Risque d`homicide et troubles mentaux graves : revue critique de la

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L’Encéphale (2009) 35, 521—530
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com
journal homepage: www.em-consulte.com/produit/ENCEP
MÉMOIRE ORIGINAL
Risque d’homicide et troubles mentaux graves :
revue critique de la littérature
Risk of homicide and major mental disorders: A critical review
S. Richard-Devantoy a,∗, J.-P. Olie b, R. Gourevitch b
a
b
Département de psychiatrie et psychologie médicale, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France
Service hospitalo-universitaire de santé mentale et de thérapeutique, CHS Sainte-Anne, 7, rue Cabanis, 75014 Paris, France
Reçu le 5 février 2008 ; accepté le 28 octobre 2008
Disponible sur Internet le 6 mars 2009
MOTS CLÉS
Homicide ;
Épidémiologie ;
Maladie mentale
grave ;
Schizophrénie ;
Trouble délirant
paranoïaque ;
Trouble de l’humeur
∗
Résumé
Introduction et objectifs. — La forte médiatisation de quelques faits divers d’homicides commis
par des malades mentaux tend à renforcer la représentation collective de la folie criminelle
auprès de l’opinion publique. Cet article propose de clarifier l’association entre l’homicide et
la maladie mentale grave, en résumant les principales données concernant cette association.
Méthode. — Nous avons répertorié les principaux articles sur l’homicide dans les pays occidentaux depuis 1990. Nous avons uniquement retenu les études prospectives ou rétrospectives aux
méthodologies solides concernant la prévalence de la maladie mentale au sein de la population homicidaire d’un pays donné. La recherche bibliographique a été faite par Medline,
sur la période 1990—2006 inclusivement. Les homicides—suicides et les homicides commis en
temps de guerre sont exclus de cette recherche. La maladie mentale « grave » de S. Hogdins,
qui correspond à une définition restreinte de la maladie mentale, regroupe les diagnostics de
schizophrénie, de trouble délirant et de trouble de l’humeur, alors que le DSM-IV retient une
définition large des troubles mentaux, incluant les troubles psychiatriques de l’axe I, dont les
abus et les dépendances à l’alcool, et les troubles de personnalité de l’axe II.
Résultats. — Le sujet qui commet un homicide présente plus souvent un trouble mental défini
par le DSM-IV qu’une maladie mentale grave. Actuellement, les schizophrènes, les délirants
paranoïaques, les sujets souffrants d’un trouble de l’humeur représentent respectivement 3,6
à 10 %, 0,9 à 2 % et 2 à 8 %, des auteurs d’homicides. Les maladies mentales graves augmenteraient de manière significative le risque de commettre un homicide, risque multiplié par
deux chez les hommes et par six chez les femmes, mais ne seraient responsables que de
0,16 cas d’homicides pour 100 000 habitants par année. Certes, le diagnostic de schizophrénie
est de façon indiscutable associé à un risque plus élevé de violence homicide comparativement
à l’absence de diagnostic psychiatrique. Toutefois, ce risque est moins important que celui
associé à un abus de substances ou à un trouble de la personnalité antisociale : 12 fois plus de
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (S. Richard-Devantoy).
0013-7006/$ — see front matter © L’Encéphale, Paris, 2009.
doi:10.1016/j.encep.2008.10.009
522
S. Richard-Devantoy et al.
risque de commettre un homicide par rapport à la population générale chez l’homme à 52 fois
chez la femme en cas d’abus ou de dépendance à l’alcool et entre 10 et 29 fois chez l’homme
en cas de trouble de la personnalité.
Conclusion. — L’essentiel des homicides n’est pas dû aux malades mentaux graves : 80 à 85 %
des auteurs d’homicides sont indemnes de maladie mentale grave. La majorité des auteurs
d’homicide ne sont pas « fous » et l’intervention psychologique et psychiatrique si elle doit
avoir lieu ne vient qu’après la réponse sociale et judiciaire.
© L’Encéphale, Paris, 2009.
KEYWORDS
Homicide;
Epidemiology;
Mental disorder;
Schizophrenia;
Affective disorder;
Paranoia
Summary
Introduction. — Tragic and high profile killings by people with mental illness have been used to
suggest that the community care model for mental health services has failed. It is also generally
thought that schizophrenia predisposes subjects to homicidal behaviour.
Objective. — The aim of the present paper was to estimate the rate of mental disorder in people
convicted of homicide and to examine the relationship between definitions. We investigated
the links between homicide and major mental disorders.
Methods. — This paper reviews studies on the epidemiology of homicide committed by mentally
disordered people, taken from recent international academic literature. The studies included
were identified as part of a wider systematic review of the epidemiology of offending combined
with mental disorder. The main databases searched were Medline. A comprehensive search was
made for studies published since 1990.
