CONGé SOLIDAIRE® EN pOLyNéSIE

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CONGé SOLIDAIRE® en polynésie
FRANçaise
ÂÂRésultats et impacts
L
e domaine marin français est le seul à s’étendre sur les 3 grands océans du monde avec 11 millions de km² (deuxième
superficie après celle des Etats-Unis). Il abrite 10 % des récifs et lagons de la planète ainsi que 20 % des atolls. La
biodiversité présente dans les eaux françaises est considérable : des milliers d’espèces ont été recensées dont plusieurs
sont menacées à l’échelle mondiale (cétacés, tortues marines, requins, albatros, invertébrés comme le bénitier géant…) et
d’importantes ressources halieutiques.
La Polynésie française est depuis 2004 un Pays d’Outremer qui se gouverne librement et démocratiquement. Composée
de 121 îles (îles hautes volcaniques et îles basses coralliennes) regroupées en cinq archipels (Société, Tuamotu, Gambier,
Australes et Marquises), la Polynésie s’étend sur 5,5 millions de km² (territoire grand comme l’Europe) et compte 260 000
habitants. Ce territoire est caractérisé par son extrême isolement géographique au sein du Pacifique, à plus de 4 000 km des
continents les plus proches.
Le patrimoine naturel de Polynésie comporte des écosystèmes remarquables (récifs coralliens, zones humides…) et une
biodiversité marine et terrestre riche et diversifiée. Cependant, avec 128 espèces éteintes et près de 200 espèces menacées
inscrites sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour Conservation de la Nature), la Polynésie française est la
collectivité française comportant le plus grand nombre d’espèces éteintes ou menacées de toutes les collectivités d’outre-mer
français. Les principales causes de cet appauvrissement de la biodiversité sont la dégradation ou la fragmentation des habitats
(urbanisme, pollution, tourisme, surpêche) et l’introduction d’espèces exotiques (60 espèces présentes sur le territoire sont
déclarées « espèces menaçant la biodiversité »).
Les mesures de protection et de sauvegarde du patrimoine naturel sont actuellement parcellaires en Polynésie française. Si la
liste des espèces protégées comprend environ 200 espèces, la surface terrestre protégée ne représente que 3 % des terres
émergées et la surface marine protégée moins de 1 % de la surface des récifs et des lagons.
De plus, les enjeux environnementaux liés à la gestion et au traitement des déchets ou encore l’usage de l’eau douce sont
relativement préoccupants et demeurent peu connus des populations.
Tetiaroa
Moorea
Tahiti
1
polynésie française
T A B L E D E S M A T I è res
Tetiaroa
POLYNESIE FRANCAISE
Moorea
Tahiti
Papete
écovolontariat
CRIOBE
étude et conservation des récifs coralliens
Ta mana o te moana
Suivi des sites de ponte de tortues marines sur l’atoll de Tetiaroa
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Congé Solidaire® : résultats et impacts
3
3à9
10 à 16
écovolontariat
POLYNésie FRANçaise
étude et conservation
des récifs coralliens
Tetiaroa
POLYNESIE FRANCAISE
Moorea
Tahiti
Papete
Le CRIOBE (Centre de Recherche Insulaire
et Observatoire de l’Environnement) est
une station de recherche de l’EPHE (Ecole Pratique des Hautes Etudes)
et d’observation de l’écosystème corallien du Pacifique Sud, et intègre un
centre d’accueil et de promotion de la recherche portant sur les milieux
terrestres et marins et les sociétés insulaires du Pacifique Sud.
Historiquement, le CRIOBE est issu de l’implantation de l’EPHE dès 1971
en Polynésie française, plus particulièrement sur l’île de Moorea (archipel
de la Société). L’EPHE, grand établissement d’enseignement supérieur et
de recherche sous tutelle du Ministère de l’Education Nationale, a le statut
d’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel
et a pour vocation de contribuer à l’enseignement et à l’avancement
des connaissances scientifiques par la recherche fondamentale et
les recherches appliquées. Dès son implantation en 1971, l’essence même des travaux sur les récifs coralliens
a été d’intégrer la notion de surveillance de l’écosystème à long terme dans un contexte de résilience face aux
impacts naturels et anthropiques. C’est ainsi qu’à ce jour, le CRIOBE peut afficher les séries temporelles les plus
longues concernant le suivi de l’écosystème corallien dans le Pacifique. Le centre est à l’origine jusqu’à ce jour
de 800 publications, 250 rapports et 100 thèses ou diplômes. Organisateur de nombreux colloques et séminaires
internationaux en Polynésie, le CRIOBE a servi d’infrastructure de base, en 1985, lors du congrès international sur
les récifs coralliens réunissant plus de 700 participants. Très rapidement reconnu par le Réseau National des Stations
Marines, et seule station implantée en outre-mer, le CRIOBE a obtenu la reconnaissance en 2006 du Centre National
de la Recherche Scientifique (CNRS), devenant ainsi une Unité Mixte de Service sous la cotutelle de l’EPHE et du
CNRS. En 2007, le CRIOBE a également été reconnu pour son action de surveillance de l’environnement, sous
le label de Service d’Observation de l’Institut National des Sciences de l’Univers (INSU). Cette même année, une
convention-cadre de collaboration a été signée entre le CNRS, l’EPHE et le territoire de la Polynésie française pour
la coopération en matière de recherche et de développement relatifs aux récifs coralliens. Le CRIOBE rassemble 11
salariés et comprend :
• une Unité Mixte de Service EPHE-CNRS
• un Service d’Observation de l’INSU.
Congé Solidaire® : résultats et impacts
3
polynésie française
écovolontariat : CRIOBE
Les missions du CRIOBE se découpent en 3 axes :
• un observatoire de l’écosystème corallien du Pacifique Sud,
• un centre d’accueil et de promotion de la recherche sur les milieux terrestres
et marins et les sociétés insulaires du Pacifique Sud,
• une entité permettant une communication et la vulgarisation autour de
l’écosystème corallien, mais aussi agissant en tant qu’expert sur les
questions d’environnement relatives aux milieux coralliens.
Le CRIOBE accueille chaque année environ 250 personnes dont prés de 45 % sont
des chercheurs de toutes nationalités différentes mais principalement des français
et des américains, 30 % sont des conférenciers ou des personnes ressources pour
échanges et collaboration et 25 % sont des étudiants qui mènent leurs travaux au
sein de la station.
île de Moorea
CRIOBE et Planète Urgence
Le partenariat entre le CRIOBE et Planète Urgence a débuté en février 2008.
Mohsen Kayal, doctorant EPHE sur la dynamique des populations de coraux scléractiniaires en Polynésie française, a pris
contact avec Planète Urgence afin que des volontaires viennent l’appuyer dans la réalisation de sa thèse. Dans le cadre de
celle-ci, Mohsen devait effectuer des plongées en scaphandre autonome afin de réaliser des suivis des populations de coraux.
