
KEYWORDS
Diuretics;
Review;
Pharmacology;
Therapy;
Drug complications;
Heart failure;
Oedema;
Liver cirrhosis;
Nephretic syndrome;
Renal failure;
Hypertension;
Trials
Abstract Diuretics are pharmacological agents that increase natriuresis through inhibition of
tubular re-absorption of sodium. The mechanisms and site of this inhibition differ with each
drug class, accounting for their additive effects on natriuresis increase and their hydroelectro-
lytic side effects. The response to a given diuretic dose depends on the diuretic concentration
on the urine at its action site. This concentration may be decreased by pharmacokinetic fac-
tors such as encountered in renal insufficiency or in nephrotic syndrome. These resistance
mechanisms of diuretics may be corrected by dose increase, previous diuretic fixation on albu-
min or warfarin administration. Once these mechanisms are opposed, the diuretic concentra-
tion for maximal efficacy is reached at is action site and the natriuresis obtained as the nor-
mal maximal plateau. This is not the case when an oedematous systemic disease with
effective hypovolemia is present, like in heart failure or cirrhosis, or when chronic use of
loop diuretics has induced a hypertrophy of the more distant part of the tubule. In theses
cases, a pharmacodynamic resistance exists, resulting in a lower maximal natriuresis plateau
in spite of adequate concentration of the diuretic at its action site, even in the absence of
pharmacokinetic resistance factors. The main indications of diuretics are systemic oedematous
disease and hypertension. In the oedematous diseases, diuretics indication is both straightfor-
ward and sufficient only if effective hypervolemia is present. The therapeutic approach is dis-
cussed according to the various clinical conditions and pathophysiological background. In
uncomplicated hypertension, diuretics are the cornerstone of the therapy. The most suitable
diuretic treatment for hypertension is an association of low doses thiazide (12.5–50 mg/day)
with potassium sparing diuretics. Rare indications of diuretics are also reviewed.
© 2007 Elsevier Masson SAS et Association Société de Néphrologie. Tous droits réservés.
Principe de la thérapeutique diurétique
L’usage réserve le nom de diurétique à toute substance
pharmacologique natriurétique, c’est-à-dire qui augmente
la natriurèse et entraîne de ce fait une augmentation de
l’excrétion urinaire hydrosodée iso-osmotique. Les diuréti-
ques se distinguent donc des autres substances qui augmen-
tent la diurèse, en particulier l’apport d’eau et les
« aquarétiques » (qui seront définis à la page 13).
Les diurétiques tirent leurs indications essentiellement
de leur capacité d’induire une contraction initialement
iso-osmotique du volume extracellulaire. Cela explique
que leurs indications concernent essentiellement le traite-
ment des maladies œdémateuses et de l’hypertension arté-
rielle.
Nous rappellerons tout d’abord la classification pharma-
cologique des diurétiques, les complications hydroélectro-
lytiques propres à chaque classe et la physiopathologie de
la déplétion sodée et des hyponatrémies. Nous développe-
rons ensuite les justifications et les règles de leur utilisation
dans leurs deux principales indications avant d’évoquer
rapidement leurs complications et indications plus rares et
spécifiques.
Classification pharmacologique (Tableau 1)
Àl’exception des diurétiques osmotiques et des peptides
natriurétiques (atrial et cérébral), qui agissent aussi en
augmentant la filtration glomérulaire, les diurétiques agis-
sent uniquement en inhibant la réabsorption tubulaire du
sodium et se distinguent suivant le site et le mécanisme
de cette inhibition [1,2].LaFig. 1 illustre la classification
fonctionnelle des différents segments du tubule et la Fig. 2
précise le mécanisme d’action cellulaire des diurétiques.
Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (Fig. 2A)
Les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (acétazolamide
ou Diamox
®
) agissent en inhibant indirectement la réab-
sorption du sodium par l’intermédiaire de l’inhibition
directe de celle des bicarbonates au niveau du tubule
proximal. Bien qu’environ 20 % du Na réabsorbé par le
proximal le soit sous forme de bicarbonates, l’effet natriu-
rétique de l’acétazolamide est faible car la réabsorption
sodée des segments d’aval est proportionnelle au débit de
sodium qui leur est délivré et compense en grande partie
l’inhibition de la réabsorption proximale du sodium. De
plus, l’acidose qu’il induit inhibe son action.
Diurétiques de l’anse (Fig. 2B)
Les diurétiques de l’anse (essentiellement furosémide ou
Lasilix
®
, bumétamide ou Burinex
®
, pirétanide ou Eurelix
®
)
agissent essentiellement en bloquant le cotransporteur
NaK2Cl situé sur la membrane apicale des cellules de la
branche ascendante large de Henlé (BALH) (Fig. 1A). Envi-
ron 20–25 % du sodium filtré étant réabsorbé à ce niveau et
seulement 7–9 % par les segments plus distaux du tubule, les
diurétiques de l’anse à dose maximale sont les plus effica-
ces. Ils parviennent à leur site d’action après sécrétion par
le tubule proximal car ils ne sont guère filtrés, en raison de
leur forte fixation à l’albumine. Leur durée d’action est
brève (quatre heures per os, trois heures en i.v.) [2].
L’augmentation initiale de la filtration glomérulaire qu’ils
entraînent ne peut rendre compte de leur effet natriuré-
tique car elle est très brève.
Alors que les doses orales usuelles de diurétiques de
l’anse sont de 40 mg pour le furosémide et 0,5 mg pour le
bumétamide, la dose orale maximale donnant la réponse en
plateau (Fig. 2) est de l’ordre de 80 mg pour le furosémide
et de 1 mg pour le bumétamide chez le sujet non insuffisant
rénal. L’absorption intestinale étant de l’ordre de 50 % pour
Thérapeutique diurétique 393