Results. — There is an association of homicide with mental disorder, most particularly with
certain manifestations of schizophrenia, antisocial personality disorder and drug or alcohol
abuse. However, it is not clear why some patients behave violently and others do not. Studies
of people convicted of homicide have used different definitions of mental disorder. According to
the definition of Hodgins, only 15% of murderers have a major mental disorder (schizophrenia,
paranoia, melancholia). Mental disorder increases the risk of homicidal violence by two-fold
in men and six-fold in women. Schizophrenia increases the risk of violence by six to 10-fold in
men and eight to 10-fold in women. Schizophrenia without alcoholism increased the odds ratio
more than seven-fold; schizophrenia with coexisting alcoholism more than 17-fold in men.
We wish to emphasize that all patients with schizophrenia should not be considered to be
violent, although there are minor subgroups of schizophrenic patients in whom the risk of
violence may be remarkably high. According to studies, we estimated that this increase in risk
could be associated with a paranoid form of schizophrenia and coexisting substance abuse. The
prevalence of schizophrenia in the homicide offenders is around 6%. Despite this, the prevalence
of personality disorder or of alcohol abuse/dependence is higher: 10% to 38% respectively. The
disorders with the most substantially higher odds ratios were alcohol abuse/dependence and
antisocial personality disorder. Antisocial personality disorder increases the risk over 10-fold in
men and over 50-fold in women. Affective disorders, anxiety disorders, dysthymia and mental
retardation do not elevate the risk. Hence, according to the DMS-IV, 30 to 70% of murderers
have a mental disorder of grade I or a personality disorder of grade II. However, many studies
have suffered from methodological weaknesses notably since obtaining comprehensive study
groups of homicide offenders has been difficult.
Conclusions. — There is an association of homicide with mental disorder, particularly with certain manifestations of schizophrenia, antisocial personality disorder and drug or alcohol abuse.
Most perpetrators with a history of mental disorder were not acutely ill or under mental healthcare at the time of the offence. Homicidal behaviour in a country with a relatively low crime rate
appears to be statistically associated with some specific mental disorders, classified according
to the DSM-IV-TR classifications.
© L’Encéphale, Paris, 2009.
Introduction
Après une longue période où dangerosité et maladie
mentale étaient pratiquement confondues, la psychiatrie a voulu croire, durant les années 1980, que les
malades mentaux ne représentaient pas pour la sécurité
du public un groupe plus dangereux que l’ensemble de la
population générale. On pensait que les comportements
violents étaient davantage associés à l’abus d’alcool
ou de drogues qu’à la maladie mentale elle-même.
La représentation collective du malade mental et
plus particulièrement de celle du schizophrène, figure
paradigmatique de la maladie mentale, est pourtant restée
celle de la dangerosité. En effet, 48 % des français pensent
que les schizophrènes sont dangereux pour les autres [27].
Dans l’enquête « Santé mentale en population générale :
images et réalité », le meurtre et le viol sont associés, pour
une majorité de personnes, au malade mental [17]. Depuis
Risque d’homicide et troubles mentaux graves : revue critique de la littérature
les années 1990, des études méthodologiquement mieux
construites permettent de dire que la croyance relevée par
ces sondages français, sans être illégitime, n’est pas entièrement fondée. S’il est possible aujourd’hui d’établir un lien
entre les troubles mentaux graves et la violence, celui-ci
doit être nuancé. Nous retenons la définition consensuelle
de S. Hodgins et al. [18,19] des troubles mentaux graves
qui regroupe les diagnostics de schizophrénie, de trouble
de l’humeur et de trouble délirant, qui correspond dans
la nosographie française à la psychose paranoïaque. Cette
définition restreinte de la maladie mentale (troubles psychotiques ou dépressifs exclusivement) s’oppose à celle, plus
large, du DSM IV qui inclut les maladies mentales de l’axe I
et les troubles de la personnalité de l’axe II du DSM-IV. Rappelons que l’abus et la dépendance à l’alcool sont considérés
comme un trouble psychiatrique de l’axe I.
Cet article propose de clarifier l’association entre
l’homicide et la maladie mentale grave, en résumant
les principales données épidémiologiques concernant cette
association. Nous envisageons d’abord le lien avec le trouble
mental et psychologique au sens large (maladie mentale de
l’axe I et troubles de personnalité de l’axe II du DSM-IV) et
focalisons ensuite notre propos sur le lien avec les maladies
mentales dites graves de S. Hodgins et al.
