Comment l`ascétisme devint un objet philosophique

Comment l’ascétisme devint un objet philosophique
Schopenhauer, MVR, § 68 + « Suppléments », chap 48
Schopenhauer, Parerga et paralipomena, chap 14
Nietzsche, Généalogie de la morale, III
Weber, Sociologie de la religion, chap 10
Foucault, Cours
INTRODUCTION
L’objet
L’ascétisme non en tant que tel mais tel que considéré par la philosophie, par certains philosophes.
Grec askêsis : exercice. Le terme est d’abord athlétique (l’athlète qui exerce son corps). En grec très
ancien, le vb askein voudrait dire façonner, travailler un matériau. Le terme s’est spiritualisé par la
suite, utilisé dans le champ chrétien. Il s’agit de discipliner le corps et l’esprit. [Saint-Paul, 1ère Epître
aux Corinthiens, chap 9, versets 24-27]. L’ascète n’est plus l’athlète mais le chrétien en tant qu’il
meurtrit son corps. L’ascétisme désignera alors des pratiques d’autodisciplines, qui ont une fin
spirituelle (le salut), et qui deviennent très violentes. A la fin de la Doctrine de la vertu, Kant parle
d’une « gymnastique éthique ». Le paroxysme chrétien est atteint vers le IVe siècle. Les Pères du
Désert, individus qui se sentent appelés par Dieu, partent en solitaire dans le désert, devenant des
ermites, ou anachorètes. Ils exercent sur eux les mortifications les plus inouïes. [Lacarrière, Les
hommes ivres de Dieu]. Le mot apparaît tardivement dans le latin (Ve), asceta, désignant ces pères.
1580 : première occurrence en français. 1641 : adj ascétique. 1808 : adv ascétiquement. 1818 :
ascétisme. Fin XIXe : ascèse. Le « problème » ascétique n’existe pas avant le XIXe : c’est à ce moment
que cela devient un objet philosophique (et littéraire). Chateaubriand, Vie de Rancé Flaubert, La
tentation de Saint-Antoine Kafka, Le champion de jeûne (ou L’artiste de la faim). L’ascétisme
devient donc un objet au XIXe (réflexion philosophique et prod° littéraire).
Le motif
L’objet ne va pas de soi. D’où vient que Nietzsche s’intéresse à l’ascétisme ? De plus, sa position n’est
pas si claire et simple qu’on veut l’admettre (l’ascétisme serait la forme extrême de la dévalorisation
du monde sensible, ce à quoi Nietzsche s’opposerait radicalement, dans une philosophie de la
jouissance immédiate). Il faut s’essayer à une généalogie de l’objet généalogique (d’où cela vient ?).
La chronologie
A la fin du MVR, Schopenhauer écrit : « mais aucune philosophie […] n’a le droit de passer sous
silence le sujet du quiétisme et de l’ascétisme, car le thème en est, en substance, identique à celui de
toute métaphysique et de toute morale. Aussi est-ce là un point où j’attends toutes les philosophies,
avec leur optimisme, et sur lequel je suis curieux de les voir se prononcer ». [Quiétisme : prière
catholique, renoncement au fait même de vouloir]. La question de l’ascétisme, c’est la question, pas
seulement morale, mais aussi métaphysique. Ce serait le centre de gravitation de la réflexion
philosophique. C’est donc la pierre de touche : pour être dite vraie, toute philo doit avoir rencontré
et résolu ce problème. L’ascétisme n’a, de plus, jamais été traité sérieusement. Toute les
philosophies ont pêché en cela. Elles ne l’ont même pas vu, n’ont pas compris que c’était le
problème. Tout cela parce que ces philosophies étaient optimistes. La philo des Lumières a pêché par
optimisme (hédonisme et eudémonisme vont avec pour lui). C’est une philo qui a une théorie
empiriste de la connaissance, affirmant que toute connaissance est réductible à, trouve ses origines
dans l’expérience sensible. La philo morale des Lumières est aussi empiriste : toute morale valide se
ramène à un art de se rendre heureux par les plaisirs des sens (pour Schopenhauer bien sûr). Ce
diagnostic pose deux problèmes. Cmt Schopenhauer en arrive à cette proposition affirmant qu’il ne
faut s’intéresser qu’à l’ascétisme ? Dans quelle mesure son diagnostic est justifié ? Est-il exact que les
philosophes ne se soient jamais souciés de l’ascétisme avant lui ?