Cependant, ce type de plongée doit être menée en binôme pour assurer une sécurité maximale et Mohsen ne parvenait à
trouver un accompagnant parmi le personnel de la station (si d’autres étudiants présents au CRIOBE et ayant un niveau
suffisant en plongée bouteille auraient pu l’accompagner, ils étaient également impliqués dans leurs propres travaux de thèse).
L’objectif de cet accompagnement via les volontaires de Planète Urgence avait été fixé pour une durée d’un an. À compter de
janvier 2009, un partenariat élargit a été établi entre l’EPHE, le CRIOBE et Planète Urgence afin de permettre à l’ensemble des
chercheurs de la station de bénéficier de l’appui de volontaires.
Présentation du projet d’Etude
et conservation des récifs coralliens
Depuis la mise en place du partenariat entre Planète Urgence et le CRIOBE en 2008, 59 volontaires sont partis en
mission à Moorea afin de prendre part aux activités et au développement de la station. L’essentiel des activités des
volontaires est étroitement lié au travail des chercheurs et des étudiants ou autres porteurs de projets scientifiques, permanents
ou en mission temporaire au CRIOBE. Ces projets concernent de nombreux domaines scientifiques, majoritairement mais non
exclusivement axés autour de l’étude des communautés récifales. Les volontaires assistent les chercheurs aussi bien sur le
terrain qu’avant et après les sorties pour la préparation du matériel et l’analyse des échantillons. Les sorties terrain se font en
plongée bouteille sur le récif, en palmes, masque et tuba (PMT) dans le lagon, ou encore à pied le long de la ligne de rivage ou
des rivières qui jalonnent l’île de Moorea.
Tout en assistant à une variété de thématiques et d’approches à la pointe des questions scientifiques actuelles, les volontaires
apportent un soutien physique, logistique et d’expertise selon leurs compétences propres. En deux ans de fonctionnement, de
nombreux projets scientifiques ont bénéficié de l’aide des volontaires, que ce soit concernant les suivis à long terme du milieu
récifal (composition planctonique, recrutement corallien, analyse de la qualité de l’eau), les études menées par les chercheurs
statutaires et étudiants en thèse en longs séjours (parasitisme des espèces, dynamique des populations de coraux, écologie
des populations de requins, écologie des interactions entre symbiontes coralliens) ou encore celles des chercheurs en missions
à plus court terme (génétiques des poissons clown, dynamique larvaire des poissons, communications des poissons récifaux,
étude d’impact de l’introduction du trocas, densité et distribution des bénitiers). En plus de ces activités, une partie limitée de
l’emploi du temps des volontaires est consacrée à des travaux de maintenance et d’entretien de la station. Ainsi, les volontaires
ont notamment travaillé à la mise en place d’une salle aquarium, la création d’un panneau d’accueil à l’entrée de la station,
l’installation d’une sonde météo, la création du site Internet du CRIOBE et d’une base de données pour la bibliothèque de la
station, la révision des bouteilles de plongée, la remise en état d’un compresseur de gonflage des bouteilles de plongée.
Volontaires et chercheurs menant des travaux sur les récifs coralliens et le long de la ligne de rivage
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Congé Solidaire® : résultats et impacts
écovolontariat : CRIOBE
Présentation de travaux entrepris par 3 doctorants au CRIOBE et
de l’apport des volontaires sur ces travaux
POLYNésie FRANçaise
La dynamique des populations de coraux est en grande
partie gouvernée par les processus de recrutement, de
croissance et de mortalité. Ces processus varient dans
Mohsen Kayal
l’espace et dans le temps à différentes échelles en lien
Doctorant à l’EPHE
avec des facteurs intrinsèques et extrinsèques, donnant
lieu à une dynamique relativement complexe. L’étude de
cette dynamique constitue une étape essentielle dans
Sujet de thèse :
la compréhension des mécanismes de structuration
et de maintien des populations coralliennes. Ce
Etude de la dynamique
programme doctoral porte sur l’étude de la dynamique
des populations de
des populations de coraux scléractiniaires1 dans
coraux Scléractiniaires
les écosystèmes récifaux insulaires de la Polynésie
française. Dans un premier temps, il s’agit de déterminer
en Polynésie française.
la variabilité spatio-temporelle de la dynamique des
populations à l’échelle régionale (entre les îles de Moorea
et Raiatea dans l’archipel de la Société), insulaire (différents sites par île) et locale (différentes profondeurs par site). Cette
dynamique est appréhendée par des suivis saisonniers et interannuels des taux de recrutement, de croissance, et de mortalité,
en distinguant notamment différentes classes de tailles de colonies. Cet axe concerne les trois principaux genres de coraux
(Acropora, Pocillopora et Porites), et permet ainsi de déterminer l’importance des traits d’histoire de vie (facteurs intrinsèques)
dans les caractéristiques de la dynamique de ces populations. Par la suite, l’influence de certains facteurs environnementaux
(facteurs extrinsèques : physiques, biotiques, et perturbations naturelles) dans la variabilité de la dynamique observée est
évaluée, par analyse de corrélations et par expérimentations in situ. Enfin, la modélisation mathématique de la dynamique,
réalisée à partir des données acquises dans ce travail, permet de simuler différents scénarios d’évolution des communautés
coralliennes à l’échelle décennale, et ce afin de mieux appréhender les capacités de résilience des récifs étudiés.
Mohsen a débuté son travail au CRIOBE en 2007. Le suivi des populations de coraux sur différentes stations des récifs de
Moorea permet d’en déduire les taux de formation, de croissance et de mortalité des colonies coralliennes. En parallèle de cela, il
a échantillonné un certain nombre de facteurs environnementaux (sédimentation, luminosité, prédation, hydrodynamisme, etc.)
sur ces mêmes stations afin d’identifier les principaux processus qui orientent la vie des coraux. Au final, ses suivis de terrain lui
permettront de construire des modèles mathématiques informatisés afin d’être en mesure de prédire l’évolution des populations
de coraux dans le temps (observer les tendances à la croissance, au maintien, ou inversement au déclin des populations).
Les études en écologie des populations et en modélisation nécessitent cependant un grand effort d’échantillonnage, unique
moyen d’assurer la robustesse des analyses statistiques et la justesse des modèles prédictifs. Les travaux de terrain de
Mohsen Kayal sont, par conséquent, fortement basés sur des observations in situ des coraux en plongée sur le récif, ce qui
en soit impose un certain nombre d’obligations et de restrictions.
Tout d’abord au niveau sécurité, la pratique de la plongée en scaphandre autonome nécessite l’immersion obligatoire de 2
personnes, la plongée individuelle étant interdite. Or, à son arrivée au CRIOBE, il y avait certaines périodes pendant lesquelles
il était le seul plongeur présent à la station et le manque d’accompagnant a parfois été un véritable obstacle à son travail.
Ensuite, la durée d’immersion pour le travail en plongée est limitée par deux principaux facteurs que sont l’air et la saturation
en azote. Par conséquent, cette limitation temporelle fait que les écologistes du milieu aquatique ont un temps de travail
in situ plus limité que les écologistes en milieu terrestre, et donc la présence d’assistants sur le terrain permet grandement
d’optimiser le travail de ce temps d’immersion.
