préservation environnementale. Le discours dominant – et par ailleurs assez récent – indique
notamment que cette transition passe par le développement et la mise en œuvre de l’économie
circulaire dans les territoires (Brullot, 2009 ; Buclet, 2011). En France, les intervenants de la conférence
environnementale de septembre 2012 insistaient sur la nécessité de réfléchir à une réforme des modes
de production et de consommation de l’énergie afin de promouvoir les énergies renouvelables et les
dynamiques d’innovation qui leur sont associées. Parmi elles, se trouve la méthanisation encore
insuffisamment développée et pourtant nécessaire. A une échelle plus fine, les collectivités locales
sont confrontées à des contraintes budgétaires fortes. Ces dernières se caractérisent par une baisse
des dotations de l’Etat et une gestion des déchets onéreuse et difficile à organiser.
Dans ce cadre, les territoires et les industries sont amenés à réfléchir à des solutions
technologiques permettant (i) un traitement plus économe et plus efficace des déchets, (ii) de produire
de l’énergie par et pour le territoire. Parmi les technologies actuelles, nous nous intéresserons plus
spécifiquement à la biométhanisation comme source de développement économique et territorial
qui permet également une protection environnementale. Comme le souligne Barthe (2009), les
espaces ruraux constituent des « générateurs de bioressources ». Ces dernières constituent des
facteurs de maintien, de relance ou de création d’activités pour les dynamiser.
Le contexte scientifique : l’émergence de travaux sur la valorisation de la biomasse et ses impacts
sur le développement territorial
La stratégie d’affranchissement des énergies fossiles repose sur une intensification de l’effort
de recherche dans les biotechnologies et la méthanisation (Delgenes et al., 1996 ; Mshandete et al.,
2006 ; Ward, 2008 ; Moletta, 2009 ; Bollon, 2012 ; Nordmann, 2012). Du point de vue des sciences
humaines et sociales, on observe une multiplication des travaux étudiant (i) les enjeux organisationnels
et sociaux dans le développement des bioénergies (ii) les processus d’ancrage local et les impacts
socio-économiques et environnementaux de la valorisation des déchets verts. Le cadrage théorique
de ces études est triple. On s’attache à étudier les projets comme des Systèmes Productifs
Locaux/Systèmes Energétiques Territoriaux (Ibrahim et De Sède-Marceau, 2006 ; Barthe, 2009 ; Flety
et De Sede-Marceau, 2009 ; Sède-Marceau et al., 2011 ; Tritz, 2012). L’analyse par la Proximité (Rallet
et Torre, 1998 ; Pecqueur et Zimmermann, 2004 ; Torre, 2010) permettra également d’apporter une
grille de lecture intéressante (proximité organisée et proximité géographique) dans le cadre de notre
projet. Enfin, l’Ecologie Industrielle Territoriale (Allenby, 1992 et 1999 ; Boons et Baas, 1997 ; Duret et
al., 2007 ; D’arras, 2008 ; Brullot, 2009 ; Beaurain et Brullot, 2011 ; Buclet, 2011 ; Bahers, 2012 et 2014)
qui fait référence directement au principe d’économie circulaire nous permettra d’avoir un cadre
d’analyse cohérent des projets étudiés.
Objectifs scientifiques et opérationnels
L’économie circulaire est un modèle économique global conciliant développement économique,
préservation de l’environnement et emploi local. Ce nouveau paradigme a été très peu exploré sur le
plan scientifique. Aussi, nous souhaitons l’éclairer d’un point de vue conceptuel, théorique et
méthodologique. Pour cela, nous nous appuierons sur une analyse empirique élaborée sur cinq
territoires : la Basse-Normandie avec les communes de Caen-Métropole (14), Moyaux (14) et Gravigny
(50), la Bretagne avec Saint-Gilles du Mené (22) et enfin les Pays de la Loire avec les Herbiers (85). Dans
un premier temps, l’objectif sera d’analyser la réalité territorialisée des filières de méthanisation en
termes d’efficiences (bio)technique, économique, environnementale et de responsabilité sociale. Il
s’agira également d’étudier le territoire comme un construit d’acteurs qui nécessite coordination et
dispositifs de médiation. Nous devrons alors identifier quels sont les limites des systèmes actuels et
proposer des leviers pour accroître leur durabilité (efficacité, viabilité).