Méthode
Nous avons répertorié les principaux articles sur l’homicide
dans les pays occidentaux depuis 1990. Nous avons uniquement retenu les études prospectives ou rétrospectives aux
méthodologies solides concernant la prévalence de la maladie mentale au sein de la population homicidaire d’un pays
donné. La recherche bibliographique a été faite par Medline, sur la période 1990—2006 inclusivement et a utilisé
les mots-clés « homicide », « crime », « murder », « mental
disorder », « major mental disorder » et « schizophrenia ».
Les homicides commis en temps de guerre sont exclus de
cette recherche. Les homicides—suicides et les infanticides
ne sont pas spécifiquement étudiés dans cette recherche,
ces deux dernières catégories étant la plupart du temps
colligées dans les populations de meurtriers des études retenues.
Résultats
Données générales
Cinq à 15 % des meurtriers présenteraient une maladie
mentale grave [9,11,21,29,32,34—36] et 30 à 90 % les critères diagnostiques d’un trouble psychiatrique de l’axe
I ou d’un trouble de personnalité de l’axe II du DSM-IV
[9,11,21,29,32,34—36]. Les données varient suivant les critères diagnostiques utilisés, la définition de la maladie
mentale, selon le pays concerné, le type d’étude et la population étudiée. Le Tableau 1 résume les principaux résultats
depuis 1990. L’accent a été délibérément mis sur la schizophrénie pour deux raisons. Elle représente actuellement
le paradigme de la maladie mentale grave et constitue
une population spécifiquement prise en charge par les psychiatres.
523
Trouble psychiatrique au sens large (axe I et II du DSM-IV)
Suivant le pays concerné, des différences considérables
apparaissent : en Angleterre et au Pays-de-Galles, 30 % des
meurtriers répondent aux critères DSM-IV d’une entité psychiatrique (maladie mentale de l’axe I et trouble de la
personnalité de l’axe II) [32] contre 90 % en Suède [11]. Les
pays scandinaves retrouvent seulement 10 à 15 % de meurtriers indemnes de troubles psychiatriques [8—11] contre
70 % dans l’étude de J. Shaw et al. [32]. Entre 1997 à 2001
à Singapour, K. Koh et al. [21] ont étudié les 110 homicides
commis pendant cette période. Dans 51,8 % des cas, aucune
pathologie mentale n’est retrouvée.
Maladie mentale au sens restreint (S. Hodgins et al.)
La prévalence des meurtriers présentant des troubles mentaux graves est moins sujette à controverse. De manière
consensuelle, 15 % à 20 % des meurtriers répondent à un
diagnostic de maladie mentale grave (schizophrénie, trouble
délirant ou trouble de l’humeur) [9,11,21,29,32,34—36].
Mais les personnes souffrant de troubles mentaux graves
ont un risque de commettre un meurtre plus élevé que la
population générale [2,6—9,29,35,36]. Pour J. Shaw et al.
[32], seulement 11 % des meurtriers auraient une symptomatologie psychotique ou dépressive : en d’autres termes,
89 % des meurtriers de cette série sont indemnes de troubles
psychiatriques graves, mais ces chiffres portent sur des
constatations faites au moment des faits et non sur la vie
entière et ne doivent pas faire oublier que dans la même
série 18 % des criminels (n = 282) avaient été en contact avec
un service de psychiatrie au cours de leur vie et 9 % (n = 145)
dans les 12 mois précédant le crime.
Rôles des différents troubles psychiatriques
Homicide et schizophrénie
Les hommes atteints de schizophrénie sont surreprésentés
parmi les meurtriers avec une prévalence dix fois supérieure
à ce qu’elle est en population générale [9]. La schizophrénie multiplierait, par rapport à une population indemne de
pathologie mentale, le risque de violence homicide par six
à 16 chez l’homme [7,9,29,36] et par 6,5 à 26 chez la
femme [9,29,36]. Les schizophrènes hommes ou femmes
représentent 3,6 à 10 % des meurtriers selon les études
[7,10,11,21,29,32,34—36] et 5,5 à 13,5 % des meurtrières
ont un diagnostic de schizophrénie [7,8,11,24,29].
Homicide et trouble délirant
Le délirant paranoïaque aurait 1,3 [9] à six fois [29] plus de
risque de commettre un acte homicide qu’un sujet issu de
la population générale. La prévalence vie entière des meurtriers souffrant d’une psychose paranoïaque est diversement
appréciée selon les pays et selon les études. Elle demeure
faible, entre 0,3 et 1,4 % [9,21,29].
Homicide et troubles de l’humeur
Un trouble de l’humeur est présent chez 1,4 à 8,2 % des
meurtriers suivant les séries [9,11,21,29,32,34—36]. Rares
sont les meurtriers en phase maniaque au moment des faits.
