Chapitre 2- Les cycles endogènes Université d’Auvergne- L3 2008-2009 Christopher Grigoriou Les cycles endogènes • Explication réelle et endogène: les cycles peuvent être expliqués par le fonctionnement même de l’économie • Cycles autour d’un sentier de croissance ou cycle de croissance => Cycle autour d’une constante (= pas de croissance) : oscillateur de Samuelson (1939) => Cycle autour d’un sentier de croissance exogène : modèle de Hicks (1950), Goodwin (1951) => Cycle de croissance (c’est la croissance qui est cyclique) : modèle de Goodwin (1967) 2 2.1 Les oscillateurs de Samuelson (1939) et Hicks (1950) • Analyse néo-keynésienne (Lundberg, Tinbergen et Samuelson) • Oscillation = combinaison du multiplicateur et de l’accélérateur • Origine des fluctuations = volatilité de l’investissement 3 2.1.1 L’oscillateur de Samuelson Hypothèses Economie fermée, modèle keynésien, décalage temporel entre les variables (temps d’ajustement) (1) Yt = Ct + It + At (2) Ct = cYt-1, 0<c<1 => dynamique : le multiplicateur (3) It = v∆Yt-1= v(Yt-1 – Yt-2), avec v=K/Y>0 => dynamique : l’accélérateur En combinant (1), (2) et (3) : Yt = cYt-1 + v(Yt-1 – Yt-2) + At Et l’Equation Fondamentale de l’oscillateur : (4) Yt – (c+v)Yt-1 + vYt-2 = At 4 2.1.1 L’oscillateur de Samuelson Résolutions et Prédictions solution d’équilibre (= de LT): Yt = Yt-1 = Yt-2 = Y* => Y* = A/(1-c) => A CT, oscillations et convergence dépendent des valeurs de v et de c 5 A CT, oscillations et convergence dépendent des valeurs de v et de c 6 2.1.1 L’oscillateur de Samuelson Interprétations économiques 7 2.1.1 L’oscillateur de Samuelson c élevé, v faible ⇒effet multiplicateur> effet accélérateur, convergence v relativement élevé mais <1, convergence avec oscillation (fortes variations de I) v très élevé (>1), processus instable, divergence (= harrod-domar) 8 2.1.1 L’oscillateur de Samuelson • Graphiques des trois cas précédents Voir fichier excell 9 2.1.1 L’oscillateur de Samuelson Critiques Hypothèses restrictives (seulement effet de la demande, retard sur les variables, etc.) => si plus de retard, plus de cycle? Distinction entre croissance et cycle? L’effet multiplicateur exige le sous-emploi, accélérateur la pleine utilisation des capacités de production… 10 2.1.2 Le modèle de Hicks Extension de l’oscillateur précédent Cas instable (v>1 = prolongement de HD) Croissance divergente mais avec un plafond et un plancher => évolution cyclique auto-entretenue (=> cycles autour d’une tendance à la croissance) 11 2.1.2 Le modèle de Hicks • Introduction de non-linéarités (introduction de contraintes à l’expansion ou à la dépression) => Hicks (1950), Goodwin (1951) (prolongement des travaux de Harrod) • Modèle proie-prédateur de Goodwin (1967) => Modèle transposé de la biologie et de l’écologie permettant d’aboutir à des fluctuations auto-entretenues • Analyses de dynamiques chaotiques (1980s): théorie du chaos, modèle de Day (1987) => un système avec un équilibre peut, du fait de non-linéarités engendrer des fluctuations chaotiques erratiques et ne jamais converger vers l’équilibre 12 2.1.2 Le modèle de Hicks (1950) • Comme dans Samuelson, Ct = cYt-1 • Hypothèse de 3 types d’investissement – Fonction de la variation du revenu (cf. Samuelson) – Autonomes – Ceux de remplacement • Il n’y a plus de fluctuations explosives du produit (ni de valeurs négatives) – Période d’expansion => niveau de croissance maximale – Période de récession => niveau plancher 13 2.1.2 Le modèle de Hicks De nouvelles hypothèses 1) Décomposition de l’investissement : -investissement autonome (exogène), qui s’accroît au taux de croissance d’équilibre (naturel) de l’économie -investissement induit par la variation de la