Mohsen et un volontaire posant des recueils à sédiments / Volontaire au laboratoire du CRIOBE
1
appelés «coraux durs» car ce sont généralement des animaux coloniaux ayant un squelette minéralisé rigide. De formes et de tailles variées, ils sont
très largement répandus dans les eaux côtières tropicales où ils forment des « trottoirs », des atolls ou des barrières. Ces colonies sont le plus souvent inféodées
à des eaux très éclairées (la lumière étant nécessaire aux algues symbiotiques). Ces animaux aiment les eaux chaudes mais supportent mal une trop forte température et, surtout, une forte pollution qui entraînent leur mort rapide, que l’on désigne sous le terme de blanchissement.
Congé Solidaire® : résultats et impacts
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polynésie française
écovolontariat : CRIOBE
Aussi, la « main d’œuvre » en général est un facteur limitant dans les centres de recherches et ce particulièrement en France,
où les moyens dédiés à la recherche restent restreints. Ainsi, en dehors de l’aide apporté sur le terrain, les volontaires de
Planète Urgence participent grandement à la préparation du matériel d’échantillonnage, des outils à déployer sur le récif et
à l’analyse des échantillons récoltés sur le terrain. Dés lors, la présence des volontaires a permis à Mohsen Kayal d’effectuer
avec efficacité ses suivis sur le terrain pour toute la phase d’acquisition des données des deux dernières années.
Actuellement, Mohsen travaille sur la phase d’analyse des informations recueillies afin d’extraire les tendances
qui vont informer des différents aspects de la vie des coraux, à savoir :
• quelles sont les espèces les plus fragiles ?
• quelles sont les étapes du cycle de vie des coraux les plus sensibles aux perturbations ?
• quels sont les principaux facteurs environnementaux qui influencent la santé des récifs ?
• quelles sont les capacités de maintien et de résilience des différentes populations étudiées ?
• quels critères sont primordiaux pour favoriser la survie des coraux face aux perturbations ?
Les réponses à ces questions constituent la finalité de ses travaux et seront ensuite diffusées à l’ensemble de la communauté
scientifique, afin de mieux comprendre le fonctionnement des communautés récifales et de pouvoir mieux cibler les actions
pour la préservation de ces écosystèmes. En effet, les coraux forment des écosystèmes marins complexes et parmi les
plus riches en biodiversité. Les massifs coralliens procurent des niches écologiques à de nombreux animaux qui y trouvent
nourriture, refuge, protection et abri. De très nombreuses espèces de poissons sont dépendantes de ces écosystèmes.
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Perspectives concernant Mohsen Kayal
De février à septembre 2010, Mohsen Kayal a :
• analysé et finalisé les données collectées,
• rédigé des publications scientifiques,
• organisé les missions Planète Urgence
• rédigé son manuscrit de thèse et la soutiendra à Perpignan en septembre 2010
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Publications scientifiques réalisées en partie par Mohsen Kayal
1. Early stage mortality and the structure of coral assemblages
Auteurs : Lucie Penin, François Michonneau, Andrew H. Baird, Sean R. Connolly, Morgan S. Pratchett, Mohsen Kayal, Mehdi
Adjeroud
Journal Marine Ecology Progress Series
Etat : acceptée
2. Recent outbreaks of Acanthaster planci (L.) in Moorea (French Polynesia) far more devastating than recurrent
bleaching
Auteurs : T. Lison de Loma, Y. Chancerelle, M. Adjeroud, M. Kayal, M. S. Pratchett, B. Salvat
Journal Coral Reefs
Etat : Soumise
3. Indirect positive interactions reduce impact of a predator outbreak on a coral reef
Auteurs : Mohsen Kayal, Cédric Pau, Hunter S. Lenihan, Lucie Penin, and Mehdi Adjeroud
Journal Ecology Letters
Etat : Soumise
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Congrès scientifiques auxquels Mohsen Kayal a participé
1. Impact of predation and competition on coral population dynamics: an experimental approach under Acanthaster
planci population outbreak
Auteurs : Mohsen Kayal, Lucie Penin, Cédric Pau, Mehdi Adjeroud
Congrès 11th Pacific Science Inter-congress
Lieu et date : Tahiti, mars 2009
2. Impact of post-settlement mortality on scleractinian population maintenance arround Moorea, French Polynesia
Auteurs : Lucie Penin, François Michonneau, Andrew H Baird, Sean R Connolly, Morgan S Pratchett, Mohsen Kayal, Mehdi
Adjeroud
Congrès 11th International Coral Reef Symposium
Lieu et date : Fort Lauderdale, juillet 2008
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Congé Solidaire® : résultats et impacts
écovolontariat : CRIOBE
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Supports de communications grand public réalisés par Mohsen Kayal
2. Aqua Lung et la protection des récifs
Support : Magazine Subaqua
Compagnie : Aqua Lung (Air Liquid)
Emission : Initiative
Date : Novembre 2008
3. Récifs coralliens, le compte à rebours est en marche...
Support : Texte numérique
Compagnie : Planète Urgence
Emission : Newsletter Info de la Planète
Date : Décembre 2008
4. Ecosystèmes récifaux et étude des récifs coralliens de la Polynésie française
Support : Audiovisuel
Compagnie : France Télévision
Emission : Journal télévisé RFO & France 3
Date : Mars 2009
POLYNésie FRANçaise
1. Ecosystèmes récifaux et étude des récifs coralliens de la Polynésie française
Support : Audio
Compagnie : Radio France
Emission : La tête au carrée, France Inter
Date : Juin 2008
5. Impact de nos missions : le projet Planète Urgence à Moorea après 1 an d’intervention
Support : Texte numérique
Compagnie : Planète Urgence
Emission : Newsletter Echanges
Date : Avril 2009
6. Des stars au secours des animaux : Nâdiya
Support : Audiovisuel
Compagnie : NT1
Emission : Mission sauvage
Date : 18 décembre 2009
Selon l’UICN (Union Internationale pour la
Conservation de la Nature), aujourd’hui 32
Johann MOURIER
% des différentes espèces de requins sont
menacées d’extinction, principalement à cause
Doctorant EPHE
de la surpêche pratiquée par les pêcheries de
basé au CRIOBE
thon et d’espadon. Jadis considérés comme
simples « prises accessoires » et rejetés
morts à la mer, les requins sont de plus en
Sujet d’étude :
plus ciblés suite à l’apparition d’une demande
Ecologie, structure et
des consommateurs de chair de requin et
de la demande croissante d’ailerons entrant
fonctionnement des populations
dans la fabrication de mets asiatiques. Les
de requins en Polynésie française. requins sont particulièrement vulnérables à la
surpêche du fait de leur maturité tardive et de
Site Internet (anglais) :
leur faible taux de reproduction. La thèse de
http://johannmourier.wordpress.com/
Johann Mourier porte sur l’organisation des
populations de requins, à l’échelle d’une île,
d’un groupe et d’un individu, ceci afin d’apporter des réponses concrètes en vue de mesures de conservation adaptées. Pour
cela, Johann a orienté son travail vers deux espèces de requin : le requin pointe noire et le requin citron. Une partie importante
de sa thèse repose sur des analyses génétiques de population et de reproduction des requins. Pour cela, il doit, après
capture temporaire de l’animal, effectuer un prélèvement de peau afin d’en extraire l’ADN. Il effectue également des suivis et
photo-identifications de population en plongée, complétés d’un suivi des déplacements des animaux grâce à un marquage
acoustique (pose d’un émetteur sur l’aileron).