(La tradition philosophique antérieure semble avoir effectivement laissé l’ascétisme de côté. Diderot,
Pensées philosophiques : représentatif de la philo des Lumières, qui ne parle pas d’ascétisme, et dont
le grand adversaire est le préjugé (la religion notamment, en tant que superstition). C’est seulement
par qu’ils rencontreront l’ascétisme. Être philosophe à cette époque en France, c’est être
adversaire du christianisme. Le « on » des Pensées Philosophiques, c’est le dévôt (ce que nous
appellerions ascète). C’est un terme positif de la tradition chrétienne. Introduction à la vie dévote,
Saint-François de Sales. Ouvrage destiné aux profanes, à ceux qui vivent dans le monde. L’objectif,
c’est de fournir une sorte de manuel de gvmt de soi. Cmt doit vivre un chrétien pour vivre
chrétiennement ? Il s’agit de combattre la position qui donne le monopole de la dévotion aux
d’Eglise. Aucune position sociale ne permet de se soustraire à la vie chrétienne. La dévotion, c’est la
charité quand elle est devenue habituelle. « Bref, la dévotion n’est autre chose qu’une agilité et
vivacité spirituelle par le moyen de laquelle la charité fait ses actions en nous, oo nous paraît,
promptement et affectionnément ». L’amour, c’est la première passion, en tant qu’amour de Dieu ; il
faut réserver l’amour à Dieu. Chez Descartes, l’amour n’est plus la seule passion mais l’une des six
passions primitives. §83 : Descartes évoque la dévotion l’amour d’un objet qu’on estime plus que
soi-même. 3 ressorts argumentatifs chez François de Sales : la métaphore ; l’argument d’autorité
(argument que la philosophie moderne éradique, argument chrétien par excellence) ; l’exemple. Le
tissu argumentatif fournit un art de se gouverner au quotidien dans le monde profane. Sales évoque
la nécessité d’un conducteur, d’un d’Eglise qui prend en charge le chrétien. D’où le « penser par
soi-même » énoncé par Kant et la philo des Lumières. Il s’agit de ne plus avoir de directeur spirituel.
Jamais Sales ne parle d’ascétique, d’ascète. Il parle d’« exercices de mortification extérieure ». Il faut
les employer avec modération. Plutôt que mortifier la chair, mieux vaut bien purifier nos affections
et rafraîchir nos cœurs. Sales prescrit des exercices (on retrouve l’askêsis). La pratique ascétique
n’est que l’un des visages du dévôt, de la religion.
Les Pensées philosophiques se divisent en trois grandes séquences, qui ont pour objet de condamner
le dévôt. Sous trois figures différentes. §1-11 : le dévôt cô pénitent (christianisme en tant qu’il
condamne les passions) ; §12-40 : le dévôt théologien (christianisme en tant qu’il s’oppose à la
raison) ; §41-62 : le dévôt cô imposteur, faiseur de faux miracle (christianisme en tant qu’il est
dangereux pour l’ordre civil). Il s’agit bien d’une critique systématique du chrétien cô dévôt. Diderot
procède à une réévaluation progressive des passions. Non seulement les passions ont leur positivité,
mais les grandes passions sont admirables, indispensables. C’est un leitmotiv de la philo des
Lumières. La religion, en tant qu’elle mortifie les passions, est contradictoire. Contradictoire avec les
impératifs de la vie sociale : clivage entre l’hô d’Eglise et le profane (une société vmt dévote se
détruirait elle-même). Contradictoire avec la théologie chrétienne elle-même : la thèse de la bonté
divine n’est pas conciliable avec la pratique de la mortification. Contradictoire avec elle-même : la
dévotion, cô christianisme ascétique, est instable.
Ce texte donne raison à Schopenhauer. L’ascétisme n’est, en effet, pas le pb de la philo des Lumières.