production => It = A0 (1+g)t + v (Yt-1 - Yt-2 ) => Hypothèse que le niveau de l’investissement induit ne devient jamais négatif 14 2.1.2 Le modèle de Hicks De nouvelles hypothèses 2) A l’équilibre la production croît au taux naturel : Dans la situation de la hausse de la production on obtient l’égalité suivante: Yt - (c+v) Yt-1 + v Yt-2 = A 0 (1+g) t Même chose que Samuelson mais maintenant A t = A 0 (1+g) t d’où une solution d’équilibre qui croît maintenant au taux naturel Yt = Y0 (1+g) t 15 2.1.2 Le modèle de Hicks De nouvelles hypothèses 3) Existence d’un niveau de production plancher t Yt = C t + I t et I t = A 0 (1+g) (investissement induit = 0) On obtient 1 YL t = .A 0 (1+g) t 1-c La production minimum YL croît au taux naturel g, YL t = YL 0 (1+g) t 16 2.1.2 Le modèle de Hicks De nouvelles hypothèses 4) Existence d’un niveau de production plafond donné par le niveau de plein emploi ⇒ La production devient alors inélastique à la demande ⇒ Ce plafond croît également au taux g. YM t = YM 0 (1+g) t 17 2.1.2 Le modèle de Hicks L’évolution cyclique lo g Y M t lo g Y lo g Y t B lo g Y L t v>1 C D A 18 2.1.2 Le modèle de Hicks A => v>1 => Y s’écarte de sa tendance suivant un processus explosif avec accroissement de la demande et de l’investissement induit, une croissance accélérée (Harrod) et va tendre vers le plafond de plein emploi. ∆Yt > ∆Yt-1 => ∆I t >0 => ∆Yt+1 > ∆Yt .... Mais alors…PE, goulets d’étranglement. Or It = v∆Yt-1 => une diminution du rythme de la croissance implique une baisse du niveau de l’investissement induit => l’investissement total finit par diminuer => B. 19 2.1.2 Le modèle de Hicks B => Point de retournement Décroissance de la production qui s’accélère (effet du multiplicateur : I diminue jusqu’à devenir nul) Processus cumulatif (multiplicateur + accélérateur) => pas de convergence vers la tendance de LT => D : niveau plancher d’investissement (autonome) => niveau plancher YL Or YL augmente (I autonome croissant) => quand les excédts de capacité de production sont éliminés, l’investissement induit réapparaît => reprise. 20 2.1.2 Le modèle de Hicks 21 2.1.2 Le modèle de Hicks 22 2.1.2 Le modèle de Hicks Critique Modèle simple avec cycle endogène, mais… la croissance est ici exogène (elle est postulée). 23 2.1.3 Le modèle de Goodwin (1951) • Proche de Hicks (1950) • I si capacités productives insuffisantes • Délais pour ces investissements ⇒Limites à l’investissement en période de croissance ⇒Le plancher est représenté par un I net négatif (le capital décroît jusqu’à ce que les capacités soient à nouveau inférieures à celles permettant de satisfaire la demande etc.) 24 2.2 Le modèle de Goodwin (1967) • Les modèles proie-prédateur Deux populations en milieu fermé. Les proies : x membres, taux de croissance autonome a. Développement contrarié par l’existence des prédateurs. Taux de croissance fonction linéaire inverse de la pop. des prédateurs x& =a −by => x où y est le nombre de prédateurs et b un coefficient positif. 25 Les modèles proie-prédateur • Prédateurs: fonction croissante du nombre de proies. => En l’absence de proies, il tend à décroître au taux c. y& =−c + dx y où c et d sont supérieurs à zéro. Le système est donc le suivant: y& = −cy + dxy x& = ax −byx 26 Les modèles proie-prédateur • Dynamique non-linéaire x& = ax − byx ≥ 0 ⇒ y ≤ y& =−cy + dxy≥0⇒ x≥ c d a b => si le système ne démarre pas à son point d’équilibre, c ; y= a & & x = y = 0 ⇔ x = => d b => jamais de convergence vers cet équilibre 27 28 Du modèle proie-prédateur à Goodwin (1967) • Les salariés versus les entrepreneurs capitalistes (Inspiration proche de Marx et de Keynes) • Relation négative entre le chômage et les salaires (Courbe de