MISES À JOUR ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES
Mars 2017
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En avant toute! (mais gare aux icebergs)
Il y a deux mois d’écoulés, en 2017, et les données économiques témoignent du fait que les économies des pays développés poursuivent sur leur lancée, au grand
soulagement des prévisionnistes, à la suite d’années de « déceptions en série ». L’Europe, en particulier, a eu sa part de surprises agréables. Le climat économique
dans la zone euro demeure à des sommets pour le cycle, et l’indice mondial des directeurs d’achat (PMI) s’est établi au -dessus des récentes fourchettes, en février. De
façon quelque peu inattendue, c’est en France que l’on a constaté la plus grande amélioration, en dépit des risques politiques élevés. Même si les tendances récentes, en
matière de données, sont encourageantes, nous craignons toujours que l’incertitude entourant quelques élections ne freine l’activité économique. Les données du
Royaume-Uni sont demeurées robustes, au début de l’année, après que l’économie eut largement dépassé les attentes, à la suite du référendum du deuxième semestre de
2016. Les indicateurs se sont révélés un peu plus équilibrés au Canada : la croissance et l’emploi ont continué d’être solides, mais les détails sous-jacents (la faiblesse
des investissements et l’état stationnaire des exportations hors énergie) témoignent toujours des difficultés qui assaillent l’économie. La Banque du Canada demeure
prudente, étant donné les risques qu’entraînent des changements potentiels à la politique américaine.
De solides perspectives aux États-Unis, accompagnées d’agréables surprises sur les plans de l’emploi et de l’inflation, semblent avoir fait pencher la Réserve fédérale
pour une approche du « plus tôt possible » en matière de politique monétaire : les commentaires de membres du Comité laisseraient entrevoir une hausse des taux
d’intérêt en mars. Les marchés ont emboîté le pas, à la suite de ces changements. Les taux des titres du Trésor américain sont demeurés dans leurs récentes fourchettes,
alors que les marchés boursiers ont continué de grimper (le S&P 500 et l’indice MSCI ont enregistré des niveaux records, le 1er mars), même si l’on s’attendait à un
resserrement de la politique monétaire. La perspective d’un incitatif fiscal aux États-Unis continue de faire progresser les actions, même si on manque encore de détails,
alors que les investisseurs semblent faire fi des risques de baisse pouvant découler des politiques commerciales protectionnistes.
Le Canada a terminé 2016 avec un solide gain de son PIB
L’économie du Canada a progressé au taux annualisé plus élevé que prévu de 2,6 %, au quatrième trimestre de 2016, s’appuyant sur le gain de 3,8 % enregistré au
trimestre précédent, qui traduisait en partie une reprise du secteur de l’énergie, à la suite des feux incontrôlés en Alberta. Les ménages ont continué d’être une
importante source de croissance, car les dépenses de consommation et les investissements résidentiels ont fortement augmenté. Les investissements des entreprises ont
été décevants; au-delà de la hausse ponctuelle des investissements dans les structures au trimestre précédent, les investissements dans le matériel et l’outillage ont
affiché une deuxième baisse d’affilée de plus de 10 %. La baisse des importations de biens d’équipement a contribué à une forte diminution des importations, donnant
lieu à un apport respectable de la balance commerciale nette à la croissance. Les investissements du gouvernement ont enregistré d’autres solides gains : ils ont
progressé à une cadence d’environ 5 %, au cours du deuxième semestre. L’augmentation des dépenses d’investissement public donne à penser que le gouvernement
fédéral n’a pas été aussi lent que l’on ne l’avait d’abord craint, dans le déploiement des dépenses en infrastructures. Le prochain budget fédéral (attendu en mars) devrait
fournir un certain rapport d’étape sur les mesures incitatives à ce jour. Nous croyons que les nouvelles dépenses seront limitées, même si le déploiement continu des
mesures incitatives annoncées dans le budget de février devrait stimuler l’économie du Canada cette année.
