Master Recherche en Mathématiques, M1 Théorie des groupes

Universit´e Blaise Pascal, U.F.R. Sciences et Technologies, D´epartement de Math´ematiques et Informatique
Master Recherche en Math´ematiques, M1
Th´eorie des groupes
F. Dumas
ann´ee 2016-2017
Chapitre 1 - Rappels et compl´ements sur les groupes ; exemples de groupes finis
1. Exemples de groupes finis (groupes cycliques Cn, groupes sym´etriques Sn, groupes altern´es An
groupes di´edraux D2n, groupe des quaternions Q8,... notion de groupes isomorphes)
2. Groupes quotients (classes modulo un sous-groupe, indice, sous-groupes normaux, groupe quotient
d’un groupe par un sous-groupe normal, th´eor`emes d’isomorphisme, centre, automorphismes int´erieurs,
groupe d´eriv´e...)
3. Groupes produits (produits directs, produit direct de groupes cycliques, th´eor`eme chinois, th´eor`eme
de Kronecker sur la structure des groupes finis ab´eliens, produits semi-directs)
Chapitre 2 - Groupe op´erant sur un ensemble et applications
1. Groupe op´erant sur un ensemble, exemples (actions, orbites, stabilisateurs, points fixe, noyau, action
fid`ele, action transitive, action d’un groupe sur lui-mˆeme par translation ou par conjugaison)
2. Equation aux classes, applications aux p-groupes (indice des stabilisateurs, ´equation aux classes pour
un groupe fini, applications aux p-groupes)
3. Actions transitives, applications `a la non-simplicit´e (action d’un groupe par translation sur l’ensemble
de ses classes `a gauche, condition suffisante de non-simplicit´e, th´eor`eme de Frobenius sur les sous-groupes
d’indice premier minimal)
Chapitre 3 - Th´eor`emes de Sylow et applications
1. Les th´eor`emes de Sylow (premier th´eor`eme de Sylow, notion de p-sous-groupe de Sylow, second
th´eor`eme de Sylow)
2. Exemples d’applications (groupe ab´elien fini comme produit direct de ses sous-groupes de Sylow,
non-simplicit´e des groupes d’ordre pn,pq,p2qou pqr, caract´erisation des groupes ab´eliens simples et des
groupes d’ordre 2p, classification des groupes finis de “petits” ordres)
Chapitre 4 - Compl´ements sur le groupe sym´etrique
1. D´ecomposition en cycles disjoints (cycles de Sn, support, orbites, d´ecomposition canonique, engen-
drement de Anpar les 3-cycles)
2. Simplicit´e de Anpour n5
3. Une approche directe des questions de r´esolubilit´e (sous-groupes normaux de Sn, centre et groupe
d´eriv´e de Snet de An, suites normales de Sn)
Chapitre 5 - Groupes r´esolubles
1. Suites normales et groupes r´esolubles (suite des groupes d´eriv´es successifs, notion de groupe r´esoluble,
caract´erisation de la r´esolubilit´e d’un groupe par les suites de composition et les suites normales, exemples
de groupes r´esolubles)
2. Suites de Jordan-H¨older et groupes r´esolubles (notion de suite de Jordan-H¨older, exemples, car-
act´erisation de la r´esolubilit´e d’un groupe fini par les suites de Jordan-H¨older)
Universit´e Blaise Pascal, Master Recherche en Math´ematiques, M1, U.E. Th´eorie des groupes, ann´ee 2016-2017 F. Dumas
Chapitre 1
Rappels et compl´ements sur les groupes ; exemples de groupes finis
1. Exemples de groupes finis.
1.1 Ordre d’un sous-groupe
D´
efinitions. Un groupe Gest dit fini s’il n’a qu’un nombre fini d’´el´ements. Dans ce cas, le nombre
d’´el´ements de Gest appel´e l’ordre de G. On le note o(G), ou encore |G|. C’est un entier naturel non-nul.
Th´
eor`
eme de Lagrange. Soit Hun sous-groupe d’un groupe fini G. Alors Hest fini, et l’ordre de H
divise l’ordre de G.
Preuve. Notons |G|=n. Il est clair que Hest fini. Notons |H|=m. Pour tout xG, notons xH ={xy ;yH}
la classe de x`a gauche modulo H. Il est facile de v´erifier (faites-le !) que l’ensemble des classes xH lorsque x
ecrit Gest une partition de G. Comme chaque classe xH est d’ordre m(justifiez en d´etail pourquoi), on conclut
que nest ´egal au produit de mpar le nombre de classes distinctes.