Seuls deux auteurs, H. Schanda et al. [29] et K. Koh et al.
[21] rapportent chacun un cas de manie dans leurs études.
En revanche, des troubles thymiques expansifs associés à des
524
Tableau 1
Données de la littérature sur l’homicide à partir de 1990.
Nombre de sujets
Période de l’étude
(durée)
Population étudiée
Instrument
diagnostique
Avantages/inconvénients
Résultats
Eronen et al.
(Finlande, 1996) [9]
n = 994
1984—1991
(8 ans)
Meurtres, homicides
involontaires
DSM-III
DSM-III-R
Population d’homicides du pays
Étude longitudinale
prospective
Examen psychiatrique complet
pour deux tiers des meurtriers
Taux d’élucidations du crime à
97 %
Homicides—suicides non inclus
Calcul des risques relatifs à
partir de la prévalence des
troubles mentaux aux
États-Unis (Swanson,
Epidemiologic Catchments
Area Surveys, 1990)
6,4 % (n = 58) schizophrénie
chez les hommes
6 % (n = 5) schizophrénie chez
les femmes
2,5 % (n = 23) psychoses non
schizophréniques chez les
hommes
1,2 (n = 1) psychoses non
schizophréniques chez les
femmes
3 % (n = 27) dépression chez les
hommes
6 % (n = 5) dépression chez les
femmes
1,4 % (n = 13) dysthymie chez
les hommes
1,2 % (n = 1) dysthymie chez les
femmes
34,4 % (n = 313) trouble de la
personnalité chez les hommes
35,7 % (n = 30) trouble de la
personnalité chez les femmes
39,2 % (n = 357)
dépendance/abus de toxiques
chez les hommes
32,1 % (n = 27)
dépendance/abus de toxiques
chez les hommes
1,5 % (n = 14) trouble anxieux
chez les hommes
1,2 % (n = 11) retards mentaux
chez les hommes
2,4 % (n = 2) retards mentaux
chez les femmes
S. Richard-Devantoy et al.
Auteurs (pays,
date de
publication)
n = 168
1993—1995
(3 ans)
Meurtres, homicides
involontaires
ICD-9
Erb et al. (Allemagne,
État de Hessen,
2001) [7]
n = 290
1992-1996
(5 ans)
Homicides et
tentatives
d’homicides
DSM-III-R
Fazel et al. (Suède,
2004) [11]
n = 2005
1998—2001
(14 ans)
Homicides et
tentatives
d’homicides
ICD-9
ICD-10
DSM-IV
Population d’homicides d’un
district
Étude rétrospective
Évaluation des pathologies
mentales à partir d’une
interrogation des services de
psychiatrie publique
Sous-estimation des sujets
souffrant d’un trouble mental
et n’ayant pas consulté un
service de soins
Hospitalisations et
consultations en secteurs
privés non prises en compte
Population de petite taille
Taux d’élucidation du crime
non précisé
Population d’homicides d’une
partie du pays
Étude rétrospective, diagnostic
au moment des faits
Taux d’élucidation du crime à
90 %
Population d’homicides du pays
Étude longitudinale
prospective
Examen psychiatrique complet
pour 55 % des meurtriers
Taux d’élucidation du crime à
70 %
6,5 % (n = 11) schizophrénie
chez les hommes, dont :
63 % (n = 7) sans abus de
toxiques
37 % (n = 4) avec abus de
toxiques
1,3 % (n = 2) psychoses non
schizophréniques
2,6 % (n = 4) dépression chez les
hommes
5,2 % (n = 8) dépendance/abus
de toxiques
3,9 % (n = 6) trouble de la
personnalité
10 % (n = 29) schizophrénie
(hommes et femmes)
37,9 % abus/dépendance à
l’alcool
14,3 % abus/dépendance aux
drogues
14 % trouble de la personnalité
Risque d’homicide et troubles mentaux graves : revue critique de la littérature
Wallace et al.
(District de
Victoria, Australie,
1998) [36]
8,9 % (n = 179) schizophrénie
2,4 % (n = 50) trouble de
l’humeur
6,5 % (n = 131) psychoses non
schizophréniques
19,7 % (n = 394)
dépendance/abus de toxiques
11,3 % (n = 227) trouble de la
personnalité
1,4 % (n = 28) troubles anxieux
0,6 % (n = 13) retards mentaux
525
526
Auteurs (pays,
date de
publication)
Nombre de sujets
Période de l’étude
(durée)
Population étudiée
Instrument
diagnostique
Avantages/inconvénients
Résultats
Schanda et al.
