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forgeant un « contre modèle » au polythéisme sédentaire du Proche-Orient ancien. Le premier siècle
de notre ère a marqué un tournant pour ce premier monothéisme : la destruction du Temple de
Jérusalem, les révoltes de Judée comme celles de diaspora fortement réprimées, ont entraîné un
éloignement de la scène politique, et le retour à l’étude et aux commentaires des textes sacrés. L’une
des branches nées de son sein s’affirme, en parallèle, et se développe en réaction par rapport à la
religion-mère et en milieu polythéiste. Dès lors, prenant racine dans le même terreau, s’affrontent et
se confrontent un judaïsme rabbinique qui produit le Talmud, vaste corpus de commentaires
bibliques, et un christianisme qui accède au pouvoir grâce à l’Empire romain, et qui se forge les
armes pour convaincre de la messianité de Jésus.
▪ LA BIBLE ET LA FORMATION DU JUDAÏSME (IIe MILLENAIRE AVANT NOTRE ERE / Ve SIECLE DE
NOTRE ERE)
Les origines du judaïsme
La Bible est le livre, ou l’ensemble de livres, fondateur de trois religions, celle du judaïsme, du
christianisme, et, dans une moindre mesure, de l’Islam. Si tous les récits bibliques n’ont pas la même
portée, certain sont les pierres de fondation des trois monothéismes. Il en est ainsi de la révélation du
dieu unique au premier des monothéistes, Abraham, à qui Dieu intima l’ordre de quitter son pays et
sa famille, « pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je
magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! » (Genèse, 12, 1-3). Mais l’acte fondateur du peuple juif
et de sa conscience ‘nationale’ est, après le cycle des Patriarches, sa sortie d’Egypte, à la suite de
des revers pharaoniques, puis l’adoption de lois fondamentales, morales et juridiques, les Dix
commandements, au pied du mont Sinaï. Le récit biblique, indique que, après quarante ans
d’errance dans le désert, c’est un peuple renouvelé qui entre en Canaan. A ce moment, les trois
critères d’une nation sont réunis : un peuple, une terre et une loi.
Si la plupart de ces événements restent obscurs pour l’historien et l’archéologue, faute de documents
extra bibliques, ils sont constitutifs d’une mémoire collective, véhiculée par d’ancestrales traditions
orales, augmentées de récits légendaires, d’un corpus idéologique et théologique, et de remodelages
successifs.
Les royaumes étendus de David et de Salomon, au tournant du premier millénaire avant notre ère,
qui ont été considérés comme un âge d’or du judaïsme dès l’Antiquité, se constituent grâce à une
situation géopolitique particulièrement favorable (Egypte et Empire hittite déclinants alors que
l’Assyrie n’a pas encore émergé). David fédère les douze tribus autour d’un centre politique, militaire,
économique et religieux, Jérusalem. Son fils Salomon y construit un temple, lieu de « résidence » et
d’invocation du dieu d’Israël, afin d’y conserver l’Arche d’alliance contenant les tables de la Loi. Le
dieu d’Israël semble désormais être souverain sur ses frontières, et faire cause commune avec son
peuple. Ces conditions ne durent pas, et les deux royaumes israélites, qui se scindent à la mort de
Salomon, sont emportés, celui du Nord en -722, celui du Sud en -586, entraînant la destruction du
Temple de Jérusalem.