L'OCDE a été la première à lancer ce message à la mi-février. Face à la dégradation
des perspectives de l'économie mondiale, elle a appelé les pays développées, tout
particulièrement l'Europe, à relancer la demande en augmentant la dépense
publique.
"Les Etats peuvent actuellement emprunter à long terme à des taux d'intérêt très
bas", souligne l'organisation, constatant que de nombreux pays ont aujourd'hui de la
marge pour renforcer la demande à travers la politique budgétaire", a assuré
Catherine Mann, la chef économiste de l'organisation internationale.
"La politique budgétaire est aujourd'hui restrictive dans la plupart des grandes
économies", a-t-elle regretté, jugeant que la politique d'austérité appliquée dans la
zone euro depuis le début de la crise avait atteint ses limites et que les pays avec des
excédents devaient maintenant soutenir la demande.
Emprunter à bas prix
Sur la même ligne, l'économiste de l'Observatoire français des conjonctures
économiques (OFCE) Paul Hubert plaide pour "une politique économique plus
pertinente" qui "consisterait à utiliser la politique budgétaire" pour soutenir la
demande et donner ainsi plus d'effets aux mesures de la BCE.
"D'autant plus que les conditions de financement des Etats sont à des niveaux
historiquement faibles", rappelle-t-il, donnant l'exemple de la France qui "gagne en
2016 de l'argent à s'endetter à moins de 4 ans".
Le gouvernement français, dont le déficit budgétaire dépasse les 3% du pacte de
responsabilité, ne s'est pas vraiment senti concerné par l'appel de l'OCDE, comme l'a
indiqué une source de Bercy, et pointe du doigt l'Allemagne, dont les excédents ne
respectent pas non plus les critères de Maastricht.
Le ministre français des Finances, Michel Sapin, l'a d'ailleurs rappelé jeudi. "Tout le
monde (dans la zone euro) est déséquilibré et tout le monde a des efforts à faire", a-t-
il expliqué lors d'une conférence de presse, soulignant que l'Allemagne avait
également "des efforts à faire parce que son commerce extérieur est trop favorable,
donc déséquilibré".
"Il faudrait un petit plus de relance. C'est le moment", convient M. Subran. L'Europe
a certes lancé le Plan Juncker pour relancer l'investissement en Europe, mais "sa
mise en oeuvre est décevante", regrette le chef économiste d'Euler Hermes, qui
attendait plus de ce projet.
Pour Olivier Garnier, chef économiste de la Société générale, la situation a déjà
commencé à changer au sein de la zone euro. "La politique budgétaire n'est plus