(Autriche, 2004)
[29]
n = 1087
1975—1999
(25 ans)
Meurtres, Homicides
involontaires
DSM-IV
5,34 % (n = 58) schizophrénie
29 % (n = 17) avec abus d’alcool
71 % (n = 41) sans abus d’alcool
0,3 % (n = 4) trouble délirant
1,4 % (n = 15) trouble de
l’humeur
14 épisodes dépressifs majeurs
1 épisode maniaque
Simpson et al.
(Nouvelle Zélande,
2004) [34]
n = 1498
1970—2000
(30 ans)
Meurtres, homicides
involontaires,
infanticides
DSM-IV
Koh et al. (Singapour,
2005) [21]
n = 110
1997—2001
(5 ans)
Meurtres
DSM-IV
CIM-10
Population d’homicides du pays
Étude rétrospective
Analyse uniquement les
meurtriers malades mentaux
graves (n = 77)
Homicides suicides exclus
Calcul des risques relatifs à
partir de la prévalence des
troubles mentaux aux
États-Unis
Taux d’élucidation du crime à
95 %
Population d’homicides du pays
Étude rétrospective
Analyse uniquement les
meurtriers malades mentaux
graves (n = 126) au moment des
faits et considérés comme
irresponsables
Homicides—suicides exclus
Taux d’élucidation du crime de
74 %
Population d’homicides d’une
ville
Étude rétrospective
Homicides—suicides exclus
Taux de résolution du crime de
74 %
Shaw et al.
(Angleterre et
Pays-de-Galles,
2006) [32]
n = 1594
1996—1999
(3 ans)
Meurtres, homicides
involontaires,
infanticides
CIM-10
Population d’homicides du pays
Étude rétrospective
Différencie la prévalence vie
entière et la prévalence
instantanée
73 % de dossiers d’expertises
psychiatriques analysés
Taux d’élucidation du crime
non précisé
5 % (n = 85) schizophrénie
7 % (n = 118) trouble de
l’humeur
9 % (n = 143) trouble de la
personnalité
7 % (n = 117) dépendance/abus
d’alcool
6 % (n = 95) dépendance/abus
de toxiques
3,6 % (n = 55) schizophrénie
0,8 % (n = 13) dépression
(n = 5) maladie bipolaire
(n = 10) dépendance/abus de
toxiques
(n = 9) maladie neurologique
(n = 11) trouble de la
personnalité
(n = 9) retards mentaux
5,5 % (n = 55) schizophrénie
0,9 (n = 1) trouble délirant
8,2 % (n = 9) dépression
0,9 % (n = 1) maladie bipolaire
16,3 % (n = 18)
dépendance/abus de toxiques
2,7 % (n = 3) trouble de la
personnalité
0,9 % (n = 1) retards mentaux
S. Richard-Devantoy et al.
Risque d’homicide et troubles mentaux graves : revue critique de la littérature
psychoses schizophréniques et schizoaffectives ou à la prise
de substances psychoactives ou à un diagnostic sur l’axe II du
DSM-IV constitueraient un facteur de risque de crimes graves
[6]. En résumé, un sujet souffrant d’un trouble de l’humeur
aurait un risque de commettre un homicide s’il présente une
dépression [6,9] ou une dysthymie [9] et si s’associent des
comorbidités (usage de toxiques et troubles de la personnalité) [25,26,29,36]. Pour certains, souffrir d’un trouble de
l’humeur n’augmenterait pas le risque de passage à l’acte
homicide en l’absence d’abus d’alcool [29]. Pour d’autres,
par rapport à la population générale, un trouble affectif
chronique multiplierait par 5,4 chez les hommes et 19,6 chez
les femmes le risque de commettre un acte homicide [36]
et l’épisode dépressif aigu augmenterait ce risque par 1,9
chez les hommes et par 2,1 chez les femmes [9].
Homicide et trouble de la personnalité
Le trouble de la personnalité multiplierait le risque de commettre un homicide par dix [9] à 29 [36] chez l’homme et
par 10,5 chez la femme [9] par rapport à une population
indemne de trouble psychiatrique. Les auteurs qui étudient
cette association mentionnent un diagnostic de trouble de
la personnalité, majoritairement du cluster B du DSM-IV
(personnalité antisociale, border line, hystérique ou narcissique), chez 2,7 à 34 % des meurtriers selon les séries
[9,11,21,32,34,36]. La personnalité antisociale multiplierait
respectivement ces risques par 15 chez l’homme et par 75
chez la femme [9].
L’étude de M. Eronen et al. [9] retrouve un tiers
de trouble de la personnalité dans une population de
994 meurtriers (n = 343 ; 313 hommes, 30 femmes, dont
114 personnalités antisociales : 103 hommes, 11 femmes).
