Le virage patient-partenaire vu par des patients, des patients
ressources, des médecins, des étudiants en médecine, des
infirmières et des gestionnaires : représentations,
appréhensions, résistances, intérêts.
Depuis quelques années, le mouvement global d’« empowerment » du citoyen et du patient prend
de l’ampleur, en parallèle avec les efforts d’assurer des soins de qualité (Frenk et al., 2010). De
plus en plus, dans les systèmes de santé mondiaux, le lien traditionnel qui unit le professionnel de
la santé au patient se voit questionné, voire perturbé par ce que certains appellent une
reconfiguration des identités.
La Faculté de médecine de l’Université de Montréal et tous les hôpitaux affiliés au réseau intégré
de santé de l’Université de Montréal, dont le Centre Hospitalier de l’Université de Montréal
(CHUM), participent actuellement au développement d’une nouvelle approche de la relation
soignant-patient dans leur milieu. Il s’agit d’un virage important qui aura des effets profonds sur
la manière d’organiser et fournir les soins : la mise en place d’un véritable partenariat de soins
avec le patient et ses proches.
Le concept de patient partenaire de soin, au cœur de ce virage, accentue le rôle du patient en tant
que premier soignant et membre à part entière de l’équipe de soin (Karazivan et al., 2011).
Précisément, ce concept conçoit que :
« le patient partenaire est une personne habilitée progressivement à faire des choix de
santé libres et éclairés. Ses savoirs expérientiels sont reconnus et ses compétences de
soins développées par l'équipe de soins. Il est respecté dans tous les aspects de son
humanité, il est membre à part entière de l’équipe interprofessionnelle. Il oriente le cœur
des préoccupations autour de son projet de vie et prend part ainsi aux décisions clinique »
(vision du patient partenaire selon le Bureau Facultaire de l’Expertise Patient Partenaire
2011).
Il est évoqué que le patient soit habilité progressivement, et qu’il détienne des compétences de
soin. Il va sans dire que pour faire partie de l’équipe de soins le patient doit effectivement
posséder des compétences lui donnant la possibilité d’être habilité à prendre des décisions libres
et éclairées. En ce sens, l’intégration de ce concept au sein du secteur de la santé au Québec
implique une redéfinition du rapport entre les professionnels de la santé et les patients, voire un
changement de paradigme.
En l’absence remarquée d’écrits portant sur la question de l’habilitation du patient ou encore de
ses compétences, il est souhaitable de sonder dans un premier temps les représentations des
patients eux-mêmes au regard de leur rôle possible au sein des équipes de soins. En même temps,