Il est l’un des visages de l’ennemi, qui n’est pas l’ascète, mais le dévôt. La philo des Lumières ne peut
pas prendre au sérieux l’ascétisme. Parce qu’elle est optimiste. La bonne morale nous dit que nous
devons viser le bonheur en ce monde-ci, pas en un autre. Si nous voulons vivre heureux, il ne faut pas
combattre la nature en nous, ce qui est le propre de l’ascétisme. L’hédonisme, le naturalisme, sont
des composantes de la philo des Lumières. Les Lumières peuvent critiquer l’ascète, mais pas le
prendre au sérieux. « C’est le comble de la folie que de se proposer la ruine des passions », écrit
Diderot. C’est une aberration. On combat ces pratiques, mais il n’y a pas encore lieu de les analyser,
elle ne constitue pas un objet philosophique.
Autre référence qu’il faut étudier pour être sûr qu’il a raison : Kant. L’un des principes de la
morale kantienne, c’est le refus de l’eudémonisme. Le bonheur n’est pas un critère (ni un objectif) ;
c’est une question étrangère à celle de la moralité [1ère section Fondements de la métaphysique des
mœurs]. Si la nature avait voulu que l’hô soit heureux, elle ne lui aurait donné que l’instinct ; elle lui a
donné la raison pour autre chose. Le critère moral, c’est le devoir, pas le bonheur. Devons-nous pour
autant renoncer au bonheur ? Non, car nous pouvons raisonnablement espérer qu’à terme je puisse
rencontrer le souverain Bien (association concevable de la vertu et du bonheur). Cette
disqualification préalable du bonheur expose Kant à une accusation d’ascétisme. Le 22 décembre
1798, Schiller, dans une lettre à Goethe, accuse Kant d’ascétisme : « il reste malgré tout en lui, au
fond, tout comme chez Luther, quelque chose qui fait songer à un moine, qui aurait sans doute forcé
les portes de son couvent, mais qui aurait été impuissant à en effacer totalement l’empreinte » (la
figure du moine est tjr péjorative chez les protestants). Kant resterait porteur de la tradition
ascétique. A la fin de la Doctrine de la vertu, Kant se défend. Il distingue deux ascétismes. Il ne s’agit
pas d’agir par seul respect pour la loi morale, mais il faut le faire avec gaieté, s’en réjouir. « c’est une
espèce de diététique […] ». Il distingue donc l’ascétisme moral de l’ascétisme monacal, fanatique.
« La discipline que l’hô exerce sur lui-même ne peut donc devenir méritoire et exemploire que grâce
à la joie qui l’accompagne ». Dans un cas, on rencontre gaieté, joie, dans l’autre, tristesse. Je combats
mes désire par l’ascétisme éthique, et en plus je dois aimer ça. L’ascétisme du moine est bcp plus
violent, et surtout il ne vise pas à l’amélioration de soi, mais à l’expiation fanatique, qui consiste à se
punir soi-même et à vouloir racheter ses fautes au lieu de les regretter. Il y a opposition de motifs :
l’un vise la vertu, l’autre le rachat, l’autopunition. Cet ascétisme monacal est causé par la
superstition, qui a ensuite un effet : il est dissuasif, rend la morale haïssable (on ne peut avoir envie
d’imiter le moine). Il est bien question ici d’ascétisme, sous la forme d’une accusation, dont il s’agit
de se défendre (on est bien à l’âge des Lumières). Bien qu’il parle d’ascétisme, cela n’est pas le pb de
Kant. L’ascétisme reste chargé d’une grande négativité, que Kant cherche à neutraliser. Le discours
kantien apporte donc une nouvelle confirmation de la prétention de Schopenhauer. Pour
Schopenhauer, la morale de Kant a le mérite d’être purifiée du bonheur, de toute préoccupation
eudémoniste. Mais Kant a réintroduit sournoisement le bonheur dans la morale. De quelle tradition
Kant est-il tributaire, qui le contraint à réintroduire le bonheur ? Son erreur, c’est d’avoir cru que le
discours moral devait s’énoncer sous une forme impérative, sous la forme d’une loi. D’où vient que
l’on conçoive la morale cô un discours du « tu dois » ? Cette perversion de la morale, cela provient du
judaïsme. Le pb de Kant, c’est qu’il est resté juif. Si on pose le pb en termes de loi, cela n’a
d’effectivité que si le respect ou la transgression sont récompensé ou puni. C’est pourquoi il est
obligé de ramener le bonheur dans la morale. Nietzsche à son tour se penche sur le pb. Pour lui, Kant
a continué de valoriser l’ascétisme, parce qu’il est resté chrétien, théologien. Aurore, § 339 : « Exiger
que le devoir soit toujours quelque peu importun comme le fait Kant revient à exiger qu’il ne
devienne jamais habitude et coutûme : dans cette exigence se cache un petit reste de cruauté
ascétique. » + Généalogie de la morale, II, 6. On retrouve l’accusation de Schiller. Du point de vue de
Nietzsche, il faut se débarasser de toute la morale telle qu’elle existe depuis le christianisme (et la
morale des Lumières en reste tributaire).
