(tests pharmacologiques, étude génétique…) sont
nécessaires pour identifier les facteurs susceptibles de
moduler l’arythmogénicité sous-jacente et de prédire
quels patients sont à risque de MS. Par ailleurs, ces
résultats ne sont pas extrapolables aux populations noires
et aux sportifs de haut niveau (plus de 10 heures de sport
intensif par semaine) peu représentés dans l’étude.
Problèmes soulevés en médecine
d’armée par la découverte d’une
repolarisation précoce.
La description d’une entité électro-cardiographique
aussi fréquente dans la population générale (5 % environ)
et associée à un sur risque de MS soulève de nombreuses
questions et pose de nouveaux problèmes, en particulier
en médecine d’armée. Nous sommes confrontés à une
population jeune, majoritairement masculine, et qui est
soumise à des contraintes spécifiques potentiellement
arythmogènes: exercice physique intensif, plongée sous-
marine, contraintes aéronautiques, ambiances
thermiques extrêmes, contraintes du combattant
(variations volémiques, électrolytiques, stress extrême,
dette de sommeil…), prophylaxie par les antipaludéens.
En prévention primaire.
Lors de l’incorporation ou lors des visites
systématiques, la découverte d’une repolarisation
précoce inférieure et/ou latérale chez un patient
asymptomatique est fréquente. L’interrogatoire
s’attache systématiquement à la recherche de palpi-
tations, de syncope ou de mort subite chez le patient
et dans sa famille. Dans l’immédiat, en l’absence
de tels antécédents, en l’absence de symptômes et
avec un examen cardiovasculaire normal, il semble
licite de ne pas pousser les explorations au-delà de
l’échocardiographie (pour écarter une cardiopathie
structurelle) et de ne pas prononcer de restriction
d’aptitude. Le suivi tel qu’il est proposé avec des
visites systématiques annuelles et la réalisation
d’un ECG (long de préférence à la recherche
d’extrasystoles ventriculaires) n’est pas remis en
cause. La recherche d’évènements familiaux (mort
subite, syncope, malaise) doit cependant être atten-
tivement renouvelée chaque année.
Quelle attitude adopter face au militaire destiné à
servir en ambiance extrême ? Les MS associées à la
repolarisation précoce inférieure ou latérale n’étaient
pas particulièrement liées à des situations extrêmes, ni
même à l’effort. Parallèlement, ce problème rejoint celui
de l’ECG du sportif de haut niveau bien souvent éloigné
de la normalité, en particulier pour la morphologie des
QRS et l’aspect de la repolarisation. Ces anomalies
conduisent à éliminer systématiquement une cardiopathie
sous-jacente (cardiopathie hypertrophique, cardiopathie
dilatée primitive, cardiopathie de surentraînement…).
Rien à ce jour ne permet de déterminer des restrictions
particulières chez un militaire asymptomatique sans
antécédent avec une repolarisation précoce. Il n’y a
pas de données non plus sur l’influence des variations
de la température corporelle. Signalons seulement la
ressemblance entre cet aspect de repolarisation précoce et
l’onde J d’Osborn rencontrée dans les hypothermies
sévères (17).
La quinidine semble diminuer l’aspect de repolarisation
précoce et semble éliminer les récidives d’arythmies chez
les patients avec une repolarisation précoce. Les
antipaludéens ont des effets sur la repolarisation
ventriculaire, en particulier l’halofantrine (5). L’usage
de la quinine, chloroquine et méfloquine ne devrait
pas faire l’objet de restriction dans le cadre d’une
repolarisation précoce. Il n’y a pas de médicaments
actuellement contre-indiqués en cas de repolarisation
précoce, contrairement à ce qui est proposé pour les
syndromes du QT long ou de Brugada.
En prévention secondaire.
Pour les survivants d’une mort subite cardiaque
par fibrillation ventriculaire, les recommandations
sont claires. En l’absence de cause réversible, la mise
en place d’un défibrillateur automatique implantable
est la règle (18).
Pour les patients ayant une syncope inexpliquée et une
repolarisation précoce inférieure et/ou latérale, la
situation est beaucoup plus complexe. La majorité des
syncopes de l’adulte jeune sans cardiopathie ou ECG en
faveur d’une canalopathie sont vaso-vagales mais, si de
nombreux arguments sont souvent évocateurs, le
diagnostic reste toujours présomptif. Néanmoins,
l’exploration de la syncope comprend la recherche
systématique d’une cardiopathie structurelle, et doit
s’attacher à tenter de reproduire le phénomène en
s’approchant des circonstances de survenue: effort, arrêt
brutal de l’effort, stress et hyperadrénergie (test à
l’isoprenaline), orthostatisme (tilt-test)… L’exploration
électrophysiologique ne semble pas indiquée puisqu’elle
est dépourvue de spécificité (5). La mise en place d’un
Reveal® (Holter miniature sous-cutané permettant
un enregistrement ECG pendant 15 à 20 mois) peut
être proposée après un bilan négatif : il peut permettre
un diagnostic (de trouble du rythme ventriculaire
ou autre…) mais ne sera d’aucun secours si une FV
survient. En l’absence d’explication à la syncope, il
semble également difficile de proposer d’emblée un
260 p.-l. massoure
Figure 2. ECG d’un patient avec une repolarisation précoce (flèches en DII,
DIII, VF) associée à une fibrillation ventriculaire. L’aspect de repolarisation
précoce se majore avant la survenue d’une fibrillation ventriculaire qui
démarre d’emblée après l’extrasystole ventriculaire initiatrice (étoile).