Les différents volontaires apportent leur aide pour faciliter et sécuriser la capture et accompagner les plongées. Avant tout
accompagnement en plongée, les volontaires reçoivent les explications et recommandations sur le travail à effectuer (photoidentification, comptage, détermination du sexe).
Congé Solidaire® : résultats et impacts
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polynésie française
écovolontariat : CRIOBE
Manipulations de requins pointe noire dans le cadre de travaux de Johann
Ces deux dernières années, les recherches effectuées ont permis de mieux appréhender le fonctionnement des populations
de requins pointes noires de l’île, que ce soit en termes de déplacements, de structure ou d’organisation. Les résultats
préliminaires permettent de mettre en évidence une structuration spatiale des communautés de ces requins qui utilisent une
petite aire vitale du récif et sont très attachés à un site donné. Cette particularité pose une première condition à la mise en place
d’une structure sociale plus complexe. Les requins préfèrent s’associer avec certains individus du groupe. Les prochaines
investigations vont s’intéresser à la structure génétique de ces groupes naturels ainsi qu’aux stratégies de reproduction.
Parallèlement, un travail similaire est réalisé sur les requins citron à Moorea ; ces recherches permettront dans le futur de
construire des plans de gestion plus adaptés à la conservation de ces espèces sur le territoire polynésien.
Matthieu Leray est basé 7 à 8 mois par an au
CRIOBE afin de bénéficier des infrastructures
Matthieu Leray,
nécessaires à la conduite de ses travaux.
L’essentiel des expérimentations qu’il mène est
Doctorant
réalisé dans le lagon du récif de Moorea. De
Université Paris VI
mars à septembre 2009 ont débuté les premières
expériences menées par Matthieu avec l’aide des
Pierre et Marie
volontaires Planète Urgence, qui ont apporté leur
contribution aux recensements en plongée, à la
Curie
transplantation de colonies coralliennes jusqu’à
l’échantillonnage de crustacés puis le tri en
Sujet d’étude :
laboratoire. Les travaux auxquels ont assisté les
volontaires ont permis de démontrer par exemple
écologie des interactions entre espèces (compétition,
les fortes capacités de résistance et résilience des
prédation…) dans l’écosystème corallien sur le
crustacés face à la dégradation de leur habitat.
modèle d’étude du système Pocillopora eydouxi, une
Ces travaux, d’une importance particulière dans
espèce de corail branchu à laquelle est associée
le contexte actuel de réchauffement global de la
une communauté de crustacés décapodes et une
planète, complètent les données déjà disponibles
communauté de poissons.
sur l’impact des activités humaines sur la
biodiversité, une biodiversité des récifs coralliens
plus que jamais menacée. Les volontaires Planète Urgence ont aussi permis l’étude de processus écologiques complexes
tels que les dynamiques d’interaction entre prédateurs pour l’utilisation de la ressource et leur influence sur les communautés
de proies. Les volontaires Planète Urgence ont principalement participé à une étude visant à comprendre et estimer l’impact
de la dégradation des récifs coralliens en Polynésie française sur la biodiversité des crustacés décapodes associés aux
récifs coralliens. On distingue les décapodes associés obligatoires des coraux qui ne vivent que sur les colonies de coraux
vivantes, car ils se nourrissent du mucus secrété par le tissu corallien, des crustacés associés facultatifs qui ne dépendent
pas des coraux vivants pour leur survie. Cette étude a permis de montrer
la vulnérabilité des décapodes associés obligatoires face à la dégradation
de leur habitat, et a néanmoins montré leurs capacités de résistance face
à la modification de leur environnement. En effet, une réduction de 80 à
90 % de la couverture corallienne n’affecte pas leur diversité. De plus, des
expériences visant à comprendre la dynamique de colonisation des coraux
par les crustacés a permis de mettre en évidence les fortes capacités de
résilience des communautés face à une perturbation. D’autre part, les
décapodes associés facultatifs vont eux «profiter» de la dégradation des
récifs coralliens en colonisant les colonies de coraux mortes. En résumé,
la dégradation des récifs n’aura pas un impact négatif (diminution de
la biodiversité) sur les crustacés décapodes des récifs coralliens si la
couverture corallienne ne descend pas sous le seuil critique des 10-20%.
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Congé Solidaire® : résultats et impacts
écovolontariat : CRIOBE
Subvention versée
Depuis février 2008, l’ensemble des subventions reçues par le CRIOBE (soit 14 750 €) ont été transmises à Mohsen Kayal
afin de lui permettre le financement de sa thèse. En effet, Mohsen Kayal étant un étudiant non boursier, il ne perçoit aucun
financement pour la réalisation de sa thèse, hormis le soutien de Planète Urgence et celui de la Société Polynésienne des Eaux
et de l’Assainissement.
59 volontaires partis en mission du 02/02/2008 au 26/12/2009
Congé Solidaire® : résultats et impacts
POLYNésie FRANçaise
Les missions Planète Urgence présentent un double intérêt pour la bonne conduite de la recherche menée par
Matthieu Leray. D’une part, l’aide apportée par les volontaires permet d’accroître son efficacité sur le terrain, que ce soit par
une aide physique ou la réalisation de tâches complémentaires indispensables au bon déroulement des travaux. D’autre part,
les volontaires, par leur vision extérieure et leur expérience dans des domaines d’expertise différents, ont su offrir des solutions
et alternatives face à des problèmes pratiques rencontrés. Par exemple, un volontaire avait confectionné un porte-eppendorf
(porte-microtubes) avec une chambre à air, outil particulièrement judicieux étant donné que Matthieu pouvait le transporter
facilement sur le bateau et l’utiliser en plongée pour préserver ses échantillons. Un autre volontaire lui a donné des conseils
éclairants pour analyser des photos numériques prises sur le terrain à partir desquelles Matthieu doit estimer la surface et
l’écartement branchial des colonies de Pocillopora.
9
polynésie française
écovolontariat
Suivi des sites de ponte de tortues marines
sur l’atoll de Tetiaroa
Tetiaroa
POLYNESIE FRANCAISE
Moorea
Tahiti
Papete
Te mana o te moana (l’esprit
de l’océan en tahitien) est une
association de protection de
l’environnement dont les objectifs
sont la conservation, la recherche, la communication, et la mise en
place d’activités pédagogiques et de terrain relatives à l’environnement
polynésien, à sa faune et à sa flore. Te mana o te moana a été fondée en
2004 par Cécile Gaspar (vétérinaire française) et Richard Bailey (promoteur
immobilier américain), tous deux souhaitant s’investir dans la protection de
l’environnement polynésien.