Proposition et d´
efinition. Soit Gun groupe fini. Pour tout xGdistinct du neutre e, il existe un
entier n2unique tel que :
xn=eet xk̸=epour tout 1k < n.
Le sous-groupe de Gengendr´e par xest alors :
x={e, x, x2, x3, . . . , xn1}.
L’entier nest l’ordre du sous-groupe xet est appel´e l’ordre de l’´el´ement xde G. On le note |x|. C’est un
diviseur de l’ordre de G. Dans le cas o`u x=e, on a e={e}, et |e|= 1.
Preuve. Evidente, laiss´ee au lecteur (voir le cours de L3).
1.2 Groupes isomorphes.
D´
efinition. Deux groupes G1et G2sont dits isomorphes lorsqu’il existe un isomorphisme de groupes de
l’un sur l’autre.
Remarques.
1. Rappelons qu’un morphisme de groupes de G1dans G2est une application f:G1G2telle que f(x.y) =
f(x).f(y) pour tous x, y G1, et qu’un isomorphisme de groupes est un morphisme de groupes bijectif. La
bijection r´eciproque est alors aussi un isomorphisme de groupes.
2. Supposons que G1et G2sont deux groupes isomorphes. Si l’un est ab´elien (commutatif), alors l’autre l’est
aussi. Si l’un est fini, l’autre l’est aussi et ils sont de mˆeme ordre. Ils ont le mˆeme nombre de sous-groupes
d’ordre donn´e. Leurs centres, leurs groupes d´eriv´es, leurs groupes d’automorphismes,... sont isomorphes.
3. Deux groupes finis de mˆeme ordre sont isomorphes si et seulement si leur tables sont identiques, `a une
permutation pr`es des ´el´ements.
Exemples. Soit G1le groupe des racines quatri`emes de l’unit´e dans C. On a : G1={1, i, 1,i}. La loi
de groupe est ici la multiplication des complexes.
Soit G2le groupe des rotations affines du plan euclidien conservant un carr´e. Il est facile de montrer que G2
est constitu´e de la rotation rde centre le centre O du carr´e et d’angle π
2, de la sym´etrie centrale sde centre
O, de la rotation rde centre O et d’angle π
2, et de l’identit´e id. On a : G2={id, r, s, r}. La loi de groupe
est ici la loi de composition des applications.
Soit G3le groupe Z/4Zdes classes de congruences modulo 4. Rappelons que deux entiers aet bsont congrus
modulo 4 lorsque abest un multiple de 4 dans Z. On a : G3={0,1,2,3}. La loi de groupe est ici
l’addition des classes de congruence.
Les tables de ces trois groupes sont :
G11i1i
1 1 i1i
i i 1i1
11i1i
ii1i1
G2id r s r
id id r s r
r r s rid
s s rid r
rrid r s
G30 1 2 3
0 0 1 2 3
1 1 2 3 0
2 2 3 0 1
3 3 0 1 2
Il est clair qu’ils sont isomorphes, via les isomorphismes :
17→ id 7→ 0, i7→ r7→ 1, 17→ s7→ 2, i7→ r7→ 3.
1
Exemple. On se propose de d´eterminer tous les groupes d’ordre 4 `a isomorphisme pr`es. Notons G=
{e, a, b, c}un groupe d’ordre 4 de neutre e. Deux cas peuvent se pr´esenter.
Premier cas : Gcontient un ´el´ement d’ordre 4. Supposons par exemple que ce
soit a. Alors Gdoit contenir a2et a3=a1qui sont distincts de a. On a donc
b=a2et c=a3(ou le contraire). La table de Gest donc :
e a b c
e e a b c
a a b c e
b b c e a
c c e a b
Le groupe C4
Second cas : Gne contient pas d’´el´ement d’ordre 4. Comme eest le seul
´el´ement d’ordre 1, et que Gne peut pas contenir d’´el´ements d’ordre 3 d’apr`es
le th´eor`eme de Lagrange, c’est donc que a, b, c sont tous les trois d’ordre 2.
Donc a2=b2=c2=e, et chacun des trois est son propre inverse. Consid´erons
maintenant le produit ab. Si l’on avait ab =a, on aurait b=e, ce qui est exclu.
