No d’ordre: 2010telb0114 THÈSE DE DOCTORAT Mention: Sciences pour l’ingénieur Présentée à Télécom Bretagne en habilitation conjointe avec l’Université de Bretagne Sud, sous le sceau de l’Université Européenne de Bretagne, par Olivier CASTANY Microtechnologie optoélectronique incluant des matériaux mésomorphes Soutenue le 14 septembre 2010 Composition du jury : Président : Yves Grohens, Professeur, Université de Bretagne-Sud Rapporteurs : Véronique Bardinal-Delagnes, CR-CNRS, LAAS-CNRS Philippe Martinot-Lagarde, Professeur, Université Paris-Sud Examinateurs : Sophie Bouchoule, CR-CNRS, LPN-CNRS Laurent Dupont, Professeur, Telecom Bretagne Invité : Christophe Levallois, Maître de Conférences, INSA de Rennes Directeur de thèse : Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye, Professeur, Telecom Bretagne ii Table des matières Résumé v 1 Introduction 1.1 Communications par fibres optiques . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Lasers accordables à bas coût pour les communications optiques 1.3 Filtres accordables à bas coût pour les communications optiques 1.4 Objectifs et déroulement de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 4 5 7 . . . . . . . . . . 11 11 15 15 16 23 26 30 31 33 35 2 Matériaux et techniques 2.1 Cristaux liquides . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Alignement des cristaux liquides . . . . . . . . 2.2.1 Alignement par brossage . . . . . . . . 2.2.2 Photoalignement . . . . . . . . . . . . 2.3 Cristaux liquides polymérisables . . . . . . . . 2.4 Fluide pour déposer des espaceurs . . . . . . . 2.5 Adhésifs optiques . . . . . . . . . . . . . . . . 2.6 Photolithographie . . . . . . . . . . . . . . . . 2.7 Résines positives diazonaphtoquinone-novolac 2.8 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Microtechnologie pour fabriquer des puces une couche de PDLC intra-cavité 3.1 Matériaux PDLC pour les cavités optiques . 3.1.1 Présentation des matériaux PDLC . 3.1.2 Mesure des pertes du matériau . . . 3.1.3 Mesure de la variation d’indice . . . 3.2 Structure laser . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3 Dépôt du PDLC . . . . . . . . . . . . . . . 3.4 Matériaux antiadhésifs . . . . . . . . . . . . 3.5 Problèmes rencontrés . . . . . . . . . . . . . 3.5.1 Dégorgement du PDLC . . . . . . . . 3.5.2 Dépôt du miroir de Bragg . . . . . . 3.5.3 Capot de protection . . . . . . . . . 3.6 Transfert du miroir de Bragg par collage . . 3.7 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . laser accordables incluant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 37 37 38 41 45 48 50 54 54 54 56 57 65 iv 4 Micro-cellules pour fabriquer des puces laser accordables couche de cristal liquide nématique intra-cavité 4.1 Cristal liquide nématique pour un laser accordable . . . . . . 4.2 Micro-cellules pour les cristaux liquides ou d’autres fluides . 4.3 Résine SU-8 pour la construction de micro-cellules . . . . . . 4.4 Polymères conducteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.5 Fabrication de micro-cellules pour cristal liquide nématique . 4.6 Caractérisation des micro-cellules fabriquées . . . . . . . . . 4.7 Processus de fabrication sur topographie imparfaite . . . . . 4.8 Films souples pour la photolithographie . . . . . . . . . . . . 4.9 Fabrication de micro-cellules à l’aide d’un tampon souple . . 4.10 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Table des matières incluant une . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 67 70 73 76 79 80 82 84 85 92 5 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques et de séparateurs de polarisation 95 5.1 Structuration des cristaux liquides polymérisés . . . . . . . . . . . . . . . . 95 5.2 Propriétés optiques des cristaux liquides polymérisés en phase anisotrope et en phase isotrope . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 5.3 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques et de coupleurs séparateurs de polarisation à base de cristaux liquides polymérisables . . . 98 5.4 Fabrication de zones isotropes et anisotropes par structuration thermique d’un cristal liquide polymérisable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 5.5 Structuration sur la gaine optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 5.5.1 Polymères pour la gaine optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 5.5.2 Alignement sur la gaine optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 5.6 Fabrication de guides optiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 5.6.1 Choix du substrat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 5.6.2 Masques pour le processus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 5.6.3 Structuration des zones anisotropes et isotropes . . . . . . . . . . . 106 5.6.4 Gravure des guides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 5.7 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Conclusion 111 Bibliographie 113 Résumé L’augmentation des débits de communication sur le réseau Internet est une tendance de fond qui est rendue possible par le déploiement d’un réseau d’accès en fibre optique (FTTH, Fiber To The Home). Ce réseau d’accès optique de première génération utilise l’architecture PON (Passive Optical Network) mais à moyen terme, l’augmentation des débits nécessitera le passage vers une architecture WDM (Wavelength Division Multiplexing). Dans cette optique, on cherche à concevoir des composants accordables à faible coût. Mon travail contribue à la conception d’une source laser accordable et d’un filtre accordable. Le premier objectif est une source laser VCSEL accordable grâce à une couche de cristal liquide intra-cavité. J’ai développé des procédés de microtechnologie permettant de placer le cristal liquide au niveau des puces laser. Le deuxième objectif est un filtre en guide d’onde où les polarisations TE et TM sont séparées grâce à un coupleur anisotrope pour être ensuite filtrées indépendamment dans deux anneaux résonants à commande électro-thermique. Summary The increase of the communication data rate over the Internet is possible due to the deployment of a fiber optic access network (FTTH, Fiber To The Home). This first generation optic access network uses a PON (Passive Optical Network) architecture but a further increase in the data rate will require an evolution to a WDM (Wavelength Division Multiplexing) architecture. With this perspective, it is necessary to design low cost tunable components. My work is a contribution to the conception and fabrication of a tunable laser and a tunable filter. The first goal is a VCSEL in which tunability is obtained with an intra-cavity liquid crystal layer. I developed microtechnology processes which make it possible to confine liquid crystal on laser chips. The second goal is a waveguide filter where TE and TM polarizations are separated with an anisotropic coupler and independently filtered in two ring resonators with electro-thermal command. v vi Résumé Chapitre 1 Introduction 1.1 Communications par fibres optiques L’augmentation des débits de communication sur le réseau Internet est une tendance de fond. Les fibres optiques permettent des débits plus élevés que les câbles en cuivre ou les ondes radio et le réseau d’infrastructure les utilise depuis une bonne vingtaine d’années [1]. Aujourd’hui, le réseau d’accès, par lequel les utilisateurs sont connectés, utilise encore majoritairement des câbles en cuivre (ADSL). Quelques pays comme le Japon et la Corée du Sud sont en avance et ont déjà développé un réseau d’accès en fibres optiques. En France, la mise en place de la fibre optique a commencé il y a deux ans et certaines villes sont déjà équipées. Les travaux de mise en place de ce réseau sont coûteux car il faut creuser des tranchées et poser des fourreaux, ce qui représente les trois-quarts du coût total. Ce sont des investissements durables car la fibre optique est un support pérenne, posé pour au moins 30 ans [2]. En effet, les opérateurs proposent actuellement un débit descendant de 100 Mbit/s alors que des débits de plusieurs Tbit/s ont été démontrés. On est donc très loin des limites de débit de la fibre optique. De manière générale, le réseau d’accès relie un groupe d’habitations à un central de transmissions connecté au réseau métropolitain. Le central lit le flux de données du réseau métropolitain, repère les informations à destination des habitations qu’il dessert et les leur transmet (flux descendant, downstream). Dans l’autre sens il collecte les informations venant des habitations et les insère dans le flux du réseau métropolitain (flux montant, upstream). Le réseau d’accès optique qui est utilisé actuellement fonctionne selon une architecture de type PON (Passive Optical Network) schématisée sur la figure 1.1 (les valeurs numériques sont indicatives) [3]. Plusieurs habitations sont reliées au central (CO, central office) au moyen de fibres optiques et d’un coupleur optique (splitter). Du côté du central, un équipement actif, l’Optical Link Terminal (OLT) envoie et reçoit les signaux lumineux porteurs des données. Par simplicité, le schéma de la figure 1.1 représente un seul OLT dans le central mais il y en a plusieurs en réalité, un pour chaque quartier. Une fibre unique part de l’OLT et se raccorde à un groupe de fibres au niveau du coupleur optique (splitter) afin de desservir les habitations. Dans un PON, le coupleur optique est un équipement passif, qui divise le signal de l’OLT dans le sens descendant et rassemble les signaux des habitations dans le sens montant. Chaque fibre optique sortant du coupleur est reliée à un équipement actif placé dans chaque habitation : l’Optical Network Terminal (ONT). Les flux montant et descendant utilisent deux longueurs d’onde différentes, typique1 2 Introduction TDM-PON : TelCo CO d Splitter d OLT 2.5 Gbps ONT One fiber per subscriber 2.5 Gbps u 2.5 Gbps u 32 u ONT d TDM : METRO ACCESS Broadcast u 1 ×2.5Gbps≃78Mbps 32 d ONT 2.5 Gbps < 20 km Figure 1.1 – Schéma d’un réseau d’accès TDM-PON. ment, λu = 1310 nm et λd = 1490 nm [4, 5]. Une longueur d’onde supplémentaire, typiquement λ3 = 1550 nm [4], peut être utilisée pour la diffusion d’un signal de télévision par exemple. Dans le sens descendant, les données envoyées par l’OLT arrivent à tous les ONT par l’intermédiaire du coupleur passif et chaque ONT sélectionne les trames qui lui sont destinées. Un cryptage des trames est nécessaire si l’on veut garantir la confidentialité (privacy) des communications [6]. Le débit instantané du PON est partagé entre tous les abonnés qui reçoivent des données. Si un seul abonné attend des données, il peut à priori disposer de toute la capacité de la chaîne de transmission (2.5 Gbps dans l’exemple de la figure 1.1 [5]). Dans le sens montant, les ONT doivent partager le temps de parole pour éviter les interférences car ils émettent tous à la même longueur d’onde. L’OLT gère ce temps de parole en attribuant des intervalles de temps (time slots) successivement à chacun (TDM, Time Division Multiplexing). L’avantage de l’architecture PON est d’utiliser peu de fibres optiques et donc peu de place dans les fourreaux. Si toutes les liaisons étaient point-à-point, il faudrait une fibre partant du central pour chaque abonné, ce qui nécessiterait des fourreaux plus larges et alourdirait le coût de l’infrastructure. L’évolution vers des débits plus élevés passe bien sûr par l’utilisation d’émetteurs et de récepteurs plus rapides. Ces éléments existent mais sont trop chers pour une distribution de masse. On cherche donc à fabriquer des composants rapides à faible coût. L’évolution vers des débits plus élevés passe aussi par l’utilisation du multiplexage en longueur d’onde (WDM, Wavelength Division Multiplexing) sur le réseau d’accès. Cette méthode consiste à injecter plusieurs signaux à des longueurs d’onde différentes sur une même fibre. Elle est déjà utilisée au niveau du réseau métropolitain mais les composants sont trop chers pour envisager une distribution de masse sur le réseau d’accès. On cherche donc à fabriquer des composants WDM à faible coût et mon travail de thèse s’inscrit dans cette recherche. 3 Communications par fibres optiques WDM-PON : ONT 1 ,2.5 Gbps WDM Splitter TelCo CO 1, 2, ... ,32 OLT 1 2 32 ONT 2 ,2.5 Gbps AWG 1 ,2.5 Gbps 2 ,2.5 Gbps 32 32 ,2.5 Gbps AWG 32 METRO ACCESS ONT 32 ,2.5 Gbps < 20 km Figure 1.2 – Schéma d’un réseau d’accès WDM-PON. Un exemple d’architecture envisagée pour un réseau d’accès WDM est représenté sur la figure 1.2. Chaque abonné communique avec l’OLT en utilisant une longueur d’onde qui lui est propre. Ainsi, les communications peuvent se faire en parallèle, ce qui n’était pas possible avec le TDM-PON. Au niveau du central, l’OLT doit émettre et recevoir toutes les longueurs d’ondes en même temps. Il intègre donc autant de lasers et de détecteurs que de longueurs d’onde. Il intègre aussi un multiplexeur de longueurs d’onde, par exemple un AWG (Arrayed Waveguide Grating), qui relie les différents composants associés à une longueur d’onde à l’unique fibre de sortie. Le coupleur peut être simplement passif comme pour le TDM-PON, mais cela n’est pas très efficace car la puissance est divisée par le nombre d’abonnés. Il est préférable d’utiliser un démultiplexeur de longueurs d’onde, par exemple un AWG, assurant un meilleur bilan de puissance et assurant également la confidentialité entre les abonnés grâce à une isolation physique. Au niveau des abonnés, chaque ONT doit émettre à la longueur d’onde qui lui est affectée ce qui nécessite de disposer d’un laser émettant à cette longueur d’onde. On pourrait utiliser des lasers émettant une longueur d’onde fixe et stable et fabriquer autant de versions d’ONT qu’il y a de longueurs d’onde dans le réseau (32 dans notre exemple). Mais cette solution est peu flexible et semble délicate du point de vue de la logistique. La solution idéale serait d’intégrer un laser accordable et un premier objectif de cette thèse est de contribuer à la conception et à la fabrication d’un tel composant. Comme ce composant se retrouverait dans chaque ONT, il faut qu’il ait un faible coût. Notons que l’architecture présentée utilise le même réseau de fibres optiques que l’architecture TDM-PON et ne demande donc pas de nouveaux travaux de génie civil. Les éléments à changer sont l’OLT, le séparateur et les ONT. Le choix des longueurs d’onde montante et descendante est ouvert. Il est par exemple possible de travailler uniquement dans la bande C (1530–1565 nm) sur la grille DWDM (Dense Wavelength Division Multiplexing [7]). Il est également envisageable d’utiliser deux 4 Introduction bandes différentes, une pour le flux montant et une autre pour le flux descendant, ce qui permet de doubler le nombre de connexions. Les conditions d’exploitation du central optique permettent d’utiliser des émetteurs plus puissants dans l’OLT que dans les ONT. Il est donc intéressant de choisir la bande C pour le flux montant car cette bande présente les pertes minimales (0.20 dB/km). Le flux descendant de l’OLT peut utiliser par exemple la bande O (1260–1360 nm) qui présente des pertes supérieures (0.35 dB/km). Dans tous les cas, il faudra envisager une période de transition progressive du TDM au WDM pendant laquelle les deux systèmes seront utilisés en même temps. Il sera alors utile pendant cette période de disposer de filtres optiques accordables pour donner plus de flexibilité à l’architecture, en déroutant certaines longueurs d’onde. Un deuxième thème de cette thèse est de contribuer à la conception et à la réalisation d’un filtre accordable à bas coût. 1.2 Lasers accordables à bas coût pour les communications optiques Les lasers à semiconducteurs sont fabriqués par épitaxie et on distingue deux principales classes de lasers, ceux destinés à émettre par la tranche (edge emitting lasers) et ceux destinés à émettre par la surface (VCSEL, Vertical-Cavity Surface-Emitting Laser) [8, 9, 10]. La fabrication des lasers à émission par la tranche nécessite de cliver les faces de la cavité. Ensuite, le couplage avec une fibre optique nécessite un alignement actif pour chaque composant. Ces deux étapes sont difficile à automatiser. Au contraire, la fabrication des VCSELs permet une grande automatisation. Les composants sont individualisés par sciage et hybridés sur un circuit d’interconnexion en silicium par flip-chip. Le couplage avec une fibre optique peut être facilité par une technique d’auto-alignement au cours du processus d’hybridation [11, 12]. Grâce à cette plus grande automatisation, les VCSELs sont la solution préférable pour fabriquer des lasers à bas coût pour les communications optiques. Pour fabriquer un VCSEL accordable, la méthode traditionnelle est de permettre une variation de la longueur mécanique de la cavité. Une première possibilité est d’utiliser une demi-cavité VCSEL, sans miroir supérieur, devant laquelle on place une fibre optique dont l’extrémité présente un miroir. L’accordabilité s’obtient en variant l’écart entre la fibre optique et la demi-cavité [13]. Mais cette technique requiert un alignement piézo-électrique coûteux et ne permet pas un accord rapide du fait de la masse de la fibre optique. Une autre possibilité qui se développe largement ces dernières années est de fabriquer le miroir mobile par une technologie MEMS (Micro-Electro-Mechanical Systems). Le groupe de Connie Chang-Hasnain a réalisé des VCSELs à MEMS monolithiques où le miroir mobile est à l’extrémité d’une poutre fléchissante (cantilever) [14, 15, 16, 17]. La commande peut être électrostatique, électro-thermique ou piézo-électrique. Ce groupe a également introduit un nouveau type de miroir (subwavelength grating) dont l’efficacité et la légèreté permettent une accordabilité dans des temps inférieurs à 0.1 µs [18, 19, 20]. La société CoreTek, rachetée ensuite par Nortel, a développé une technologie MEMS permettant de fabriquer un miroir concave sur un pont suspendu mobile [21] et a utilisé ce principe pour fabriquer un VCSEL pompé optiquement [22, 23]. Une technologie voisine a été utilisée par un groupe américain pour fabriquer un VCSEL pompé électriquement [24]. Un autre groupe a utilisé un MEMS faisant un pont au dessus de la zone active [25]. Une autre voie, développée dans deux projets européens TUNVIC (FP5) et SUBTUNE (FP7), consiste Filtres accordables à bas coût pour les communications optiques 5 à réaliser séparément le miroir MEMS puis à l’assembler sur la demi-cavité VCSEL. Ce miroir est une membrane bombée dont la commande peut être électrostatique ou électrothermique [26, 27, 28]. Ce genre d’assemblage a été également réalisé par fusion de wafers [29]. Tous ces travaux utilisent un élément mobile pour permettre l’accordabilité, mais il existe une possibilité différente consistant à inclure une couche de cristal liquide à l’intérieur de la cavité laser. Il n’y a pas d’élément mobile dans ce cas et la longueur mécanique de la cavité ne varie pas. On utilise l’effet électro-optique du cristal liquide pour modifier l’indice vue par la lumière dans la cavité. Cette possibilité à été proposée par le laboratoire d’optique de Télécom Bretagne [30], puis démontrée en collaboration avec le laboratoire des semiconducteurs de l’INSA de Rennes [31]. Mon travail de thèse contribue au développement de cette solution. Notons pour finir qu’un VCSEL accordable peut avoir d’autres applications utiles comme la spectroscopie des gaz [32, 33], la tomographie optique à balayage spectral (Swept Source OCT ) [34, 35] ou la lecture d’informations dans les capteurs à fibres [36]. D’autre part, il a été montré qu’une structure de VCSEL peut être aussi utilisée comme détecteur [37, 38, 39]. Dans cette optique on peut voir le VCSEL accordable comme un détecteur associé à un filtre, c’est-à-dire comme un spectromètre optique. 1.3 Filtres accordables à bas coût pour les communications optiques Différentes technologies permettent de réaliser des filtres accordables [40]. Par exemple, les réseaux de diffraction permettent de fabriquer des filtres accordables sur le même principe que les monochromateurs. En variant l’inclinaison du réseau, la longueur d’onde filtrée est modifiée [41]. Le couplage avec des fibres optiques se fait en espace libre et nécessite un ajustement délicat. La plage d’accordabilité est grande et on a la liberté de varier la bande passante indépendamment, mais ce système est cher et volumineux. De plus, comme l’efficacité de diffraction dépend de la polarisation, la transmission du système en dépend. Les filtres interférentiels permettent également de fabriquer des filtres accordables. Une première solution est de varier l’inclinaison du filtre par rapport au faisceau, ce qui modifie la longueur d’onde filtrée [42, 43, 44]. Cette technique nécessite une commande mécanique de l’angle du filtre et un couplage en espace libre avec les fibres optiques. Le caractère mécanique de la commande ne permet pas une accordabilité rapide. Une autre solution est d’utiliser un filtre interférentiel d’épaisseur variable, placé perpendiculairement au faisceau, et de le translater transversalement [45, 46]. Des systèmes miniaturisés ont été fabriqués en utilisant une technologie MEMS et incluent un filtre interférentiel et un film chauffant [47, 48, 49]. Comme l’épaisseur optique des matériaux dépend de la température, il est possible de varier la longueur d’onde filtrée en chauffant le filtre. Ce système nécessite un couplage en espace libre avec les fibres optiques. Tous les systèmes présentés précédemment nécessitaient un couplage en espace libre et donc un certain volume. Un exemple de filtre accordable n’utilisant pas d’optique en espace libre consiste à utiliser une fibre à réseau de Bragg inscrit. La commande se fait en étirant la fibre à l’aide d’un composant piézo-électrique [50]. La force de traction permet de déformer le réseau inscrit et donc de varier la longueur d’onde filtrée. Cette solution 6 Introduction ne nécessite pas de passage en espace libre, mais n’est pas encore du domaine de l’optique intégrée. Pour atteindre un coût plus bas, il faut concevoir un circuit optique intégré car cette technologie permet une fabrication de masse plus efficace. En optique intégrée, on fabrique des AWGs (Arrayed Waveguide Gratings) qui sont utilisés comme démultiplexeurs de longueur d’onde [51]. On peut les détourner de leur utilisation première et essayer d’en faire des filtres accordables en commandant leur température [52]. Toutefois cette solution n’a pas percé. Une autre utilisation des AWG consiste simplement à mettre une barrette de photodiodes à sa sortie. Ceci permet de faire un spectromètre très compact, mais ne permet pas de constituer un filtre en ligne entre deux fibres optiques. Les cristaux photoniques pourraient également servir de filtre accordable. La longueur d’onde de la bande interdite dépend des indices des matériaux et peut être modifiée par exemple par une commande électro-thermique. Ces structures peuvent être fabriquées en même temps que les guides optiques, mais elles demandent une résolution élevée car les dimensions sont sub-microniques. Une possibilité supplémentaire pour réaliser des filtres accordables en optique intégrée est d’utiliser des résonateurs à micro-anneaux [53, 54, 55]. Cette technologie est un thème de recherche actif, avec de nombreuses réalisations dans les laboratoires. La longueur d’onde filtrée se commande en modifiant la longueur optique de l’anneau par différents moyens : injection de porteurs dans les semiconducteurs, application d’un champ électrique dans les matériaux électro-optiques comme le niobate de lithium ou tout simplement par variation thermique de l’indice. De ce point de vue, les guides en polymères sont intéressants car leur coefficient thermo-optique est élevé. La dépendance à la polarisation est un point délicat. Même avec un guide de section parfaitement carrée, les deux modes de polarisation ne voient pas le même indice effectif dans l’anneau à cause de la courbure. On pourrait imaginer fabriquer l’anneau avec une section rectangulaire définie exactement pour que les indices effectifs soient égaux, mais les dimensions du guide devraient alors être contrôlées à mieux que 0.1 µm, ce qui n’est pas réalisable facilement. Une solution est de séparer les deux polarisations et de les traiter chacune séparément. Il faut pour cela disposer d’un séparateur de polarisation sur le circuit. Une première façon de séparer les polarisations est d’utiliser un coupleur adiabatique en Y [56, 57] où les deux branches qui se séparent présentent des indices effectifs différents. Plus précisément, une branche doit avoir un indice effectif maximal pour un mode et l’autre branche, un indice effectif maximal pour l’autre mode [58]. Les guides peuvent être constitués de matériaux isotropes [59] ou inclure des matériaux anisotropes [60, 61]. Une deuxième façon de réaliser la séparation de polarisation est de former un interféromètre de Mach-Zehnder avec des bras anisotropes entre deux coupleurs MMI (MultiMode Interference Coupler) [62]. En choisissant correctement le déphasage induit dans les bras pour chaque mode et tenant compte du déphasage de π/2 entre les deux sorties de chaque coupleur [63], on arrive à séparer les polarisations entre les deux sorties du deuxième coupleur. Une voie également envisagée est d’intégrer une zone de cristaux photoniques dans un coupleur MMI [64] ou d’utiliser des guides complets en cristaux photoniques [65]. La réalisation de ces séparateurs de polarisation nécessite en général plusieurs couches et plusieurs étapes de gravure. À la recherche d’une solution simple et efficace, nous proposons une technique nouvelle pour fabriquer un coupleur séparateur de polarisation. La couche de coeur est formée à partir d’un monomère cristal liquide que l’on polymérise en deux temps, de manière à définir des zones anisotropes et isotropes. Après gravure, 7 Objectifs et déroulement de la thèse on peut obtenir un guide anisotrope au niveau de la zone de couplage et isotrope dans le reste du guide. Notons que la fabrication d’un guide optique dans ce type de matériau a déjà été démontrée par un groupe suisse [66], mais selon une idée assez différente de ce que nous proposons. Dans leur travail, le coeur et la gaine sont constitués du même matériau mésomorphe et diffèrent seulement par l’orientation des molécules (l’orientation est définie grâce à une technique de photoalignement en deux étapes). En conséquence, seule une des deux polarisations est guidée. 1.4 Objectifs et déroulement de la thèse Le premier objectif de cette thèse est de fabriquer un laser VCSEL accordable, incluant une couche de cristal liquide à l’intérieur de la cavité. L’accordabilité par une couche de cristal liquide est un point novateur et pourrait permettre une industrialisation à bas coût. Ce projet s’inscrit dans une collaboration entre le laboratoire des semiconducteurs de l’INSA de Rennes, compétent dans la fabrication de lasers à semiconducteurs, et le département d’optique de Telecom Bretagne, compétent au niveau des cristaux liquides. Il est financé par l’ANR sous le nom de projet LambdaAccess. Ce travail s’appuie sur une première réalisation de laser accordable intégrant un cristal liquide sous forme de PDLC (Polymer Dispersed Liquid Crystal) à l’intérieur de la cavité laser [31]. L’échantillon réalisé était de taille macroscopique et pompé optiquement. Un premier objectif du projet LambdaAccess est de réaliser des puces laser pompées électriquement. L’INSA de Rennes est chargé de concevoir et réaliser la structure électronique permettant le pompage électrique. Les composants sont alors découpés et hybridés par flip-chip sur un circuit d’interconnexion en silicium. Après cette étape, les puces font 470 µm de côté et constituent une demi-cavité laser. Mon travail contribue à la conception d’une méthode permettant de placer trois éléments sur les puces individuelles : une couche de PDLC, un miroir de Bragg fermant la cavité optique et une électrode transparente pour commander le PDLC. La figure 1.3 présente l’objectif de ce travail et le tableau 1.1 présente les caractéristiques visées. Miroir de Bragg et ITO PDLC VCSEL hybridé Réseau d'interconnexion (silicium) Figure 1.3 – VCSEL accordable grâce à une couche de PDLC intra-cavité. Un deuxième objectif du projet LambdaAccess est d’utiliser une couche de cristal liquide nématique pur à l’intérieur de la cavité. Son utilisation en tant que lame de phase nécessite que la polarisation de la lumière soit orientée parallèlement au directeur du cristal liquide, ce qui implique de maîtriser la direction de polarisation émise par le VCSEL. 8 Introduction Pompage électrique Longueur d’onde centrale dans la bande C (1530–1565 nm) Technologie pour l’accordabilité PDLC Plage d’accord ∆λ ' 10 nm Temps de commutation < 1 ms Puissance émise 1 mW Bande passante électrique 10 Gbit/s Table 1.1 – Caractéristiques visées pour le projet de VCSEL accordable utilisant une couche de PDLC intra-cavité. Le contrôle de la polarisation dans les VCSELs est un thème de recherche actif et de nombreuses solutions ont été proposées [23]. La solution la plus répandue actuellement consiste à utiliser un miroir supérieur ayant une réflectivité anisotrope [67, 68]. Une autre possibilité est d’utiliser une zone active avec un gain anisotrope. Dans cette optique, l’INSA de Rennes a développé une zone active comportant des plans de fils quantiques (dashes) et a réussi à stabiliser la direction de polarisation émise par un VCSEL [69, 70]. De mon côté, j’ai développé une microtechnologie permettant de fabriquer des micro-cavités sur le sommet des puces VCSEL. Ces micro-cavités, destinées à accueillir le cristal liquide, comportent un film d’alignement et une électrode de commande. La figure 1.4 présente l’objectif de ce travail et le tableau 1.2 présente les caractéristiques visées. Micro-cellule avec miroir de Bragg, électrode, films d'alignement et cristal liquide nématique VCSEL hybridé Réseau d'interconnexion (silicium) Figure 1.4 – VCSEL accordable grâce à une couche de cristal liquide nématique localisée dans une micro-cellule. Pompage électrique Longueur d’onde centrale dans la bande C (1530–1565 nm) Technologie pour l’accordabilité cristal liquide nématique Plage d’accord toute la bande C, ∆λ ' 40 nm Temps de commutation < 5 ms Puissance émise 1 mW Bande passante électrique 10 Gbit/s Table 1.2 – Caractéristiques visées pour le projet de VCSEL accordable utilisant une couche de cristal liquide nématique intra-cavité. Pour développer la technologie de ce projet, j’ai utilisé un monomère cristal liquide, entre autre pour stabiliser les couches photoalignées. En discutant des propriétés de ce 9 Objectifs et déroulement de la thèse matériau avec Laurent Dupont, il est apparu qu’il présentait un intérêt pour un autre projet en cours. Ce projet, financé par l’ANR sous le nom SelectAccess, vise à fabriquer un filtre optique accordable à bas coût. La technologie envisagée consiste à séparer les polarisations TE et TM pour les filtrer chacune dans un résonateur en anneau. Ce projet est une collaboration entre le CCLO (Centre Commun Lannionnais d’Optique), compétant dans la réalisation de guides optiques, et le département d’optique de Telecom Bretagne, intervenant pour concevoir le coupleur séparateur de polarisation. Nous avons proposé de fabriquer le guide optique avec un monomère cristal liquide en utilisant une technique qui permet de former des tronçons isotropes et anisotropes. Nous envisageons de former un guide isotrope avec une zone anisotrope localisée au niveau du coupleur, permettant la séparation des polarisations. La figure 1.5 présente l’objectif de ce travail et le tableau 1.3 présente les caractéristiques visées. séparateur de polarisation TE filtre en anneau TE,TM TE,TM filtrés tronçon anisotrope TM guide isotrope Figure 1.5 – Filtre optique basé sur un séparateur de polarisation et deux micro-anneaux résonants. L’accordabilité est obtenue en variant la température des micro-anneaux grâce à des électrodes non représentées. Domaine de travail Écart entre canaux Nombre de canaux Bande passante à 3 dB Technologie pour l’accordabilité Temps de commutation de canal à canal Puissance optique acceptable 1530–1536 nm 100 GHz (0.78 nm) 8 40 GHz (0.3 nm) électro-thermique < 50 ms 5 mW sur chaque canal Table 1.3 – Exemple de caractéristiques visées pour le projet de filtre accordable. Ces travaux sont originaux par plusieurs aspects. C’est la première fois qu’un processus de dépôt de matériaux mésomorphes est envisagé et réalisé sur des matrices de puces hybridées. C’est la première fois que des miroirs de Bragg sont transférés par collage d’un substrat à un autre. C’est la première réalisation de micro-cellules indépendantes, déposées sur des surfaces planes ou sur le sommet de composants. Concernant les guides optiques, c’est la première réalisation de guides gravés dans un matériau cristal liquide polymérisé et c’est aussi le premier travail visant à localiser une zone anisotrope dans ces guides pour former un séparateur de polarisation. 10 Introduction Mon travail s’est déroulé de la manière suivante. J’ai passé environ une année à mettre en place l’environnement technique nécessaire pour réaliser les projets. Ce travail de mise en place a été intense pendant la première année de thèse puis s’est prolongé de manière plus épisodique par la suite. Les exemples qui suivent donnent un aperçu de ce que j’ai fait. J’ai reconstitué un aligneur de masques à partir de pièces prises sur un aligneur de masques Karl Suss MJB3 non fonctionnel et mis au rebut. L’appareil ainsi formé a servi pour les photolithographies et les collages présentés dans ce travail. Il a également été essentiel pour d’autres travaux réalisés au laboratoire [71]. J’ai organisé la mise à niveau matérielle et logicielle du profilomètre optique, qui n’était plus fonctionnel. Cet appareil a permis le contrôle précis de la géométrie des échantillons fabriqués. Il est également utilisé quotidiennement par un autre groupe du laboratoire pour le contrôle lors de la fabrication d’optiques diffractives. J’ai adapté un appareil photo numérique sur les microscopes de salle blanche, car il n’était pas possible d’y prendre des photos. C’est avec cet appareil qu’ont été prises toutes les photos de ce travail. Il est également utilisé quotidiennement par les autres utilisateurs de la salle blanche. J’ai fabriqué un système de régulation thermique pouvant s’adapter aux diverses plaques chauffantes présentes dans nos salles blanches et permettant de programmer des profils de température. Un contrôle précis des températures est en effet nécessaire pour amener les cristaux liquides dans l’état désiré, en flirtant parfois avec les transitions sans les dépasser. J’ai installé un circuit d’azote (il n’y avait pas d’azote avant cela). L’azote a été nécessaire pour réussir certaines polymérisations qui sont inhibées par l’oxygène. J’ai installé un réacteur plasma avec les périphériques nécessaires (circuit d’oxygène, pompe à vide, évacuation des gaz). Cet appareil a été nécessaire pour réaliser les collages et les dépôts sur des surfaces initialement hydrophobes. Je me suis également occupé de la réparation et de la maintenance des appareils dans les deux salles blanches du laboratoire. Ceci était nécessaire car les opérations de fabrication réalisées demandaient des successions d’étapes nombreuses et variées où le fonctionnement correct de tous les appareils était requis. Concernant le projet de puce laser incluant une couche de PDLC, le travail s’est réparti sur toute la durée de la thèse. Envisagé initialement comme un plastique solide, nous sommes finalement arrivés à la conclusion qu’il fallait plutôt considérer le PDLC comme une éponge imbibée de cristal liquide. Ce matériau a présenté de nombreuses difficultés de part sa faible tenue mécanique et thermique. Les difficultés ont dû être résolues les unes après les autres. Le travail s’est réparti sur la durée également parce que nous ne pouvons pas fabriquer de miroir de Bragg au laboratoire. Ils sont fabriqués par une entreprise extérieure avec des délais de quelques mois à chaque essai. Le projet de fabrication de micro-cellules sur les puces laser a démarré plus tard car l’idée n’était pas présente au départ. Elle est venue progressivement et la notion de micro-cellule de cristal liquide s’est petit à petit cristallisée. Les travaux concrets ont commencé après que j’ai proposé une fabrication à base de résine SU-8. La mise au point des différentes étapes, en particulier la technique de transfert par collage, a pris environ une année. Le travail sur le projet SelectAccess s’est effectué en parallèle. En travaillant sur ces deux projets j’ai pu utiliser des matériaux communs (monomères cristaux liquides) et des méthodes communes (photolithographie de ces polymères, alignement et pressage). Ce mémoire de thèse présentera le travail sur la fabrication de micro-cavités à PDLC, puis la fabrication de micro-cellules pour cristal liquide nématique et enfin la fabrication de guides à partir de monomères cristaux liquides. Au préalable, une partie sera consacrée aux matériaux et techniques communs à ces trois travaux. Chapitre 2 Matériaux et techniques Ce chapitre rassemble des informations sur les matériaux et techniques communs aux projets entrepris. Le choix des matériaux et la compréhension détaillée de leurs propriétés a représenté un partie importante de mon travail. Cette compréhension est essentielle pour interpréter les résultats expérimentaux et pour mettre en oeuvre les matériaux dans des conditions parfois éloignées de leur utilisation habituelle. Ce chapitre présente également quelques développements personnels, par exemple au sujet d’un fluide porteur pour les espaceurs. 