Dernière étude : Bentham. Fondateur de l’utilitarisme. Contemporain de Kant. Fragment sur
le gouvernement (1776) : il existe deux gds discours sur le droit. Celui de la common law, discours de
la jurisprudence, droit de la tradition. Tissu de bêtises. L’autre, c’est celui du droit naturel (de la
nature de l’hô nous pouvons déduire des droits). Pour Bentham, le concept de droit naturel est
dangereux, indéfiniment litigieux. Chacun mettra ce qu’il a envie de mettre. On peut déterminer un
critère pour faire des lois justes : l’utilité. « Une loi juste est une loi qui est conforme au plus grand
bonheur du plus grand nombre ». Puis il se lance dans la quantification, le calcul du bonheur. 1789 :
Introduction aux principes de morale et de législation. Le principe d’utilité, c’est le revers total de
Kant. Il faut admettre une fois pour toutes que les agissent pour éviter la douleur et pour se
donner du plaisir. « Par principe d’utilité, on entend le principe qui approuve ou désapprouve toute
action, quelle qu’elle soit, selon la tendance qu’elle semble avoir à augmenter ou à diminuer le
bonheur de la partie dont l’intérêt est en jeu […] ». Deux principes s’opposent au principe
d’ascétisme : le principe d’ascétisme et le principe de sympathie et d’antipathie. Le second principe
renvoie à toutes les doctrines qui consistent à universaliser arbitrairement une préférence
individuelle, subjective (ex : discours du sentiment, de la conscience morale ; on ne fait que prêter
une forme universelle à une sympathie dont on est incapable de rendre raison). Le principe
d’ascétisme, c’est le principe d’utilité à l’envers. § 3 : le principe approuve les actions dans la mesure
où elle diminuent le bonheur et condamnent les actions qui condamnent le bonheur. Entendu en son
sens large, le principe d’ascétisme est présent dès qu’on condamne une forme de plaisir en tant que
telle.
Dans une longue note, il dvpe l’origine historique et factuelle de l’ascétisme. Bentham présente
l’ascétisme monacal une aberration. Dieu, bienveillant, nous demande de souffrir pour mériter
une récompense future. Il n’y a pas de justification sensée, rationnelle, de l’ascétisme. Seulement, si
l’ascétisme ne touchait que les moines, aucune raison de s’y intéresser. Mais par un mystérieux tour
de force, l’ascétisme a gagné ce que Bentham appelle « la grande masse de l’humanité » (§7). La
critique de l’ascétisme s’effectue en trois temps. D’abord, le principe ascétique est le point d’accord
secret, la convergence clandestine, de deux partis : les philosophes ; les partisans du christianisme.
Deux camps qui semblent opposés (bipartition des Lumières). En réalité, ils sont complices et
s’accordent sur l’ascétisme. Les motifs sont différents : pour les philosophes, c’est l’espoir ; pour les
religieux, c’est la crainte (de la damnation éternelle). Différence d’intensité : condamnation modérée
pour les philosophiques (non pas « il faut souffrir » mais il faut mépriser les plaisirs) ; radicale pr les
religieux (il faut rechercher la souffrance). Différence de destinataires : élites pour les philosophes ;
vulgaire pour les religieux. Ainsi l’humanité est-elle gagnée à l’ascétisme. Cmt se fait-il que les hô,
naturellement gouvernés par la recherche du plaisir, le sont aujourd’hui par l’inverse ? Le conflit
apparent cache un autre conflit, entre tous ceux qui dévaluent le plaisir, et ceux qui le valorisent.