Si l’on avait ab =b, on aurait a=e, ce qui est exclu. Si l’on avait ab =e,
on aurait b=a1, c’est-`a-dire b=a, ce qui est exclu. On a donc forc´ement
ab =c. On calcule de mˆeme les autres produits. On obtient la table :
e a b c
e e a b c
a a e c b
b b c e a
c c b a e
Le groupe de Klein V
On a d´emontr´e, et on retiendra, que :
il n’existe `a isomorphisme pr`es que deux groupes d’ordre 4, l’un est appel´e groupe cyclique d’ordre
4 et est not´e C4, l’autre est appel´e groupe de Klein et est not´e V. Les deux sont ab´eliens.
Le groupe C4contient : le neutre d’ordre 1, deux ´el´ements d’ordre 4, et un ´el´ement d’ordre 2.
Le groupe Vcontient : le neutre d’ordre 1 et trois ´el´ements d’ordre 2.
Exercice. Montrer que Γ1={1 0
0 1 ,0 1
1 0 ,1 0
01,01
1 0 }et Γ2={1 0
0 1 ,1 0
01,1 0
01,1 0
0 1 }.
sont des sous-groupes de GL2(R). Sont-ils isomorphes `a C4? `a V?
Exercice. Montrer que, dans l’ensemble Z/5Z, le sous-ensemble {1,2,3,4}est un groupe pour la multiplication.
Est-il isomorphe `a C4ou `a V? eme question pour le sous-ensemble {1,3,5,7}de Z/8Z.
1.3 Groupes cycliques.
D´
efinition. Un groupe fini est dit cyclique s’il est engendr´e par un ´el´ement.
Remarques.
1. Soit Gun groupe fini d’ordre n. Dire que Gest cyclique signifie qu’il existe dans Gun ´el´ement aqui
est d’ordre n, de sorte que G=a={e, a, a2, . . . , an1}.
2. Un groupe cyclique est n´ecessairement ab´elien.
3. Pour tout entier n1, il existe `a isomorphisme pr`es un et un seul groupe cyclique d’ordre n, not´e Cn.
4. Pour tout entier n1, le groupe Cnest isomorphe par exemple au groupe multiplicatif des racines n-
i`emes de l’unit´e dans C, ou encore au groupe Z/nZmuni de l’addition des classes de congruences modulo
n, ou encore `a beaucoup d’autres groupes que l’on rencontre dans divers domaines des math´ematiques.
5. Pour certaines valeurs de n, il existe des groupes ab´eliens non cycliques. On a vu par exemple ci-dessus
que pour n= 4, le groupe de Klein Vn’est pas cyclique puisqu’il ne contient pas d’´el´ements d’ordre
4. Le th´eor`eme suivant montre au contraire que, pour certaines valeurs de n, le groupe Cnest `a
isomorphisme pr`es le seul groupe d’ordre n.
Th´
eor`
eme. Tout groupe fini d’ordre premier est cyclique.
Preuve. Soient pun nombre premier et Gun groupe d’ordre p. Soit aun ´el´ement de Gdistinct du neutre e.
Consid´erons dans Gle sous-groupe aengendr´e par a. D’apr`es le th´eor`eme de Lagrange, son ordre |a|divise p.
Comme pest premier, on ne peut avoir que deux cas : ou bien |a|= 1, mais alors a=e, ce qui est exclu ; ou bien
|a|=p, mais alors aest inclus dans Get de mˆeme ordre que G, donc il est ´egal `a G. On conclut que G=a
est cyclique.
Corollaire. Pour tout nombre premier p, il existe `a isomorphisme pr`es un et un seul groupe d’ordre p,
qui est le groupe cyclique (donc ab´elien) Cp.
Questions. Soit Cn={e, a, a2, . . . , an1}le groupe cyclique d’ordre n. Peut-on d´eterminer parmi ses
´el´ements ceux qui engendrent Cn(outre abien entendu) ? Peut-on d´eterminer tous ses sous-groupes ?
2
Prenons par exemple n= 6. Dans C6={e, a, a2, a3, a4, a5}, les diff´erents ´el´ements engendrent les sous-groupes
suivants : e={e}d’ordre 1, a3={e, a3}d’ordre 2, a2=a4={e, a2, a4}d’ordre 3, et a=a5=
{e, a, a2, a3, a4, a5}d’ordre 6. La derni`ere ´egalit´e provient du fait que (a5)2=a4, (a5)3=a3, (a5)4=a2, et
(a5)6=e.