2.1 Cristaux liquides Les cristaux liquides sont des molécules qui peuvent présenter une phase fluide tout en conservant une organisation d’orientation (cristaux liquides nématiques) ou même de position (cristaux liquides smectiques). Ils présentent donc un état de la matière intermédiaire entre les liquides et les cristaux, qu’on qualifie d’état mésomorphe. Les phases d’un cristal liquide dépendent de la température. Par exemple, le cristal liquide nématique BL036 de Merck est un solide cristallin à basse température. À sa température de fusion (Tf us < −20°C), il fond et forme une phase liquide nématique. Cette phase existe jusqu’à la transition nématique–isotrope (Tn−i ' 95°C) où le cristal liquide nématique devient un liquide isotrope. Une présentation approfondie des cristaux liquides et de leur utilisation se trouve par exemple dans les références [72, 73, 74, 75]. Les cristaux liquides sont à la base du fonctionnement de la majorité des dispositifs d’affichage et sont également utilisés dans le domaine de la photonique [74]. Par exemple, les modulateurs de lumière (Spatial Light Modulator, SLM ) à cristaux liquides nématiques permettent de réaliser des interconnexions optiques en espace libre entre fibres optiques en formant un réseau de diffraction reconfigurable [76, 77]. D’autres dispositifs utilisent un modulateur à PDLC (Polymer Dispersed Liquid Crystal) pour réaliser un filtre spectral ajustable (égaliseur spectral dynamique [78]). Dans le domaine de l’imagerie, on peut fabriquer des lentilles miniatures à focale variable [79, 80, 81, 82] et celles-ci commencent à équiper les appareils photo des téléphones portables haut de gamme. Un des objectifs de notre travail est d’utiliser des cristaux liquides à l’intérieur d’une cavité laser pour créer une zone de phase variable. Deux matériaux seront envisagés, un cristal liquide nématique pur et un PDLC. Dans ce dernier matériau, le cristal liquide nématique est imprégné dans une matrice polymère. La figure 2.1(a) schématise la structure d’une cellule de cristal liquide nématique avec 11 12 Matériaux et techniques (a) espaceur cristal liquide nématique (b) E , pretilt film d'alignement électrode substrat z y x Figure 2.1 – (a) Cellule de cristal liquide sans champ électrique appliqué. (b) Application d’un champ électrique. ancrage planaire. La cellule est formée par deux substrats séparés d’une distance définie par des espaceurs calibrés. L’épaisseur est généralement de quelques microns. Les espaceurs peuvent être déposés par pulvérisation sur toute la surface d’un substrat ou être déposés uniquement sur les bords en utilisant une colle incluant les espaceurs. Dans un cristal liquide nématiques les molécules n’ont pas de position régulière dans l’espace mais ont un ordre d’orientation à longue portée. La direction de cette orientation est appelée le directeur du cristal liquide. On peut le représenter par un vecteur, mais le sens de ce vecteur n’a pas de signification, seule sa direction importe. Chaque substrat comporte un film d’alignement qui ancre les molécules à son contact. Il leur donne une orientation azimutale ainsi qu’un léger prétilt. De proche en proche, cette orientation est transférée dans tout le volume de la cellule. Deux électrodes transparentes permettent d’appliquer un champ électrique dans la cellule (voir figure 2.1(b)). Ces électrodes sont souvent en ITO (Indium-Tin Oxyde) ou peuvent être par exemple en polymère conducteur. Quelle est la réponse du cristal liquide nématique sous l’action du champ électrique ? Même si chaque molécule du cristal liquide peut être un dipôle, l’interaction du cristal liquide avec le champ électrique est celle d’un quadripôle. Le couple exercé sur les molécules ne dépend pas du sens du champ, mais seulement de sa direction. De plus, un champ perpendiculaire ou parallèle aux molécules n’exerce pas de couple sur elles. Dans notre travail, on utilise des cristaux liquides à anisotropie positive, ce qui signifie que le directeur a tendance à s’orienter dans la direction du champ (minimum d’énergie d’interaction). Lorsque le champ E est appliqué dans la cellule, les molécules du volume basculent d’autant plus que le champ est fort. Comme ce champ est perpendiculaire aux substrats, on comprend qu’un prétilt est nécessaire pour que le couple exercé soit non nul. La lumière qui traverse la cellule voit le cristal liquide comme un milieu biréfringent uniaxe dont le directeur est l’axe optique. Considérons le faisceau de lumière schématisé sur la figure 2.1(b), qui se propage selon la direction z. La composante polarisée selon y voit l’indice ordinaire no du cristal liquide (rayon ordinaire). La composante polarisée selon x voit l’indice extraordinaire effectif n(θ), qui dépend de l’orientation du cristal liquide (rayon extraordinaire). Lorsque le champ est nul, le directeur est presque horizon- 13 Cristaux liquides LICRILITE® Liquid Crystal Mixtures for PDLC Applications Mixture BL023 BL024 BL032 BL033 BL034 BL035 BL036 BL037 Mpt S−N N−I / °C / °C / °C − < −20 105 − < −20 81 − < −20 87 − < −20 69 − < −20 87 − < −20 96 − < −20 95 − < −20 109 Viscosity /cSt (20°C) 72 35 62 40 60 55 67 81 ∆ε ε¦ (1 kHz, 20°C) (1 kHz, 20°C) 14.0 19.0 15.5 20.5 15.4 20.6 17.1 22.8 15.8 21.1 16.6 22.0 16.4 21.7 15.9 21.1 ∆n no (589nm, 20°C) (589nm, 20°C) 0.2273 1.5183 0.2042 1.5132 0.2484 1.5210 0.2420 1.5290 0.2496 1.5214 0.2670 1.5280 0.2670 1.5270 0.2820 1.5260 1.79 1.55 2.22 1.73 2.39 1.48 2.02 1.61 2.23 1.77 2.37 1.76 2.39 1.88 2.55 14.9 26.3 1.76 11.6 24.0 2.07 13.8 27.0 1.95 11.7 21.7 1.86 13.3 27.0 2.08 14.5 27.9 1.93 13.7 27.5 2.01 15.9 30.8 1.93 33 40 13 21 16 − <0 12 11 30 23 35 13 27 27 37 V(10, 0, 20) V(90, 0, 20) K11 K33 K33 /K11 / 10 −12N (20°C) / 10 −12N (20°C) (20°C) Solubility in NOA65* 40% LC / °C 50% LC / °C *Temperature at which the given quantity of liquid crystal is fully soluble in Norland Optical Adhesive NOA65 Figure 2.2 – Extrait de la brochure de Merck [83, p. 13]. Nous avons utilisé principalement le cristal liquide BL036. tal 1 et l’indice effectif est égal à l’indice extraordinaire ne du cristal liquide, n(0) = ne . Lorsque le champ est fort, le directeur est presque vertical et l’indice effectif est égal à l’indice extraordinaire no du cristal liquide, n(π/2) = no . Dans cette situation extrême, la lumière voit un milieu isotrope d’indice no . Cette orientation perpendiculaire aux substrats est parfois appelée homéotrope. En passant de l’orientation planaire à l’orientation homéotrope, l’indice n(θ) vu par le rayon extraordinaire passe de ne à no . Les cristaux liquides utilisés lors de notre travail sont des nématiques de forte biréfringence et d’anisotropie positive. On a utilisé des matériaux de la série BL de Merck, commercialisés entre autres pour la fabrication des PDLC. Leurs données de base se trouvent dans les brochures du fabricant [83, 84] dont on a reproduit un extrait sur la figure 2.2. On a utilisé principalement le BL036. Comme notre travail vise à fabriquer des dispositifs fonctionnant avec de la lumière infrarouge, il est nécessaire de connaître les constantes optiques de ces matériaux dans ce domaine de longueur d’onde. Mais le fabricant publie uniquement des données pour une longueur d’onde visible, dans notre cas à 589 nm (doublet du sodium). Pour connaître des constantes optiques dans l’infrarouge, on a donc deux possibilités : les mesurer ou les estimer. Comme nous n’avons pas d’ellipsomètre ou de réfractomètre à notre disposition et qu’on réalise un travail préparatoire plus qu’un travail de finalisation, on se contentera d’une estimation basée sur le comportement du cristal liquide E7 dans le domaine infrarouge. Le cristal liquide E7 fait partie de la série BL du catalogue Merck, sous le nom BL001. C’est un mélange bien connu, dont la composition est indiquée sur la figure 2.3 [85, 86], qui est souvent choisi dans les expériences fondamentales comme prototype représentatif de cette famille de cristaux liquides. On trouve dans la littérature les valeurs expérimentales des indices optiques et de la biréfringence de ce matériau dans un vaste domaine 1. La valeur du prétilt θ est en général inférieure à 5°. 14 Matériaux et techniques Figure 2.3 – Composition chimique du cristal liquide nématique E7. de longueurs d’onde [87, 88, 89, 90]. La référence [88] est particulièrement intéressante car elle donne les coefficients d’un développement de Cauchy pour les indices ordinaire et extraordinaire, ce qui permet de les déterminer pour toute longueur d’onde dans le domaine de validité de ce développement (du domaine visible au proche infrarouge) : no ' Ao + Bo Co + 4 λ2 λ et ne ' Ae + Be Ce + 4 λ2 λ Biréfringence du cristal liquide E7 Biréfringence ∆n 0.30 0.25 0.20 0.15 0.10 0.05 0.00 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 Longueur d’onde λ (µm) 1.4 1.6 Figure 2.4 – Biréfringence du cristal liquide E7 en fonction de la longueur d’onde. Les valeurs à 20°C sont Ae = 1.6993, Be = 0.0085 µm2 , Ce = 0.0027 µm4 , et Ao = 1.4998, Bo = 0.0067 µm2 , Co = 0.0004 µm4 . On peut ainsi tracer la variation de la biréfringence du cristal liquide E7 en fonction de la longueur d’onde (voir figure 2.4). Entre 589 nm et 1550 nm, la biréfringence passe de 0.224 à 0.201, soit une baisse de 10%. Supposant que la diminution est du même ordre pour BL036, et connaissant sa 15 Alignement des cristaux liquides biréfringence à 589 nm, ∆n = 0.267, on en déduit que la biréfringence à 1550 nm est de l’ordre de 0.240. 2.2 Alignement des cristaux liquides Les cristaux liquides sont en général utilisés dans une situation où ils sont confinés entre deux surfaces présentant un film d’alignement. Ce film permet d’orienter le cristal liquide de manière uniforme dans la cellule. 2.2.1 Alignement par brossage L’industrie des cristaux liquides utilise en majorité des films de polyimide. Le polymère est déposé à partir d’une solution diluée de façon à former une fine couche sur le substrat. La surface est ensuite brossée avec un rouleau recouvert d’un velours dont les poils sont par exemple en nylon (figure 2.5(a)). Ce processus oriente le film de polymère en imprimant un micro-relief et en orientant les chaînes de polymère de la surface dans la direction du brossage. D’autres polymères comme les polyamides ou le polyalcool vinylique (PVA) peuvent également être utilisés comme films d’alignement. (a) brossage (b) pretilt film d'alignement électrode substrat Figure 2.5 – (a) Technique de brossage d’un film d’alignement pour cristal liquide. (b) Assemblage anti-parallèle pour former une cellule de cristal liquide. L’orientation du film brossé est transmise aux molécules du cristal liquide par les interactions à courte distance (forces de Van der Waals et liaisons hydrogène). Le microrelief du film contribue également à aligner les molécules dans le sens des sillons car cette situation diminue l’énergie élastique du cristal liquide. Le film d’alignement donne ainsi aux molécules du cristal liquide une orientation azimutale dans le sens du brossage 2 et peut aussi lui conférer une orientation zénithale que l’on appelle angle de pretilt. On trouvera dans la référence [91] des liens vers plus d’une centaine d’articles concernant l’alignement des cristaux liquides. Une cellule de cristal liquide est formée en mettant en regard deux substrats avec leur film d’alignement. L’assemblage est en général anti-parallèle (figure 2.5(b)) de façon à ce que les molécules soient orientées avec l’angle de pretilt dans tout le volume de la cellule lorsqu’aucun champ électrique n’est appliqué. 2. Sauf pour certains polymères où les groupements latéraux, perpendiculaires à la chaîne principale, peuvent induire une orientation perpendiculaire au brossage [91, 92]. 16 Matériaux et techniques L’alignement par brossage est le procédé le plus employé dans l’industrie, mais il présente certains inconvénients. C’est une technique de contact qui laisse toujours des poussières sur les substrats. Ces poussières peuvent dégrader la fonction du produit fabriqué. De plus, le brossage génère des charges électrostatiques qui peuvent parfois détruire un transistor dans le cas des panneaux à matrice active. Un autre inconvénient est la difficulté d’avoir plusieurs directions d’alignement sur un même substrat. C’est possible en masquant certaines parties [93], mais cela ajoute plusieurs étapes de masquage par photorésine. Un inconvénient supplémentaire est la difficulté d’utiliser cette technique sur des échantillons de topographie complexe. Par exemple, les poils du rouleau n’atteindront pas le fond de creux étroits. Devant ces inconvénients, en particulier le dernier mentionné, j’ai décidé d’utiliser une autre technique d’alignement. 2.2.2 Photoalignement Il est possible de pallier les inconvénients de l’alignement par brossage en utilisant une technique d’alignement sans contact dans laquelle un matériau de photoalignement est insolé avec une lumière polarisée, imprimant une anisotropie dans le film. Il y a actuellement trois grandes classes de matériaux de photoalignement : matériaux avec chromophores diazoïques, matériaux photo-réticulables et matériaux photo-dégradables [94, 95]. 2.2.2.1 Matériaux avec chromophores diazoïques Le chromophore est la partie d’une molécule de colorant responsable de son interaction avec la lumière et donc de sa couleur. Ce sont des groupements avec un système d’électrons π conjugués, qui confèrent une rigidité mécanique et une polarisabilité importante. Lorsque ces groupements ont une forme allongée, ils peuvent orienter un cristal liquide. L’intérêt pour les chromophores diazoïques vient du fait qu’ils peuvent se réorienter par photo-isomérisation trans-cis (voir figures 2.6 et 2.7) [96]. En éclairant avec une lumière ultraviolette (de fréquence ν1 ), on induit la transition T→T∗ (section efficace σ1 ). La relaxation se fait ensuite rapidement, de manière non-radiative, soit en retournant dans l’état T, soit en allant dans l’état C avec un rendement φtc . Il y a peu de luminescence dans cette famille de molécules [97, 98]. Dans le sens inverse, en éclairant avec une lumière visible (de fréquence ν2 < ν1 ), on induit la transition C→C∗ (section efficace σ2 ) et la relaxation vers T se fait avec un rendement φct . Le retour de la forme cis à la forme trans peut également se faire sans action de la lumière, simplement par relaxation non-radiative, avec un taux de transition γ. En exploitant cet effet, le premier exemple de photoalignement a été démontré en 1988. L’expérience utilise une cellule de cristal liquide dont les surfaces sont recouvertes d’une monocouche d’un dérivé d’azobenzène [99] (voir figure 2.8). Une lumière ultraviolette (λ = 365 nm) amène les groupements dans leur configuration cis et induit un alignement planaire du cristal liquide (d’orientation azimutale quelconque). Ensuite une lumière visible (λ = 440 nm) peut ramener les groupements dans leur configuration trans et induire un alignement perpendiculaire (homéotrope). Les surfaces permettent donc de commander l’orientation du cristal liquide à volonté, par l’action d’une lumière. Ce type de surface de commande (command surface) présente un intérêt dans la réalisation de dispositifs pour l’enregistrement optique d’informations. Dans cette première expérience, la lumière utilisée n’était pas polarisée et il n’était pas possible de contrôler l’orientation azimutale du cristal liquide. Mais on savait depuis 17 Alignement des cristaux liquides Figure 2.6 – Configurations trans et cis du groupement azobenzene. E T C* * tc h1, 1 T ct h2, 2 C trans cis Figure 2.7 – Niveaux d’énergie des états trans et cis et transitions entre ces états. plusieurs années qu’une lumière polarisée peut générer une anisotropie dans des films contenant des colorants diazoïques [100]. Ce phénomène est dû au fait que l’absorption de la lumière par un chromophore dépend de l’angle entre le vecteur champ électrique lumineux et l’axe du chromophore. L’absorption est maximale lorsque les deux sont alignés et nulle lorsqu’ils sont perpendiculaires. Les molécules de configuration trans alignées dans une direction voisine du champ électrique lumineux absorbent la lumière et passent dans la configuration cis (voir figure 2.9). La relaxation vers la configuration trans se fait ensuite de façon isotrope. Les molécules qui se relaxent dans une direction proche de la polarisation lumineuse seront à nouveau excitées, tandis que les molécules qui se relaxent dans une direction perpendiculaire à la polarisation ne seront plus excitées. On dépeuple la distribution de chromophores dans la direction du champ électrique lumineux et les molécules de configuration trans CL h1(UV) h2(visible) trans cis Figure 2.8 – Surface commandant l’orientation d’un cristal liquide (CL) par photo-isomérisation cis-trans. 18 Matériaux et techniques Figure 2.9 – Photo-isomérisation trans-cis par une lumière polarisée. La lumière est absorbée seulement quand la molécule est alignée avec le champ électrique de l’onde. s’accumulent dans un plan perpendiculaire. En exploitant ce phénomène, le contrôle azimutal de la direction d’alignement d’un cristal liquide a été démontré expérimentalement en 1991 [101]. Dans cette expérience, le film d’alignement déposé sur les parois de la cellule de cristal liquide était constitué d’un colorant diazoïque dissous dans un polymère. Le film était préalablement brossé pour donner une orientation initiale au cristal liquide. L’expérience consistait à insoler la cellule avec une lumière polarisée dans la direction de l’alignement initial, ce qui provoquait la rotation du colorant dans la direction perpendiculaire et entraînait le cristal liquide. L’orientation des cristaux liquides grâce à des colorants diazoïques isolés par une lumière polarisée a par la suite été démontrée dans des situations variées : colorants dissous dans une matrice polymère [101, 102], groupements chromophores diazoïques liés à un polymère [103, 104, 105], couches fines greffées sur la surface par un lien flexible [106, 107], colorants dissous dans la masse du cristal liquide (guest-host mixture) [108, 109]. De nombreuses références sont citées dans [94] et des modèles théoriques sont publiés [110]. Les colorants diazoïques peuvent également être déposés purs sur une surface et ils s’orientent perpendiculairement au champ électrique de la lumière comme dans la situation présentée plus haut. Mais la cause de cette orientation ne peut pas être attribuée à des isomérisations trans-cis. En effet, lorsque les molécules de colorants sont proches les unes des autres, la photo-isomérisation devient difficile en raison d’une gêne stérique [111, 112]. Cela se voit notamment dans le fait que le spectre d’absorption (UV, visible et infrarouge) ne change pas de forme après insolation ultraviolette [113, 114], la forme cis n’est pas observée. Les molécules peuvent absorber la lumière sur la transition T→T∗ mais le rendement φtc de la transition T∗ →C est nul à cause de la gêne stérique et la relaxation se fait entièrement vers T. L’isomérisation trans-cis n’est donc pas le seul phénomène pouvant induire la réorientation des chromophores sous une lumière polarisée. D’ailleurs cette réorientation a été démontrée expérimentalement avec des chromophores ne présentant pas de possibilité d’isomérisation (molécules avec chromophore diphenyldiacetylene [115]). Considérant uniquement un processus d’excitation T→T∗ puis un processus de relaxation T∗ →T, on peut comprendre qu’une réorientation progressive de l’axe des molécules est possible. Le raisonnement se base sur le fait que la distribution des orientations a une largeur non nulle. Les molécules sont d’autant plus excitées que leur orientation est voisine de la direction de polarisation. Après relaxation elles se redistribuent autour de la direction moyenne des molécules de l’échantillon. Ce processus cause une évolution 19 Alignement des cristaux liquides Figure 2.10 – Colorant diazoïque sulfoné SD1 utilisé pour le photoalignement [114]. (a) (b) Lumière UV non polarisée E Lumière UV polarisée E SD1 substrat inclinaison Figure 2.11 – Photo-alignement d’un colorant diazoïque (SD1) avec définition du pretilt. L’insolation est faite en deux étapes, une première en lumière non polarisée (a), puis une seconde en lumière polarisée (b). de la distribution de l’orientation des molécules, qui se dépeuple dans la direction de la polarisation. Au final, les molécules s’orientent perpendiculairement à la direction de polarisation. Le modèle est décrit en détails dans [116] et résumé dans [94]. Une comparaison avec des mesures expérimentales est également fournie. La référence [117] présente aussi un modèle s’accordant avec les mesures expérimentales, mais il est présenté d’une manière moins physique, invoquant une équation de Boltzmann-Smoluchowski. Je pense que les deux modèles sont équivalents, mais il serait intéressant de le vérifier dans le détail. Notons pour finir que la réorientation présente un effet de seuil par rapport à l’intensité lumineuse, ce qui est caractéristique d’un effet collectif [113]. La référence [117] tient explicitement compte de ce seuil. Dans ce travail, j’ai eu l’occasion de tester un échantillon de la molécule SD1 de V. Chigrinov [118, 95] (voir figure 2.10) et de vérifier ses bonnes propriétés d’alignement pour la fabrication de cellules à cristaux liquides. La molécule se commande avec une lumière ultraviolette à 365 nm. Il est possible de générer un pretilt en insolant sous une incidence non perpendiculaire et l’article [114] résume les différentes possibilités envisagées par les auteurs. On notera qu’il est possible de définir un alignement planaire simplement en utilisant une lumière non-polarisée sous incidence oblique. J’ai pour ma part utilisé une technique légèrement variée dont l’intérêt est d’obtenir une direction azimutale finale mieux définie et mieux contrôlée. La technique est présentée sur la figure 2.11. La première 20 Matériaux et techniques Figure 2.12 – Réaction de photo-réticulation entre deux groupements cinnamate. La lumière n’induit pas la réaction des groupements orientés perpendiculairement au champ électrique. insolation (a) en lumière non polarisée et sous un angle d’incidence ϕ ' 30◦ permet de dresser les molécules pour imprimer le pretilt. Notons qu’il n’est pas évident de savoir quel angle est atteint par les molécules, mais il est certain que le pretilt obtenu pour le cristal liquide, quelques degrés, est largement inférieur à l’angle ϕ [114]. Je supposerai donc pour le dessin que les molécules de colorant ont une tendance à conserver une inclinaison proche de la surface. L’étape (a) est en principe suffisante pour définir en même temps le pretilt et l’orientation de l’alignement, définie par le plan d’incidence [114]. Mais je préfère affiner et affermir l’orientation azimutale par une deuxième insolation, cette foisci en lumière polarisée et sous incidence perpendiculaire (b). Une fois ces opérations de photo-alignement réalisées sur deux substrats, on forme une cellule que l’on infiltre avec un cristal liquide nématique. On constate expérimentalement que le prétilt est suffisant pour que le basculement soit uniforme lorsqu’un champ électrique est appliqué (cellule mono-domaine). Un détail rarement mentionné dans les publications est que le colorant diazoïque sulfoné SD1 est très hygroscopique. Son alignement n’est pas stable en présence d’humidité. Cette affinité avec l’eau est due au fait que c’est en même temps un acide (fonctions acide carboxylique) et un sel (sulfonate de sodium). D’autre part, j’ai observé que lorsqu’il est mis en oeuvre sur une couche de polymère conducteur PEDOT:PSS, l’alignement produit n’est pas de bonne qualité. Ceci pourrait s’expliquer par la nature fortement acide de la couche de PEDOT:PSS. Il est possible que certains groupements sulfonate de SD1 soient protonés par des ions hydrogène venant des groupements acide sulfonique du PSS. 2.2.2.2 Matériaux photo-réticulables Le poly(vinyl cinnamate) (PVCi) est le plus ancien matériau photo-réticulable synthétique [119, 120]. La réaction de photo-réticulation est illustrée sur la figure 2.12. C’est une cycloaddition [2+2] qui est activée par la lumière ultraviolette dans la bande 240–310 nm, avec un pic vers 275 nm [119, 121]. La photo-réticulation anisotrope de ce matériau a été Alignement des cristaux liquides 21 Figure 2.13 – Réaction de photo-réticulation entre deux groupements coumarine. démontrée expérimentalement en 1991 en l’insolant avec une lumière polarisée [122]. La réaction photo-induite est sensible à la polarisation car la lumière ultraviolette est absorbée préférentiellement lorsqu’un groupement cinnamate est aligné avec la direction de polarisation. Le produit de la réaction est en majorité de la forme truxinate [119] comme indiqué sur la figure 2.12. Dans le même temps, les groupements cinnamate alignés perpendiculairement au champ électrique de la lumière ne participent pas à la réticulation. On peut dire que la distribution des groupements cinnamate est dépeuplée dans la direction du champ électrique. Comme ces groupements, largement conjugués, ont une polarisabilité importante, ils alignent les cristaux liquides parallèlement à eux. Ainsi le film insolé aligne les cristaux liquides perpendiculairement au champ électrique appliqué. De nombreux dérivés du PVCi ont par la suite montré des propriétés de photoalignement similaires [94]. L’article [123] de 1992 est le plus souvent cité, probablement parce que c’est le premier en langue anglaise sur ce sujet, il met en évidence le photoalignement du poly(vinyl 4-méthoxycinnamate) 3 . Les dérivés du PVCi ont quelques inconvénients. En insolant la surface sous une incidence non perpendiculaire, il est possible de générer un pretilt [92], mais celui-ci reste trop faible pour de nombreuses applications (inférieur à 0.3°). D’autre part, l’alignement obtenu n’est pas très stable thermiquement [125]. Les polymères possédant des groupements coumarine pallient ces inconvénients [126]. La réaction de photo-réticulation est indiquée sur la figure 2.13 pour un exemple de matériau. C’est une cycloaddition [2+2] qui est activée par la lumière ultraviolette dans la bande 270–350 nm, avec un pic vers 315 nm [127, 128, 129]. Les groupements coumarine 3. L’article [123] explique le photoalignement en affirmant que le produit de la réaction est de la forme truxillate. Il justifie cette affirmation en citant [119], mais cet article dit clairement que le produit de la réaction est en majorité de la forme truxinate. De nombreux auteurs copieront l’erreur de [123] dans les années suivantes. L’article [124] de 1999 clarifie la situation et explique l’origine du photoalignement de façon cohérente. C’est cette explication que j’ai reprise dans le texte. 22 Matériaux et techniques Lumière UV polarisée E substrat film d'alignement inclinaison pretilt généré Figure 2.14 – Photoalignement du matériau Rolic ROP-103. Les molécules dessinées en pointillés représentent l’orientation des molécules de cristal liquide lorsque qu’il sera en contact avec l’échantillon photoaligné. alignés dans le sens du champ électrique subissent la photo-réticulation, ils se lient et gardent une orientation proche du champ. Ainsi, la distribution des groupements coumarine est dépeuplée dans le sens du champ électrique et des photo-dimères sont créés dans le sens du champ. Comme une conjugaison disparaît lors de la cycloaddition, les cristaux liquides ressentent une interactions plus forte avec les groupements initiaux qu’avec les dimères produits. On pourrait en déduire que les cristaux liquides s’aligneront perpendiculairement au champ électrique, comme dans le cas du PVCi, mais en réalité, l’alignement se fait parallèlement au champ électrique. La raison de cet alignement a été recherchée, notamment dans les articles [124, 127, 125]. L’explication retenue est que la distribution des groupements coumarine n’ayant pas réagi reste en réalité assez isotrope au cours du processus de dimérisation. On remarque sur la figure 2.13 que le groupement coumarine est séparé de la chaîne principale du polymère acrylique par un lien qui lui offre une certaine mobilité. La distribution est certes dépeuplée de manière anisotrope, mais l’agitation moléculaire autorisée par les liens flexibles la ramène vers une distribution isotrope. Au contraire, les dimères sont moins mobiles, car liés l’un à l’autre, et restent alignés dans le sens du champ. Ils sont donc à l’origine de l’anisotropie du film d’alignement. Notons que la direction d’alignement, pour certains matériaux photo-réticulables, peut tourner de 90° au-delà d’un certain niveau d’énergie [94, 125, 127, 130, 124] et l’explication donnée précédemment est valable seulement en dessous de ce seuil d’énergie. Au delà, les réactions de photodégradation commencent à jouer un rôle [125]. Finalement, la direction d’alignement dépend non seulement de la nature exacte du matériau (présence de liens flexibles et stéréochimie de la réaction) mais aussi du degré d’insolation. La société Rolic est la seule à commercialiser un matériau de photoalignement par photo-réticulation. C’est une société créée en 1996 par Hoffmann-La Roche et qui a été à l’origine de nombreux travaux sur ces matériaux. Leur production scientifique est en grande majorité publiée sous la forme de brevets dont on peut citer [131, 132, 133, 134, 135, 136]. Dans ce travail, j’ai utilisé le matériau de photoalignement ROP-103 fabriqué par la société Rolic [137] et qui contient un polymère avec des groupements coumarine. Ce matériau sera souvent nommé LPP dans la suite, pour Linearly Photopolymerisable Po- Cristaux liquides polymérisables 23 lymer. Sa composition exacte est secrète, mais plusieurs détails laissent penser que c’est un matériau voisin de celui présenté plus haut. Après insolation sous lumière ultraviolette polarisée, le film peut aligner les molécules de cristal liquide dans la direction définie par le champ électrique de la lumière. Il est possible d’imprimer un prétilt en insolant sous une incidence non perpendiculaire comme indiqué sur la figure 2.14. L’échantillon est incliné d’un angle ϕ ' 30◦ et il en résulte un pretilt induit θ dont la valeur dépend principalement de l’énergie déposée lors de l’insolation (et moins de la valeur de ϕ comme on le penserait au premier abord). Rolic mentionne des valeurs de pretilt allant jusqu’à 35◦ avec ce matériau. Nous nous sommes contentés d’un pretilt de quelques degrés, suffisant pour que les cellules soient d’un seul domaine lors de l’application d’un champ électrique. Du point de vue expérimental, il est important de noter que la réaction nécessite une lumière ultraviolette proche de 315 nm. Les sources commercialisées pour l’insolation UV des colles et autres polymères utilisent en général une lampe à arc à mercure haute pression, qui émet entre autres une raie à 312 nm. Mais ces lampes incorporent souvent un filtre interne qui arrête les faibles longueurs d’onde. Ceci ne permet pas de réaliser le photoalignement. J’ai utilisé une source commerciale après en avoir retiré ce filtre interne. D’autres sources peuvent être utilisées, par exemple des tubes à mercure à basse pression qui émettent une raie à 312 nm. 2.2.2.3 Matériaux photo-dégradables et polyimides La photo-dégradation anisotrope est un autre moyen de créer un film d’alignement pour les cristaux liquides [94, 95]. Les groupements photosensibles alignés dans le sens du champ électrique de la lumière absorbent le rayonnement et se dégradent, tandis que les groupements perpendiculaires n’absorbent pas la lumière. Cette technique a été démontrée avec des polyimides. Par la suite, des matériaux de cette famille ont été sélectionnés en cherchant ceux qui ont la plus grande photosensibilité. Un inconvénient de cette technique est que les produits de photo-dégradation peuvent avoir un impact négatif sur le fonctionnement des dispositifs à cristaux liquides. Les petites molécules produites peuvent être conductrices et donc induire la décharge du condensateur que constitue chaque pixel. Les groupements dégradés peuvent aussi s’ioniser et engendrer un effet mémoire de l’image. La société Elsicon commercialise une solution de photoalignement à base de polyimides qui ne fonctionne pas par photo-dégradation, mais elle ne donne pas d’information sur le mécanisme utilisé. Il faudra éplucher les dizaines de brevets d’Elscion et d’Alliant Techsystems pour trouver les quelques lignes d’explications utiles. Nous n’avons pas utilisé le matériau de ce fabricant. 2.3 Cristaux liquides polymérisables Les cristaux liquides polymérisables sont des mélanges de monomères cristaux liquides qui se solidifient en polymérisant. La première utilisation de ces matériaux est la fabrication de films de compensation pour l’angle de vue dans les dispositifs à cristaux liquides [74]. Une grande variété de matériaux est disponible et permet de fabriquer des films planaires, homéotropes, cholestériques ou en éventail [138]. Une autre utilisation de ces films est la stabilisation ou l’affermissement des films de photoalignement [136, 139, 140] 4 . En effet, les films de photoalignement ne sont pas 4. La dernière référence n’apporte pas de nouveauté significative puisque que la technique a déjà été 24 Matériaux et techniques Figure 2.15 – Composition d’un mélange cristal liquide polymérisable, mentionnée dans les brevets de la société Rolic [136, 135, 134]. toujours stables sous l’action de la lumière ou de la température. La polymérisation d’un film de cristaux liquides au dessus du film d’alignement permet de figer les molécules dans l’orientation désirée. De plus ce film supplémentaire peut induire un alignement de meilleure qualité que le film de photoalignement seul. Par exemple, nous avons toujours eu du mal à fabriquer des cellules de cristaux liquides alignés en utilisant le matériau LPP de Rolic seul. Ainsi, j’ai systématiquement ajouté un film de cristal liquide polymérisable au dessus du film LPP pour obtenir un alignement de qualité, fiable et reproductible. En insolant un film de photoalignement à travers un masque, il est possible d’aligner des zones dans différentes directions. Le matériau cristal liquide polymère déposé par dessus reproduit les directions d’alignement sous-jacentes. Cette technique rend possible la fabrication de films optiques biréfringents de structure complexe [141, 142, 126, 143]. De nombreux brevets ont été déposés par la société Rolic [144, 145, 146, 147]. Ces monomères sont en général des acrylates qui réagissent dans une polymérisation radicalaire. La polymérisation peut être initiée par n’importe quel type d’initiateur de radicaux, initiateur thermique ou photoinitiateur. Les mélanges commerciaux sont vendus avec un photoinitiateur qui est sensible à la longueur d’onde de 365 nm. On peut donner quelques exemples de photoinitiateurs, sélectionnés dans la gamme de Ciba : Irgacure 651 (benzoacétophénone), Irgacure 907 ou 369 (aminocétones). Les deux derniers sont préconisés pour donner de meilleurs résultats en présence d’oxygène. On peut aussi donner quelques exemples d’initiateurs thermiques : l’AIBN (azobisisobutyronitrile) ou le V-65 de Wako (2,2’-Azobis(2.4-dimethyl valeronitrile)). Le deuxième est soluble dans un plus grand nombre de matériaux. Pour mon travail, j’ai acheté le matériau ROF-5102 de la société Rolic, qui sera parfois nommé LCP par la suite, pour Liquid Crystal Prepolymer [149]. Sa composition est probablement proche de ce qui est mentionné dans les brevets [136, 135, 134] et représenté sur la figure 2.15. J’ai également acheté le matériau RMS03001C de la société Merck [150] dont la composition est probablement proche de ce qui est indiqué dans le brevet [148] et représenté sur la figure 2.16. publiée en 2003 dans le brevet [136], mais elle présente les choses plus en détails et est plus facile d’accès. Cristaux liquides polymérisables 25 Figure 2.16 – Composition d’un mélange cristal liquide polymérisable, mentionnée dans les brevets de la société Merck [148]. Figure 2.17 – Inhibition de la propagation d’une polymérisation radicalaire par le dioxygène. Le radical obtenu est peu réactif. 26 Matériaux et techniques Les polymérisations radicalaires sont facilement inhibées par le dioxygène car la molécule de dioxygène se fixe sur le radical de propagation et forme un nouveau radical nettement moins réactif (voir figure 2.17) [151, 152]. La propagation de la polymérisation est alors fortement ralentie. Le film résultant sera collant et les molécules ne seront pas figées. Ces polymérisations ne peuvent donc pas se faire correctement quand le film est au contact de l’air. Il est nécessaire de placer l’échantillon sous vide ou sous azote. Lors de sa mise en oeuvre, le film de cristal liquide polymérisable est en général déposé sur une surface d’alignement et sa surface supérieure est au contact de l’air. Comment l’alignement se fait-il au contact de l’air ? L’orientation d’un cristal liquide nématique à sa surface libre dépend de sa nature [153]. Elle est souvent homéotrope (perpendiculaire à la surface) pour les molécules dont le moment dipolaire est élevé (par exemple celles qui composent la famille BL de Merck). Elle est planaire pour les molécules qui on un moment dipolaire faible et une anisotropie diélectrique négative (par exemple le PAA). Les cas d’orientation intermédiaire se rencontrent également. En jouant sur la composition du mélange, on peut même, dans une certaine mesure, varier l’angle à la surface et réaliser des films avec un effet d’éventail contrôlé (splayed films) [154]. Dans le cadre de ce travail, c’est toujours une structure planaire uniforme qui était désirée. En général, les mélanges formant les cristaux liquides polymérisables ne présentent pas naturellement un alignement planaire au niveau de leur surface libre, mais il est possible d’obtenir cet alignement en ajouter un surfactant. Le brevet [155] présente un exemple comparatif montrant que l’ajout d’un surfactant fluoré non-ionique (FC171) permet de passer d’un alignement oblique à un alignement planaire. Le brevet [156] résume plusieurs des surfactants envisagés par les ingénieurs de Merck, principalement des surfactants fluorés. Le concurrent DIC n’est pas en reste et propose d’autres types de surfactants [157], de la famille des polyoléfines, qui ont l’intérêt d’améliorer la mouillabilité du dépôt dans certains cas, en comparaison avec les surfactants fluorés. On constate que la formulation de Rolic donnée plus haut (figure 2.15) ne mentionne pas de surfactant. Je ne sais pas si c’est un oubli calculé lors du dépôt du brevet ou si la composition particulière du mélange permet un alignement planaire sans l’aide de surfactant 5 . Pour finir à ce sujet, ajoutons que la phase nématique des matériaux cristaux liquides polymérisables n’est pas forcément très stable avant polymérisation [158]. Par exemple, on observe que le mélange LCP de Rolic cristallise au bout d’une demi-heure environ. Il faut donc le polymériser avant que cela se produise. 2.4 Fluide pour déposer des espaceurs Lors de la fabrication de cellules à cristaux liquides, on a besoin d’amener les surfaces de deux substrats l’une face à l’autre. Les surfaces doivent être parallèles et l’écart, typiquement de quelques microns, doit être défini avec précision. La figure 2.18 illustre cette situation. Pour définir cet écart microscopique, on utilise des espaceurs calibrés, sous forme de billes ou de fibres. Par exemple, pour la fabrication des panneaux à cristaux liquides, on utilise des billes en verre ou en polymère déposées par pulvérisation sur la surface. Une autre technique est de fabriquer des espaceurs en déposant puis en lithographiant une résine de construction, comme cela est fait dans le cas des micro-afficheurs (microdisplays) 5. On remarque que les molécules du mélange LCP de Rolic sont toutes quasiment symétriques, peutêtre cela joue-t-il un rôle. 27 Fluide pour déposer des espaceurs e espaceur substrat Figure 2.18 – Cellule de cristal liquide. L’écart entre des surfaces est défini par des espaceurs calibrés. Indice optique Coefficient d’expansion thermique linéique Module élastique (mesuré en compression) Résistance en compression Densité Température de décomposition n = 1.57 λ = 98 ppm/K E = 4.7 GPa σ = 108 MPa d = 1.19 330°C Table 2.1 – Quelques propriétés des espaceurs Micropearl SP de Sekisui. [159] ou dans le cas de certains panneaux flexibles [160, 161]. Dans ce travail on a utilisé principalement des espaceurs en polymère de la gamme Micropearl de Sekisui. Ce sont des billes en divinylbenzene, molécule bifonctionnelle dont la polymérisation donne naturellement un réseau réticulé. Quelques propriétés de ces billes sont données dans le tableau 2.1. La technique de pulvérisation des espaceurs est utilisée sur les grandes surfaces, quand la position exacte des espaceurs n’est pas très importante. Mais dans notre travail au contraire, on s’intéresse à de petites surfaces et on veut éviter les espaceurs dans la zone où passe la lumière. On utilise donc un mélange d’espaceurs dans une colle photopolymérisable que l’on dépose autour de la zone de travail, en prenant soin de laisser une entrée pour amener le cristal liquide et une sortie si l’air doit s’échapper. Après un pressage et une polymérisation sous lumière ultraviolette, la cellule est prête à être remplie. Le mélange est fait avec environ 0.6% d’espaceurs dans la colle UVS91 de Norland. Il est déposé à la seringue, soit manuellement grâce à un doseur à air comprimé, soit par un robot de déposition (EFD Ultra TT). Les aiguilles utilisées habituellement sont des aiguilles en inox longues de 12.7 mm avec un diamètre intérieur de 0.25 mm. Dans certaines opérations, on aimerait déposer des espaceurs comme présenté plus haut, mais pouvoir ensuite séparer proprement les surfaces et enlever les espaceurs. Il est peu pratique d’utiliser un mélange d’espaceurs dans la colle car il ne pourra être retiré correctement qu’avec des solvants agressifs comme l’acétone, ce qui est gênant dans les situations où ce solvant détruirait ce qu’on vient de fabriquer. On aimerait donc un fluide permettant de déposer les espaceurs avec la même facilité qu’une colle, mais pouvant être retiré par un moyen doux, par exemple avec de l’eau. Après avoir identifié ce besoin, j’ai travaillé pour formuler un tel fluide. J’ai identifié les contraintes suivantes : 1. Le fluide doit être soluble dans l’eau. 2. Le fluide doit avoir une forte viscosité (η ' 50−100 Pa s) de façon à ce qu’il s’écoule lentement lorsqu’on met la seringue sous pression. 28 Matériaux et techniques 3. Le fluide doit avoir un seuil d’écoulement assez élevé pour que les espaceurs restent en suspension de manière stable. 4. Le fluide doit avoir un seuil d’écoulement suffisamment faible pour que les bulles d’air remontent à la surface et disparaissent en quelques heures (des bulles d’air sont inévitablement incorporées lors du mélange des espaceurs et du fluide). 5. Le fluide ne doit pas sécher, pour que l’aiguille ne se bouche lors du stockage. 6. Le fluide déposé sur une surface ne doit pas sécher. Après plusieurs minutes d’attente, il doit toujours avoirs la capacité de mouiller une surface s’approchant de lui. 7. Le fluide doit avoir un seuil d’écoulement assez élevé pour qu’il ne coule pas par l’aiguille de la seringue lors du stockage. 