la voix d’Ombeline et le son du violon de Damien simultanément avec le microphone et le capteur piezo au moyen du logiciel Latis Pro et d’un boitier d’acquisition SYSAM SP5. Mais auparavant nous avons cherché à comprendre le fonctionnement d’un micro, d’un capteur piezo, et nous avons précisé quelques notions sur les notes et leurs fréquences. 3.1- Microphone électrodynamique et capteur piézoélectrique Un microphone, comme un capteur piézoélectrique, est un transducteur d'énergie, car il transforme de l'énergie acoustique en énergie électrique. Cette transformation d’énergie ne s’effectue pas directement : il y a un passage par un stade intermédiaire, celui ou l’énergie mécanique est emmagasinée par un solide qui se meut ou qui est déformé : c’est la membrane pour le microphone. Cette membrane XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 6 qui se déplace au rythme des vibrations acoustiques entraîne une modification de la position de la bobine par rapport à l’aimant. Ce phénomène entraîne la production d’une grandeur électrique variable : la force électromotrice induite. Pour transformer l'énergie acoustique en énergie électrique, le microphone électrodynamique se base sur le phénomène d'induction électromagnétique, dont la découverte est attribuée à Michael Faraday (1791-1867) en 1831. La force électromotrice induite est proportionnelle aux oscillations de la membrane, qui elles-mêmes sont proportionnelles aux variations de la pression acoustique. Un capteur piézoélectrique crée une tension à cause d’une variation de pression qu’il subit. Les variations de pression sont dues aux ondes acoustiques se propageant dans la caisse de résonance. 3.2- Note de musique et fréquence Tout son musical (ou note) possède une fréquence fondamentale correspondant à sa hauteur. Deux notes dont les fréquences fondamentales ont un ratio qui est une puissance de deux (c'est-à-dire la moitié, le double, le quadruple...) donnent deux sons très similaires. Cette observation permet de regrouper toutes les notes qui ont cette propriété dans la même catégorie de hauteur. Dans la musique occidentale, les différentes catégories de hauteurs sont au nombre de sept et s'appellent : do, ré, mi, fa, sol, la et si. L'intervalle compris entre deux hauteurs dont la fréquence de l'une vaut le double (ou la moitié) de l'autre s'appelle une octave. Pour distinguer deux notes de même nom dans deux octaves différentes, on numérote les octaves et donne ce numéro aux notes correspondantes : par exemple, le « La3 » (ou A4) a une fréquence de 440 Hertz dans la norme internationale. Cette fréquence de référence est donnée par un diapason1. Cependant une note donnée n’est pas caractérisée par une seule fréquence. La hauteur perçue correspond le plus souvent à la fréquence fondamentale, mais le timbre du violon est différent de celui de la guitare, car le son contient d’autres fréquences, multiples du fondamental, les harmoniques. Le timbre dépend de l’amplitude relative de chacun des harmoniques. Lors des enregistrements présentés ci-dessous, nous étudierons grâce à l’analyse de Fourier la part des différents harmoniques dans le son. 3.3 Réalisation et comparaison des enregistrements Nous avons étudié la voix d’Ombeline et de son du violon de Damien avec un capteur piézoélectrique et avec un microphone du lycée. Nous avons soudé nous même deux fils sur la pastille du capteur piézoélectrique acheté moins d’1 Euros chez un fournisseur d’électronique. Pour l’enregistrement de la voix, Damien tenait le microphone et Ombeline appuyait le piezo contre sa gorge. Nous avons dû baisser le niveau d’enregistrement du capteur piezo car l’enregistrement saturait. Les enregistrement sont faits sur le 1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Note_de_musique XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 7 logiciel Latispro, équipé d’une carte d’acquisition SYSAM-SP5, avec un boitier d’amplification pour microphones. On observe des courbes différentes avec le capteur piezo et le microphone pour la même prise de son. En revanche les périodes du fondamental ne diffèrent que de 0,013 ms soit 0,57 %. Cette différence nous semble due à notre utilisation du réticule pour déterminer la période. Malgré les 5 chiffres significatifs affichés par le logiciel, 3 au plus doivent l’être vraiment. Conclusion : La fréquence du son perçu