Reconstitution géologique du lac Saint-Pierre et de ses ancêtres à l’Holocène
Lise Lamarche
INRS Eau, Terre et Environnement, Québec
INTRODUCTION
Le fleuve Saint-Laurent, cette voie de navigation naturelle, est un milieu de vie important
pour près du deux tiers de la population québécoise qui vit à proximité. Par ailleurs, il a permis le
développement urbain et industriel au cœur du continent nord américain. Le lac Saint-Pierre, cet
élargissement naturel du fleuve entre Sorel et Trois-Rivières, comprend plus de la moitié des milieux
humides du Saint-Laurent (figures 1 et 2). Il représente un écosystème unique et protégé. De
faible profondeur, ce lac constitue un environnement propice à la croissance d’herbacés et il est
l’hôte de plusieurs espèces menacées. Ainsi, une modification infime du niveau de base du fleuve
aurait des impacts dévastateurs sur cet écosystème (Robichaud et Drolet, 1998).
Les modèles climatiques prévoient une diminution variant entre 0,5 m et 1 m du niveau d’eau
du système Grands Lacs/Saint-Laurent, ce qui entraînerait des modifications importantes de la
dynamique du fleuve (IPCC, 2001 ; Robichaud et Drolet, 1998). Dans le secteur du lac Saint-Pierre,
on prévoit qu’une grande superficie des milieux humides serait perdue, affectant de façon
significative les écosystèmes riverains. Dans un passé récent, des indices géomorphologiques
indiquent une baisse relative des niveaux marins dans le golfe du Saint-Laurent (Dionne, 2000). Il
existe donc une forte probabilité que les conditions hydriques du tronçon fluvial du Saint-Laurent
aient été différentes à l’actuel. Ainsi, la reconstitution des milieux physiques au Nord du lac Saint-
Pierre est susceptible de constituer une référence en ce qui concerne l’étude de l’évolution de la
dynamique fluviale face à une baisse éventuelle des niveaux de base. En effet, un grand nombre de
phénomènes géomorphologiques récents y est enregistré.
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