Note contextuelle sur la filière horticole
réalisée par le Centre Technique Horticole d’Antananarivo (CTHA)
Introduction
La définition de l’horticulture est encore ambigà Madagascar. A titre d’exemple, la pomme de terre ou les
légumes secs constituent des filières indépendantes en Europe mais sont intégrées dans le secteur horticole à
Madagascar. Au niveau international, l’horticulture comprend les légumes, les fruits, les plantes ornementales
ainsi que les plantes aromatiques.
Il est souvent difficile d’apprécier la place de l’horticulture dans l’agriculture malgache pour diverses autres
raisons telles que l’inexistence de statistiques fiables. Pourtant, Madagascar peut exporter sur le marché
international des produits horticoles diversifiés, à condition toutefois d’améliorer leur qualité, de produire des
volumes plus importants et réguliers et de travailler sérieusement sur le respect des normes internationales.
Les acteurs de la filière
Les acteurs de la filière sont nombreux et diversifiés.
Les professionnels sont constitués de producteurs individuels ou regroupés, de transformateurs, de
distributeurs et d’exportateurs. Les acheteurs (importateurs, exportateurs ou transformateurs) participent
souvent aux investissements nécessaires à la production, notamment par le biais de la fourniture d’intrants
aux producteurs.
Des services nationaux ou internationaux interviennent pour l’approvisionnement en intrants, la formation,
les crédits et les microcrédits, la certification, les analyses de référence diverses, le conditionnement, le
marketing, les transits, le transport.
Les structures d’appui et de contrôle peuvent être publiques ou privées. Des ONG ou associations ou
entreprises privées interviennent dans l’encadrement technique, les contrôles relèvent des attributions des
services techniques de l’Etat mais les autocontrôles se développent de plus en plus.
Des programmes de développement menés dans le cadre de coopération bilatérale ou multilatérale
participent à l’encadrement technique, au financement de certaines activités d’appui ou de recherche
appliquée ainsi qu’à la promotion des produits horticoles.
Le besoin de structuration demeure. Les rôles de chaque intervenant sont méconnus et se superposent donc
quelquefois. Les missions des services de l’Etat ne sont pas ainsi toujours très visibles par les acteurs des filières
horticoles. Dans ce cadre, deux interprofessions, à savoir le Centre Technique Horticole de Tamatave (CTHT) et
le Centre Technique Horticole d’Antananarivo (CTHA) ont été créées dans le cadre de la coopération franco-
malgache en 2000 et 2002 pour contribuer au développement des produits horticoles (fruits, légumes et plantes
ornementales) tropicaux et tempérés. Elles constituent une plate-forme intéressante car elles regroupent les
différents acteurs de la filière depuis la production jusqu’à la commercialisation en passant par la transformation.
Ces structures facilitent le dialogue entre les acteurs pour promouvoir la filière sur les plans techniques et
commerciaux.
L’exportation des produits horticoles malgaches
Les fruits et légumes exportés sont peu nombreux. Il s’agit essentiellement de :
produits très périssables transportés par avion vers l’Europe : Haricot vert, Pois mange-tout, Piment, Melon,
produits stockables transportés par bateau :
vers les îles de l’Océan Indien: Légumes secs, Oignon, Ail, Pomme de terre, Piment,
vers l’Europe : Litchi, Poivre, Girofle.
produits transformés finis (ex : conserves de haricots verts ou conserves de poivre vert à destination de
l’Europe) ou semi-finis (exemples : purée de fruits à destination des îles de l’Océan Indien).
La transformation des fruits et légumes
Les formes de transformation des fruits et légumes les plus développées à Madagascar sont la mise en boîte de
légumes cuits, la fabrication de confiture et de jus de fruits. Dans le domaine de la transformation
agroalimentaire, la construction d’une halle technologique est prévue sur la côte Est Tamatave) mais il n’en
existe pas encore sur les Hautes Terres. Toutefois, un grand nombre de fruits et légumes tempérés peuvent être
transformés dans cette région pour l’alimentation de la population de Madagascar mais aussi pour l’exportation
de produits finis ou semi-finis. Par ailleurs, la majorité des unités de transformation ne fonctionnent pas à 100 %
de leur capacité.