8. Le fluide aura avantage à être soluble dans d’autres solvants, dont les solvants organiques tels le propanol et l’acétone Pour trouver un tel fluide, on pense d’abord à chercher parmi la grande famille des gels aqueux. L’industrie de la pharmacie et des cosmétiques ont produit de nombreuses familles de gels aqueux à l’intérieur desquelles on peut varier plusieurs paramètres. Gel de carbomère. Un carbomère est un poly(acide acrylique) réticulé. Il est fabriqué par polymérisation de l’acide acrylique et d’un réticulant vinylique multi-fonctionnel. Dispersé dans l’eau à une concentration de l’ordre du pourcent, il est ensuite neutralisé (avec de la triéthanolamine par exemple) et forme un gel à seuil d’écoulement très élevé[162, 163, 164]. J’ai testé un gel formé à partir du Carbopol 980 (fabriqué par Lubrizol) et neutralisé à la triéthanolamine. Le seuil d’écoulement est très élevé (si on lui donne une forme de pyramide, la forme est conservée pendant plusieurs jours) mais le fluide est en même temps extrêmement rhéofluidifiant (il s’écoule en jet à travers l’aiguille sous la pression habituelle du doseur, environ ∆p ' 4 bar). Pour notre utilisation, le seuil d’écoulement est trop élevé et le gel est trop rhéofluidifiant. Gel de carboxyméthylcellulose. La carboxyméthylcellulose est un dérivé de la cellulose obtenu en substituant les hydrogènes d’une partie des fonctions alcool par un groupements carboxyméthyl (-OH → -O-CH2 -COOH) [165, 166]. Le polymère utilisé pour réaliser les gels est en fait le sel de sodium du polymère précédent (-OCH2 -COONa). Il se dissout en solution aqueuse, formant des chaînes anioniques qui s’organisent en pelotes expansées et enchevêtrées, créant un gel. J’ai testé un gel fabriqué avec une carboxyméthylcellulose de haute viscosité (Mw ' 700 kg/mol) et de degré de substitution environ 0.7[166]. Le gel aqueux obtenu a un seuil d’écoulement élevé, mais suffisamment faible pour que les bulles d’air migrent en quelques heures. Toutefois, pour notre utilisation, ce gel est trop rhéofluidifiant. Gel de méthylcellulose. La méthylcellulose est un dérivé de la cellulose obtenu en substituant les hydrogènes d’une partie des fonctions alcool par un groupements méthyle (-OH → -O-CH3 ). Le polymère, non ionique, se dissout en solution aqueuse et forme des chaînes en pelotes expansées et enchevêtrées, créant un gel. J’ai fabriqué un gel avec une méthylcellulose de haute viscosité (Mw ' 110 kg/mol)[167]. Ce gel a un faible seuil d’écoulement, mais suffisant pour maintenir les espaceurs en suspension et empêcher le gel de couler par l’aiguille lorsqu’il est stocké dans la seringue. Gel de poly(alcool vinylique). On peut réaliser un gel physique en dissolvant du poly(alcool vinylique) dans l’eau et en ajoutant une solution aqueuse de tétraborate de Fluide pour déposer des espaceurs 29 sodium. L’ion tétraborate permet la réticulation physique. J’ai réalisé un gel avec du Rhodoviol 14/135 (Mw ' 110 kg/mol, hydrolysé à 88%) dissous à 4% dans l’eau et une solution aqueuse de tétraborate de sodium (Na2 B4 O7 , 10 H2 O) à 4%. Les deux solutions aqueuses sont mélangées dans un rapport d’environ 5 pour 1 respectivement et on obtient un gel visqueux. Ces essais ont montré différents problèmes. D’abord, il a déjà été noté que certains essais ont montré une trop grand rhéofluidité. Le fluide sort trop rapidement de la seringue lorsqu’elle est mise sous pression. Ceci peut être corrigé en ajoutant un composant permettant d’augmenter la viscosité du liquide de base, par exemple un poly(ethylene glycol). Mais il faut l’ajouter avec une concentration assez élevée et cela peut déstabiliser le gel et le faire floculer. Un deuxième point négatif est que les lignes ou les points de fluide déposés sur une surface sèchent très rapidement. Les dimensions de travail sont petites, la largeur des lignes tracées étant inférieure au millimètre. Ainsi, le rapport surface sur volume est très grand et le dépôt sèche vite, en quelques minutes. Ceci est un problème car si l’on dépose un substrat sur des espaceurs pris dans une masse sèche, l’écart sera mal défini. La contrainte 6 n’est pas remplie. Un troisième point négatif est lié au point précédent. Dans tous les cas présentés plus haut les essais ont à chaque fois montré que le gel séchait dans l’aiguille lors du stockage. La contrainte 5 mentionnée plus haut n’est pas respectée. Il est peu pratique et peu économe de devoir changer l’aiguille avant chaque utilisation. Le bilan de ces points négatifs est qu’il n’est pas possible d’utiliser un gel aqueux pour servir de fluide porteur pour les espaceurs en respectant les contraintes mentionnées plus haut. Il faut donc formuler un gel non aqueux. Les gels non-aqueux sont nettement moins courants que les gels aqueux, mais il existe toutefois des possibilités d’en fabriquer. La silice pyrogénée est une piste intéressante car elle permet d’augmenter la viscosité de nombreux liquides et de les rendre thixotropes. Elle est constituée de particules nanométriques qui s’attachent en agrégats[168]. Ces derniers forment un réseau physique qui modifie largement la rhéologie du liquide. On trouve dans la littérature des exemples d’utilisation de silice pyrogénée pour modifier la rhéologie du poly(ethylene glycol) [169, 170, 171]. Le choix du type de silice, hydrophile (vierge) ou hydrophobe (fonctionnalisée), dépend du liquide à épaissir. L’éthylcellulose est une autre piste car contrairement aux autres dérivés cellulosiques courants, elle est soluble dans de nombreux milieux organiques[172] et peut former des gels. Les articles [173] et [174] montrent qu’il est possible de gélifier un diester liquide (Propylene Glycol Dicaprylate/Dicaprate) avec de l’éthylcellulose. D’autres gélifiants plus pointus sont également proposés dans l’article [175] (toujours pour des liquides organiques). Ces développements sont certes intéressants et utiles au projet, mais ils n’en sont pas un élément central. Je me suis donc servi en réalité d’une solution plus simple, ne respectant pas à la lettre l’ensemble des contraintes énoncées plus haut, mais suffisamment pour qu’elle soit efficace, pratique et fiable pour le travail présent. J’ai recherché un copolymère aléatoire d’éthylène glycol et de propylène glycol de haute masse molaire. L’idée de chercher ce matériau part du fait que le polyéthylène glycol est un polymère très courant, bien soluble dans l’eau et qui est liquide pour les masses molaires inférieures à 1 kg/mol. Malheureusement, ces liquides sont trop fluides et coulent rapidement à travers l’aiguille de la seringue lors du stockage (contrainte 7 non respectée). D’un autre côté les polyéthylènes glycols de masse molaire plus élevée sont 30 Matériaux et techniques Figure 2.19 – Masque chromé en contact étroit avec un substrat de verre. L’espace entre le masque et le substrat est défini par les espaceurs contenus dans les huit points de fluide déposés sur le tour du substrat. On distingue le motif du masque (une mire de résolution) à travers le substrat de verre. Le masque chromé est un carré de 3 pouces de côté. cristallisés à température ambiante. La solution est de choisir un copolymère aléatoire de l’éthylène glycol. Grâce à l’absence de régularité au niveau moléculaire, il ne peut pas cristalliser. J’ai donc sélectionné un poly(ethylene glycol-ran-propylene glycol) de masse molaire Mn ' 12 kg/mol et contenant 75% en masse de motifs éthylène glycol. Il a une viscosité cinétique de ν = 350 St (à 25°C) et une masse volumique ρ = 1.09 g/mL. Un problème des polyéthylènes glycols et de ce copolymère aléatoire est que ces liquides ont un seuil d’écoulement nul. Ce ne sont pas des gels. Ainsi, la contrainte 7 ne peut être rigoureusement satisfaite et le liquide coulera toujours par l’aiguille lors du stockage. Mais un calcul par la loi de Poiseuille donne une fuite de l’ordre de quelques millimètrescube par jour, ce qui est acceptable. D’autre part, la loi de Stokes donne une vitesse de sédimentation des espaceurs inférieure au micron par mois, ce qui est insignifiant. Mis à part le fait que la seringue goutte un peu (une goutte tous les quelques jours tombe par l’aiguille), ce fluide répond aux critères énoncés plus haut. Il est adapté pour déposer des espaceurs en quantité contrôlée. Le fluide peut être lavé à l’eau ou à l’acétone et cette opération emmène les espaceurs en même temps que le fluide. Cette solution sera utilisée dans notre travail pour le report de miroirs de Bragg sur PDLC et pour la photolithographie de proximité lors de la réalisation de zones anisotropes pour le coupleur séparateur de polarisation. La figure 2.19 montre un exemple d’utilisation de ce fluide dans le but de définir un contact étroit entre un masque chromé et un substrat de verre. Cette photographie est prise au cours du processus de fabrication de zones anisotropes dans un monomère cristal liquide (voir chapitre 5). Le substrat de verre est recouvert d’une couche visqueuse de monomère cristal liquide et les espaceurs déposés grâce au fluide permettent de définir un espacement suffisant pour que la couche visqueuse n’entre pas en contact avec le masque. Cette technique permet de faire de la photolithographie de proximité avec un espacement faible et bien contrôlé. 2.5 Adhésifs optiques Les adhésifs optiques sont des colles qui ont de bonnes propriétés optiques après polymérisation. On trouve ces adhésifs dans une gamme d’indices optiques allant de 1.3 à 1.6 Photolithographie 31 environ. Ils sont prévus en général pour être polymérisés sous lumière ultraviolette. Pour atteindre les indices optiques inférieurs à 1.50, les mélanges incorporent des molécules fluorées et cela d’autant plus que l’indice visé est faible. En conséquence de leur caractère fluoré, les colles de bas indice sont très hydrophobes. Nous avons utilisé des adhésifs de différents fabricants : des colles NOA de Norland (qui polymérisent par réaction radicalaire thiol-ène) et des colles Dymax dont certaines sont des acrylates (polymérisation radicalaire) et d’autres sont des époxydes (polymérisation cationique). Les colles NOA sont utilisées comme constituant de base pour la matrice des PDLC (voir chapitre 3). 2.6 Photolithographie La photolithographie est une technique qui permet d’inscrire sur une surface le motif dessiné sur un masque. Au cours du processus, le motif est inscrit dans une photorésine par la lumière traversant le masque. Les masques sont des substrats transparents sur lesquels une couche opaque forme le motif désiré. Les masques couramment utilisés pour la photolithographie sont des plaques de verre recouvertes d’une couche de chrome dont l’épaisseur est typiquement de l’ordre de 70 nm, ce qui donne une densité optique entre 3 et 4. Le chrome est recouvert d’une couche anti-reflet d’oxyde de chrome d’une épaisseur de 34 nm environ. Les masques peuvent également être des films photographiques. Dans ce cas, la couche opaque est obtenue à partir d’une émulsion de cristaux d’halogénure d’argent dans de la gélatine. Le substrat est par exemple un film plastique en PET. La densité optique des zones opaques peut atteindre 5 après le développement du film. Les grains de l’émulsion ne permettent pas une résolution très élevée, typiquement 5 µm. Le motif du masque est transféré dans la couche de photorésine grâce à une réaction photo-induite. La réaction chimique et la longueur d’onde utilisée dépendent du type de résine. Un grand nombre de photorésines sont formulées pour réagir aux ultraviolets à λ = 365 nm, raie émise par les lampes à mercure. L’image du masque peut être formée sur la couche de photorésine simplement en plaquant le masque sur la couche et en insolant à travers le masque. Le positionnement relatif des deux éléments et leur mise en contact sont réalisés avec un aligneur de masques. La résolution qu’on peut atteindre avec cette méthode dépend de l’écart résiduel e entre √ le masque et la couche de résine et vaut environ λe. Pour la production industrielle, on ne met pas le masque en contact avec la couche de photorésine pour éviter l’usure du masque. On fait l’image du masque sur la photorésine par un système de projection. L’ordre de grandeur de la résolution est λ/N A, où N A est l’ouverture numérique du faisceau image. Pour obtenir de fortes résolutions, on utilise des ultraviolets profonds (lasers à 248 ou 193 nm) et des optiques très ouvertes en immersion dans des liquides d’indice fort, de sorte qu’il est possible d’avoir N A > 1. Après l’insolation, la résine est mise en contact avec un liquide développeur. Comme indiqué sur la figure 2.20, il y a deux classes de résines, les résines dites positives, pour lesquelles la zone exposée part au développement, et les résines dites négatives, pour lesquelles la zone exposée reste après le développement. Dans ce travail, j’ai utilisé des résines positives (diazonaphtoquinone-novolac) et des résines négatives (diazonaphtoquinone-novolac inversée à l’imidazole et SU-8). Les résines diazonaphtoquinone-novolac seront présentées dans le paragraphe suivant et la résine SU-8 sera présentée au paragraphe 4.3. 32 Matériaux et techniques Résine positive Résine négative Exposition UV Après développement : Figure 2.20 – Présentation des deux classes de photorésines, positive et négative. Gravure d'une couche Dépôt et lift-off (1a) (2a) (1b) (2b) (pour une résine positive) (1c) (1d) (1e) (pour une résine négative) (2c) gravure dépôt en phase vapeur (2d) (2e) lift-off Figure 2.21 – Deux procédés courants utilisant les photorésines, la gravure localisée et le dépôt localisé. Le motif de photorésine obtenu peut avoir une utilité par lui-même ou être seulement un intermédiaire pour localiser une gravure ou un dépôt. Un exemple du premier cas est donné dans le chapitre 4, où les motifs de photorésine SU-8 sont utilisés pour construire des micro-cellules. La figure 2.21 décrit les procédés de gravure localisée (1) et de dépôt localisé (2). Pour effectuer une gravure localisée, on définit par photolithographie des zones de photorésine qui protégeront de la gravure une partie de l’échantillon. La figure 2.21(1) représente le procédé dans le cas où une photorésine positive est utilisée. On dépose une couche de photorésine sur l’échantillon (1a) et on l’insole à travers un masque (1b). Après développement, il ne reste plus de résine sur les zones que l’on désire graver (1c). Le matériau est ensuite gravé par gravure sèche (plasma) ou gravure humide, selon les cas (1d). Les parties protégées par la résine ne sont pas gravées, la résine servant de masque de gravure. Pour finir, la résine est retirée, par exemple à l’acétone (1e). Pour effectuer un dépôt localisé, on définit par photolithographie des ouvertures dans Résines positives diazonaphtoquinone-novolac 33 Figure 2.22 – Principaux composants de la fraction sèche d’une photorésine positive diazonaphtoquinone-novolac. une couche de photorésine. La figure 2.21(2) présente le procédé. On utilise en général une résine négative car elle permet d’avoir des bords en surplomb. On dépose la couche de photorésine sur l’échantillon (2a) et on l’insole à travers un masque (2b). Le développement ouvre la photorésine aux endroits définis par le motif et met à jour la surface de l’échantillon (2c). Le dépôt est réalisé en phase vapeur et recouvre toutes les surfaces, la photorésine restante et la surface découverte de l’échantillon (2d). La photorésine est ensuite retirée dans un bain de solvant et le film qui la recouvre part avec elle, c’est l’opération de lift-off (2e). Le dépôt qui était arrivé sur la surface découverte n’est pas retiré lors de cette opération. Le bord en surplomb permet d’assurer une discontinuité du film, nécessaire pour que le lift-off se fasse correctement. Les résines positives n’ont en général pas les bords en surplomb et ne sont donc pas adaptées pour les dépôts localisés. 2.7 Résines positives diazonaphtoquinone-novolac J’utilise des résines positives pour copier les films photographiques sur les masques chromés ou pour fabriquer les plots qui seront présentés dans le chapitre 3. Les résines positives les plus courantes sont les résines diazonaphtoquinone-novolac. Elles sont formées par le mélange d’une résine novolac et d’un composant photosensible de la famille des diazonaphtaquinones (DNQ) (voir figure 2.22). Ces composants solides sont dissous dans un solvant, par exemple le lactate d’éthyle (un ester), l’anisole (un éther) ou le PGMEA (ester et éther). La résine est déposée à la tournette et laisse une couche solide dont l’épaisseur est d’autant plus grande que la fraction solide est importante. Le solvant résiduel est évaporé en chauffant l’échantillon quelques instants près de sa température de transition vitreuse (soft bake, SB). Le DNQ est sensible aux longueurs d’onde bleues et ultraviolettes des lampes à mercure. Il subit une réaction photo-induite dont le produit est un acide indène carboxylique (ICA) (voir figure 2.23). Le DNQ est hydrophobe et non-ionisable. Il est transformé en ICA qui est hydrophile et ionisable en milieu basique, grâce à sa fonction acide carboxylique. Le mécanisme de développement exploite ce changement de propriétés et le développeur 34 Matériaux et techniques Figure 2.23 – Réaction photo-induite dans la résine. est une solution aqueuse basique avec un pH proche de 13. La base peut être par exemple de la soude ou de l’hydroxyde de tétraméthylammonium. La résine novolac toute seule serait soluble dans ce développeur car les groupements phénol s’ionisent à pH > 10. Mais le DNQ, hydrophobe et non-ionisable, agit comme un inhibiteur de dissolution. Les zones non exposées, contenant toujours le DNQ, sont donc insolubles dans le développeur. Au contraire, les zones exposées sont solubles car le DNQ a été transformé en ICA, elles sont donc dissoutes à l’étape de développement. Lors de la réaction photo-induite, le DNQ est transformé en ICA, qui est moins absorbant à la longueur d’onde d’insolation. Cette diminution de l’absorption au cours de l’exposition est appelée blanchiment de la photorésine. C’est une propriété essentielle pour l’insolation des couches épaisses (plusieurs microns) car elle permet à l’insolation de se faire jusqu’au bas de la couche. Notons que la réaction photo-induite produit du diazote gazeux. Si ce dégagement est trop brusque et que la couche n’adhère pas bien au substrat, la couche peut se casser, comme on le verra dans le chapitre 3. Notons également que la réaction nécessite de l’eau pour arriver au produit prévu. Normalement, l’atmosphère d’une salle blanche à 50% d’humidité et 22°C permet d’avoir suffisamment d’eau pour que la réaction se fasse. Il est possible de transformer une résine positive diazonaphtoquinone-novolac en une résine négative. Pour cela, on ajoute à la résine un composant qui catalyse la décarboxylation de l’ICA, par exemple l’imidazole (voir figure 2.24). L’imidazole est une base organique (pKa = 7) que l’on ajoute à une concentration d’environ 1% dans la résine liquide. Après l’insolation, on place l’échantillon une dizaine de minutes à une température proche de la transition vitreuse (post-exposure bake, PEB). Cette étape est un recuit d’inversion où l’imidazole catalyse la décarboxylation de l’ICA qui a été produit dans les zones exposées. Un indène, puis un dimère d’indène sont formés. Ce sont des molécules hydrophobes et non-ionisables qui inhibent la dissolution de la résine novolac dans le développeur, comme le faisait le DNQ. L’étape suivante est une exposition de l’échantillon en plein champ (flood exposure) lors de laquelle les zones précédemment masquées sont Discussion 35 Figure 2.24 – Réaction de décarboxylation dans une photorésine inversée à l’imidazole. maintenant exposées. Finalement, on place la résine dans le développeur. Les zones exposées lors de la première étape ne sont pas dissoutes car la dissolution est inhibée par l’indène. Les zones exposées uniquement lors de l’exposition en plein champ sont dissoutes car elles contiennent de l’ICA au lieu du DNQ. L’imidazole et le recuit d’inversion permettent donc d’utiliser une photorésine diazonaphtoquinone-novolac comme une résine négative. Notons pour finir que la réaction de décarboxylation produit du dioxyde de carbone gazeux. Si son dégagement est trop rapide et que la température est trop élevée, il peut faire des bulles dans la couche de résine. J’utiliserai une résine inversée à l’imidazole dans le chapitre 3. 2.8 Discussion Ce chapitre a présenté quelques briques de base qui sont utilisées pour la réalisation des projets. Il rassemble des informations qu’il n’est pas toujours facile de trouver rapidement. Les éléments présentés ici sont ceux qui interviennent dans au moins deux projets. Les matériaux spécifiques à un seul projet seront présentés dans le chapitre correspondant. 36 Matériaux et techniques Chapitre 3 Microtechnologie pour fabriquer des puces laser accordables incluant une couche de PDLC intra-cavité 3.1 3.1.1 Matériaux PDLC pour les cavités optiques Présentation des matériaux PDLC Les PDLC (Polymer Dispersed Liquid Crystal) sont des matériaux qui présentent une structure polymère (réseau ou matrice) imprégnée de cristal liquide [176]. Ils sont obtenus par démixion d’un mélange initialement homogène contenant un cristal liquide. Une première possibilité est de faire fondre un polymère en mélange avec un cristal liquide, par exemple un mélange PMMA/E7. Ensuite, on le refroidit rapidement pour produire la démixion et on obtient un PDLC. Les manipulations qui précèdent la démixion, par exemple l’infiltration dans une cellule, doivent toutes être faites en température, pour conserver le mélange homogène. Ceci n’est pas toujours pratique. Une deuxième possibilité est de former un mélange de cristal liquide avec un monomère qui, lors de sa polymérisation, pourra induire la démixion et former le PDLC. Cette technique est pratique quand on utilise une polymérisation par lumière ultraviolette. Dans ce travail, on utilise un mélange PDLC à base de colle optique Norland NOA, qui est photopolymérisable aux ultraviolets [177, 178, 179, 180]. En fonction des proportions de polymère et de cristal liquide et des conditions de démixion, on obtient différentes morphologies. Avec une fraction de cristal liquide de l’ordre de 30% et en induisant une polymérisation rapide, on obtient un matériau où le cristal liquide est dispersé sous forme de gouttes d’un diamètre inférieur à 0.2 µm dans la matrice de polymère. Cette taille de gouttes le place dans la classe des nano-PDLC. La figure 3.1 montre la microstructure de deux PDLC contenant la même proportion de cristal liquide, mais une composition différente de la matrice polymère. Dans les deux cas, le cristal liquide BL036 constitue 30% du mélange. Pour le PDLC (a), le monomère est la colle optique Norland NOA65 alors que pour le PDLC (b), le monomère est un mélange de NOA81 à 50% et NOA65 à 50%. Les deux échantillons ont été polymérisés à température ambiante sous une lumière UV à 365 nm d’une intensité de 40 mW/cm2 environ. La coupe est obtenue en faisant une fracture à froid du matériau, préalablement trempé dans l’azote liquide. On constate une différence dans taille des gouttes de cristal liquide, environ 0.19 µm en moyenne dans le cas (a) et 0.10 µm dans le cas (b). La 37 38 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables (a) 30% BL036, 70% NOA65 (b) 30% BL036, 35% NOA81, 35% NOA65 Figure 3.1 – Microstructures de PDLC observées au microscope électronique, pour deux compositions différentes. différence entre les deux situations vient probablement du fait que la NOA81 polymérise plus rapidement que la NOA65. La matrice se fige plus rapidement, ce qui laisse moins de temps pour la coalescence des volumes de cristal liquide démixé. Le diamètre des gouttes de cristal liquide obtenues est petit devant la longueur d’onde visible. Ainsi le matériau est quasiment transparent dans l’infrarouge à 1.5 µm et juste légèrement diffusant pour la lumière visible. Par contre, il diffuse nettement l’ultraviolet et la transmission à 365 nm après une épaisseur de 10 µm est inférieure à 40%, ce qui correspond à un coefficient d’absorption 1 valant environ α ' 103 cm-1 . Il n’est donc pas possible de former des films épais et homogènes. Pour le projet de laser accordable, on vise une épaisseur de 6 µm, ce qui est assez fin pour que les gouttes aient des tailles comparables dans toute l’épaisseur. Comme on le verra plus loin, cette épaisseur est un compromis entre les pertes et la plage d’accord. 3.1.2 Mesure des pertes du matériau La mesure exacte des pertes à travers le matériau est délicate car on s’intéresse à des films très transparents. Comme on vient de le voir, il n’est pas possible de se baser sur la transmission d’un film épais car le coeur du film aura une structure différente, plus grossière que la dizaine de microns proche de la surface. On est donc obligé de mesurer la transmission d’un film mince. En mesurant la transmission à 633 nm et en comparant à une référence (colle optique pure), on trouve des coefficients d’absorption de l’ordre de quelques dizaines de cm-1 , c’est-à-dire 1 à 2% de perte. Il est difficile de donner des valeurs plus précises par une mesure directe de la transmission et on doit utiliser une autre méthode. En fabriquant un PDLC entre deux miroirs de Bragg très réfléchissants et parallèles, on obtient un filtre Fabry-Perot qu’il est possible de caractériser spectralement. On utilise des miroirs de Bragg SiO2 /TiO2 , formés d’une alternance de couches quart d’onde. Avec 29 couches, commençant et finissant par TiO2 , on assure un coefficient de l’ordre de 0.998 sur 1. Le coefficient d’absorption α est la constante de décroissance de l’intensité lumineuse I en fonction de la distance z : I(z) ∼ exp(−αz). 39 Matériaux PDLC pour les cavités optiques Détecteur f=25 mm ∞ 8x NA0.25 D L=175 mm fibre optique laser accordable Figure 3.2 – Montage pour mesurer le spectre de transmission d’un Fabry-Perot formé autour d’un matériau PDLC. 200 Intensité mesurée (nW) 180 160 140 ISL=70 nm 120 100 =0.24 nm 80 60 40 20 0 1573,0 1573,5 1574,0 1574,5 1575,0 1575,5 1576,0 1576,5 1577,0 Longueur d'onde (nm) Figure 3.3 – Spectre de transmission d’une cellule Fabry-Perot formée autour d’un PDLC. La puissance incidente est d’environ 1 mW. toute la bande entre 1.5 et 1.6 µm. D’autre part, ce miroir est suffisamment transparent aux ultraviolets pour que l’on puisse polymériser le mélange PDLC à travers. Le montage de caractérisation est présenté sur la figure 3.2. La lumière d’un laser accordable (Tunics, largeur de raie de quelques femtomètres) est amenée par une fibre optique monomode dont le diamètre de mode est de 10.4 µm. Un objectif de microscope de faible grossissement fait l’image de la sortie de la fibre sur l’échantillon à analyser, formant une tache de lumière d’environ 70 µm de diamètre. La lumière transmise est mesurée par une photodiode et le résultat est enregistré en fonction de la longueur d’onde émise par le laser accordable. La figure 3.3 montre le spectre obtenu au niveau d’un pic de transmission du FabryPerot. Le mélange PDLC est composé de 30% de cristal liquide BL036, 35% de colle optique NOA81 et 35% de NOA65. La polymérisation a été réalisée à travers le miroir de Bragg, en augmentant l’intensité de sorte que le matériau reçoive environ 40 mW/cm2 après le miroir. Le laser accordable balaye une plage de 1500 à 1620 nm, ce qui permet de mesurer un intervalle spectral libre (ISL) de 70 nm entre 1505 et 1575 nm. La largeur des pics de transmission est ∆λ ' 0.24 nm et la finesse est donc F = ISL/∆λ ' 2.9 · 102 [181]. Lors de la fabrication de la cellule, j’avais mesuré une épaisseur de 11 µm d’air entre les verres à l’aide d’un interféromètre en lumière blanche. Il est possible de préciser cette valeur à partir de la mesure de l’ISL si on connaît l’indice de réfraction du PDLC. On peut en avoir une estimation à partir des indices de réfraction des constituants. Dans l’in- 40 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables frarouge autour de 1.5 µm, les indices des colles NOA65 et NOA81 valent respectivement 1.515 et 1.553. Ces valeurs sont déterminées grâce au développement de Cauchy présenté dans la référence [182]. L’indice moyen du cristal liquide BL036 est n̄ = ((2n2o + n2e )/3)1/2 et on évalue les indices ordinaire no et extraordinaire ne comme expliqué dans le paragraphe 2.1. On trouve no ' 1.507 et ne ' 1.737, d’où n̄ ' 1.587. Finalement, l’indice du PDLC est estimé par la moyenne quadratique 2 des indices de réfraction, pondérée par leur proportion 3 : n(P DLC) = (0.35×1.5152 +0.35×1.5532 +0.30×1.5872 )1/2 ' 1.55. On peut alors déterminer l’épaisseur du Fabry-Perot, L = λ2 /(2n × ISL) ' 10.9 µm. Notons que cette valeur ne correspond pas exactement à l’épaisseur du PDLC car elle inclue la longueur effective de pénétration dans les miroirs de Bragg, typiquement de 0.5 µm pour chaque miroir. On pourra donc prendre LP DLC ' 9.9 µm Connaissant la finesse de la cavité, on peut déduire que les pertes lors d’un allerretour valent δ ' 2π/F ' 2.2% [183]. Comme les pertes dans chaque miroir sont de l’ordre de δ ' 2 · 10−3 , on a δP DLC ' 1.8%. Finalement, le coefficient de pertes du PDLC à λ ' 1.5 µm est α = δP DLC /(2LP DLC ) ' 9 cm-1 . Cette valeur dépend de la composition du PDLC et de son processus de fabrication. Par exemple, un PDLC obtenu dans les mêmes conditions, mais avec une matrice constituée uniquement de colle NOA65, a un coefficient de pertes double. Un PDLC obtenu avec une insolation plus faible présente également plus de pertes. D’autre part, comme nous le verrons plus loin, les pertes diminuent lorsqu’on applique un champ électrique sur le matériau. Le coefficient de pertes est alors typiquement divisé par deux. Un coefficient d’absorption de 9 cm-1 est comparable aux pertes des matériaux utilisés dans une cavité laser : α(InP) ' α(Q1.18) ' 10 cm-1 . Avant de passer à la suite, commentons un peu plus cette expérience. La largeur du pic de transmission est assez petite, 0.24 nm, et il faut une résolution spectrale proche de δλ ' 0.01 nm pour la mesurer précisément. Quelle doit alors être la tolérance sur le parallélisme des miroirs ? Si l’écart entre les miroirs varie de δL, alors la variation de la position du pic de transmission est δλ = λδL/L. On en déduit que la distance entre les miroirs doit être maintenue à mieux que δL = Lδλ/λ ' 0.1 nm sur toute la taille du spot. Ce n’est évidemment pas facile et la fabrication des cellules requiert une attention particulière pour assurer le parallélisme. En réalité, les verres 4 sont toujours légèrement bombés après l’assemblage de la cellule et l’art est d’arriver à obtenir un bombement minimal et placé au centre de l’échantillon. Il faut ensuite positionner l’échantillon de sorte que le faisceau laser tape exactement au centre du bombement. Dans ce but, on envoie une lumière visible à travers la fibre optique pour visualiser précisément le point d’impact du faisceau sur l’échantillon (voir schéma 3.2). On comprend que pour sonder une zone d’épaisseur constante à 0.1 nm près, même au centre du bombement, il est nécessaire d’avoir un spot assez petit sur l’échantillon. Mais le spot laser ne peut pas être aussi petit que l’on veut car la divergence du faisceau augmente lorsque la taille du spot diminue. Le choix du grossissement est donc un compromis entre une tache suffisamment petite et un faisceau suffisamment parallèle. Plus précisément, le demi-angle de divergence θ (en radians) est relié au waist w0 du faisceau par θ = λ/(πw0 ). Dans notre situation expérimentale, avec l’objectif de microscope sélectionné, on a w0 ' 36 µm et θ ' 14 mrad. 2. La susceptibilité diélectrique est obtenue par une moyenne pondérée simple, ce qui implique que l’indice effectif est obtenu par une moyenne pondérée quadratique. 3. En toute rigueur, il faut utiliser les proportions volumiques, mais les densités des composants sont voisines et le résultat n’est pas affecté si l’on prend les proportions en masse. 4. J’ai utilisé des verres de 1.1 mm d’épaisseur. 41 Matériaux PDLC pour les cavités optiques (a) Trajet de la lumière (b) Goutte de cristal liquide E Matrice polymère Figure 3.4 – Réorientation du cristal liquide dans un matériau PDLC sous l’action d’un champ électrique. Sous une incidence θ, la variation de la position du pic de transmission du Fabry-Perot est δλ ' λθ2 /2. En prenant la valeur précédente de θ, on trouve δλ ' 0.14 nm, ce qui laisse penser que le montage utilisé n’a pas la résolution nécessaire pour annoncer un résultat de 0.24 nm. Mais ce n’est pas si simple car on a oublié le fait qu’on travaille avec un faisceau gaussien et que le profil de phase est pratiquement plan sur toute la longueur de Rayleigh, qui vaut ici zR = πw02 /λ ' 2.6 mm. Ainsi, la valeur de 0.14 nm ne caractérise pas la résolution de notre mesure et on a en réalité une meilleure résolution. On peut tenter d’évaluer la finesse maximale mesurable en disant que la longueur typique du trajet de la lumière dans la cavité, 2L × F/(2π), doit être plus petite que la longueur sur laquelle le profil de phase reste à peu près plan, zR . La finesse maximale envisageable est donc Fmax ' π 2 w02 /(λL) ' 8 · 102 , ce qui montre que la divergence du faisceau ne limite pas la mesure dans notre situation expérimentale. Bien sûr, ce calcul ne donne qu’un ordre de grandeur et suppose que l’échantillon est bien placé au waist du faisceau. Plutôt que de continuer sur la théorie du faisceau gaussien dans un Fabry-Perot, je conclurai en me basant sur l’expérience : c’est avec cette taille de waist que les pics les plus propres et les plus fins ont été observés. C’est dans cette situation que la finesse calculée peut être attribuée uniquement au matériau et non à des erreurs de géométrie. Avec des spots plus larges, la raie mesurée s’élargit car le faisceau sonde des épaisseurs de cavité variables. Avec des spots plus petits, la raie mesurée est également plus large car ils sont délicats à positionner (longueur de Rayleigh plus faible) et ont une divergence plus forte. Le bilan de ce paragraphe est que les pertes linéiques du PDLC étudié sont comparables aux pertes linéiques des semiconducteurs utilisés dans le laser (α ' 10 cm-1 ). Ces pertes sont donc relativement faibles et il est envisageable d’inclure le PDLC comme lame de phase à l’intérieur de la cavité laser. 3.1.3 Mesure de la variation d’indice Il reste maintenant à étudier la variation d’indice du PDLC lorsqu’on lui applique un champ électrique. La figure 3.4(a) schématise l’orientation du cristal liquide dans les pores du PDLC en l’absence de champ électrique. L’orientation moyenne est aléatoire et le milieu est isotrope. On rappelle que les gouttes sont petites devant la longueur d’onde et que la lumière voit seulement leur indice moyen. La contribution du cristal liquide à l’indice effectif du PDLC est n̄ = ((2n2o + n2e )/3)1/2 ' 1.587 comme on l’a mentionné plus haut. La figure 3.5 montre un film PDLC observé au microscope entre polariseur et analyseur croisés, sans champ appliqué et avec une forte illumination. Cette image révèle 42 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables Figure 3.5 – Film PDLC observé au microscope en transmission entre polariseur et analyseur croisés, avec une forte illumination. Une graduation de l’échelle représente 10 µm. Composition du mélange PDLC : 30% BL036, 70% NOA65. Photopolymérisation : 40 mW/cm2 (UV 365 nm). une microstructure à l’échelle du micron, qui est probablement à l’origine des pertes optiques. Le film n’est donc pas parfaitement isotrope en lumière visible (λ ' 0.5 µm), mais cette microstructure est lissée pour la longueur d’onde de travail (λ ' 1.5 µm). La figure 3.4(b) indique l’action d’un champ électrique sur le PDLC. Les molécules de cristal liquide s’orientent dans la direction du champ et le milieu devient anisotrope, avec un axe optique parallèle au champ électrique. Par conséquent, une lumière dirigée dans cette direction voit un milieu isotrope et la contribution du cristal liquide à l’indice est no = 1.507. Comme la concentration de cristal liquide dans les PDLC étudiés est de 30%, on s’attend à une variation d’indice maximale de ∆n = xCL (n̄ − no ) ' 0.024. D’autre part, cette orientation du cristal liquide diminue les pertes optiques car l’écart d’indice avec la matrice est réduit. Il n’est pas évident de mesurer cette faible variation d’indice dans des films épais de moins de 10 µm car la variation de chemin optique n’est que de 0.24 µm au maximum. J’ai développé une méthode assez simple qui permet de faire une mesure précise. Le dispositif expérimental est schématisé sur la figure 3.6. Une cellule de PDLC est placée à l’intérieur d’une cavité d’analyse Fabry-Perot (Burleigh). Un des deux miroirs est monté sur des transducteurs piézo-électriques qui permettent de varier la longueur L de la cavité. Le PDLC est formé entre deux verres revêtus d’ITO (Indium-Tin Oxyde). Ce revêtement conducteur permet d’appliquer un champ électrique E homogène sur le matériau. On applique entre les électrodes une tension alternative de forme carrée, de fréquence 1 kHz et de valeur efficace U . L’utilisation d’une tension alternative est nécessaire car une tension constante provoquerait des réactions d’électrolyse aux électrodes et dégraderait le matériau. Cela ne change pas grand chose pour le cristal liquide puisqu’il n’est pas sensible au sens du champ, mais seulement à sa direction. On fait passer le faisceau parallèle d’un laser hélium-néon (λ = 633 nm) à travers la cellule et on mesure l’intensité I de la lumière transmise avec une photodiode. Le signal amplifié est envoyé sur un oscilloscope. La position du miroir mobile du Fabry-Perot d’analyse est commandée par une tension Up appliquée sur les éléments piézo-électriques. On applique une rampe de tension et on observe l’intensité transmise I, au cours de la rampe de tension et lorsqu’on varie le champ appliqué sur le PDLC. Pour comprendre le détail de la mesure, prenons un exemple de situation expérimentale. On considère un PDLC fabriqué dans une cellule d’épaisseur e = 6 µm, à partir d’un mélange composé de 30% de cristal liquide BL036, 35% de colle NOA81 et 35% de colle NOA65 et photopolymérisé sous une intensité de 40 mW/cm2 (ultraviolets à 365 nm). La 43 Matériaux PDLC pour les cavités optiques générateur U miroir mobile D I laser HeNe L ampli Up générateur Up /100 T oscilloscope U>0 T(ISL) U=0 I Up t Figure 3.6 – Expérience pour mesurer la variation d’indice d’un PDLC en utilisant un analyseur Fabry-Perot à miroir mobile. cellule est placée entre les miroirs de l’analyseur Fabry-Perot qui sont écartés de L = 3 cm environ (la valeur exacte n’est pas importante). On commence par balayer la cavité avec une rampe Up d’amplitude suffisante pour voir au moins un intervalle spectral libre (ISL) et on détermine la tension correspondante. Dans notre cas, ∆Up (ISL) = 180 V. On en déduit la constante de proportionnalité entre la tension appliquée et le déplacement mécanique du miroir mobile : dL/dUp = (λ/2)/∆Up (ISL) = 1.76 nm/V. On diminue ensuite l’amplitude de la rampe de tension de façon à observer un pic unique avec précision et on mesure la vitesse de la rampe. Dans notre cas, v = dUp /dt = 3.94 V/ms. L’expérience consiste alors à appliquer le champ sur le PDLC avec une tension alternative de valeur efficace U > 0. On constate que les pics de transmission se décalent d’un temps ∆t (voir l’insert dans la figure 3.6). Dans notre, cas, pour U = 100 V, on mesure ∆t = 8.2 ms. L’exploitation numérique est alors la suivante. Connaissant l’épaisseur e de la cellule, on détermine que le champ appliqué est E = U/e = 16.7 V/µm. Connaissant le décalage temporel ∆t induit par l’application du champ U , on déduit que la variation de tension correspondante est ∆Up = v∆t = 32.3 V, puis que le déplacement du miroir mobile est ∆L = dL/dUp × ∆Up = 57 nm. Le décalage du miroir mobile compense exactement la diminution du chemin optique lorsque le champ est appliqué sur le PDLC. On en déduit que la variation d’indice du PDLC est ∆n = ∆L/e = 0.0095. En résumé, pour cet exemple, on conclut qu’un champ E = 16.7 V/µm induit une baisse d’indice de ∆n = 0.0095 dans le PDLC. La méthode présentée permet de déterminer des variations de chemin optique avec une précision de 1 nm, ce qui est difficile à envisager en utilisant un interféromètre de MachZehnder. On note également que lorsque le champ appliqué augmente, on peut observer une augmentation de la finesse, due à la diminution des pertes optiques. 44 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables 0.018 BL036, 30% 40 mW/cm2 0.016 Vari ation d'i ndi c e Δn 0.014 NOA65, 70% 0.012 0.010 NOA65, 35% NOA81, 35% 0.008 0.006 0.004 NOA81, 70% 0.002 0.000 0 5 10 15 20 25 30 Cham p élec trique E (V/μm ) Figure 3.7 – Variation d’indice en fonction du champ appliqué pour différentes compositions de la matrice du PDLC. 0.008 0.008 BL036 NOA81 40 mW/cm2 0.006 0.005 40% CL 0.004 0.003 30% CL 0.002 0.006 0.005 0.004 0.002 0.001 0.000 0.000 2 4 6 8 10 12 14 Cham p élec trique E (V/μm ) (a) Influence de la concentration de cristal liquide 10 mW/cm2 0.003 0.001 0 BL036, 30% NOA81, 70% 0.007 Vari ation d'i ndi c e Δn Vari ation d'i ndi c e Δn 0.007 40 mW/cm2 0 2 4 6 8 10 12 14 Cham p élec trique E (V/μm ) (b) Influence de l’intensité UV (à 365 nm) lors de la polymérisation Figure 3.8 – Variation d’indice en fonction du champ appliqué pour différents matériaux PDLC. Structure laser 45 Cette technique permet de déterminer les variations d’indice ∆n en fonction du champ E appliqué. A priori, le résultat est seulement valable à 633 nm et la variation d’indice à 1.5 µm est réduite d’environ 5 à 10% (voir le paragraphe 2.1). La figure 3.7 présente la variation d’indice à 633 nm pour différentes compositions de la matrice PDLC. La saturation se fait vers ∆n ' 0.016, ce qui correspond à ∆n ' 0.015 dans l’infrarouge à 1.5 µm. Cela ne représente que 63% de la valeur attendue ∆n ' 0.024 et indique qu’environ 37% du cristal liquide ne participe pas à la réorientation et reste figé dans la matrice. On constate qu’une matrice en NOA81 pure ne permet pas d’arriver à saturation sous un champ raisonnable, le claquage se produisant vers 30 V/µm. La raison est que les gouttes de cristal liquide sont petites et difficiles à réorienter. Les références √ [184] et [185] mentionnent en effet que la tension de commande nécessaire varie en 1/ d, où d est le diamètre des gouttes. La figure 3.8(a) présente la variation d’indice à 633 nm pour deux concentrations de cristal liquide. La variation d’indice est évidemment plus forte lorsqu’il y a plus de cristal liquide dans le matériau. Malheureusement, les pertes optiques sont en même temps beaucoup plus élevées. La figure 3.8(b) présente la variation d’indice à 633 nm pour deux intensités différentes lors de la photopolymérisation (toujours à température ambiante). Une polymérisation à intensité plus faible permet permet une grande variation d’indice. Ceci est dû à la taille plus grande des gouttes de cristal liquide, qui permet une meilleure réorientation du cristal liquide. Malheureusement, les pertes optiques sont augmentées. Finalement, quel matériau PDLC envisager pour inclure dans une cavité laser ? Le mélange le plus souvent cité en exemple est celui que j’ai sélectionné. Il est composé de 30% de cristal liquide BL036, 35% de colle NOA81, 35% de colle NOA65 et photopolymérisé sous une intensité de 40 mW/cm2 (ultraviolets à 365 nm). Il présente des pertes optiques comparables aux pertes des matériaux semiconducteurs de la structure laser (α ' 9 cm-1 ) et ces pertes diminuent lorsque le champ est appliqué. Il est possible d’atteindre la saturation ∆n ' 0.015 dans l’infrarouge à 1.5 µm sous un champ de 25 V/µm, ce qui correspond à 150 V pour 6 µm d’épaisseur. Ce champ est élevé, mais comparable aux 170 V qui ont été utilisés lors de la première réalisation d’un laser accordable à PDLC [31]. D’autre part, l’intensité utilisée pour sa photopolymérisation est nettement plus faible que les 350 mW/cm2 envisagés dans [31, 180]. Il est donc possible d’insoler le matériau à travers un miroir de Bragg SiO2 /TiO2 . En comparaison, une matrice de NOA65 pure permet une plus faible tension de commande, mais double les pertes optiques. Notons qu’il est éventuellement possible d’utiliser une matrice en NOA81 pure et d’insoler l’échantillon avec une intensité plus faible. Je n’ai pas choisi cette solution car j’ai eu des problèmes de reproductibilité. 