Un tiers des 2005 meurtriers de la série de S. Fazel et al.
[11] reçoivent un diagnostic principal ou secondaire de
trouble de la personnalité ; 227 meurtriers (11,3 %) ont un
diagnostic principal de trouble de la personnalité, dont
24 personnalités du cluster A du DSM-IV, 71 du cluster B, 16
du cluster C et 116 personnalités non spécifiées.
Homicide et abus ou dépendance à l’alcool ou aux autres
toxiques
L’abus de substance augmenterait le risque de passage à
l’acte homicide par six par rapport à la population générale [36], l’abus d’alcool par 12 chez l’homme et par 52
chez la femme [9]. Le diagnostic d’abus ou de dépendance
à l’alcool est porté chez 4,7 à 38 % des meurtriers selon les
pays [9,11,21,32,34,36]. L’étude la plus précise concernant
la prévalence de la consommation de substances psychoactives parmi les meurtriers est celle de J. Shaw et al. [33] qui
retrouve dans les antécédents psychiatriques d’une population de 1168 meurtriers, 41 % d’abus d’alcool, 40 % d’abus de
drogue, 11 % de dépendance à l’alcool et 9 % de dépendance
aux toxiques ; 45 % des meurtriers de cette série (n = 1594)
ont consommé de l’alcool et 15 % des toxiques aux moments
des faits. Quelques études distinguent l’alcoolisation (55 %
des cas pour P. Gottlieb et al. 1992 [16], 30 % pour K. Koh
et al. 2006 [21], 45 % pour J. Shaw et al. 2006 [33]) de la
consommation de toxiques au moment du meurtre (5 % chez
[21] et 15 % chez [33]).
527
Homicide et retard mental
Le retard mental est peu représenté parmi les auteurs
d’homicide, variant de 0,6 à 1,2 % des meurtriers selon les
séries [9,11,21]. Selon M. Eronen et al. [9], le diagnostic de
retard mental n’augmenterait pas par rapport à la population générale le risque de passage à l’acte homicide.
Discussion
Loin des clichés médiatiques, la majorité des meurtriers ne
présentent pas de maladie mentale grave, c’est-à-dire au
sens restreint (Hodgins) : 80 à 85 % des auteurs d’homicides
en sont indemnes. En revanche, selon les auteurs, si on
se réfère à une définition large (DSM-IV) de la maladie
mentale, 30 % pour les pays anglo-saxons, à 90 % pour les
pays scandinaves, des meurtriers répondraient aux critères
diagnostiques d’un trouble psychiatrique au sens large (axe
I ou II du DSM-IV). Nous discutons, dans un premier temps,
les principales difficultés méthodologiques et les limites
des données de la littérature et dans un second temps, le
rôle des différents troubles psychiatriques dans la survenue
d’un acte homicide.
Cerner la prévalence des meurtriers présentant un
trouble psychiatrique requiert un certain nombre de précautions. Chaque étude est à replacer dans un pays donné,
à une époque donnée et dans un système pénal donné. Les
définitions aussi bien de la violence, de l’homicide que de
la maladie mentale diffèrent d’une étude à une autre ce
qui rend les comparaisons délicates.
Retenons premièrement que le taux de criminalité des
pays occidentaux varie entre les pays. Le taux de criminalité
est faible dans les pays scandinaves alors qu’il est élevé aux
États-Unis. Plus le taux de criminalité est élevé, plus la proportion de malades mentaux parmi les meurtriers est faible.
En second lieu, la population étudiée est un point
important à prendre en considération dans l’analyse des
données épidémiologiques. La définition de l’homicide
varie entre les publications. Pour certaines études, elle ne
comprend parfois que les actes d’homicides volontaires,
alors que pour d’autres, elle regroupe aussi bien des
homicides que des tentatives d’homicides et les homicides
volontaires et involontaires. Par exemple, M. Eronen et al.
[9] étudient les homicides (volontaires et involontaires)
alors que S. Fazel et al. [11] analysent les homicides et les
tentatives d’homicides.
Troisièmement, la définition de la maladie mentale
est variable d’une étude à une autre ; les études les plus
contemporaines retiennent les critères du DSM-IV [1], alors
que des études anciennes excluent du champ de la pathologie mentale les diagnostics d’abus d’alcool et de troubles
de personnalité [23,38]. Il faut reconnaître qu’aucune
définition ne spécifie de façon adéquate les limites précises
du concept de « trouble mental » [1]. La définition de
S. Hodgins et al. [18,19] de la maladie mentale grave fait
consensus et regroupe les diagnostics de schizophrénie, de
trouble délirant et de trouble de l’humeur.