L’association compte 201 membres bienfaiteurs, 4 membres fondateurs, 7
membres actifs et 1 salarié ; elle intervient dans les 5 archipels du territoire
de la Polynésie française. Les objectifs de l’association incluent, entre
autres :
• la recherche : participation à des études et des projets de recherche sur la faune et la flore marine polynésienne
et l’écosystème insulaire, en partenariat avec d’autres associations et des universités françaises.
• la conservation : mise en place de programmes de protection et de suivi des espèces marines de Polynésie
française (cétacés, tortues, poissons, coraux, etc.). Dans le cadre de cette mission, l’association gère un
centre de soins et de réhabilitation des tortues marines.
• l’éducation : sensibilisation du public, des populations locales et plus spécialement des enfants, au travers
de programmes pédagogiques et de supports de communication contribuant à une meilleure connaissance
du patrimoine naturel local et de sa fragilité. Plusieurs programmes éducatifs validés par l’Enseignement
primaire tout au long de l’année ont permis d’organiser 12 700 heures récréatives depuis 2005. Il s’agit de
programmes éducatifs gratuits pour toutes les classes de primaire de Polynésie française permettant aux
enfants de découvrir le monde des tortues et participer à des ateliers pédagogiques.
Te mana o te moana compte de nombreux partenaires dont :
• des centres de recherche (le CRIOBE, l’IRD (Institut de Recherche
pour le Développement), l’IFREMER Berkeley Gump…,
• des services de différents ministères : Environnement, Pêche, Service
de l’Urbanisme…,
• des associations (Manu, Fenua Animalia, Reef Check Polynésie, Te
Honu tea, Initiative Française pour les Récifs Coralliens, Proscience,
Tore Tore…),
• des entreprises privées travaillant dans le domaine de l’environnement
(Société Environnement Polynésien, PROGEM, CREOCEAN, Bora
Ecofish…).
Ces acteurs peuvent être les initiateurs de projets qu’ils confient à Te
mana o te moana, être leurs financeurs ou leurs partenaires techniques et
institutionnels.
Entre 2004 et 2007, l’association a mené des observations ponctuelles
sur l’atoll de Tetiaroa : atoll privé à 42 km au nord de Tahiti et unique atoll
des îles du Vent, Tetiaroa s’étend sur 6 km² pour un lagon de 7 km de
large et est constitué de 12 îlots (appelés motu). Cet atoll est habité par
une seule famille et héberge un patrimoine naturel relativement préservé et
sauvage. Il s’agit d’un atoll privé ne pouvant être visité sans l’autorisation de
la société propriétaire de l’atoll. Pour le moment, cet atoll ne connaît aucune
fréquentation touristique ni d’activité commerciale. Un complexe immobilier
est par ailleurs en cours de construction sur l’atoll (construction d’un futur
hôtel « The Brando »).
Les observations ont montré que les tortues continuaient d’y pondre,
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Congé Solidaire® : résultats et impacts
Atoll de Tetiaroa
écovolontariat : Te mana o te moana
justifiant d’un suivi scientifique faisant l’objet d’une convention entre la Direction de l’Environnement de Polynésie française, et
Te mana o te moana mis en place en 2007 et 2008.
La saison de ponte 2007-2008 a marqué le début d’un programme de recherche de long terme. Un suivi régulier
a permis d’identifier 70 montées de tortues vertes et 19 pontes (sur 65 jours de suivi). Le suivi des sites de ponte est
reconduit pour trois ans, délai nécessaire pour aboutir à une base de données exploitable.
Te mana o te moana et Planète Urgence
Le partenariat entre Te mana o te moana et Planète Urgence a débuté en mars 2009. Pour son travail de suivi des sites
de pontes, l’association manquait de ressources humaines pour garantir un suivi permanent. En effet, seuls les membres
fondateurs, membres actifs et salariés (14 personnes) étaient ponctuellement mobilisés pour la collecte de ces informations,
et par conséquent les données récoltées jusqu’alors étaient incomplètes. D’autre part, Te mana o te moana n’avait pas les
moyens d’engager les personnes nécessaires à la récolte de données sur cet atoll. Le partenariat avec Planète Urgence est
ainsi apparu comme une alternative efficace.
POLYNésie FRANçaise
Ce suivi des sites de ponte de tortues marines avait deux objectifs principaux :
• inventorier les épisodes de ponte et rassembler les données les plus complètes possible sur les différents éléments
caractérisant les pontes (mères, traces, nids, œufs, juvéniles, environnement immédiat…) afin de compléter la base de
données de l’association sur la reproduction des tortues marines en Polynésie française et dans le monde.
• identifier les sites d’importance majeure pour la ponte des tortues marines afin de permettre la mise en place d’actions
de conservation et d’aménagement des zones concernées.
Historique
Comme dans d’autres régions du monde (Afrique, Caraïbes…), les habitants des états insulaires du Pacifique ont chassé
les tortues de mer pour subvenir à leurs besoins durant des centaines d’années. La chasse a majoritairement porté sur
la tortue verte (Chelonia mydas), espèce qui supplémente encore les besoins nutritionnels de base des communautés de
plusieurs provinces du Pacifique. Le prélèvement d’un nombre limité de tortues pour l’alimentation perdure de nos jours en
Polynésie française, malgré la législation en faveur de leur protection. Avec l’avènement des moyens de transports modernes
et l’introduction de l’économie de marché, la chasse traditionnelle s’est transformée en exploitation commerciale. À titre
indicatif, sur un atoll aussi petit que Scilly (atoll de 3,5 km² sur l’archipel de la Société), plus de 1 000 tortues adultes ont été
capturées annuellement pour les marchés de Tahiti entre 1952 et 1969. Dès 1971, la chasse à la tortue s’est transformée en
braconnage puisque les tortues ont été protégées et interdites à la vente. Ce braconnage persiste encore aujourd’hui dans la
plupart des États océaniens où il alimente le marché noir. Il a par ailleurs conduit à la diminution du stock d’individus depuis les
années 1990, dans des zones historiquement très fréquentées par les tortues pour la reproduction (Mopelia, Scilly ou Maupiti).
La prise de conscience du besoin urgent de protéger les tortues marines, notamment la tortue verte, s’est produite en
1973 avec l’adoption d’accords multilatéraux pour la conservation des tortues marines. La principale mesure est celle de
la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES)
qui réglemente le commerce international des espèces menacées et n’autorise le commerce des tortues marines qu’à titre
exceptionnel, tout comme leur exportation ou leur importation.
La quasi totalité des espèces de tortues de mer est aujourd’hui considérée comme menacée, ou en voie d’extinction. Selon
l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), trois espèces de tortues de mer sont gravement menacées
(tortue luth, tortue de Kemp et tortue imbriquée) et trois autres sont menacées (tortue verte, caouanne et tortue olivâtre). Cette
classification provient des observations directes, des indices d’abondance disponibles et des taux d’exploitation actuels. La
CITES quant à elle considère que toutes les espèces, à l’exception de la tortue à dos plat, sont en voie d’extinction et les
classe dans l’ANNEXE I, ce qui signifie que le commerce international des tortues de mer ou de leurs produits dérivés est
interdit.
