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Résumé du rapport n° 2004027, présenté par Danièle JOURDAIN-MENNINGER et Hélène STROHL-
MAFFESOLI, membres de l’Inspection générale des affaires sociales
IGAS Enquête sur la prévention et la prise en charge février 2004
des adolescents et jeunes adultes souffrant de troubles psychiatriques
3 Les troubles psychiatriques des adolescents et jeunes adultes :
importance et spécificité.
La mission a souhaité établir dès le début de sa mission les contours de celle-ci : les
troubles psychiatriques font partie de ce que les psychiatres nomment les troubles
psychiatriques avérés et non pas de ce qu’on nomme un peu partout et dans tous les
contextes, souffrance psychique. Certes les formes que prennent les maladies mentales
modernes, voire même les nouvelles pathologies qui apparaissent ne sont pas
indépendantes du contexte socio-anthropologique dans lequel vivent les jeunes. Il faut
prendre garde néanmoins de ne pas confondre l’évolution sociologique d’un certain
nombre de comportements des jeunes, vers plus d’implication dans le présent, moins
d’importance accordée à la verbalisation par rapport à l’image, une moindre habitude de
la frustration et de l’attente, voire un comportement parfois excité ou agressif
verbalement (incivilités) et les troubles psychiatriques avérés.
Si le taux de prévalence des troubles psychiatriques, définis ainsi de manière restrictive,
n’en demeure pas moins important, l’INSERM estimant qu’un enfant ou adolescent sur
huit souffre ou souffrira d’une pathologie psychiatrique, le taux d’incidence, c’est à dire
le nombre de nouveaux cas chaque année, reste relativement faible, rapporté au nombre
total de jeunes que côtoie chaque intervenant de première ligne, médecin généraliste,
enseignant, travailleur social.
Les grandes catégories de troubles psychiatriques dont souffrent les jeunes sont les
troubles anxieux, les troubles du comportement alimentaire (1% des jeunes filles de 17
à 19 ans pour la boulimie, 0,2% des jeunes filles de 13 à 19 ans pour l’anorexie), les
troubles de l’humeur, dont certains, non dépistés, conduisent à des tentatives de suicides
(40% des adolescents déprimés feraient des tentatives de suicide d’après les études
américaines, un quart des personnes souffrant de troubles bipolaires non détectés
mourraient d’un suicide) ; la schizophrénie enfin, dont le pic d’incidence pour les
hommes se situe entre 16 et 19 ans, chez les femmes, quoique moins fréquente, entre 30
et 39 ans. Le taux d’incidence global de cette maladie est d’environ 0,13 pour mille,
dans une acception large de la pathologie.
La mission a enfin estimé, à la suite de nombreux intervenants, qu’il fallait rajouter à
ces catégories de la nosographie psychiatrique classique, celle des jeunes qu’on nomme
psychopathes, pour plusieurs raisons. En effet, leurs troubles de la conduite ne sont
contenus par aucune autre stratégie, que ce soit une thérapeutique psychiatrique, ou un
enfermement en prison, qui quand il est sans soin, ne fait qu’aggraver le tableau. De
plus, de nombreux psychiatres repèrent les tableaux de traumatismes psychiques très
précoces, à l’origine de ces pathologies. Enfin elles restent accessibles à des traitements
psychiatriques, notamment médicamenteux (antipsychotiques de dernière génération)
accompagnés de traitements psychothérapeutiques et de rééducations scolaires et
éducatives. Il faut noter que dans ces troubles de la conduite entrent d’une part les
violences contre soi ou autrui, les agressions sexuelles, mais aussi les délits très
répétitifs contre les biens, commis par des jeunes qui, comme le disait Ph. Jeammet à la
mission, souffrent d'une pathologie des limites.