Le quatrième point concerne la méthodologie employée.
Les études scandinaves sont majoritairement prospectives
[8—11]. Elles répertorient et recoupent ainsi les fichiers
nationaux des données judiciaires et psychiatriques de tous
les auteurs d’homicides. L’évaluation psychiatrique, systé-
528
matique pour tous les auteurs d’homicides, comprend au
minimum une expertise psychiatrique « standard » dans un
délai moyen de cinq mois ; plus des deux tiers des meurtriers
bénéficient d’une évaluation psychiatrique plus complète
(entretien standardisé DSM-IV, tests psychologiques [WAIS,
Rorschach, MNPI), tests sanguins, électroencéphalographie,
scanner cérébral] pendant quatre à huit semaines dans
un hôpital psychiatrique. Au contraire, d’autres études
sont rétrospectives introduisant des biais de sélection, ou
bien reposent uniquement sur l’expertise psychiatrique du
meurtrier. En outre, certains auteurs, comme J. Shaw et
al. [32] font la distinction entre la prévalence des troubles
psychiatriques vie entière, définis à partir des dossiers des
services de soins en psychiatrie et la prévalence instantanée, c’est-à-dire la présence de symptômes psychiatriques
au moment des faits.
Enfin, une des particularités des études scandinaves est
un taux d’élucidation des crimes de l’ordre de 95 %, ce qui
confère une idée assez précise du phénomène meurtrier
dans ces pays [8—11]. Le taux d’élucidation du crime est
un indice de la réalité du phénomène homicidaire d’un
pays donné. Un taux d’élucidation des crimes élevé permet
de mesurer et d’apprécier la quasi-totalité des meurtriers
du pays étudié et donne une prévalence des meurtriers
souffrant d’une maladie mentale approchant de la réalité
criminologique.
C’est donc la convergence et le nombre des études retenues malgré la variété de leur méthodologie qui permettent
de dégager, par rapport à la population générale, un lien
significatif entre violence homicide et troubles mentaux
graves. Déjà, des études anciennes mettaient en évidence
une prévalence de psychotiques parmi les meurtriers de 15 à
20 % [13—15,22,23,38]. Actuellement, les schizophrènes, les
délirants paranoïaques, les sujets souffrants d’un trouble de
l’humeur représentent respectivement 3,6 à 10 %, 0,9 à 2 %
et 2 à 8 % des auteurs d’homicides [9,11,21,29,32,34—36].
Les maladies mentales graves augmenteraient de manière
significative le risque de commettre un homicide, risque
multiplié par deux chez les hommes et par six chez les
femmes [9,29]. Certes, le diagnostic de schizophrénie
est de façon indiscutable associé à un risque plus élevé
de violence homicide comparativement à l’absence de
diagnostic psychiatrique. Toutefois, ce risque est moins
important que celui associé à un abus de substances ou
à un trouble de la personnalité antisociale : 12 fois plus
de risque de commettre un homicide par rapport à la
population générale chez l’homme à 52 fois chez la femme
[9] en cas d’abus ou de dépendance à l’alcool et entre 10
[9] et 29 fois [36] chez l’homme [9] en cas de trouble de la
personnalité.
Tous les malades mentaux « sévères » ne tuent pas. Nous
ne pouvons pas confondre les facteurs de risque associés
à l’homicide avec la prédiction de l’acte homicide. Il y a
certes une corrélation entre maladie mentale grave et homicide mais l’existence d’une telle maladie ne permet pas
de prédire la survenue d’un passage à l’acte [5]. Il peut
exister certains glissements conceptuels de la notion de
facteur de risque à celle de prédiction puis à une relation
causale [12]. Nous avons donc voulu préciser, outre le versant diagnostique, les particularités sémiologiques propres
à chaque entité clinique, associées au risque de passage à
l’acte.
S. Richard-Devantoy et al.
M. Eronen et al. [9] précisent que tous les schizophrènes
ne devraient pas être considérés comme dangereux. Seuls
les sujets paranoïdes, abusant de substances psychoactives
et souffrant d’un trouble de la personnalité présenteraient un risque élevé [9]. La consommation, l’abus ou la
dépendance aux substances toxiques, en particulier l’alcool,
augmentent le risque de passage à l’acte criminel chez le
schizophrène [2,9,26,28,37]. Parmi les schizophrènes meurtriers, la présence de traits antisociaux varie du simple
au quadruple selon les études, de 17 à 64 % [7,26,29].
