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Chaire Interuniversitaire et Interdisciplinaire en Economie
Sociale et Solidaire et soutenabilité du territoire
- Volet recherche -
La recherche entreprise en 2015-2016 vise à entrecroiser les notions de l’économie sociale et solidaire et des communs en
s’appuyant sur des terrains d’étude situés dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
L’économie sociale et solidaire se définit comme des actions collectives à la fois socio-économiques et socio-politiques et les
communs comme des systèmes auto-organisés et auto-gouvernés de ressources partagées entre des utilisateurs. L’hypothèse de
notre recherche est que le croisement entre ces deux notions peut être fécond pour définir un modèle d’économie qui, en plus d’être
au service de la société, ancré dans les territoires, respectueux de l’environnement et démocratique, soit plus coopératif et permette
davantage l’implication des habitants dans la maîtrise des activités économiques.
En nous appuyant sur de nombreux travaux sur l’économie sociale et solidaire et sur les communs, mais aussi sur l’analyse
d’expériences concrètes comme le chantier de la Transformation économique et sociale régionale (TESR) autour des biens communs
de la région Nord-Pas-de-Calais, nous avons montré que ces deux notions d’ESS et de communs pouvaient se féconder mutuellement.
Dans un sens, les communs peuvent apporter des dimensions nouvelles à l’ESS de mutualisation, de collaboration, de capacités
institutionnelles des acteurs à mettre en place des règles pour le bon fonctionnement de leur activité. En outre, les communs instillent
une nouvelle culture de la citoyenneté active qui consiste à prendre des initiatives, à s’engager, à s’approprier des activités
économiques, faisant naître ainsi de nouvelles façon de faire plus autonomes qui méritent la confiance. Dans l’autre sens, il est très
important de voir que l’ESS décloisonne les communs, qu’elle les ouvre sur le territoire et la société tout entière, sur des réseaux
d’acteurs et des partenariats avec les collectivités publiques.
Surtout, nous nous sommes appuyés sur les réflexions des acteurs de l’ESS et des communs à partir de plusieurs dizaines d’entretiens
(avec La Coroutine à Lille, Le Lieu Commun à Calais, Enercoop à Lille, l’Arpe à Cambrai, A Petits Pas à Avesnes-sur-Helpe). En les
écoutant, il nous est apparu que certaines dimensions de la théorie dominante des communs d’Ostrom1 devaient être critiquées, en
particulier les notions de « ressources » et de « communautés ». Partir de la ressource et en déduire la communauté est en effet
problématique, car c’est le collectif qui fait la ressource et non l’inverse ; il vaut mieux partir des collectifs sociaux d’un territoire afin
d’étudier et de voir comment on va pouvoir adapter des « ressources » à des « besoins ». En outre la notion de communauté est trop
fermée sur elle-même, elle fait comme si la communauté pouvait s’auto-satisfaire sur tous les plans au sein de son microcosme, alors
que l’ESS pousse à penser les communs à l’intérieur de la société et au sein des réseaux qui peuvent se former sur un territoire.
1 Elinor Ostrom (1933-2012), économiste et politiste américaine, « prix Nobel » d’économie en 2009.