Les détails mensuels sous-jacents à la hausse trimestrielle indiquaient que le PIB a enregistré une solide hausse de 0,3 % en décembre. Une augmentation supérieure à la
tendance dans les industries de fabrication de biens, particulièrement les services publics et la construction, a donné lieu à une autre hausse constante des activités des
services, au cours du mois. Cette hausse fournit un solide tremplin pour le premier trimestre, même si une partie des gains (surtout dans les services publics) risque
d’être annulée; nous avons donc laissé nos prévisions inchangées pour le premier trimestre de 2017, à 1,9 %. La répartition devrait être plus favorable qu’au trimestre
précédent, la demande intérieure ayant atteint 2 %, après s’être établie en moyenne à moins de 1 %, au cours du deuxième trimestre de l’an dernier.
L’enquête sur les dépenses en immobilisations est décevante, une fois de plus, en 2017
L’enquête annuelle sur les dépenses en immobilisations de Statistique Canada a donné un aperçu des projets de dépenses en immobilisations pour 2017, et les résultats
sont décevants. On prévoit que les dépenses en immobilisations du secteur privé accuseront une baisse de 1,6 %, cette année, soit une amélioration par rapport à la
baisse dans les deux chiffres enregistrée au cours des deux dernières années, mais c’est loin d’être un vote de confiance de la part des entreprises. La faiblesse moins
marquée du secteur de l’énergie, en 2017, démontre largement que ses perspectives s’améliorent graduellement; les investissements dans le pétrole et dans le gaz
devraient augmenter de 2 %, après des baisses de plus de 30 %, au cours des deux dernières années. D’après notre propre suivi des projets de dépenses en
immobilisations des sociétés d’énergie et les projections des analystes, il est possible que la hausse soit plus importante; on pourrait s’attendre à une agréable surprise,
dans ce secteur. Par contre, le secteur manufacturier montre toujours des signes de faiblesse, et les prévisions d’investissements y sont encore en baisse, cette année,
après un ralentissement décevant, en 2016. Même si la baisse de 2017 est concentrée dans les entreprises de fabrication liées aux produits de base, les intentions à
l’extérieur de ces secteurs n’étaient que légèrement plus élevées. Cela dit, l’enquête annuelle sur les dépenses en immobilisations de Statistique Canada et une tendance
plus faible que prévu, en ce début de 2017, nous incitent à revoir à la baisse nos prévisions en ce qui concerne les investissements des entreprises : plutôt que de
contribuer à la croissance, les dépenses en immobilisations du secteur privé devraient constituer une légère entrave, cette année.
La Banque du Canada semble déterminée à ne pas intervenir, alors que la Réserve fédérale poursuit son
resserrement
L’annonce des taux d’intérêt pour février par la Banque du Canada été l’une des plus brèves de l’histoire récente. Comme prévu, la Banque du Canada a laissé son taux
d’intérêt directeur inchangé, et n’a guère apporté d’indications relativement à l’orientation de sa politique, laissant un fort degré d’incertitude quant aux perspectives.
Cette annonce faisait état de l’inflation plus forte que prévu en janvier, mais précisait que les hausses des prix étaient fondées sur des facteurs temporaires
(particulièrement l’instauration de programmes de tarification du carbone en Ontario et en Alberta) que les décideurs allaient examiner, au moment de fixer les taux.
Les flux de données récents semblaient correspondre à leurs attentes, selon lesquelles la croissance s’améliore, et ils ont tenu compte du risque haussier dans leur
prévision de 1,5 % pour le PIB au quatrième trimestre de 2016 (bien que l’augmentation réelle de 2,6 % ait probablement dépassé leurs attentes). Par ailleurs, la
Banque a constaté une forte croissance de l’emploi, mais a cité la faiblesse des salaires et du nombre d’heures travaillées comme preuve de la capacité excédentaire
persistante dans l’économie. Ils ont continué à comparer les capacités inutilisées au Canada avec les conditions beaucoup plus serrées au sud de la frontière, peut-être
pour éviter que les marchés n’établissent des prix en fonction des taux directeurs plus élevés au Canada (les probabilités d’une hausse des taux d’intérêt, cette année, se
situent autour de 40 %), à la lumière du resserrement attendu de la part de la Réserve fédérale.
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