Le r´esultat g´en´eral est le suivant :
Proposition. Soit nun entier naturel non-nul. Soit Cn={e, a, a2, . . . , an1}le groupe cyclique d’ordre n.
(i) Pour tout diviseur dde n, il existe un et un seul sous-groupe d’ordre dde Cn; il est cyclique, engendr´e
par akpour k=n
d.
(ii) Les g´en´erateurs de Cnsont tous les ´el´ements aktels que ket nsoient premiers entre eux.
Preuve. Repose sur des consid´erations simples d’arithm´etique ´el´ementaire, en particulier le th´eor`eme de B´ezout
pour le point (ii). Laiss´ee au lecteur (voir le cours de L3).
1.4 Groupes sym´etriques, groupes altern´es.
Proposition et d´
efinition. Pour tout entier n1, l’ensemble des bijections d’un ensemble fini `a n
´el´ements sur lui-mˆeme est un groupe fini d’ordre n!pour loi . On l’appelle le n-i`eme groupe sym´etrique et
on le note Sn. Les ´el´ements de Snsont appel´es les permutations sur n´el´ements.
Preuve. Bien connue. A r´eviser...
On note les ´el´ements de Snsous la forme : σ=123··· n
σ(1) σ(2) σ(3) ··· σ(n).
Exemple. Pour n= 1, le groupe S1est le groupe trivial {e}d’ordre 1. Pour n= 2, le groupe S2est
d’ordre 2, donc S2=C2={e, τ}o`u e= ( 1 2
1 2 ) et τ= ( 1 2
2 1 ), qui v´erifie bien τ2=e.
Exemple. Pour n= 3, le groupe S3est d’ordre 6. On a : S3={e, γ, γ2, τ1, τ2, τ3}avec :
e= ( 1 2 3
1 2 3 ), γ = ( 1 2 3
2 3 1 ), γ2= ( 1 2 3
3 1 2 ), τ1= ( 1 2 3
1 3 2 ), τ2= ( 1 2 3
3 2 1 ), τ3= ( 1 2 3
2 1 3 ).
e γ γ2τ1τ2τ3
e e γ γ2τ1τ2τ3
γ γ γ2e τ3τ1τ2
γ2γ2e γ τ2τ3τ1
τ1τ1τ2τ3e γ γ2
τ2τ2τ3τ1γ2e γ
τ3τ3τ1τ2γ γ2e
Le groupe S3n’est pas ab´elien. C’est le plus petit groupe non ab´elien
(car les groupes d’ordre 2, 3 ou 5 sont ab´eliens car cycliques d’apr`es
le th´eor`eme de 1.3, et les deux seuls groupes d’ordre 4 sont ab´eliens
comme on l’a vu en 1.2).
Il admet trois sous-groupes d’ordre 2 qui sont {e, τ1},{e, τ2}et
{e, τ3}, et un sous-groupe d’ordre 3 qui est {e, γ, γ2}.
D´
efinition. On appelle transposition de Sntoute permutation τqui ´echange deux ´el´ements iet jen
laissant fixe les n2 autres. On note alors τ= [i, j]. On a de fa¸con ´evidente τ2=e.
Th´
eor`
eme. Toute permutation de Snest un produit de transpositions. En d’autres termes, le groupe Sn
est engendr´e par ses transpositions.
Preuve. Vue dans le cours de L3. A r´eviser... On pourra proeder par r´ecurrence sur n.
Remarque. Il n’y a pas unicit´e de la d´ecomposition d’une permutation en produit de transpositions.
Par exemple, dans S4, on a 1234
3124= [2,4][1,4][4,2][1,3] = [2,3][1,2].
N´eanmoins, on a le lemme suivant :
Lemme et d´
efinition.
(i) Si une mˆeme permutation σde Snse d´ecompose d’une part en un produit de mtranspositions, d’autre
part en un produit de mtranspositions, alors les entiers naturels met msont de mˆeme parit´e. On
appelle signature de σle nombre (1)m, o`u md´esigne le nombre de transpositions d’une d´ecomposition
quelconque de σen produit de transpositions. On la note ε(σ).
(ii) L’application signature ε:Sn→ {−1,1}est un morphisme de groupes.
Preuve. Vue dans le cours de L3. A r´eviser...
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