Santé au travail 2. L’exposition aux bruits industriels : Le bruit est une vibration de l’air qui se propage. Il provoque une sensation auditive qui peut être plaisante (bruit de la mer, chant des oiseaux…), mais qui bien souvent, est désagréable, gênante ou nocive. C’est un risque majeur dans beaucoup d’activités professionnelles. Les répercussions sur l’individu sont nombreuses : fatigue, trouble du caractère, trouble du sommeil, maux de tête, vertige, trouble de la vision, palpitation du cœur, hypertension artérielle, troubles digestifs, crampes, tremblements des membres. La surdité professionnelle est un véritable handicap, mais qui ne se voit pas, il n’y a pas de canne blanche pour les sourds. Cette surdité peut amener un renfermement sur soi-même et un abandon de la vie sociale et familiale. La perte d'acuité auditive due à l'exposition au bruit sur le lieu de travail est une des maladies professionnelles les plus courantes. Les travailleurs peuvent être exposés à des bruits élevés dans des emplois aussi différents que la construction, les fonderies et les textiles. Une exposition de courte durée à un bruit excessif peut entraîner une perte temporaire de l'ouïe qui peut durer entre quelques secondes et plusieurs jours. L'exposition prolongée au bruit peut causer une perte permanente de l'ouïe. La perte d'audition qui se produit progressivement n'est pas toujours facile à déceler et, malheureusement, la plupart des travailleurs ne se rendent compte qu'ils deviennent sourds que lorsqu'il est trop tard. L'exposition aux bruits industriels peut être maîtrisée souvent pour un coût minime et sans grandes difficultés techniques. L'objectif de la lutte contre les bruits industriels est de les éliminer ou les réduire à la source. Quels sont les effets de l'exposition au bruit sur la santé ? Les effets du bruit sur la santé dépendent du niveau du bruit et de la durée de l'exposition. A. Perte d'audition temporaire Après avoir passé un bref moment dans un atelier bruyant, vous aurez peut-être remarqué que vous n'entendez plus très bien ou que vous avez un tintement dans l'oreille. Cela s'appelle un déplacement temporaire du seuil. Le tintement et la sensation de surdité disparaissent normalement assez vite une fois que vous n'êtes plus exposé au bruit. Toutefois, plus longue est l'exposition, plus long est le délai de récupération d'une audition normale. Quand il quitte le travail, un employé peut avoir besoin de plusieurs heures avant d'entendre normalement à nouveau. Cela peut causer des problèmes sociaux, car le travailleur peut avoir du mal à entendre ce que les gens disent ou écouter la radio ou la télévision à un volume plus élevé que ce que souhaite le reste de la famille. B. Perte d'audition permanente Au bout d'un certain temps, lorsque vous avez été exposé à un bruit excessif pendant trop longtemps, les oreilles ne récupèrent plus leur fonction et la perte d'audition devient permanente. C'est une infirmité irréversible. Ce type de dommage peut être causé par une longue exposition à un bruit élevé ou, dans certains cas, même par une exposition de courte durée à un bruit particulièrement fort. Lorsqu'un travailleur commence à perdre l'ouïe, il commencera par remarquer qu'il lui devient difficile de comprendre les gens qui parlent normalement ou d'autres bruits comme les signaux d'alerte. Les travailleurs s'habituent souvent à la perte d'audition causée par les bruits nocifs au travail. Par exemple, ils peuvent se mettre à lire sur les lèvres des personnes qui parlent, mais auront de la difficulté à entendre quelqu'un dans une foule ou au téléphone. Pour entendre la radio ou la télévision, ils peuvent être obligés de régler le volume si fort qu'ils assourdissent le reste de la famille. S'habituer au bruit signifie que vous perdez progressivement votre ouïe. FGMM CFDT - MAI 2010 8 Les tests d'audition sont le seul moyen fiable de savoir si un travailleur a subi une perte d'ouïe. Malheureusement, il n'est pas toujours facile de les faire et ils doivent être faits par un professionnel de la santé bien formé. Les réactions des nouveaux travailleurs ou des visiteurs sur un lieu de travail bruyant peuvent indiquer qu'il y a un problème de bruit, par exemple s'ils doivent crier, s'ils recouvrent leurs oreilles ou s'ils se dépêchent de partir. C. Autres effets Outre la perte d'ouïe, l'exposition au bruit sur le lieu de travail peut causer divers autres problèmes et notamment des problèmes de santé chroniques : L'exposition durable au bruit réduit la coordination et la concentration, ce qui accroît le risque d'accident. Le bruit accroît le stress, ce qui peut provoquer divers problèmes de santé, notamment des troubles cardiaques, digestifs ou nerveux. On soupçonne que le bruit serait l'une des causes des maladies cardiaques et des ulcères d'estomac. Les travailleurs exposés au bruit se plaignent parfois d'être nerveux, de mal dormir et d'être constamment fatigués. Une exposition