LIVRABLE 4 Diagnostic en égalité entre les sexes et stratégie d’intégration des capacités féminines au développement des filières horticoles d’exportation De nombreuses recherches démontrent que les inégalités entre les genres limitent la croissance et la lutte à la pauvreté. Il y a maintenant un large consensus autour du fait que l’égalité entre les sexes est non seulement un objectif de développement en soi mais également un moyen essentiel de lutte à la pauvreté. Encore aujourd’hui, aucun pays qui entreprend un processus d’ouverture économique ne le fait en partant d’une situation d’égalité entre les genres. Le plus souvent, les différences entre les genres sont ignorées, les indicateurs économiques et les données statistiques sont rarement désagrégés par sexe. Si les femmes sont invisibles dans les analyses et sont exclues des processus d’élaboration des politiques, elles risquent d’être également exclues d’une façon disproportionnée des avantages de l’ouverture économique. Contexte au Sénégal Les femmes sénégalaises jouent un rôle particulièrement important en agriculture. Comme dans les autres pays en développement, une grande partie des emplois créés dans les filières horticoles sénégalaises, tant au niveau de la production que du conditionnement, font intervenir une importante main d’œuvre féminine. De plus, les filières maraîchères sont souvent le lot des femmes dans les ménages ruraux et contribuent à la couverture des dépenses de la famille, notamment pour la santé et l’éducation des enfants. Quatre dimensions de la problématique sont présentées: La division sexuelle du travail et l’accès et contrôle sur les ressources et bénéfices La rémunération, des conditions d’emploi et des bénéfices et opportunités d’avancement Les institutions et les lois qui régissent l’environnement Les normes et pratiques culturelles et sociales Le diagnostic de la filière horticole et de la place des femmes au Sénégal fait ressortir entre autres les aspects suivants: Les femmes jouent un rôle important dans la production agricole au niveau des exploitations familiales et comme productrices individuelles. Projet # 43571 Copyright Geomar International 31/05/2005 Ces dernières sont moins nombreuses que les hommes, leur capacité de production moins grande, car elles doivent faire face à des obstacles spécifiques qui ne leur donnent pas les mêmes avantages et possibilités sur le marché. Elles sont très présentes dans la commercialisation et dans la transformation, à petite échelle et de manière artisanale. De nombreux emplois rémunérés se créent dans la filière horticole et les femmes y sont majoritaires comme main d’œuvre. Leurs conditions d’emploi, comme pour l’ensemble des journaliers sont souvent précaires, mal rémunérées, et elles se retrouvent dans les emplois au bas de l’échelle. Leur « avantage comparatif » qui leur offre opportunités d’emploi et revenus s’appuie sur un système de discrimination systémique qui les affecte et les maintient en situation « désavantageuse ». Elles subissent la persistance de normes et de règles sociales qui limitent leur accès et leur contrôle sur les ressources (facteurs de production, formations techniques et autres), qui restreignent leur capacité de s’investir et de performer dans la production horticole (concurrence entre le travail productif et reproductif) et entravent leur capacité de progresser dans les emplois. Des pratiques de travail décent se développent peu à peu, grâce notamment à EUREPGAP, qui ouvre la voie à des alternatives. L’absence de promotion de modèles de femmes productrices ne permet pas aux jeunes filles d’envisager un avenir dans le secteur agricole et au milieu dans son ensemble de les accueillir. Le manque de données statistiques désagrégées par sexe ne permet pas d’avoir un portrait précis de la situation de l’emploi dans la filière horticole et entrave le développement de programmes appropriés. Le manque de concertation entre les différents acteurs ne favorise pas le développement de politiques et programmes cohérents. Recommandations Il est recommandé que la stratégie s’articule autour de trois principes fondamentaux qui guideront les choix opérationnels du PDMAS afin de permettre une meilleure intégration des enjeux en matière d’égalité entre les hommes et les femmes : L’inclusion : toutes et tous doivent profiter des retombées du développement; L’équité : toutes et tous doivent profiter équitablement de ces retombées; La participation : toutes et tous doivent avoir accès aux informations nécessaires et doivent pouvoir participer aux processus de décisions qui affectent leur vie. Projet # 43571 Copyright Geomar International 31/05/2005 De manière opérationnelle, ces principes pourront se traduire de la façon suivante : La stratégie en égalité entre les hommes et les femmes s’inscrit dans le cadre de la stratégie globale du PDMAS. Elle sera transversale à toutes les étapes planification, mise en œuvre et budgétisation, suivi-évaluation - et sera articulée autour de chacune des composantes du programme. Des mesures spécifiques facilitant l’inclusion, l’équité et la participation des femmes seront mises en œuvre selon les besoins. Des résultats et des indicateurs en matière d’égalité entre les hommes et les femmes seront identifiés de manière explicite pour chacune des composantes du programme. L’atteinte des résultats en matière d’égalité entre les hommes et les femmes sera le fruit d’une responsabilité partagée entre les partenaires et l’équipe du programme et sera reflétée dans les ententes de collaboration et sous-contrats avec les partenaires et dans les objectifs du personnel du programme. Du support technique en matière d’égalité entre les genres sera prévu afin d’apporter un appui conseil à l’équipe du programme et aux partenaires à toutes les étapes de développement du PDMAS. Les axes stratégiques Les femmes jouent un rôle prépondérant dans les filières horticoles. Les stratégies mises en œuvre par le programme devront donc mener en priorité à l’accroissement de leurs revenus, à leur participation effective à la gestion stratégique de ces filières et à l’accès à des emplois de qualité. Dans toutes les approches et activités du PDMAS, il est recommandé de prendre en compte les axes stratégiques suivants: Appui au positionnement des femmes dans les secteurs où elles ont déjà une valeur ajoutée, et au sein des regroupements de producteurs mixtes; Renforcement des capacités et professionnalisation des producteurs et productrices ainsi que des regroupements de producteurs et productrices; Promotion de pratiques d’emplois de qualité, sensibilisation des entreprises (PME et grandes entreprises) aux mesures de soutien des capacités féminines au Projet # 43571 Copyright Geomar International 31/05/2005 sein de leur milieu de travail et rayonnement des finissants et finissantes des Centres de formation; Appui au dialogue et à la concertation des acteurs réunissant les différents acteurs (publics, privés, société civile, incluant les syndicats et les représentations paysannes) pour développer une vison commune et une action concertée en matière d’égalité entre les sexes. Projet # 43571 Copyright Geomar International 31/05/2005