La reproduction tardive et sporadique ainsi que le faible
succès reproductif de l’animal contribuent à la vulnérabilité
de ces espèces. Ce sont des données à prendre en compte
dans les mesures de conservation et qui viennent accroître
considérablement l’impact des menaces extérieures dont fait
l’objet la tortue marine. Les tortues de mer subissent en effet
les impacts de plusieurs facteurs naturels et anthropiques,
aussi bien dans leur habitat terrestre que dans leur
environnement marin. Dans les zones de ponte, les menaces
sont multiples : capture d’adultes pour leur chair, leur huile
et leur carapace, ramassage illicite d’œufs, destruction des
œufs par des animaux sauvages, changements climatiques
modifiant le développement de l’embryon, destruction de
nids lors du passage d’ouragans et forte présence humaine
Emergence de juvéniles de tortues vertes
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polynésie française
écovolontariat : Te mana o te moana
(tourisme, urbanisme) sur les plages utilisées pour la ponte. Dans l’environnement marin, les tortues sont menacées par la
pollution et les collisions avec les embarcations de toutes sortes (plaisance, pêche, loisirs nautiques), en particulier dans les
eaux proches du littoral. De plus, les tortues de mer peuvent être capturées par les chaluts de fond et les filets maillant (non
utilisés en Polynésie française) et peuvent rester accrochées dans les palangres, les nasses, les orins et autres cordages où
elles périssent étouffées.
Certaines îles de Polynésie française ont été identifiées comme lieux privilégiés pour la ponte de tortues vertes. Cependant,
de nombreuses îles ont progressivement vu diminuer le nombre de tortues venant nicher sur leurs plages. En règle générale,
peu de données fiables sur les effectifs des tortues de mer sont disponibles et notamment sur les nombreux facteurs de
mortalité (anthropiques et naturels), pourtant nécessaires à l’évaluation des stocks. En plus de cette pénurie de données, il est
particulièrement difficile de regrouper l’ensemble des facteurs susceptibles d’influencer les effectifs de tortues dans un cadre
commun, en raison de leurs cycles biologiques longs et complexes, de leurs migrations longues et de la variabilité régionale
des facteurs. En conséquence, dans la plupart des cas, l’état des stocks est mal connu et peu étayé par des documents,
la majorité des évaluations étant fondées sur des informations ponctuelles ou qualitatives. Cependant, l’ensemble de ces
évaluations disponibles indique que les populations de tortues de mer ont fortement diminué. Très peu d’études visant à
estimer des stocks de tortues ont été conduites en Polynésie française, hormis dans les réserves territoriales de Scilly et
Bellinghausen, qui ont fait l’objet de suivis plus réguliers dans les années 1970. Actuellement, outre l’étude décrite dans
le présent rapport, un suivi de ponte est également mené sur les atolls de Tikehau et Mataiva (archipel des Tuamotu) par
l’association Te Honu Tea.
Présentation du projet de suivi des sites de ponte de tortues
marines sur l’atoll de Tetiaroa
L’objectif des missions réalisées par les volontaires Planète Urgence est de recenser l’intégralité des évènements de ponte
ayant lieu en l’espace d’une saison (de début octobre à fin mars). Les 18 îlots de l’atoll sont donc suivis régulièrement pour
y relever les traces, les nids, les éclosions voire les pontes. Une partie cruciale de cet objectif est de collecter des données
scientifiques sur l’ensemble des caractéristiques présentes sur le terrain afin de permettre aux biologistes marins l’analyse
et la synthèse des données. Ces données font ensuite l’objet de rapports annuels qui aboutiront à terme à la rédaction de
publications dans les journaux scientifiques. Des fiches de suivi et des protocoles précis sont appliqués lors de la découverte
d’une trace ou d’un nid ou encore lors du creusage d’un nid
Actions menées
12 volontaires sont intervenus durant deux saisons des pontes (2008-2009 et 2009-2010) à compter de mars 2009.
Les activités réalisées par les volontaires (activités citées ci-dessous) dans le cadre des missions sont fortement dépendantes
de la période à laquelle s’effectue la mission. Ainsi, en début de saison de ponte, les activités sont principalement axées sur
le recensement des traces, alors que les missions qui s’effectuent à partir de janvier jusqu’à mars combinent de nombreuses
activités mais sont également beaucoup plus physiques.
Suivis de terrain diurnes : les volontaires arpentent les plages des différents îlots par équipes de deux et doivent :
• Recenser, mesurer et collecter un maximum de données sur les traces de montée des tortues (distance à la mer,
largeur du nid, environnement immédiat, présence de prédateurs…),
• Marquer les nids et prendre leurs coordonnées GPS,
• Surveiller l’émergence des nids, compter les juvéniles,
• Creuser les nids, une fois les œufs éclos, pour compter les œufs et constater le taux d’éclosion,
• Participer à l’élaboration d’une photothèque sur les traces, l’environnement de Tetiaroa et les prédateurs potentiels des
jeunes tortues.
Suivis de terrain nocturnes : les volontaires peuvent également être amenés à participer à des suivis de nuit durant lesquels
ils arpentent les plages par équipes de deux afin de rechercher des femelles tortues en train de pondre. Ils interviendront alors
pour :
• Mesurer et photographier la tortue,
• Participer à son baguage.
Volontaire mesurant une trace de tortue verte
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Résultats
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Saison des pontes 2008-2009
Au total, 33 pontes ont été recensées. Les pontes concernent l’intégralité des motu sur lesquels des montées ont été
constatées. Cette saison de ponte est caractérisée par une dominance numérique des tentatives de ponte qui représentent
59% des observations. Les tentatives de ponte observées étaient des montées simples (1 montée simple recensée) ou des
montées avec creusages (47 montées avec creusages recensées). Les tentatives de ponte correspondent à des montées
de tortues sans ponte. La totalité des traces laissées par les tortues ont été identifiées comme des traces de tortues vertes,
les empreintes des nageoires antérieures étant apparues profondes et symétriques, typiques du mode de déplacement «par
rebond » de cette espèce. Si l’on se réfère aux données générales de la saison passée (pour la saison 2007-2008 : 70
montées de tortues vertes et 19 pontes sur 65 jours de suivi), on observe une augmentation du nombre de montées ainsi que
du nombre de pontes. La différence entre les proportions de ponte des deux saisons suivies pourrait être due à la proportion
de nids non renseignés sur la présence d’œufs en 2007-2008 ou encore aux limites de la méthodologie. La durée et la
période des montées est identique à la saison passée. En revanche, on note des différences importantes au niveau des motu
concernés par les montées de tortues. Ainsi, cette saison, aucune trace n’a été relevée sur Rimatuu mais trois nouveaux motu
sont concernés par les pontes : Honuea, Tahuna Iti, Tahuna Rahi.