3.2 Structure laser Notre objectif est d’intervenir sur des demi-cavités VCSEL hybridées sur un réseau d’interconnexion en silicium. L’hybridation est faite par flip-chip et collage par billes d’indium [11, 12]. Le flip-chip est une technologie efficace pour reporter des puces sur un circuit d’interconnexion car le robot peut faire les manipulations de manière automatique avec une précision micronique [186]. La technique de collage par billes d’indium permet un positionnement encore plus précis des composants grâce à l’action des forces de capillarité des billes d’indium au moment de leur fusion. En plus de servir au positionnement mécanique lors de l’hybridation, les billes forment les contacts électriques entre le réseau d’interconnexion et le composant reporté. 46 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables Wafer (InP) Stop etch (InGaAs) InP(non dopé) Colle époxyde infiltrée Billes d'indium et plots de mouillage Circuit d'interconnexion sur wafer en silicium Figure 3.9 – Puce après hybridation sur un circuit en silicium. L’hybridation est faite grâce à des micro-billes d’indium. Les proportions ne sont pas respectées par le schéma. InP p Zone active InP n InP(non dopé) Contact en or Jonction tunnel enterrée InP n Colle époxyde infiltrée Miroir de Bragg a-Si/a-SiNx Circuit silicium avec pistes en aluminium Contact positif Contact de masse Bille d'indium et plots de mouillage Figure 3.10 – Structure de la demi-cavité VCSEL après amincissement. La figure 3.9 montre le composant après l’hybridation. Pour faire l’hybridation, le wafer de puces VCSEL est découpé, puis les puces sont reportées à l’envers sur le circuit d’accueil en silicium (flip-chip). Le sommet du pilier est donc le fond du wafer des puces (en phosphure d’indium, InP, dans notre cas). L’ensemble est alors chauffé à une température supérieure à la température de fusion de l’indium (157°C) puis revient à température ambiante. Cette étape permet la formation des billes d’indium. Les forces de capillarité lors de la phase liquide permettent un auto-alignement des puces par rapport au substrat silicium. Pour finir, une colle époxyde est infiltrée dans l’espace entre la puce et le circuit silicium pour assurer une bonne résistance mécanique (l’indium est très malléable). Pour former une demi-cavité VCSEL, il faut se rapprocher de la zone active et le wafer doit être aminci. L’amincissement se fait en deux étapes, d’abord par abrasion mécanique, jusqu’à quelques dizaines de microns du but, puis par attaque chimique où la gravure met à jour une couche d’arrêt (stop etch) prévue dans le but d’obtenir une surface bien définie, propre et plane. Cette couche d’arrêt est à son tour gravée pour mettre à jour la demi-cavité VCSEL. Après amincissement, l’épaisseur par rapport au plan du silicium est d’environ 11 µm, 8 µm pour les billes d’indium et 3 µm pour la demi-cavité VCSEL. La figure 3.10 présente les éléments essentiels de la demi-cavité VCSEL reportée, après amincissement du wafer [187]. La zone active est alimentée de manière localisée grâce à une jonction tunnel enterrée. Le miroir de fond de cavité est un miroir de Bragg déposé par pulvérisation cathodique, alternant des couches quart d’onde de silicium amorphe et Structure laser 47 Figure 3.11 – Puce pastiche reportée sur un réseau d’interconnexion en silicium. Le côté de la puce mesure 470 µm, sa hauteur est de 200 µm environ. de nitrure de silicium amorphe. Les contacts électriques sont en or, matériau qui permet également un bon transfert thermique. Le sommet de la demi-cavité est une couche d’InP non dopée, dont l’épaisseur peut éventuellement être diminuée par gravure pour accorder la cavité optique par rapport au spectre de gain de la zone active. La figure 3.11 montre un exemple de puce reportée. C’est un rebut de production que j’ai demandé pour pouvoir faire des essais. Il a été produit par la même technique que les échantillons réels et la géométrie est la même. Le côté de la puce fait 470 µm. La différence principale avec notre projet est que la puce n’a pas été amincie. Elle forme un pilier haut de 200 µm environ. La photographie a été prise en faisant la mise au point sur la surface supérieure du pilier et la surface du circuit en silicium n’est pas nette car elle sort de la profondeur de champ du microscope. La surface supérieure du pilier est donc le fond du wafer (en GaAs, dans le cas de cette puce pastiche). Comme présenté dans l’introduction, le premier objectif du projet LambdaAccess vise à fabriquer des puces laser VCSEL accordables grâce à une couche de PDLC intra-cavité. La structure désirée a été présentée sur la figure 1.3. Quelle plage d’accord peut-on espérer avec cette structure ? La cavité comporte une épaisseur Ls ' 2.0 µm de semiconducteur, d’indice ns ' 3.3 et une épaisseur L ' 6 µm de PDLC, d’indice n ' 1.55, avec une variation possible de ∆n ' 0.015 sous l’action d’un champ électrique. Le laser est prévu pour fonctionner autour de λ ' 1.55 µm. La variation de longueur d’onde émise en fonction de la variation d’indice du PDLC est ∆λ = λ × L∆n/(Ls ns + Ln) ' 9 nm. Cette largeur de 9 nm ne permet pas de couvrir toute la bande C, mais le composant envisagé présente quand même un intérêt pour certaines applications et sa réponse est rapide, moins d’une milliseconde [180]. L’intervalle spectral libre de la structure envisagée est ISL = λ2 /(2 × (Ls ns + Ln)) ' 76 nm, ce qui suffit largement à éviter les sauts de mode. Il sera nécessaire d’accorder la cavité optique pour que la zone d’accordabilité de 9 nm tombe dans la zone où le gain est maximal. Les pertes lors d’un passage dans le PDLC valent δP DLC = LαP DLC = 5.4 · 10−3 . Pour un passage dans le semiconducteur, les pertes sont environ δs = Ls αs ' 2.0 · 10−3 , sans tenir compte des pertes dues à la jonction tunnel. Au total, les pertes optiques représentent δ ' 7.4 · 10−3 . Pour avoir un fonctionnement laser, il faut que ces pertes soient compensées par le gain de la zone active. Un puits quantique de la structure permet un gain maximal de l’ordre de δ = 2· 10−3 pour un passage [188]. On en déduit qu’il faut au moins quatre puits quantiques pour permettre 48 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables l’émission laser. L’équipe de l’INSA de Rennes fabrique couramment des structures avec 6 puits quantiques. 3.3 (a) Dépôt du PDLC (b) Espaceur (6 µm) Mélange PDLC (c) Polymérisation UV (365 nm) (e) (d) (f) Pressage avec un verre revêtu d'un antiadhésif Ouverture Dépôt de miroir de Bragg, puis d'ITO PDLC à l'air libre Figure 3.12 – Procédé envisagé pour fabriquer des puces VCSEL à PDLC intra-cavité. Les échelles ne sont pas respectées et seul un espaceur est représenté. Le processus initialement envisagé pour la fabrication de puces VCSEL à PDLC intracavité est représenté sur la figure 3.12. La première étape (a) est de déposer sur chaque puce une goutte de mélange PDLC contenant des espaceurs calibrés. Un substrat de verre revêtu d’un antiadhésif est pressé sur l’échantillon pour former une couche de PDLC d’épaisseur adéquate (étape (b)). Le mélange PDLC est ensuite polymérisé par insolation aux ultraviolets à travers le verre (étape (c)). Une fois le PDLC formé, le substrat de verre peut être décollé (étape (d)). Ceci est possible grâce à l’antiadhésif qui recouvre le verre 49 Dépôt du PDLC Figure 3.13 – Matrice de puces reportées recouvertes d’une couche de PDLC polymérisé. Le circuit élémentaire est un carré de 4 mm de côté. (a) Observation sous microscope en réflexion (b) Observation en lumière polarisée avec polariseur croisé Figure 3.14 – PDLC polymérisé au sommet d’un puce. Le côté de la puce mesure 470 µm. L’épaisseur du PDLC est définie grâce à des espaceurs inclus dans le mélange. (ce point sera développé au paragraphe suivant). On obtient une couche de PDLC à l’air libre (étape (e)) qui est destinée à être recouverte du miroir de Bragg et d’une électrode transparente en ITO (étape (f)). Le résultat du processus au niveau de l’étape (e) est montré sur la photographie 3.13. Les gouttes de mélange PDLC ont été déposées à la seringue grâce à un robot de dépôt (EFD Ultra TT) dont la résolution est de 10 µm. La figure 3.14 montre le sommet d’une puce, vu au microscope en réflexion. Il est possible de distinguer les espaceurs sur la photographie (a). La photographie (b) est prise en lumière polarisée avec polariseur croisé. En regardant attentivement, on constate que chaque espaceur est entouré d’une zone présentant une anisotropie plus grande que le reste du PDLC. Ceci indique que la structure PDLC ne se forme pas correctement au voisinage des espaceurs. J’ai analysé la topographie de la surface du PDLC obtenu en utilisant un profilomètre optique. La surface est plane avec une rugosité inférieure à 5 nm, la qualité de la surface du verre a été transférée au matériau. La figure 3.15 montre le détail au niveau d’un espaceur. 50 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables Figure 3.15 – Topographie de la surface du PDLC au sommet d’une puce. La protubérance est un espaceur inclus dans le PDLC. La mesure est faite avec un profilomètre optique. Espaceur (17 µm) Fluide de dépôt Figure 3.16 – Procédé de fabrication du PDLC utilisant des espaceurs autour des puces. Les espaceurs sont déposés à l’aide d’un fluide porteur. La bosse qui correspond à l’espaceur est coupée sur la figure, sa hauteur est d’environ 40 nm. Les espaceurs subissent une contrainte lors de l’appui de la plaque de verre, ils se relaxent après le relâchement de la contrainte et ressortent un peu de la matrice. Inclure les espaceurs dans le mélange permet de définir facilement l’épaisseur du PDLC. Mais si un espaceur se retrouve dans la zone prévue pour le faisceau laser, la puce sera inopérante. Cette technique entraînera donc un taux de rebut incompressible. Une autre possibilité est de ne pas inclure les espaceurs dans le mélange PDLC mais de les disposer autour des puces comme indiqué sur la figure 3.16. Pour cela on peut utiliser un fluide contenant des espaceurs et le déposer à l’aide du robot. Le fluide contenant les espaceurs a été présenté au chapitre précédent. Les deux méthodes, espaceurs inclus dans le PDLC ou déposés autour des puces dans un fluide, permettent d’obtenir des couches planes de PDLC à l’air libre. La séparation entre le PDLC et le substrat qui le presse est rendue possible grâce à l’utilisation d’un antiadhésif que l’on va décrire maintenant. 3.4 Matériaux antiadhésifs Pour transférer une structure d’un substrat vers un autre, il faut qu’elle puisse se décoller du premier substrat. Pour cela on doit déposer un revêtement antiadhésif (release Matériaux antiadhésifs 51 coating). Plusieurs matériaux antiadhésifs ont été envisagés. Figure 3.17 – Structure chimique d’un polyméthylsilsesquioxane comportant quelques groupements silanol. Le GR-650F de Techneglas est un polyméthylsilsesquioxane solide dont la structure chimique est indiquée sur la figure 3.17) [189]. Les polysilsesquioxanes, également appelés T-résines, sont des polymères de formule brute (RSiO1.5 ) [190]. Le préfixe sesqui signifie justement "un et demi". Chaque atome de silicium est relié à trois atomes d’oxygène et à un groupement supplémentaire R, qui est le méthyle dans le cas du GR-650F. Le matériau contient également des fonctions silanol qui, à température élevée, peuvent se lier par condensation. Ces fonctions peuvent également réagir avec les groupements silanols de la surface d’un substrat de verre. La cuisson du matériau se fait à environ 150°C et le film obtenu est dur et bien attaché à la surface du verre. Figure 3.18 – Structure inhomogène de l’antiadhésif GR650F obtenue à partir d’une solution à 1% dans l’isopropanol déposée à la tournette à 1000 tr/min. Observation au microscope optique. Une petite graduation mesure 10 µm. La mise en oeuvre de ce matériau n’a pas été immédiate. Bien soluble dans les alcools (isopropanol ou butan-1-ol par exemple), il est facile de préparer une solution à environ 1%, en laissant le solide se dissoudre sous agitation pendant quelques heures. Mais on constate que le dépôt réalisé à la tournette ne se fait pas de manière homogène, comme illustré sur les figures 3.18 et 3.19. Dans le cas où le solvant est l’isopropanol, on constate que les inhomogénéités reproduisent le tracé des rainures d’aspiration du chuck de la tournette. Cela suggère que la température de la surface du substrat joue un rôle. En utilisant le butan-1-ol, on limite le refroidissement car l’évaporation est plus lente que 52 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables Figure 3.19 – Mesure de topographie au profilomètre optique sur une surface semblable à celle de la figure 3.18. Solvant Pression de vapeur saturante (hPa à 20°C) Viscosité (mPa·s à 25°C) Isopropanol Butan-1-ol 43 6.7 2.04 2.54 Enthalpie de vaporisation (kJ/mol à 25°C) 45 52 Table 3.1 – Propriétés de deux solvants envisagés pour dissoudre le GR650F dans le but de formuler une solution de dépôt à la tournette [191]. pour l’isopropanol (voir tableau 3.1). Malheureusement un dépôt utilisant le butan-1-ol pur présente les mêmes structures inhomogènes que celles de la figure 3.18. Je suis finalement arrivé à une solution permettant d’obtenir des dépôts plats en utilisant un mélange de 50% d’isopropanol et 50% butan-1-ol (les pourcentages sont des pourcentages en masse, mais cela n’a pas d’incidence dans ce cas). Il est également nécessaire de filtrer la solution à 0.2 µm car sans cette précaution, le dépôt présente de nombreuses particules non désirées. Avec une concentration en GR-650F de 0.8%, le dépôt obtenu à 4000 tr/min est plat, d’une épaisseur de 20 nm environ, avec une rugosité inférieure à 3 nm (limite de détection du profilomètre optique utilisé). Comme autre antiadhésif, j’ai testé le matériau "Dow Corning 20 Release Coating", de Dow Corning, comme son nom l’indique. C’est également un silicone, mais je n’ai pas trouvé assez d’informations sur sa composition pour comprendre exactement comment il réagit. Ce sont probablement des réactions de condensation comme pour le matériau GR650F, mais la documentation du produit indique qu’il n’est pas nécessaire de le chauffer [192], ce qui est surprenant. Le produit se présente en solution à 50% dans un mélange d’hydrocarbures. Après dilution dans le cyclohexane pour atteindre une fraction solide de 1%, on obtient une solution qui se dépose correctement à la tournette, formant un film plat. J’ai également testé l’utilisation d’un fluorosilane, plus précisément un chlorosilane perfluoré, le trichloro(1H,1H,2H,2H-perfluorooctyl)silane (voir figure 3.20). Le produit pur est liquide et réagit facilement avec les groupements hydroxy, par exemple avec les silanols de la surface d’un substrat de verre, mais aussi avec les molécules d’eau. L’eau fait polymériser le produit en créant des liaisons Si-O-Si entre deux molécules, chaque molécule pouvant faire trois liaisons de ce type. Il faut donc faire particulièrement attention à 53 Matériaux antiadhésifs Figure 3.20 – Fluorosilane utilisé comme antiadhésif. conserver ce produit à l’abri de l’humidité et à le manipuler avec des outils secs. Avec une solution à environ 0.5% dans le cyclohexane, on réalise le dépôt sur un substrat préalablement déshydraté à chaud, puis on hydrolyse les fonctions chlorosilanes restantes en passant l’échantillon sous l’eau. En théorie, si la déshydratation était bonne, on obtient une couche mono-moléculaire présentant une surface fluorée, peu réactive et peu polaire, donc antiadhésive. Pour comparer le pouvoir antiadhésif des trois produits envisagés, j’ai fait une expérience très simple. Sur un premier substrat de verre revêtu d’un antiadhésif A, j’ai déposé quelques gouttes d’un mélange PDLC et j’ai pressé légèrement avec un deuxième substrat de verre revêtu d’un antiadhésif B. Après polymérisation du mélange PDLC sous lumière ultraviolette, j’ai séparé les deux substrats et regardé sur quel substrat le PDLC restait collé. Les résultats du tableau 3.2 permettent de déduire que le GR-650F et le fluorosilane sont les antiadhésifs les plus efficaces dans notre situation. Comme le fluorosilane est très réactif et que sa conservation et sa mise en oeuvre sont délicates, j’ai préféré utiliser le GR-650F pour l’essentiel du travail. Par souci de précision, j’ajouterai que le matériau Dow Corning 20 n’est pas forcément à mettre au rebut car je ne l’ai peut-être pas utilisé dans les conditions optimales. En effet, comme pour le GR-650F, il serait possible de le cuire et cela améliorerait peut-être ses propriétés. Substrat A GR-650F GR-650F Substrat B DC-20 fluorosilane Substrat sur lequel le PDLC reste collé après séparation DC-20 l’un et l’autre Table 3.2 – Expérience de séparation d’un mélange PDLC polymérisé entre deux substrats de verre A et B, revêtu chacun d’antiadhésif différent. Pour finir au sujet des antiadhésifs, j’aimerais ajouter une remarque au sujet de la surface obtenue. De par sa nature, silicone ou fluorée, c’est une surface très hydrophobe et il n’est pas évident que l’on puisse la recouvrir correctement avec une solution pour former un film fin et homogène. Il faudra d’abord trouver un solvant qui mouille suffisamment bien la surface hydrophobe (pour le GR-650F, c’est assez facile). Mais la composition du liquide change au fur et à mesure de l’évaporation du solvant et il n’est pas évident que le mouillage se maintienne tout au long du processus d’évaporation, malgré l’augmentation de la viscosité. Ainsi, le dépôt d’un film sur un antiadhésif est à priori critique et par exemple, il a été difficile de déposer correctement un film fin de colle optique sur une surface de GR-650F. Par contre, j’ai constaté que les photorésines à base de novolac s’y déposent correctement. 54 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables (a) Observation sous microscope en ré- (b) Observation en lumière polarisée flexion avec polariseur croisé Figure 3.21 – Dégorgement du PDLC après une dizaine de jours lorsque sa surface est à l’air libre. 3.5 Problèmes rencontrés La technologie qui a été développée dans le paragraphe 3.3 présente des problèmes que l’on va exposer maintenant. 3.5.1 Dégorgement du PDLC Revenons sur la figure 3.12. Après l’ouverture du capot à l’étape (d), la surface du PDLC se retrouve à l’air libre (e). Dans la journée qui suit, on constate qu’un peu de cristal liquide perle à la surface. Après une dizaine de jours, le dégorgement est notable, comme observé sur la figure 3.21 De cette observation on peut tirer la conclusion que le cristal liquide est capable de diffuser à travers la matrice polymère pour aller à la surface. On peut également tirer la conclusion que le cristal liquide ne mouille pas la matrice polymère. J’interprète donc ce dégorgement comme un démouillage du cristal liquide. Il est donc nécessaire de déposer rapidement le miroir de Bragg (étape 3.12(f)), avant que le cristal liquide ne soit sorti. Il faut aussi nettoyer l’échantillon pour enlever les gouttes de cristal liquide avant de faire le dépôt. Ce nettoyage peut être fait avec de l’isopropanol (IPA) ou du cyclohexane. Le cyclohexane a l’avantage de bien dissoudre le cristal liquide, mais l’échantillon doit être séché rapidement car ce solvant pénètre la structure du PDLC et favorise la dissolution du cristal liquide dans la matrice polymère. Si l’échantillon reste trop longtemps au contact du cyclohexane, il ressort plus transparent qu’avant, mais ses propriétés électro-optiques sont dégradées. D’autres solvants comme l’acétone détruisent la structure du PDLC et entraînent même son décollement. 3.5.2 Dépôt du miroir de Bragg Le dépôt du miroir de Bragg sur le PDLC a posé des problèmes. Le premier type de miroir envisagé est un miroir de Bragg SiO2 /TiO2 . Il est formé d’une alternance de couches quart d’onde de silice SiO2 (n = 1.47 à λ = 1.5 µm, épaisseur 264 nm) et de dioxyde de titane TiO2 (n = 2.23 à λ = 1.5 µm, épaisseur 174 nm). Le dépôt est fait par une entreprise extérieure dans un système Balzers BAK 600. Les indices des matériaux déposés sont donnés par l’entreprise et ne correspondent pas à ceux des matériaux massifs purs. Ceci est normal car les matériaux déposés sont moins compacts que les matériaux massifs et leur Problèmes rencontrés 55 Figure 3.22 – Craquelures produites lors du dépôt du miroir de Bragg sur un PDLC. La largeur de l’image est de 1.8 mm. stoechiométrie peut être différente. Les matériaux préparés dans des creusets sont évaporés par canon à électron et compactés par assistance ionique (Ion Assisted Deposition, IAD). Un dépôt de 17 couches, commençant et finissant par TiO2 permet une réflexion comprise entre 99.58 et 99.60% sur toute la bande C. L’épaisseur du miroir est alors de 3.7 µm et la profondeur de pénétration est de l’ordre de 0.5 µm. Le problème qui est apparu est que les miroirs de Bragg étaient systématiquement craquelés lors du dépôt sur le PDLC (voir figure 3.22). Dans la même situation, le dépôt sur une colle pure ou sur une couche de photorésine diazonaphtoquinone-novolac est de bonne qualité. Lors du dépôt, la température des échantillons monte à environ 100°C et ces craquelures mettent en évidence la forte sensibilité du PDLC à la température. Elles sont le signe que des contraintes mécaniques sont crées lors du processus, à cause du dépôt à température élevée puis de la redescente à température ambiante. À la rigueur, on peut espérer que le dépôt se fasse correctement sur de petites surfaces, puisque la figure 3.22 montre que l’écart typique entre les craquelures est de l’ordre du millimètre. Mais dans ce cas, le PDLC et le miroir de Bragg auront quand même emmagasiné des contraintes mécaniques, ce qui est de mauvaise augure pour leur vieillissement. Le deuxième type de miroir envisagé est un miroir de Bragg a-Si/a-SiNx . Il est formé d’une alternance de couches quart d’onde de silicium amorphe a-Si (n = 3.73 à λ = 1.5 µm, épaisseur 104 nm) et de nitrure de silicium amorphe a-SiNx (n = 1.83 à λ = 1.5 µm, épaisseur 212 nm). Le dépôt a été fait par l’INSA de Rennes dans un système de pulvérisation cathodique (Leybold). La cible en silicium est pulvérisée par un plasma d’argon. Un gaz réactif (forming gaz) contenant du diazote est ajouté pour former le nitrure. Un dépôt de 13 couches, commençant et finissant par a-Si permet une réflexion comprise entre 99.49 et 99.51% sur toute la bande C. L’épaisseur du dépôt est alors de 2.0 µm. Ce dépôt se fait pratiquement sans craquelure sur le PDLC, contrairement au premier type de miroir envisagé. Toutefois, après quelques semaines, on observe l’apparition de zones troubles et biréfringentes sous la surface du miroir. Ce défaut de vieillissement se développe pour les deux types de miroirs. Comme on l’a vu plus haut, le cristal liquide a tendance à sortir de la matrice PDLC si la surface est à l’air libre. Il semble que ce phénomène soit à l’oeuvre ici et qu’une partie du cristal liquide soit sortie du PDLC et se soit accumulée sous la surface du miroir. La raison est probablement que la couche diélectrique déposée ne forme pas de 56 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables (a) Verre revêtu d'un antiadhésif et d'une couche de polymère Mélange PDLC (b) Pressage du mélange PDLC, puis polymérisation UV (365 nm) (c) Ouverture Figure 3.23 – Préparation d’une couche de PDLC revêtue d’un capot en polymère assurant l’étanchéité. Les espaceurs ne sont pas représentés. liaisons chimiques assez solides et assez nombreuses avec le PDLC. L’accroche n’est pas assez bonne pour empêcher la sortie du cristal liquide. Notons qu’un PDLC polymérisé entre deux plaques de verre ne présente pas ce problème. Cela signifie que des liaisons physico-chimiques fortes se créent dans ce cas entre la matrice et le verre lors de la polymérisation. 3.5.3 Capot de protection Pour pallier ce problème, j’ai proposé de fabriquer le PDLC avec un capot en polymère pour assurer l’étanchéité. Le processus est illustré sur la figure 3.23. La première étape est de préparer une fine couche de polymère optique sur un verre revêtu d’antiadhésif. L’épaisseur de la couche devra être inférieure au micron pour ne pas allonger inutilement la cavité laser. Au moment où le problème s’est présenté, les seuls polymères que je pouvais utiliser dans ce but étaient des colles optiques. Il est délicat de déposer ces matériaux car l’antiadhésif a une faible tension de surface et les colles optiques ont tendance à démouiller sa surface. Une expérience permet de gagner en compréhension. Si on recouvre des échantillons antiadhésifs avec les colles NOA65, NOA81 et NOA63 pures déposées à la tournette, on peut former des films uniformes assez facilement. Leur épaisseur est de l’ordre de la vingtaine de microns. En plaçant ces échantillons sur une plaque chauffante, on constate que la NOA81 démouille très vite, la NOA65 un peu plus lentement et la NOA63 encore plus lentement. Ceci reflète la viscosité des colles, η = 0.3 Pa·s pour la NOA81, 1.2 Pa·s pour la NOA65 et 2 Pa·s pour la NOA63. On conclue que ces films ne sont pas stables sur l’antiadhésif, mais qu’ils mettent d’autant plus de temps à démouiller qu’ils sont visqueux. À la limite, il faudrait déposer à la tournette une solution qui laisse un film solide, comme la photorésine SU-8, mais je n’en avais pas encore acheté à ce moment. Pour former des films fins, j’ai utilisé une solution de colle NOA68 car c’est une des colles les plus visqueuses Transfert du miroir de Bragg par collage 57 de la gamme NOA avec η = 5 Pa·s. Le choix du solvant est également critique car il faut qu’il mouille l’antiadhésif et en même temps qu’il dissolve la colle. Par exemple, le butan1-ol mouille bien l’antiadhésif, mais ne dissout pas totalement la colle. Dans l’autre sens, la cyclohexanone dissout la colle, mais ne mouille pas bien l’antiadhésif. Ces résultats sont en accord avec les valeurs de tension de surface, γ = 25 mN/m pour le butan-1-ol et γ = 36 mN/m pour la cyclohexanone (valeurs à 25°C). Un solvant adéquat est un mélange de 70% de butan-1-ol avec 30% de cyclohexanone ou de cyclopentanone. La colle NOA68 est dissoute à 20% dans ce solvant et déposée à la tournette à 2000 tr/min. On filtre la solution à 0.5 µm juste avant le dépôt. Ainsi, on peut produire des films homogènes de 0.4 µm d’épaisseur sur l’antiadhésif. Le film de NOA68 est alors polymérisé en lumière ultraviolette, à l’abri de l’oxygène (sous vide ou sous azote). Disposant d’un substrat de verre revêtu d’antiadhésif et d’un film de NOA68 polymérisée, on fabrique la couche PDLC d’une manière analogue au processus présenté sur la figure 3.12. Le mélange est pressé (figure 3.23(a)) puis polymérisé sous lumière ultraviolette (figure 3.23(b)). Lorsqu’on sépare le substrat de verre de la partie inférieure (figure 3.23(c)), le film de colle NOA81 se détache de l’antiadhésif et reste collé sur le PDLC. Après plusieurs jours, on n’observe pas de modification de l’échantillon, le cristal liquide ne dégorge pas. La protection en polymère joue donc bien le rôle escompté. Par contre, le comportement lors du dépôt du miroir de Bragg SiO2 /TiO2 n’est pas amélioré, probablement parce que le film n’empêche pas l’expansion thermique du PDLC lors du dépôt. Les craquelures sont toujours présentes. Le film de protection pourrait probablement permettre l’utilisation d’un miroir de Bragg a-Si/a-SiNx . En effet, les essais précédents ont montré qu’il était possible de déposer ce type de miroir sur un PDLC, quasiment sans craquelure. Il est donc très probable que le dépôt se fasse aussi bien sur le film de protection. Le problème du dégorgement, qui était survenu sous la surface du miroir, devrait être résolu par la présence du film de protection. Bien que cette solution semble viable, nous n’avons pas poursuivi dans cette voie. La mise au point de ce genre de processus nécessite de nombreux ajustements et donc un accès direct aux bâtis de dépôt, ce que nous n’avons pas. De plus, l’idée d’ajouter une couche passive de polymère dans la cavité laser n’est pas séduisante car l’intervalle spectral libre est diminué alors que les pertes sont augmentées. On préférerait que la cavité laser ne contienne que les couches absolument nécessaires. Finalement, nous avons opté pour une autre voie, présentée dans le paragraphe suivant, qui ne nécessite pas de couche supplémentaire. 3.6 Transfert du miroir de Bragg par collage Plutôt que de déposer le miroir de Bragg en phase vapeur sur le PDLC, on peut le fabriquer à part et le transférer par collage. Le processus envisagé est représenté sur la figure 3.24. Un plot de polymère est fabriqué sur la surface antiadhésive d’un substrat de verre (étape (a)). Sur cet échantillon, on dépose une couche transparente et conductrice d’ITO, puis un miroir de Bragg SiO2 /TiO2 (étape (b)). L’échantillon est alors pressé sur la matrice de puces VCSEL pour former une couche plane de mélange PDLC, dont l’épaisseur est définie par des espaceurs déposés autour des puces grâce au fluide déjà mentionné (étape (c)). Le mélange est polymérisé en lumière ultraviolette à travers la couche de polymère et le miroir de Bragg (étape (d)). Ce processus nécessite que la couche de polymère et le miroir de Bragg transmettent suffisamment les ultraviolets à 365 nm. Il n’est donc pas possible d’utiliser un miroir a-Si/a-SiNx , qui les absorbe totalement. Par contre, le miroir de Bragg SiO2 /TiO2 convient car il transmet plus de 30% des ultraviolets. 58 (a) Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables Verre revêtu d'un antiadhésif (b) Plot de polymère ITO et miroir de Bragg TiO2/SiO2 Dépôt d'ITO, puis de miroir de Bragg Pressage (c) Polymérisation UV (365 nm) (d) Mélange PDLC (e) Ouverture (f) Retrait du polymère Figure 3.24 – Processus de transfert de miroir de Bragg envisagé pour la fabrication d’un VCSEL à PDLC intra-cavité. Les espaceurs ne sont pas représentés. Transfert du miroir de Bragg par collage 59 (a) Observation au microscope. On ob- (b) Mesure au profilomètre optique serve des pastilles détachées et des d’une pastille expulsée à côté d’une pastilles en train de se former. Une pastille en train de se former. graduation représente 0.1 mm. Figure 3.25 – Insolation d’un film de photorésine SPR220 sur un substrat revêtu de l’antiadhésif GR650F. Les confettis sont produits après une quinzaine de secondes si l’insolation UV est trop intense. Lors de la polymérisation du PDLC, des liaisons physico-chimiques fortes se forment entre la matrice PDLC et le miroir de Bragg. Ainsi, le cristal liquide n’aura pas la possibilité de s’échapper, contrairement à ce qui se passe si le miroir est déposé en phase vapeur. Le couvercle est ensuite retiré et le plot de polymère se détache au niveau de l’antiadhésif (étape (e)). Le plot de polymère est nécessaire car si on n’en utilise pas, le miroir de Bragg reste collé sur le verre, malgré l’antiadhésif. Comme pour la technique de lift-off, il est intéressant de fabriquer un polymère avec des bords en surplomb, de sorte que la couche de miroir de Bragg ait une discontinuité bien marquée. La dernière étape (f) est le retrait du polymère, soit par solvant, soit par gravure plasma. Cette étape met à jour la couche conductrice d’ITO, servant d’électrode pour le PDLC. Notons que contrairement aux processus du paragraphe précédent, le PDLC reste ici toujours à température ambiante. Il n’emmagasine donc pas de contrainte thermique. La fabrication d’un plot de polymère sur l’antiadhésif est un point délicat. Comme polymère, on peut envisager une photorésine diazonaphtoquinone-novolac, positive, ou inversée à l’imidazole [193, 194]. On peut aussi envisager une résine PMGI [195], qui a un meilleur comportement en température et une très bonne transparence aux ultraviolets à 365 nm, mais je n’en avais pas à l’époque. J’ai donc utilisé une photorésine diazonaphtoquinone-novolac SPR220 de forte épaisseur [196]. La couche de photorésine doit être suffisamment épaisse pour bien marquer la rupture dans la couche de miroir de Bragg, mais elle doit être suffisamment fine pour laisser passer assez d’ultraviolets. L’épaisseur du miroir SiO2 /TiO2 étant de 3.7 µm, j’ai choisi une épaisseur de 5.0 µm, qui permet d’atteindre, après blanchiment (bleaching) de la résine, une transmission de 36% pour les ultraviolets à 365 nm. La photolithographie des résines diazonaphtoquinone-novolac ne pose pas de problème sur substrat de verre et on peut insoler avec des intensités UV de plusieurs mW/cm2 . Il en va autrement si la photorésine est déposée sur un antiadhésif. La figure 3.25(a) montre le résultat obtenu après l’insolation d’un film de photorésine SPR220 de 5 µm d’épaisseur sous une intensité UV de 2 mW/cm2 . Des confettis éclatent après une quinzaine de secondes. En regardant attentivement, on distingue des zones où la couche de photorésine commence à former une cloque, qui précède l’expulsion du confetti. La figure 3.25(b) ob- 60 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables tenue au profilomètre optique montre un confetti détaché à côté d’une cloque en train de se former. On constate qu’en dehors de ces zones, la surface de la résine est très plate. La cause de l’éjection de ces confettis est la production de diazote lors de la réaction photoinduite de la diazonaphtoquinone. Cette réaction est normale (voir paragraphe 2.7) et ne cause pas de problème sur un substrat habituel, mais dans notre cas, l’antiadhésif diminue l’adhérence de la photorésine. Ainsi, le gaz produit arrive à décoller la couche en certains endroits et forme une bulle sous la couche, qui finit par la casser et expulser une pastille de résine. Pour éviter ces défauts, il faut laisser le temps au diazote produit de diffuser à travers la couche. Dans notre cas, il ne faut pas dépasser une intensité moyenne d’insolation de 0.25 mW/cm2 . Toutes les étapes d’insolation devront se limiter à cette intensité : insolation du motif, blanchiment ou exposition en pleine plaque. L’énergie nécessaire pour faire la photolithographie de la résine est d’environ 130 mJ/cm2 dans notre cas. Si on veut fabriquer un plot en photorésine positive, le motif est insolé puis le plot est développé. La résine est ensuite blanchie pour maximiser sa transmission UV, mais aussi pour former un matériau stable, qui ne risque plus de dégager de diazote (voir paragraphe 2.7). Si on veut fabriquer un plot en photorésine inversée, le motif est insolé avec un masque négatif. Il faut ensuite faire le recuit d’inversion lors duquel la décarboxylation dégage du dioxyde de carbone (CO2 ) et du dihydrogène (H2 ). Si l’échantillon est chauffé trop fort, la production de gaz est trop rapide et des bulles se forment dans la couche. On commence donc le recuit à 70°C, on monte à 100°C en 3 min puis à 115°C en 3 min et on reste à cette température pendant 10 min. Ensuite, la résine est exposée avec une énergie de 165 mJ/cm2 en plein plaque, toujours avec une intensité UV limitée à 0.25 mW/cm2 . On obtient le plot désiré après développement. Bien que l’exposition en pleine plaque ait pratiquement terminé le blanchiment de la photorésine, je rajoute une dose d’ultraviolets après le développement pour être certain que le blanchiment soit maximal. L’intérêt de la résine inversée est de présenter des bords en surplomb, qui facilitent une rupture nette pour la couche déposée par dessus. J’ai fabriqué un masque positif et un masque négatif avec des formes longues de 700 µm et larges de 400 µm environ, qui seront visibles plus loin sur les figures 3.27 et 3.30. Le lecteur trouvera peut-être que ces plots en forme de haricot sec sont un peu bizarres et se demandera peut-être la raison de ce choix. Ces formes ont été dessinées pour correspondre à la géométrie du circuit d’interconnexion en silicium, de façon à recouvrir le demi-VCSEL et à passer près d’un plot de contact. Ces considérations n’ont pas d’utilité pour cette partie du travail. Elles expliquent seulement la forme des plots. Après ce processus, on dispose de substrats de verre, revêtus d’un antiadhésif et présentant des plots en photorésine répartis aux endroits désirés. Une première étape de test est de déposer un miroir de Bragg sur ces échantillons. Le processus ainsi que le résultat sont schématisés sur la figure 3.26. Le dépôt forme une couche homogène mais on constate que les plots de photorésine ont flué lors de l’opération et sont maintenant bombés. Le plot de photorésine positive avait au départ une épaisseur de 5.0 µm avec une uniformité meilleure que 30 nm. Les figures 3.26(c) et (d) montrent l’analyse au profilomètre optique de la forme d’un plot après le dépôt du miroir. Les plot sont maintenant bombés avec une épaisseur de 7.3 µm environ au centre et 3.2 µm environ sur les bords. Cette modification de forme est sans doute due à une température trop élevée lors du processus de dépôt. Il est bien possible que la température ait atteint au moins 115°C, température typique pour la fabrication des microlentilles par fluage de photorésine [197, 198]. À cette température, le matériau peut fluer et a tendance à former un dôme sous l’action des forces de surface. 61 Transfert du miroir de Bragg par collage (a) Verre revêtu d'un antiadhésif (b) Plot de photorésine positive SPR220 5.0 µm 3.7 µm Résine bombée à cause du fluage Miroir de Bragg TiO2/SiO2 Dépôt de miroir de Bragg (d) Hauteur (μm) (c) 8 6 4 2 0 0 100 200 300 400 500 600 700 Position (µm) Figure 3.26 – Dépôt d’un miroir de Bragg SiO2 /TiO2 sur un plot de photorésine positive SPR220. Les conditions du dépôt ont causé le fluage de la résine. Mesures au profilomètre optique. Bien que le plot n’ait plus la forme plate désirée, j’ai procédé au transfert du miroir de Bragg selon la méthode décrite sur la figure 3.27. Le plot est amené sur une goutte de mélange PDLC et l’épaisseur du matériau est définie grâce à des espaceurs déposés au voisinage (figure 3.27(a)). La polymérisation est réalisée à travers le verre, le plot de photorésine et le miroir de Bragg. L’intensité UV utilisée est choisie pour que le matériau reçoive environ 40 mW/cm2 , de façon à former un PDLC de structure adéquate. Le verre supérieur est ensuite retiré et l’échantillon est lavé à l’eau pour enlever les espaceurs et le fluide de dépôt. Ce dernier est hydrosoluble et le nettoyage ne laisse aucune trace, tout en préservant l’échantillon. La structure obtenue est schématisée sur la figure 3.27(b) et photographiée sur la figure 3.27(d). La séparation s’est faite au niveau de l’antiadhésif. On constate qu’une partie du miroir de Bragg a été collée à côté du plot de résine et entraînée en même temps que lui. On ne doit pas conclure de cette observation que le plot de résine est facultatif. Sans ce plot, le miroir ne se décollerait pas du tout de l’antiadhésif. L’étape suivante est de retirer la résine. Un premier nettoyage à l’isopropanol permet d’éliminer d’éventuelles particules générées lors du retrait du verre supérieur, mais ce solvant ne dissous pas la photorésine efficacement, comme on le voit sur la figure 3.27(e). La photorésine est affectée, mais pas correctement retirée. De nombreux solvant permettent de dissoudre les photorésines diazonaphtoquinone-novolac rapidement, mais il faut prendre garde à préserver le PDLC. Un solvant trop agressif, comme l’acétone s’infiltre immédiatement et détruit largement la structure PDLC. J’ai donc choisi une cétone plus volumineuse, la cyclohexanone, dont la pénétration dans la matrice est plus lente. Elle n’est toutefois pas inoffensive et ne doit pas rester en contact plus de 2 s avec l’échantillon, sous peine de le dégrader. Le nettoyage s’effectue donc en passant un coup de pissette de cyclohexanone sur l’échantillon, puis en lavant immédiatement avec une 62 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables (a) Espaceur (15 µm) (b) Mélange PDLC Fluide de dépôt (c) Après polymérisation UV (365 nm) et ouverture Retrait du polymère 3.7 µm (d) (g) (e) (f) (h) Figure 3.27 – Transfert du miroir de Bragg SiO2 /TiO2 par collage sur un PDLC. (d), (e), (f) Observations au microscope en réflexion. (g) Observation en transmission entre polariseur et analyseur croisés. (h) Mesures au profilomètre optique. L’expérience utilise les plots bombés produit précédemment (figure 3.26). Transfert du miroir de Bragg par collage 63 Figure 3.28 – Miroir de Bragg SiO2 /TiO2 déposé sur une couche de photorésine SPR220 recouverte d’ITO. Les conditions du dépôt ont été trop rudes et la couche de photorésine est détruite. Observation sous binoculaire, la largeur de l’image fait environ 2 cm. pissette d’isopropanol. L’opération peut être renouvelée si un seul passage ne suffit pas. Le résultat est photographié sur la figure 3.27(f). L’observation en transmission entre polariseur et analyseur croisés montre que la structure PDLC est bien isotrope au centre de l’échantillon (figure 3.27(g)). Comme le plot de photorésine était bombé, il laisse une marque en cuvette après son retrait. La mesure au profilomètre optique (figure 3.27(h)) montre que les courbures des deux surfaces sont complémentaires. L’objectif suivant est d’inclure le dépôt d’ITO dans le procédé. Ce dernier est déposé par pulvérisation cathodique sous argon. Il n’y a pas eu de difficulté à ce niveau et le dépôt couvre la résine sans affecter la forme des plots. L’épaisseur déposée, environ 30 nm, donne une résistance de couche d’environ 80 Ω/. L’étape suivante est de déposer le miroir de Bragg par dessus cette fine couche d’ITO. Le dépôt a été fait dans les mêmes conditions que le dépôt présenté à la figure 3.26 et le résultat a été catastrophique. La figure 3.28 montre le résultat obtenu sur une couche de photorésine plane avec un film d’ITO. La couche de photorésine est complètement détruite. Lorsque le dépôt est fait sur des plots, ceux-ci sont également largement déformés. Comment expliquer que le dépôt du miroir sur la photorésine n’a entraîné qu’un fluage limité alors que le dépôt sur la photorésine recouverte d’une trentaine de nanomètres d’ITO est catastrophique dans les mêmes conditions ? Il est probable que des courants soient induits dans l’ITO par le système de dépôt et contribuent à un échauffement supplémentaire. Dans le système de dépôt, l’échantillon est soumis au faisceau d’assistance ionique et au faisceau neutraliseur. De plus le canon à électrons servant à l’évaporation des matériaux est à environ 45 cm. Pour réussir des dépôts corrects sur les plots recouverts d’ITO, l’entreprise a utilisé une machine plus grande où les échantillons sont plus éloignés du canon à électrons (70 cm au lieu de 45 cm). Les miroirs ont pu être déposés avec succès sur des plots recouverts d’ITO, les plots étant constitués de photorésine positive ou de photorésine inversée. Seuls les bords sont un peu déformés, sur une distance de 70 µm pour la photorésine positive et 35 µm pour la photorésine inversée. Autrement, le dépôt est plat, ce qui indique que le processus s’est déroulé à une température plus basse que dans l’autre machine. L’épaisseur est homogène à mieux que 30 nm pour la photorésine positive et à mieux que 20 nm pour la photorésine inversée. La figure 3.29 montre le résultat pour un plot en photorésine inversée. Le comportement légèrement meilleur de la résine inversée est probablement dû à une légère augmentation de la masse molaire lors du processus d’inversion, lors duquel les molécules d’indène peuvent se condenser et former un dimère. 