L’utilitarisme devient le seul à défendre le plaisir en tant que tel. Le 1er vice de l’ascétisme, c’est
d’être sournoisement hégémonique. Deuxième critique : l’ascétisme est inconséquent. Les partisans
de l’ascétisme ne sont pas vraaiment radicaux, ne peuvent pas l’être. Le principe ascétique a tjr été
restreint au champ moral, privé. On n’a jamais pu l’appliquer au champ politique. Mais n’y a-t-il pas
eu des tentatives pr réaliser politiquement l’ascétisme ? Sparte, semble-t-il. Dans L’Esprit des lois,
Montesquieu évoque Sparte cô un monastère.
Montesquieu distingue trois formes de gvmts : république (démocratie ou aristocratie) monarchie
despotisme. Tout gvmt doit avoir un principe, que les gouvernés soient dominés par une certaine
passion. Le ressort passionnel du despotisme est la crainte. Il faut entretenir la peur : le régime
despotique est donc imprévisible. Il se caractérise par l’absence d’horizon. La passion monarchique
est l’honneur. C’est le sentiment d’appartenir à une certaine classe, un certain corps social. Cela
implique des privilèges et des devoirs particuliers. Être un homme d’honneur, c’est faire honneur à
son nom et à sa caste. Le noble doit être un hô d’honneur. Le principe de la république, c’est la vertu
(politique, précise-t-il). La vertu politique, c’est l’amour de la patrie, de la république, amour de
l’égalité, amour de la frugalité. Il ne peut y avoir d’égalité qu’avec peu de richesses. Cmt comprendre
un régime les citoyens ont massivement entretenu la pauvreté ? Sparte serait une république
ascétique. Pour Montesquieu, les passions qui d’ordinaire s’investissent sur toutes sortes d’objets, si
elles sont interdites de satisfaction, peuvent se retourner sur la règle même qui les interdit. A Sparte
cô dans les ordres monastiques, la passion se retourne sur l’interdit lui-même, sur la règle qui interdit
la satisfaction des passions. Passion pour la règle qui nous afflige.
Bentham récuse l’objection de Sparte-ascétique : si ces caractéristiques ont existé, c’est qu’elles
étaient utiles à la sécurité, donc au plus gd bonheur du plus gd nb. Qu’en est-il des communautés
quakers ? On n’impose rien, chacun décide de faire ça. Une politique ascétique imposerait le malheur
au plus gd nb. Aucun régime n’a un tel principe indique Bentham. Par def, l’ascétisme est pronominal
je me fait souffrir. L’ascétisme n’est pas vu cô une imposition : il n’est jamais transitif. Dans les
monastères de Chénouti d’Athipé (cf. Lacarrière) le principe de l’ascétisme, c’était le refus de
l’individualité. Toutes les prières se faisaient collectivement l’encontre de l’argument de
Bentham].
Troisième critique de l’ascétisme. A l’origine de l’ascétisme, c’est un sophisme, une inférence
fallacieuse. Certains constatent, au départ, que certains plaisirs produisent plus de douleurs qu’ils
n’ont apporté de plaisir ; ils sont coûteux. La proposition dégagée sera fausse : puisque certains
plaisirs sont coûteux, tout plaisir est dangereux. J’en conclus ainsi qu’il faut chercher la douleur, tous
les plaisirs étant dangereux. L’ascétisme est l’aberration pratique qui découle d’un sophisme.
On peut considérer cela cô une 3e confirmation de la présomption de Schopenhauer. Si
Bentham parle de l’ascétisme, c’est pour l’écarter préalablement. Au fond, l’ascétisme n’a pas de
consistance : c’est au départ un sophisme, et une aberration à l’arrivée. En réalité, personne ne va au
bout de l’ascétisme (ne travaille à réaliser le plus gd malheur du plus gd nombre). Historiquement,
Bentham est un faux départ. Il en parle, expressément, mais pour l’écarter, en refusant de lui
accorder une véritable consistance théorique.
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