Canada : que se passe-t-il avec la croissance?

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Canada : que se passe-t-il
avec la croissance?
Perspectives économiques
La faiblesse du dollar canadien devrait finir par jouer un rôle de catalyseur,
mais, étant donné la composition du panier d’exportations canadiennes, son
incidence ne se fera sentir qu’après 2016. L’accroissement des dépenses
du gouvernement fédéral est un pas dans la bonne direction, mais cela sera
largement contré par le resserrement au palier provincial. Encore une fois,
la croissance de l’économie canadienne repose sur les consommateurs.
Cependant, malgré les aubaines, les statistiques sur les ventes au détail
laissent à désirer, même dans le centre du Canada, région qui devait tirer
le plus grand avantage de la faiblesse du prix de l’essence. Par conséquent,
la croissance sera encore une fois modeste, affichant un taux de 1,7 %
(inférieur aux prévisions consensuelles) en 2016 avant de reprendre un brin
de vigueur pour atteindre 2,3 % en 2017.
Les dépenses en immobilisations se font attendre
Actuellement, les dépenses en immobilisations dans le secteur de l’énergie
représentent environ la moitié des niveaux d’avant la correction, et il faut
s’attendre à d’autres compressions. L’incidence de cette situation sur le
plan macroéconomique devrait être moindre en 2016, mais, si l’on se fie
aux coûts tout compris, il est peu probable que les sociétés pétrolières
reviennent sur les annulations récemment annoncées, et ce, même si le prix
du brut revenait à 50 $ ou 60 $ par baril. En effet, la volatilité des prix du
pétrole rend les moyens de production flexibles beaucoup plus intéressants,
ce qui, à long terme, défavorise le secteur canadien des sables bitumineux,
dont les coûts fixes sont élevés.
À l’extérieur du secteur de l’énergie, les dépenses en immobilisations
anémiques sont moins une question de conviction que de rentabilité
insuffisante. En effet, les sociétés n’investissent généralement pas dans
l’accroissement de leurs capacités lorsque la croissance de leur rentabilité
est faible, voire négative. Heureusement, la croissance est calculée d’année
en année et, même si personne ne s’attend à des résultats exceptionnels, on
devrait néanmoins remarquer une augmentation raisonnable par rapport à
l’année de référence. Ceci devrait entraîner une hausse modeste des investissements dans les prochaines années. Cependant, les sociétés ne disposent
pas de réserves improductives qu’elles pourraient utiliser pour financer de
nouvelles dépenses en immobilisations puisque la part des actifs représentée
par l’encaisse est demeurée assez stable au cours des dernières années.
L’un des problèmes est qu’actuellement, le peu d’investissements des
sociétés canadiennes s’effectue à l’étranger. Bien que les dépenses en
immobilisations des sociétés canadiennes hors du secteur de l’énergie
soient essentiellement demeurées au même niveau depuis 2013, leurs
investissements à l’étranger sont à la hausse depuis quelques trimestres.
Pourtant, la faiblesse du dollar canadien rend les placements à l’étranger
plus coûteux pour ces sociétés, en plus de rendre les investissements au
Canada plus attrayants pour les gens de l’extérieur du pays. On pourrait donc
s’attendre à ce que le Canada attire davantage d’investisseurs étrangers au
cours des prochaines années, surtout parce que son coût de main-d’œuvre
est plus intéressant par rapport aux États-Unis. Malheureusement, les
grandes décisions concernant les usines et les installations ne se prennent
pas tous les jours et compte tenu des délais d’exécution, les investissements
ne suivront probablement pas avant 2017.
Les investissements hors énergie suivent la rentabilité
Secteurs hors énergie – Dépenses en
immobilisations et rentabilité (2007-2015)
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
-10 %
Actuellement
-20 %
-30 %
-10 % -5 % 0 % 5 % 10 %
Croissance des dépenses en immobilisations
Croissance des bénéfices
Les perspectives de l’économie canadienne pour 2016 n’ont rien
d’emballant. Les prévisions les plus optimistes (y compris celles de la
Banque du Canada) se fondent en grande partie sur des vœux pieux
plutôt que sur l’abondance de signes concrets de vigueur. L’effondrement des dépenses en immobilisations dans le secteur de l’énergie,
principale cause de la morosité économique en 2015, n’est pas près
de se corriger au cours de la prochaine année, ni même en 2017. À
l’extérieur du secteur pétrolier, la reprise de l’investissement sera
également retardée par la récente perte de rentabilité des entreprises.