64 (a) Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables Verre revêtu d'un antiadhésif Photorésine SPR220 (épaisseur 5.0 µm) (b) 3.7 µm ITO et miroir de Bragg TiO2/SiO2 Figure 3.29 – Dépôt d’ITO et d’un miroir de Bragg SiO2 /TiO2 sur un plot de photorésine SPR220 (inversée à l’imidazole). Les conditions du dépôt sont ici assez douces pour que le plot de résine soit préservé. (b) Mesure au profilomètre optique. (a) (b) Après polymérisation UV (365 nm) et ouverture Retrait du polymère 3.7 µm (c) (f) (d) 5.0 µm (e) (g) Figure 3.30 – Transfert du miroir de Bragg SiO2 /TiO2 et de la couche d’ITO par collage sur un PDLC. (c), (d), (e) Observations au microscope en réflexion. (f) Observation en transmission entre polariseur et analyseur croisés. (g) Mesure au profilomètre optique. Discussion 65 Figure 3.31 – Test sous pointes pour vérifier que l’ITO a été correctement transféré. Les pointes ont déterioré la surface. Les plots recouverts d’ITO et de miroir de Bragg sont ensuite transférés par collage sur le PDLC, comme cela a été expliqué sur la figure 3.27. Le résultat est indiqué sur la figure 3.30. Le nettoyage laisse une surface plane. Sa rugosité est meilleure que 3 nm est l’épaisseur est constante à mieux que 30 nm. On constate à nouveau que la goutte de PDLC a débordé sur les côtés du plot et a arraché une partie du miroir de Bragg de l’antiadhésif. La hauteur de cette marche est de 5.0 µm, ce qui correspond à l’épaisseur du plot de résine. L’observation en transmission entre polariseur et analyseur croisés (figure 3.30 (f)) montre que le PDLC est bien isotrope sous le plot. Pour finir, j’ai vérifié que l’ITO a bien été transféré lors du processus en faisant une mesure de résistance sous pointes (voir figure 3.31). La résistance mesurée est la même que celle mesurée sur la surface d’un verre ITO commercial de 80 Ω/. L’ITO a donc bien été transféré, puis mis à jour par le nettoyage. Notons que les pointes ont blessé la surface du miroir, ce qui montre que le PDLC est un substrat fragile. La connexion d’une électrode sur cette surface d’ITO nécessitera une goutte de colle conductrice et un fil souple pour ne pas exercer de contrainte sur le PDLC. Le même type de processus peut être envisagé en utilisant une résine PMGI à la place de la résine photorésine diazonaphtoquinone-novolac. Sa meilleure tenue en température et sa très bonne transparence à 365 nm faciliteront les étapes. Par contre il est probable que ce matériau soit plus difficile à retirer par voie humide tout en préservant le PDLC. Il faudra le retirer par voie sèche au plasma d’oxygène. 3.7 Discussion Suite aux problèmes rencontrés lors du dépôt par voie sèche d’un miroir de Bragg sur le PDLC, nous avons développé une technique qui permet de transférer un miroir de Bragg et d’une électrode d’ITO par collage sur un PDLC. La surface est de qualité optique et sa géométrie peut être définie avec précision. La microstructure du PDLC obtenu est bien isotrope. Le processus est collectif, les plots sont obtenus par photolithographie et les gouttes de PDLC sont déposées par un robot. Je ne dispose pas de demi-cavité VCSEL fonctionnelle et ne peux donc pas tester si le processus permet effectivement de réussir la 66 Microtechnologie PDLC pour fabriquer des puces laser accordables Figure 3.32 – Puce hybridée sur substrat de silicium et sciée dans le but de mesurer l’écart entre la puce et le substrat. On distingue une bille d’indium. La barre blanche horizontale mesure 20 µm. fabrication de puces laser accordables. Il est possible que cela fonctionne, mais la technique présentée souffre d’une difficulté fondamentale. Le processus d’hybridation ne permet pas de définir l’altitude des composants avec une précision absolue. Typiquement, l’écart entre le plan supérieur du circuit en silicium et le plan inférieur du circuit reporté peut varier de 8.3 à 8.8 µm dans notre situation. La figure 3.32 montre la découpe par sciage d’une puce au niveau de la zone de connexion, effectuée dans le but de mesurer cet intervalle. La planéité des composants n’est pas non plus garantie et on peut mesurer au profilomètre optique des pentes allant jusqu’à 1 µm sur 400 µm. Or notre approche globale ne permet pas de s’accommoder des variations de position de chaque composant. Le substrat de verre que l’on applique à l’étape de la figure 3.24(d) ne constitue qu’un plan moyen, que les espaceurs soient dans le mélange ou qu’ils soient disposés autour des puces. Les variations de positionnement de chaque composant se répercuteront sur la longueur de leur cavité laser. Or une variation de longueur de cavité de ∆L = 0.5 µm est une variation considérable. En effet, en reprenant les valeurs du paragraphe 3.2, la variation de longueur d’onde induite est ∆λ = λ × n∆L/(ns Ls + nL) ' 76 nm. Une telle incertitude ne permet pas de contrôler la position du mode de cavité par rapport au spectre de gain de la zone active. Ce constat pousse à chercher une autre voie technologique. Dans le chapitre suivant je présenterai une technologie de micro-cellules déposées à l’aide d’un tampon souple, qui permet de s’accommoder des variations de hauteur de chaque composant. Ces microcellules peuvent être remplies avec n’importe quel matériau électro-optique liquide. On peut par exemple les remplir avec un mélange PDLC, puis polymériser le mélange en place. Cette technique peut permettre de contrôler précisément l’épaisseur du PDLC, mais il reste une limitation inhérente à ce matériau. La faible variation d’indice du PDLC ne permet qu’une plage d’accord de 9 nm, ce qui n’est pas suffisant pour balayer les 40 nm de la bande C. Cette constatation pousse à utiliser un cristal liquide nématique à la place du PDLC, ce qui est l’objet du chapitre suivant. Le travail qui a été présenté jusque là sera utile pour le chapitre suivant car de nombreux éléments seront repris, en particulier l’idée d’un transfert par collage. Chapitre 4 Micro-cellules pour fabriquer des puces laser accordables incluant une couche de cristal liquide nématique intra-cavité 4.1 Cristal liquide nématique pour un laser accordable Comme présenté dans l’introduction, le deuxième objectif du projet LambdaAccess vise à fabriquer des puces laser VCSEL accordables grâce à une couche de cristal liquide nématique intra-cavité. Les cristaux liquides nématiques présentent, par rapport aux matériaux PDLC, des pertes optiques plus faibles, une plus grande variation d’indice et des tensions de commande réduites. Leur mise en oeuvre est sensiblement différente. Ce sont des liquides qui nécessitent d’être confinés dans une cellule. Les surfaces de la cellule doivent présenter un film d’alignement pour contrôler l’orientation du cristal liquide. D’autre part, le faisceau de lumière qui traverse la cellule voit un milieu anisotrope, contrairement au cas des PDLC. Lors du basculement du cristal liquide sous l’action du champ électrique, seul le rayon extraordinaire voit son indice varier (voir paragraphe 2.1). Il est donc nécessaire de travailler avec des demi-cavités VCSEL émettant selon une polarisation préférentielle et bien déterminée. Dans cet objectif, l’INSA de Rennes a développé une zone active comportant des plans de fils quantiques (dashes) et a ainsi réussi à stabiliser la direction de polarisation émise par le VCSEL [69, 70]. Comme on désire inclure le cristal liquide nématique dans une cavité laser, il est important de connaître les pertes optiques de ce matériau. Les pertes optiques du cristal liquide en phase isotrope sont très faibles et sont dues essentiellement à l’absorption des molécules, α < 1 cm-1 [199]. En phase nématique, les pertes optiques sont plus élevées et sont dues essentiellement à la diffusion causée par les fluctuations du directeur. Pour cette phase, l’article [200] donne un coefficient de pertes de l’ordre de α ' 5 cm-1 pour le cristal liquide E7 à 633 nm. La mesure est effectuée pour le rayon ordinaire, probablement à travers une cellule avec alignement planaire (l’article ne dit pas clairement quel alignement est utilisé). Cet article montre également que les pertes varient en 1/λ4 . Les mesures ne sont pas effectuées dans l’infrarouge, mais cette diminution des pertes quand la longueur d’onde augmente laisse espérer des valeurs inférieures à 5 cm-1 pour λ = 1.5 µm. 67 68 Micro-cellules pour cristal liquide nématique U=0 V ISLe=48 nm I Δλ=0.05 nm Δλ=0.04 nm ISLo=56 nm e 1500 o 1526 1536 e 1550 1574 ISLe=48 nm U=1.18 V o λ (nm) 1600 1592 ISLe=49 nm I Δλ=0.25 nm e 1500 1513 o 1536 e 1550 1561 o λ (nm) 1600 1592 1610 Figure 4.1 – Résumé des observations sur les pics de transmission de la cellule Fabry-Perot formée autour d’un cristal liquide nématique. Après l’application du champ électrique, la position des pics ordinaires n’est pas modifiée. Les largeurs de certains pics sont indiquées. L’article [201] mesure les coefficients d’absorption pour plusieurs orientations et polarisations dans le cas du MBBA à 633 nm. Lorsque le cristal liquide est perpendiculaire à la lumière incidente, le coefficient d’absorption est du même ordre pour les rayons ordinaire et extraordinaire (respectivement 12 et 15 cm-1 ). L’absorption est plus faible lorsque les molécules sont orientées parallèlement à la direction de la lumière incidente (5 cm-1 ). L’article [202] indique que l’absorption du rayon extraordinaire passe par un maximum à 30 cm-1 lorsque le cristal liquide fait un angle d’environ 45° avec la direction de la lumière incidente (valeur mesurées pour le cristal liquide nématique N-106). N’ayant pas trouvé de publication donnant des valeurs d’absorption dans l’infrarouge, je peux les mesurer. La caractérisation des pertes peut se faire de la même manière que ce qui a été présenté pour le PDLC dans le paragraphe 3.1.2. En fabriquant une cellule de cristal liquide entre deux miroirs de Bragg très réfléchissants (R ' 0.998) et parallèles, on obtient un filtre Fabry-Perot qu’il est possible de caractériser spectralement. Les miroirs sont déposés sur des substrats présentant une couche conductrice d’ITO, puis sont revêtus d’un film d’alignement planaire. Les électrodes permettent d’appliquer un champ électrique dans la cavité. Les espaceurs sont disposés dans le bourrelet de colle, hors de la zone où passe le faisceau. Le cristal liquide BL036 est infiltré dans la cellule par capillarité. Le montage de caractérisation est le même que celui représenté sur la figure 3.2. On peut facilement modifier la polarisation sortant de la fibre optique en modifiant la position des boucles de la jarretière sur la table de travail, sur le même principe que les boucles de Lefèvre. On s’arrange pour avoir une polarisation à peu près circulaire que l’on décompose dans l’esprit en deux ondes polarisées linéairement, orientées selon les axes de la cellule de cristal liquide. On peut ainsi considérer qu’on a une superposition d’un rayon ordinaire et d’un rayon extraordinaire avec des intensités à peu près égales. Les pics de transmission forment donc deux familles, une correspondant au rayon ordinaire et l’autre au rayon extraordinaire. La figure 4.1 résume l’ensemble des mesures qui seront commentées dans les paragraphes suivants. La figure 4.2 montre le spectre obtenu au niveau d’un pic de transmission du FabryPerot, vers 1591.7 nm. Ce pic ne se déplace pas lorsqu’on applique un champ électrique 69 Cristal liquide nématique pour un laser accordable 900 Intensité mesurée (nW) 800 700 600 Pic ordinaire U=0 V ISL=55.7 nm 500 =0.04 nm 400 300 200 100 0 1591,2 1591,3 1591,4 1591,5 1591,6 1591,7 1591,8 1591,9 1592,0 1592,1 Longueur d'onde (nm) Figure 4.2 – Spectre de transmission d’une cellule Fabry-Perot formée autour d’un cristal liquide nématique. La puissance incidente est d’environ 1 mW. dans la cavité, c’est donc un pic de transmission du rayon ordinaire. L’intervalle spectral libre (ISL) correspondant est observé entre 1536.0 et 1591.7 nm et vaut donc ISLo = 55.7 nm. L’indice ordinaire étant estimé à no ' 1.507, on déduit l’épaisseur du Farby-Perot L = λ2 /(2no × ISLo ) ' 14.5 µm. La largeur du pic ordinaire observé est ∆λo ' 0.04 nm, ce qui correspond à une finesse de Fo = ISLo /∆λo ' 1.4 · 103 . Dans le même temps, l’ISL pour le rayon extraordinaire est observé entre 1526 et 1574 nm et vaut donc ISLe = 48 nm. Connaissant l’estimation de l’indice extraordinaire ne ' 1.737, on déduit l’épaisseur du Farby-Perot L = λ2 /(2ne × ISLe ) ' 14.4 µm. Les deux valeurs concordent. La profondeur de pénétration de la lumière dans les miroirs de Bragg est de l’ordre de 0.5 µm, de sorte que l’épaisseur du cristal liquide est d’environ LCL ' 13.4 µm. La largeur du pic extraordinaire est mesurée à ∆λe ' 0.05 nm, ce qui correspond à une finesse de Fe = ISLe /∆λe ' 1.0 · 103 . Connaissant la finesse de la cavité, on peut déduire les pertes lors d’un aller-retour par la relation δ ' 2π/F [183]. On trouve δo ' 0.45% et δe ' 0.65%. Les pertes de chaque miroir étant de l’ordre de δ ' 0.2% et on a δCL,o ' 0.05% et δCL,e ' 0.25%. Finalement, les coefficients de perte du cristal liquide planaire à λ ' 1.5 µm sont αo = δCL,o /(2LCL ) ' 0.2 cm-1 et αe = δCL,e /(2LCL ) ' 0.9 cm-1 . Ces valeurs ne sont que des ordres de grandeur car l’incertitude sur ces faibles pertes est élevée. Sous l’influence du champ électrique, le cristal liquide bascule et les pics extraordinaires se translatent. En appliquant une tension U = 1.18 V, le pic extraordinaire initialement situé à 1573.7 nm se décale à 1561.0 nm. La variation d’indice correspondante est ∆n ' ne ∆λ/λ ' −0.014. On peut déterminer l’angle d’inclinaison θ des molécules par rapport au plan du substrat (voir figure 2.1(b)) car on connaît la variation de l’indice extraordinaire effectif en fonction de cet angle : 1/n(θ)2 = (sin(θ)/no )2 + (cos(θ)/ne )2 [73]. On en déduit θ ' ((−2∆n/ne )/(n2e /n2o −1))1/2 ' 13°, le basculement a seulement commencé. On observe une dégradation de la largeur du pic, qui passe à 0.25 nm. La finesse est donc dégradée, F ' 2.0 · 102 , les pertes sont plus grandes δCL,e ' 3.0% et le coefficient d’absorption est αe ' 11 cm-1 . Je n’ai pas passé assez de temps sur la mesure du coefficient d’absorption en fonction de l’angle de basculement et il serait intéressant de regarder cela plus en détails, notamment pour des angles proches de θ = 45°. On notera également, à la suite de la discussion faite au paragraphe 3.1.2, que les résultats présentés sont proches de la limite de validité de cette 70 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Miroir de Bragg supérieur Cristal liquide nématique Films d'alignement Zone active Miroir de Bragg inférieur Figure 4.3 – VCSEL accordable par cristal liquide nématique localisé dans une micro-cellule. technique de mesure. Les valeurs sont donc à considérer comme des bornes supérieures ou des ordres de grandeur. Le bilan de ces mesures est que les pertes optiques dans le cristal liquides sont inférieures ou égales à celles des semiconducteurs utilisés dans la structure laser : α(InP) ' α(Q1.18) ' 10 cm-1 . Il est donc envisageable d’inclure un cristal liquide nématique dans la cavité laser d’un VCSEL. La structure envisagée est présentée sur la figure 4.3. La cavité comporte une longueur Ls ' 2.0 µm de semiconducteur, d’indice ns ' 3.3 et on envisage une épaisseur L ' 3.0 µm de cristal liquide. Le cristal liquide est placé de sorte que la direction d’alignement soit parallèle à la direction d’émission préférentielle de la zone active. Ainsi, la lumière est sensible à l’indice extraordinaire effectif n(θ), qui diminue de ne à no quand on applique un champ électrique. Quelle plage d’accord peuton espérer dans ce cas ? La longueur d’onde correspondant à un mode laser q ∈ N est λq = 1/q × 2(ns Ls + n(θ)L). Donc s’il n’y a pas de saut de mode, la longueur d’onde émise diminue quand le champ électrique est appliqué. La plage d’accord est environ ∆λ ' λ × L∆n/(Ls ns + Ln) ' 94 nm et l’intervalle spectral libre de la structure est environ ISL ' λ2 /(2 × (Ls ns + Ln)) ' 105 nm. Pour ces deux calculs, j’ai simplement pris une valeur moyenne pour l’indice n. Il sera intéressant de concevoir le laser de sorte que la longueur d’onde émise en champ nul soit en haut de la bande C, entre 1570 et 1600 nm. Ainsi, le basculement du cristal liquide permettra de balayer toute la bande C. Partant de la situation où le champ est nul, le balayage se fera dans le sens des longueurs d’onde décroissantes. La valeur exacte des épaisseurs nécessaires pour arriver à cette situation ne peut se calculer qu’avec un modèle détaillé de la structure semiconductrice et nécessitera certainement des ajustements. En supposant que la structure idéale est connue, le processus de fabrication devra tenter de respecter les épaisseurs prévues. La tolérance sur la longueur optique de la cavité pour que la longueur d’onde émise au départ soit entre 1570 et 1600 nm est ∆L ' (Ls ns + Ln)∆λ/λ ' 0.2 µm. La cellule de cristal liquide doit donc être fabriquée avec une tolérance sur l’épaisseur proche de ∆L/n ' 0.1 µm. Cela n’est pas évident mais cela peut être réalisé. La question est maintenant de trouver comment fabriquer des cellules de cristal liquide sur les puces VCSEL, sachant qu’il n’existe pas de processus connu adapté à ces petites dimensions. 4.2 Micro-cellules pour les cristaux liquides ou d’autres fluides L’utilisation des cristaux liquides dans les dispositifs miniatures est limitée par la difficulté de miniaturiser les cellules. La façon la plus simple de réaliser une petite cellule de cristal liquide est indiquée sur la figure 4.4. Deux substrats de verre sont découpés et Micro-cellules pour les cristaux liquides ou d’autres fluides 71 films d'alignement joint de colle électrodes cristal liquide Figure 4.4 – Structure d’une petite cellule de cristal liquide de structure simple. Les espaceurs, mélangés dans la colle, ne sont pas représentés. wafer en silicium verre supérieur joint de colle ligne de brisure (verre) ligne de clivage (silicium) décalage entre les deux lignes Figure 4.5 – Fabrication collective de micro-afficheurs. Seuls quatre cellules sont représentées, pour ne pas surcharger le schéma. préparés avec un film d’alignement. Un joint de colle incluant des espaceurs est déposé sur un premier substrat et le deuxième substrat est positionné, puis pressé sur le premier. Un décalage est maintenu entre les substrats pour permettre de réaliser les connexions électriques de chaque électrode. La manipulation de substrats plus petits que 10 mm est délicate et il est difficile d’envisager de produire des cellules plus petites que 5 mm avec cette technique. D’autre part, chaque cellule est assemblée individuellement, le processus de fabrication n’est pas collectif. Des processus collectifs existent et sont par exemple utilisés pour la fabrication des micro-afficheurs en technologie LCOS (Liquid Crystal On Silicon microdisplays) [159]. Plusieurs micro-afficheurs sont préparés sur un même wafer de silicium comme représenté sur la figure 4.5. Le circuit de commande est fabriqué sur la surface du wafer puis il est recouvert d’un film d’alignement. Les espaceurs sont préparés sur la surface par photolithographie d’une photorésine négative. Les lignes de colle sont déposées sur le pourtour des panneaux, par sérigraphie (screen printing) ou grâce à un robot doseur utilisant une aiguille. Le substrat de verre, comportant une électrode et un film d’alignement, est positionné puis pressé sur le wafer. Après polymérisation du joint de colle, des lignes de découpe sont gravées de chaque côté du sandwich. Les panneaux sont individualisés en brisant le verre et en clivant le silicium selon ces lignes. Un décalage entre les substrats est prévu pour pouvoir réaliser les connexions électriques. Cette technique peut produire des micro-afficheurs avec des dimensions proches de 10 mm, mais il est difficile d’imaginer des dimensions inférieures à 5 mm à cause du processus d’individualisation où le verre est brisé et le silicium clivé. Des cellules de cristaux liquides plus petites ont été fabriquées dans des situations spécifiques. On peut citer l’exemple d’un contrôleur de polarisation fibré, où le cristal liquide est placé entre les férules polies terminant les fibres optiques [203, 204]. La zone de travail est large de quelques dizaines de microns, mais l’ensemble est large de plusieurs millimètres. En fait, des cellules de cristal liquide individuelles d’une dimension plus petite 72 Micro-cellules pour cristal liquide nématique que le millimètre n’ont jamais été fabriquées. Les techniques de production WLP (Wafer Level Packaging) se développent et il est maintenant envisageable de découper un sandwich et d’utiliser des connexions électriques à travers les substrats (TWV, Through Wafer Via). Les vias à travers les circuits en silicium (TSV, Through Silicon Via) sont répandus depuis quelques années et sont réalisés par gravure profonde (DRIE, Deep Reaction Ion Etching). Les vias à travers les substrats de verre sont moins courants, mais des wafers de verre traversés par des vias métalliques commencent à être disponibles commercialement [205, 206]. Un sandwich avec ces deux types de substrats peut être découpé à la scie. Ce nouveau type de procédé est intéressant et peut permettre de produire des petites cellules de cristaux liquides. Mais comme cela a été expliqué à la fin du chapitre précédent, notre situation ne peut s’accommoder d’un substrat supérieur rigide et plan. De plus, nous n’avons pas de connaissances détaillées sur la découpe de sandwiches complexes. Le projet LambdaAccess nécessite de placer une couche de cristal liquide à l’intérieur de la cavité laser de puces VCSEL. Pour répondre à cet objectif, j’ai proposé de fabriquer des micro-cellules de cristal liquide, qui seraient positionnées au sommet de chaque puce laser. Certains articles ou brevets mentionnent le terme de "micro-cellules de cristaux liquides", par exemple les références [160, 161], mais il s’agit d’un concept très différent. Ces micro-structures interviennent dans la fabrication de matrices de pixels et sont en fait des murets qui entourent les pixels ou les groupes de pixels. Ils jouent le rôle d’espaceurs en permettant de maintenir une épaisseur bien définie entre les deux substrats du panneau et sont particulièrement intéressants dans le cas de panneaux flexibles. Cette technique n’a pas de lien direct avec ce qui est présenté ici car nous nous intéressons à des micro-cellules individuelles. N’ayant pas, dans notre laboratoire, de matériau utilisable pour constituer ces microcellules, j’ai proposé d’acheter de la résine SU-8 et de l’utiliser comme résine de construction. En lisant au sujet des microsystèmes, des microfabrications et de la microfluidique, il m’était en effet apparu que cette résine pouvait être utilisée dans ce projet. Le processus de fabrication des micro-cellules est présenté sur la figure 4.6 et nous l’avons publié dans la référence [207]. C’est un processus collectif permettant de fabriquer plusieurs micro-cellules en même temps. Chaque micro-cellule est constituée d’un capot reposant sur des piliers. Les capots et les piliers sont fabriqués sur des substrats séparés (étapes (a), (b) et (c)) puis sont assemblés par collage (étapes (d) et (e)). Les capots peuvent être séparés du substrat supérieur et transférés par collage sur les piliers grâce à l’utilisation d’un antiadhésif (voir paragraphe 3.4). Capots et piliers sont fabriqués par photolithographie dans la résine SU-8. Chaque capot présente une électrode transparente et conductrice formée par un dépôt de polymère conducteur. Un via à travers le capot permet d’accéder à l’électrode depuis le sommet de la micro-cellule et le polymère conducteur recouvre les parois du via. Le capot et le substrat du bas sont tous deux recouverts d’un film de photo-alignement (voir paragraphe 2.2.2) et l’orientation des films est choisie de façon à former une cellule anti-parallèle (voir paragraphe 2.2). Le polymère de collage est un monomère cristal liquide (voir paragraphe 2.3) qui permet le collage tout en imprimant un alignement au cristal liquide. Les micro-cellules ainsi produites peuvent accueillir et aligner un cristal liquide, mais tout autre liquide peut être infiltré, par exemple d’autres types de liquides électro-optiques. Le film d’alignement n’est alors pas toujours nécessaire et le monomère cristal liquide peut être remplacé par un simple film de colle optique. On peut par exemple infiltrer un 73 Résine SU-8 pour la construction de micro-cellules (a) verre (b) (c) capot polymère conducteur (d) Mise en contact et polymérisation UV (e) Transfert antiadhésif via ITO piliers couche monomère cristal liquide d'alignement non polymérisé collage cavité prête à accueillir et aligner un cristal liquide Figure 4.6 – Procédé de fabrication des micro-cellules pour cristaux liquides. C’est un processus collectif où plusieurs micro-cellules sont fabriquées en même temps. Le schéma représente seulement la région autour d’une micro-cellule. mélange PDLC et le polymériser en place. On peut aussi envisager des suspensions de nanoparticules anisotropes [208, 209]. Avant de rentrer plus en détail dans le procédé de fabrication et de présenter les résultats, je vais introduire les matériaux utilisés qui n’ont pas encore été présentés : la photorésine SU-8 et les polymères conducteurs. 4.3 Résine SU-8 pour la construction de micro-cellules La SU-8 est une photorésine négative, c’est-à-dire qu’après insolation et développement, elle reste aux endroits où elle a été insolée. Son principal composant est une résine époxyde novolac basée sur le bisphénol A (voir figure 4.7 (a)) [194, 210, 211, 212]. Chaque oligomère possède en moyenne 8 fonctions époxyde et sa masse molaire moyenne est M ' 1400 g/mol. Cette structure présente une densité de groupements époxyde des plus élevées parmi la famille des résines époxydes [194], ce qui lui confère, après réticulation, des caractéristiques thermiques et mécaniques remarquables. La résine est vendue dissoute dans un solvant, la cyclopentanone dans notre cas. Pour sa mise en oeuvre sur un échantillon, elle est déposée par spin-coating puis l’échantillon est chauffé (SB, Soft Bake), typiquement à 95°C, pour évaporer le solvant résiduel et pour stabiliser la structure moléculaire (la température de transition vitreuse de la résine non insolée est Tg ' 50 − 55 °C) [214, 215, 216]. L’inscription du motif se fait par insolation dans l’ultraviolet. Si le substrat est transparent et que la surface du dessous peut réfléchir les ultraviolets, il est possible que le motif soit dégradé par les réflexions parasites. Dans ce cas, il est nécessaire de placer sous le substrat une couche absorbant les ultraviolets. Cela peut être un film rouge. Le photoinitiateur est un sel d’onium (voir figure 4.7 (b)) [213] qui se décompose sous l’action de la lumière ultraviolette en libérant un acide fort (figure 4.8). Les ions oniums photosensibles possèdent une structure conjuguée qui permet leur interaction avec la lumière [217]. Par exemple, l’ion triphénylsulfonium absorbe dans les ultraviolets courts (' 230 nm). La structure largement conjuguée des ions oniums utilisés dans la SU-8 permet de déplacer le pic d’absorption vers les ultraviolets proches (' 310 nm) et la longueur d’onde utilisée pour l’insolation (365 nm) se retrouve juste en bordure du pic d’absorption (voir figure 4.9). Les acides forts générés par le photoinitiateur lors de l’insolation sont peu réactifs à température ambiante. C’est en chauffant l’échantillon (PEB, Post Exposure Bake), typiquement à 95°C, que les acides forts peuvent catalyser la réaction de polymérisation de la résine époxyde (voir figure 4.10) [194, 217, 210]. Le matériau ainsi réticulé possède 74 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Figure 4.7 – Composition de la partie sèche de la résine SU-8 de MicroChem [213, 194, 210]. Le monomère représenté n’est pas le seul présent car les liaisons méthylène entre les bisphénols A peuvent être en haut ou en bas sur ce schéma. Chaque oligomère possède en moyenne 8 fonctions époxyde. Résine SU-8 pour la construction de micro-cellules 75 Figure 4.8 – Réaction photo-induite produisant un acide fort. La molécule RH est une molécule quelconque présente dans le milieu et pouvant libérer un hydrogène [194, 217]. Figure 4.9 – Spectre d’absorption ultraviolet du photoinitiateur de la résine SU-8, pour différentes concentrations (solvant non précisé) [218]. 76 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Figure 4.10 – Polymérisation de la résine SU-8. Seules les fonctions époxyde sont représentées [194, 217, 210]. une grande résistance mécanique, chimique et thermique ainsi qu’une bonne transparence dans le spectre visible et proche infrarouge. Le tableau 4.1 résume quelques propriétés de la résine SU-8 polymérisée. Le développement de l’échantillon se fait dans un solvant, le PGMEA dans notre cas, dans lequel la résine non insolée se dissout. 4.4 Polymères conducteurs Pour réaliser les micro-cellules, on a besoin d’une électrode transparente et conductrice. La technique courante est de déposer une couche d’ITO (Indium-Tin Oxyde) par pulvérisation cathodique. On peut utiliser également une couche de polymère conducteur et c’est la solution que j’ai choisie pour deux raisons. Une première raison, d’ordre pratique, est que nous n’avons pas de bâti de dépôt d’ITO. On pourrait faire sous-traiter le dépôt, mais chaque opération réalisée à l’extérieur cause des délais et casse la dynamique de l’avancement. Une deuxième raison, d’ordre technique, est que le polymère conducteur est déposé en solution et j’ai voulu mettre cette situation a profit car la capillarité permet une accumulation de conducteur sur les bords du via. Ceci permet de faciliter la reprise de contact. J’ai bénéficié du travail de Nicolas Fraval [71, 81] qui a utilisé du PEDOT:PSS, com- 77 Polymères conducteurs Indice optique (dans le visible) (dans l’infrarouge) Coefficient d’expansion thermique (linéique) Module d’élasticité Résistance en traction (film) Température de transition vitreuse Température de dégradation Densité n = 1.596 (à 633 nm) n = 1.575 (à 1550 nm) λ = 52 ppm/K (PEB 95°C) E = 4 − 5 GPa σ = 34 MPa Tg ' 230°C ∼ 380°C d = 1.20 Table 4.1 – Quelques propriétés de la résine SU-8 après polymérisation [216]. mercialisé par H.C. Starck sous le nom de Baytron P. Ce matériau a été conçu par les chimistes de Bayer/Agfa au début des années 1990 (les deux entreprises formaient un même groupe à l’époque et sont maintenant séparées). Le matériau est actuellement commercialisé sous le nom de Clevios P 1 . C’est un matériau de grande utilité industrielle pour les produits antistatiques et anticorrosion. Le PEDOT est un polymère conducteur dont le nom complet est poly(3,4-ethylenedioxythiophene). Il est fabriqué par une polymérisation oxydante du 3,4-ethylenedioxythiophene. Le polymère obtenu porte des charges positives qui permettent la conduction [219, 220]. Le PEDOT:PSS est obtenu par une polymérisation en solution aqueuse en présence d’acide polystyrènesulfonique (PSS) (voir figure 4.11). Ce dernier sert de contre-ion aux charges positives du PEDOT et permet la solubilité en solution aqueuse. Les oligomères de PEDOT sont accrochés sur la chaîne de PSS, plus longue (voir figure 4.12). Les ions ayant servi pour la réaction d’oxydation sont retirés grâce à des résines échangeuses d’ions [221] et il reste une solution acide à pH ' 2, dans laquelle tous les acides sulfoniques sont sous forme ionisée (figure 4.11). Les polymères en solution s’organisent en pelotes gonflées dont le diamètre moyen est de 80 nm [222]. La fraction solide du Baytron P est de 1.3%. Le produit est mis en oeuvre en le déposant à la tournette et il reste après cette opération un film liquide. On chauffe alors l’échantillon pour évaporer ce liquide et on obtient un film sec et dur dont la constitution est indiquée sur la figure 4.13. Pour obtenir des dépôts de qualité optique, transparents, conducteurs et homogènes, il faut travailler la formulation du produit. L’ajout d’isopropanol permet d’améliorer la mouillabilité et l’ajout d’éthylène glycol permet d’améliorer significativement la conductivité obtenue, par deux ordres de grandeur. Ceci est expliqué par le fait que l’éthylène glycol donne aux polymères une forme stérique favorisant la conduction [223, 224]. J’ai utilisé une solution constituée de 25% de Baytron P, 25% d’éthylène glycol et 50% d’isopropanol, filtrée à 1 µm. Après un dépôt à la tournette à 2000 tr/min et séchage du film liquide, on obtient un film sec et uniforme, d’une épaisseur d’environ 20 nm avec une rugosité inférieure à 3 nm. La résistance de la couche est de l’ordre de 20 kΩ/. La transmission d’un substrat de verre revêtu d’une telle couche est de 87% à 1.5 µm et 91% à 500 nm (pour un dépôt à 3000 tr/min). Notons que la solution formée est instable et les pelotes de polymère coagulent rapidement. Il faut donc travailler avec une solution fraîche. Notons également qu’on pourrait inclure d’autres composants, par exemple 1 à 2% de tétraéthoxysilane, pour augmenter la dureté du film. 1. Bayer a vendu sa filiale H.C. Starck en 2007 à un fonds d’investissements, mais a gardé les droits sur la marque Baytron, d’où la nécessité du changement de nom. 78 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Figure 4.11 – Polymérisation du PEDOT:PSS en phase aqueuse [219]. oligomères PEDOT H+ + + + + + H H + + H + - - - - - - - + - + H+ + + + H H H+ H+ H+ + - + H+ - - + + polymère PSS Figure 4.12 – Structure moléculaire de l’agencement du PEDOT:PSS en phase aqueuse [219]. Fabrication de micro-cellules pour cristal liquide nématique 79 Figure 4.13 – Composition chimique d’un film sec de PEDOT:PSS. De nombreux polymères conducteurs existent et peuvent avoir une utilité en microtechnologie [225, 226, 227]. Je me suis intéressé à la polyaniline (PAni) car c’est un polymère conducteur assez courant et chimiquement stable, au même titre que le PEDOT:PSS. Elle existe à plusieurs niveaux d’oxydation et c’est la forme emeraldine qui permet d’arriver à un matériau conducteur [226]. J’ai acheté de la polyaniline emeraldine chez le fabricant Panipol, elle se présente sous la forme d’une poudre noire. Cette forme emeraldine est nonionique et peut être dissoute dans un bon nombre de solvants organiques, contrairement au PEDOT:PSS. Pour obtenir une polyaniline conductrice, il faut doper la polyaniline emeraldine en créant des charges positives sur le polymère. Cela peut se faire en ajoutant un acide, par exemple de l’acide camphosulfonique qui est un acide organique, soluble dans les solvants organiques [227, 228]. Je n’ai pas encore mis cette solution en pratique, mais il est utile de savoir qu’une solution alternative au PEDOT:PSS existe. 4.5 Fabrication de micro-cellules pour cristal liquide nématique Les étapes de la fabrication des micro-cellules sont schématisées sur la figure 4.6. Le processus peut être réalisé avec certaines variations dans les dimensions et les matériaux et on va se concentrer sur un exemple précis. Le substrat inférieur est un verre recouvert d’une couche d’ITO. On y dépose une épaisseur de 6.4 µm de photorésine SU-8 (MicroChem) et on fabrique les piliers par photolithographie. Ensuite, un film de photoalignement (LPP, ROP-103 de Rolic) est déposé 80 Micro-cellules pour cristal liquide nématique et orienté par insolation avec des ultraviolets polarisés (λ ' 300 nm), selon les indications du fournisseur (voir paragraphe 2.2.2.2). Une couche d’environ 60 nm de monomère cristal liquide (LCP, ROF-5102 de Rolic à 2% dans la cyclopentanone) est ajoutée pour affermir et stabiliser l’alignement (voir paragraphe 2.3). La couche fluide est chauffée à 52°C (juste en dessous de la transition nématique–isotrope) pendant environ une minute pour optimiser l’alignement, puis elle est polymérisée aux ultraviolets (λ ' 365 nm). Le substrat supérieur est un verre recouvert d’un antiadhésif. Ce revêtement est une couche d’environ 20 nm de polyméthylsilsesquioxane (GR-650F de Techneglas, voir paragraphe 3.4). Le matériau est dissous à 0.8% dans un mélange d’isopropanol (50%) et de butan-1-ol (50%). La solution est filtrée à 0.2 µm, déposée à la tournette et cuite selon les indications du fabricant. Ensuite, une épaisseur d’environ 6 µm de photorésine SU-8 est déposée et les capots, avec leurs vias, sont fabriqués par photolithographie. L’étape suivante est de préparer l’électrode de la future micro-cellule, qui doit recouvrir la surface des capots ainsi que les parois des vias. À cet effet, on utilise une solution composée de 25% de Baytron P (H.C. Starck), 25% d’éthylène glycol et 50% d’isopropanol. Cette solution a une tension de surface élevée et ne mouille pas la SU-8. Il est donc nécessaire de traiter l’échantillon au plasma d’oxygène pour permettre le mouillage [229]. La solution est alors déposée à 2000 tr/min et le film est séché à environ 120°C. L’épaisseur obtenue est de 30 nm sur la surface des capots, mais probablement plus sur les bords des vias où le liquide s’est accumulé à cause de la capillarité. Sur le film de polymère conducteur, on dépose un film de photoalignement LPP et on l’aligne comme pour le substrat inférieur. Un film de monomère cristal liquide LCP est ensuite déposé, cette fois-ci avec une concentration de 10% dans la cyclopentanone, dans le but de former une couche d’environ 400 nm d’épaisseur. La couche fluide est chauffée à 52°C pendant environ une minute pour optimiser son alignement. À l’étape suivante, les deux parties sont positionnées l’une sur l’autre, puis pressées l’une contre l’autre. Pendant qu’elles sont pressées, on isole aux ultraviolets (λ = 365 nm) pour polymériser le LCP de façon à coller les capots sur les piliers. Après cela, le substrat supérieur est retiré et les capots se détachent de l’antiadhésif. Cette séparation laisse une cellule prête à accueillir le cristal liquide et présente une chambre centrale d’environ 150 µm de diamètre. Le photoalignement des matériaux LPP sur les deux substrats et le processus d’assemblage est organisé pour donner une micro-cellule avec un ancrage anti-parallèle (voir paragraphe 2.2). Pour finir, on remplit la micro-cellule par capillarité avec un cristal liquide (BL036 de Merck). 