Le Suivi psychologique : conférence AFPS 62 / 5
qu’il a à faire ou à décider dans sa situation présente, mais à lui permettre de clarifier lui-même
cette situation et de mobiliser ses ressources propres pour y faire face. Ce type d’action suppose
une compétence et des techniques (non-directivité, centration sur le client, relances), dans
lesquelles le psychologue peut reconnaître toutes les exigences d’une approche rigoureusement
clinique (i.e. répondant au double principe d’un effort de singularisation d’une situation
subjective et d’une analyse auto-référée).
Le soutien est un terme qui peut désigner soit une action spécifique, soit un aspect de
l’action du psychologue. En tant qu’action psychologique, c’est une forme particulière d’aide ou
de conseil, dont la visée est de permettre à l’usager de supporter une situation actuelle
éprouvante. Cette épreuve peut être une situation de crise (en ce cas, le soutien psychologique
s’assimile à l’intervention de crise) ou une autre intervention qui occasionne chez l’usager des
difficultés ou des angoisses (on est alors dans le cas du « traitement de soutien », au sens d’un
travail d’aide complémentaire à un autre travail principal – thérapeutique, scolaire, éducatif ou
pénal – engagé par l’usager).
Entendu dans un sens plus restreint et non plus comme une action en soi, le soutien
devient un aspect de toute intervention psychologique, quelle qu’elle soit. Il correspond à l’une
des fonctions de la relation établie entre le psychologue et l’usager, et qui consiste à favoriser
chez celui-ci un engagement dans le travail proposé et le maintien de cet engagement. On
pourrait rapprocher cette idée de ce qui se nomme parfois le « travail de la demande », si l’on
entend par « demande » non pas l’annonce ou l’adresse mais bien l’implication de l’usager dans
l’action qui lui est proposée.
L’accompagnement est une notion plus récente, dont les connotations plus dynamiques
sont évidentes, du fait de l’image d’un cheminement à deux (ou plus) qu’elle évoque, pour
traverser une situation difficile et trouver un au-delà de ce passage critique. Nous remarquons
ainsi que la notion d’accompagnement, davantage que celles d’aide et de soutien, implique un
mouvement, c’est-à-dire une temporalité d’action et se rapproche par-là de celle de suivi,
également porteuse d’une telle notion. Dans l’accompagnement cependant, et comme l’indique
clairement son origine dans le champ de la santé (accompagnement de personnes en fin de vie)
et dans celui du travail social (accompagnement social), le mouvement en question positionne
les interlocuteurs (psychologue et usager-s) en parallèle et non l’un après ou derrière l’autre, et
implique un parcours principal (celui de l’usager) que l’intervenant va s’efforcer de favoriser, de
respecter et même d’emprunter avec l’usager, en sa « compagnie » (« accompagner » vient du
latin companio : celui avec qui on partage le pain).
La guidance, enfin, est un terme quelque peu tombé en désaffection aujourd’hui. Il nous
paraît pourtant intéressant à rappeler. C’est surtout dans les pratiques psychologiques auprès
d’enfants et de parents que cette notion s’est développée. La guidance parentale est une forme
d’accompagnement auprès de parents, travaillant sur le vécu et/ou la position parentale, dans le
cadre d’une prise en charge (thérapeutique, éducative ou pédagogique) principalement centrée
- Nous ne confondons pas, en effet, annonce, adresse et engagement. L’annonce est le fait de
déclarer, pour soi ou pour autrui, un « problème » à clarifier ou à traiter (souffrance, difficulté,
inadaptation, décision à prendre, situation de crise… ). L’adresse est le fait d’ordonner ou de
solliciter une intervention, pour soi-même (aide dite « volontaire ») ou pour un autre (aide
« contrainte » et aide « mixte ») en fonction d’un problème annoncé (Hayez, 1994).
L’engagement est l’intéressement du réceptionnaire à cette intervention ; c’est sa participation
(implication, investissement) à l’intervention qui lui est proposée.
Remarquons cependant : a) qu’il n’y a pas de coïncidence entre l’annonce et la « cible » de cette
annonce, puisqu’elle peut être pour soi ou pour autrui (on peut désigner du problème chez un
autre que soi) ; b) qu’il n’y a pas non plus de coïncidence entre l’annonce et l’adresse, puisque
ce n’est pas forcément celui qui fait l’annonce qui formule aussi l’adresse ; c) qu’il n’y a pas,
enfin, d’implication directe entre la qualité de l’aide proposée (volontaire, contrainte ou mixte)
et la qualité (positive ou négative) de l’engagement : il peut y avoir engagement positif
(adhésion) même dans le contexte d’une aide contrainte, comme il peut y avoir, au contraire,
engagement négatif ou ambivalent (résistance) même dans un contexte d’aide volontaire.