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Otman El Mernissi, Séminaire « Dire et vouloir dire dans les philosophies du langage
médiévale et contemporaine », UMR 8163 STL/Lille 3 (8 mars 2012).
composée l’intention de « al-insān ». Et l’on ne se penche pas, dans cet art, sur la composition
qui existe en fonction de ce qui est entendu, lorsqu’aucune de ses parties ne signifie une partie
de l’intention. Par exemple, lorsque par notre propos « ‘abd šams » c’est un surnom qui est
voulu, non pas « un adorateur du soleil » (‘abd li al-šams). Cette [expression] et celles qui lui
sont semblables ne sont pas comptées parmi les expressions composées, mais parmi les
singulières. Et ce que l’on trouve, dans l’enseignement ancien, quant à la description des
expressions singulières, c’est qu’elles sont celles dont les parties ne signifient pas quelque
chose. Et une partie des gens de la spéculation ont méprisé cette description en affirmant qu’il
faut lui ajouter : [les expressions singulières] sont celles dont les parties ne signifient pas
quelque chose de l’intention totale, puisque les parties des expressions singulières peuvent
signifier des intentions, cependant celles-ci ne sont pas des parties des intentions de
l’ensemble. Mais je considère, pour ma part, que ce mépris est une négligence, et qu’il n’est
pas besoin de cet ajout en vue de la complétude [de la description] mais en vue de la rendre
plus compréhensible. En effet, l’expression ne signifie pas du tout par elle-même – sans cela,
toute expression aurait une part de l’intention qu’elle n’excèderait pas – ; au contraire, elle ne
signifie que par la volonté du locuteur. En effet, de même que le locuteur peut énoncer
[l’expression] de sorte qu’elle signifie une intention – comme « al-‘ayn » [qui signifie] la
source d’eau, de sorte que celle-ci soit sa signification – puis l’énoncer de sorte qu’elle
signifie une autre intention – comme « al-‘ayn » [qui signifie] le dinar, de sorte que celui-ci
soit sa signification – , de même lorsque [le locuteur] vide [l’expression], lors de son
énonciation, de la signification, elle demeure non signifiante et, pour de nombreuses
personnes parmi les gens de la spéculation, elle n’est plus [alors] (26) une expression. En
effet, la lettre et la voix, à ce que je pense, ne sont pas, suivant l’usage conventionnel chez de
nombreux logiciens, des expressions ni ne comportent une signification. Et dès lors qu’il en
est ainsi, celui qui prononce une expression singulière ne veut pas signifier par une partie de
celle-ci une partie de l’intention totale et il ne veut pas non plus signifier par une partie de
[cette expression] une autre intention qui est susceptible d’être signifiée par [cette partie].
VIII – Chapitre sur la division de l’expression universelle en ses cinq divisions.
(42) Tu sais que l’animalité toute seule ne signifie pas la quiddité de l’homme ni celle
du cheval : en effet, ce n’est pas par elle seulement que chacun des deux est ce qu’il est, et
[chacun] ne s’en distingue pas seulement par les choses accidentelles, mais [surtout] par les
différences essentielles ; quant à ce que ces quiddités ont en commun, l’expression « animal »
le signifie. Quant à [l’expression] « sensible », elle désigne une partie de l’ensemble de ce
qu’englobe la signification de l’expression « animal » (…) – de même, « rationnel »
relativement à « homme ». Cependant, quelqu’un peut dire qu’il n’y a de signification d’
« animal » qu’accompagnée d’une signification semblable de « sensible » et que de même que
l’animal n’est qu’un corps doué d’une âme, de même le sensible n’est qu’un corps doué d’une
âme. Nous disons, pour lui répondre : « Notre propos « L’expression signifie une intention »
n’est pas conforme à la manière avec laquelle tu l’as compris ». J’entends que si l’expression
signifie, il faut absolument qu’existe cette intention. En effet, tu sais que l’expression