Cette page de conseils aux parents est téléchargeable sur le site de Médecine et enfance (pediatrie.edimark.fr) Vous pouvez l’imprimer pour la remettre aux parents. Conseils aux parents : Exposition excessive au bruit et risque de surdité Dr M. François, service ORL, hôpital Robert-Debré, Paris Quel est le danger d’une exposition à des bruits excessifs ? L’audition a une triple fonction : l’alerte (la sonnerie du téléphone, la voiture qui vous fonce dessus…), la communication verbale et le plaisir d’écouter. L’âge est une cause inéluctable de perte d’audition du fait de la mort progressive des cellules ciliées. Tout le monde sait qu’avec l’âge l’ouïe devient moins performante : c’est la presbyacousie. Celle-ci commence à se faire sentir entre quarante et cinquante ans. Le premier signe est la difficulté à discriminer la voix de la personne que l’on souhaite écouter dans le brouhaha d’autres voix (au restaurant par exemple) ou du bruit ambiant (dans la rue…). Puis il faut augmenter le son de la radio ou de la télévision. Ensuite, on fait répéter et on a du mal à communiquer par téléphone, c’est-àdire sans l’aide de la lecture sur les lèvres. Mais cette mort des cellules ciliées et la baisse d’audition qui en découle peuvent être hâtées par des conduites inappropriées, en particulier par une exposition excessive au bruit. En tant que parents vous avez le devoir d’en informer vos enfants, car la nocivité du bruit est insidieuse et les enfants ne sont pas conscients du risque qu’ils prennent parfois. Le risque commence pour des bruits d’une intensité de 85 décibels (dB). Il est fonction de l’intensité, mais aussi de la durée d’exposition au bruit. C’est ainsi que 7,5 minutes à 98 dB sont équivalentes à 2 heures à 86 dB. Or les baladeurs ont un niveau de sortie qui atteint 100 dB à pleine puissance et, dans les discothèques et salles de concert, le niveau sonore moyen est (théoriquement) de 105 dB. Comment prévenir le risque de surdité due au bruit ? Il n’est pas question d’interdire les baladeurs, mais il faut les utiliser avec discernement : pas à pleine puissance et pour des durées limitées. De même, il n’est pas question d’interdire d’aller à un concert, mais il faut prévoir des bouchons d’oreille pour atténuer les bruits et ne pas se placer près des enceintes. Il faut aussi apprendre à reconnaître les premiers symptômes de fatigue auditive : sensation d’oreille cotonneuse, acouphènes (bruits entendus dans la tête mais qui ne résultent pas d’un bruit extérieur), et réagir immédiatement à ces signes d’alerte : mettre les oreilles au repos, donc couper le son du baladeur, sortir de la salle de concert ou de la discothèque. Une bonne nuit de sommeil au calme devrait faire disparaître les acouphènes et la sensation d’oreille cotonneuse. Si tel n’est pas le cas, il faut consulter en urgence un ORL pour faire quelques examens, dont un examen d’audition et commencer un traitement. Mais il faut avoir conscience du fait que le traitement peut ne pas être efficace et que les acouphènes peuvent perdurer et l’audition se dégrader. Par ailleurs, les effets du bruit sont cumulatifs : sur une oreille déjà fragilisée par des expositions à des bruits intenses, la récupération est plus lente et souvent incomplète. La seule solution sera alors les prothèses auditives ! Médecine & enfance septembre 2014 page 243 Conseils à donner aux enfants et adolescents Chacun possède à la naissance un certain nombre de cellules ciliées dans ses oreilles internes. Si ces cellules meurent, elles ne sont pas remplacées et l’audition s’altère définitivement. Il est donc important de préserver ce capital. Or, l’exposition à des niveaux sonores excessifs entraîne la mort de ces cellules. Le plaisir d’écouter de la musique ne diminue pas le risque auditif. Une reproduction sonore de qualité ne préserve pas du risque. Le bruit n’est pas mieux toléré en extérieur. Certaines tondeuses émettent plus de 100 dB ; le tir au ball-trap soumet le système auditif à une intensité impulsionnelle pouvant atteindre une crête de 140 dB. Ce qui compte c’est la durée d’exposition au bruit et son intensité. Evitez de léser vos oreilles par des bruits trop intenses Usez du baladeur avec modération tant en durée (moins de 6 heures par jour) qu’en intensité. Un casque externe et recouvrant est préférable aux oreillettes. Si vous allez à un concert ou à une soirée en discothèque où le niveau sonore risque d’être élevé, prévoyez des protections auditives individuelles en mousse. Si vous jouez de la musique, en particulier de la batterie, faites-vous fabriquer des protections sur mesure. En cas d’apparition d’acouphènes lors d’une soirée bruyante, isolez-vous pour que vos oreilles se mettent au repos et récupèrent. Si vous avez brutalement l’impression de mal entendre Allez consulter un médecin. Il s’agit le plus souvent d’un bouchon de cérumen : le fait de le retirer restituera votre audition de manière « miraculeuse ». Après un voyage en avion, il peut s’agir d’une otite barotraumatique : le traitement médicamenteux vous soulagera en quelques jours. Dans les autres cas, vous avez deux à trois jours pour aller consulter un ORL. Il vérifiera vos oreilles et surtout votre audition. Le cas échéant, il vous proposera un traitement pour essayer de récupérer l’audition. Médecine & enfance septembre 2014 page 244 Dessin Jacek Przybyszewski Comment savoir si le bruit est trop fort ? Vous êtes exposé à 85 dB ou plus : – lorsqu’il vous est difficile de soutenir, sans crier, une conversation à 1 mètre de votre interlocuteur, – lorsque votre voisin entend distinctement votre baladeur dans le train ou le métro, – lorsque vos voisins dans une file de voitures entendent votre autoradio toutes vitres fermées.