reste la même quelque soit le capteur, par contre le timbre change. Cependant pour analyser le timbre, regarder l’allure de la courbe n’est pas suffisant. Nous avons utilisé l’analyse de Fourier, qui permet de visualiser l’amplitude relative de chacun des harmoniques composants le son : le capteur piezo donne un fondamental à 440 Hz qui domine et un second harmonique. C’est un la 440 Hz que nous percevons, ce qui est en accord avec l’analyse du son du capteur. Par contre les résultats sont très différents pour le micro. Le second harmonique (880 Hz) a une amplitude 4 fois plus importante que le fondamental. Mais c’est La 440, le La du téléphone que nous percevons à l’oreille. Dans ce cas, le capteur piezo nous semble plus fidèle que le micro. Nous avons voulu vérifier ce résultat avec l’enregistrement du son d’un instrument à corde. Amaury a tenu le microphone et le capteur piezo contre le violon pendant que Damien jouait. Nous avons là aussi obtenu des courbes différentes mais des fréquences et des périodes égales à 0,60 % prés (périodes identiques si nous ne retenons que 3 chiffres significatifs). XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 8 Le son du violon semble plus riche en harmoniques que la voie d’Ombeline, quelque soit le moyen de l’enregistrer. Dans les deux cas le fondamental domine. Mais le capteur piezo fait apparaître des harmoniques 7, 8, 9 avec une amplitude importante, ce que ne voit pas le micro. Cependant, nous étions étonnés de ces résultats et le 12 avril nous avons refait les mêmes mesures avec un autre capteur piezo électrique, beaucoup plus cher, acheté dans un magasin de musique (1Euros chez Conrad pour celui du labo et 30 Euros pour celui du magasin de musique). Les résultats furent peu différents. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 9 Les formes des courbes restent différentes ainsi que les analyses de Fourier. Il n’y a aucune différence de qualité entre un capteur piezo nu de chez Conrad et celui 30 fois plus cher d’un magasin de musique ! Nous pouvons conclure qu’un capteur piézoélectrique et un microphone électrodynamique enregistrent un signal ayant les caractéristiques suivantes : - Même période et même fréquence fondamentale pour les deux capteurs et pour le son perçu directement à l’oreille - Timbre différent car la part des différents harmoniques change. On peut supposer que cette différence est due aux vibrations de la caisse de résonance (caisse du violon ou gorge du chanteur) qui ne se transmettent pas toutes de la XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 10 même manière à l’air ou au capteur piezo. En effet, il peut y avoir des modes de vibration perpendiculaires à la surface (transversales) et d’autres parallèles (longitudinales). Le capteur piezo est un accéléromètre surtout sensible aux ondes transversales. De plus la caisse présente comme la corde des nœuds et des ventres de vibration (figure de Chaldini). Si le capteur est sur un nœud, il ne perçoit pas le mode de vibration correspondant. C’est comme si nous regardions une corde résonante uniquement sur un nœud. Nous aurions l’impression qu’elle ne vibre pas. B- Transmission de l’information par les ondes électromagnétiques 1- Détecteur de présence : un système binaire Nous disposons d’un laser rouge Hélium-Néon que nous plaçons en face d’un phototransistor associé à une résistance. La tension du phototransistor est ensuite envoyée vers un amplificateur puis un haut-parleur. Ce montage est extrait du livre de spécialité physique TS. N’ayant pas la résistance de 0,5kΩ proposée sur le schéma, nous l’avons remplacée par 2 résistances d’1kΩ en parallèle. L’entrée analogique EA0 enregistre directement la tension de la résistance, et le condensateur permet ensuite d’éliminer la composante continue. Cela sera très important par la suite, car le signal d’un micro n’a pas de composante continue, et notre système optique doit être vu comme un micro par l’amplificateur qui traitera son signal. Des valeurs de C de 220 nF à 5μF fonctionnent comme il faut. N’ayant jamais appris ni l’électricité, ni l’électronique au lycée, nous avons simplement réalisé ce schéma trouvé dans le livre, et modifié les valeurs de R et C pour comprendre leur rôle. Notre approche est uniquement empirique. Comme James Dyson le célèbre inventeur qui réalisa plus de 5000 prototypes de son aspirateur avant d’être satisfait, nous avons modifié notre montage pour mieux le comprendre. Schéma du montage : +5V Entrée Analogique EA0 Laser rouge EA1 ou entrée micro de l’ordinateur ou de l’amplificateur + HP 220 nF à 5 μF 2 x 1 kΩ XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 11 Notre système permet de détecter une coupure du faisceau lumineux. La tension bascule entre deux états : +160 mV si la lumière Laser atteint le capteur. 