à un bruit excessif peut aussi réduire la productivité et provoquer un fort absentéisme. Bruit couvrant les autres bruits Comment peut-on maîtriser le bruit ? Le bruit sur le lieu de travail peut être réduit 1) à la source ; 2) au moyen de barrières ; et 3) au niveau du travailleur. A. À la source Comme pour les autres types de risques, la meilleure méthode de prévention consiste à éliminer le risque. Par conséquent, réduire le bruit à la source est la meilleure méthode. En outre, elle est souvent moins chère que d'autres méthodes de réduction du bruit. Elle peut nécessiter le remplacement de certaines machines particulièrement bruyantes. Le bruit peut être réduit à la source par le fabricant si bien qu'aucun appareil bruyant n'est jamais installé sur votre lieu de travail. Aujourd'hui, de FGMM CFDT - MAI 2010 9 nombreuses machines doivent respecter des normes de bruit. Par conséquent, avant d'acheter de nouvelles machines (telles que presses, perceuses, etc.), il faut vérifier si elles sont conformes aux normes de bruit. Malheureusement, de nombreuses machines usagées produisant beaucoup de bruit et qui sont remplacées par des modèles moins bruyants sont exportées vers des pays en développement et ce sont les travailleurs de ces pays qui en subissent les conséquences : perte d'ouïe, stress, etc. La réduction du bruit à la source peut aussi être obtenue par des modifications techniques d'un dispositif ou d'une machine. Par exemple, on peut réduire le niveau de bruit d'un marteau piqueur en l'entourant d'une couverture qui absorbe le son. On peut aussi placer un morceau de tube sur l'échappement du marteau. On peut utiliser un revêtement en caoutchouc pour réduire le bruit causé par des objets en métal tombant sur d'autres objets en métal. B. Barrières S'il n'est pas possible de réduire le bruit à la source, il peut être nécessaire de confiner la machine, de placer des barrières antibruit entre la source et le travailleur ou d'accroître la distance entre la source et le travailleur (cela peut être difficile dans de nombreux cas). Le graphique ci-après montre comment l'intensité sonore diminue en fonction de la distance. Si une petite source sonore provoque un bruit de 80 dB à une distance de 1 mètre, le niveau sonore à 2 mètres est de 84 dB, à 4 mètres il est de 78 dB, etc. C. Protection au niveau du travailleur La réduction du bruit au niveau du travailleur, au moyen d'une protection de l'oreille, est la plus courante, mais malheureusement aussi la moins efficace des méthodes de lutte contre le bruit. Forcer le travailleur à s'adapter au lieu de travail est toujours la forme de protection la moins efficace, quel que soit le risque. On distingue deux types de protection des oreilles : les tampons et les coquilles. Tous deux sont conçus pour éviter que le bruit excessif atteigne l'oreille interne. Les tampons sont portés à l'intérieur de l'oreille et ils peuvent être fabriqués dans divers matériaux tels que caoutchouc, matière plastique ou toute autre matière qui pourra obturer l'oreille. Les tampons sont la moins bonne des protections auditives, car ils ne protègent pas très bien contre le bruit et ils peuvent causer des infections si des morceaux de tampon se FGMM CFDT - MAI 2010 10 détachent et restent dans l'oreille ou si l'on emploie un tampon sale. Il ne faut pas utiliser de la ouate de coton pour protéger les oreilles. Quelques bonnes pratiques à développer : - Prévention ou réduction de l'impact entre pièces d'une machine ; Réduction progressive des vitesses entre la marche avant et la marche arrière ; Remplacement de pièces en métal par des pièces en matière plastique ; Confinement des pièces particulièrement bruyantes ; Installation d'un silencieux sur la sortie d'air des vannes pneumatiques ; Remplacement du type de pompe dans les systèmes hydrauliques ; Utilisation de modèles de ventilateurs moins bruyants ou de silencieux dans les conduites du système de ventilation ; Installation de silencieux sur les moteurs électriques ; Installation de silencieux sur les ouïes d'un compresseur à air. Réduire la hauteur de chute ; Accroître la rigidité des conteneurs de réception ou recouvrir leurs parois intérieures de matériaux absorbants ; les panneaux de matériaux d'enceinte doivent être recouverts à l'intérieur d'un matériel absorbant le bruit ; Les échappements et prises d'air doivent être équipés de silencieux et ne pas être orientés vers le conducteur de la machine ; La source sonore doit être séparée des autres zones de travail ; Le bruit doit être écarté des zones de travail au moyen d'une barrière de matériaux isolant ou réfléchissant le bruit ; Si possible, il faut recouvrir les murs, planchers et plafonds de matériaux absorbant le son. Utiliser des revêtements souples en caoutchouc ou en matière plastique pour atténuer les impacts ; réduire la vitesse des bandes transporteuses ; Utiliser des transporteuses à courroies plutôt qu'à rouleaux FGMM CFDT - MAI 2010 11