Source : Statistique Canada, Banque CIBC
10 %
8%
6%
4%
2%
0%
-2 %
-4 %
-6 %
-8 %
Var. 12 mois
Prév.
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
-10 %
-20 %
-30 %
07 09 11 13 15 17P
Dépenses en immo. hors énergie (G)
Bénéfice d’exploitation hors énergie (D)
Coup de pouce décevant du huard aux exportations
La faiblesse du dollar canadien aura également une influence positive sur
les exportations, mais comme pour les dépenses en immobilisations, le gros
de l’effet ne se fera pas sentir l’année prochaine. Ceci s’explique en partie
par les difficultés actuelles des fabricants américains, qui n’augmentent pas
le volume de leurs commandes auprès des fournisseurs canadiens intégrés
à leur chaîne de production.
Le fait que l’industrie canadienne fabrique davantage de produits intermédiaires que de produits finis limite également l’effet du taux de change
sur le volume des exportations. Les produits finis profitent davantage de
la faiblesse du huard puisqu’ils doivent passer par moins de mains avant
d’atteindre les consommateurs à l’étranger; ils peuvent ainsi profiter plus
rapidement d’un prix concurrentiel.
Les données indiquent que les biens de consommation exportés par le
Canada profitent déjà de la faiblesse du dollar canadien. En revanche, les
produits intermédiaires liés au cycle industriel américain ou international
accusent encore un retard.
Relance budgétaire insuffisante?
Le gouvernement prendra-t-il le relais? Les perspectives budgétaires avant
toute nouvelle initiative présageaient une légère contraction du côté du
secteur public en raison du resserrement des budgets provinciaux. Le
programme des libéraux renverse cette tendance, mais il ne suffira pas
à stimuler l’économie en 2016. Étant donné l’orientation des budgets
provinciaux, les mesures de relance seront de loin inférieures à celles
mises en œuvre durant la récession qui a suivi la crise financière.
Les consommateurs font leur part, mais il y a une limite
Même si les consommateurs sont actifs, il est peu probable qu’ils soient une
source d’accélération au cours de la prochaine année. L’augmentation des
dépenses au troisième trimestre est en partie attribuable au versement de la
prestation pour la garde d’enfants aux ménages par Ottawa. Malgré cela, les
données indiquent un ralentissement général des ventes pour les détaillants,
même si les consommateurs ont actuellement un peu plus de jeu dans leur
budget en raison du prix de l’essence.
Le ralentissement de la consommation dans les provinces touchées par la
baisse du cours du pétrole n’est pas une surprise, mais le consommateur a
aussi fait preuve de retenue partout ailleurs. Cela s’explique en partie par le
fait que les consommateurs ne profitent pas de la faiblesse des taux d’intérêt
pour emprunter. La contribution du crédit à la croissance des dépenses de
consommation est passée sous la barre des 3 %, ce qui représente une
fraction de ce que le crédit représentait au cours des cycles précédents.
En outre, le marché de l’emploi a été moins résilient que prévu. Il convient
de préciser que les statistiques sur la main-d’œuvre pour l’année ont, dans
l’ensemble, été supérieures aux attentes compte tenu du contexte économique.
Néanmoins, même si le niveau d’emploi à l’extérieur du secteur des ressources
s’est maintenu, les salaires affichent un ralentissement – même après
l’exclusion des secteurs des mines, du pétrole et du gaz. Un fléchissement des
dépenses de consommation réelles s’annonce donc; celles-ci devraient croître
de 1,5 % en 2016 et de 1,4 % en 2017, l’augmentation du prix de l’essence et
des taux forçant les consommateurs à resserrer les cordons de leur bourse.
Prévisions prudentes pour l’économie canadienne
Une légère amélioration du côté de l’exportation. Davantage de compressions
dans les dépenses en immobilisations dans le secteur du pétrole, et, au plus,
une faible croissance dans les autres secteurs. Des politiques budgétaires
divergentes au fédéral et au provincial, qui s’annulent presque. Un resserrement des dépenses des ménages. Bref, les perspectives pour l’économie
canadienne en 2016 ne sont pas particulièrement encourageantes. Nous
pouvons cependant espérer un redressement de l’économie mondiale en 2017.
Benjamin Tal est économiste en chef adjoint
à la Banque CIBC. Désigné comme l’un des
­principaux experts canadiens du marché
­immobilier par le Fonds monétaire international,
il est responsable de l’analyse de l’actualité
économique et de ses répercussions sur les
marchés nord-américains des titres à revenu
fixe, des actions, des changes et des
produits de base.
www.renaissanceinvestments.ca/en/economy/
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