4.6 Caractérisation des micro-cellules fabriquées Les premières observations sont effectuées à l’aide d’un microscope polarisant sans appliquer de tension (voir figure 4.14). Entre polariseur et analyseur croisés, lorsque le cristal liquide est orienté à 45° des polariseurs, la lumière qui traverse la zone de cristal liquide donne une teinte de Newton d’ordre élevé, tandis que les zones isotropes de verre ou de SU-8 restent noires (figure 4.14(b)). La teinte est uniforme, surtout au centre de la micro-cellule. On distingue de légères variations, probablement dues à des variations de l’épaisseur de cristal liquide. La cause est probablement que le LCP pénètre plus ou moins entre les piliers lors de la mise en contact des deux parties. Ici, l’épaisseur du LCP est d’environ 400 nm pour assurer un collage sans difficulté, mais cette épaisseur pourra être diminuée en améliorant le procédé de contact comme ce sera développé plus loin. Lorsque 81 Caractérisation des micro-cellules fabriquées (a) (b) (c) Figure 4.14 – Observation d’une micro-cellule sous microscope. Le trait blanc mesure 500 µm. (a) Sans polariseur. (b) Entre polariseurs croisés. La direction des polariseurs est à 45° de l’horizontale. (c) Micro-cellule orientée dans la direction de polarisation. Le temps d’exposition de la photographie est le même pour (b) et (c). Hauteur (μm) 12 10 8 6 4 2 0 0 100 200 300 400 500 600 Pos ition (μm) Figure 4.15 – Mesure de la topographie d’une micro-cellule. Le profil de droite correspond au trait indiqué sur la surface. Les régions avec des pentes abruptes ne peuvent pas être mesurées par le système. Elles sont marquées en rouge sur la surface et leur altitude est à zéro sur le profil. On notera une légère variation dans le design de cet échantillon par rapport à celui de la figure 4.14 au niveau de la position du via. l’axe optique du cristal liquide est aligné avec la polarisation de la lumière, la région de cristal liquide est totalement noire, ce qui démontre un bon alignement (figure 4.14(c)). La géométrie des micro-cellules est vérifiée avec un profilomètre optique en lumière blanche (voir figure 4.15). On observe que les surfaces sont planes et que les épaisseurs sont cohérentes avec les valeurs données plus haut. Une tension alternative (signal carré de fréquence 1 kHz) est ensuite appliquée entre la surface d’ITO et le via. La pointe métallique faisant la connexion avec le via peut être vue sur les photographies, en particulier sur la figure 4.14(a). On prend des photographies au cours de l’augmentation de tension et on observe la variation des teintes de Newton dues au basculement du cristal liquide (voir figure 4.16). La teinte est toujours bien uniforme. Pour les tensions supérieures à 10 V, la teinte n’évolue plus. Dans cette situation, le cristal liquide est orienté perpendiculairement aux substrats et on s’attendrait à voir une zone totalement noire. Mais le capot est recouvert d’une couche de LCP alignée et polymérisée, qui cause cette biréfringence résiduelle comme on va le préciser. Au cours du basculement, on peut mesurer le retard entre le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire (voir figure 4.17). Pour ce type de mesure j’ai acheté un compensateur de Berek qui se place dans le trajet optique du microscope [230]. Le résultat obtenu est typique d’un cristal liquide nématique. Le retard varie de 1.75 µm sans tension à environ 0.08 µm à saturation. Cette valeur non nulle est due à la couche de LCP sur le capot. La 82 Micro-cellules pour cristal liquide nématique 0.6 V 2.0 V 2.6 V 3.2 V 3.9 V 4.9 V 6.6 V 9.8 V Figure 4.16 – Observation entre polariseur et analyseur croisés au cours du basculement du cristal liquide lorsque la tension est appliquée. La polarisation est à 45° de l’horizontale. Le trait blanc mesure 500 µm. Le temps d’exposition est identique pour toutes les images. biréfringence de ce matériau est d’environ 0.11 [149], ce qui correspond à une épaisseur de 0.7 µm. C’est un peu plus que les 0.4 µm déposés et la raison est probablement une accumulation du matériau fluide entre les piliers lors de la mise en contact. Cet effet pourrait être limité en utilisant une couche de collage moins épaisse. Le retard maximal correspondant au cristal liquide est donc de 1.75-0.08=1.67 µm. Pour le cristal liquide BL036, la biréfringence est d’environ 0.276 à la longueur d’onde moyenne de l’éclairage du microscope (environ 546 nm). On en déduit une épaisseur de cristal liquide de 6.1 µm. Ces résultats impliquent que la hauteur du cristal liquide plus la couche de LCP est de 0.7 + 6.1 = 6.8 µm. Cela est cohérent avec la hauteur des piliers qui font 6.4 µm. On pourrait en déduire une épaisseur de collage de 0.4 µm entre le capot et les piliers, mais ce n’est qu’un ordre de grandeur car on est proche de l’incertitude des mesures. 4.7 Processus de fabrication sur topographie imparfaite Les paragraphes précédents ont décrit la fabrication de micro-cellules sur un substrat de verre plan. Ce sont les première micro-cellules indépendantes réalisées et ce résultat permet de s’approcher de l’objectif du projet LambdaAccess. Mais comme on l’a expliqué à la fin du chapitre précédent, les composants hybridés n’ont pas tous une altitude rigoureusement identique et leur surface n’est pas rigoureusement horizontale. Il est donc nécessaire de développer une technique permettant de s’accommoder de ces défauts. Même dans la situation favorable des paragraphes précédents, le rendement était mauvais. Il suffisait d’un défaut pour que les deux parties forment un angle et n’entrent réellement en contact que sur une ligne au bord de l’échantillon. Donc même dans ce cas favorable, on a intérêt à utiliser une technique pouvant s’accommoder de défauts ou de légères variations de topographie. J’ai imaginé et développé une technique basée sur l’utilisation d’un substrat supérieur 83 Processus de fabrication sur topographie imparfaite 2.0 1.8 1.6 Retard (μm) 1.4 1.2 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 0 2 4 6 8 10 Tension appliquée (V) Figure 4.17 – Évolution du retard entre le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire lorsque la tension est appliquée. (a) (b) film flexible antiadhésif (e) pilier (d) verre colle non polymérisée capot (f) Tampon souple pour le transfert par collage (c) (g) élastomère silicone (h) Mise en contact et polymérisation UV Transfert cavité prête à accueillir un liquide collage Figure 4.18 – Fabrication de micro-cellules utilisant un film flexible sur un élastomère en silicone, ce qui permet de s’accommoder de défauts de topographie. flexible posé sur un coussin souple. Le procédé est représenté sur la figure 4.18, qui décrit le cas d’une cellule sans électrode et sans film d’alignement. Ces éléments absents pourraient être inclus de manière similaire à ce qui a été présenté sur la figure 4.6. Le substrat supérieur est un film flexible recouvert d’une couche antiadhésive (figure 4.18(a)). Les capots en SU-8 sont fabriqués par photolithographie sur cette couche (figure 4.18(b)). La rigidité et la résistance mécanique et thermique du film flexible permettent de définir et de conserver la géométrie inscrite avec des tolérances dimensionnelles serrées comme on le détaillera plus loin. Les capots sont ensuite recouverts d’un monomère de collage qui est une colle optique dans le cas présent, mais qui pourrait être un monomère cristal liquide dans le cas de micro-cellules destinées à recevoir du cristal liquide (figure 4.18(c)). Le coussin mou est une couche d’élastomère silicone, fabriquée sur un verre rigide (figure 4.18(d)). Le film flexible comportant les capots est déposé sur l’élastomère et l’adhésion se fait simplement grâce au tack du silicone, qui mouille facilement le film (figure 4.18(e)). Le tampon souple est alors positionné par rapport aux piliers (figure 4.18(f)), puis il est pressé contre eux et le monomère est polymérisé aux ultraviolets (figure 4.18(g)). La dernière étape est le retrait mécanique de la partie supérieure. La séparation se fait au niveau de l’antiadhésif (figure 4.18(h)). Les micro-cellules ainsi produites présentent une cavité pouvant accueillir n’importe quel liquide. 84 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Notons que cette technique peut servir à d’autres buts que les micro-cellules. Elle permet de déposer des blocs de résine avec précision. Elle peut servir par exemple à construire des édifices blocs par blocs, déposés les uns sur les autres. Notons également que la nécessité de s’accommoder de défauts de topographie existe dans d’autres domaines, notamment dans la nano-impression (nano-imprint) [231, 232]. Les solutions proposées se basent sur le fléchissement des substrats sous l’application d’une pression. Une première technique nécessite de sceller le tampon sur le wafer puis d’appliquer une pression isostatique [233, 234]. Une autre technique se base sur le fléchissement du wafer, poussé contre le moule rigide par une pression de gaz [235]. Une troisième technique se base sur le fléchissement du moule, poussé contre le wafer par une pression de gaz. Cette solution est commercialisée par Süss MicroTec comme un module adaptable sur les aligneurs de masques de sa marque (module UV-NIL) [236]. Une technique plus pointue, développée par Philips, utilise un moule dont le support est un substrat de verre de 200 µm d’épaisseur. Le moule est progressivement poussé sur le wafer, puis retiré, grâce à un système pneumatique à plusieurs chambres [237, 238]. Cette solution est commercialisée par Süss MicroTec sous le nom de SCIL (Substrate Conformal Imprint Lithography). Ces techniques sont voisines mais différentes de ce qui est présenté ici. D’ailleurs il n’est pas exclu que le principe du procédé présenté ici puisse également servir de base à un dispositif de nano-impression UV à bas coût. Avant de mentionner les détails du procédé de fabrication et de présenter les résultats, je vais présenter les films flexibles utilisés. 4.8 Films souples pour la photolithographie Avec le développement de l’électronique flexible et des écrans flexibles, on dispose de films souples possédant des propriétés remarquables à tout point de vue (optique, mécanique, thermique, chimique,. . . ) [239, 240]. À partir des matériaux thermoplastiques comme le polyéthylène téréphtalate (PET) ou le polyéthylène naphtalate (PEN), on peut fabriquer des films par extrusion et biétirage. Le matériaux commerciaux sont par exemple les PET Mylar et Melinex et les PEN Teonex, tous trois fabriqués par Teijin DuPont Films. Pour les matériaux qui ne sont pas thermoplastiques, on peut fabriquer des films à partir d’une solution de polymère en utilisant un procédé de coulée-évaporation (solvent casting [241]). Par exemple, la société allemande LOFO fabrique le film Transphan OG à partir du polymère Arton G (de JSR) [242, 243] et les films Aryphan à partir de polyarylates. La société Ferrania Technologies fabrique les films AryLite, également à partir de polyarylates. Je me suis intéressé aux films de polyarylate AryLite de Ferrania Technologies, dont l’utilisation dans les processus de fabrication par photolithographie a été démontrée avec succès [245]. Les variations relatives de dimension ont été mesurées au cours d’un processus complet de photolithographie et le résultat est une variation relative inférieure à 10 ppm. Le terme polyarylate est un terme générique qui désigne un polyester complètement aromatique. Les polymères utilisés dans la fabrication de films techniques sont des variantes de celui présenté sur la figure 4.19 [246]. Les films AryLite sont disponibles dans des épaisseurs de 100 et 200µm. Une version HC (Hard Coat) des films est disponible et présente une surface protectrice contenant de la silice dans une matrice acrylique, pour améliorer la résistance chimique et la dureté de la surface. Le tableau 4.2 liste quelques propriétés de ces films. La transition vitreuse est élevée, c’est un matériau avec une grande résistance et une grande stabilité mécanique, une surface très lisse, une transmission op- Fabrication de micro-cellules à l’aide d’un tampon souple 85 Figure 4.19 – Exemple typique de polyarylate utilisé pour la fabrication de films [244]. Température de transition vitreuse Module d’élasticité Rugosité de la surface Transmission du film à 400 nm Transmission du film à 365 nm Biréfringence Indice de réfraction du film Indice de réfraction du revêtement protecteur Tg = 330°C E = 2.9 GPa < 5 nm 90%, pour les films HC environ 50% retard inférieur à 10 nm n = 1.64 n = 1.50 Table 4.2 – Quelques propriétés des films AryLite [247]. tique élevée et une très faible biréfringence. La résistance chimique du film nu est bonne sauf pour les bases. La version HC confère au film une résistance chimique à toute épreuve [247]. Lorsqu’on travaille la SU-8 sur le film nu, on peut être surpris de ne pas voir les motifs apparaître contrairement à l’habitude qu’on a sur d’autres substrats. Par exemple, les motifs n’apparaissent pas lors du recuit post-exposition (PEB). Ceci est un simple effet d’optique dû au fait que l’indice du film nu est quasiment égal à celui de la SU-8 dans le domaine visible. Cet effet d’optique n’a pas lieu avec la version HC du film, car le film HC, épais de 2 µm, présente un contraste d’indice plus élevé. Signalons pour finir que la solution antiadhésive de GR-650F se dépose sans difficulté sur ces films et permet le décollement des structures fabriquées par dessus. En l’absence d’antiadhésif, les colles et photorésines comme la SU-8 ne se détachent pas facilement du film. 4.9 Fabrication de micro-cellules à l’aide d’un tampon souple Les étapes de la fabrication d’une micro-cellule utilisant un tampon souple ont été schématisées sur la figure 4.18. Le processus peut être réalisé avec certaines variations dans les dimensions et les matériaux et on va se concentrer sur un exemple précis où non seulement les capots sont déposés par transfert, mais aussi les piliers, sur le même principe. Dans cet exemple de processus, les films flexibles utilisés sont des films AryLite 200 86 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Figure 4.20 – Piliers en SU-8 transférés par collage sur un substrat de verre. Observation au microscope. Le texte du haut fait partie du masque et a été transféré en même temps. Les piliers circulaires ont un diamètre de 600 µm, ils sont distants de 2 mm. HC. On découpe des morceaux qui sont ensuite recouverts d’une couche antiadhésive de GR650F comme indiqué au paragraphe 3.4. La résine SU-8 est déposée avec une épaisseur de 6.0 µm et les motifs sont créés par photolithographie. Le polymère de collage est obtenu à partir d’une solution de colle NOA81 dissoute à 8% dans la cyclohexanone. La solution est filtrée à 0.2 µm. Un dépôt à la tournette à 2000 tr/min laisse une épaisseur d’environ 0.16 µm. Avant de déposer la solution sur les échantillons, on les passe au plasma d’oxygène pour améliorer le mouillage et l’adhésion. Les opérations de positionnement et d’insolation nécessitent que le coussin mou soit transparent en lumière visible et ultraviolette. J’ai choisi pour cela le silicone Sylgard 184 de Dow Corning [248]. C’est un élastomère transparent utilisé par exemple dans la fabrication de panneaux solaires ou pour la fabrication de laboratoires sur puce (microfluidic lab-on-chip). Sa transparence est excellente, dans le visible comme pour les ultraviolets à 365 nm. Sa dureté, pour une composition standard, est de 50 sur l’échelle Shore A, ce qui correspond à un module d’élasticité d’environ E = 2.5 MPa [249]. J’utilise une épaisseur de 1.1 mm de silicone. Une contrainte de σ = 1 bar, par exemple, cause une déformation du silicone de = σ/E = 4%, ce qui mène à une variation d’épaisseur de 44 µm. Le silicone est collé à un substrat de verre de 1.1 mm d’épaisseur. Après avoir préparé un film flexible avec les piliers, on les transfère par collage sur un substrat de verre. La figure 4.20 montre le résultat observé au microscope. Le texte lisible sur la photographie a été transféré en même temps que les deux paires de piliers du bas. Ce texte fait partie du masque des piliers et permet de se rendre compte que les détails fins sont transférés correctement, la largeur des traits formant les lettres est de 25 µm. On notera également que les deux paires de piliers ont des largeurs de canal différentes. Cela est normal car j’ai conçu les masques avec des variations de formes et de tailles. Du point de vue expérimental, on notera qu’il est assez facile de voir le moment où le tampon souple entre en contact avec la surface inférieure car on observe un net changement de teinte lorsque le film de colle mouille la surface inférieure. Pour la suite, on passe l’échantillon au plasma d’oxygène pour favoriser l’adhésion sur la surface supérieure des piliers, puis on dépose les capots en faisant un deuxième transfert par collage. Après le retrait du substrat supérieur, les capots se détachent de l’antiadhésif. Une micro-cellule ainsi obtenue est observée au microscope optique (figure 4.21(a)) et son profil est mesuré au profilomètre optique (figure 4.21(b)). La géométrie est bien maîtrisée, mais l’observation détaillée au profilomètre montre que le sommet du capot présente deux défauts (voir figure 4.22). Premièrement, il est légèrement bombé, deuxièmement, Fabrication de micro-cellules à l’aide d’un tampon souple (a) Observation au microscope. 87 (b) Mesure au profilomètre optique. Figure 4.21 – Observation d’une micro-cellule fabriquée sur substrat de verre par transfert des piliers puis des capots. Figure 4.22 – Mesure détaillée de la forme du sommet de la micro-cellule observée à la figure 4.21. il présente un relief accentué au dessus des canaux entre les piliers. Le premier défaut est un bombement de la surface qui forme un dôme d’environ 0.13 µm de hauteur sur une distance de 470 µm, soit un rayon de courbure d’environ 20 cm. Ce bombement peut également s’observer sur les piliers, quoique de manière moins prononcée. Il est probablement dû à l’enfoncement de l’élastomère et au fléchissement du film flexible lors de l’appui sous pression, comme schématisé sur la figure 4.23. Après polymérisation de la colle, la forme légèrement bombée est conservée. Il serait intéressant de faire une modélisation mécanique de cette situation pour vérifier l’origine de ce bombement et chercher quels paramètres permettent de le contrôler. Le deuxième défaut mentionné est une protrusion d’environ 0.10 µm de hauteur au dessus des canaux. Cette protrusion est présente de la même manière sur tous les échantillons observés et je n’en ai pas compris l’origine pour le moment. Dans tous les cas, ces déformations géométriques ne sont pas des inconvénients majeurs car elles sont reproductibles, identiques sur chaque micro-cellule et ne sont pas très prononcées. La figure 4.24 montre le résultat obtenu, observé à la binoculaire pour voir un nombre de structures plus grand que ce qu’on peut voir avec notre microscope. J’ai conçu les masques avec 6 × 8 = 48 motifs disposés selon un quadrillage de 2 mm × 2 mm. Toutes les structures, piliers puis capots, on été correctement transférées. Ce taux de transfert de 100% est une nette amélioration par rapport à ce qu’on aurait obtenu en utilisant un tampon rigide. Cette amélioration est due à l’utilisation d’un tampon souple (film flexible et coussin mou). Le processus qui vient d’être décrit peut être réalisé de la même manière sur une puce. 88 Micro-cellules pour cristal liquide nématique (a) (b) verre Appui sous pression élastomère silicone plot de résine à transférer film flexible colle non polymérisée Déformation et bombement Figure 4.23 – Déformation de l’élastomère et bombement du film flexible lors de l’appui sous pression. La colle fige cette forme après polymérisation. (a) Piliers déposés sur le substrat de verre. (b) Capots transférés sur les piliers de l’échantillon précédent. Figure 4.24 – Observation à la binoculaire d’un échantillon à deux étapes de sa fabrication. Les motifs sont disposés selon un quadrillage de 2 mm × 2 mm. Les images doubles sont dues à la réflexion sur la face arrière du verre. Fabrication de micro-cellules à l’aide d’un tampon souple (a) Piliers déposés sur une puce. 89 (b) Micro-cellule obtenue après transfert du capot. Figure 4.25 – Fabrication d’une micro-cellule sur une puce. Observation au microscope. Le côté de la puce fait 470 µm. Je l’ai fait sur des pastiches, qui sont en fait des rebuts de production. Le résultat est présenté sur la figure 4.25. La photographie (a) montre l’échantillon après le dépôt des piliers et la photographie (b) montre l’échantillon après l’ajout du capot. On obtient une micro-cellule bien formée. Toutefois on peut constater des défauts sur la photographie (b) qui donnent l’impression que certaines zones ne sont pas correctement polymérisées. Je crois que la polymérisation de la colle a été incomplète et que certaines parties se sont relevées lors du décollement. J’ai constaté également que le film de colle laissé sur le film flexible n’était pas polymérisé correctement (il était encore fluide après polymérisation). Il faudrait faire les opérations de collage sous azote, mais ce n’est pas possible pour le moment avec l’aligneur de masques utilisé, cela nécessitera un support (chuck) mieux adapté. La micro-cellule obtenue est ensuite observée au microscope électronique à balayage (voir figure 4.26). On observe une micro-cellule bien construite, avec une ouverture propre, permettant d’accueillir un liquide. Sur la figure (a), on peut observer des marques d’apparence liquide. J’ai vu ces marques sous binoculaire lors du processus de collage, alors que le capot était encore collé à l’antiadhésif. Il n’était pas possible à ce moment que la colle non polymérisée se soit placée au dessus du capot. Je pense donc que ces marques ne sont pas à la surface du capot, mais sont une résurgence des zones mal polymérisées qui sont entre le capot et les piliers. Par résurgence, je veux dire que le signal d’électrons secondaires mesuré par le MEB peut être influencé par la structure sous-jacente 2 . Par ailleurs, le lecteur sera peut-être surpris en voyant les bords de la photorésine SU-8 sur l’image 4.26(b). L’irrégularité provient des masques chromés que j’utilise. Je fabrique les masques en imprimant d’abord un film photographique grâce à un phototraceur (Miva 1620 Photoplotter). La résolution est de l’ordre de 5 µm à cause des grains du film. Les irrégularités des grains sont transférées sur le masque chromé lors de la copie du film, puis sur les motifs en SU-8 des piliers et des capots. Elles ne gênent pas le processus de fabrication. L’échantillon est également observé au profilomètre optique (figures 4.27 et 4.28). On observe à nouveau un bombement et un relief accentué au dessus des canaux. Le 2. Cela devrait être discuté avec un spécialiste. 90 Micro-cellules pour cristal liquide nématique (a) Puce entière. (b) Zoom sur un canal d’entrée. Figure 4.26 – Micro-cellule sur une puce. Observation au MEB. Le côté de la puce fait 470 µm, les couches de SU-8 sont épaisses de 6.4 µm. bombement est plus important sur cet échantillon, il forme un dôme d’environ 0.27 µm pour une distance de 380 µm, soit un rayon de courbure de 7 cm. Une raison probable de ce plus fort bombement est que j’ai travaillé ici non pas sur une matrice de composants mais sur des composants individuels (car je n’en ai pas beaucoup). Avec une matrice, les éléments voisins poussent chacun le film flexible vers le haut, ce qui le force à rester proche d’un plan moyen. Dans le cas d’un composant supportant seul la force du tampon, le film a plus de liberté pour se fléchir, ce qui explique le plus fort bombement. Logiquement, ce bombement dépend de la force avec laquelle on appuie le tampon souple. À la limite, la partie centrale peut se décoller si le bombement est trop fort. Il faut donc contrôler la force de l’appui. Revenons maintenant à l’utilité du tampon souple. On a montré qu’il permettait un taux de transfert de 100% dans la fabrication de matrices de micro-cellules, mais cet essai était fait sur un substrat de verre plan. Qu’en est-il avec des échantillons dont la surface n’est pas bien horizontale ? Dans le cas présenté ici, la puce hybridée n’est pas bien horizontale. Son sommet est très plat mais présente par rapport au substrat une pente de 0.51 µm sur 470 µm de distance, soit 1 mrad. Pour évaluer l’efficacité du tampon souple, j’ai mesuré la topographie du sommet de la micro-cellule par rapport à deux plans de référence. La mesure de la figure 4.28(a) est faite par rapport au substrat en silicium. On observe une pente vers la droite dont la valeur et la direction correspondent à la pente du sommet de la puce. Si le film flexible était resté horizontal, on aurait obtenu une surface proche de l’horizontale. La pente observée permet de dire que le tampon souple est rentré en contact avec le sommet de la puce et que le film flexible s’est orienté parallèlement à la surface de la puce. La mesure de la figure 4.28(b) est faite en prenant comme référence le plan du sommet de la puce. On observe que le plan moyen du sommet de la micro-cellule est parallèle au sommet de la puce et que la topographie possède la symétrie caractéristique des canaux. Ceci montre que le tampon s’est plaqué de manière symétrique sur le sommet de la puce. On conclut que la micro-cellule déposée est parallèle au sommet de la puce, bien que ce sommet ne soit pas parallèle au substrat. La tampon souple a donc permis de s’accommoder du défaut d’horizontalité. Fabrication de micro-cellules à l’aide d’un tampon souple (a) Observation au microscope. 91 (b) Mesure au profilomètre. Figure 4.27 – Micro-cellule sur une puce. Observation au profilomètre optique. Le côté de la puce fait 470 µm. Les couches de SU-8 ont une épaisseur de 6.4 µm. (a) Référence d’horizontalité : circuit silicium. (b) Référence d’horizontalité : sommet de la puce reportée. Figure 4.28 – Mesure au profilomètre optique du sommet de la micro-cellule observée à la figure 4.27. Le résultat est représenté par rapport à deux surfaces de référence. 92 4.10 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Discussion Ce chapitre a décrit le développement d’une technique innovante pour fabriquer des micro-cellules dans un processus collectif. Les micro-cellules peuvent présenter des films d’alignement pour aligner un cristal liquide. Le comportement observé lors du basculement du cristal liquide est le même que dans une cellule traditionnelle. C’est la première réalisation de cellules de cristal liquide à cette échelle. Notre technique est basée sur une méthode de transfert par collage. On peut se demander si d’autres techniques permettraient de fabriquer des micro-cellules avec la même fonction. Dans la technologie des MEMS on fabrique couramment des cavités en utilisant une couche sacrificielle. On pourrait remplir une telle cavité avec du cristal liquide, mais comment assurer son alignement ? Cela n’est pas du tout évitent. On peut penser à générer un nano-relief sur le plafond de la cavité, qui serait révélé après le retrait de la couche sacrificielle, mais cela nécessiterait une technologie autrement plus poussée que celle utilisée ici. Notre technique est donc notamment intéressante de part sa relative simplicité. Elle ne demande pas d’appareillages très sophistiqués, en comparaison avec ce qui est nécessaire pour fabriquer des MEMS. Le premier processus de fabrication présenté a un rendement limité parce qu’il est sensible aux défauts à la surface des échantillons. J’ai développé un deuxième processus qui permet de former des micro-cellules en s’accommodant des défauts de topographie grâce à l’utilisation d’un tampon souple. Un rendement de 100% a été démontré lors de la fabrication sur un substrat de verre. La possibilité de former des micro-cellules sur une surface non-horizontale a été démontrée. Ce processus a permis de préparer des microcellules sur le sommet de composants reportés. Cette technique peut servir de manière plus générale à déposer des micro-blocs de matériaux pour faire des micro-constructions. Le bombement du film flexible sous l’appui pourrait même être utilisé pour réaliser des surfaces courbes. Le but principal de notre travail est la fabrication de puces laser VCSEL accordables grâce à une lame de phase en cristal liquide nématique. Il reste encore des étapes à franchir pour arriver à ce résultat. Tout d’abord, il faut fiabiliser le collage dans toutes les situations. Comme on l’a signalé, la polymérisation devrait être améliorée en travaillant sous azote. Ensuite, il faut inclure une électrode et un miroir de Bragg. Les résultats positifs obtenus dans le cas des matériaux PDLC sont encourageants sur cet aspect. Nous avions en effet démontré le transfert par collage d’un miroir de Bragg et de son électrode en ITO sur le PDLC. En ce qui concerne le couplage avec une fibre optique, on notera que le capot est suffisamment fin pour qu’il ne soit pas nécessaire d’utiliser de lentille de collimation. L’extrémité de la fibre ne sera en effet séparée de l’intérieur de la cellule que par une épaisseur de 6 µm de résine SU-8. D’autres aspects technologiques devront être abordés. Tout d’abord, le cristal liquide doit être infiltré dans la micro-cellule, le remplissage se faisant par capillarité. Pour le moment, j’utilise simplement un fil métallique avec une goutte de cristal liquide à son extrémité, que j’approche de l’entrée de la micro-cellule. Cette technique n’est pas utilisable industriellement, mais on peut envisager d’utiliser une seringue montée sur un robot pour faire la même opération. Une autre alternative pourrait être d’utiliser un dépôt par jet d’encre. Une fois la micro-cellule remplie, il faudra la coupler avec une fibre optique. Ceci peut se faire par un positionnement actif de la fibre pendant qu’on mesure l’intensité injectée dans la fibre. Une fois le positionnement optimisé, on fige la position en polymérisant une goutte de colle. Cette goutte peut servir en même temps à boucher les entrées Discussion 93 de la micro-cellule. Une autre possibilité est de préparer des guides pour positionner les fibres, pour éviter de devoir faire un positionnement actif. Ces guides peuvent être des trous à travers le wafer de silicium ou des plots de résine SU-8 ajoutés sur le sommet des microcellules. Le blocage final se fait de nouveau en polymérisant une goutte de colle. Pour boucher une micro-cellule remplie de cristal liquide, on peut la recouvrir d’une goutte de colle comme mentionné plus haut. Mais, si besoin, on peut également envisager un dépôt de colle localisé. Cela pourrait être réalisé par un dépôt par jet d’encre, en prenant soit d’utiliser un solvant non miscible avec le cristal liquide. D’autres applications des micro-cellules à cristaux liquides sont envisageables. Sur des circuits micro-onde, le cristal liquide peut agir comme un diélectrique variable et permettre d’accorder des filtres ou des coupleurs [250]. Des micro-cellules permettraient de localiser précisément le cristal liquide alors que la technique utilisée actuellement noie toute la surface du circuit sous le cristal liquide. Une autre application possible est la fabrication de micro-lentilles variables pour l’imagerie [79, 80, 81]. 94 Micro-cellules pour cristal liquide nématique Chapitre 5 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques et de séparateurs de polarisation L’objectif du travail présenté dans ce chapitre est de contribuer à la réalisation d’un filtre optique accordable, fabriqué dans une technologie d’optique intégrée. Le filtrage est réalisé par deux résonateurs en anneaux où chacun traite un mode de polarisation. Les deux modes doivent être séparés par un coupleur séparateur de polarisation. Comme présenté dans l’introduction, il n’y a pas de solution facile pour réaliser la fonction de séparation de polarisation en optique intégrée polymère. Nous allons présenter une solution innovante. Pour fabriquer les micro-cellules de cristal liquide présentées au chapitre précédent, j’ai utilisé un cristal liquide polymérisable. Il a servi à stabiliser les couches photoalignées et a été utilisé comme colle pour transférer les capots sur les piliers tout en présentant une surface d’ancrage planaire pour le cristal liquide. Les propriétés intéressantes de ces matériaux nous ont amenés à proposer leur utilisation pour la fabrication des guides optiques et de séparateurs de polarisation dans une technologie d’optique intégrée. 5.1 Structuration des cristaux liquides polymérisés Les cristaux liquides polymérisables ont été présentés au paragraphe 2.3. On les utilise en solution diluée pour fabriquer des films minces, dont l’épaisseur peut aller de quelques dizaines de nanomètres (pour stabiliser un film de photoalignement comme expliqué au paragraphe 4.5) à quelques microns (pour former des films de compensation pour l’angle de vue dans les dispositifs à cristaux liquides [74]). Le film déposé est un fluide visqueux qui peut être polymérisé aux ultraviolets ou thermiquement si le matériau contient un initiateur thermique. Ces films peuvent être structurés en faisant une polymérisation localisée. En polymérisant le film à travers un masque, les zones exposées se figent dans la phase anisotrope tandis que les zones masquées restent inchangées. La structuration par solvant (solvent patterning) consiste à laver l’échantillon avec un solvant pour enlever les zones non polymérisées [251, 252]. Seules les zones polymérisées restent sur l’échantillon. La résolution de ce procédé est de l’ordre de 5 µm pour une couche de 1.6 µm d’épaisseur. La structuration thermique (thermal patterning) consiste à porter l’échantillon à une température supérieure à la transition nématique–isotrope. Les zones non polymérisées deviennent iso95 96 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques Monomère cristal liquide (Fabricant) Indice extraordinaire, ne Indice ordinaire, no Biréfringence, ∆n = ne − no Longueur d’onde Source ROF-5102 RMS03-013C RMS03-001C (Rolic) (Merck) (Merck) 1.637 1.680 1.684 1.562 1.543 1.529 0.075 0.137 0.155 (à 633 nm) (à 589 nm) (à 589 nm) [66] [258] [150] Table 5.1 – Valeurs des indices des cristaux liquides polymérisables. tropes et l’échantillon est polymérisé dans cette situation pour figer la phase isotrope [253, 254, 255]. L’article [254] mentionne une résolution de 10 µm et dans ce travail, j’ai démontré une résolution proche de 2 µm (voir plus loin). Une approche totalement différente est de structurer le polymère par gravure dans un plasma d’oxygène. Cette technique est très générale et permet de fabriquer des guides optiques dans toutes sortes de polymères. La résolution atteinte est typiquement de l’ordre de 0.1 µm. Le CCLO (Centre Commun Lannionnais d’Optique) a une activité de recherche dans ce domaine et fabrique des guides optiques en polymère [256]. Nous proposons de fabriquer des guides optiques et des coupleurs séparateurs de polarisation en combinant la structuration thermique et la structuration par gravure. Une première étape de structuration thermique permet de préparer des zones anisotropes et des zones isotropes. Une deuxième étape est de graver des guides dans la couche précédente. On obtient alors des guides avec des tronçons isotropes et anisotropes (voir figure 1.5). Un coupleur est une zone où deux guides sont assez proches pour que les modes de l’un et de l’autre soient couplés et puissent échanger de l’énergie. En formant un coupleur dans une zone où le matériau est anisotrope, on forme un coupleur anisotrope. Il est possible de faire un séparateur de polarisation en choisissant la bonne longueur de couplage. Les simulations numériques de ces fonctions optiques sont réalisées par le CCLO en utilisant entre autres le logiciel de OlympIOs, qui implémente la méthode BPM (Beam Propagation Method) [257]. 5.2 Propriétés optiques des cristaux liquides polymérisés en phase anisotrope et en phase isotrope Nous proposons de fabriquer des guides optiques et des séparateurs de polarisation en utilisant un cristal liquide polymérisable. Ces matériaux peuvent être utilisés pour former le coeur des guides car leurs indices de réfraction sont élevés (voir tableau 5.1). Il permettent d’avoir un fort contraste d’indice avec la gaine, qui est constituée d’un polymère de bas indice, typiquement n = 1.40 à 589 nm. Un fort contraste d’indice permet un confinement élevé et donc des pertes de courbure limitées, notemment dans les anneaux résonants. D’autre part, la biréfringence du matériau est suffisante pour permettre un couplage avec séparation de polarisation sur une longueur de l’ordre de 0.1 à 1 mm d’après les simulations. Les pertes optiques des cristaux liquides polymérisés sont suffisamment faibles pour qu’ils puissent effectivement être utilisés comme matériau de coeur dans un guide optique. La référence [66] mentionne des pertes de 4 dB/cm pour la longueur d’onde λ = 1.5 µm, dans un guide en matériau totalement anisotrope (coeur et gaine). Cela correspond à Propriétés optiques des cristaux liquides polymérisés 97 Figure 5.1 – Structure granulaire d’un cristal liquide polymérisé. Il s’agit du matériau ROF5102 de Rolic orienté de façon planaire par une couche photoalignée. L’observation est faite au microscope polarisant, en orientant l’axe optique de l’échantillon à quelques degrés de l’extinction, ce qui permet de voir cette structure le plus distinctement. Une petite graduation mesure 10 µm. α = 4 × ln(10) ' 9 cm-1 . Ces pertes sont comparables, en ordre de grandeur, à la diffusion dans un cristal liquide nématique (voir paragraphe 4.1). Dans ce travail, on utilise des cristaux liquides polymérisables prévus pour donner un alignement planaire (voir paragraphe 2.3). J’ai utilisé plusieurs matériaux de ce type (voir tableau 5.1) et plusieurs sortes de couches d’alignement planaire (voir paragraphe 2.2). À chaque fois, j’ai observé une structure légèrement granulaire au microscope polarisant, avant comme après polymérisation (voir figure 5.1). Cette structure n’a pas de direction privilégiée quand on utilise un photoalignement alors qu’elle reprend la direction du brossage dans le cas de l’alignement par brossage. En comparaison, quand on observe une cellule de cristal liquide orientée de façon planaire au microscope polarisant, on ne voit pas de granularité de la sorte. Le cristal liquide est légèrement diffusant mais sa structure est homogène à l’échelle du micron, contrairement à ce qui est observé dans les cristaux liquides polymérisés. Je suis surpris que les pertes optiques publiées dans [66] ne soient pas plus élevées que celles d’un cristal liquide. Il faudra mesurer ces pertes dans un guide pour le vérifier. Quoi qu’il en soit, ces pertes ne seront présentes dans notre cas que sur un court tronçon anisotrope au niveau du coupleur séparateur de polarisation. Le reste des guides sera isotrope et l’observation au microscope ne montre pas de défaut dans la structure isotrope. De plus, on sait que les pertes par diffusion deviennent négligeables en phase isotrope et que le coefficient d’atténuation α baisse typiquement de deux ordres de grandeur entre la phase nématique et la phase isotrope [200]. Les pertes optiques sont alors dues à l’absorption des molécules du matériau. Pour évaluer cette absorption moléculaire, on peut faire une mesure en solution. On mesure la transmission sur 5.0 mm d’une solution ROF-5102 contenant un cristal liquide polymérisable dissous à 25% dans la cyclopentanone et on la compare à la transmission de la cyclopentanone pure. La différence entre les spectres de transmission est de plus ou moins quelques pourcent pour les longueurs d’onde de 450 à 1600 nm. On en conclut que sur cette plage, les molécules de cristal liquide polymérisable absorbent à peu près autant que la cyclopentanone pure. Sur la plage de 1500 à 1600 nm, la transmission 98 (a) Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques Coeur (non polymérisé) (b) Fluide de dépôt Gaine Substrat N2 Espaceur (18 µm) Vue de profil (c) UV Masque UV (d) (e) I N2 T > Tni A A I I Vue de dessus avant gravure G Vue de dessus après gravure Figure 5.2 – Processus de fabrication de guides et d’un coupleur anisotrope dans une couche de cristal liquide polymérisé. (a) Échantillon après dépôt de la couche de coeur. L’orientation des molécules est indiquée par des points lorsqu’il est perpendiculaire au plan de la page. (b) Photolithographie de proximité. (c) Polymérisation en phase isotrope. (d) Structure obtenue. Les lettres A, I et G signifient "Anisotrope", "Isotrope" et "Gaine". (e) Échantillon après gravure des guides. des deux cellules de mesure varie entre 81 à 85% et l’écart entre les deux spectres est inférieur à 3%. En tenant compte d’environ 8% de pertes par réflexion sur les interfaces de la cuve de spectroscopie, la transmission interne varie entre de 89 à 93% pour les 5.0 mm de solution. Le coefficient d’absorption correspondant est donc de l’ordre de α ' 0.2 cm-1 . Cette mesure caractérise l’absorption du monomère, mais donne quand même une information sur l’absorption du polymère car seuls les groupements acrylates sont affectés par la polymérisation, le reste de la molécule est inchangé. Une absorption de 0.2 cm-1 est faible au regard de la longueur des circuits optiques envisagés, qui est de l’ordre du centimètre. 5.3 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques et de coupleurs séparateurs de polarisation à base de cristaux liquides polymérisables Le procédé proposé est représenté sur la figure 5.2. On dépose sur le substrat une couche de polymère optique de faible indice, qui servira de gaine optique. Sur cette couche polymérisée, on prépare une surface d’alignement planaire, puis on dépose le cristal liquide polymérisable, qui formera le coeur du guide. La structure obtenue est représentée sur la figure 5.2(a). Le cristal liquide polymérisable est orienté perpendiculairement au plan de la page. On polymérise ensuite le matériau en imprimant un motif précis. Comme le matériau est fluide, il n’est pas possible de poser un masque sur sa surface. Une solution intéressante serait d’utiliser un dispositif d’imagerie par projection, par exemple un photoréducteur. Fabrication de zones isotropes et anisotropes par structuration thermique 99 Il faudrait un appareil qui fonctionne à 365 nm, qui puisse être purgé de l’oxygène et permette un alignement par rapport à des motifs déjà présents sur le substrat. Comme nous n’avons pas ce genre d’instrument, j’ai proposé de faire une photolithographie de proximité. Pour assurer un espacement bien contrôlé entre le masque et l’échantillon, on peut utiliser le fluide chargé d’espaceurs qui a été présenté au paragraphe 2.4. Quelques points sont déposés à la seringue sur le tour du substrat (les couches sont détourées après chaque dépôt). Après un alignement grossier, le masque est pressé vers l’échantillon et entre en contact avec les espaceurs. On a toujours la liberté d’un ajustement fin par la suite. La situation lors de l’appui du masque est représentée sur la figure 5.2(b). En insolant le matériau à travers le masque, sous azote, on fige les zones anisotropes aux endroits prévus. L’étape suivante est de polymériser en phase isotrope les zones non figées. L’échantillon est chauffé au-delà de la température de transition nématique–isotrope et la polymérisation est réalisée sous azote. On obtient la structure représentée de profil sur la figure 5.2(c) et de dessus sur la figure 5.2(d). Les zones isotropes et anisotropes étant polymérisées, on grave les guides pour obtenir la structure de la figure 5.2(e). Cette étape est réalisée au laboratoire du CCLO. L’étape finale est de recouvrir les guides avec un polymère de faible indice pour former la gaine supérieure, qui permet de les protéger tout en assurant le confinement optique. 