Novembre 4/2008 31
mesure pour affronter de telles situati-
ons et les appliquer à l’entraînement afin
de pouvoir y recourir à l’instant décisif,
en compétition. Mais l’idée que l’on naît
champion continue à être très répandue,
de même que celle qu’il est possible de
satisfaire sans effort à toutes les exi-
gences liées au sport de performance et
de haut niveau. Toutefois, des travaux de
recherche ont montré que les sportifs qui
réussissent disposent de davantage de
stratégies psychologiques pour maîtriser
des situations inhabituelles et qu’ils les
utilisent plus souvent. «J’ai dû appren-
dre à gérer la pression psychique pour
exprimer mon potentiel en Coupe du
monde» affirme, par exemple, le vété-
tiste professionnel Florian Vogel.
Apprendre à développer des
stratégies mentales
Souvent, on associe la psychologie du
sport uniquement à la résolution de dys-
fonctionnements ou de problèmes. Mais
le travail du psychologue du sport con-
siste en grande partie à enseigner des
stratégies appropriées, qui seront inté-
grées au quotidien de l’entraînement.
Cet aspect pédagogique peut être réa-
lisé avec des sportifs individuels ou des
groupes. L’apprentissage d’une mé-
thode de relaxation permet aux en-
traîneurs et aux athlètes d’améliorer la
récupération et de diminuer la nervosité
avant la compétition. Des stratégies per-
mettant de réguler les pensées négati-
ves peuvent être utilisées à l’entraîne-
ment et en compétition pour maintenir
la concentration et l’attitude positive de
l’athlète. Des stratégies en relation
avec des objectifs sont indiquées, par
contre, lorsqu’il s’agit de maintenir la
motivation sur une longue durée, une
olympiade par exemple, ou pendant des
phases de stagnation ou de rééducation
après une blessure. Les techniques de
visualisation peuvent être utiles entre
autres pour assimiler de manière plus ef-
ficace un nouveau déroulement de mou-
vements ou d’ancrer des schémas loco-
moteurs déjà connus. L’apprentissage
de stratégies mentales se fait générale-
ment sous la houlette de psychologues
du sport ou d’entraîneurs bien formés à
cet effet.
On peut comparer l’acquisition d’une
stratégie mentale à celle d’une techni-
que sportive spécifique. «Pour moi, la
psychologie du sport est devenue aussi
importante que l’entraînement physi-
que, estime Florian Vogel. Je suis per-
suadé que l’investissement réalisé sur ce
plan est payant et qu’il me fait avancer,
tant du point de vue sportif qu’humain.»
Conseils à l’intention de sportifs
Souvent, la consultation d’un psycholo-
gue du sport a pour objectif d’élaborer
des outils qui permettront au sportif
d’affronter un passage délicat de sa car-
rière, d’améliorer sa confiance en soi ou
de vaincre la peur de l’échec. Le travail
avec des équipes constitue un autre
aspect de cette activité de conseil – il
porte alors essentiellement sur la forma-
tion de l’esprit d’équipe, la communica-
tion, la répartition des rôles ou la formu-
lation d’objectifs.
L’entraînement psychologique en
tant que facteur de performance
La psychologie du sport ne se résume
donc pas à la seule gestion d’un échec
ou d’une crise momentanée. Elle consti-
tue un aspect important dans l’optique
du développement global de la perfor-
mance. Simon Ammann, double cham-
pion olympique et champion du monde
de saut à skis, est lui aussi convaincu de
l’importance des interventions en psy-
chologie du sport: «Le travail du mental
m’a aidé, grâce à des méthodes spécia-
les, à progresser considérablement tout
au long de ma carrière.»
Karin Moesch est collaboratrice scientifique
du service de psychologie du sport de la
Haute école fédérale de sport de Macolin.
Les stratégies appropriées permettent de réguler les pensées négatives et de canaliser toute son énergie pour affronter au mieux la compétition.
Photo: FIVB