0 V si le faisceau laser est coupé par un obstacle. Nous n’avons pour l’instant qu’un système binaire. Nous ne savions pas à ce stade de notre travail, si le mouvement d’une corde dans le faisceau serait codé par une suite de 1 et de 0, ou par une tension analogique. Quoiqu’il en soit, si la présence d’un obstacle a été détectée, nous espérions que les vibrations d’une corde pourraient l’être aussi. 2- Modulation d’un signal lumineux L’utilisation de la lumière Laser et du phototransistor a permis de déterminer si un obstacle coupe le faisceau. Nous avons récupéré une information simplement binaire. Mais notre système peut faire plus. Il est possible de transmettre par modulation de la lumière laser une information musicale. Notre Laser a une entrée modulation sur laquelle nous branchons un module musical. Si le faisceau atteint le phototransistor nous entendons la mélodie sur le haut-parleur. Le phototransistor peut percevoir des variations de l’intensité lumineuse qui sont à l’image d’un son. La question qu’il nous reste à résoudre est donc la suivante : Le transistor pourra-t-il percevoir les variations d’intensité lumineuse du aux vibrations d’une corde ? 3- Expérience du Peigne-Laser et de la roue du vélo Avant d’utiliser les vibrations d’une corde dans le faisceau, nous avons tenté d’autres expériences complémentaires, pour couper périodiquement le passage de la lumière. Utilisons le montage de la première expérience, sans musique modulant le Laser. Déplaçons un peigne dans le faisceau Laser. Le capteur perçoit les mouvements du peigne. Pour chaque passage d’une dent du peigne dans le faisceau nous obtenons un pic. La tension est analogique et varie continument. Nous pouvons l’utiliser pour déterminer la vitesse du peigne, connaissant l’écart entre deux dents : V = 3,5. 10-3/12.10-3 = 0,29 m/s = 29 cm/s XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 12 Delta t = 12 ms Le signal envoyé vers le haut-parleur est un bruit grave non musical. Avec une roue de vélo à la place du peigne, nous obtenons le même type d’enregistrement. Nous pouvons déterminer la vitesse de rotation de la roue. Si la vitesse de rotation de la roue est suffisante, nous percevons un son musical grave en sortie du haut parleur. Par exemple, nous avons obtenu un delta t = 9 ms pour une fréquence de 111 Hz. C’est un son deux octaves au dessous du la du téléphone. 4- Etude d’une corde Nous arrivons maintenant au cœur de notre travail : l’enregistrement des vibrations de la corde. Nous avons testé un montage à fourche optique, puis nous sommes revenus sur le montage précédent à phototransistor et Laser séparés. 4.1- Montage à fourche optique Une diode électroluminescente est abrégée sous les sigles DEL ou LED (de l'anglais light emitting diode). C'est un composant opto-électronique capable d’émettre de la lumière lorsqu’il est parcouru par un courant électrique. Une diode électroluminescente ne laisse passer le courant électrique que dans un seul sens. L’intensité lumineuse générale des diodes électroluminescentes est assez faible, mais suffisante pour être capté par un phototransistor. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 13 Nous avons commandé chez Conrad une barrière photoélectrique, c'est-à-dire un système associant une source de lumière et un photodétecteur. Nous avons choisi un « Photomicrosensor (Transmissive) EE-SX1041 ». Pourquoi celui-là ? Parce que c’est la barrière photoélectrique la plus large vendue chez ce fournisseur. La corde doit avoir la place pour osciller. La barrière utilise une photodiode infrarouge et un phototransistor. Photodiode Phototransistor La notice du composant indique que la tension seuil de la diode est proche de 1,2 V. L’intensité doit être de quelques dizaines de milliampères. La longueur d’onde de la lumière émisse est λ= 940 nm, pour une intensité de 20 mA. Pour le phototransistor, la tension à ses bornes dépend de