POLYNésie FRANçaise
81 montées de tortues ont été recensées durant la saison de ponte. La première montée a été réalisée entre le 23 septembre
et le 10 octobre 2008, alors que la dernière montée de la saison a été constatée à la fin du mois de mars 2009. La saison
de ponte s’est donc étalée sur approximativement 6 mois. Ces montées ont été observées sur 7 motu : Tiaraunu, Oroatera,
Onetahi, Reiono, Honuea, Tahuna Rahi et Tahuna Iti. Pour la saison 2008-2009, deux volontaires sont intervenus durant une
mission en mars. En une mission, 34 traces ont été recensées et 24 nids avec œufs découverts. 5 tortues juvéniles ont été
découvertes et 4 ont été rapatriées à la Clinique des tortues de Te mana o te moana à Moorea.
Répartition des évènements de ponte par motu (saison de ponte 2008-2009)
L’absence d’équipes sur place pendant les mois de décembre et janvier a rendu l’estimation de la date de nombreux nids
et traces observés extrêmement difficile. Ainsi, les données temporelles recueillies durant cette saison sont extrêmement
précises concernant le début de saison (octobre-novembre) et la fin de saison (mars-avril), mais la période qui s’intercale entre
ces données reste extrêmement peu renseignée au niveau de la phénologie des pontes. Au total, au moins 2 316 œufs de
tortues vertes ont été pondus à Tetiaroa, sous réserve de nids non découverts. Sur cet ensemble, 2 081 ont éclos. Les dates
estimées de ponte et d’éclosion n’ont pas permis de déterminer un temps moyen d’incubation puisque la précision obtenue
dans les estimations était supérieure à 10 jours.
Deux prédateurs ont été retrouvés dans les nids durant la totalité de la saison de ponte : deux crabes Ocypode ceratophtalma
dans un nid à Honuea et un nid à Onetahi. La présence de prédateurs n’a pu être corrélée avec un éventuel impact sur la
viabilité des œufs et la production des nids.
6 tortues juvéniles vivantes, réparties sur 3 nids, ont été observées durant la saison de ponte. Ce nombre est largement
inférieur aux 102 émergentes de la saison passée et explicable par l’irrégularité de la présence des équipes sur place ainsi que
par l’absence de protection (grillage) de certains nids comme mis en place en 2007-2008. Quel que soit le nid, les émergentes
observées, probablement bloquées à l’intérieur depuis plusieurs jours, présentaient un état de santé préoccupant avec des
déformations relativement importantes du plastron et de la dossière, ainsi qu’un état d’affaiblissement rendant impossible
leur retour à la mer. La décision a donc été prise de les rapatrier à la Clinique des tortues à Moorea. Sur les 6 juvéniles, trois
sont arrivées vivantes au centre de soins, Soyou, Plana et Vessa, nommées ainsi par les volontaires de Planète Urgence. Ces
juvéniles sont actuellement soignées à la clinique des tortues et seront relâchées une fois que leur état le permettra.
Durant cette saison de ponte, un nouveau type de prédation par les chiens errants est apparu. Cette prédation, qui a touché
au minimum 4 nids sur le motu Onetahi, pourrait devenir une première menace sérieuse pour les nids pondus sur l’atoll alors
que jusqu’à présent, seuls les épisodes de véritable houle mettaient potentiellement en danger les nids.
Congé Solidaire® : résultats et impacts
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polynésie française
écovolontariat : Te mana o te moana
Le nombre d’œufs constaté par nid (90 œufs en moyenne) est légèrement inférieur aux moyennes habituelles constatées par
différents auteurs : jusqu’à 120 œufs pondus par nid pour Lutz& Musick (en 1997) et 115 œufs en moyenne pour Richardson
(en 2000). La tortue verte est ainsi la seconde espèce de tortue marine la plus prolifique derrière la tortue imbriquée. Il est
noté que le nombre de nids déposés par ponte au cours d’une saison de ponte est très variable (de 1 à 8) selon les espèces
et les individus et la tortue verte semble pouvoir pondre jusqu’à 6 fois par saison de ponte. Sans aucune certitude, l’effectif
de femelles pondeuses présent cette année à Tetiaroa serait donc compris entre 8 et 33 femelles. Il est intéressant de noter
que chez la tortue verte, une corrélation a été mise en évidence entre le nombre d’œufs pondus par nid et la longueur de la
carapace. L’observation de femelles lors de suivis ultérieurs pourra peut-être permettre de confirmer cette tendance dans cette
région du Pacifique.
À l’issue de cette seconde année de suivi régulier à Tetiaroa, la plupart des informations récoltées sur le terrain ne sont encore
qu’informatives, car trop peu de données permettent de conclure sur les préférences écologiques des zones de pontes, ou
sur le temps d’incubation moyen. Cependant, de nombreux résultats semblent d’ores et déjà coïncider avec ceux obtenus
la saison précédente, ce qui pourrait aboutir à la création de véritables tendances dans les saisons de ponte à venir. Cette
étude est une première dans l’archipel de la Société, de par le nombre, la diversité, l’importance des données récoltées mais
également par la durée sur laquelle elle espère se maintenir. L’accumulation de ces données au fil des années de suivi pourrait
accroître de manière précieuse les connaissances scientifiques sur la tortue verte à Tetiaroa, et ainsi permettre de mieux
envisager sa protection, à plus grande échelle, en Polynésie française.
Suivi de jour sur un îlot
ÂÂ
Saison des pontes 2009-2010
Pour cette saison, l’objectif de l’étude des sites de ponte est d’assurer une présence très régulière sur place pour avoir une
fréquence d’observation élevée de l’ensemble des motu de l’atoll. La présence régulière d’équipes de suivi tout au long de la
saison de ponte a permis, contrairement aux années passées, d’estimer avec une précision relativement bonne l’ancienneté
des traces et nids observés.
Le suivi 2009-2010 n’a pas inclus de survol aérien ni de surveillance nocturne et a consisté en des tours de reconnaissance
diurnes suivant le même protocole que la saison passée. Cette méthodologie est couramment utilisée par les équipes de suivi
de sites de ponte du monde entier. La présence de Nicolas Leclerc (membre de Te mana o te moana) sur place, couplée aux
5 missions réalisées (pour un total de 10 volontaires) représente un total de 50 jours passés sur le terrain.
53 montées de tortues ont été recensées durant la saison de ponte. La première montée a été réalisée mi-octobre 2009 alors
que la dernière montée de la saison a été constatée mi-février. Cette saison de ponte s’est étalée sur environ 5 mois. Ces
montées ont été observées sur 2 motu seulement : Tiaraunu et Oroatera. Certains sites propices à la ponte et utilisés les deux
dernières saisons ont été ignorés.