5.4 Fabrication de zones isotropes et anisotropes par structuration thermique d’un cristal liquide polymérisable J’ai commencé par mettre au point la technique de structuration thermique sur des substrats de verre, sans gaine optique. Le matériau de photoalignement ROP-103 de Rolic (LPP) est déposé à la tournette sur le substrat, puis photoaligné avec des ultraviolets polarisés (λ ∼ 300 nm). J’ai utilisé cette même surface d’alignement pour les trois cristaux liquides polymérisables mentionnés dans le tableau 5.1. Le matériau ROF-5102 de Rolic se dépose sans difficulté. C’est une solution diluée à 25% dans la cyclopentanone qui laisse par exemple une couche de 1.30 µm après un dépôt à la tournette à 2000 tr/min. Les matériaux de Merck ont tendance à démouiller la surface du LPP au niveau des poussières. Les films obtenus présentent alors quelques défauts. Un dépôt du RMS03001C à 2000 tr/min donne une couche de 1.00 µm. L’insolation sous masque en photolithographie de proximité est faite avec des ultraviolets à 365 nm, à température ambiante et sous azote. L’énergie nécessaire pour figer la phase anisotrope est de l’ordre de 80 mJ/cm2 . C’est une énergie assez faible quand on la compare à l’énergie conseillée par les fournisseurs pour polymériser les matériaux, de 0.5 à 1 J/cm2 . Toutefois, cette énergie est suffisante. Une énergie supérieure dégrade même la résolution car la zone anisotrope figée devient plus large, avec des frontières floues. Une difficulté pour cette insolation vient du fait que le substrat est transparent. La réflexion diffuse des ultraviolets sur le chuck de l’aligneur de masque suffit à causer une polymérisation partielle des parties masquées. Il est nécessaire de poser l’échantillon sur un film absorbant les ultraviolets. Même avec cette précaution, la réflexion sur la face arrière du verre crée une image fantôme du masque qui s’inscrit dans le matériau. La solution est d’utiliser un liquide adaptateur d’indice entre le film absorbant et la face arrière de l’échantillon. Une autre solution pourrait être de recouvrir la face arrière avec 100 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques (a) Cristal liquide polymérisé (c) Matériau non polymérisé LPP Verre (b) I A I Période : 4.9 µm (groupe 7, élément 5) Période : 12.4 µm (groupe 6, élément 3) Figure 5.3 – Fabrication de zones isotropes et anisotropes par structuration thermique. (a) Après la photolithographie de proximité. (b) Après la polymérisation des zones isotropes. (c) Résultat obtenu observé au microscope polarisant. L’axe optique des zones anisotropes est à 45° des axes des polariseurs. Monomère cristal liquide (Fabricant) Température de transition nématique– isotrope observée Température minimale de polymérisation pour obtenir un polymère isotrope ROF-5102 RMS03-013C RMS03-001C (Rolic) (Merck) (Merck) 53°C 54°C 70°C 60°C 80°C 100°C Table 5.2 – Températures pour effectuer les polymérisations en phase isotrope. une résine absorbante (par exemple les résines ARC de Brewer Science ou BARLi II de AZ Electronic Materials [259, 260]). Après l’insolation localisée, certaines zones sont figées en phase anisotrope tandis que les zones non exposées sont encore fluides et sont destinées à former des zones isotropes (voir figure 5.3 (a) et (b)). Pour obtenir les zones isotropes, il faut polymériser le monomère cristal liquide en phase isotrope. On insole avec une énergie d’environ 1 J/cm2 . Avec le matériau ROF-5102 de Rolic, il est facile de figer la phase isotrope, il suffit de faire la polymérisation, sous azote, quelques degrés au dessus de la température de transition nématique–isotrope. Avec les matériaux RMS03-013C et RMS03-001C de Merck, cela ne se passe pas aussi facilement. Si l’on effectue la polymérisation 5°C au dessus de la température de transition nématique–isotrope, le matériau retrouve une structure nématique lors du refroidissement, bien que la polymérisation soit parfaite (le film obtenu est bien dur). La biréfringence observée est pratiquement la même que s’il n’y avait pas eu de polymérisation. Si l’on effectue la polymérisation 15°C au dessus de la température de transition nématique–isotrope, le matériau conserve une structure isotrope après le refroidissement à température ambiante. Toutefois, l’observation détaillée au microscope polarisant montre que la phase isotrope est constellée de petits points brillants qui trahissent des zones anisotropes. Il faut prendre une marge d’au moins 20°C pour s’assurer de figer correctement la phase isotrope. Le tableau 5.2 indique les températures permettant d’obtenir un polymère bien isotrope. La figure 5.3 (c) présente le résultat obtenu. Le masque utilisé est un mire de résolution. On constate que les éléments sont correctement résolus, des plus larges jusqu’à l’élément dont la période est de 4.9 µm. La résolution du procédé est donc de l’ordre de 2.5 µm. Une Structuration sur la gaine optique 101 observation attentive montre que des fibrilles anisotropes sont présentes entre les zones anisotropes lorsqu’elle sont proches l’une de l’autre. Je ne connais pas la cause exacte de ces fibrilles. Peut-être sont-elles dues à des inhomogénéités dans le matériau, qui se traduisent par une réactivité accrue de certaines zones. Avant de terminer ce paragraphe, revenons sur la nécessité de faire les polymérisations à l’abri de l’oxygène. Les cristaux liquides polymérisables sont en grande majorité des monomères acrylates (mono ou di-acrylates) et polymérisent de manière radicalaire. Comme on l’a signalé au paragraphe 2.3, l’oxygène inhibe ces polymérisations. Or lors des processus présentés plus haut, les couches fines sont exposées à l’atmosphère ambiante. Il est donc indispensable de réaliser les polymérisations à l’abri de l’oxygène, par exemple sous atmosphère d’azote. S’il reste de l’oxygène, la polymérisation n’est que partielle. Par exemple si l’on polymérise un monomère cristal liquide à température ambiante dans la phase nématique, en présence d’air, le matériau obtenu passera quand même en phase isotrope lorsqu’on augmente la température. La température de transition nématique– isotrope est presque inchangée par cette polymérisation partielle. De la même manière, si l’on essaye de polymériser le monomère cristal liquide en phase isotrope, en présence d’air, la polymérisation ne se fait pas du tout. Le matériau reste fluide et retourne en phase nématique lors du refroidissement. 5.5 Structuration sur la gaine optique L’étape suivante est d’inclure la gaine optique dans le processus. 5.5.1 Polymères pour la gaine optique La gaine optique doit avoir un indice plus faible que le coeur pour que la lumière soit guidée. On utilise les polymères optiques de la gamme EFIRON Polymer Clad Resin de la société coréenne SSCP. Ils sont disponibles dans une gamme d’indice allant de 1.37 à 1.45 (indices mesurés à 850 nm). Par exemple, le polymère PC-430, que nous utiliserons dans la suite, a un indice de 1.42 à 850 nm [261]. Ces matériaux sont des polymères fluorés qui réticulent par polymérisation radicalaire. Un exemple de composition est indiqué sur la figure 5.4 [262, 263]. L’indice de réfraction dépend de la proportion de fluor. Le photoinitiateur peut être différent d’un produit à l’autre. Par exemple, le matériau PC-430 contient un photoinitiateur sensible autour de 250 nm. Il ne polymérise donc pas à 365 nm. Ce n’est pas toujours pratique de travailler à 250 nm car cette longueur d’onde est arrêtée par le verre et pour la suite des travaux, j’ai suggéré d’utiliser le polymère PC-404F, qui contient un photoinitiateur sensible autour de 365 nm. Le matériau est déposé à la tournette à partir d’une solution diluée dans un solvant. On utilise par exemple le matériau PC-430 dilué à 50% dans le THF. Le film obtenu sans précaution spéciale présente une surface irrégulière, probablement parce que la colle contient des volumes partiellement polymérisés qui forment un gel. On améliore grandement le résultat en filtrant la solution avant le dépôt à travers un filtre à 0.5 µm. Le film déposé à 2000 tr/min a une épaisseur de 4.5 µm. La polymérisation est réalisée sous lumière ultraviolette à l’abri de l’oxygène. Cette épaisseur n’est pas suffisante pour assurer une bonne isolation optique entre le coeur du guide et le substrat de silicium car les simulations montrent qu’il faut une épaisseur supérieure à 5 µm et si possible un peu plus. Le dépôt de la colle pure donne 102 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques Figure 5.4 – Exemple de composition du matériau utilisé pour former la gaine optique [262, 263]. Les coupleurs entre la chaîne perfluorée et les groupes portant la fonction alcène peuvent être différents d’un matériau à l’autre. Structuration sur la gaine optique 103 Figure 5.5 – Mesure au profilomètre optique de la surface du polymère de gaine. Le dépôt est réalisé à partir d’une solution de PC430 à 50% dans le THF, déposée à la tournette à 2000 tr/min. L’épaisseur du film est de 4.5 µm. un film épais d’environ 20 µm, mais sa surface présente des ondulations de l’ordre de 0.1 µm sur des distances de 500 µm. Ces inhomogénéités sont un peu trop importantes car elles risquent de se répercuter sur la couche supérieure, c’est-à-dire la couche de coeur. On préférera déposer deux couches, la deuxième après la polymérisation de la première. Toutefois, pour ce travail préliminaire, une seule couche sera déposée car nous ne sommes pas encore au stade d’injecter la lumière dans le guide. Même en filtrant la colle, la surface du dépôt n’est pas tout à fait plate. Le détail de la topographie est mesuré au profilomètre optique et indiqué sur la figure 5.5. On observe des ondulations de l’ordre de 40 nm sur des distances de 500 µm. Toutefois, ces faibles courbures ne gênent pas le guidage et ne causent pas de perte significative. 5.5.2 Alignement sur la gaine optique On désire maintenant préparer une surface d’alignement sur la gaine optique. La première idée est d’utiliser le matériau LPP de Rolic qui a mené aux résultats présentés au paragraphe 5.4. Le dépôt de la solution de LPP ne peut pas se faire directement sur la gaine optique car c’est un polymère fluoré très hydrophobe qui ne se laisse pas mouiller. Il faut traiter la surface du polymère au plasma d’oxygène pour permettre son mouillage. Pour notre système plasma, les paramètres sont une pression d’oxygène de 0.5 mbar, une puissance RF de 80 W, pendant 2 min. Après l’activation de la surface, le mouillage de la solution de LPP est bon, mais le dépôt final est de mauvaise qualité. On observe un léger voile blanchâtre qui n’est pas présent quand le dépôt est fait directement sur un substrat de verre. Ce voile peut être dû au fait que la couche de PC-430 n’est pas suffisamment bien polymérisée et que le solvant du LPP, la cyclopentanone, a pu pénétrer la couche et en extraire des matériaux. Malgré le défaut observé, il est possible d’aligner la couche de LPP avec des ultraviolets polarisés (λ ∼ 300 nm) et de déposer un cristal liquide polymérisable. Le résultat avec les produits de Merck est très mauvais car le cristal liquide déposé démouille la surface rapidement. Concernant le produit de Rolic, nous avons un problème d’approvisionnement 104 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques (a) Brossage (c) Gaine Verre (b) I A I Couche de coeur Période : 12.4 µm (groupe 6, élément 3) Période : 4.4 µm (groupe 7, élément 6) Figure 5.6 – Fabrication de zones isotropes et anisotropes par structuration thermique sur la gaine optique. (a) Brossage du polymère. (b) Structure obtenue. (c) Résultat obtenu observé au microscope polarisant. L’axe optique des zones anisotropes est à 45° des axes des polariseurs. La lettre "m" observée sur le plus petit élément (groupe 7, élément 6) est un défaut déjà présent sur le masque. car la société a décidé de ne plus vendre ses produits chimiques 1 . Nous travaillerons dans la suite seulement avec les matériaux de Merck. Devant ces difficultés, nous avons décidé d’abandonner la technique du photoalignement pour ce projet. En cherchant les voies possibles, j’ai proposé de tester s’il était possible de générer un alignement en brossant la surface de polymère de gaine comme représenté sur la figure 5.6 (a). Le brossage de la surface, effectué après une activation par plasma d’oxygène, permet effectivement de préparer une surface d’alignement. Après le brossage, le cristal liquide polymérisable est déposé à la tournette. Les deux matériaux de Merck mouillent correctement la surface car elle a été activée au préalable. Le film obtenu après le dépôt est seulement partiellement aligné et l’alignement est optimisé en laissant l’échantillon pendant une minute à une température un peu inférieure à la transition nématique–isotrope. Les températures d’optimisation sont 50°C pour le RMS03-013C et 60°C pour le RMS03001C. Ce traitement permet aux défauts du cristal liquide de se résorber. Notons que le traitement au plasma d’oxygène ne doit pas être fait après le brossage car il détruit progressivement l’alignement de la surface. La figure 5.6 (b) indique la structure obtenue après la polymérisation localisée sous masque et la polymérisation à haute température pour figer la phase isotrope. La photographie 5.6 (c) présente le résultat obtenu en utilisant pour masque une mire de résolution. On constate que les éléments sont correctement résolus, des plus larges jusqu’à l’élément dont la période est de 4.4 µm. La résolution du procédé est donc de l’ordre de 2.2 µm. Pour ces essais, j’ai utilisé des espaceurs de 11 µm, déposés directement sur la couche fraîche du monomère cristal liquide, dont l’épaisseur est de 1.0 µm environ. Les espaceurs s’enfoncent à travers la couche fluide et prennent appui sur le polymère de gaine. Dans ces conditions, au cours de l’étape de photolithographie de proximité, l’écart entre le masque et la couche de monomère est d’environ e ' 10 µm. L’ordre de grandeur√de la résolution optique possible dans le processus de photolithographie est donné par λe ' 2 µm. Le résultat obtenu expérimentalement est donc proche de la limite permise par l’optique. 1. Il semblerait que la société ait décidé de se présenter uniquement comme un fournisseur de services. Ils continuent d’utiliser les produits de photoalignement dans ce cadre. 105 Fabrication de guides optiques Masque de gravure des guides Masque d'insolation des zones anisotropes y y x Superposition des masques x Détail d'un coupleur Figure 5.7 – Masques utilisés pour la fabrication des guides (marques d’alignement en jaune, zones anisotropes en bleu, gravure des guides en rouge). 5.6 5.6.1 Fabrication de guides optiques Choix du substrat Pour fabriquer les guides optiques, on peut travailler sur un substrat de verre ou de silicium. Pour les substrats de verre, on a déjà mentionné qu’il faut empêcher la réflexion sur la face arrière pour éviter les insolations parasites. Ce problème n’existe pas avec le silicium car la lumière ultraviolette ne peut pas le traverser. Le choix du substrat doit aussi tenir compte de l’étape où les interfaces optiques des guides seront formées. Le silicium a l’avantage de pouvoir être clivé. Lors du clivage, les guides en polymère sont coupés en même temps que le silicium et présentent une interface de qualité souvent suffisante pour pouvoir injecter la lumière dans le guide. Au contraire, l’utilisation d’un substrat de verre nécessite un sciage. C’est une opération délicate car le polymère peut être facilement arraché. Il est préférable de poser une deuxième lame de verre au dessus du polymère pour le tenir entre deux matériaux rigides lors du sciage. Concernant le prix, les plaques de verre que l’on utilise sont nettement moins chères que les wafers de silicium. Finalement, les deux types de substrats sont possibles, mais en raison des avantages pratiques du silicium, nous avons décidé avec nos partenaires du CCLO que l’on travaillerait sur wafer de silicium. 5.6.2 Masques pour le processus Pour réaliser le processus, il faut un masque pour l’insolation des zones anisotropes et un masque pour la gravure des guides. Mais il y a une difficulté pour l’alignement du deuxième masque par rapport au premier car les zones anisotropes et les zones isotropes ne se distinguent qu’en lumière polarisée. Or l’aligneur de masques utilisé au CCLO ne permet pas l’observation en lumière polarisée. J’ai donc prévu un masque supplémentaire, pour définir des marques d’alignement sur le substrat. Ces marques peuvent être formées sur le silicium par dépôt et gravure d’une couche d’aluminium ou d’une couche d’or (avec une interface en chrome pour améliorer l’adhésion). 106 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques (a) Brossage (c) I A Gaine I Couche de coeur Silicium x (b) Masque d'insolation : y (d) y x Figure 5.8 – Zones isotropes et anisotropes sur wafer de silicium. (a) Préparation de la surface d’alignement. Le cristal liquide polymérisable est ensuite déposé sur cette surface. (b) Masque d’insolation du cristal liquide polymérisable. Les zones bleues sont les ouvertures du masque. (c) Vue de profil de la structure obtenue. (d) Résultat observé au microscope polarisant. La règle mesure 1 mm. L’axe optique des zones anisotropes est à 45° des polariseurs. Le masque des guides a été dessiné par le CCLO et j’y ai ajouté les motifs d’alignement. Des extraits des masques sont donnés sur la figure 5.7. Les variations entres les différents motifs concernent la largeur des guides, la longueur de couplage et l’écart entre les guides (dans la zone de couplage). 5.6.3 Structuration des zones anisotropes et isotropes Le processus de structuration des zones anisotropes et isotropes sur un wafer de silicium est le même que celui décrit au paragraphe 5.5.2 pour un substrat de verre. Le polymère de gaine est déposé et polymérisé, puis sa surface est traitée au plasma d’oxygène et brossée (figure 5.8(a)). Le cristal liquide polymérisable est ensuite déposé à la tournette. L’alignement est optimisé en laissant l’échantillon une minute à une température un peu inférieure à la transition nématique–isotrope, comme expliqué précédemment. La structuration des zones anisotropes est réalisée par photolithographie de proximité à travers le masque prévu (figure 5.8(b)). L’espacement est maintenu grâce à des espaceurs de 18 µm comme représenté sur la figure 5.2. Ils reposent directement sur le wafer car les couches sont détourées après chaque dépôt (edge bead removal). Pour les essais, l’épaisseur de la couche de polymère de gaine est d’environ 3 µm et l’épaisseur de la couche de cristal liquide polymérisable est de 1.0 µm. Cela laisse un espacement de 14 µm entre le masque et la couche fluide. Après insolation des zones anisotropes, les zones non exposées sont figées en phase isotrope par polymérisation à haute température. Les espaceurs sont ensuite enlevés à l’eau. La structure obtenue est schématisée en coupe sur la figure 5.8(c) et la figure 5.8(d) montre le résultat photographié au microscope polarisant. Le débordement des zones anisotropes est dû à un problème de contact lors de l’insolation de la phase anisotrope (le contact ne s’est fait que d’un côté, je pense que les freins du chuck sont restés bloqués et que le chuck n’était pas parallèle au masque). Cette erreur n’est pas gênante à ce niveau d’avancement. Fabrication de guides optiques 107 Figure 5.9 – Mesure au profilomètre optique de la surface de la couche de coeur, déposée sur la gaine. On distingue la zone anisotrope prévue pour le coupleur séparateur de polarisation. On distingue également une zone où le monomère cristal liquide a démouillé le polymère de gaine. La figure 5.9 est une observation au profilomètre optique de la surface du polymère cristal liquide au niveau d’une zone anisotrope. On constate que le rectangle insolé a une altitude légèrement différente de la partie isotrope. L’article [254] étudie ce phénomène et l’interprète comme un transport de matière lors des polymérisations et de l’élévation de température. Un guide gravé, passant de la zone isotrope à la zone anisotrope verra donc non seulement un changement d’indice, le coeur devenant anisotrope, mais aussi un léger changement de géométrie du coeur. S’il s’avère que la passage d’une zone à l’autre est trop brutal et cause une réflexion partielle, on pourra modifier le masque pour rendre la transition plus progressive. Sur la figure 5.9, on remarque également un trou dans la couche de coeur. C’est une zone où le cristal liquide polymérisable a démouillé la gaine optique. Ces défauts se produisent de temps en temps et sont le signe que le mouillage du cristal liquide sur le polymère de gaine est mauvais, malgré le traitement au plasma d’oxygène. Les deux matériaux de Merck qui ont été utilisés ici ont tous deux montré des problèmes de mouillage sur plusieurs types de surfaces. Pour améliorer la fiabilité du dépôt, une première idée est de modifier la surface de la gaine en déposant une fine couche d’un autre matériau (quelques dizaines de nanomètres seulement), par exemple de polyimide. Ceci améliore effectivement le résultat mais demande une étape de cuisson supplémentaire pour le polyimide. Une autre possibilité serait d’utiliser un cristal liquide polymérisable d’une composition différente, plus adaptée à la situation. Il est malheureusement difficile de choisir car les fournisseurs ne dévoilent pas la composition des mélanges, notamment les surfactants utilisés. Or ceux-ci ont un rôle déterminant dans le mouillage. Par exemple, le brevet [157] de DIC donne un exemple comparatif et met en avant le problème de mouillage dans le cas d’un surfactant fluorocarboné (FC-171). Il y a quelques raisons de penser que ce dernier est présent dans les matériaux de Merck car il est mentionné dans plusieurs de leurs brevets, par exemple dans [264, 155, 156], mais ce n’est qu’une supposition. Il faudra donc contacter le fournisseur pour trouver si un autre matériau de leur gamme pourrait convenir. 108 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques (a) Coupleur vu de dessus. (b) Échantillon clivé. Figure 5.10 – Observation au microscope électroniques des guides gravés dans la couche de cristal liquide polymérisé. 5.6.4 Gravure des guides La gravure des guides en polymère est faite au CCLO [256]. Une fine couche de silice est déposée par pulvérisation cathodique (∼ 20 nm). On la recouvre d’une couche de photorésine positive qui est insolée avec le masque des guides puis développée. Cette photolithographie doit être réalisée avec une résolution proche de 0.1 µm et nécessite donc un bon contact du masque contre la photorésine. Il est important que les espaceurs utilisés pour la photolithographie de proximité (voir paragraphe précédent) aient été tous retirés. La couche de silice est ensuite gravée en plasma de SF6 aux endroits où la photorésine a été retirée. Pour finir, l’échantillon est gravé dans un plasma d’oxygène directionnel. La silice et la photorésine qui la recouvre servent de masque pour la gravure du polymère. La photorésine est consommée en totalité au cours de la gravure et le masquage en fin de gravure est assuré par la silice uniquement. Les zones de polymère non couvertes par la silice sont gravées d’une profondeur correspondant à l’épaisseur de la couche de coeur. La figure 5.10 montre le résultat obtenu observé au microscope électronique. La figure (a) montre que l’espace entre les guides au niveau du coupleur est bien défini. La figure (b) est obtenue après clivage du silicium. Le polymère est correctement découpé et on observe que la section est bien rectangulaire. Pour ces essais, l’épaisseur de la couche de polymère de gaine était d’environ 3 µm et l’épaisseur de la couche de cristal liquide polymérisable était de 1.0 µm. La vitesse de gravure était de 0.10 µm/min pour le coeur anisotrope. La figure montre que la gravure a été poursuivie jusque dans la gaine optique. Les guides sont également observés au microscope en réflexion. La figure 5.11 montre des coupleurs gravés soit en zone totalement anisotrope, soit en zone totalement isotrope. Nos partenaires du CCLO n’ont pas encore réalisé de gravure à un endroit où le guide passe d’une zone à l’autre. Les guides gravés dans le polymère anisotrope sont nettement visibles en lumière polarisée (voir figure 5.11(a)). Sur la photographie, l’axe optique du cristal liquide polymérisé est orienté à 45° des axes des polariseurs. Dans les mêmes 109 Discussion (a) (b) (c) Figure 5.11 – Guides gravés dans la couche de coeur observés au microscope en réflexion. (a) Coupleur gravé dans une couche anisotrope, observé en lumière polarisée. Une graduation représente 10 µm. (b) Coupleur gravé dans une couche isotrope, observé en lumière non polarisée. (c) Observation de la zone (b) dans les même conditions de prise de vue que (a) (même temps d’exposition). L’image est complètement noire car les guides sont isotropes. conditions, les guides gravés dans le polymère isotrope ne sont pas observables car ils ne sont pas biréfringents (voir figures 5.11(b) et (c)). Cette observation montre qu’on a bien réussi à former des guides dans un matériau cristal liquide polymérisé ou phase anisotrope et en phase isotrope. 5.7 Discussion Ce chapitre a présenté notre travail visant à fabriquer des guides optiques pouvant inclure des tronçons anisotropes. Nous avons proposé et développé un nouveau procédé utilisant un matériau cristal liquide polymérisable pour la couche de coeur et un polymère de faible indice pour la gaine. Les zones anisotropes sont obtenues grâce à une structuration thermique (thermal patterning) du cristal liquide polymérisable. Les bases de ce procédé ont été démontrées expérimentalement. Il reste maintenant à améliorer différents points pour produire une structure réellement utilisable pour les tests optiques. Il faut produire une structure avec les épaisseurs de couche adaptées. Comme on l’a signalé, nous optons pour le dépôt de deux couches successives pour le polymère de gaine, par exemple 2 × 4 µm d’épaisseur, pour assurer l’isolation optique du guide. Pour le polymère de coeur, l’épaisseur visée est de 1.5 µm mais les deux produits de Merck que j’ai utilisés permettent difficilement d’atteindre une telle épaisseur. Il faudra donc contacter le fournisseur pour obtenir une autre formulation, par exemple un cristal liquide polymérisable pur, que l’on mettra dans un solvant bien choisi. Les produits Merck que j’ai utilisés sont dissous dans le PGMEA. En utilisant de la cyclopentanone, qui a la même viscosité mais qui s’évapore plus rapidement, on obtiendra un film plus épais. Il faut aussi fiabiliser le procédé en évitant toute possibilité de démouillage du cristal liquide polymérisable et en assurant un alignement de qualité. Ceci passe par un traitement de la surface hydrophobe du polymère de gaine. La surface étant activée par un plasma d’oxygène, on peut déposer une fine couche d’un autre matériau, par exemple un polyimide, qui réagit en se greffant sur la surface. Une autre possibilité peut être un greffage en phase vapeur par polymérisation plasma (réaction de HMDSO, par exemple). Une fois la bonne géométrie obtenue, il sera possible d’injecter la lumière dans les guides. Il faudra alors mesurer les pertes du matériau isotrope et du matériau aniso- 110 Microtechnologie pour la fabrication de guides optiques trope selon les deux polarisations. Il faudra aussi étudier le fonctionnement du coupleur anisotrope. Le travail présenté constitue donc une base pour les développements futurs. Il a introduit une structure, des matériaux et un procédé innovants. C’est la première réalisation d’un guide gravé dans un matériau mésomorphe. Le processus proposé est particulièrement simple comparé aux autres possibilités trouvées dans la littérature et rappelées dans l’introduction. La partie anisotrope présente une forte biréfringence, propre aux matériaux mésomorphes, ce qui devrait permettre une séparation de polarisation sur de courtes longueurs de couplage. L’utilisation de matériaux polymères organiques permet aussi un coût plus faible que les matériaux cristallins inorganiques. Conclusion Le réseau d’accès optique est actuellement en train d’être installé en France. Il est organisé selon une architecture TDM-PON (Time Division Multiplexing – Passive Optical Network). L’évolution vers des débits plus élevés passera par l’utilisation d’une architecture WDM (Wavelength Division Multiplexing) où les communications sont multiplexées sur plusieurs longueurs d’onde. La mise en place de cette architecture nécessitera des composants optiques accordables à bas coût. Ce travail contribue au développement de deux composants essentiels, les lasers accordables et les filtres accordables. Pour ces objectifs, nous avons proposé et développé des microtechnologies de fabrication incluant des matériaux mésomorphes. Le premier développement concerne des puces VCSEL incluant une couche de PDLC à l’intérieur de la cavité laser. En appliquant un champ électrique, l’épaisseur optique de la couche de PDLC varie et peut modifier la longueur d’onde émise. J’ai mesuré les caractéristiques optiques des couches de PDLC en utilisant des méthodes suffisamment sensibles pour mesurer avec précision les faibles pertes et les variations d’indice. Ces mesures confirment la possibilité d’utiliser ce matériau à l’intérieur d’une cavité VCSEL. Pour la fabrication du composant, une technique de transfert a été développée, où le miroir de Bragg et son électrode sont fabriqués sur un plot de photorésine, puis transférés par collage lors de la polymérisation du PDLC. La structure obtenue présente des couches de qualité optique avec une géométrie contrôlée. La technique développée permet le transfert du miroir et de l’électrode sur une couche fragile où les dépôts en phase vapeur sont problématiques. C’est une technique innovante qui n’a pas été décrite ailleurs. Le deuxième développement concerne des puces VCSEL incluant une couche de cristal liquide nématique. En appliquant un champ électrique, les molécules basculent et modifient l’épaisseur optique vue par le rayon extraordinaire. J’ai développé une technologie permettant de fabriquer des micro-cellules pour contenir le cristal liquide. Elles présentent un film d’alignement et une électrode de commande. Ces micro-cellules sont fabriquées à partir d’éléments en résine SU-8 qui sont assemblés par un procédé de transfert par collage. Un cristal liquide polymérisable sert au collage et permet en même temps d’aligner le cristal liquide. C’est la première réalisation de micro-cellules de cristaux liquides. Les micro-cellules sont destinées à être positionnées sur des surfaces dont la géométrie peut présenter des variations inévitables, comme c’est le cas pour le sommet de puces hybridées. J’ai développé un processus de transfert utilisant un tampon souple qui permet une fabrication collective s’accommodant des irrégularités de la surface de l’échantillon cible. Le troisième développement concerne les filtres accordables en optique intégrée polymère. Nous avons proposé une technologie innovante permettant de réaliser des guides en même temps qu’un coupleur séparateur de polarisation. La gaine est un polymère fluoré de bas indice et le coeur est un cristal liquide polymérisé. Une technique de structuration thermique permet de préparer des zones anisotropes aux endroits choisis et de polyméri111 112 Conclusion ser le reste de la couche de coeur en phase isotrope. Les guides sont ensuite obtenus par gravure sèche. Nous avons obtenu les premiers guides isotropes et anisotropes gravés dans ce genre de matériaux. Il y a de nombreuses choses à faire dans la suite de ce travail. Au sujet des lasers, il faut démontrer expérimentalement qu’il est possible de faire fonctionner un laser accordable incluant une couche de cristal liquide nématique. Cette démonstration peut se faire sur des échantillons macroscopiques pompés optiquement, qui sont plus faciles à fabriquer que des puces VCSEL pompées électriquement. Jusqu’à présent, les irrégularités de la surface des échantillons que j’ai reçus m’ont empêché de faire cette démonstration. Concernant le transfert collectif par collage, il faut résoudre les problèmes de polymérisation partielle en travaillant à l’abri de l’oxygène. Il faudra ensuite démontrer le transfert d’un capot couvert d’un miroir de Bragg. Cet élément est en effet nécessaire pour fermer la cavité optique du laser. Ensuite, lorsqu’on disposera de puces VCSEL fonctionnelles, il faudra former les micro-cellules sur leur sommet et démontrer le fonctionnement du laser accordable pompé électriquement. À ce niveau d’avancement, il faudra se demander comme réaliser les connections des vias au sommet de la puce avec une technologie industrialisable et non pas avec une pointe de touche comme je l’ai fait. Il serait par exemple intéressant de tracer des lignes conductrices entre le via et un plot de contact par une technique de dépôt par jet d’encre. Au sujet des guides optiques, il faudra fabriquer les échantillons avec les bonnes épaisseurs de couche, fiabiliser le processus, puis mesurer les pertes et démontrer la séparation de polarisation. La structure complète, incluant les anneaux résonants, pourra ensuite être testée. Les procédés développés dans ce travail utilisent des outils standards (tournette, aligneur de masques, système plasma, machine de brossage,. . . ), donc la plupart des opérations sont transférables à l’industrie sans adaptation majeure. Le transfert par collage est probablement l’opération la moins courante et son transfert demandera probablement quelques adaptations. Pour finir, rappelons les perspectives de ce travail, déjà évoquées au cours du texte. Les lasers accordables que nous développons sont compacts, sans élément mobile et de faible coût. On envisage une vitesse d’accord de l’ordre de la milliseconde et une modulation électrique du signal optique à 10 Gbit/s. Leur utilisation est envisagée en premier lieu dans le secteur des télécommunications optiques pour mettre en place un réseau d’accès WDM. Le multiplexage des communications sur plusieurs longueurs d’ondes permettra un accroissement du débit de transmission. Une autre utilisation envisagée est la lecture de capteurs sur fibres optiques, par exemple pour contrôler les déformations dans les bâtiments et les ouvrages d’art. D’autres utilisations sont l’analyse des gaz et des liquides par spectroscopie, ou la tomographie optique à balayage spectral. Le travail sur la fabrication des guides optiques avec des tronçons anisotropes et isotropes permettra de former des coupleurs séparateurs de polarisation en optique intégrée. La première utilisation envisagée est un filtre accordable où les deux polarisations sont filtrées chacune par un anneau résonant, puis recombinées. Plus généralement, le coupleur anisotrope permet réaliser en optique intégrée des fonctions pour manipuler la polarisation, par exemple des polariseurs linéaires ou elliptiques. Bibliographie [1] Comité des réseaux d’initiative publique (CRIP) : Points de repère sur le déploiement du très haut débit (FTTH - fibre optique jusqu’à l’abonné). Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), Mai 2008. [2] Stéfan Le Dû : Le point sur. . . Communication sur fibre optique. Groupe Aménagement Numérique des Territoires, Centre d’Études techniques de l’Équipement, décembre 2007. [3] Stéfan Le Dû : Le point sur. . . FTTH point-multipoint passif (PON). Groupe Aménagement Numérique des Territoires, Centre d’Études techniques de l’Équipement, novembre 2006. [4] International Telecommunication Union (ITU) : A broadband optical access system with increased service capability by wavelength allocation. ITU-T Recommendation G.983.3, 2001. [5] International Telecommunication Union (ITU) : Gigabit-capable Passive Optical Networks (GPON) : Physical Media Dependent (PMD) layer specification. ITU-T Recommendation G.984.2, 2003. [6] International Telecommunication Union (ITU) : Gigabit-capable Passive Optical Networks (G-PON) : Transmission convergence layer specification. ITU-T Recommendation G.984.3, 2008. [7] International Telecommunication Union (ITU) : Spectral grids for WDM applications : DWDM frequency grid. ITU-T Recommendation G.694.1, 2002. [8] Larry A. Coldren et Scott William Corzine : Diode Lasers and Photonic Integrated Circuits. John Wiley & Sons Inc, novembre 1995. [9] G. Agrawal et N. Dutta : Semiconductor Lasers. Van Nostrand Reinhold, second edition édition, 1993. [10] C. Wilmsen, H. Temkin et L. Coldren : Vertical-Cavity Surface-Emitting Lasers. Cambridge University Press, 1999. [11] S. Bernabe, R. Stevens, M. Volpert, R. Hamelin, C. Rossat, F. Berger, L. Lombard, C. Kopp, J. Berggren, P. Sundgren et M. Hammar : Highly integrated VCSEL-based 10 Gb/s miniature optical sub-assembly. In Electronic Components and Technology Conference, 2005. Proceedings. 55th, pages 1333–1338 Vol. 2, may-3 june 2005. [12] Jean-Charles Souriau, Alexandra Cobbe, Nicolas Delatouche et Claude Massit : Passive Fibre Alignment on Optoelectronic Components for Electro-Optical Links Based on Single-Chip Technology and VCSELs. In International Microelectronics And Packaging Society conference, 2001. Proceedings. 34th, 2001. 113 114 Bibliographie [13] K. Hsu, C.M. Miller, D. Babic, D. Houng et A. Taylor : Continuously tunable photopumped 1.3 µm fiber Fabry-Perot surface-emitting lasers. Photonics Technology Letters, IEEE, 10(9):1199 –1201, sep 1998. [14] Y.M. Li, W. Yuen, G.S. Li et C.J. Chang-Hasnain : Top-emitting micromechanical VCSEL with a 31.6 nm tuning range. IEEE Photonics Technology Letters, 10(1):18–20, 1998. [15] M.Y. Li, W. Yuen, G.S. Li et C.J. Chang-Hasnain : High performance continuously tunable top-emitting vertical cavity laser with 20 nm wavelength range. Electronics Letters, 33(12):1051 –1052, jun 1997. [16] C.J. Chang-Hasnain : Tunable VCSEL. Selected Topics in Quantum Electronics, IEEE Journal of, 6(6):978 –987, nov/dec 2000. [17] M.C.Y. Huang, Kan Bun Cheng, Ye Zhou, A.P. Pisano et C.J. ChangHasnain : Monolithic Integrated Piezoelectric MEMS-Tunable VCSEL. Selected Topics in Quantum Electronics, IEEE Journal of, 13(2):374 –380, march-april 2007. [18] C.F.R. Mateus, M.C.Y. Huang, Lu Chen, C.J. Chang-Hasnain et Y. Suzuki : Broad-band mirror (1.12–1.62 µm) using a subwavelength grating. Photonics Technology Letters, IEEE, 16(7):1676 –1678, july 2004. [19] Ye Zhou, Michael C. Huang et Connie J. Chang-Hasnain : Tunable VCSEL with ultra-thin high contrast grating for high-speed tuning. Opt. Express, 16(18):14221– 14226, 2008. [20] Michael C. Y. Huang, Ye Zhou et Connie J. Chang-Hasnain : Nano electromechanical optoelectronic tunable VCSEL. Opt. Express, 15(3):1222–1227, 2007. [21] P. Tayebati, P. Wang, M. Azimi, L. Maflah et D. Vakhshoori : Microelectromechanical tunable filter with stable half symmetric cavity. Electronics Letters, 34(20):1967 –1968, oct 1998. [22] D. Vakhshoori, P. Tayebati, Chih-Cheng Lu, M. Azimi, P. Wang, Jiang-Huai Zhou et E. Canoglu : 2 mW CW single-mode operation of a tunable 1550 nm vertical cavity surface emitting laser with 50 nm tuning range. Electronics Letters, 35(11):900 – 901, may 1999. [23] Y. Matsui, D. Vakhshoori, Peidong Wang, Peili Chen, Chih-Cheng Lu, Min Jiang, K. Knopp, S. Burroughs et P. Tayebati : Complete polarization mode control of long-wavelength tunable vertical-cavity surface-emitting lasers over 65 nm tuning, up to 14 mw output power. Quantum Electronics, IEEE Journal of, 39(9): 1037 – 1048, sept. 2003. [24] Garrett D. Cole, Elaine Behymer, Tiziana C. Bond et Lynford L. Goddard : Short-wavelength MEMS-tunable VCSELs. Opt. Express, 16(20):16093–16103, 2008. [25] Decai Sun, W. Fan, P. Kner, J. Boucart, T. Kageyama, Dongxu Zhang, R. Pathak, R.F. Nabiev et W. Yuen : Long wavelength-tunable VCSELs with optimized MEMS bridge tuning structure. Photonics Technology Letters, IEEE, 16(3):714 –716, march 2004. [26] F. Riemenschneider, I. Sagnes, G. Böhm, H. Halbritter, M. Maute, C. Symonds, M. C. Amann et P. Meissner : A new concept for tunable long wavelength VCSEL. Optics Communications, 222(1-6):341 – 350, 2003. Bibliographie 115 [27] F. Riemenschneider, M. Maute, H. Halbritter, G. Boehm, M.-C. Amann et P. Meissner : Continuously tunable long-wavelength MEMS-VCSEL with over 40 nm tuning range. Photonics Technology Letters, IEEE, 16(10):2212 –2214, oct. 2004. [28] S. Jatta, B. Kogel, M. Maute, K. Zogal, F. Riemenschneider, G. Bohm, M.-C. Amann et P. Meisner : Bulk-Micromachined VCSEL At 1.55 µm With 76 nm Single-Mode Continuous Tuning Range. Photonics Technology Letters, IEEE, 21(24):1822 –1824, dec.15, 2009. [29] A. Syrbu, V. Iakovlev, G. Suruceanu, A. Caliman, A. Rudra, A. Mircea, A. Mereuta, S. Tadeoni, C.