l’intensité lumineuse et de l’intensité du courant le traversant. La notice nous a aussi donné le schéma du circuit dans lequel intégré la barrière photoélectrique. Les résistances sont indispensables pour limiter l’intensité du courant et ne pas détériorer les composants et les générateurs. Une résistance de 500 Ω pour la diode, et d’1kΩ pour le transistor conviennent. Pourquoi ces valeurs ? Nous ne savons pas les calculer, mais nous avons trouvé sur un site : « LE PHOTOTRANSISTOR ET LA FOURCHE OPTIQUE »2, des montages comparables utilisant des résistances entre 220 Ω et 4,7 kΩ. Après plusieurs essais, sans rien casser, le montage fonctionne. La tension aux bornes de la photodiode est de 1,15 V. Celle aux bornes du phototransistor est de 650 mV lorsque la corde ne vibre pas. La tension d’alimentation du phototransistor est de 5V, et celle de la photodiode de 4V. La tension de 5V est directement fournie par la plaque SYSAM-SP5 du logiciel Latispro. La barrière est soudée avec 4 long fils, sur une plaque, pour pouvoir être placée sous une corde. Puis nous tentons un premier enregistrement. 2 http://frederic.ducrocq.free.fr/Station_meteo/Anemometre/fabrication_helice.htm XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 14 Le premier résultat est encourageant : - La barrière optique voit les vibrations de la corde. - Le signal obtenu est analogique et a même allure que celui obtenu avec un micro. - La barrière ne gêne pas les vibrations de la corde si elle est décalée de quelques centimètres par rapport à la rosace, et si la corde n’est pas excitée trop fort. Donc, un enregistrement optique du mouvement d’une corde est possible avec une barrière photoélectrique. Ce montage permet d’étudier les vibrations d’une corde, sans avoir à démonter les autres. Il y a cependant des limites à notre méthode. L’enregistrement des vibrations des 3 cordes transparentes en nylon les plus aigües de la guitare acoustique n’est pas possible. Le capteur ne voit pas les cordes. Par ailleurs, en situation de jeu, la barrière photoélectrique est trop souvent en contact avec les cordes, ce qui perturbe la production sonore. Il faut changer de montage, car nous voulons un système utilisable par un musicien, et pas seulement par un physicien. 4.2- Ecoute optique d’une corde unique avec Laser et phototransistor séparés. Pour pouvoir utiliser notre instrument de musique à une corde, il est obligatoire de le relier à un amplificateur. L’amplificateur Jeulin relié à un haut-parleur produisait un son médiocre dans les expériences avec peigne, roue de vélo, ou modulation, avec beaucoup de souffle : pourquoi ? Il faut d’abord éliminer la composante continue contenue dans le signal. Pour cela un condensateur de valeur comprise entre 220 nF et 5 μF convient. Pour des valeurs plus faibles (22 nF par exemple), la forme du signal est mal respectée. Pour des valeurs trop élevées (4700 μF par exemple), la composante continue n’est pas éliminée. Nous pensons qu’il s’agit d’un problème d’adaptation d’impédance. Nous avons mesuré à l’Ohmmètre la résistance d’un micro du lycée : 532 Ω. Puis celle de l’entrée micro d’un ordinateur : 1355 Ω. La valeur assez élevée de l’entrée micro de l’ordinateur permet de limiter l’intensité fournie par le micro (Loi d’Ohm : si R augmente, I diminue pour une tension donnée). Nous constatons que sur Audacity, le son enregistré est correct. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 15 Nous avons cherché à adapter par l’expérience, la tension de sortie de notre capteur à l’entrée d’un amplificateur ou à l’entrée micro de l’ordinateur. Une résistance de 500 Ω convient. Avec 1 kΩ, ou des valeurs supérieures, un souffle est présent dans le son, alors que ce n’est plus le cas avec 500 Ω. Nous choisissons donc 500 Ω. +5V Laser rouge EA0 EA1 ou entrée micro de l’ordinateur ou de l’amplificateur 220 nF à 5 μF 2 x 1 kΩ Voici un exemple d’enregistrement obtenu sur Latispro pour une corde fine. Le signal bleu, sur l’entrée EAO n’est pas centré. Par contre celui sur l’entrée EA1 est centré, et la forme de l’onde est respectée. Le condensateur a joué son rôle en éliminant la composante continue. Un micro (Son 1) permet d’enregistrer directement le son de la corde. Mais comme la corde est seule, dans caisse de résonance, le son est très faible et le micro a du mal à le percevoir. L’ampli son Eurosmart est au maximum, ce qui explique le bruit sur la courbe. Les formes des courbes micro et capteur optique restent proches. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 16 Examinons le cas d’un cordon élastique assez large. Le faisceau Laser est complètement coupé par une grosse corde, et le son enregistré est distordu. Le même pic à 160 Hz apparait dans les deux analyses, mais le reste est différent, notamment à cause du bruit sur le micro, qui a du mal à capter le son. Donc le son de la grosse corde est mal enregistré par notre capteur optique. Il y a une distorsion. Nous avons donc deux possibilités d’utilisation de notre système : - des petites cordes pour obtenir un enregistrement fidèle. - des grosses cordes pour obtenir un son « saturé » et distordu, qui présente un véritable intérêt musical (Pensez à des guitares électriques utilisées en hard rock). Alors que les musiciens utilisent une électronique supplémentaire pour obtenir un tel XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 17 effet, notre système produit directement ce son saturé. Moins d’électronique, moins de sources de panne, moins de source de bruit. C-Application : vers une musique à écoute optique Nous ne pouvons pour l’instant enregistrer que le son d’une seule corde à la fois. Le dispositif doit devenir portable. Nous remplaçons le laser du lycée par un petit pointeur Laser, plus facile à fixer sur une guitare ou un violon. Phototransistor Corde Pointeur Laser Le montage reste bâti sur le même principe que précédemment. 1 kΩ Envoyé vers l’ampli guitare Le signal est ensuite envoyé vers l’entrée son de l’ordinateur ou un ampli de guitare. Voici un enregistrement avec le système fixé à une guitare folk et utilisé par un vrai musicien. Il est opérationnel, utilisable sans gêner le musicien, et le résultat obtenu directement sur l’ampli guitare est très satisfaisant. Il a fallu le fixer a grand renfort de scotch et de Pâteàfix, pour éviter que le laser ou le phototransistor se XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 18 décalent. Le pointeur Laser est insérer dans un petit tube, qui maintient enfoncé le bouton poussoir. Le défaut du système est la consommation électrique du pointeur, qui épuise 3 piles 1,5V LR44, en 1 heure. Nous cherchons à les remplacer par des batteries rechargeables. Au cours du temps, l’intensité lumineuse du Laser diminue, car les piles s’épuisent. Cependant la qualité de l’enregistrement reste la même. Les tensions oscillent autour de 3V avec des piles neuves, et diminuent rapidement. Mais même avec une tension autour de 250 mV, comme sur l’enregistrement ci-dessous, le son reste correct. Il suffit d’augmenter le gain sur l’ampli pour percevoir toujours la même intensité sonore. Sur Audacity, nous avons enregistré le son d’une guitare Folk, de l’attaque à l’extinction, puis effectué une analyse de Fourier. Nous voyons ici un son de hauteur 212 Hz, riche de nombreux harmoniques. Le son a un timbre « métallique », qui correspond à la présence de nombreux harmoniques de fréquence supérieure à 1000 Hz. A l’attaque, il y a davantage d’harmoniques supérieur qu’à l’extinction. Le son semble plus « métallique » au début qu’à la fin. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 19 D- Effets sonores: utilisation d’un filtre passe-bande : Pour compléter notre travail, nous avons voulu rajouter un filtre facile à manipuler, pour modifier à volonté et en direct le son de notre guitare issu du phototransistor. Nous utilisons pour cela un filtre passe-bande. Le signal du phototransistor est simplement envoyé sur le filtre. C’est un filtre à circuit résonant RLC3. En choisissant la fréquence centrale du filtre, il est possible de modifier le timbre de notre guitare. Les fréquences entre fL et fH (voir figure ci-dessous) passent à travers le montage sans être atténuées, mais toutes les autres sont atténuées. En modifiant la part des harmoniques du son, nous modifions son timbre. Pour modifier la fréquence centrale du filtre, nous déplaçons à la main le noyau de la bobine, et le timbre change en direct ! Cette bobine est une grosse bobine 16000 spires du laboratoire avec un noyau de fer doux permettant de faire varier l’inductance entre 100 mH et 1 H. Nous avons démonté le noyau du pas de vis permettant de le déplacer lentement. Nous pouvons ainsi le déplacer très rapidement, à la main et obtenir des effets sonores. U entrée filtre U sortie filtre Schéma du filtre sélectif Caractéristiques du montage : C = 4,7 nF, bobine 100 mH à 1H à noyau mobile, Rp = 1MΩ, R = 22kΩ 3 D’après V.Chollet, Université de Franche Comté, TP électronique 2 ème année S3 EA2-07. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 20 Tests d’un premier filtre Nous avons choisi comme premier montage, un circuit centré sur 1 kHz, c'està-dire sur une fréquence permettant une modification facilement reconnaissable du son de notre guitare. Il semble plus sourd, car les harmoniques supérieurs ont disparus. Voici les tensions obtenues en entrée et sortie du filtre. Les signaux d’entrée et de sortie du filtre sont sinusoïdaux. Nous remarquons que Usortiefiltre est en opposition de phase avec Uentréefiltre si la fréquence d’entrée est égale à celle du centre de la bande passante. Si la tension Uentréefiltre évolue jusqu’à 0,8 kHz, Usortiefiltre a une amplitude qui diminue et est XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 21 déphasé de T/4. De même si f augmente au-delà de 1,5 kHz. La tension U détecteur de crête tend aussi à diminuer. Nous avons constaté ces déphasages dans nos expériences, et leur évolution. Mais nous n’avons pas cherché à les étudier directement, car ils ne nous semblent être importants pour la qualité musicale. L’évolution du déphasage est une conséquence de l’éloignement de la fréquence du signal d’entrée par rapport à la fréquence centrale du filtre. L’amplitude du signal de sortie du filtre peut être modifiée en changeant la valeur de R. Si R diminue, l’amplitude augmente. Nous pouvons calculer la valeur de la fréquence centrale du filtre avec la formule correspondant à la fréquence de résonance d’un circuit LC: Fo = 1/(2Π√(LC)) Avec ce filtre, nous avons tracé l’évolution de la tension efficace de sortie du filtre Ueff en fonction de la fréquence du signal d’entrée, lorsque le noyau ne bouge pas. U eff sortie du filtre (V)= f(F) avec F en kHz U eff sortie du filtre (V)= f(F) avec F en kHz 1,2 1,2 1 1 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0 0 0,8 0,9 1 1,1 1,2 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 En modifiant la position du noyau, la fréquence centrale du filtre change. Conclusion : Nous sommes tous musiciens, et combiner dans ce projet la physique et la musique fut un véritable plaisir. Ce mémoire est à lire, mais c’est surtout le son de notre guitare ou de notre violon, ou encore d’un simple cordon élastique vibrant entre deux pointes qui est à écouter. Nous avons composé un petit « jingle » pour illustrer notre oral. Il s’appuie sur notre capteur et le filtre passe-bande. L’intégration dans un orchestre d’un instrument amplifié équipé d’une écoute optique est possible. Nous l’avons fait et nous espérons pouvoir vous le faire découvrir lors de notre oral. Aucun capteur sonore ne reproduit aussi fidèlement le son d’un instrument que notre oreille. Notre système optique ne fonctionne pas plus mal qu’un microphone ou un capteur piezo de qualité moyenne. L’analyse de nos enregistrements nous l’a montré. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 22 C’est une petite victoire pour nous, car nous sommes partis dans ce projet sans avoir trouvé de référence bibliographique sur l’écoute optique d’une corde. Nous ne savions pas si c’était possible. Grâce à ces expériences, nous avons fait nos premiers pas en acoustique et en électroniques. Nous avons essayé d’apprendre pendant ces semaines de travail la prudence et la rigueur pour la réalisation de nos montages, pour casser le moins de composants possibles (seules deux barrières optoélectroniques semblent définitivement hors d’usage). Nous avons complété ce travail avec un petit programme de calcul de fréquence à partir du nom d’une note et du nombre de cent de décalage donné par un accordeur. Annexe Grâce à la spécialité Informatique et sciences du Numérique en Terminale S, nous avons modifié et utilisé un logiciel créé au lycée Palissy en Visual Basic, il y a 4 ans pour transformer les notes en fréquence. Un accordeur donne le nom de la note et un nombre de cent c de décalage par rapport à la note juste : c = 1200 log2 f note jouée/ f note référence Notre logiciel permet de trouver fréquence correspondante. XXe Olympiades de physique/ Lycée Bernard Palissy/ Agen/ Optique musicale 23 la