Avec une fréquentation relative de 66%, Oroatera est le motu accueillant le plus de montées de tortues mais également le
site de nidification majeur cette saison, puisque 12 pontes y ont été recensées (soit 100% des pontes totales). Onetahi et
Honuea, qui étaient des sites de nidification importants la saison dernière, n’ont pas accueilli de montées et de pontes de
tortues en 2009-2010. La totalité des traces laissées par les tortues ont été identifiées comme des traces de tortues vertes
(même caractéristiques que la saison précédente).Cette saison de ponte est caractérisée par une dominance numérique des
tentatives de ponte qui représentent 49% des observations. Si l’on se réfère aux données générales des saisons passées, il
apparaît que le nombre général de montées et de pontes est nettement inférieur à la moyenne générale. De même, on peut
observer cette saison une diminution de la durée et de la période des pontes de près d’un mois par rapport aux deux saisons
passées. Enfin, la répartition spatiale des montées est, cette saison, confinée à deux motu, contre cinq motu en 2007-2008
et sept motu en 2008-2009.
28% des observations réalisées n’ont pas permis de conclure à la présence d’œufs dans les nids. En effet, le passage du
cyclone Oli, qui a touché la Polynésie française entre le 1er et le 6 février 2010, a engendré une forte houle avec des vagues
atteignant 6 mètres de hauteur. Les plages de certains motu de Tetiaroa ont ainsi été complètement inondées, le niveau de
l’eau dépassant parfois la limite basse de la végétation littorale. 15 nids ont été détruits durant cette période.
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écovolontariat : Te mana o te moana
POLYNésie FRANçaise
Cette saison, il n’y a pas à proprement parler de pic de ponte comme celui de la saison 2007-2008 où les mois de décembre et
janvier rassemblaient à eux deux 68,4% du nombre total de pontes de la saison. La majorité des pontes est répartie de façon
homogène sur les mois de novembre, décembre et janvier. Il est cependant important de rappeler que le nombre de pontes
concernant le mois de janvier est probablement plus important en réalité. En effet, de nombreux nids pondus ce mois-ci ont été
inondés suite au cyclone Oli et n’ont pu être vérifiés par les équipes de terrain pour constater la présence éventuelle d’œufs.
Au total, 1 035 œufs de tortues vertes ont été pondus pour cette année à Tetiaroa. Sur cet ensemble d’œufs, 883 œufs ont éclos
(échantillon de 11 nids). Les dates estimées de ponte et d’éclosion ont permis de déterminer un temps moyen d’incubation
avec une précision différente suivant les nids. 7 nids avaient des dates estimées de ponte et d’éclosion suffisamment précises
pour permettre de calculer leur temps d’incubation. Le minimum constaté est de 54 jours (au jour près) et le maximum de 92
jours (à six jours près).
Types d’événements de ponte pour la saison 2009-2010 et comparatif avec les saisons précédentes
30 tortues juvéniles vivantes, réparties sur 6 nids, ont été observées sur toute la saison de ponte. L’ensemble des émergentes
observées correspondaient en fait à des « retardataires ». Celles-ci ont été découvertes lors du creusage des nids, alors que
l’ensemble des œufs avaient éclos, et présentaient un état de faiblesse avancé rendant peu probable leur émergence à la
surface du nid. Des essais de relâchers dans le lagon ont montré leur incapacité à nager de façon correcte et à atteindre la
barrière de corail. Les tortues qui n’ont pas succombé dans les heures suivant leur découverte ont donc été acheminées à la
Clinique des tortues de Moorea pour une prise en charge médicale. Une fois que l’état de santé des tortues juvéniles se sera
amélioré, elles seront relâchées dans le lagon.
6 suivis nocturnes ont été réalisés sur le motu Oroatera (seul motu concerné par les pontes cette saison). Aucune observation
de tortue adulte n’a pu être effectuée à l’occasion de ces suivis.
Grâce aux améliorations effectuées la saison dernière suite aux problèmes logistiques et méthodologiques constatés les
saisons précédentes , peu de problèmes logistiques et techniques ont été rencontrés cette saison. Le suivi diurne des traces
et des nids a été réalisé de manière très régulière grâce aux nombreuses équipes d’éco-volontaires, et l’approximation de
certaines données est directement liée aux conditions environnementales :
• les phénomènes de forte houle liées notamment au cyclone Oli et qui ont engendré la destruction de nombreux nids.
• les vents parfois violents qui ont pu effacer d’éventuelles traces de montées simples.
Montées de tortues recensées par motu et par saison de ponte
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polynésie française
Perspectives
Les paramètres utilisés pour le suivi de ponte sur Tetiaroa durant la saison 2008/2009 sont similaires à ceux
utilisés dans les différents programmes de protection et de suivi des tortues marines dans le monde, par des
organisations gouvernementales ou non, depuis les années 1960 (programme Xcaret au Mexique, Association Kwata en
Guyane, Association Archelon, en Grèce, …). Ils sont largement admis comme étant des paramètres pertinents pour la
constitution d’une base de données, renseignant sur les particularités biologiques et écologiques des tortues venant nidifier
sur les plages du monde entier. À l’issue de cette troisième année de suivi régulier, la base de données sur la ponte des tortues
vertes à Tetiaroa commence à s’étoffer et la mise en évidence de ses principales caractéristiques et des tendances qui s’en
dégagent sera probablement réalisée à l’issue des deux prochaines saisons de ponte. Cette étude est une première dans
l’archipel de la Société, de par le nombre, la diversité et la régularité des données récoltées mais également par la durée sur
laquelle elle espère se maintenir.
Les données déjà recueillies et à recueillir durant les prochaines années de suivi feront l’objet d’une concertation
et d’un travail commun avec :
• le Museum d’Histoire Naturelle de Paris et Marc Girondot ainsi que d’autres institutions de protection des tortues
marines, notamment pour la constitution d’une base de données et son analyse selon le modèle SWOT permettant
une standardisation des résultats.
• la SA Frangipani et les héritiers de Marlon Brando, propriétaires de l’atoll ainsi que Tahiti Beachcomber S.A qui ont permis
à l’association Te mana o te moana de mener cette étude sur l’atoll de Tetiaroa, en vue d’une meilleure sauvegarde de
son patrimoine naturel. Les résultats de cette étude devront permettre l’établissement de recommandations applicables
lors de la gestion du futur hôtel « The Brando » sur le motu Onetahi.
L’objectif de l’étude des sites de ponte pour la saison 2010-2011 est de continuer à assurer une présence très
régulière sur place pour avoir une fréquence d’observation élevée sur l’ensemble des motu de l’atoll. Pour obtenir
des informations spécifiques aux femelles, il conviendra également de mettre en place une logistique adaptée aux suivis
nocturnes, permettant entre autres d’assister aux pontes (donc de mieux prédire l’éclosion, et déterminer précisément la durée
d’incubation) et de baguer les individus.
Subvention versée
L’association Te mana o te moana a reçu, en 2009, 600€ de subvention pour l’accueil des volontaires. Cette subvention a
été utilisée pour le développement d’un nouveau projet de recherche et de sensibilisation, le « Dual research program on
sea turtles on the Society Archipelago » mis en œuvre en avril 2010 et s’étalant jusqu’en septembre 2011 ; il comprend des
missions en mer et sur terre, ainsi que des actions de conservation. La subvention a été utilisée pour l’achat d’un GPS, d’une
paire de jumelles et d’un sondeur à main.
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