pour les préserver de toute perte ou altération, puisque ce qui empêchait de le faire n’existait plus, et
que l’intérêt des musulmans exigeait leur collecte et leur transcription.
Il envoya alors des messages à ses gouverneurs et fonctionnaires, leur ordonnant de le faire. Il envoya
un message à Abû Bakr ibn Hazm, son gouverneur et grand juge de Médine et lui dit : « Examine les
hadiths du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) et transcris-les, car je crains la disparition de la
science et des savants. » Il lui demanda également de transcrire ce que ‘Amra bint 'Abd al-Rahmân
al-Ansariyya avait mémorisé, ainsi qu’al-Qasim ibn Muhammad ibn Abî Bakr. De même, il envoya des
messages aux savants musulmans dans les différents pays, parmi lesquels, le célèbre érudit des régions
du Hidjâz et du Cham décédé en l’an 124H, Muhammad ibn Muslim Iibn Chihâb al-Zuhrî, qui s’exécuta
et collecta les hadiths des gens de Médine et les lui envoya. ‘Umar envoya alors à toutes les contrées un
de ses cahiers et ce fut la première tentative de collecte de hadiths et leur transcription d’une manière
exhaustive.
L’Imam al-Zuhrî avait transcrit la Sunna en fonction de ce qu’il avait entendu des hadiths des
Compagnons sans aucune classification par chapitres ; et il est probable que ce qu’il avait réuni
comportait également les paroles des Compagnons et les fatwas des Tâbi’în, chose qui est exigée au
début d’une nouvelle entreprise. Ainsi, l’imam al-Zuhrî a montré la voie aux savants et classificateurs,
et il a établi les bases pour la transcription de la Sunna dans des livres spéciaux.
Le mouvement de transcription s’est ensuite activé, s’est développé et a prospéré, avec la coopération
des imams et des savants des différentes contrées: Ibn Djuraydj, à La Mecque ainsi que Mâlik et Ibn
Ishâq à Médine, Sufyân al-Thawrî à Koufa, Abû ‘Amr al-Awza’î en Syrie, 'Abdallah ibn al-Mubârak au
Khorasan, et Mu’ammar au Yémen, etc.
Leur méthodologie dans la transcription était de réunir les hadiths en classant chaque domaine du
savoir à part, ensuite d’organiser ces domaines en chapitres et de les réunir en un seul volume, en citant
les paroles des Compagnons et des successeurs. C’est pourquoi, à cette époque, ces volumes ont été
intitulés ‘Musannaf-s’ (Recueil), ‘Muwatta'’’(ce qui est facilité) et ‘Djâmi’’(ce qui est global).
Le troisième siècle de l’Hégire vécut une nouvelle phase dans la transcription de la Sunna : elle consista
à ne transcrire que les hadiths du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) sans faire référence aux
paroles des Compagnons et prédécesseurs. Ainsi, les livres réunissant les hadiths classés selon les noms
des Compagnons qui les rapportent furent rédigés, sans prendre en considération la catégorie du sujet
traité ; tel fut le cas du Musnad de l’imam Ahmed, du Musnad de Ishâq ibn Rahawayh, de celui de
‘Uthmân ibn Abî Chayba, etc.
Ces livres ne réunissaient pas uniquement les hadiths authentiques, ce qui fait qu’il était difficile d’en
tirer profit et de trouver le traitement d’une question donnée, sauf pour les savants et experts, plus
particulièrement en raison de l’absence de classification en chapitres de la jurisprudence islamique.
Ceci a poussé l’imam des experts en hadiths de son époque, Muhammad ibn Ismâ’îl al-Boukhârî, à avoir
recours à une nouvelle méthodologie de transcription, dans laquelle il s’est contenté de transcrire les
hadiths authentiques ; il fit un recueil de ces derniers intitulé ‘Sahîh al-Boukhâri’. Son élève, l’imam
Muslim ibn al-Hadjâj al-Quchayrî, suivit ses pas et composa son célèbre ouvrage ‘Sahîh Muslim’. Ils
organisèrent tous les deux leur Sahîh sous forme de chapitres conformes aux chapitres de la
jurisprudence pour faciliter la tâche aux savants et aux jurisconsultes qui voudraient les consulter pour
connaître un jugement en particulier. Ainsi, ces deux imams eurent le mérite - et la grâce en premier
revient à Allah, exalté soit-Il- de faciliter le travail aux étudiants en sciences du hadith pour parvenir
au hadith authentique, par le chemin le plus facile.
D’autres érudits, à leur époque ou plus tard, ont copié leur méthodologie de classification en fonction
des chapitres de la jurisprudence, et ainsi les quatre sunan célèbres furent composées : les sunan de
Abou Daoud, al-Nasâ`î, al-Tirmidhî et Ibn Mâdjah. Mais ces derniers ne se sont pas limités aux hadiths
authentiques comme les imams Mouslim et Boukhari, même si les hadiths authentiques en
représentaient la plus grande partie.
Les savants ont considéré que le 3ème siècle de l’Hégire comme le plus prospère et le plus brillant en
matière de collecte de la Sunna et de sa transcription. En effet, pendant ce siècle, six livres de la Sunna,
agréés par la Oumma, furent transcrits ; et c’est également ce siècle qui connut les imams du hadith et