Analyse SWOT de la filière
Forces
Faiblesses
Diversité de la gamme des produits horticoles
malgaches
Bonne qualité gustative
Possibilité de certification biologique pour certaines
filières
Coût de production compétitif pour plusieurs filières
Existence de nombreuses structures d’encadrement des
paysans
Filière insuffisamment structurée
Manque d’informations sur le secteur (productions,
marchés, statistiques ...)
Petite taille des exploitations défavorable à la
mécanisation
Insécurité rurale et foncière
Une image pas toujours positive de la provenance
« Madagascar » (manque de régularité des livraisons en
quantité et qualité)
Mauvais aspect extérieur et calibre insuffisant de
certains produits préjudiciables à l’exportation
Accès difficile au financement pour tous les acteurs de
la filière (Taux élevé des intérêts des prêts bancaires)
Mauvais état de certaines routes
Insuffisance des services de proximité (informations
technico-économiques, fourniture d’intrants,
encadrement et formation)
Nécessité d’importer des semences de qualité taxées
pour une production destinée à l’exportation
Opportunités
Menaces
Climats et zones favorables à la diversification et à la
production d’espèces de contre-saison
Début de l’ouverture des marchés régionaux (COI,
COMESA)
Population jeune généralement ouverte aux
améliorations techniques et organisationnelles
Surfaces cultivables et eau d’irrigation disponibles
Volonté gouvernementale pour la construction et la
réhabilitation des infrastructures routières rurales et des
routes nationales
Politique horticole du MAEP non connue par les acteurs
de la filière (cf. lettre de politique)
Fret aérien élevé et insuffisant pour l’exportation des
produits frais
Problème de transport local
Faible utilisation des technologies post-récolte et le
transport (dont les matériels de nettoyage et calibrage et
les véhicules de transport frigorifiés)
Emballage et conditionnement inadaptés
Concurrence régionale
Niveau de formation insuffisante en milieu rural
Législation foncière complexe
Synergie encore insuffisante entre les bailleurs
Quelques pistes d’amélioration
Le développement de l’horticulture malgache est conditionné par plusieurs facteurs dont :
- la mise en place d’une politique nationale sur l’horticulture
- l’investissement dans les infrastructures et les matériels adéquats pour la production et pour les opérations
post-récolte
- l’amélioration des systèmes d’informations sur les marchés (normes, quantités, prix …)
- le renforcement des activités d’appui à la production et à la commercialisation (notamment grâce aux
services de proximité)
Le rôle de l’Etat est à clarifier pour mieux mettre en œuvre le partenariat public privé dans le développement de
filières horticoles.
En terme d’investissement, il faut distinguer les domaines qui peuvent faire l’objet d’investissement privé (par
les producteurs ou les exportateurs) et ceux qui nécessitent un investissement public (exemple : chambre froide
collective au point de chargement). L’accès au financement est une condition nécessaire pour favoriser
l’augmentation de la production horticole.
Dans le cadre du développement des filières horticoles, il est parfois nécessaire de renforcer, en plus du
partenariat public-privé, des collaborations régionales et internationales pour inciter notamment les
investissements étrangers (cf. cas de la culture de fleurs au Kenya)
Pour le marché local, la complémentarité entre les régions productrices et non productrices peut être une source
non négligeable de débouchés pour les produits horticoles non exportables.
Pour la transformation, certaines activités relatives au développement de l’industrie pourront seulement être
réalisées après avoir effectué une analyse précise des chaînes d’approvisionnement, de la capacité des industries
(quantité, ressources humaines, recherche …) et de l’opportunité de mettre en place une halle technologique au
sein de l’Agrotechnopole d’Antsirabe. Une telle installation de recherche-développement permettrait de valoriser
la production ne pouvant pas être vendue en frais, tester de nouvelles techniques et de nouveaux matériels de
transformation pour les produits classiques (exemples : confiture, jus …) et mettre au point de nouveaux
produits (exemples : premix à exporter, surgelés, 4ème gamme …), et enfin augmenter les performances des
process de transformation actuels en respectant les normes sanitaires et qualitatives nationales et internationales.
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