Outre les sous-groupes cliniques de schizophrènes à propension hétéroagressive (paranoïdes, psychopathiques et
pseudoneurologiques [20,30]), l’expression de la violence
survient à différents moments du processus psychopathologique. Certains débutent leur histoire psychopathologique
par des actes antisociaux dès le plus jeune âge. D’autres
commencent leur comportement antisocial au moment de
l’éclosion du trouble schizophrénique. D’autres deviennent
des agresseurs en phase processuelle.
Il existe peu de données épidémiologiques concernant
l’homicide du délirant paranoïaque, et cela d’autant plus
que les études internationales regroupent ou confondent
sous le terme de « psychotique » les délirants schizophréniques et paranoïaques. Pour certains auteurs, les homicides
des paranoïaques sont exclusivement le fait d’hommes d’âge
mûr, sans comorbidité psychiatrique [29]. Au contraire,
d’autres auteurs, dont A. Putkonen et al. [26], nuancent
fortement cette affirmation : 60 % des meurtriers souffrant d’un délire paranoïaque auraient une dépendance à
l’alcool. Or, classiquement, cette substance psychoactive
favorise l’apparition de psychoses chroniques à thèmes de
persécution et de jalousie [4] et favorise, on l’a vu, le passage à l’acte. À propos des troubles de l’humeur, J. Shaw
et al. [32] font la distinction entre la clinique dépressive au moment des faits et les éventuels antécédents de
troubles de l’humeur de l’auteur des faits : 7 % (n = 118)
des 1594 meurtriers de leur série ont des antécédents de
troubles affectifs, essentiellement dépressifs et 6 % (n = 101)
des symptômes dépressifs au moment des faits. Soulignant la
sous-évaluation du potentiel criminogène de la dépression,
M. Bénézech et M. Bourgeois [3] affirment la très forte corrélation entre homicide et dépression et infirment le lien entre
homicide et manie. En revanche, les troubles des conduites
sociales, comme la prodigalité et les achats pathologiques,
sont fréquents en phase maniaque [31]. Il peut s’agir aussi
d’atteintes contre les personnes et notamment des agressions sexuelles.
Concernant les troubles de personnalité, certains
auteurs éludent cette question ; les homicides commis
par un individu présentant un trouble de la personnalité
s’apparenteraient aux homicides non pathologiques [29,38].
Il n’est pas précisé si les chiffres reliant violence homicide
et trouble de la personnalité sont ajustés à la consommation
de toxiques ; le trouble de la personnalité et l’abus de substances psychoactives étant probablement des covariants.
Conclusion
Contrairement à une opinion fréquente dans les milieux
psychiatriques, les troubles mentaux graves (schizophrénie,
trouble délirant et trouble de l’humeur), même sans abus
Risque d’homicide et troubles mentaux graves : revue critique de la littérature
d’alcool ou de drogue, pèsent à elle seule sur cette rupture
d’équilibre qu’est la violence et génère un risque d’homicide
plus élevé que celui constaté dans la population générale.
Mais, loin des clichés médiatiques, l’essentiel des homicides n’est pas dû aux malades mentaux graves : 80 à 85 %
des auteurs d’homicides sont indemnes de maladie mentale grave. Le sujet qui commet un homicide présente plus
souvent un trouble mental (trouble psychiatrique de l’axe I
et trouble de personnalité de l’axe II) défini par le DSM-IV
qu’une maladie mentale grave. L’utilisation large et extensive du concept de trouble mental risque de faire considérer
tous les meurtriers comme « anormaux » ou « fous », nécessitant alors une prise en charge par des psychiatres. Certes, il
est socialement anormal de tuer, mais « l’anormal social » ne
présente pas forcément de trouble psychologique et encore
moins de maladie mentale.
Du point de vue de la méthodologie, des études ultérieures portant sur des séries plus importantes, à la fois
rétrospectives (interrogation systématique des dossiers judiciaires et psychiatriques) et prospectives (sanction pénale,
orientation vers la prison ou l’hôpital, récidive éventuelle à
la sortie de l’institution), seraient souhaitables sur la question de l’homicide du malade mental en France.
En somme, les maladies mentales graves augmenteraient
de manière significative le risque de commettre un homicide, risque multiplié par deux chez les hommes et par six
chez les femmes [9,29], mais ne seraient responsables que
de 0,16 cas d’homicides pour 100 000 habitants par année
[6]. Rappelons que le taux d’homicide en population générale est de un à cinq pour 100 000 habitants par année [6].
Le risque d’homicide est surdéterminé par la prise d’alcool
ou de drogue. Enfin, plus une société prône la violence,
plus le risque qu’un sujet présentant une maladie mentale
soit violent est important. Une étude australienne montre
que sur 25 ans, l’augmentation de la violence physique des
patients psychiatriques envers autrui est proportionnelle à
l’augmentation de la violence au sein de la population générale [37].
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