ACTE SANS PAROLES 1, de Samuel Beckett
Clastic théâtre / Tout public dès 8 ans
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26 octobre 2012
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beckett-en-marionnette/
Acte sans parole 1, François Lazaro transcende Beckett en marionnette
Attention chef d’œuvre. Le Théâtre aux Mains nues accueille l’un des rois de la marionnette
François Lazaro, le fondateur du Clastic Théâtre. Il manipule et met en scène Acte sans parole
1 de Samuel Beckett dans un geste d’une poésie rare.
C’est comme être hors du monde. A quelques mètres de la Rue des Pyrénées, un square fait se
hisser de hautes tours. En rez-de-chaussée des immeubles on compte trois théâtres. L’un d’entre
eux se nomme le Théâtre aux Mains Nues, il abrite un « Un théâtre d’art et d’essai dédié aux arts de
la marionnette », oubliez guignol…
La pièce raconte la vie d’un homme, projeté sur la scène, en plein désert, il ne peut pas sortir. Il ne
pourra jamais sortir. Dans cette version, un comédien incarne l’homme, il a le visage couvert d’une
grossière toile de jute aux orifices dessinés. Il fait exécuter à sa poupée toute chiffon les gestes
chirurgicaux que Beckett a consigné. Le comédien déploie un mouchoir, cela provoque un nuage de
poussière, il siffle, la marionnette tourne la tête, elle est projetée, il lui tend son mouchoir,
l’époussette, il le replie avec une extrême minutie et le glisse dans sa poche. Il recommence depuis le
début. Des objets en carton tombent du ciel dans un ordre précis : un arbre, une carafe d’eau, des
ciseaux, une grande boite, une petite boite, une corde. Tous apporteurs d’un espoir qui sera vite
avorté véhiculant une couche supplémentaire de déception.
François Lazaro fait jaillir de la poussière dans une image d’après décombres. Il est
solide, emmitouflé dans un grand costume, les mains larges, comme en prière. Il a des allures de
père spirituel. Il donne vie à son effigie créée par Aurélia Ivan, elle semble souffrir dans son piège
sans issue. Le château de Kafka n’est pas loin. Le petit être tourne en rond confronté au vide de son
existence et à l’impossible acceptation de la mort.
La traduction de ce mimodrame écrit par Beckett en 1956 par la marionettique résonne absolument.
L’absurdité transmise par la répétition des gestes s’incarne tout à fait dans la manipulation d’une
marionnette à main. La pièce entre alors encore plus profondément dans son propos : l’homme est
manipulé, ici, l’homme manipule un objet qui n’est que son double en bandelettes. Les guenilles de
l’existence sont dévoilées dans le plus grand minimalisme. Chaque instant devient alors intense et
révèle toute sa signification.