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OSAKA
n’établissent pas de lien avec le stade ou le
grade [14, 22]. L’ensemble des séries confirme que la
survie des patients chez qui l’on découvre une tumeur
de façon fortuite est significativement meilleure que
celle des patients chez qui la tumeur est symptoma-
tique. Les survies à 5 ans des tumeurs fortuites oscillent
entre 85 et 90% contre 30 à 60% pour les tumeurs
symptomatiques [21, 23]. Notre série confirme ces don-
nées en tous points puisque nos 143 tumeurs inciden-
tales sont significativement différentes des 156 tumeurs
symptomatiques concernant le stade, de grade, la taille,
l’envahissement surrénalien, ganglionnaire, métasta-
tique et la survie globale et spécifique (p<0.001).
Notre travail cependant apporte des renseignement sup-
plémentaires par rapport aux séries précédemment
citées. En effet nous avons pu montrer que les tumeurs
symptomatiques étaient aussi significativement diff é-
rentes des tumeurs accompagnées d’altération de l’état
général pour le stade, le grade, l’extension lymphonoda-
le, surrénalienne et la survie. Enfin pour tous ces critères
les tumeurs avec altération de l’état général n’étaient pas
significativement différentes des tumeurs avec méta-
stases symptomatiques inaugurales. Ceci nous a permis
de définir une nouvelle classification clinique à visée
pronostique en fonction des circonstances de découverte
de la tumeur et distribuée en trois grades symptoma-
t i q u e s .
La valeur pronostique du retentissement général a déjà
été étudiée amplement dans le cancer du rein. De nom-
breuses études on validé la score de Karnolfski comme
un facteur pronostic dans le traitement du cancer du
rein métastatique [15]. En revanche l’importance de
l’état général dans le cancer du rein localisé a pour
l’instant été peu étudiée. TSUI a cependant pu montrer
que l’”ECOG performance status score” (Eastern
Cooperative Oncology Group) pouvait être un facteur
pronostique indépendant du stade et du grade [24].
Dans les articles faisant appel à ce score, comme dans
notre étude, l’ECOG est utilisé en opposant le grade 0
aux grades 1 ou plus. Ceci revient ainsi à considérer les
tumeurs symptomatiques ou non et rend en fait impar-
faitement compte de l’éventuelle valeur pronostique
spécifique de l’altération générale due à la tumeur.
Dans notre étude nous avons en effet pu montrer que
quelque soit le stade ou le grade une tumeur sympto-
matique avait un pronostique différent suivant qu’elle
était accompagnée ou non d’altération de l’état général
et l’intérêt de notre score est d’intégrer à la fois la
valeur pronostique de la découverte fortuite et la valeur
péjorative de l’altération de l’état général. C’est aussi
probablement la raison pour laquelle ce score efface la
valeur pronostique de l’ECOG en analyse multivariée.
Les localisations métastatiques qui révèlent les cancers
du rein sont essentiellement osseuses ou cérébrales. En
ce qui concerne les métastases osseuses, il semblerait
qu’il puisse exister une différence pronostique entre les
métastases inaugurales et les métastases asynchrones ;
par ailleurs en cas de métastase unique la chirurgie peut
donner des survies appréciables [4]. En ce qui concer-
ne les métastases cérébrales WRONSKI ne trouve pas de
différence de survie entre les métastases cérébrales
synchrones et asynchrones [25] et le pronostic semble
plus sombre ; la survie à 5 ans étant de 0 à 2,3% [8, 9].
Que signifie la valeur pronostique indépendante des
symptômes par rapport au stade et au grade ? Cette
question ouvre la voie à la très intéressante question
des événements biologiques qui conduisent à la pro-
gression tumorale. En effet le lien entre la graduation
des symptômes et la survie indépendamment du stade
et du grade traduit l’existence d’évènements biolo-
giques au sein de la tumeur dont la réalité est imparfai-
tement rendue par les critères histologiques usuels que
sont le stade et le grade. Cette caractérisation biolo-
gique en fonction des circonstance de découverte est
actuellement à l’étude dans notre groupe. De plus un
score pronostique indépendant du stade et du grade
signifie un nouvel outil pronostique qui apporte des
informations supplémentaires par rapport aux critères
usuels. Ce score mériterait d’être évalué par d’autres
centres et éventuellement validé sur des bases de don-
nées multicentriques. Enfin il pourrait être intégré dans
des modèles mathématiques, qui de plus en plus sont
développés pour prédire la progression et le décès par
cancer [11, 26-28].
CONCLUSION
Notre étude confirme la valeur pronostique indépen-
dante de deux variables cliniques essentielles dans le
cancer du rein: les symptômes et le retentissement
général de la maladie. Nous avons pu en effet montrer
qu’un simple score symptomatique, divisé en trois
grades, intégrant ces deux variables pouvait apporter
des renseignements complémentaires au stade et au
grade pour prédire la survie. Ce score devra être vali-
dé par des études multicentriques et pourrait être inté-
gré dans des algorithmes mathématiques prédisant la
survie des patients atteints de cancer du rein.
REFERENCES
1. BRETHEAU D., LECHEVALLIER E., EGHAZARIAN C., GRISO-
NI V., COULANGE C. : Prognostic significance of incidental renal
cell carcinoma. Eur. Urol., 1995, 27, 319-323.
2. COULANGE C., RAMBEAUD J. : Les tumeurs du rein de l'adulte.
Epidémiologie. Prog. Urol., 1997, 7, 755-762.
3. COULANGE C., RAMBEAUD J. : Les tumeurs du rein de l'adulte.
Histoire naturelle. Prog. Urol., 1997, 7, 763-765.
4. DURR H.R., MAIER M., PFAHLER M., BAUR A., REFIOR H.J. :
Surgical treatment of osseous metastases in patients with renal cell
carcinoma. Clin. Orthop., 1999, 283-290.
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J.J. Patard et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 23-28