Philips) 29 2.2 Le modèle de Goodwin (1967) Origine endogène des cycles Origine = variations (endogènes) dans la répartition des revenus Cycle de croissance Offre + Optique marxiste 30 2.2 Le modèle de Goodwin Bases du cycle: 1- L’investissement est fonction croissante du profit 2- Le niveau des salaires est fonction croissante du niveau d’activité (effet philips) 31 2.2 Le modèle de Goodwin Origine du cycle: Perspectives de profit => investissement => de l’activité et l’emploi => expansion => des salaires > de la productivité => ↓des profits dans la VA => ↓de l’I, de l’activité et de l’emploi => récession => ↓des salaires => des profits dans la VA => de l’I, emplois, activité => reprise 32 2.2 Le modèle de Goodwin En résumé: Le taux de chômage dépend de la répartition travailleurs-capitalistes La répartition dépend du taux de chômage => c’est ce qui crée le cycle Problème : on néglige l’impact des salaires sur la demande…c’est donc ici un complément de la théorie des oscillateurs. 33 2.2 Le modèle de Goodwin Formalisation Les variables sont en termes réels et nets Pas de dépréciation du capital Deux facteurs de production (K et L) Fonction de Production à facteurs complémentaires (v=K/Y est fixe) 34 Formalisation (suite) • L t = L0e nt Lt → =n Lt N Y e= ; y= L N 1 > m+n v y t = y 0 e mt • C t = w t .N t et Pt = I t = k t (w t = salaires réels) • wt = c.e t - b wt w t .N t Pt at = et 1-a t = Yt Yt 35 Formalisation (suite) v= K K → Y= or v constante Y v • → • Yt K I P (1-a t ).Yt 1-a t = t = t = t = = > 0 → croissance Yt Kt Kt Kt Kt v • e= • • e N L N → t = t - t L et Nt Lt • Comme y = • • Nt Y y Y Y → N= → = t - t N y Nt Yt y t • • • • et Y y L 1-at = t - t - t = - (m+n) et Yt y t L t v 36 Formalisation (suite) • et 1-a t = - (m+n) et v Considérant (m+n) comme le taux de croissance « naturel » de l’économie (avec 1/v > m+n) • tx de C effectif> taux naturel => emploi ↑ • tx de C effectif< taux naturel => emploi ↓ 37 Formalisation (suite) & t/wt - y& t/yt at = wt.Nt/Yt = wt/yt, donc a&t/at = w • at = ce t - (b+m) at • et 1-a t = - (m+n) et v • e est une fonction décroissante de a • a est une fonction croissance de e 38 ⇒ le point d’équilibre est donné par • • a t = 0 et e t = 0, c'est à dire : • • et 1 - at Y 1-a* = - (m+n) = 0 ⇒ a = a* = 1 - v.(m+n) (ou t = = m + n, i.e Harrod) et v Yt v • at = ce t - (b+m) at ⇒ e t = e* = b+m c ⇒ Si a_t n’est pas égal à a* et si e_t n’est pas égal à e* l’économie fluctuera continuellement autour de cette situation d’équilibre ⇒ Les deux équations fondamentales peuvent se réécrire : • a* - a t et = .e t et a t = c(e t - e*).a t v • • • ⇒ si a t > a*, e t < 0 ; si a t < a*, e t > 0 ⇒ e t atteint sa valeur max et min quand a t = a* • • ⇒ si e t < e*, a t < 0 ; si e t > e*, a t > 0 ⇒ a t atteint sa valeur max et min quand e t = e* 39 Représentation graphique at C D B E a* A e e* 40 • On voit que a et e n’atteigne pas leur maximum et minimum en même temps, ce qui est plausible en réalité 41 Modèle de Goodwin : conclusion 1- Modèle de cycle de croissance car le taux de croissance est toujours positif (=m+n à l’équilibre)…or les cycles actuels sont quasiment toujours des cycles de croissance. (1-amini)/v m+n (1-amaxi)/v 2- La croissance au taux d’équilibre n’est pas stable : Soit ↑ du taux d’emploi => ↑ salaires => ↓ de la croissance économique Soit une faible croissance des salaires => ↑I => ↑ croissance économique 42 Critiques: Hypothèses restrictives (par exemple la variation des salaires est seulement fonction du taux d’emploi) L’ampleur des fluctuations dépend de la position initiale N’engendre que des cycles très réguliers (cf. les modèles de dynamique chaotique, Day 1982, mais modèle d’équilibre) 43