-A. Berseth, M. Achtenhagen, J. Boucart et E. Kapon : 1.55 µm optically pumped wafer-fused tunable VCSELs with 32 nm tuning range. Photonics Technology Letters, IEEE, 16(9):1991 –1993, sept. 2004. [30] Vivien Verbrugge, Jean-Louis de Bougrenet de la Tocnaye et Laurent Dupont : C-band wavelength-tunable vertical-cavity laser using a nano polymer dispersed liquid crystal material. Optics Communications, 215(4-6):353 – 359, 2003. [31] Christophe Levallois, Bertrand Caillaud, Jean-Louis De Bougrenet De La Tocnaye, Alain Le Corre, Slimane Loualiche, Olivier Dehaese et Laurent Dupont : Nano-polymer-dispersed liquid crystal as phase modulator for a tunable vertical-cavity surface-emitting laser at 1.55 µm. Applied optics, 45(33):8484–8490, 2006. [32] Maximilian Lackner, Michael Schwarzott, Franz Winter, Benjamin Kögel, Sandro Jatta, Hubert Halbritter et Peter Meissner : CO and CO2 spectroscopy using a 60 nm broadband tunable MEMS-VCSEL at 1.55 µm. Opt. Lett., 31(21):3170–3172, 2006. [33] S. Schilt, K. Zogal, B. Kögel, P. Meissner, M. Maute, R. Protasio et M.-C. Amann : Spectral and modulation properties of a largely tunable MEMS-VCSEL in view of gas phase spectroscopy applications. Applied Physics B : Lasers and Optics, 2010. [34] F. Lexer, C. K. Hitzenberger, A. F. Fercher et M. Kulhavy : Wavelengthtuning interferometry of intraocular distances. Appl. Opt., 36(25):6548–6553, 1997. [35] S. R. Chinn, E. A. Swanson et J. G. Fujimoto : Optical coherence tomography using a frequency-tunable optical source. Opt. Lett., 22(5):340–342, 1997. [36] Pierre Ferdinand : Capteurs à fibres optiques à réseaux de Bragg. Techniques de l’Ingénieur, R6735, 1999. [37] Hideo Kosaka, Kaori Kurihara, Mitsunori Sugimoto et Kenichi Kasahara : Detector Characteristics of a Vertical-Cavity Surface-Emitting Laser. Japanese Journal of Applied Physics, 30(Part 2, No. 7A):L1172–L1174, 1991. [38] D.A. Louderback, O. Sjolund, E.R. Hegblom, J. Ko et L.A. Coldren : Flipchip bonded arrays of monolithically integrated, microlensed vertical-cavity lasers and resonant photodetectors. IEEE Photonics Technology Letters, 11(3):304–306, 1999. [39] V. Bardinal, L. Averseng, C. Bringer, T. Camps, J. Polesel-Maris, P. Dubreuil, C. Fontaine, E. Bedel-Pereira, C. Vergnenegre et A. MunozYague : Experimental demonstration of oxide-mode influence in a dual-purpose oxide-confined vertical-cavity surface-emitting laser/resonant detector. Applied Physics Letters, 81(10):1771–1772, 2002. 116 Bibliographie [40] María L. Calvo et Vasudevan Lakshminarayanan : Optical Waveguides : From Theory to Applied Technologies. CRC Press, 2007. [41] Santec Corporation : Wavelength & Bandwidth Tunable Filter OTF-350. Site Internet. http://www.santec.com/en/products/instruments/otf-350. [42] Optoplex Corporation : 2-Port Optical Tunable Filter. Site Internet. http: //www.optoplex.com/Optical_Tunable_Filter.htm. [43] Agiltron Incorporated : Tunable Optical Filters. Site Internet. http://www. agiltron.com/TunableFilter.htm. [44] Lightwaves2020 Inc. : Angular Tunable Filter. Site Internet. http://www. lightwaves2020.com/datasheets/TFFCoating/TF-angular.pdf. [45] Lightwaves2020 Inc. : Linear Variable Filter. Site Internet. http://www. lightwaves2020.com/datasheets/TFFCoating/TF-linear.pdf. [46] Santec Corporation : Optical Tunable Filter with wavelength indicator OTF-320. Site Internet. http://www.santec.com/en/products/instruments/otf-320. [47] D. Hohlfeld, M. Epmeier et H. Zappe : A thermally tunable, silicon-based optical filter. Sensors and Actuators A : Physical, 103(1-2):93 – 99, 2003. [48] D. Hohlfeld, M. Epmeier et H. Zappe : Tunable thermo-optic filter for WDM applications. In Micro Electro Mechanical Systems, 2002. The Fifteenth IEEE International Conference on, pages 564 –567, 2002. [49] Michael Cahill, Glenn Bartolini, Mark Lourie et Lawrence Domash : Tunable thin film filters for intelligent WDM networks. Advances in Thin-Film Coatings for Optical Applications III, 6286(1):62860F, 2006. [50] Inc. Micron Optics : Fiber Fabry-Perot Tunable Filters. Site Internet. http: //www.micronoptics.com/tunable_filters.php. [51] M.K. Smit et C. Van Dam : PHASAR-based WDM-devices : Principles, design and applications. Selected Topics in Quantum Electronics, IEEE Journal of, 2(2):236 –250, jun 1996. [52] S. Toyoda, A. Kaneko, N. Ooba, H. Yamada, T. Kurihara, K. Okamoto et S. Imamura : Polarization-independent low-crosstalk polymeric AWG-based tunable filter operating around 1.55 µm. Photonics Technology Letters, IEEE, 11(9): 1141 –1143, sep 1999. [53] Kerry Vahala : Optical microcavities. World Scientific, 2004. [54] Tymon Barwicz, Miloš Popović, Peter Rakich, Michael Watts, Hermann Haus, Erich Ippen et Henry Smith : Microring-resonator-based add-drop filters in SiN : fabrication and analysis. Opt. Express, 12(7):1437–1442, 2004. [55] Tzyy-Jiann Wang, Chia-Hong Chu et Che-Yung Lin : Electro-optically tunable microring resonators on lithium niobate. Opt. Lett., 32(19):2777–2779, 2007. [56] T.A. Ramadan, R. Scarmozzino et Jr. Osgood, R.M. : Adiabatic couplers : design rules and optimization. Lightwave Technology, Journal of, 16(2):277 –283, feb 1998. [57] W. Burns et A. Milton : Mode conversion in planar-dielectric separating waveguides. Quantum Electronics, IEEE Journal of, 11(1):32 – 39, jan 1975. [58] Yosi Shani, Charles H. Henry, R. C. Kistler, R. F. Kazarinov et K. J. Orlowsky : Integrated optic adiabatic polarization splitter on silicon. Applied Physics Letters, 56(2):120–121, 1990. Bibliographie 117 [59] Morio Kobayashi, Hiroshi Terui et Kazumichi Egashira : An optical waveguide TE-TM mode splitter. Applied Physics Letters, 32(5):300–302, 1978. [60] Masamitsu Masuda et Gar Lam Yip : An optical TE-TM mode splitter using a LiNbO3 branching waveguide. Applied Physics Letters, 37(1):20–22, 1980. [61] S.M. Garner, V. Chuyanov, Sang-Shin Lee, Antao Chen, W.H. Steier et L.R. Dalton : Vertically integrated waveguide polarization splitters using polymers. Photonics Technology Letters, IEEE, 11(7):842 –844, jul 1999. [62] T.K. Liang et H.K. Tsang : Integrated polarization beam splitter in high index contrast silicon-on-insulator waveguides. Photonics Technology Letters, IEEE, 17(2):393 –395, feb. 2005. [63] L.B. Soldano et E.C.M. Pennings : Optical multi-mode interference devices based on self-imaging : principles and applications. Lightwave Technology, Journal of, 13(4):615 –627, apr 1995. [64] Y. Shi, D. Dai et S. He : Proposal for an Ultracompact Polarization-Beam Splitter Based on a Photonic-Crystal-Assisted Multimode Interference Coupler. Photonics Technology Letters, IEEE, 19(11):825 –827, june1, 2007. [65] Tao Liu, A.R. Zakharian, M. Fallahi, J.V. Moloney et M. Mansuripur : Design of a compact photonic-crystal-based polarizing beam splitter. Photonics Technology Letters, IEEE, 17(7):1435 –1437, july 2005. [66] Andrin Stump, Ulrich Gubler et Christian Bosshard : Optical waveguides structured with photoaligning polymers. Opt. Lett., 30(11):1333–1335, 2005. [67] A. Haglund, J.S. Gustavsson, J. Bengtsson, P. Jedrasik et A. Larsson : Design and evaluation of fundamental-mode and polarization-stabilized VCSELs with a subwavelength surface grating. Quantum Electronics, IEEE Journal of, 42(3): 231–240, march 2006. [68] C.J. Chang-Hasnain, Ye Zhou, M. Huang et C. Chase : High-Contrast Grating VCSELs. Selected Topics in Quantum Electronics, IEEE Journal of, 15(3):869 –878, may-june 2009. [69] J. M. Lamy, C. Paranthoen, C. Levallois, A. Nakkar, H. Folliot, O. Dehaese, A. Le Corre, S. Loualiche, O. Castany et L. Dupont : InAs quantum wires on InP substrate for VCSEL applications. In 2008 20th International Conference on Indium Phosphide and Related Materials, pages 1–4, Versailles, France, 2008. [70] J. M. Lamy, C. Paranthoen, C. Levallois, A. Nakkar, H. Folliot, J. P. Gauthier, O. Dehaese, A. Le Corre et S. Loualiche : Polarization control of 1.6 µm vertical-cavity surface-emitting lasers using InAs quantum dashes on InP(001). Applied Physics Letters, 95(1):011117, 2009. [71] Nicolas Fraval : Electrically tunable liquid-crystal wave plate using quadripolar electrode configuration and transparent conductive polymer layers. Applied Optics, 48(28):5301–5306, 2009. [72] P.G. de Gennes et J. Prost : The physics of liquid crystals. Oxford University Press, 2nd ed. édition, 1995. [73] Patrick Oswald et Pawel Pieranski : Les cristaux liquides. Gordon and Breach Science Publishers, 2000. [74] Deng-Ke Yang : Fundamentals of liquid crystal devices. John Wiley, 2006. 118 Bibliographie [75] S. M. Kelly et M. O’Neill : Liquid crystals for electro-optic applications, volume 7 de Handbook of Advanced Electronic and Photonic Materials and Devices, chapitre 1. Academic Press, 2000. [76] N. Wolffer, B. Vinouze et P. Gravey : Holographic switching between single mode fibres based on electrically addressed nematic liquid crystal gratings with high deflection accuracy. Optics Communications, 160:42 – 46, 1999. [77] J. Ertel, R. Helbing, C. Hoke, O. Landolt, K. Nishimura, P. Robrish et R. Trutna : Design and performance of a reconfigurable liquid-crystal-based optical add/drop multiplexer. J. Lightwave Technol., 24(4):1674, 2006. [78] T. Loukina, R. Chevallier, J. L. de Bougrenet de la Tocnaye et M. Barge : Dynamic spectral equalizer using free-space dispersive optics combined with a polymer-dispersed liquid-crystal spatial light attenuator. J. Lightwave Technol., 21(9):2067, 2003. [79] Susumu Sato : Applications of liquid crystals to Variable-Focusing lenses. Optical Review, 6(6):471–485, novembre 1999. [80] A. F. Naumov, M. Yu. Loktev, I. R. Guralnik et G. Vdovin : Liquid-crystal adaptive lenses with modal control. Opt. Lett., 23(13):992–994, 1998. [81] Nicolas Fraval et Jean Louis de Bougrenet de la Tocnaye : Low aberrations symmetrical adaptive modal liquid crystal lens with short focal lengths. Appl. Opt., 49(15):2778–2783, 2010. [82] Tigran Galstian : Liquid crystal lens using surface programming. World Patent WO/2010/006420 (LensVector), 2010. [83] Merck. Licrilite, Liquid Crystal Mixtures for PDLC Applications, April 2002. [84] Merck. Licristal, Liquid Crystal Mixtures for Electro-Optic Displays, May 2002. [85] Lamia Bedjaoui, Nicolas Gogibus, Bernd Ewen, Tadeusz Pakula, Xavier Coqueret, Mustapha Benmouna et Ulrich Maschke : Preferential solvation of the eutectic mixture of liquid crystals E7 in a polysiloxane. Polymer, 45:6555 – 6560, 2004. [86] Ana R. E. Brás, Sara Henriques, Teresa Casimiro, Ana Aguiar-Ricardo, João Sotomayor, Jorge Caldeira, Celina Santos et Madalena Dionísio : Characterization of a nematic mixture by reversed-phase HPLC - and UV - spectroscopy. Liquid Crystals, 34:591, 2007. [87] Shin-Tson Wu : Birefringence dispersions of liquid crystals. Physical Review A, 33:1270, février 1986. [88] Jun Li, Shin-Tson Wu, Stefano Brugioni, Riccardo Meucci et Sandro Faetti : Infrared refractive indices of liquid crystals. Journal of Applied Physics, 97, 2005. [89] S. Brugioni, R. Meucci et S. Faetti : Refractive indices of liquid crystals E7 and K15 in the mid- and near-IR regions. J. Opt. Technol., 73:315–317, 2006. [90] S. Brugioni et R. Meucci : Refractive indices of the nematic mixture E7 at 1550 nm. Infrared Physics & Technology, 49:210–212, 2007. [91] Shoichi Ishihara : How far has the molecular alignment of liquid crystals been elucidated ? J. Display Technol., 1:30–40, 2005. [92] Y. Iimura, T. Saitoh, S. Kobayashi et T. Hashimoto : Liquid crystal alignment on photopolymer surfaces exposed by linearly polarized uv light. Journal of Photopolymer Science and Technology, 8:257–262, 1995. Bibliographie 119 [93] J. Chen, P. J. Bos, D. L. Johnson, D. R. Bryant, J. Li, S. H. Jamal et J. R. Kelly : Four-domain twisted nematic liquid crystal display fabricated by reverse rubbed polyimide process. Journal of Applied Physics, 80:1985, 1996. [94] M O’Neill et S M Kelly : Photoinduced surface alignment for liquid crystal displays. Journal of Physics D : Applied Physics, 33:R67, 2000. [95] Vladimir G. Chigrinov, Vladimir M. Kozenkov et Hoi-Sing Kwok : Photoalignment of Liquid Crystalline Materials. John Wiley & Sons, Ltd, 2008. [96] Zouheir Sekkat et Wolfgang Knoll : Photoreactive organic thin films. Academic Press, 2002. [97] H. Rau : Azo compounds. In Heinz Dürr et Henri Bouas-Laurent, éditeurs : Photochromism : molecules and systems. Elsevier, 2003. [98] Mauro Ghedini, Daniela Pucci, Giuseppe Calogero et Francesco Barigelletti : Luminescence of azobenzene derivatives induced by cyclopalladation. Chemical Physics Letters, 267:341–344, 1997. [99] Kunihiro Ichimura, Yasuzo Suzuki, Takahiro Seki, Akira Hosoki et Koso Aoki : Reversible change in alignment mode of nematic liquid crystals regulated photochemically by command surfaces modified with an azobenzene monolayer. Langmuir, 4:1214–1216, 1988. [100] Almeria Natansohn et Paul Rochon : Photoinduced motions in Azo-Containing polymers. Chemical Reviews, 102(11):4139–4176, 2002. [101] Wayne M. Gibbons, Paul J. Shannon, Shao-Tang Sun et Brian J. Swetlin : Surface-mediated alignment of nematic liquid crystals with polarized laser light. Nature, 351(6321):49–50, 1991. [102] Yasufumi Iimura, Jun ichi Kusano, Shunsuke Kobayashi, Yoshinobu Aoyagi et Takuo Sugano : Alignment control of a liquid crystal on a photosensitive polyvinylalcohol film. Japanese Journal of Applied Physics, 32:L93–L96, 1993. [103] Kunihiro Ichimura, Haruhisa Akiyama, Norio Ishizuki et Yuji Kawanishi : Command surfaces, 6. azimuthal orientation of liquid crystals photo-controlled by an azobenzene pendent polymer. Die Makromolekulare Chemie, Rapid Communications, 14:813–817, 1993. [104] Haruhisa Akiyama, Kazuaki Kudo et Kunihiro Ichimura : Command surfaces, 10. novel polymethacrylates with laterally attached azobenzene groups displaying photoinduced optical anisotropy. Macromolecular Rapid Communications, 16:35–41, 1995. [105] Haruhisa Akiyama, Masayuki Momose, Kunihiro Ichimura et Shigeo Yamamura : Surface-Selective modification of poly(vinyl alcohol) films with azobenzenes for In-Plane alignment photocontrol of nematic liquid crystals. Macromolecules, 28:288–293, 1995. [106] Kunihiro Ichimura, Yuko Hayashi, Haruhisa Akiyama, Tomiki Ikeda et Norio Ishizuki : Photo-optical liquid crystal cells driven by molecular rotors. Applied Physics Letters, 63:449, 1993. [107] Kunihioro Ichimura, Haruhisa Akiyama, Kazuaki Kudo, Norio Ishizuki et Shigeo Yamamura : Command surfaces 12 [1]. factors affecting in-plane photoregulation of liquid crystal alignment by surface azobenzenes on a silica substrate. Liquid Crystals, 20:423, 1996. 120 Bibliographie [108] Shao-Tang Sun, Wayne M. Gibbons et Paul J. Shannon : Alignment of guest–host liquid crystals with polarized laser light. Liquid Crystals, 12:869, 1992. [109] Christian Ruslim, Lachezar Komitov, Yoko Matsuzawa et Kunihiro Ichimura : Effect of conformations of trans- and Cis-Azobenzenes on photoinduced anchoring transitions in a nematic liquid crystal. Japanese Journal of Applied Physics, 39: L104–L106, 2000. [110] Michel Dumont et Ahmad El Osman : On spontaneous and photoinduced orientational mobility of dye molecules in polymers. Chemical Physics, 245:437 – 462, 1999. [111] Mitsumasa Iwamoto, Yutaka Majima, Haruhiko Naruse et Keiji Iriyama : Generation of maxwell displacement current from spread monolayers containing azobenzene. Journal of Applied Physics, 72:1631–1636, 1992. [112] Yutaka Majima, Yuichiro Kanai et Mitsumasa Iwamoto : Maxwell displacementcurrent generation due to trans-cis photoisomerization in monolayer langmuir– blodgett film. Journal of Applied Physics, 72:1637–1641, 1992. [113] Monika Schonhoff, Michael Mertesdorf et Mathias Losche : Mechanism of photoreorientation of azobenzene dyes in molecular films. The Journal of Physical Chemistry, 100:7558–7565, 1996. [114] Hidenari Akiyama, Tatsuo Kawara, Hirokazu Takada, Haruyoshi Takatsu, Vladimir Chigrinov, Elena Prudnikova, Vladimir Kozenkov et Hoi Kwok : Synthesis and properties of azo dye aligning layers for liquid crystal cells. Liquid Crystals, 29:1321, 2002. [115] H. Lackmann, J. Engelking et H. Menzel : Photoreorientation of non isomerizing diphenyldiacetylene chromophores in polyelectrolyte complex langmuirblodgett films. Materials Science and Engineering : C, 8-9:127 – 133, 1999. [116] S.P. Palto et G. Durand : Friction model of photo-induced reorientation of optical axis in photo-oriented Langmuir-Blodgett films. Journal de Physique II, 5:963–978, 1995. [117] Vladimir Chigrinov, Sergey Pikin, Andrey Verevochnikov, Vladimir Kozenkov, Maxim Khazimullin, Jacob Ho, Dan Ding Huang et Hoi-Sing Kwok : Diffusion model of photoaligning in azo-dye layers. Phys. Rev. E, 69:061713, 2004. [118] Vladimir Chigrinov, Hoi Sing Kwok, Hirokazu Takada et Haruyoshi Takatsu : Photo-aligning by azo-dyes : Physics and applications. Liquid Crystals Today, 14:1– 15, 2005. [119] P. L. Egerton, E. Pitts et A. Reiser : Photocycloaddition in solid poly(vinyl cinnamate). the photoreactive polymer matrix as an ensemble of chromophore sites. Macromolecules, 14:95–100, 1981. [120] L.M. Minsk : Light sensitive unsaturated esters of polyvinyl alcohol. US Patent 2725372 (Eastman Kodak), 1955. [121] Dominique Bosc, Philippe Grosso, Isabelle Hardy, Imane Assaïd, Thomas Batté, Séverine Haesaert et Bruno Vinouze : High refractive index contrast in a photosensitive polymer and waveguide photo-printing demonstration. Optics Communications, 235:281 – 284, 2004. [122] A. Dyadyusha, V. Kozenkov, T. Marusiy, Y. Reznikov, V. Reshetnyak et A. Khizhnyak : Light-induced planar alignment of nematic liquid crystal by 121 Bibliographie the anizotropic surface without mechanical texture. Ukrainian Journal of Physics, 36:1059–1061, July 1991. (in russian). [123] Martin Schadt, Klaus Schmitt, Vladimir Kozenkov et Vladimir Chigrinov : Surface-induced parallel alignment of liquid crystals by linearly polymerized photopolymers. Japanese Journal of Applied Physics, 31:2155–2164, 1992. [124] P.O. Jackson, R. Karapinar, M. O’Neill, P. Hindmarsh, G.J. Owen et S.M. Kelly : Alignment models for coumarin-containing polymers for liquid crystal displays. In Proceedings of SPIE, volume 3635, pages 38–47, 1999. [125] Peregrine Orr Jackson, Mary O’Neill, Warren Lee Duffy, Paul Hindmarsh, Stephen Malcom Kelly et Gareth James Owen : An investigation of the role of Cross-Linking and photodegradation of Side-Chain coumarin polymers in the photoalignment of liquid crystals. Chemistry of Materials, 13:694–703, 2001. [126] Martin Schadt, Hubert Seiberle et Andreas Schuster : Optical patterning of multi-domain liquid-crystal displays with wide viewing angles. Nature, 381:212–215, mai 1996. [127] Masaki Obi, Shin’ya Morino et Kunihiro Ichimura : Factors affecting photoalignment of liquid crystals induced by polymethacrylates with coumarin side chains. Chemistry of Materials, 11:656–664, mars 1999. [128] J.S. Chung, H.S. Kim et K.H. Chae : Preparation of photo-crosslinkable polymers having coumarin side groups and their properties. Korea Polymer Journal, 3:12–18, 1995. [129] Minoru Nagata et Yu Yamamoto : Photoreversible poly(ethylene glycol)s with pendent coumarin group and their hydrogels. Reactive and Functional Polymers, 68:915 – 921, 2008. [130] Chunki Kim, Anita Trajkovska, Jason U. Wallace et Shaw H. Chen : Quantitative analysis of photoalignment of liquid crystals on coumarin-containing polymer films. In Proceedings of SPIE, pages 633201–633201–9, 2006. [131] R.P. Herr, F. Herzog et A. Schuster : Cumarin and quinolinone derivatives for preparing liquid crystal orientation layers. Patent WO/1996/010049 (Hoffmann-La Roche AG), 1996. (en allemand). [132] R.P. Herr, F. Herzog et A. Schuster : Coumarin and quinolinone derivatives for the production of orienting layers for liquid crystals. US Patent 6201087 (Rolic AG), 2001. [133] M. Schadt, A. Schuster et H. Seiberle : Verfahren zur Erzeugung von Kippwinkeln in PPN-Schichten. European Patent Application EP0756193 (Rolic AG), 1997. [134] J. Funfschilling, M. Stadler et M. Schadt : Orientation layer for a liquid crystal material. Patent WO/2000/036463 (Rolic AG), 2000. [135] H. Seiberle, G. Marck et O. Muller : WO/2000/059966 (Rolic AG), 2000. Photoactive polymers. Patent [136] J. Funfschilling, M. Stadler et M. Schadt : Orientation layer for a liquid crystal material. US Patent 6597422 (Rolic AG), 2003. [137] Rolic Technologies : ROP-103 Technical Data Sheet, 2006. [138] Merck. Licrivue Reactive Mesogens, 2007. 122 Bibliographie [139] H. Seiberle, T. Bachels et C. Benecke : Volume photo-aligned retarder. Patent WO/2008/031243 (Rolic AG), 2008. [140] O. Yaroshchuk, V. Kyrychenko, Du Tao, V. Chigrinov, H. S. Kwok, H. Hasebe et H. Takatsu : Stabilization of liquid crystal photoaligning layers by reactive mesogens. Applied Physics Letters, 95:021902, 2009. [141] Martin Schadt, Hubert Seiberle, Andreas Schuster et Stephen M. Kelly : Photo-generation of linearly polymerized liquid crystal aligning layers comprising novel, integrated optically patterned retarders and color filters. Japanese Journal of Applied Physics, 34:3240–3249, 1995. [142] Martin Schadt, Hubert Seiberle, Andreas Schuster et Stephen M. Kelly : Photo-induced alignment and patterning of hybrid liquid crystalline polymer films on single substrates. Japanese Journal of Applied Physics, 34:L764–L767, 1995. [143] Hubert Seiberle, Carsten Benecke et Thomas Bachels : Photo-aligned anisotropic optical thin films. Journal of the Society for Information Display, pages 1162–1165, 2003. [144] J. Funfschilling, M. Ruetschi, M. Schadt et H. Seiberle : Optical component with plural orientation layers on the same substrate wherein the surfaces of the orientation layers have different patterns and direction. US Patent 5903330 (Rolic AG), 1999. [145] H. Seiberle et M. Schadt : Optical component, orientation layer, and layerable polymerisable mixture. Patent WO/1999/064924 (Rolic AG), 1999. [146] M. Schadt et H. Seiberle : Optical element comprising a structured retarder. European Patent Application EP1447689 (Rolic AG), 2004. [147] M. Schadt et H. Seiberle : Optical component, orientation layer, and layerable polymerisable mixture. US Patent Application 20060197068 (Rolic AG), 2006. [148] Richard Harding, Alison May, Simon Greenfield, Johan Lub, Ciska Doornkamp et Rene Wegh : Alignment layer with reactive mesogens for aligning liquid crystal molecules. United States Patent Application 20080160222 (Merck), 2008. [149] Rolic Technologies : ROF-5102 Technical Data Sheet, 2006. [150] Merck. Licrivue Reactive Mesogens, Merck RMS03-001C, 2007. [151] Leon B. Levy : Inhibition of acrylic acid polymerization by phenothiazine and p-methoxyphenol. II. Catalytic inhibition by phenothiazine. Journal of Polymer Science Part A : Polymer Chemistry, 30:569–576, 1992. [152] Rujun Li et F. Joseph Schork : Modeling of the inhibition mechanism of acrylic acid polymerization. Industrial & Engineering Chemistry Research, 45:3001–3008, 2006. [153] Jacques Cognard : Alignment of nematic liquid crystals and their mixtures. In Molecular crystals and liquid crystals, supplement series, pages 1–77, 1982. [154] Mark Verrall, Mark Goulding, Quentin Hodges et Ben Godden : Optical retardation film. United States Patent 6291035 (Merck), 2001. [155] Owain Parri, Ian Hassall et Tara Cutler : Monoreactive mesogenic compounds. United States Patent 6491990 (Merck), 2002. [156] Robert Harding, Matthew Francis, Louise Farrand et Kevin Adlem : Liquid crystal polymer film with improved stability. United States Patent 7524436 (Merck), 2009. Bibliographie 123 [157] Osamu Yamazaki, Hiroshi Hasebe et Kiyofumi Takeuchi : Polymerizable liquid crystal composition. European Patent Application EP1995296 (DIC), 2008. [158] Hiroshi Hasebe, Haruyoshi Takatsu et Kiyofumi Takeuchi : Polymerizable liquid crystal composition and optically anisotropic film comprising the same. United States Patent 5863457 (DIC), 1999. [159] David Armitage, Ian Underwood et Shin-Tson Wu : Introduction to Microdisplays. Wiley Series in Display Technology, 2006. [160] Kang-Hung Liu, Wei-Yang Chou, Chi-Chang Liao, Cheng-Ta Ho et Han-Ping D. Shieh : Microcell liquid crystal film for High-Contrast flexible display applications. Japanese Journal of Applied Physics, 45(No. 10A):7761–7765, 2006. [161] Jack Hsieh et Tanaka Sakae : Method of manufacturing a liquid crystal display panel. United States Patent 6867840 (Hannstar), 2005. [162] Noveon. Bulletin 3 : Nomenclature and Chemistry, January 2002. Noveon a été acheté par Lubrizol en 2004. [163] Lubrizol. Technical Data Sheet TDS-244 : Measurement and Understanding of Yield Value in Personal Care Formulations, January 2002. [164] H. N. Naé et W. W. Reichert : Rheological properties of lightly crosslinked carboxy copolymers in aqueous solutions. Rheologica Acta, 31(4):351–360, 1992. [165] Mamdouh T. Ghannam et M. Nabil Esmail : Rheological properties of carboxymethyl cellulose. Journal of Applied Polymer Science, 64(2):289–301, 1997. [166] Hercules. Aqualon, Sodium Carboxymethylcellulose, Physical and Chemical Properties, 1999. Hercules a été acheté par Ashland en 2009. [167] Hercules. Culminal, Methylcellulose, Methylhydroxyethylcellulose, Methylhydroxypropylcellulose, Physical and Chemical Properties, 1996. Hercules a été acheté par Ashland en 2009. [168] Degussa. Technical Bulletin, Fine Particles, Number 11, Basic Characteristics of AEROSIL Fumed Silica, 2006. Après une fusion-acquisition, Degussa est maintenant la branche chimie du groupe Evonik. [169] Jong-Hwan Park, Ho gyum Kim, Dong-Hee Han, Jeong-Cheol Lim, Dae-Hee Oh et Kyung-Eun Min : Rheological behavior of hydrophilic silica dispersion in polyethylene glycol. Journal of Applied Polymer Science, 103(4):2481–2486, 2007. [170] Srinivasa R. Raghavan, H. J. Walls et Saad A. Khan : Rheology of silica dispersions in organic liquids : new evidence for solvation forces dictated by hydrogen bonding. Langmuir, 16(21):7920–7930, 2000. [171] Qiu mei Wu, Jian ming Ruan, Bai yun Huang, Zhong cheng Zhou et Jian peng Zou : Rheological behavior of fumed silica suspension in polyethylene glycol. Journal of Central South University of Technology, 13(1):1–5, 2006. [172] Hercules. Aqualon, Ethylcellulose (EC), Physical and Chemical Properties, 2002. Hercules a été acheté par Ashland en 2009. [173] P. W. S. Heng, L. W. Chan et K. T. Chow : Development of novel nonaqueous ethylcellulose gel matrices : Rheological and mechanical characterization. Pharmaceutical Research, 22(4):676–684, 2005. [174] L. Chan, K. Chow et P. Heng : Investigation of wetting behavior of nonaqueous ethylcellulose gel matrices using dynamic contact angle. Pharmaceutical Research, 23(2):408–421, 2006. 124 Bibliographie [175] Keat Chow, Lai Chan et Paul Heng : Formulation of hydrophilic Non-Aqueous gel : Drug stability in different solvents and rheological behavior of gel matrices. Pharmaceutical Research, 25(1):207–217, 2008. [176] Paul S. Drzaic : Liquid crystal dispersions. World Scientific, 1995. [177] George W. Smith : Cure parameters and phase behavior of an Ultraviolet-Cured Polymer-Dispersed liquid crystal. Molecular Crystals and Liquid Crystals, 196:89, 1991. [178] J. B. Nephew, T. C. Nihei et S. A. Carter : Reaction-induced phase separation dynamics : A polymer in a liquid crystal solvent. Phys. Rev. Lett., 80(15):3276–3279, Apr 1998. [179] Karl Amundson, Alfons van Blaaderen et Pierre Wiltzius : Morphology and electro-optic properties of polymer-dispersed liquid-crystal films. Phys. Rev. E, 55(2):1646–1654, Feb 1997. [180] S. Matsumoto, K. Hirabayashi, S. Sakata et T. Hayashi : Tunable wavelength filter using nano-sized droplets of liquid crystal. Photonics Technology Letters, IEEE, 11(4):442 –444, apr 1999. [181] M. Born et E. Wolf : Principles of Optics. Cambridge University Press, 1999. [182] Jun Li, Greg Baird, Yi-Hsin Lin, Hongwen Ren et Shin-Tson Wu : Refractiveindex matching between liquid crystals and photopolymers. Journal of the Society for Information Display, 13(12):1017–1026, 2005. [183] A. Siegman : Lasers. University Science Books, 1986. [184] Hongwen Ren et Shin-Tson Wu : Inhomogeneous nanoscale polymer-dispersed liquid crystals with gradient refractive index. Applied Physics Letters, 81(19):3537– 3539, 2002. [185] Shin-Tson Wu et Deng-Ke Yang : Reflective Liquid Crystal Displays. Wiley, 1 édition, juillet 2001. [186] Smart Equipment Technology (SET). FC 150 Automated Device Bonder, 2009. www.set-sas.fr. [187] Jean-Michel Lamy : Émetteurs optiques à nanostructures quantiques rapportés sur substrat silicium. Thèse de doctorat, INSA de Rennes, 2008. [188] Christophe Levallois : Étude et réalisation de lasers à cavité verticale mono et multi-longueurs d’onde émettant à 1.55 µm. Thèse de doctorat, INSA de Rennes, 2006. [189] Techneglas Inc. GR-650F Material Safety Data Sheet, 2006. [190] Matthew Butts, James Cella, Christina Wood, Gregory Gillette, Rachid Kerboua, John Leman, Larry Lewis, Suresh Rajaraman, Slawomir Rubinsztajn, Florian Schattenmann, Judith Stein, Jeffrey Wengrovius et Denyce Wicht : Silicones. In Encyclopedia of Polymer Science and Technology, volume 11, pages 765–841. John Wiley & Sons, 2003. [191] David P. Lide, éditeur. CRC Handbook of Chemistry and Physics. CRC PRESS, 85 édition, 2000. [192] Dow Corning. Dow Corning 20 Release Coating, Production Information, 2001. Bibliographie 125 [193] S. A. MacDonald, R. D. Miller, C.G Willson, G. M. Feinberg, R. T. Gleason, R. M. Halverson, W. M.MacIntyre et W. T. Motsiff : Image reversal : The production of a negative image in a positive resist. In Kodak Microelectronics Seminar Interface ’82, 1982. [194] Jane M. Shaw, Jeffrey D. Gelorme, Nancy C. LaBianca, Will E. Conley et Steven J. Holmes : Negative photoresists for optical lithography. IBM J. Res. Dev., 41(1-2):81–94, 1997. [195] MicroChem. NANO PMGI Resists, 2001. [196] Rohm and Haas. Megaposit SPR220 Series Photoresist, 2004. [197] Dan Daly : Microlens Arrays. CRC Press, 1 édition, novembre 2000. [198] C.W. Jeon, E. Gu, C. Liu, J.M. Girkin et M.D. Dawson : Polymer microlens arrays applicable to AlInGaN ultraviolet micro-light-emitting diodes. Photonics Technology Letters, IEEE, 17(9):1887 –1889, sept. 2005. [199] Shin-Tson Wu : Absorption measurements of liquid crystals in the ultraviolet, visible, and infrared. Journal of Applied Physics, 84(8):4462–4465, 1998. [200] Shin-Tson Wu et Khoon-Cheng Lim : Absorption and scattering measurements of nematic liquid crystals. Appl. Opt., 26(9):1722–1727, 1987. [201] D. Langevin et M.-A. Bouchiat : ANISOTROPY OF THE TURBIDITY OF AN ORIENTED NEMATIC LIQUID CRYSTAL. Journal de Physique Colloques, 36(C1):C1–197–C1–202, 1975. [202] A. Yu. Val’Kov, L. A. Zubkov, A. P. Kovshik et V. P. Romanov : Selective scattering of polarized light by an oriented nematic liquid crystal. JETP Letters, 40:1064–1067, octobre 1984. [203] Myriam Le Gall, Laurent Dupont et Jean-Louis De Bougrenet De La Tocnaye : Liquid crystal confined single mode fibre based devices. Ferroelectrics, 246(1):227, 2000. [204] Bharat R. Acharya, C. K. Madsen, K. W. Baldwin, R. A. MacHarrie, J. A. Rogers, L. Möller, C. C. Huang et R. Pindak : In-line liquid-crystal microcell polarimeter for high-speed polarization analysis. Optics Letters, 28(13):1096–1098, 2003. [205] NEC SCHOTT Components Corporation. SCHOTT HermeS, 2009. http://www. schott.com/epackaging/english/auto/others/hermes.html. [206] Tecnisco. Glass wafer with conductive through filled metal VIA. http://www. tecnisco.co.jp/en/via/index.html. [207] Olivier Castany et Laurent Dupont : Liquid crystal micro-cells : collective fabrication of individual micro-cells. Journal of Micromechanics and Microengineering, 20(6):065019, 2010. [208] Patrick Davidson et Jean-Christophe P. Gabriel : Mineral liquid crystals. Current Opinion in Colloid & Interface Science, 9(6):377 – 383, 2005. [209] I. Dozov, E. Paineau, K. Antonova, C. Baravian, L. J. Michot, et P. Davidson : Giant electric field-induced orientational order in isotropic aqueous colloidal suspensions driven by electric double layer polarization. In ELKIN 2010, 9th International Conference on Electrokinetic Phenomena, 2010. 126 Bibliographie [210] Ha Q. Pham et Maurice J. Marks : Epoxy resins. In Encyclopedia of Polymer Science and Technology, volume 9, pages 23–122. John Wiley & Sons, 2004. [211] David W. Minsek et Eric L. Alemy : Epoxy photoresist composition with improved cracking resistance. United States Patent 6716568 (MicroChem), 2004. [212] Raymond W. Angelo, Jeffrey D. Gelorme, Joseph P. Kuczynski, William H. Lawrence, Socrates P. Pappas et Logan L. Simpson : Photocurable epoxy composition with sulfonium salt photoinitiator. United States Patent 5102772 (IBM), 1992. [213] MicroChem. SU-8 2000 Series Resist, Material Safety Data Sheet, Aug 2006. [214] MicroChem. SU-8 2000 Permanent Epoxy Negative Photoresist, Processing guidelines, 2008. [215] Nancy C. LaBianca et Jeffrey D. Gelorme : High-aspect-ratio resist for thickfilm applications. In Advances in Resist Technology and Processing XII, volume 2438, pages 846–852. SPIE, 1995. [216] Edited by F. Chollet : Su-8 : Thick photo-resist for mems. Site internet. http: //memscyclopedia.org/su8.html. [217] A. Ravve : Photosensitizers and photoinitiators. In Light-Associated Reactions of Synthetic Polymers, pages 23–122. Springer, 2006. [218] Louis J. Guerin : The su8 homepage. Site internet. http://www.geocities.com/ guerinlj. [219] Stephan Kirchmeyer, Knud Reuter et Jill Simpson : Poly(3,4-ethylenedioxythiophene), scientic importance, remarkable properties and applications. In T. Skotheim et J. Reynolds, éditeurs : Conjugated Polymers, Theory Synthesis Properties and Characterization. CRC Press, 2007. [220] L. Groenendaal, F. Jonas, D. Freitag, H. Pielartzik et J. R. Reynolds : Poly(3,4-ethylenedioxythiophene) and its derivatives : Past, present, and future. Advanced Materials, 12(7):481–494, 2000. [221] Tom Cloots, Johan Loccufier, Frank Louwet et Hieronymus Andriessen : Method for preparing a conductive polythiophene layer at low temperature. United States Patent 6333145 (Agfa-Gevaert), 2001. [222] H.C. Starck. Baytron P, Materials, Development, Solutions, 2006. H.C. Starck était une branche de Bayer, elle a été vendue en 2006 à un fonds d’investissements. [223] Tiejun Wang, Yingqun Qi, Jingkun Xu, Xiujie Hu et Ping Chen : Effect of addition of poly-(ethylene glycol) on electrical conductivity of poly(3,4ethylenedioxythiophene)-poly(styrenesulfonate) hybrid. Chinese Science Bulletin, 48(22):2444–2445, novembre 2003. [224] Jianyong Ouyang, Qianfei Xu, Chi-Wei Chu, Yang Yang, Gang Li et Joseph Shinar : On the mechanism of conductivity enhancement in poly(3,4ethylenedioxythiophene) :poly(styrene sulfonate) film through solvent treatment. Polymer, 45(25):8443 – 8450, 2004. [225] M. Angelopoulos : Conducting polymers in microelectronics. IBM J. Res. Dev., 45(1):57–75, 2001. [226] Alan G. MacDiarmid : "synthetic metals" : a novel role for organic polymers. Current Applied Physics, 1(4-5):269 – 279, 2001. Nobel Prize 200 Lecture. Bibliographie 127 [227] F. Roussel, R. Chan-Yu-King et J.-M. Buisine : Conducting polymers as driving electrodes for polymer-dispersed liquid-crystals display devices : On the electrooptical efficiency. Eur. Phys. J. E, 11(3):293–300, jul 2003. [228] E. Virtanen, J. Laakso, H. Ruohonen, K. Väkiparta, H. Järvinen, M. Jussila, P. Passiniemi et J.-E. Österholm : Electrically conductive compositions based on processible polyanilines – panipol. Synthetic Metals, 84(1-3):113 – 114, 1997. [229] Ferdinand Walther, Polina Davydovskaya, Stefan Zurcher, Michael Kaiser, Helmut Herberg, Alexander M. Gigler et Robert W. Stark : Stability of the hydrophilic behavior of oxygen plasma activated SU-8. Journal of Micromechanics and Microengineering, 17(3):524–531, 2007. [230] Leitz. Tilting compensator B, 2008. Technical manual. [231] Stephen Y. Chou, Peter R. Krauss et Preston J. Renstrom : Imprint of sub-25 nm vias and trenches in polymers. Applied Physics Letters, 67(21):3114–3116, 1995. [232] Stephen Y. Chou, Peter R. Krauss et Preston J. Renstrom : Nanoimprint lithography. J. Vac. Sci. Technol. B, 14(6):4129–4133, 1996. [233] Stephen Y. Chou : Fluid pressure imprint lithography. US Patent 6482742, 2002. [234] He Gao, Hua Tan, Wei Zhang, Keith Morton et Stephen Y. Chou : Air cushion press for excellent uniformity, high yield, and fast nanoimprint across a 100 mm field. Nano Letters, 6(11):2438–2441, novembre 2006. [235] Wei Wu, William M. Tong, Jonathan Bartman, Yufeng Chen, Robert Walmsley, Zhaoning Yu, Qiangfei Xia, Inkyu Park, Carl Picciotto, Jun Gao, ShihYuan Wang, Deborah Morecroft, Joel Yang, Karl K. Berggren et R. Stanley Williams : Sub-10 nm nanoimprint lithography by wafer bowing. Nano Letters, 8(11):3865–3869, novembre 2008. [236] SÜSS MicroTec : UV-NIL Imprinting of Sub-50nm Resolution. Site Internet. http://www.suss.com/applications/nano_imprint_lithography/uv-nil. [237] M.A. Verschuuren : Substrate conformal imprint lithography for nanophotonics. Thèse de doctorat, Utrecht University, 2010. [238] Ran Ji, Michael Hornung, Marc A. Verschuuren, Robert van de Laar, Jan van Eekelen, Ulrich Plachetka, Michael Moeller et Christian Moormann : UV enhanced substrate conformal imprint lithography (UV-SCIL) technique for photonic crystals patterning in LED manufacturing. Microelectronic Engineering, 87(5-8):963 – 967, 2010. [239] Gregory Philip Crawford : Flexible flat panel displays. John Wiley and Sons, 2005. [240] Myeon-Cheon Choi, Youngkyoo Kim et Chang-Sik Ha : Polymers for flexible displays : From material selection to device applications. Progress in Polymer Science, 33(6):581 – 630, 2008. [241] Ulrich Siemann : Solvent cast technology – a versatile tool for thin film production. In Scattering Methods and the Properties of Polymer Materials, pages 1–14. Springer-Verlag, 2005. [242] Yongtaek Hong, Zhiqi He, Nancy Lennhoff, David Banach et Jerzy Kanicki : Transparent flexible plastic substrates for organic light-emitting devices. Journal of Electronic Materials, 33(4):312–320, avril 2004. 128 Bibliographie [243] Jerzy Kanicki, Shu-Jen Lee, Yongtaek Hong et Chia-Chen Su : Optoelectronic properties of poly(fluorene) co-polymer light-emitting devices on a plastic substrate. Journal of the Society for Information Display, 13(12):993–1002, 2005. [244] Simone Angiolini et Mauro Avidano : P-27 : Polyarylate films for optical applications with improved uv-resistance. SID Symposium Digest of Technical Papers, 32(1):651–653, 2001. [245] Simone Angiolini, Mauro Avidano, Roberto Bracco, Carlo Barlocco, Nigel D. Young, Michael Trainor et Xiao-Mei Zhao : 47.1 : High performance plastic substrates for active matrix flexible fpd. SID Symposium Digest of Technical Papers, 34(1):1325–1327, 2003. [246] Simone Angiolini et Mauro Avidano : Optical films comprising one or more polyarylates obtained from specific phenolic molecules. European Patent EP1613985 (Ferrania Technologies), 2004. [247] Ferrania Technologies. AryLite, Technical Data Sheet, 2008. [248] Dow Corning. Sylgard 184 Silicone Elastomer, Product Information , 2007. [249] Iranthi M. Meththananda, Sandra Parker, Mangala P. Patel et Michael Braden : The relationship between Shore hardness of elastomeric dental materials and Young’s modulus. Dental Materials, 25(8):956–959, 2009. [250] F. Goelden, A. Gaebler, S. Mueller, A. Lapanik, W. Haase et R. Jakoby : Liquid-crystal varactors with fast switching times for microwave applications. Electronics Letters, 44(7):480–481, 27 2008. [251] Hiroshi Hasebe, Yasuhiro Kuwana, Hidetoshi Nakata, Kiyofumi Takeuchi et Haruyoshi Takatsu : High Quality Patterned Retarder for Transflective LCDs. DIC Technical Review, 14, 2008. [252] Hiroshi Hasebe, Yasuhiro Kuwana, Hidetoshi Nakata, Osamu Yamazaki, Kiyofumi Takeuchi et Haruyoshi Takatsu : UV-Curable Liquid Crystal for a Retarder. In Asia Optical Fiber Communication and Optoelectronic Exposition and Conference. Optical Society of America, 2008. [253] B.M.I. van der Zande, C. Doornkamp et A.A.J. op’t Hoog : Lithographic photopolymerisation of a mixture of diacrylates (RMM34). Philips Research Eindhoven, 2005. Technical Note PR-TR-2005/00037. [254] Bianca M. I. van der Zande, Jan Steenbakkers, Johan Lub, Christian M. Leewis et Dirk J. Broer : Mass transport phenomena during lithographic polymerization of nematic monomers monitored with interferometry. Journal of Applied Physics, 97(12):123519, 2005. [255] Shinji Hayashi, Tomoya Kawashima et Norihisa Moriya : Process for producing optical element. US Patent 7575786 (Dai Nippon Printing Co.), 2009. [256] D Bosc, A Maalouf, F Henrio et S Haesaert : Strengthened poly(methacrylate) materials for optical waveguides and integrated functions. Optical Materials, 30(10):1514–1520, 2008. [257] C2V : OlympIOs : design, simulation and mask layout platform. Site Internet. http://www.c2v.nl/products/software/olympios-software.shtml. [258] Merck. Licrivue Reactive Mesogens, Merck RMS03-013C, 2007. [259] Brewer Science : Lithography Enhancement, 365-nm (i-Line) Products. Site Internet. http://www.brewerscience.com/products/arc/365nm-products/. Bibliographie 129 [260] AZ Electronic Materials. AZ BARLi-II, Bottom Antireflective Coating. [261] SSCP. Technical data sheet, EFIRON Polymer Clad Series, PC-430, 2009. [262] Selee Chang, Daesung Lee et Junghyun Oh : UV-curable resin composition for cladding optical fiber. US Patent 7046904 (SSCP), 2006. [263] SSCP. Material Safety Data Sheet, EFIRON UVF, 2009. [264] Christopher Dunn, Simon Greenfield, Richard Harding, Ian Hassall, Alison May et Julian Vaughan-Spickers : Polymerizable liquid crystal material. European Patent EP1256617 (Merck), 2002.